Infocancern 94 septembre 2018 - Les nouveautés en cancérologie - Fondation Cancer
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Notre conseil d’administration Présidente d’honneur : S.A.R. la Grande-Duchesse Président : Dr Carlo Bock Vice-présidents : D r Danielle Hansen-Koenig et Dr Jean-Claude Schneider Membres : Me Tom Loesch, M. Yves Nosbusch et Dr Fernand Ries Notre équipe Directrice : Lucienne Thommes Collaborateurs : Alain Cunisse, Claudia Gaebel, Manon Kucharczyk, Maiti Lommel, Madalena Lopes Rosa, Maike Nestriepke, Charlotte Pull, Isabelle Prime, Nathalie Rauh, Catherine Richard, Martine Risch, Barbara Strehler et Alexa Valentin Nos coordonnées 209, route d’Arlon • L-1150 Luxembourg Tél. 45 30 331 • Fax 45 30 33 33 www.cancer.lu • fondation@cancer.lu Heures d’ouverture : les jours ouvrables de 8h à 17h Accès : en bus, ligne 22 et ligne 28 (Stade Josy Barthel) Parking réservé aux patients (derrière la maison) RCS Luxembourg G 25 infocancer n°94 Nombre d’exemplaires : 88 000 Impression : Techprint (imprimé au Luxembourg) Photos : iStock, Glenn Asakawa, Claude Piscitelli, Cheese Abonnement : gratuit sur simple demande Les traductions respectives des articles en français ou allemand sont disponibles sur www.cancer.lu Die jeweiligen Übersetzungen der Artikel auf Französisch oder Deutsch finden Sie auf www.cancer.lu Toutes les actions de la Fondation Cancer ne sont possibles que grâce à la générosité des donateurs. Chacun peut, si le cœur lui en dit, soutenir les initiatives de la Fondation Cancer en faisant un don fiscalement déductible au : CCPL IBAN LU92 1111 0002 8288 0000 La Fondation Cancer est membre fondateur de l’asbl ‘Don en Confiance Luxembourg’. www.cancer.lu Retrouvez-nous sur : Couverture : Ass. Prof. Dr Stephanie Kreis, Uni.lu 2 info cancer n°94 septembre 2018
E di t o rial Cap sur la recherche Forschung im Fokus Nous revenons de vacances avec, Die Ferien sind vorbei, und wir nehmen pour ce numéro de rentrée, un cap mit dieser spätsommerlichen Ausgabe volontairement axé sur la recherche die Forschung – oder vielmehr verschie- ou devrais-je dire les recherches. dene Forschungsprojekte – in den Blick. Légitime, en tout premier lieu, car Und das mit gutem Grund, ist es doch rendre un jour le cancer inoffensif est unser wichtigstes Anliegen, den Krebs L ucienne Th o mme s notre première motivation. Cela signifie eines Tages zu besiegen. Directrice de facto mobiliser toutes les énergies et Darum gilt es für schnellere Fortschritte tous les acteurs pour une recherche in der Krebsforschung alle Energien und accélérée en cancérologie. Beteiligten zu mobilisieren. Opportun, car ce numéro vous relate Passend dazu informieren wir Sie in aussi les dernières nouveautés mon- dieser Ausgabe über die neuesten diales en oncologie présentées lors de internationalen Erkenntnisse aus der l’ASCO (American Society of Clinical Onkologie, die unser Präsident Dr. Carlo Oncology) à Chicago grâce à la Bock von der ASCO (American Society présence de notre président, le docteur of Clinical Oncology) in Chicago Carlo Bock. Plus près de nous, quatre mitgebracht hat. Aus unserem näheren équipes contributrices ont participé à Umfeld berichten vier Forschungsteams cette édition en vulgarisant leur(s) über ihre Studie(n), um die Fortschritte étude(s) pour mieux nous faire in der Krebsforschung für Laien comprendre les avancées en cours et verständlich zu machen und vielverspre- les pistes thérapeutiques prometteuses. chende Therapieansätze vorzustellen. L’enjeu demeure plus que jamais Es gibt nach wie vor viel zu tun. colossal. Sur le plan financier évidem- Auf finanzieller Ebene können wir dank ment, votre générosité nous permet de Ihrer Großzügigkeit die Palette an continuer à construire un arsenal wirkungsvollen Krebstherapien helfen thérapeutique plus vaillant face au weiter auszubauen. Auf menschlicher cancer. Sur le plan humain, nous nous Ebene ist es unsere größte Herausfor- attelons avec les professionnels de derung, die Anzahl der Betroffenen im santé à agir pour faire baisser la Laufe des Jahrzehnts zu senken. survenue des cancers. Wir wünschen Ihnen allen einen guten Bonne rentrée à tous. Start in den Herbst. 3
S o mmaire NEWS 5 Mission Nichtrauchen 6 Nouveautés en oncologie 11 Le rapport annuel 2017 de la Fondation Cancer est téléchargeable et consultable sur notre site www.cancer.lu. Recherche Ce rapport donne un aperçu sur les faits marquants de l’année • Cancer de l’ovaire écoulée, les différents services et les chiffres de nos dépenses • Cancer de la peau et recettes. Bonne lecture. • Hirntumore • Forschungsstipendium für personalisierte Krebsforschung SAVE 25 THE DATE Müde vom müde sein Soins onco-esthétiques à la Fondation Cancer Relais pour la Vie – à partir du 15 sept. 23 et 24 mars 2019 Cette offre gratuite s'adresse Prêts pour la 14e édition ? Alors rendez- à tous les patients (femmes et vous sur notre site www.relaispourlavie.lu hommes) atteints d'un cancer. pour tout savoir sur les inscriptions Plus d'info : T. 45 30 331 ou et le déroulement de ce weekend de E. patients@cancer.lu solidarité. En vous inscrivant à notre newsletter, vous serez informés à temps de la date des inscriptions. 16. Broschtkriibslaf Am Samstag, den 6. Oktober 2018 findet der 16. Broschtkriibslaf der Vereinigung Europa Donna Luxembourg statt. Auch die Fondation Cancer wird dort mit einem Infostand und einem Läuferteam vertreten sein. Anmeldung und weitere Informationen unter: www.broschtkriibslaf.lu 4 info cancer n°94 septembre 2018
