ZOOM - MARQUES ET MARCHÉS - BDO
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ZOOM Magazine des entrepreneurs 1/17 MARQUES ET MARCHÉS VISILAB, LE LEADER SUISSE DE L’OPTIQUE A A A A BBBBB CCCCC LE CLASSEMENT DES MARQUES LES PLUS DDDDDD POPULAIRES EN SUISSE EEEE FFFF LES SYSTÈMES D’ÉCHANGES LOCAUX, GGGGGGGG UN H RÉSEAU HHH H I I I I I J J J J JD’ÉCONOMIE SOCIALE ET SOLIDAIRE Audit • Fiduciaire • Fiscalité • Conseil
Version digitale du ZOOM ÉDITORIAL ZOOM Magazine des entrepreneurs 1/17 Pour iPad et tablettes Android. Plus d’infos sous www.bdo.ch/digitale Nicolas Duc Docteur en Droit / Partner / Membre de la direction romande de BDO Responsable du Conseil fiscal et juridique de BDO pour la Suisse romande 3 Le chiffre du ZOOM MARQUES ET MARCHÉS VISILAB, LE LEADER SUISSE DE L’OPTIQUE A A A A BBBBB CCCCC LE CLASSEMENT DES MARQUES LES PLUS DDDDDD POPULAIRES EN SUISSE EEEE FFFF est le nombre de marques Chers lecteurs, d’origine étrangère présentes LES SYSTÈMES D’ÉCHANGES LOCAUX, GGGGGGGG UN H RÉSEAU HHH H I I I I I J J J J JD’ÉCONOMIE SOCIALE ET SOLIDAIRE dans le top 10 des marques A vos marques. . . par BDO à Lausanne en novembre dernier. Les entreprises Nous lisons et entendons de plus en plus régulière- sont tenues de prendre le train en marche, avant qu’il n’ait Audit • Fiduciaire • Fiscalité • Conseil préférées des consommateurs ment que le monde est à un tournant, que les choses évo- quitté le quai. . . suisses. Il s’agit de Google, luent et que l’on lutte perpétuellement entre souci de Même les domaines de l’économie traditionnelle ont THÈME PRINCIPAL Lego et Wikipédia globalisation et retour aux sources. Le film Demain, sorti dû adapter leur vision, y compris les opticiens. . . Visilab, MARQUES ET MARCHÉS en salle le 2 décembre 2015, en est une belle illustration, leader du marché dans le domaine des lunettes, participe source: BrandAsset Valuator de Y&R Group Switzerland porteur de messages positifs et pragmatiques pour le fu- ainsi depuis plusieurs années à un programme de dona- tur de notre planète. Parallèlement à cette évolution éco- tion de lunettes aux pays en voie de développement. nomique et politique, la digitalisation galopante de nos Consciente de sa responsabilité sociale, BDO a récolté sociétés n’est plus une fiction mais bien une réalité. Il suf- dans ce contexte plus de 200 paires de lunettes dans ses fit de porter son regard sur les usagers des transports en différentes succursales de Suisse romande, qui ont été re- commun pour s’en rendre compte: le journal a laissé la mises à Visilab. DOSSIER ZOOM SUR 4 16 place aux smartphones et autres tablettes. Tous les Autre exemple en date de l’évolution des marchés: Les marques suisses ont la cote. Mais le numérique Les systèmes d’échanges locaux, un réseau domaines d’activité sont tenus de s’adapter à cette évo- l’éclosion de nouveaux modèles économiques plus soli- progresse d’économie sociale et solidaire lution digitale, sous peine de péricliter. daires et responsables, comme les systèmes d’échanges Dans cette édition du ZOOM, nous avons décidé locaux, bien exposés dans le film Demain et qui voient au- INTERVIEW 20 ACTUALITÉ 8 d’évoquer le sujet des marques et des marchés et de le jourd’hui aussi le jour dans notre pays. Un exemple Entretien avec Laurence Halifi, cofondatrice du Non à la troisième réforme de l’imposition des entre- présenter sous un angle un peu différent. Dans la pre- concret et bien réel, dans la Broye, nous est présenté dans programme Graines d’Entrepreneurs prises. Et maintenant? mière contribution, consacrée aux marques, on peut ce numéro. constater que, même si certains «dinosaures» réussissent Ces profonds changements impliquent également des 10 PORTRAIT CLIENT ACTUALITÉ 12 22 à maintenir leur position, la comète numérique et digitale adaptations au niveau de la réglementation et de la fisca- Interview de Daniel Mori, fondateur et patron du Agenda légal n’est pas passée loin et gagne chaque jour du terrain. lité. L’heure de la globalisation des marchés a également groupe Visilab C’est particulièrement «marquant», si vous permettez sonné dans ce domaine et la Suisse est contrainte d’abolir ACTUALITÉ BDO 23 l’expression, au regard des marques les plus connues par les statuts fiscaux particuliers. C’est un des objectifs de la INTERVIEW Lawyers Lunch 14 tranches d’âge; chez les jeunes, les marques liées aux RIE III, que le peuple suisse a refusée le 12 février dernier. Entretien avec Aline Isoz sur la digitalisation au nouvelles technologies numériques ont largement sup- Erich Ettlin et Denis Boivin nous présentent les consé- service de l’humain planté les marques dites traditionnelles. quences du refus populaire et tentent d’esquisser Afin de préparer les jeunes aux défis qui les attendent quelques tendances de la version bis de la réforme fiscale dans un monde en évolution de plus en plus rapide, des dont les lignes directrices sont à définir d’ici l’été 2017, programmes de sensibilisation et de développement sont comme annoncé par le Conseil fédéral dans son commu- mis sur pied dans les écoles déjà, comme Graines d’Entre- niqué du 22 février 2017. preneurs qui verra peut-être surgir les Gates et Zucker- L’évolution est en marche, rien ne pourra l’arrêter, berg de demain. Parallèlement, Aline Isoz nous explique donc. . . Prêts? Partez! Et surtout bonne lecture! en quoi la digitalisation a opéré, opère et opérera encore Impressum: ZOOM 1/2017, mars 2017, magazine de BDO SA Suisse romande Editeur: BDO SA, Direction Suisse romande, CP 7690, 1002 Lausanne, 021 310 23 23, www.bdo.ch Rédaction: Muriel Raemy, Frank-Olivier Baechler, Laurence Moret, Vanessa de profondes mutations sur les marchés, reflétant en cela Berger, Nicolas Duc, Denis Boivin et Erich Ettlin Photos: page de couverture Visilab, pp. 6-7 Wander SA, pp. 8-9 Graines les conclusions du Brunch des administrateurs organisé Nicolas Duc d’Entrepreneurs, pp. 10-13 Visilab et Jean-Luc Grossmann/Photopulse, p. 14 Aline Isoz, p. 15 Shutterstock, pp. 16-18 commune de Belmont-Broye Mise en pages: Pomcanys Marketing AG, Zurich/Soleure Correction: Monika Schwarzer Imprimerie: Best- print SA, Le Mont-sur-Lausanne (VD). Paraît trois fois par année. Egalement en allemand. Reproduction autorisée avec mention des sources. BDO est membre de . Imprimé sur du papier FSC. 