Transport & Distribution en Suisse - Le magazine de la Chambre France-Suisse pour le commerce & l'industrie - UB Basel
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Le magazine de la Chambre France-Suisse pour le commerce & l'industrie 4 / 2010 www.cfsci.ch 12 CHF - 8 euros€ ISSN 1660 - 8615 Transport & Distribution en Suisse
,UÄU]VPZPUZ Paris Genève 3h05 A/R * Lyria SAS, capital de 80 000€, RCS Paris B 428 678 627, 25 rue Titon, 75011 Paris, France. quotidiens Plus rapide et encore plus de services avec 3`YPHpremière. Avec votre billet 1re classe, votre bien-être est assuré tout au long de votre voyage par notre personnel de restauration. Profitez à votre place et à tout moment de la journée, d’une boisson de bienvenue, d’un menu froid de qualité ainsi que d’une large sélection de magazines et de journaux internationaux. * Meilleur temps de parcours, jusqu’à 9 allers-retours par jour. www.tgv-lyria.com
Sommaire Editorial | M. Georges Champoud - Directeur de DPD Suisse SA 4 Agenda | Les rendez-vous de la CFSCI 5 Dossier | M. Peter Füglistaler | Transports : le système suisse cité en exemple 6 Economie | Dr. Paul Wetterwald | Argent pas cher : combien de temps encore ? 8 Juridique | Me Frédéric Sutter | Les instruments bancaires du commerce international 9 Dossier | Un duopole typiquement helvète : Coop / Migros 10 Dossier | M. Ludovic Peter | Le e-commerce sur la voie du succès en Suisse 12 Dossier | Faits et chiffres du commerce de détail en Suisse 13 Dossier | Témoignages de distributeurs en Suisse 14 Dossier | M. Alain Barbey | TGV Lyria entre dans une nouvelle ère de services 16 Dossier | Mme Emmanuelle de Beaufort | Transferis, au service du développement ferroviaire 18 Dossier | M. Florent Sériès | TAG Aviation, une philosophie d'avant-garde 20 Dossier | M. Bertrand Harsch | The art of moving 22 Dossier | M. Vincent Vogt | Air France, innovation, excellence et proximité 24 Success story | Mission collective aéronautique 26 Bienvenue aux nouveaux membres 28 Zoom 30 ASPECTS | Magazine de la Chambre France-Suisse pour le commerce & l’industrie Crédit photos : Sources mentionnées. Mention légale : Tous droits réservés. Reproduction autorisée avec mention explicite de la source. Aux membres de la CFSCI et lecteurs de «Aspects»: L’information fournie par la CFSCI et d’autres sources dans ce présent numéro est considérée comme exacte et fiable au moment de sa parution. Néanmoins, nous ne pouvons pas garantir qu’elle sera exacte, complète ou à jour en tout temps. Les renseignements sont fournis à des fins d’information seulement. Ils ne peuvent être assimilés à des conseils financiers, juridiques, comptables ou fiscaux et ne devraient pas être considérés comme tels. Ce numéro a été conçu à des fins d’information seulement et peut comprendre des erreurs, des omissions ou des inexactitudes. La CFSCI n’assume aucune responsabilité en ce qui a trait à ces erreurs, omissions ou inexactitudes et ne se prononce pas sur l’exactitude, la fiabilité, l’intégralité ou la présentation en temps opportun de l’information contenue dans ce numéro. CFSCI - Genève CFSCI - Zurich Route de Chêne 5 Rennweg 42 Case postale 6298 postfach 2170 Comité de soutien de la CFSCI CH - 1211 Genève 6 CH - 8022 Zürich Tél : + 41 22 849 05 70 Tél : + 41 44 262 10 70 Fax: + 41 22 735 01 33 Fax: +41 44 262 10 72 Banque privee Edmond de Rotschild Régie Publicitaire Genève Editeur Chambre France-Suisse pour HP Media SA le commerce & l’industrie Av de Chamonix 7 CH - 1207 Genève Directeur de la Tél + 41 22 786 70 00 Fax + 41 22 786 70 13 publication Florence Boillod info@hpmedia.ch fboillod@cfsci.ch Suisse romande : M K S F I N A N C E S. A. Valérie Orsaz Assistante éditoriale Anne-Cécile Dumas Suisse alémanique : acdumas@cfsci.ch Antoine Egli Impression Imprimerie Villière • France Aspects | 4 - 2010 3