Mission Nichtrauchen Lehrer aufgepasst! Ablauf des Wettbewerbs Je früher Jugendliche mit dem Rauchen beginnen, Der Wettbewerb richtet sich an Schüler der 7e – 4e des desto schneller und stärker werden sie abhängig. Sekundarunterrichts. Ihre Klasse verpflichtet sich per Darum ist es wichtig, dass Prävention schon früh in Vertrag, ein halbes Jahr rauchfrei zu bleiben – als der Schule beginnt. Um Schüler zwischen 12 und 16 Toleranzgrenze sind zehn Prozent Raucher in einer Jahren für die Gefahren des Rauchens zu sensibilisie- Klasse erlaubt. Rauchfrei sein heißt: Die Klasse sagt ren und zu erreichen, dass diese gar nicht erst damit Nein zu Zigaretten, E-Zigaretten, Shishas und E-Shishas. anfangen, veranstaltet die Fondation Cancer seit Wenn die Schüler das Ziel erreicht haben, darf Ihre 1999 den Schulklassen-Wettbewerb Mission Klasse am großen Abschlussfest auf der Place d’Armes Nichtrauchen. Dazu ist die Stiftung jedoch auf Ihre teilnehmen. Für die Besten winken attraktive Preise. Mithilfe angewiesen! Denn ohne Sie als Projektleiter, der über die Einhaltung der Regeln wacht, der die Hintergrund Schüler motiviert und die Inhalte der Kampagne in den Lernstoff einbindet, kann der Wettbewerb nicht Durch das gemeinsame Ziel entsteht ein positiver stattfinden. Gruppendruck in der Klasse, nicht zu rauchen. Der Wettbewerb fördert zudem den Dialog zwischen den Schülern zum Thema Rauchen. Daraus kann sich eine lebendige Debatte entwickeln. @ Anmeldung Melden Sie sich über unsere Internetseite www.missionnichtrauchen.lu an. Nicht vergessen: Anmeldeschluss ist der 12/10/2018. 5
L e c o n g r è s 2 0 1 8 de l ‘ A S C O Nouveautés en oncologie L a plus grande conférence mondiale de cancérologie, la conférence annuelle de l’ASCO (American Society of Clinical Oncology), a eu lieu à Chicago du 2 au 6 juin 2018. Quelque 32 000 professionnels de santé du monde entier se sont rassemblés pour prendre connaissance des dernières études scientifiques et pour discuter recherche, enseignement, qualité des soins, qualité de vie et développements futurs. D r C arl o B o c k Oncologue et président de la Fondation Cancer L’immunothérapie (c’est-à-dire l’amélioration de la protéines de fusion anti-PD-L1 et anti-TGF-beta, etc. défense naturelle de l’organisme contre le cancer à Les thérapies immunologiques utilisant des cellules l’aide de médicaments) reste la méthode thérapeutique immunitaires connaissent également des progrès qui enregistre le plus de progrès actuellement. Les check- considérables. L’expérience avec les CAR-T cells inclut point inhibitors sont des médicaments de type anticorps actuellement plus de mille patients traités aux Etats- monoclonal qui bloquent les points de contrôle (points Unis. Les CAR (Chimeric Antigen Receptor) T-cells sont de contrôle qui freinent naturellement le système immu- des cellules modifiées par ingénierie cellulaire qui per- nitaire) et permettent ainsi une réponse immunitaire met d’introduire un antigène créé artificiellement. nettement plus importante. Cette année, de nombreux Les CAR-T cells sont des cellules lymphocytaires T qu’on essais thérapeutiques associant check-point inhibitors a prélevées sur le patient et qu’on a modifiées en et d’autres modalités thérapeutiques ont fait l’objet de laboratoire pour leur faire exprimer artificiellement des rapports. Ces combinaisons consistent en association récepteurs qui permettent de reconnaître les cellules de divers agents immunothérapeutiques (nivolumab cancéreuses du patient à travers ces antigènes. Les cel- plus ipilimumab ou pembrolizumab plus ipilimumab) ; lules ainsi modifiées sont réintroduites dans le patient et pembrolizumab plus chimiothérapie ; thérapies ciblées peuvent se fixer aux cellules cancéreuses et les détruire. plus check-point inhibitors ; immunothérapie plus radio- thérapie. Les résultats montrent une approche nouvelle, Ce traitement est encore trop onéreux (de l’ordre de mais ils ne sont pas encore cliniquement utilisables. 500 000 dollars par traitement et par patient) mais Un nouveau traitement standard du carcinome de pourrait devenir nettement plus abordable en utilisant Merkel avancé en première ligne est l’avelumab, un des cellules T provenant de cellules du cordon ombili- check-point inhibitor, avec 62,1% de réponses. cal et en automatisant la production, ce que les firmes De nouvelles cibles immunologiques ont été décrites, pharmaceutiques sont capables de faire. tels les anticorps anti-ICOS, anti-CD27, anti-CD47, des 6 info cancer n°94 septembre 2018
Les CAR-T cells sont utilisées dans le myélome mul- Le résultat définitif de l’étude ALEX confirme la supé- tiple, dans les lymphomes B à larges cellules réfrac- riorité de l’alectinib par rapport au crizotinib en pre- taires au traitement classique et dans diverses hémo- mière ligne des cancers du poumon ALK (Anaplastic pathies malignes, incluant la leucémie lymphoïde Lymphoma Kinase) positifs. chronique. Les résultats ne sont pas encore probants dans les tumeurs solides, mais une recherche précli- Chimiothérapie : un nouvel « antibody-drug conju- nique active est en cours dans ce domaine. gate », le sacituzumab govitecan (anti-Trop-2-SN-38 antibody-drug conjugate), a montré des réponses Par ailleurs, des lymphocytes T (Tumor Infiltrating dans le traitement des cancers métastatiques du sein T-cells ou TIL) ont été utilisés dans le traitement de hormone récepteur positif réfractaires à tout traite- cancers épithéliaux associés au virus HPV (Human ment. C’est une nouvelle arme qui vient rejoindre le Papilloma Virus). TD-M1 dans ce groupe thérapeutique. La génétique prend de plus en plus d’importance en Les études de radiothérapie sont surtout centrées cancérologie moderne. sur la combinaison radiothérapie-immunothérapie et recherche d’un effet abscopal (la tumeur régresse à Le TMB (Total Mutational Burden ; nombre de muta- un endroit distant, non irradié). tions dans une tumeur) devient un marqueur prédictif pour l’efficacité de l’immunothérapie, tout comme le En chirurgie du mélanome malin, l’étude DECOG-SLT dosage de la protéine PD-L1. a montré, après un suivi de 72 mois, qu’en cas de posi- tivité du ganglion sentinelle, sans atteinte cliniquement La détermination du DNA tumoral circulant (ctDNA) palpable, une résection complète de tous les ganglions à partir d’une simple prise de sang gagne en impor- (CLND complete lymph node dissection) n’apportait tance dans le diagnostic et le suivi thérapeutique de pas de bénéfice en termes de survie. bon nombre de cancers. Dans le cancer du poumon non à petites cellules, la collection de ganglions lymphatiques à l’aide d’un kit La génétique permet de définir le risque de développer améliorait considérablement la qualité de la chirurgie. un cancer ou de développer un deuxième cancer dans les quelque 10% de cancers présentant une muta- La session plénière consistait, comme chaque année, tion constitutionnelle. Des études sont en cours pour en quatre présentations choisies pour leur importance