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DOSSIER LES MARQUES 1. SUISSES 2. GOOGLE ONT LA COTE 3. MIGROS MAIS LE NUMÉRIQUE PROGRESSE 4. REGA 5. Google est la marque préférée des Suisses. Fondé en 1998 dans la Parfois rachetées par de grands groupes internationaux, les LEGO Silicon Valley, le géant du Web a détrôné Migros, désormais reléguée à la deuxième place. Le podium est complété par la Rega, la Garde marques suisses sont de plus en plus concurrencées, sur leur aérienne suisse de sauvetage créée en 1952. Tels sont les résultats de 6. la dernière étude de marché sur la force des marques dans notre pays propre territoire, par les mastodontes du numérique mondial. (BrandAsset Valuator), publiée tous les deux ans par le cabinet zuri- Etat des lieux. TOBLERONE chois Y&R Group Switzerland. Depuis plus de vingt ans, ce dernier sonde les consommateurs suisses sur la manière dont ils perçoivent les TEX TE DE FR ANK-OLIVIER BAECHLER, ILLUSTR ATION DE WANDER SA marques, par le biais de critères comme l’originalité, les valeurs incar- CROIX- nées et la confiance véhiculée. C’est la première fois depuis 1995 – date de création de l’étude – 7. ROUGE qu’une marque étrangère occupe la tête du classement. Avec Lego SUISSE et Wikipédia, elles sont même trois à figurer dans le top 10. Cela n’empêche pas les marques suisses ou d’origine suisse de s’accaparer la majorité des places d’honneur. . . pour l’instant. Car Y&R Group Switzerland en fait le constat somme toute logique: 8. les marques de l’industrie high-tech, pour la plupart internationales, Les marques WIKIPÉDIA sont de mieux en mieux perçues en Suisse. En progression régulière, douze d’entre elles ont déjà intégré le top 100 des consommateurs suisses: Apple, Doodle, Google, iPhone, local.ch, Microsoft, Microsoft les plus fortes Office, Microsoft Windows, Samsung, WhatsApp, Wikipédia et You- 9. Tube (dans l’ordre alphabétique). De manière assez surprenante, les en Suisse Top 10 par catégories d’âge VICTORINOX p’tits suisses Doodle et local.ch parviennent encore à damer le pion à l’ogre Facebook qui, malgré ses 3,6 millions de comptes actifs en 14-29 ans 30-54 ans 55 ans et + Suisse (presque 1,9 milliard au niveau mondial), n’apparaît pas dans 1. Google Google Rega le classement. 2. Wikipédia Rega Croix-Rouge suisse En ventilant les résultats par catégories d’âge, l’influence grandis- 10. 3. YouTube Lego La Poste sante du numérique se fait même davantage ressentir. Chez les moins LA POSTE 4. 5. WhatsApp Migros Migros Rivella Migros Victorinox de 30 ans, la moitié du top 10 – dont les quatre premières places – est ainsi trusté par les marques technologiques! A titre de comparaison, 6. Toblerone Gruyère Toblerone les seniors de plus de 55 ans leur privilégient la Rega, la Croix-Rouge 7. La Poste Victorinox CFF suisse, les CFF, le Gruyère et le demi-tarif. Chose rassurante: les géné- 8. Lego Croix-Rouge suisse Gruyère rations analysées ont toutes trois plébiscité – en plus de Migros, RIVELLA 9. 10. Microsoft Office Victorinox Wikipédia Toblerone Lego Demi-tarif Victorinox et Toblerone – les indémodables briques Lego venues du Danemark. Numérique ou pas, les Suisses ont donc gardé leur âme d’enfant. 4 | BDO ZOOM 1/2017 BDO ZOOM 1/2017 | 5
DOSSIER Les effets de la mondialisation «J’ai huit secondes pour vous dire que la barre Ovomaltine, c’est de la piques. A l’occasion de la Coupe du monde de 1962, le Brésilien Pelé – «Ovaltine» en raison – dit-on – d’une faute de saisie commise au Sugus appartiennent à la multinationale américaine Wrigley depuis dynamique!» En 1983, cette publicité explosive – devenue culte – met futur vainqueur avec son équipe – lui prête son image. moment de remplir le formulaire britannique d’enregistrement de la 2005. Inscrits par la Confédération dans le Patrimoine culinaire suisse en en scène un Suisse rigolard à l’accent douteux. Imaginée par Thierry marque. Actuellement, les produits Ovomaltine sortent de quatre 2008, ils sont pourtant produits à Reims, en France, depuis le début Ardisson, elle contribue à accroître de façon spectaculaire la notoriété Pour 400 millions de francs usines de production: Bangkok, Shanghai et Melbourne, en plus de des années 1990. Quant au fameux chocolat Toblerone, toujours fabri- de la marque suisse en France. Pur produit helvétique, la fameuse re- «Häsch dini Ovo hüt scho gha?» (Tu as déjà eu ton Ovo aujourd’hui?) celle située à Neuenegg, près de Berne, dans laquelle 250 collabora- qué exclusivement à Berne et exporté dans 120 pays, il connaît un des- cette à base de malt d’orge, de lait écrémé, de cacao et de levure naît La boisson est chère au cœur des Suisses, tant romands qu’aléma- teurs produisent l’Ovomaltine pour toute l’Europe. Quant à la recette, tin assez mouvementé: après une association de Tobler avec Suchard, de l’imagination du pharmacien bernois Albert Wander. Lancée sur le niques, qui la classent encore au troisième rang de leurs marques elle n’a pas beaucoup changé. «Avec Ovomaltine, ça va pas mieux. . . en 1970, la nouvelle entité est rachetée par l’industriel germano-suisse marché en 1904 comme préparation médicale, la poudre à mélanger – préférées au début des années 2000 (BrandAsset Valuator 2003). mais plus longtemps!» Klaus J. Jacobs pour former Jacobs Suchard, lui-même acquis en 1990 à du lait chaud ou froid – connaît un succès immédiat. De nombreux C’est à ce moment-là qu’elle passe en mains étrangères. D’abord par l’américain Philip Morris, qui l’intègre à sa division alimentaire Kraft produits dérivés voient le jour: le sachet individuel Ovomaltine (1931), acquise par Sandoz en 1967, la société Ovomaltine est entrée dans le Même le Toblerone! Foods. Aujourd’hui, la friandise en forme de Cervin fait partie du la barre énergétique Ovo sport (1937), la barre chocolatée Choc Ovo giron de Novartis en 1996, lors de la fusion avec Ciba-Geigy. Il faut Le cas Ovomaltine est loin d’être unique. Dans l’agroalimentaire, groupe Mondelēz International, issu d’une scission de Kraft Foods. Mais (1948), la boisson froide Ovo drink (1965), etc. Lors des Jeux olym- attendre 2002 pour voir le groupe britannique Associated British Foods mondialisation oblige, nombreuses sont les marques suisses embléma- que les patriotes se rassurent: de nombreuses marques symboliques piques d’hiver de 1936, à Garmisch-Partenkirchen en Allemagne, – notamment propriétaire des thés Twinings – racheter ce «petit mor- tiques à avoir été vendues à des groupes étrangers – le plus souvent comme Ragusa, Ricola ou encore Rivella – qui n’a jamais réussi à vérita- Ovomaltine bénéficie même du premier partenariat privé autorisé par ceau de Suisse», selon la formule d’Adolf Ogi dans une autre publicité pour leur bien. En cette même année 2002, les eaux minérales Valser blement s’imposer à l’étranger – résistent encore et toujours à l’enva- le CIO, ouvrant ainsi la voie à la logique de sponsoring. Au total, la de la marque. Montant de la transaction: 400 millions de francs. ne sont-elles pas cédées par le Hess Group au géant américain Coca- hisseur. Sans parler de Perrier, KitKat et Nesquik, tombées parmi marque sera promue boisson officielle d’une vingtaine de Jeux olym- En Grande-Bretagne, aux Etats-Unis et en Asie, il faut d’ailleurs dire Cola? Créés en 1931 par le chocolatier suisse Suchard, les bonbons d’autres dans l’escarcelle du vaudois Nestlé. ■ L’évolution du packaging de la marque suisse Ovomaltine, devenue britannique en 2002 6 | BDO ZOOM 1/2017 BDO ZOOM 1/2017 | 7