édito L'évolution de la logistique et de la distribution : reflet de l’évolution de la société Georges Champoud | Administrateur de la CFSCI | Directeur Général de DPD Suisse A l’époque des chaînes de Il résulte de cette évolution une Pour y parvenir, il faut que les production dispersées sur flexibilisation des voies de transport moyens électroniques à disposition, le monde entier et des ainsi qu'une dynamisation formi- software et hardware, remplissent stocks réduits au minimum dans les dable de la gestion des véhicules. trois conditions : il faut a) qu’ils agglomérations économiquement Dans la logistique du colis surtout, soient à la hauteur de la complexité, importantes (le « just in time »), celle-ci peut de moins en moins b) qu’ils permettent de réduire cette le volume des transports de biens se baser sur des parcours fixés complexité à une procédure très et de marchandises augmente d’avance, mais doit de plus en plus simple, fiable et robuste, et c) qu’ils continuellement. En même temps, s’organiser selon la constellation du soient peu coûteux. Heureusement la logistique devient de plus en moment, ce qui n’est possible que aujourd’hui, des moyens électroni- plus « intelligente » du point de grâce à des technologies permet- ques bon marché efficaces sont à la vue technique, grâce aux nouvelles tant à tout moment de localiser les portée de tous les opérateurs, même technologies d’information et de agents de transport, de connaître de petite taille. communication. leur charge et la destination de celle-ci, d’y intégrer les informations Le progrès technologique est la L’impact des technologies mo- sur le temps et le lieu de la décharge source d'une complexité croissante dernes se manifeste d’abord dans souhaités et les informations sur de la distribution, mais il nous don- les effets de l’e-commerce sur les les colis à prendre en charge, et de ne en même temps les moyens de structures traditionnelles de la dis- calculer à partir de ces données et maîtriser cette complexité par une tribution. L’internet et ses moteurs en permanence l’itinéraire optimal, logistique plus sophistiquée. de recherche ont beaucoup facilité en tenant compte de conditions ca- la communication entre les grands dres telles que le trafic routier. Cette concentration sur les nécessités du Le plus important, dans cette évolu- distributeurs, voire les producteurs tion, c'est qu'elle permet de mieux eux-mêmes d'une part, et les clients moment présent, devenu beaucoup plus complexe, s’impose partout. gérer les ressources, grâce aux nou- privés d'autre part, de sorte que de velles possibilités d'organisation et nombreux distributeurs intermé- de contrôle des systèmes logistiques diaires, des magasins spécialisés La planification est à plusieurs via la localisation individuelle des surtout, ont disparu. Il en résulte vitesses, préparée de longue main, véhicules et des biens à transpor- un changement de structure fon- elle se refait au moment même de ter. En matière de logistique et de damentale : la relation business to l’action qu’elle organise, dans toute distribution, les bases pour un vrai business (b2b) entre le distributeur la complexité que cela comporte. développement durable sont jetées. et son intermédiaire cède le pas à une nouvelle relation business to customer (b2c). Or, dans nos agglomérations urbanisées, la femme et l’homme modernes sont très mobiles. Leur présence au domicile est loin d’être régulière et prévisible. Alors tout l’enjeu logistique change, car au business to business, les points de repère essentiels pour tout transport de marchandise : le destinateur et le destinataire, sont fixes et leur présence est assurée pour des temps définis, tandis qu’au business to customer, le seul point de repère stable qui reste, c’est le destinataire. Ce qui met la communication avec le client privé au centre de l’intérêt du prestataire de services. 4 Aspects | 4 - 2010