estimer le risque de toxicité radiothérapeutique ou particulière et susceptibles de changer le traitement chimiothérapeutique, notamment en ce qui concerne standard. Chaque présentation était suivie par un la neurotoxicité et l’ototoxicité (toxicité pour l’ouïe). commentaire par un expert mondial du domaine concerné et des questions du public. Certaines études n’ont pas démontré le résultat escompté. Le problème est de toucher la cible : parfois La première présentation était l’étude TAILORx, qui une mutation ne correspond pas à une activation évaluait de façon prospective, randomisée, en double d’une voie métabolique, parfois la mutation n’est aveugle (étude phase 3) dans le cancer du sein hor- pas seule en cause, parfois c’est un accélérateur tar- mone récepteur positif, HER-2 négatif, sans atteinte dif plutôt qu’une cause primaire, parfois la tumeur ganglionnaire, à score de récurrence intermédiaire s’adapte au traitement de façon précoce ou tardive. (Oncotype entre 11 et 25), l’utilisation d’hormono thérapie seule comparée à chimiothérapie plus hormo- Ces considérations expliquent les résultats décevants de nothérapie. Dans ce groupe, l’hormonothérapie seule certains traitements ciblés. Ainsi le T-DM1 n’a pas été produisait le même résultat que l’hormonothérapie efficace dans les tumeurs surexprimant HER 2 (en dehors associée à la chimiothérapie, chimiothérapie qui peut du sein). De même, le taselisib n’a pas montré d’effica- donc être supprimée (à l’exception d’un sous-groupe cité réelle dans les tumeurs à gène PIK3CA mutées. de femmes plus jeunes avec un score de 16 à 25, où un certain bénéfice de chimiothérapie est suggéré). Cependant un RET inhibiteur (un inhibiteur des pro- duits du proto-oncogène receptor tyrosine kinase rear- La deuxième étude démontrait qu’une chimio ranged during transfection), le LOXO 292, a montré thérapie de maintien à faible dose augmentait de une réponse dans plus de 70% de cancers présentant façon significative la survie chez des patients opérés une mutation RET. d’un rhabdomyosarcome à risque élevé de récidive. 7
La troisième présentation, l’étude CARMENA, mon- D’un point de vue général dans le cancer du pou- trait que dans le cancer du rein métastatique la mon, la place de l’immunothérapie passe de la néphrectomie en plus du sunitinib était inutile et deuxième à la première ligne thérapeutique, soit n’était pas plus efficace que le sunitinib seul. seule, soit associée à la chimiothérapie. En ce qui concerne les cancers du poumon avec La dernière étude de la session plénière, l’étude Key- un driver oncogénique, l’étude ARCHER démontre note 042, comparaissait le pembrolizumab, un check- la supériorité du dacomitinib par rapport au gefi- point inhibitor, à une chimiothérapie à base de platine tinib dans le cancer du poumon non à petites cel- dans des cancers du poumon non à petites cellules lules métastatique. métastatiques/avancés. Le pembrolizumab en mono- thérapie était supérieur à la chimiothérapie, et il devient • L’étude UNICANCER PRODIGE a montré de façon donc le traitement de référence dans ces conditions. surprenante que le traitement par HIPEC (Hyper- thermic IntraPEritoneal Chemotherapy) associé Par ailleurs à la chirurgie péritonéale n’améliorait ni la survie globale ni la survie sans maladie. Il semble préma- • Dans le myélome multiple et les dyscrasies plas- turé d'adopter cette stratégie selon l’expert pré- mocytaires, daratumumab, carfilzomib et dexa- sentant cette étude de phase 3. methasone montrent une activité intéressante Les résultats les plus intéressants dans le cadre auprès de patients résistants au lenalidomide. des cancers digestifs ont été ceux dans les can- Egalement venetoclax, un anti-bcl2 associé au cers non-colorectaux et notamment le pancréas, carfilzomib et à la dexamethasone, est un traite- jusque-là le parent pauvre de la cancérologie. ment innovateur, de même que ruxolitinib, lena- L’étude PRODIGE 24 comparaissait, en traite- lidomide et methylprednisone. Les CAR T-cells ment adjuvant après chirurgie à visée curative, un sont appellées à jouer un rôle important dans le régime chimiothérapeutique FOLFIRINOX modi- myélome multiple après échec de tous les traite- fié à un traitement classique par gemcitabine. La ments classiques. médiane de survie globale passait de 35 mois à L’association ibrutinib plus rituximab est très effi- 54,4 mois avec le FOLFIRINOX mais au prix d’une cace dans la maladie de Waldenström et repré- toxicité nettement supérieure. Ce traitement sente un nouveau standard thérapeutique dans devient le standard chez des patients en bon état cette maladie. général et sans contre-indications. L’étude néerlandaise PREOPANC randomisait des • Dans le cancer du sein, il n’y a pas eu de nou- patients avec un cancer du pancréas resécable ou veauté significative en dehors de l’étude TAILORx. borderline resécable entre une radiochimiothé- Le nouveau système de staging mérite d’être rapie préopératoire versus une chirurgie immé- mentionné, qui inclut la biologie, notamment Ki67 diate suivie d’une chimiothérapie adjuvante. La et les panels de gènes. survie sans récidive était meilleure dans le groupe radiothérapie, mais aucune amélioration de la • Le traitement du cancer de la prostate a connu survie globale n’a pu être démontrée à ce jour. des avancées notables avec l’utilisation des Ainsi, l’utilité de la radiothérapie dans le cancer du PARP-inhibitors (notamment dans le cancer de la pancréas demeure incertaine. prostate familial, métastatique), la recherche sur Dans le cancer hépatocellulaire, ramucirimab l’immunothérapie ainsi que l’utilisation de nou- montrait un avantage de survie en deuxième velles molécules radiopharmaceutiques dans le ligne, si les alphaprotéines étaient élevées. diagnostic du cancer de la prostate. • L’étude Keynote 158 montre l’efficacité du pem- Les progrès en cancérologie sont constants, car la brolizumab (check-point inhibitor) dans le cancer connaissance de la biologie des tumeurs évolue du poumon à petites cellules PD-L1 positif. constamment. Cette année, les nombreux acquis L’étude Keynote 407 démontre la supériorité du thérapeutiques se sont vus consolidés par des études pembrolizumab associé à une chimiothérapie par qui sont devenues plus matures ou qui précisent de rapport à une chimiothérapie seule dans le cancer nombreux détails. • du poumon épidermoïde métastatique. 8 info cancer n°94 septembre 2018