INTERVIEW QUAND LES RÊVES DES ENFANTS SE TRANSFORMENT EN NOUVEAUX MARCHÉS Laurence Halifi veut transmettre l’esprit d’entreprendre et l’envie d’innover dès le plus jeune âge. Elle a ainsi cofondé, en 2014, Graines d’Entrepreneurs, un programme destiné aux écoliers de 11 à 18 ans. En participant à ces ateliers ludiques et créatifs, ceux-ci vont se frotter à la démarche entrepreneuriale et apprendre des outils simples et pratiques pour réaliser leur projet. Comme des grands, mais en gardant leur imagination! PROPOS RECUEILLIS PAR MURIEL R AEMY PHOTOS DE GR AINES D’ENTREPRENEURS Laurence Halifi , cofondatrice de Graines d’Entrepreneurs, Nadine Reichenthal, professeur à l’Université de Lausanne et à l’EPFL, des écoliers et leur Business Model Canvas en atelier avec des enfants Le verbe «faire» est certainement le préféré de Laurence Halifi. La de dix ans les start-uppers romands. Nous avons construit notre Pouvez-vous nous donner quelques exemples de projets sieurs cantons, financées par des associations, organisations ou ins- cofondatrice de Graines d’Entrepreneurs aime en effet les réponses programme sur le Value Proposition Design et le Business élaborés lors de vos ateliers? tances patronales. Au cours de la dernière conférence Lift à Genève, concrètes à un problème donné. «Je voulais outiller ma fille pour Model Canvas, des standards mondiaux élaborés en Suisse par Je précise d’abord que nous n’acceptons pas qu’une entreprise exploite les enfants ont réfléchi à l’école de demain. La prochaine sera sur qu’elle croie en elle et puisse considérer l’entreprenariat comme une Yves Pigneur et Alexander Osterwalder (voir l’entretien avec la créativité de nos élèves en leur demandant de créer son nouveau le campus de l’UNIL. Nous sommes également fiers d’exporter ce option dans son futur parcours professionnel.» Graines d’Entrepre- Yves Pigneur dans le ZOOM 1/16). Yves Pigneur est le parrain de produit, cela n’a rien à faire avec de l’entrepreneuriat! Nous encoura- programme suisse à l’étranger! neurs a donc germé. Jusqu’à laisser pousser ses racines dans cinq éta- notre programme. geons au contraire les enfants à laisser libre cours à leurs rêves, et cela blissements scolaires romands et des événements entrepreneuriaux nous donne des projets aussi divers qu’une association humanitaire Quelles valeurs espérez-vous transmettre? reconnus comme le Carrefour des Créateurs ou les conférences Lift. Parlez-nous du déroulement de vos ateliers. Comment trans- pour intégrer les enfants migrants par le sport, un stylo qui corrige les La persévérance et l’engagement. Des entrepreneuses et entrepreneurs Egalement membre du comité du Cercle Suisse des Administratrices, mettez-vous concrètement l’entrepreneuriat et l’innovation? fautes d’orthographe, un restaurant atypique, des ateliers de pêche de la région sont invités à parler de leur parcours, des obstacles et des et à ce titre partenaire de BDO, Laurence Halifi a participé à la création Notre programme est divisé en trois parties. La première est dédiée branchés au bord du lac, un écran optique adapté à la vue de l’utilisa- difficultés rencontrées. Les jeunes peuvent ainsi s’identifier à des de plusieurs start-up avant de devenir administratrice de la société à l’innovation: on apprend aux participants à observer autour d’eux – teur à poser sur une tablette, un planétarium mobile pour école, et modèles locaux et voient aussi que tout n’est pas rose, que cette voie Glassconcept. Elle nous livre son expérience et sa vision. parents, profs, camarades, touristes – et à trouver des solutions inno- plein d’applications web. . . est plus difficile que celle du salariat. Mais il est important qu’ils vantes à un problème. Il faut que leur projet soit utile, avec une réelle n’aient pas peur de l’échec, qu’ils sachent que c’est une donnée qui va S’adresser à des enfants et des jeunes pour leur donner l’envie valeur ajoutée; on ne veut pas que les enfants créent une énième ver- Qui sont les enseignants qui encadrent ces enfants? les amener plus loin dans la concrétisation de leurs rêves. Commencer d’entreprendre: quelle a été votre démarche? sion d’un accessoire de mode. Ils vont se confronter à la réalité terrain Ils sont eux-mêmes entrepreneurs et conseillent des entreprises. Ils le plus tôt possible, avant que les enfants ne soient trop formatés par Laurence Halifi : Je voulais, et veux toujours, transmettre à nos enfants avec des études de marché à réaliser pour vérifier et valider leurs hypo- nous ont rejoints car ils ont envie de partager leur expérience et dé- l’école ou les jeunes par le monde du travail, permet de dédramatiser les compétences et l’état d’esprit pour être capables de transformer des thèses. Quand leur produit est finalisé, nous passons à la deuxième dient une à trois heures par semaine à nos ateliers. Un coach respon- l’ampleur de la tâche. Entreprendre, c’est en fait se prendre en main, idées créatives en actions entrepreneuriales. Il s’agit de compétences partie qui est celle du business plan. Les jeunes vont chercher des par- sable et un coach junior encadrent la quinzaine de participants. A la fin tout simplement, pour devenir acteur de son destin et s’accomplir. clés pour tous les jeunes et un avantage concurrentiel dans leur avenir tenaires, élaborer leur marketing et leur budget. Ils dépassent leur ti- de l’année, les enfants présentent leur projet devant des centaines de Que ce soit comme entrepreneurs ou comme «intrapreneurs» au sein professionnel. Je veux donner à nos ados des outils