L'agenda de la CFSCI 16 - 17 - 18 janvier 2011 Forum | INNOVALPS 2011 : Gravir le sommet de l'entreprise innovante Chamonix vendredi 21 janvier 2011 Trophées CFSCI du Commerce Franco-Suisse Montreux | Casino Barrière lundi 27 janvier 2011 Déjeuner-Débat avec M. Jean-Claude BIVER Genève - Hôtel Beau-Rivage mardi 1er février 2011 Petit-déjeuner "Bien travailler avec nos voisins" sur l'interculturel franco-suisse Genève -Palexpo - Place des Affaires 3 & 4 février 2011 Délégation officielle suisse à Paris sur les secteurs transports - infrastructures et cleantech Paris 17 février 2011 Apéritif de rentrée à la CFSCI Zurich Zurich 13 - 14 - 15 - 16 avril 2011 Pavillon France sur le Salon suisse des énergies renouvelables et technologies nouvelles Fribourg Les salons en Suisse en janvier 2011 THE ART OF Du : 07 Janvier 2011 Au : 09 Janvier 2011 - Foire de Lucerne | Lucerne MOVING TRAVEL EXPO / Salon professionnel du tourisme au coeur de la Suisse w w w. h a r s c h . c h Du : 16 Janvier 2011 Au : 19 Janvier 2011 - Messezentrum Zürich | Zürich GENEVA Your partner for quality worldwide Tel. +4122 / 300 4 300 ORNARIS / Le salon tendances et nouveautés ZURICH Tel. +4144 / 851 51 00 moving and relocation services Du : 17 Janvier 2011 Au : 21 Janvier 2011 - Palexpo | Genève 21e SALON INTERNATIONAL DE LA HAUTE HORLOGERIE / Salon privé et professionnel BASEL Tel. +4161 / 411 56 17 LAUSANNE Tel. +4122 / 320 4 300 Aspects | 4 - 2010 5
Dossier Transports : le système suisse cité en exemple Peter Füglistaler | Directeur de l'Office Fédéral des Transports R attaché au Département de Madame Les transports publics disposent donc de suffisamment d’argent ? la conseillère fédérale Doris Leuthard, La question du financement des l'Office fédéral des transports (OFT) veille transports publics demeure sensi- quotidiennement à concevoir et à mettre en œuvre la politique ble. Vu que la demande du côté des suisse en matière de transports publics. Il emploie près de 300 usagers ne cesse d’augmenter, collaborateurs et gère un budget annuel de plusieurs milliards les besoins financiers prennent l’ascenseur. Cela vaut tant pour les de francs. Interview avec son directeur, Peter Füglistaler. projets futurs que pour l’entretien de l’infrastructure existante. Des solutions sont en train d’être Pouvez-vous nous dresser un état Les transports dans leur ensemble recherchées. Plusieurs pistes ont des lieux des transports publics en (y compris la route et le trafic déjà été évoquées. L’idée est que Suisse ? aérien) constituent un des postes les usagers du rail devraient davan- les plus importants du budget de tage contribuer à son financement. La Suisse bénéficie de transports la Confédération, avec une part A l’heure actuelle, il est très avanta- publics denses, sûrs et ponctuels. de quelque 14% des dépenses geux de voyager en train en Suisse. L’excellence du système est recon- annuelles. Cela représente environ Le Conseil fédéral et le Parlement nue tant ici qu’à l’étranger, où le 3,5 milliards de francs par an pour ne se sont toutefois pas encore modèle helvétique est souvent cité le seul domaine des transports prononcés sur ce sujet. en exemple. Toute la palette des publics. Cette somme est destinée moyens de transport en commun, entre autres à aider les compagnies de chemin de fer à exploiter et à Quelles sont les mesures incitatives du train au téléphérique en passant prises pour encourager l’usage des par le bus, le tram et le bateau, est entretenir l’infrastructure ferroviaire existante. transports publics ? disponible de manière intercon- nectée et aux quatre coins du pays. Nous pouvons en être fiers. A cela s’ajoutent quelque 1,5 mil- Le principe de transfert de la route liard de francs prélevés chaque an- au rail constitue la clé de voûte de née d’un fonds créé spécialement la politique suisse des transports. La concurrence de la voiture reste Les Suisses ont approuvé en 1992 la forte, mais personne en Europe pour financer les grands projets fer- roviaires. Ce fonds FTP, approuvé construction de nouvelles voies de n’emprunte autant les transports chemins de fer à travers les Alpes publics que les Suisses. Ils détien- par le peuple suisse en 1998, est réservé au développement du rail pour le transit nord-sud (NLFA). nent le record du monde avec plus et à la construction des tunnels