Un stage au Johns Hopkins Hospital D ans le cadre de son financement de formation d'infirmiers oncologiques, la Fondation Cancer vient de financer le stage en oncologie de M. Steve Andrade Ferreira, infirmier au CHEM, au Johns Hopkins Hospital à Baltimore (E.-U.). Le but est d’améliorer la prise en charge des patients atteints d’un cancer. Au retour de son stage de trois semaines, nous avons demandé au jeune infirmier de nous parler de son expérience au sein de ce prestigieux hôpital. Qu’est-ce qui vous a motivé à les parallèles entre les Etats-Unis et le participer à ce stage ? Luxembourg. bi o g raphie Je suis une personne très passionnée Qu’est-ce qui vous a le plus par la recherche, les nouveautés et étonné lors de votre stage au les découvertes dans le secteur onco- Johns Hopkins Hospital ? N O M : Steve Andrade Ferreira hématologique. Dès le début de ma D a t e e t l i e u d e na i ssanc e : carrière, j’ai toujours voulu faire un J’étais impressionné par les connais- 12/08/1988, Esch/ Alzette stage dans un grand centre universi- sances et les attributions des infirmiers. TIT R E : infirmier clinicien en oncologie taire comme le MD Anderson, le Sloan Avec des études de Master et PhD, les Kettering, ou bien le Johns Hopkins. Ces infirmiers peuvent devenir advanced é t ud e s : études d’infirmier LTPS Esch/Alzette spécialisation en oncologie. centres oncologiques sont reconnus par nurse practitioner, clinical nurse specia- Université Steinbeis Essen (Allemagne) le monde entier pour leur leadership list. Le système américain permet ainsi e m p lo i : Pôle Oncologie au CHEM concernant leur expertise, la recherche aux infirmiers gradués de se spécialiser et les standards de nouvelles pratiques. académiquement, ce qui leur donne le Pendant 21 ans, le Johns Hopkins droit de prescrire des médicaments et était même le meilleur hôpital dans chimiothérapies ainsi que d’ausculter toute l’Amérique (Best overall hospital les patients. ranked by U.S. News & World Report). Un élément pertinent que j’ai noté était Donc tout ça m’a poussé et m’a motivé l'obligation d’une formation poussée à faire cette expérience et de pouvoir pour les collaborateurs entrants qui découvrir les différences mais aussi commençaient leur parcours au Johns 9
Hopkins. L’hôpital exige des compé- (la spécialisation oncologique, des Qu’est-ce que l’acquis apportera tences d’un très haut niveau et c’est Case Manager et peut-être un jour à vos patients ? pour cela que chaque infirmier doit des Advanced Nurse practitioner). Le participer à des cours d’approfon monde évolue, les thérapies changent, L’éducation et l’information pour les dissement (p. ex. les effets secondaires les besoins croissent … il ne faut donc patients recevant une première chimio- de la chimiothérapie, les transplanta- pas oublier de se spécialiser, de revalori- thérapie intraveineuse ou per os sont tions de moelle, les anémies…). Lors de ser constamment nos acquis, nos com- des points que j’aimerais améliorés la première année, les infirmiers suivent pétences et redéfinir nos missions. d’une façon plus structurée. Pour la fin chaque mois pendant un à deux jours d’un traitement, une éducation et un des cours théoriques. • Au CHEM, concrètement j’aime- suivi concernant le « Survivorship » me rais mettre l’accent sur la formation semblent également importants. Un autre aspect était la qualité de continue des infirmiers en onco- l’information donnée aux patients. logie. J’aimerais mettre en place Le Johns Hopkins a pu me donner Pour tout acte, le patient a eu une certains projets, comme p. ex. un quelques pistes de travail comme explication détaillée sur le déroule- programme de formation interne un livret d’accueil pour les patients, ment et les risques. Pratiquement tout qui cible les connaissances onco- ou comment organiser des séances soin ou acte a dû être accordé par un logiques de base et celles plus d’entretiens. consentement éclairé. spécifiques. La recherche qualitative reste un aspect Pensez-vous pouvoir mettre à • Un autre point concerne la sécu- important. Avec des recensements profit cet acquis au Luxembourg/ rité du personnel en contact avec qualitatifs (p. ex. dans le cadre d’une CHEM ? des patients qui ont eu des cyto- sortie de l’hôpital), j’aimerais évaluer toxiques. Comme exemple, le per- la qualité ressentie par les patients et Durant mon séjour j’ai reçu plein d’im- sonnel qui manipule du linge poten- mieux organiser leur parcours dans pressions et j’ai pu rencontrer des gens tiellement contaminé par les fluides notre établissement. • très professionnels. biologiques d’un patient ayant reçu des médicaments cytotoxiques Concernant le Luxembourg, je reste au cours des 48 dernières heures. d’avis, comme il est bien formulé dans Concrètement j’aimerais revoir et le Plan Cancer, qu’on doit créer, nor- adapter nos protocoles et règles mer et former des nouvelles fonctions internes. d’infirmiers cliniciens en cancérologie Le monde évolue, les thérapies changent, les besoins croissent… il ne faut donc pas oublier de se spécialiser, de revaloriser constamment nos acquis, nos compétences et redéfinir nos missions. Johns Hopkins Hospital 10 info cancer n°94 septembre 2018