pour s’adapter au midité pour se présenter et appeler les personnes clés pour leur projet. personnes. Ils s’entraînent dur et ils donnent tout! L’année dernière, des entreprises qu’ils intégreront. monde de demain. La réalité changeante du travail, la remise en cause Et finalement vient le moment d’apprendre à communiquer et à Pascal Meyer, le fondateur de QoQa.ch, est venu remettre les prix. du salariat tel qu’on le connaît et les aspirations des jeunes qui ne «pitcher», comme on dit dans le jargon. Les enfants vont devoir con- Des savoirs complémentaires à ceux de l’école? veulent plus forcément gravir les échelons d’une société: toutes ces vaincre et fédérer autour de leur projet. Pour l’instant, Graines d’Entrepreneurs est uniquement J’en suis persuadée! La création de projet développe la motivation données demandent de nouvelles manières d’envisager une future présent dans des écoles privées. à apprendre: les jeunes utilisent de manière concrète les branches activité. Ce sont ces enfants qui changeront le monde. Ce que des adultes feraient en somme? Oui, pour l’instant. Les écoles privées ont simplement plus de latitude enseignées à l’école et en comprennent l’intérêt. Les mathématiques, Oui, mais ce qui est fascinant avec des enfants, c’est leur imagination. quant à la mise en place de leur programme et leurs horaires. Mais les langues, tout prend sens. Dans nos ateliers, les participants Comment avez-vous créé Graines d’Entrepreneurs? Ils ne sont pas dans les contraintes de faisabilité, ni dans celles de elles ont accepté d’ouvrir nos ateliers à tous les enfants du quartier apprennent à réfléchir de façon globale, à innover et à saisir des Je voulais m’appuyer sur les meilleurs modèles. Je suis allée chercher financement ou de distribution qui empêchent souvent les adultes motivés à participer. Les parents peuvent directement inscrire leurs opportunités. Ce sont des compétences essentielles pour leur avenir. Nadine Reichenthal, qui enseigne l’entrepreneuriat à l’Université de réaliser un projet. Ils sont en fait complètement dans l’innovation enfants en ligne sur notre site. Nous organisons également des jour- C’est une expérience valorisante et leur confiance en eux en est de Lausanne et à l’EPFL, entre autres, et qui accompagne depuis plus de rupture. nées d’initiation gratuites sous forme de «Hackathon junior» dans plu- grandie! ■ 8 | BDO ZOOM 1/2017 BDO ZOOM 1/2017 | 9
PORTRAIT CLIENT VISILAB «NOUS GARDONS UNE LONGUEUR D’AVANCE» Voilà dix ans que BDO réalise l’audit de toutes les sociétés Lorsque vous avez fondé Visilab, en 1988, comment le marché suisse de l’optique se caractérisait-il? Visilab. Leader suisse de l’optique, l’entreprise genevoise Visilab a fait son apparition dans un marché cartellisé, exempt de toute a révolutionné la branche en proposant la fabrication concurrence. Une association d’opticiens indépendants en maîtrisait la formation et l’approvisionnement. Il était compliqué de ne pas en faire de verres correcteurs en une heure. Sur un marché devenu partie. Nous n’étions pas vraiment les bienvenus. très concurrentiel, le succès de cette fi liale du groupe familial D’autant que vous êtes arrivés avec une logique économique Pharmacie Principale Holding (GPPH) ne s’est jamais démenti. propre, dont le succès s’est révélé fulgurant. . . Entretien avec Daniel Mori, fondateur et patron. Nous disposions déjà d’un rayon d’optique au sein de la Pharmacie Principale (filiale avec Visilab du Groupe PP Holding, actif dans le do- PROPOS RECUEILLIS PAR FR ANK-OLIVIER BAECHLER maine de la santé depuis 1912, NDLR), mais il s’agissait d’une activité PHOTOS DE JEAN-LUC GROSSMANN ET DE VISIL AB marginale. Avec le concept de la lunette en une heure, nous avons mis un grand coup de pied dans la fourmilière. Intégrer le laboratoire de fabrication des verres au sein même du magasin nous a permis d’offrir un produit de qualité avec un service rapide. Sans parler du libre accès Visilab en quelques chiffres aux lunettes. 237 millions de CHF de chiffre d’affaires brut en 2016 C’est-à-dire? Avant, les lunettes étaient sorties des tiroirs. Il n’y avait pas de présen- 5,3 % de croissance du chiffre d’affaires en 2016 toirs, de rayons d’accès libre avec un grand choix de montures. D’une centaine de modèles généralement proposés chez la concurrence, 27 % du marché suisse de l’optique Visilab est passé à près de 2000, dès le début, en prônant le libre accès et le libre essayage. Cette idée d’achat obligatoire, qui prévalait encore 96 magasins Visilab et Kochoptik lorsqu’on entrait chez un opticien, s’est peu à peu transformée en 919 collaborateurs, dont 151 apprentis achat impulsif. Au même moment, les grandes marques de sport et de couturiers ont commencé à pénétrer le monde de la lunette. L’aspect mode s’est alors beaucoup développé. . . et avec lui le marketing, 10 | BDO ZOOM 1/2017 BDO ZOOM 1/2017 | 11
PORTRAIT CLIENT visuels, etc. Ils représentent près de 15% de notre chiffre d’affaires. impacte l’ensemble de l’entreprise, à commencer par la logistique, La proportion pour les lentilles de contact est d’environ 10%, ainsi l’informatique et le marketing. Les magasins, qui complètent les que pour les lunettes de soleil. Les verres optiques et les montures services en ligne et constituent ce lien physique indispensable entre le se partagent les 65% restants. professionnel et le client, doivent eux aussi être entièrement repensés. Il s’agit d’un projet global et complexe, initié en 2016 et pensé sur trois Le développement des «cyberopticiens», dont la vente et les ans. Avec notre stratégie omni-canal, la première du type en Suisse, services sont exclusivement tournés vers le online, représente-t-il nous gardons une longueur d’avance. L’avenir est là, et nous pouvons une concurrence sérieuse pour votre entreprise? l’envisager avec optimisme. ■ Nous prenons en compte cette concurrence, mais toutes les études soulignent la pertinence d’une complémentarité entre magasins phy- siques et vente en ligne. La stratégie gagnante consiste donc à être performant dans ces deux domaines, puis à laisser le client choisir se- lon les modalités qui lui conviennent le mieux. Est-ce un achat complet en ligne, uniquement en magasin ou un panachage des deux? Certaines étapes clés nécessitent toujours un contact direct: la mesure optique, René-Marc Blaser, responsable de la région Suisse romande chez BDO, remet bien sûr, effectuée par des professionnels, mais