de 2000 kilomètres parcourus par de base du Loetschberg, du St- "Le principe de transfert personne et par année. Le succès du train est tel qu’il n’est pas rare Gothard et du Ceneri (NLFA). Il est de la route au rail que des voyageurs doivent rester alimenté par diverses recettes issues constitue la clé de voûte debout lors des heures de pointe sur de la TVA, de l’impôt sur l’essence et de la redevance poids lourds. de la politique suisse des les lignes très fréquentées comme Genève-Lausanne ou Berne-Zurich. Il permet ainsi de disposer d’une transports" Les collectivités publiques-Con- enveloppe de plus de 30 milliards permettant de financer des travaux En 1994, ils ont accepté l’Initia- fédération, cantons, communes - tive des Alpes qui vise à protéger s’efforcent donc continuellement durant une trentaine d’années. l’environnement et la population de répondre à la demande et aux Au final, la Confédération consacre locale contre les effets négatifs des nouveaux besoins. 5 milliards de francs chaque année camions. Il s’agit désormais de di- pour les transports publics. De viser par deux le nombre des poids Que représentent économique- plus, les cantons et les communes lourds qui traversent l’arc alpin, soit ment les engagements de la Suisse y participent financièrement au de limiter leur nombre à 650'000 en faveur des infrastructures ? niveau local. par an à partir de 2019. 6 Aspects | 4 - 2010
Des mesures touchant tant le rail réduction du trafic lourd à travers sont discutés les projets touchant (NLFA, encouragement du trafic les Alpes. Dans cette perspective, deux pays. Ainsi du comité franco- combiné) que la route (fiscalité, des réflexions sont en cours, à suisse, chargé notamment de suivre heures de circulation interdites, l’échelle des pays alpins, sur le projet de liaison ferroviaire entre contrôles) ont été adoptées. l’opportunité d’introduire des ins- la gare de Genève et Annemasse Depuis 2001, les transporteurs truments de gestion du trafic lourd. (CEVA). doivent payer la redevance poids Trois modèles sont envisageables : lourds liée aux prestations (RPLP), la bourse du transit alpin (droits www.bav.admin.ch modulée en fonction des kilomètres de passage), l’échange de droits parcourus, du poids total maximum d’émissions polluantes et la mise autorisé et des émissions polluantes en place de péages différenciés, en Comment vous déplacez-vous en générées par le véhicule. fonction de la surcharge des axes Suisse ? routiers alpins à certaines heures Je me déplace presque toujours par exemple. Mais aucune décision Cette taxe a notamment incité les avec les transports publics, c'est-à- n’a encore été prise à ce propos. milieux routiers à éviter les courses dire avec le tram et le train. Je n’ai à vide. Elle a contribué à ce que le pas de voiture, mais je suis client de nombre des poids lourds recule de Comment la Suisse et l’Union Mobility, une entreprise qui propose 16% entre 2000 et 2009 alors même européenne collaborent-elles dans des voitures à louer à 1'200 empla- que les quantités de marchandises le domaine des transports ? cements dans toute la Suisse. Ainsi, transportées augmentaient dans j’utilise une voiture une à deux fois une proportion identique. La Suisse et l’Union européenne par mois. ont conclu un accord sur les trans- Votre dernier déplacement ? Et en ce qui concerne l’offre ? ports terrestres, en vigueur depuis En Suisse, je voyage souvent pour 2002. La Confédération a accepté assister à des percements de tunnels à l’époque que les camions de 40 L’offre est régulièrement améliorée ou à des inaugurations de nouvelles tonnes circulent sur ses routes. En d’un point de vue qualitatif et lignes, par exemple à Sedrun le 15 oc- échange, elle a obtenu de pouvoir quantitatif, tant au niveau national tobre pour le percement du tunnel du introduire la RPLP, qui constitue que régional. En 1982, la Suisse a St-Gothard. Je me suis ensuite rendu une des principales sources de introduit l’horaire cadencé, avec à Zurich pour le percement du tunnel