L a F o nda t i o n C ancer s o u t ien t la recherche 200 000 € pour évaluer le traitement standard du cancer de l’ovaire supplémenté d’immunothérapie L a Fondation Cancer soutient un essai clinique dirigé par Dr Judith Michels de l’Institut Gustave Roussy à Villejuif en France. Le projet de recherche est intitulé « Etude multicentrique de phase 1b, en ouvert, évaluant l’association du pembrolizumab avec le bevacizumab et la doxorubicine liposomale pegylée chez des patientes atteintes d’un cancer épithélial de l’ovaire résistant au platine ». B I OG R A P H I E Le cancer de l’ovaire reste une maladie La dose optimale du Caelyx® et de grave et qui évolue vers une résistance l’Avastin® en association au pembro- à la chimiothérapie. L’équipe de lizumab sera évaluée. Les patientes N om : Judith Michels Gustave Roussy souhaite développer continueront à recevoir le traitement un traitement pour les patientes qui ne de l’étude toutes les trois semaines en D a t e d e na i ssanc e : 15/10/1981 répondent plus à une chimiothérapie hôpital de jour, tant que leur cancer N a t i onal i t é : luxembourgeoise à base de platine. Le traitement stan- n’évoluera pas, qu’elles n’ont pas d’ef- T i t r e : Dr dard de cette maladie est une associa- fets secondaires ou jusqu’à ce qu’elles E t ud e s : tion d’une chimiothérapie, la doxorubi- ne souhaitent plus participer à l’étude. études de médecine à l’hôpital de la cine liposomale pegylée, DLP (Caelyx®) A l’inclusion les patientes auront une Pitié-Salpêtrière à Paris de 2001 à 2006. qui induit une mort des cellules biopsie de leur tumeur dont le profil Spécialisation en oncologie médicale. Thèse de sciences à Paris XI en 2013 et thèse tumorales ce qui stimule les défenses moléculaire, génétique et immunitaire de médecine à Paris VI en 2014. immunitaires et un antiangiogénique, sera évalué à des fins de recherche Em p lo i : le bevacizumab (Avastin®) qui attaque scientifique. Gustave Roussy au sein du Département de les vaisseaux tumoraux réputés être Médecine Oncologique depuis novembre 2014. une barrière entre les défenses immu- nitaires et le cancer. Cet essai clinique évaluera l’association d’une immuno- thérapie (par pembrolizumab), qui va stimuler les défenses immunitaires de la patiente contre la tumeur, au traite- ment standard. 11
Les objectifs de ce projet Le traitement d’effets indésirables importants, la 2e phase de l’étude sera initiée. Ce projet est divisé en un essai clinique La chimiothérapie, par doxorubicine et un projet de recherche : liposomale pegylée (DLP) qui induit La 2e phase évaluera la tolérance de la la mort des cellules cancéreuses et les triple combinaison associant la DLP, le Essai clinique antiangiogéniques, le bevacizumab qui bevacizumab et le pembrolizumab. Les agit sur les vaisseaux de la tumeur sont premières patientes incluses à la phase Peuvent participer les patientes des traitements standards approuvés 2 seront traitées avec une faible dose atteintes d’un cancer de l’ovaire, dans ce type de cancer. de DLP. Si ces doses ne provoquent des trompes utérines ou du péritoine pas d’effets indésirables importants, la devenu résistant à la chimiothérapie Le pembrolizumab est un anticorps dose de DLP sera augmentée pour les à base de sels de platine. L’objectif monoclonal humanisé qui aide le patientes suivantes. Si des effets indési- de l’étude est d’évaluer l’association système immunitaire des patientes rables importants sont observés, la dose d’une immunothérapie, le pembrolizu- à attaquer et à détruire les cellules ne sera pas augmentée. mab au traitement standard de cette cancéreuses par le biais des cellules Cette augmentation de la dose permet- maladie constitué d’un traitement par immunitaires. Il est utilisé comme trai- tra de déterminer la dose optimale du chimiothérapie, la doxorubicine liposo- tement standard approuvé dans le trai- traitement. Une fois la dose optimale male pegylée (DLP) et/ou un traitement tement du mélanome avancé (un type déterminée, les patientes suivantes par antiangiogénique, le bevacizumab. de cancer de la peau) et du cancer du seront traitées à cette dose. Cette étude vise à évaluer quels sont les poumon chez les patients adultes. Il a Cette phase sera menée chez environ effets, bons ou mauvais, de l’associa- montré des résultats intéressants dans 10 à 28 patientes. Le choix de trai- tion sur les patientes et leur cancer et le cancer de l’ovaire. tement sera déterminé selon l’état a pour objectif de déterminer la dose d’avancement de l’étude au moment optimale de la chimiothérapie DLP et/ La méthodologie de l’inclusion. ou du bevacizumab en association avec le pembrolizumab. L’essai clinique comprend deux phases Le déroulement avec des modalités de traitement Projet de recherche différentes. Toutes les patientes ne Le traitement se décompose en recevront pas la même dose de médi- périodes de trois semaines appelées Pendant l’essai clinique, des échan- cament de l’étude. Elles participeront cycles de traitement. Les traitements tillons de sang et de tumeur seront à l’une ou l’autre de ces deux phases seront administrés de manière succes- prélevés chez les patientes pour une en fonction de l’état d’avancement de sive le Jour 1 de chaque cycle. Ces injec- recherche biologique visant à évaluer l’étude au moment de leur inclusion. tions seront réalisées à l’hôpital. le profil moléculaire et génétique de la La DLP sera administrée toutes les trois tumeur ainsi que son environnement La 1e phase évaluera la tolérance semaines par perfusion intraveineuse. immunitaire. Ces recherches sont réali- d’une double combinaison associant La durée de la perfusion peut prendre sées dans le but de faire progresser les la DLP et le pembrolizumab, ou le de 30 minutes à plus d’une heure (par connaissances dans les causes de cette bevacizumab et le pembrolizumab. exemple 90 minutes). maladie, le diagnostic, les modalités Cette phase sera menée chez 12 à 24 Le bevacizumab sera administré de surveillance et de traitement. Cette patientes. Le choix de traitement sera toutes les trois semaines par perfusion étude pourra également permettre déterminé en fonction de l’état d’avan- intraveineuse. La durée de la première d’identifier des biomarqueurs pour cement de l’étude au moment de l’in- perfusion sera de 90 minutes. Si la tolé- aider à prévoir les différences dans la clusion de la patiente. En effet, chaque rance est bonne, la durée sera progres- réponse au traitement (c'est-à-dire patiente traitée avec une combinaison sivement diminuée jusqu’à 30 minutes, efficacité et tolérance). donnée à une dose donnée sera suivie pour les perfusions suivantes. pendant au moins trois semaines afin Le pembrolizumab sera administré d’en évaluer la tolérance. Tant que toutes les trois semaines par perfusion ce délai de trois semaines ne sera pas intraveineuse sur une durée d’environ passé, aucune nouvelle patiente ne 30 minutes. sera traitée par la même combinaison En cas d’effets indésirables au trai- à la même dose. Si les doubles combi- tement, le traitement peut être naisons étudiées ne provoquent pas interrompu le temps que les effets 12 info cancer n°94 septembre 2018