aussi la mesure psy- quelque 200 paires de lunettes usagées à Daniel Mori, directeur de Visilab chologique, à savoir le degré d’acceptation de la personne. Nos opti- ciens sont aussi formés au visagisme, dont il convient de respecter les règles de base. En magasin, la clientèle peut bénéficier de ce service complémentaire. Une paire de lunettes, ça s’essaie, non? La plupart des gens y tiennent, en effet. Toucher la lunette, jauger son poids, son confort… Il y a de nombreux paramètres. Mais l’es- sayage virtuel, au moyen d’une photo ou d’une webcam, permet sou- vent d’établir une première sélection de montures. Aujourd’hui, nous disposons de 1500 modèles en ligne. Quant au choix final, il pourra se faire en magasin… voire au domicile du client, où nous pouvons aus- si livrer! Est-il vital d’investir dans le numérique? C’est un facteur décisif qui, de plus en plus, va différencier les entre- prises. Notre environnement évolue, les besoins et les attentes de la clientèle aussi, et il faut être capable de s’adapter. La numérisation grande nouveauté dans ce type d’activité paramédicale. Même si ma Et le Tessin? correction visuelle n’a pas bougé, je peux soigner mon look et changer Nous n’y sommes pas présents. Le Tessin est un petit marché, très Des lunettes pour l’Afrique de lunettes. En arrivant avec un produit attractif dans un marché libéré limité, avec peu de potentiel. De plus, le tourisme d’achat y est particu- Chaque printemps, Visilab organise une grande action de reprise et dynamique, le timing était parfait. lièrement développé. Le problème existe aussi à Genève, à Bâle ou de lunettes usagées auprès de sa clientèle. La majeure partie des dans d’autres régions frontalières, mais le Tessin reste un cas à part. 10 000 à 15 000 exemplaires récoltés sont donnés à des ONG En 1999, l’acquisition de Kochoptik vous a permis de sensiblement Pour nous, cette région n’est pas une priorité. ou à la Croix-Rouge, mais l’entreprise genevoise n’a pas manqué renforcer votre présence en Suisse alémanique . . . l’occasion de monter son propre projet. «A Ambanja, au nord En 1994, nous avons ouvert notre premier magasin de Suisse alle- Avec 27% de parts de marché, vous occupez la position de de l’île de Madagascar, nous collaborons avec le Centre médico- mande à la gare centrale de Zurich, sous l’enseigne Visilab. C’était un numéro un en Suisse. Avez-vous envisagé d’investir les marchés chirurgical Saint Damien, financé par l’ONG suisse Action Mada- test. Nous avons alors pu démontrer que le concept était tout aussi limitrophes? gascar. Une équipe d’opticiens de Visilab s’y rend une fois par attractif qu’en Suisse romande. Avec l’acquisition de Kochoptik, une Oui, et nous avons déjà mené quelques expériences en France an pour réaliser des bilans visuels et distribuer les précieuses lu- chaîne présente uniquement en Suisse alémanique, nous devenions et en Autriche. Elles ne se sont pas révélées très concluantes. Dans nettes. Au-delà d’un aspect écologique évident, avec le recyclage un acteur national. Ce rachat nous a aussi permis de nous positionner le commerce de détail, sortir de son marché d’origine implique de produits qui ne sont plus utilisés, ce programme revêt surtout sur différents segments: le haut de gamme avec Kochoptik et le tout de tout repenser, de s’adapter complètement à son nouvel envi- une dimension humanitaire, au bénéfice des populations défavo- public avec Visilab. ronnement. Pour l’instant, nous préférons nous concentrer sur la risées», résume Daniel Mori, directeur de Visilab. En prévision de Suisse. l’action 2017, BDO s’est également joint à l’effort collectif: «Sur Aujourd’hui, vous disposez d’un total de 96 succursales. l’initiative d’une de nos collaboratrices, nous avons pu récolter Envisagez-vous encore de vous étendre? Entre les montures, les verres optiques et les lentilles, quelque 200 paires de lunettes auprès de nos cinq succursales Les ouvertures de magasins se font à rythme régulier. Il y en a comment se répartit votre chiffre d’affaires? de Suisse romande», se réjouit René-Marc Blaser, responsable de encore eu quatre en 2016. . . et ça continue. La Suisse alémanique, Il ne faut pas négliger la part des services et des prestations: examens la région Suisse romande chez BDO. notamment, dispose d’une certaine marge de manœuvre. de la vue, adaptations de lentilles, prolongations de garantie, profils 12 | BDO ZOOM 1/2017 BDO ZOOM 1/2017 | 13
INTERVIEW LA DIGITALISATION: UN OUTIL AU SERVICE DE L’HUMAIN Consultante en transformation digitale, Aline Isoz conseille Difficile d’y croire. Aline Isoz, experte en transformation digitale, était, il y a quelques années encore, anti-Facebook, anti-réseaux sociaux en des entreprises et institutions romandes. Elle intervient régulière- tout genre et «carrément anti-technique», avoue celle qui aujourd’hui ment dans le cadre de conférences ou d’ateliers thématiques navigue dans les territoires digitaux comme si elle y était née. Elle a même lancé alineisoz.ch, une plateforme grâce à laquelle cette entre- auprès de décideurs et d’administrateurs de société. Lors du Brunch preneuse accompagne les PME romandes dans les enjeux liés à la digi des administrateurs organisé par BDO en novembre dernier, talisation. Sujette à de nombreuses définitions et diverses interpréta- tions, cette notion de digitalisation retourne aujourd’hui le monde des elle a abordé quelques points sensibles pour les administrateurs affaires et le monde tout court. Eclairage. version 4.0. Entretien. La transformation digitale a pris de l’ampleur depuis que Klaus PROPOS RECUEILLIS PAR MURIEL R AEMY Schwab en a fait le thème principal du World Economic Forum PHOTO D’ALINE ISOZ 2016, en la nommant la 4 e révolution industrielle. Aline Isoz: C’est effectivement devenu un sujet en soi, notamment depuis cet événement. Mais de quoi parle-t-on au juste? La transfor- mation digitale est avant tout une transformation sociétale, dont le digital n’est que le signe extérieur. Elle n’est pas «que» la numérisation de l’entreprise, mais elle consiste à faire évoluer l’activité de celle-ci – de l’entreprise pour assurer sa pérennité, c’est la préoccupation essen- Pourquoi la transformation digitale fait-elle si peur? dans un monde digital et interconnecté – grâce à de nouvelles façons tielle qui doit guider ses dirigeants. Parce qu’aujourd’hui, deux voies s’affrontent médiatiquement parlant: de t ravailler, d’être et de concevoir les interactions entre l’ensemble celle qui pense que le digital va tout résoudre et qui fait du «solution- des acteurs d’une société. Finalement, qu’y a-t-il de nouveau dans cette démarche: les nisme», et celle qui pense que le digital va tout détruire et qui fait du entreprises n’ont-elles pas, de tout temps, repensé régulièrement catastrophisme. Les bonnes questions sont posées: comment chacun Il s’agit donc de repenser les piliers sur lesquels repose une leur positionnement sur le marché? va-t-il pouvoir trouver sa place dans un environnement digitalisé? Com- entreprise? Bien sûr! L’innovation a toujours été un facteur de pérennité, on lui a ment va évoluer notre démocratie à l’ère du numérique? Quelle place Oui. On parle bel et bien ici de transformation culturelle de l’entreprise. d’ailleurs souvent dédié un département. Le digital est un autre vecteur pour l’humain dans une société numérique, etc.? Les réponses ne sont Le digital impacte l’ensemble de la chaîne de valeur de l’entreprise: d’innovation, qui est, comme dit plus haut, transversal. S’il ne doit pas pas encore là, mais je crois en la responsabilité collective à définir de l’organisation au modèle d’affaires, en passant par les processus, se substituer à la stratégie de l’entreprise, il en est un des composants: le f utur que nous voulons mettre en place. les outils, la communication et, surtout, les gens. Les projets de trans- rapidité des évolutions technologiques, réactivité des marchés, muta- formation numérique nécessitent d’être mis en œuvre de manière tion des usages et des attentes des clients, émergence de concurrents Cette transformation semble aussi inéluctable que redoutée. beaucoup plus rapide et plus souple. Comme le digital est transversal, nouveaux, autant de paramètres qui exigent des entreprises une très Comment l’accompagner? cela nécessite des outils collaboratifs, évidemment, mais également forte capacité à déployer ou redéployer rapidement leurs activités, En Suisse, nous formons les enfants à suivre les consignes et l’autorité, un m anagement collaboratif, et des ressources humaines placées au à faire preuve d’agilité. et nous les évaluons sur des matières «techniques». A mon sens, il cœur du changement pour accompagner la transformation. faudrait davantage concentrer les efforts sur la valorisation de la capa- Pouvez-vous nous donner un exemple concret issu de votre cité des enfants à rebondir, à trouver et produire leurs propres solu- Dans quel cadre intervenez-vous? pratique? tions, à oser se lancer, et surtout à intégrer l’échec comme un aléa de Les administrateurs et les chefs d’entreprise désirent mieux com- J’ai eu l’occasion de travailler pour une société leader dans l’industrie la prise d’initiative. Prototyper rapidement, aller rapidement tester sur prendre ce qui se joue au niveau de leur société avec le numérique qui se posait la question de la pertinence du digital en termes de vente, le marché pour se donner la possibilité d’arrêter ou d’améliorer, nous ne et cartographier les risques ainsi que les opportunités. Comment marketing et communication; il a fallu un certain temps pour que le sommes pas vraiment programmés ainsi en tant que Suisses! Pourtant, s’assurer que cette transformation est organisée et cohérente avec management intègre le fait qu’au-delà des outils, c’était la façon même au-delà de l’éducation, c’est tout le système qui est impacté: la mobi la stratégie de l’entreprise? Qui sont les acteurs de cette transforma de travailler qui posait problème dans une entreprise qui fonctionnait lité, la monnaie, les échanges commerciaux, les télécommunications, tion? Comment penser différemment et insuffler une nouvelle culture «à l’ancienne» et que le digital n’était pas une fin en soi, mais un moyen. les médias, les métiers, l’énergie, et chacun d’entre nous. Une transfor au plus haut niveau? Quels sont les risques? Sont-ils connus, gérés et Un moyen qui, au cœur d’une entreprise qui n’est pas prête à jouer la mation profonde, donc, qui va donner l’occasion de définir de nou- maîtrisés et sommes-nous conscients de ce qui n’est pas sous contrôle? carte de la collaboration et à définir des objectifs communs aux cadres, velles règles. Pour autant que nous soyons partie prenante de cette Intégrer le numérique dans chacune des dimensions et chaque service met les lacunes de l’organisation en évidence. définition! ■ BDO ZOOM 1/2017 | 15
ZOOM SUR L’ÉCHANGE: UNE MONNAIE INESTIMABLE Un système de marché hors des circuits mercantiles? Impossible? De nombreux SEL, pour «systèmes d’échanges locaux», ont fleuri en Suisse romande. Du temps, des biens ou des services: les membres de ces associations s’entraident et renouent avec une économie de proximité. Rencontre à Domdidier, dans la nouvelle commune de Belmont-Broye (FR), avec Marie-Claire Corminboeuf, présidente du dernier-né des SEL romands. TEX TE DE MURIEL R AEMY, PHOTOS DE L A COMMUNE DE BELMONT-BROYE MARIE GARDE DES SAMUEL ENFANTS FAIT DE LA RICHARD PEINTURE JOUE DE LA GUITARE DENIS S’OCCUPE DU JARDIN JEAN DONNE DES CONSEILS INFORMATIQUES
ZOOM SUR Le 28 de chaque mois se rencontrent une cinquantaine d’habitants de lors un coup de main pour faire pousser ses légumes. «Nous avons Domdidier, Dompierre, Russy, Léchelles et Chandon, cinq villages de la campagne fribourgeoise qui ont fusionné il y a un peu plus d’un an. Ces tous des ressources en nous. Le fait de se rencontrer un peu plus réguliè- rement nous permet de parler de nos expériences, de ce que l’on aime MARIE personnes viennent, en quelque sorte, mettre un peu de sel dans leur faire et de nos projets.» Les membres se retrouvent en effet tous GARDE LES vie. Pris comme acronyme, cet aliment goûteux désigne un système les 28 du mois, lors d’un SEL’Moment, pour des soirées ludiques ou ENFANTS d’échange local où des services, des savoirs et des biens s’échangent festives. entre les membres d’un réseau. Ici, pas de rétribution en espèces DE JEAN sonnantes et trébuchantes, mais en une monnaie virtuelle pour valori- Alternatives à la marchandisation ser le temps ou l’objet mis à disposition. Le SEL fonctionne en marge du système financier capitaliste. «Les Le mouvement est né dans les années 1980 au Canada, dans une valeurs que nous prônons ne peuvent pas remplacer l’argent. Se rendre JEAN DONNE région touchée par le chômage, afin de réintégrer des personnes dé- service et s’aider mutuellement enrichissent par contre bien des