indésirables disparaissent. Si néces- Le nombre de participantes Le financement saire, les doses des médicaments de et la durée de l’étude l’étude peuvent être diminuées. Des Le financement de l’essai ainsi que le médicaments pourront également Cette étude sera menée dans six pembrolizumab sont fournis par Merck. être prescrits pour traiter d’éventuels centres de recherche français. Environ Le financement du bevacizumab est effets indésirables, par exemple des 40 patientes (au maximum 52) seront assuré grâce au soutien de la Fondation anti-vomitifs, des anti-diarrhéiques, des traitées par l’association du pembroli- Cancer. • immunosuppresseurs (corticothérapie zumab à la DLP et/ou au bevacizumab. ou autre) ou des analgésiques, ou des Le traitement par pembrolizumab asso- transfusions sanguines. cié à la DLP sera poursuivi tant que son Il est prévu d’administrer le traitement efficacité et sa tolérance le permettront de l’étude pour une durée maximale et pour une durée maximale de 24 de six cycles pour le bevacizumab et de mois. Le bevacizumab sera poursuivi 24 mois pour le DLP et pembrolizumab. tant que son efficacité et sa tolérance Le traitement de l’étude sera poursuivi le permettront et pour une durée jusqu’à ce que la patiente ne souhaite maximale de six injections. La durée du plus prendre le médicament de l’étude traitement est donc variable d’une per- ou que le médecin-investigateur estime sonne à l’autre. Après la fin du traite- que le traitement n’est plus bénéfique. ment, une période de suivi de six mois sera observée dans le cadre de cette étude. La durée totale de participation des patientes dans cette étude sera donc égale à la durée du traitement plus six mois. La période d’inclusion des patientes se fait sur 18 mois. La durée La cellule tumorale est attaquée par totale de l’étude est de quatre ans. la cellule immunitaire de la patiente Lucienne Thommes, directrice de la Fondation Cancer, Dr Judith Michels, chercheuse à Gustave Roussy et Dr Carlo Bock, président de la Fondation Cancer. 13
L a F o nda t i o n C ancer s o u t ien t la recherche 417 400 € pour analyser la communication intercellulaire dans le cancer de la peau L a Fondation Cancer soutient un projet de recherche du Prof. Dr Iris Behrmann, du Dr Stephanie Kreis et du Dr Geoffroy Walbrecq de la Life Sciences Research Unit de l’Université du Luxembourg. Leur projet de recherche intitulé The role of the secretome in melanoma progression a pour but d’investiguer le rôle des facteurs sécrétés dans la communication intercellulaire entre les cellules cancéreuses et leur microenvironnement. B I OG R A P H I E B I OG R A P H I E N om : Stephanie Kreis N om : Iris Behrmann D a t e d e na i ssanc e : 31/08/1967 D a t e d e na i ssanc e : 29/04/1963 B I OG R A P H I E N a t i onal i t é : allemande N a t i onal i t é : allemande T i t r e : Dr T i t r e : Prof. Dr E t ud e s : N om : Geoffroy Walbrecq E t ud e s : doctorat en Sciences (PhD, 1998, University of doctorat en Sciences (Dr. rer. nat., 1992, D a t e d e na i ssanc e : 02/07/1985 Witwatersrand (National Institute for Virology), Deutsches Krebsforschungszentrum Heidelberg/ Afrique du Sud) N a t i onal i t é : belge Universität Bielefeld), Habilitation en biochimie (2001, Rheinisch-Westfälische Technische Em p lo i : T i t r e : PhD Hochschule Aachen) Senior Lecturer, Life Sciences Research Unit E t ud e s : (Signal Transduction Laboratory, miRNA Team), Em p lo i : Université du Luxembourg doctorat en sciences (2014, Université catho- Professeur, Life Sciences Research Unit (Signal lique de Louvain) Transduction Laboratory), Université du Em p lo i : Luxembourg assistant chercheur, Life Sciences Research Unit (Signal Transduction Laboratory), Université du Luxembourg 14 info cancer n°94 septembre 2018
Le mélanome est le cancer de la peau le plus agressif, La communication entre cellules avec une incidence qui augmente d’année en année. Chaque année de par le monde, 132 000 nouveaux Les cytokines sont des protéines extracellulaires qui cas de mélanome sont diagnostiqués selon l’organi- vont agir spécifiquement sur des récepteurs au niveau sation mondiale de la santé. En 2014, 110 nouveaux des cellules ciblées. Les cytokines vont agir telles des cas de mélanome parmi 528 cas de cancer de la clefs qui peuvent ouvrir une ou plusieurs portes, les peau ont été diagnostiqués au Luxembourg (données récepteurs, et ainsi déclencher des voies de signalisa- Registre morphologique des Tumeurs). tion cellulaires. Cette communication induite par les cytokines va réguler la prolifération, la différentiation Malgré l’introduction récente de traitements spé- ou la migration des cellules au sein du microenviron- cifiques destinés à combattre plus efficacement le nement de la tumeur. mélanome, comme des inhibiteurs de kinase ou ciblant le système immunitaire (inhibiteurs de check- Les exosomes ou vésicules extracellulaires sont de très points immunitaires), on observe l’apparition de petites vésicules (entre 30 et 150 nanomètres) libé- résistances à ces traitements ainsi qu’une progres- rées par les cellules, qui vont servir à transporter des sion de la maladie. La résistance et la résurgence du molécules telles que des protéines, de l’ADN, de l’ARN mélanome résultent de mécanismes moléculaires qui ainsi que des métabolites (Figure 1). Ces exosomes impliquent la communication entre les cellules cancé- « libérés » vont être absorbés par les cellules de desti- reuses et leur microenvironnement. Pour assurer cette nation, et le message complexe transmis par les molé- communication, les cellules disposent de plusieurs cules contenues dans les exosomes y va être « lu » et moyens bien connus comme la sécrétion de cytokines pourra ainsi modifier la fonction et la physiologie de ou de facteurs de croissance. Mais les cellules commu- la cellule réceptrice. niquent aussi via des moyens plus complexes comme la sécrétion de vésicules extracellulaires. Les cellules cancéreuses vont produire plus d’exo- somes que les cellules normales et ces exosomes vont être impliqués dans la progression, la dissémination et dans la résistance vis-à-vis du système immunitaire ainsi qu’aux traitements. Il a été montré par exemple Figure 1 : communication entre cellules de mélanome et cellules du microenvironnement via les exosomes1 Cellules du microenvironnement Cellules de mélanome Exosomes Protéines miRNAs MRNAs Protéines miRNAs MRNAs Exosomes 1 Cesi, G., Walbrecq, G., Margue, C., and Kreis, S. (2016). Transferring intercellular signals and traits between c ancer cells: Extracellular vesicles as “homing pigeons.” Cell C ommun. Signal. 14. 15