situa- DES CONSEILS munies dans la vie économique. Les SEL se sont propagés dans les pays tions de la vie quotidienne», se réjouit la présidente. Afin d’assurer anglo-saxons avant d’atteindre l’Europe. Ils se sont même récemment l’équité, les biens et les services échangés sont comptabilisés par une INFORMATIQUES développés en Grèce pour pallier la précarité ambiante et l’absence monnaie choisie par les membres du groupe. Ce qui permet, contrai- À RICHARD de liquidités provoquées par les politiques d’austérité. La Suisse ro- rement au troc qui est bidirectionnel, d’élargir les interactions et les mande en compte une trentaine, répertoriés sur le site www.sel-suisse.ch. échanges possibles. A Belmont, ce sont des grains qui calculent les Le Pot d’Sel du Belmont est, quant à lui, le dernier-né de ces réseaux services rendus, dans les Franches-Montagnes des pives, à Delémont des d’économie dite sociale et solidaire. pépites. On trouve également des unités d’échanges répondant aux noms originaux de quibus à Neuchâtel, de picaillons à La Chaux-de- Une économie sociale et solidaire Fonds ou encore de batz au Val-de-Ruz. Le principe? Les adhérents postent une offre ou une demande sur le Les motivations de l’individu «selliste» à adhérer à l’un de ces site internet de leur SEL: emprunter un outil, recevoir un cours de réseaux sont aussi variées que diverses. Le SEL représente pour certains guitare, aider à déménager ou à cueillir des pommes, véhiculer, donner l’occasion d’échanger dans un cadre convivial, de renouer avec le des conseils en informatique, garder un enfant ou servir un apéritif. voisinage ou de rencontrer de nouvelles personnes. Au fil des pages «La valeur du service est évaluée uniquement par le temps passé pour de présentation des différents SEL romands se distingue chez certains l’effectuer. Chacun donne ce qu’il peut donner selon ses compétences adhérents la volonté de participer collectivement à une alternative SYSTÈMES et ses disponibilités», explique Marie-Claire Corminboeuf, présidente du nouveau SEL broyard. au système dominant qui vise le profit maximal. Les SEL sont d’ail- leurs souvent apparentés à un Réseau d’objection de croissance D’ÉCHANGES Un système où des individus se connaissent et s’entraident en réseau ne date pas d’hier. L’idée de valoriser les rapports sociaux et les (ROC). Vivre le partage et la solidarité répond pour ces personnes engagées à une réflexion éthique et à la volonté de mettre l’accent DENIS LOCAUX compétences de chacun est en revanche un peu plus nouvelle. Cette sur les liens plutôt que sur les biens. Une espèce de retour à un cer- notion est même essentielle pour la présidente: «Les villages se sont tain bon sens dont se réjouit Marie-Claire Corminboeuf: «Nos initia- S’OCCUPE agrandis, les habitants se connaissent moins. Les liens disparaissent et tives font déjà boule de neige. De nouvelles amitiés se sont tissées. DU JARDIN beaucoup de personnes se sentent isolées.» Marie-Claire Corminboeuf a découvert les dons de jardinage de sa voisine qui lui donne depuis Et des personnes intéressées s’annoncent au-delà de notre nouvelle commune.» ■ DE MARIE Le SEL: un outil de cohésion citoyenne La commune de Belmont-Broye a fêté en janvier son premier anni- versaire. Au-delà d’une fusion purement politique, quelques per- sonnes se sont demandées comment fédérer les citoyens des deux côtés de cette grande forêt qui les sépare. L’idée d’un SEL trottait depuis longtemps dans la tête de Marie-Claire Corminboeuf. Elle souffle l’idée au groupe de travail citoyen, et dès janvier 2016, RICHARD des représentants des cinq villages – Léchelles, Chandon, Russy, APPREND À Domdidier et Dompierre – fondent le noyau de base du futur Pot d’Sel. Celui-ci compte aujourd’hui une cinquantaine de membres SAMUEL À actifs. Un intérêt qui réjouit la présidente: «Sans cette fusion et SAMUEL JOUER DE LA l’élan qu’elle a créé, je serais passée à côté de ces nouvelles FAIT DE LA GUITARE personnes et de tout ce qu’elles ont à apporter.» Ses espoirs pour le futur? «Moins d’individualisme, plus de solidarité. Je suis per- PEINTURE POUR suadée que, grâce à ces échanges, de nouveaux projets se dévelop- DENIS peront pour redynamiser notre tissu économique et social. Je rêve d’une vie locale agréable et supportable pour notre planète.» 18 | BDO ZOOM 1/2017 BDO ZOOM 1/2017 | 19
ACTUALITÉ NON À LA TROISIÈME RÉFORME DE L’IMPOSITION DES ENTREPRISES ET MAINTENANT ? Le 12 février 2017, la réforme de l’imposition des entreprises III a été rejetée par le peuple suisse. Le Non était clair et indique au Certes, les régimes fiscaux spéciaux (holdings, sociétés de domicile et sociétés mixtes) doivent être supprimés. Les entreprises suisses qui bénéficient actuellement de privilèges fiscaux ont toutefois besoin Obtenir des compensations financières des entreprises devrait être difficile parce que l’on doit alléger leur charge fiscale si l’on veut soula- ger les entreprises affectées par la suppression des privilèges grâce à Le facteur temps Le message relatif à la RIE III a été publié en juin 2015 et le vote final du Parlement a eu lieu en juin 2016 – soit un an plus tard. monde politique qu’il ne suffit pas de présenter un paquet légère- d’assurances en termes de droit et de planification. Elles veulent savoir une réduction générale des taux de l’impôt sur le bénéfice. On pourrait Si nous arrivons à maintenir une telle cadence, une entrée en vigueur dès que possible ce qui est prévu pour compenser la perte de leur trouver un compromis en supprimant certains instruments qui étaient le 1er janvier 2019 serait toujours possible (sans référendum). Mais ment enjolivé. En effet, les opposants à la RIE III demandent statut fiscal privilégié. A cet égard, les politiciens doivent se mettre inclus dans le paquet de la RIE III (notamment l’impôt sur le bénéfice ce sera serré. également que différents instruments soient supprimés et surtout au travail immédiatement et ficeler un nouveau paquet en dialoguant corrigé des intérêts). D’autres ajustements de détail devraient égale- A mon avis, le pays a besoin de nouveaux noms et de nouvelles avec les cantons, les communes et les entreprises. Les opposants à la ment pouvoir être effectués. idées. Au lieu de la Patent Box: des allègements pour les innovations. que les compensations financières soient appropriées. Il s’agit réforme de l’imposition des entreprises III ont en effet promis qu’une L’idéal serait que le Conseil fédéral présente un nouveau projet Au lieu du «step-up»: une déclaration des réserves latentes, etc. A la maintenant de savoir comment procéder sur le plan politique. nouvelle réforme serait rapidement soumise. encore cet été. Les membres de l’organe de pilotage sont tenus place d’une quatrième réforme de l’imposition des entreprises, peut- de communiquer clairement au peuple – du moins, mieux que lors du être y aura-t-il un «Premier paquet de renouvellement et d’améliora- TEX TE D’ERICH ET TLIN Un organe de pilotage projet qui vient d’échouer – quels sont les plans et quelles sont les tion de l’imposition». Soit: «Etoiles I» (de l’allemand «Sterne», pour Ce nouveau paquet de réforme doit reprendre les principales pré conséquences auxquelles il faut s’attendre. Les partis doivent parvenir Steuererneuerung). Le Parlement pourrait alors entamer un débat Il est certain que nous entamons une période d’incertitude. Avec le occupations qui sous-tendaient la réforme de l’imposition des entre- à s’entendre et désormais ni la gauche ni la droite ne peut exiger trop, digne de La Guerre des étoiles, dans lequel le rôle de Dark Vador reste rejet de la réforme de l’imposition des entreprises III, les entreprises prises III. Les entreprises mobiles doivent donc pouvoir être main ni concéder trop peu. La mentalité de forteresse et de guerre des tran- encore à déterminer. ■ savent bien qu’un nouveau modèle sera mis en place, mais les méca- tenues en Suisse, la fiscalité suisse doit rester compétitive au niveau chées ne sert à rien. nismes permettant de compenser la suppression des régimes fiscaux international et on doit pouvoir continuer de générer les recettes spéciaux sont encore inconnus. L’incertitude règne également quant fiscales requises. Par ailleurs, les nouveaux instruments fiscaux doivent aux délais dont dispose la Suisse pour effectuer l’ajustement de la fis- être acceptés à l’international. La RIE III est morte le 12 février 2017. Vive la RIE IIIbis! Enfin, les entreprises qui ne sont pas au bénéfice d’un tel statut calité des entreprises qu’exige la communauté internationale. Tandis Le Conseil fédéral a chargé le Département fédéral des finances fiscal devraient suivre attentivement les projets de baisses du taux que l’UE a déjà exprimé de vives critiques, l’OCDE compte réintroduire (DFF) le 22 février 2017 de définir les lignes directrices d’un nouveau Quelles sont les mesures fiscales que peuvent d’ores et déjà d’impôt sur le bénéfice de leurs cantons. En effet, si tel devait être le des listes noires ou grises d’ici à la fin 2017. Il est hors de question que projet d’ici à l’été 2017. Le DFF a ainsi mis en place un organe de pilo- prendre les entreprises? cas, il pourrait être intéressant pour ces entreprises de constituer la Suisse y figure. tage, composé de représentants des cantons, des villes et de l’adminis- des réserves latentes avant le changement de taux, respectivement tration sous la direction du Conseiller fédéral Ueli Maurer. Cet organe de les réaliser après. Donner des signaux clairs de pilotage s’est réuni le 2 mars dernier. Il a décidé de procéder à TEX TE DE DENIS BOIVIN De plus, il se trouve que le Royaume-Uni et les Etats-Unis vont l’audition des partis politiques, des villes et des communes, des églises Existe-t-il une recette miracle pour surmonter cette procéder à des réductions d’impôts afin d’améliorer leur compétitivité. nationales et des associations lors d’une première étape. La suite de la En raison des insécurités juridiques existantes, les entreprises qui sont incertitude fiscale? Les groupes internationaux se sentiront davantage sous pression à procédure et le calendrier seront ensuite fixés pour tenir le délai précité au bénéfice d’un régime fiscal cantonal spécial devraient déterminer Il faut suivre attentivement les développements législatifs en cours, remettre en cause l’emplacement de leurs sites. Nous devrions rapide- de juin 2017. si elles veulent d’ores et déjà renoncer à ce statut, en anticipation de afin d’anticiper les modifications à venir. Dans l’intervalle, nous ne ment donner des signaux clairs à ces groupes. l’entrée en vigueur future des dispositions de la RIE IIIbis. Dans ce cas, pouvons que recommander aux entreprises actives dans notre pays La délicate question des compensations financières les réserves latentes existant au moment du changement du système d’effectuer une analyse fiscale détaillée de leur situation actuelle En termes de contenu, la principale question concernera les compen- d’imposition, y compris la plus-value immatérielle créée par le contri- auprès de leurs conseillers fiscaux. ■ sations financières. En toute logique, celles-ci ne peuvent pas venir de buable lui-même (goodwill), doivent être imposées. Les pratiques la classe moyenne, autrement les dirigeants de la campagne des vain- des cantons sur ce point divergent. Il est ainsi recommandé d’analyser queurs de la votation auraient un problème. Le recours à l’impôt sur les soigneusement l’impact concret d’une telle décision à l’aide d’un gains en capital affecterait pourtant la classe moyenne. spécialiste. Denis Boivin De qui doit-on donc obtenir les compensations financières? Des Indépendamment de cela, les nouvelles dispositions visant à intro- Erich Ettlin Avocat, Expert fiscal diplômé personnes «riches», par le biais d’une augmentation de l’impôt sur duire l’échange spontané de rulings fiscaux sont entrées en vigueur le Expert fiscal diplômé Partner, Directeur ligne de produits les dividendes. L’inconvénient est que cela touche aussi les PME, et 1er janvier 2017. Les rulings rendus après le 1er janvier 2010, mais encore Conseiller aux Etats Fiscalité et Droit, BDO SA donc la classe moyenne. Mais il est clair que l’on va, et probablement en vigueur en 2018, pourront faire l’objet, à certaines conditions, d’un BDO SA que l’on doit, prendre des mesures au niveau de l’imposition des divi- échange spontané de renseignements avec les Etats concernés. La denis.boivin@bdo.ch dendes. Ce faisant, on devrait toutefois engager les cantons en vertu renonciation anticipée à un tel statut fiscal en 2017 pourrait éventuel- erich.ettlin@bdo.ch Téléphone 026 435 33 01 de notre système fiscal fédéraliste sans leur imposer de directives lement être judicieuse sous l’angle international. Téléphone 041 368 13 36 trop strictes. 20 | BDO ZOOM 1/2017 BDO ZOOM 1/2017 | 21
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