que, dans le cadre du cancer, les exosomes vont agir Le microenvironnement de la tumeur à la manière de petits vaisseaux colonisateurs qui viendraient préparer la colonisation d’une nouvelle Le microenvironnement de la tumeur contient plu- planète. En effet, les exosomes vont préparer la dis- sieurs types cellulaires, parmi lesquels on va retrouver sémination de la tumeur au sein d’un nouvel organe, des fibroblastes, des cellules endothéliales ainsi que rendant le microenvironnement plus favorable à des cellules du système immunitaire. Les fibroblastes l’arrivée de cellules cancéreuses, créant une niche résidant à proximité des cellules cancéreuses, aussi métastatique, et déclenchant ainsi l’apparition des appelés « cancer-associated fibroblasts » ou « CAFs », métastases2. sont d’un intérêt particulier car ils vont aider la tumeur à se développer et à résister aux traitements. De plus, les exosomes vont aussi jouer un rôle dans la destination des cellules métastatiques. Des protéines Le microenvironnement de la tumeur est aussi fort à la surface des exosomes, appelées intégrines, vont hétérogène au niveau de la quantité d’oxygène influencer la destination des exosomes. Par exemple, disponible pour les cellules. Au centre des tumeurs les exosomes présentant l’intégrine β6 sont dirigés solides, le niveau d’oxygénation est insuffisant et ce vers les poumons alors que les exosomes présentant phénomène est appelé hypoxie. Les cellules cancé- l’intégrine β5 sont dirigés vers le foie3. Les exosomes reuses qui sont exposées à ce manque d’oxygène de ces cellules cancéreuses vont présenter des anti- vont s’adapter en modifiant l’expression de leurs gènes de la tumeur qui vont pouvoir être reconnus par gènes. Ces modifications vont favoriser la progression les cellules dendritiques et celles-ci vont pouvoir pré- de la tumeur, sa résistance aux traitements et au senter ces antigènes tumoraux qui pourraient activer système immunitaire ainsi qu’influencer le métabo- les cellules du système immunitaire contre les cellules lisme de ces cellules. Cependant, le rôle des exosomes du cancer. libérés par les cellules de mélanome ou les cellules au sein du microenvironnement de la tumeur a été très Cependant, les exosomes vont aussi contenir des peu étudié. molécules immunosuppressives, qui vont inactiver les cellules immunitaires telles que les lymphocytes T ou Le projet SecMelPro les lymphocytes NK (Natural Killer cells) et vont donc diminuer la réponse du système immunitaire vis-à-vis Le rôle du projet SecMelPro est d’investiguer le rôle du de la tumeur. Il est aussi intéressant de savoir que sécrétome sur le microenvironnement du mélanome les exosomes ont longtemps été considérés comme ainsi que l’influence de l’hypoxie dans la communi des petits sacs poubelles dont les cellules se déles- cation entre les cellules de mélanome et les cellules au taient. Ce n’est que récemment que le rôle important sein du microenvironnement de la tumeur. des exosomes dans la communication cellulaire est apparu et il reste probablement beaucoup d’autres La première étape du projet consistera au monitoring rôles à investiguer. du contenu des exosomes libérés par les cellules de mélanome (protéome, c’est-à-dire l’ensemble des protéines contenues dans les exosomes et le transcrip- tome, c’est-à-dire le contenu en ARN des exosomes). Le contenu des exosomes libérés par les fibroblastes associés au mélanome (ou « cancer-associated fibroblasts ») de deux patients ainsi que les exo- somes provenant du sérum de patients atteints de mélanome sera aussi analysé. Nous étudierons également le contenu en cytokines du sérum de ces patients. L’analyse des exosomes et des cytokines du sérum de patients et des cellules de mélanome est particulièrement intéressante car elle pourrait mener à l’identification de biomarqueurs potentiels. Ces biomarqueurs pourraient permettre de détecter 16 info cancer n°94 septembre 2018
au plus tôt l’apparition de mélanome. Il a été par de nouveaux biomarqueurs, voire même de nouvelles exemple démontré dans le cas du cancer du pancréas, cibles thérapeutiques, qui pourraient être exploitées que la protéine glypican-1 est un marqueur spécifique afin de combattre le mélanome parvenu à un stade des exosomes issus des cellules cancéreuses. De plus, avancé. • le niveau d’expression du glypican-1 est corrélé au niveau de sévérité du cancer (Melo et al., 2015)4. Références Le projet généreusement financé par la Fondation Cancer nous permettra également d’acquérir une 2 Peinado, H., Alečković, M., Lavotshkin, S., Matei, I., Costa-Silva, B., Moreno-Bueno, G., Hergueta-Redondo, M., machine appelée NanoSight qui nous sera très utile Williams, C., García-Santos, G., Ghajar, C., et al. (2012). Melanoma exosomes educate bone marrow progenitor afin de vérifier et mesurer la quantité et la qualité des cells toward a pro-metastatic phenotype through MET. exosomes isolés. Nat. Med. 18, 883–891. 3 Hoshino, A., Costa-Silva, B., Shen, T.-L., Rodrigues, G., Les étapes suivantes du projet consisteront à étudier Hashimoto, A., Tesic Mark, M., Molina, H., Kohsaka, S., Di Giannatale, A., Ceder, S., et al. (2015). Tumour exosome les effets des exosomes sur les cellules de mélanome integrins determine organotropic metastasis. Nature 527, ainsi que les cellules du microenvironnement 329–335. (fibroblastes associés au mélanome, lymphocytes NK, 4 Melo, S.A., Luecke, L.B., Kahlert, C., Fernandez, A.F., macrophages). Nous étudierons également comment Seth, T., Kaye, J., Lebleu, V.S., Mittendorf, E.A., Weitz, J., Reissfelder, C., et al. (2015). Glypican1 identifies can- les cytokines affectent la communication via les cer exosomes and facilitates early detection of cancer. exosomes. Nature 523, 177–182. Finalement, ce projet nous donnera de nouvelles don- nées sur comment les facteurs sécrétés par les cellules (cytokines et exosomes, sous conditions normales d’oxygène ou sous hypoxie) modèlent la communi- cation intercellulaire entre les cellules cancéreuses et leur microenvironnement et comment cela pourrait favoriser le cancer. L’analyse détaillée du contenu du panel d’exosomes est aussi destinée à l’identification Lucienne Thommes, directrice de la Fondation Cancer, Prof. Dr Romain Martin, vice-recteur académique de l’Université du Luxembourg, Dr Geoffroy Walbrecq, Dr Stephanie Kreis, Prof. Dr Iris Behrmann et Dr Carlo Bock, président de la Fondation Cancer. 17
D ie F o nda t i o n C ancer un t er s t ü t z t H irn t um o rf o r s chun g Erforschung des Invasionsverhaltens von Gehirntumoren O bwohl Gehirntumore im Vergleich zu anderen Krebsarten eher selten vorkommen, so sind sie jedoch äußerst aggressiv, und es gibt dagegen kaum eine wirksame Behandlung. Dies gilt insbesondere für das Glioblastom, das mit ca. fünf Fällen pro 100 000 Menschen der häufigste und zugleich aggressivste Gehirntumor ist. Dieser bösartige Tumor kann in jedem Alter auftreten, vor allem aber bei Menschen zwischen 45 und 70 Jahren. B I OG R A P H I E B I OG R A P H I E N am e : Simone Niclou N am e : Anne Schuster G e bur t sda t um : 04/03/1965 N a t i onal i t ä t : Deutsch N a t i onal i t ä t : Luxemburgisch T i t e l : Dr. rer. nat. T i t e l : Prof. Dr. D o k t orarb e i t : An der Universität Kaiserslautern, Deutschland D o k t orarb e i t : Am Friedrich Miescher Institut und der Universität Basel, Schweiz J ob : Wissenschaftliche Mitarbeiterin des NORLUX J ob : Neuro-Oncology Laboratory beim LIH seit Leiterin des NORLUX Neuro-Oncology 2014 Laboratory beim Luxembourg Institute of Health (LIH) seit 2008 18 info cancer n°94 septembre 2018
Im Gehirn kann er verschiedene Regionen befallen In der Forschungsgruppe von Prof. Dr. Simone Niclou und verursacht große Läsionen. Das Glioblastom hat am Luxembourg Institute of Health (LIH) wird ein die heimtückische Fähigkeit tief in das Gehirngewebe Projekt bearbeitet, welches darauf abzielt, genau einzudringen oder sich sogar von einer Hemisphäre diese Mechanismen, die verantwortlich für die Inva- zur anderen zu verbreiten. Dieser invasive Charakter sion der Tumorzellen sind, zu finden und auf moleku- verhindert eine vollständige chirurgische Entfernung larer Ebene zu verstehen. Seit 2014 unterstützt die des Tumors, da meist einige für den Chirurgen nicht Fondation Cancer dieses von Dr. Anne Schuster mit sichtbare Tumorzellen zurückbleiben (Abbildung 1). Erfolg ausgeführte Forschungsprojekt, wie man im Trotz allem ist eine Operation des Tumors der erste infocancer Nr. 80 (2015) nachlesen kann. Vielverspre- wesentliche Schritt der Therapie. Anschließend folgt chende Ergebnisse wurden bislang erzielt. eine Kombination aus Radio- und Chemotherapie. Bis heute kann die empfohlene Behandlung jedoch nur Da das Glioblastom ein sehr heterogener Tumor ist, selten ein Wiederauftreten des Tumors verhindern. der sich bei jedem Patient anders entwickeln kann, Verantwortlich dafür sind unter anderem die Tumor- wurden zu Anfang des Projekts drei verschiedene von zellen, die in der Lage sind in das umliegende Gewebe Patienten zur Verfügung gestellten Tumortypen, unter einzudringen. Aktuelle medizinische Behandlungen anderem in eigens im Labor etablierten Mausmodel- konzentrieren sich jedoch hauptsächlich auf die sich len, bezüglich ihres Invasionsverhaltens charakterisiert. aktiv vermehrenden Tumorzellen. Um wirklich effektiv Die Glioblastomzellen, welche die höchste Invasion zu sein, sollten diese Behandlungen durch Therapien im Gehirn aufwiesen, wurden für eine Hochdurchsatz- ergänzt werden, die zusätzlich auf den Invasionspro- studie verwendet, um herauszufinden, welche Gene zess abzielen. Um solche Strategien zu entwickeln und für das invasive Verhalten verantwortlich sind. Hierzu das Wiederauftreten der Tumore einzuschränken, ist wurde in Tumorzellen je ein Gen des menschlichen es wichtig, die molekularen Mechanismen der Tumor Genoms ausgeschaltet um zu testen, ob die Invasion invasion im Gehirn besser zu verstehen. der Tumorzellen dadurch inhibiert werden kann. Abbildung 1: Zur Durchführung wurde ein spezielles System zur Magnetresonanztomographie Hilfe genommen, in dem die Zellen durch eine löchrige Membran wandern müssen, die sogenannte Boyden Chamber. Um den Invasionsprozess im Gehirn bes- ser nachzustellen, wurde diese Membran mit einem Gemisch beschichtet, welches der Matrix im Gehirn ähnelt. Somit müssen die Zellen die gleichen Mecha- nismen verwenden um aktiv die Matrix abzubauen und migrieren zu können. Schließlich wurden nicht-in- vadierende und invadierende Zellen getrennt und nach Genen gesucht, die potentiell wichtig für das Invasionsverhalten der Gliobastomzellen sind. Nach bioinformatischer Aufarbeitung der Daten wurden 17 potentielle Gen-Kandidaten identifiziert. Der Vergleich mit Genexpressionsmustern der Glioblastomzellen grenzte die Kandidatenliste auf vier Hauptkandidaten vor Operation nach Operation ein. Nach ersten Validierungen zeigte sich, dass beson- ders ein Gen ins Auge stach. Dieses eher unscheinbare Magnetresonanztomographie (MRT) eines Glioblastoms vor Gen könnte also dafür verantwortlich sein, dass ein und nach der Operation. Mit Hilfe von Kontrastmittel kann das Wiederauftreten des Glioblastoms gefördert wird. Tumorzentrum visualisiert werden. Nach der Operation verblei- Weitere Validierungen bewiesen, dass dieses Gen eine ben Randregionen des Tumors, die für den Chirurgen während wichtige Rolle im gesamten Invasionsprozess spielt. der Operation unsichtbar bleiben (rote Pfeile). Der Gehalt an So konnten die Wissenschaftler zeigen, dass Tumor- Tumorzellen, die schon in das Gehirngewebe infiltriert sind, kann zellen bei denen dieses Gen ausgeschaltet wurde, ein nicht abgeschätzt werden, da einzelne Tumorzellen nicht visuali- geringeres Invasionspotenzial besaßen als normale siert werden können. Tumorzellen. Hierfür nutze Dr. Anne Schuster nicht nur MRT-Bilder wurden freundlicherweise vom Centre Hospitalier de die Standardtests wie Boyden Chamber, die außerhalb Luxembourg zur Verfügung gestellt. des Gehirns (in vitro) stattfinden, sondern etablierte 19
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