financement de ses grands projets un train toutes les 30 minutes du Weinberg qui passe sous la ville et ferroviaires. Le chantier du St- entre les principales villes du pays. à l’inauguration de la ligne du Haut- Gothard est entièrement financé L’infrastructure a été modernisée Bugey, ou « ligne des Carpates », par l’Etat suisse. L’UE n’y participe et développée dans le cadre du qui relie Genève à Paris. Lors de mes pas. L’harmonisation des législa- concept Rail2000. Nous sommes dernières vacances, je suis allé au tions suisse et européenne est dis- en train de préparer la prochaine Canada, où - naturellement – je me cutée dans un comité mixte qui se étape (Rail2030), avec en ligne suis déplacé en voiture. réunit deux fois par an. de mire la hausse des capacités (davantage de places assises, trains Etes-vous plutôt Coop ou Migros ? plus longs) et l’élimination des gou- La Suisse collabore aussi étroite- Je suis plutôt Coop, c’est une ques- lets d’étranglement afin de fluidifier ment avec les autres pays alpins tion d’habitude. Ma femme est le trafic ferroviaire. (France, Allemagne, Autriche, plutôt Migros. Par conséquent, nous Italie, Slovénie, UE) dans le cadre profitons des deux grands magasins du Suivi de Zurich, initié en 2001 en Suisse. Beaucoup de choses ont déjà été après l’incendie qui a fait onze réalisées, mais des efforts restent morts dans le tunnel routier du Votre dernier achat ? nécessaires. L’ouverture du tunnel Gothard. C’est à ce niveau que la Je me suis acheté un nouveau moun- ferroviaire de base du St-Gothard, problématique des instruments de tain-bike, parce que j’aime faire du par exemple, est un élément essen- gestion du trafic lourd à travers vélo. Mais il allait trop vite pour moi tiel de notre politique de transfert. les Alpes est abordée. Enfin, il et je suis tombé en descendant du Mais nous savons qu’elle ne suffira existe des groupes de travail et des Gurten …. pas pour atteindre les objectifs de comités de pilotage bilatéraux où Aspects | 4 - 2010 7
Argent pas cher : combien de temps encore ? Paul Wetterwald | Chief Economist Crédit Agricole Suisse L’ annonce des détails d’une Retournement des a été moins spectaculaire. Au-delà nouvelle injection de liqui- des bons fondamentaux de la plu- Economie dités (le « QE2 ») confirme politiques monétaires part des émergents, les politiques l’inquiétude de la banque centrale monétaires plus restrictives voulues américaine (quant à la robustesse Les banquiers centraux ne sont pas par les autorités de ces pays les ren- de l’activité domestique et au dan- au bout de leur mission. A l’excep- dent paradoxalement plus attractifs, ger d’une entrée en déflation), mais tion des cas japonais et américains, puisqu’elles témoignent de leur ne nous force pas à partager son ils doivent maintenant mettre en volonté de lutte contre l’inflation. In point de vue. Il ne nous semble pas œuvre des stratégies de sortie des fine, on peut penser que l’évolution que l’on se dirige vers un retour en politiques monétaires extrêmement de la parité EUR/USD correspond à récession. Toutefois, ceci ne signifie expansionnistes qu’ils avaient mises la lutte de deux devises en mauvaise pas que les USA éviteront un ralen- en place. En effet, croissance écono- santé. tissement. L’exercice 2010, première mique positive et fondamentaux en Quant à la hausse du franc suisse, année post-récession, devrait s’avé- amélioration font craindre un retour elle a correspondu à des périodes rer assez décevant en comparaison de l’inflation dans certaines zones. de remontée de l’aversion géné- historique. Dans les pays émergents, le resser- rale pour le risque ou, en ce qui En zone Euro, la trajectoire de rement des politiques monétaires concerne l’euro, à des craintes sur croissance est également orientée à est en cours. En Euroland (zone les finances publiques de certains la baisse. Après la forte croissance Euro), la politique de la BCE se pays de la zone. du PIB enregistrée au deuxième normalise graduellement. Ainsi, trimestre 2010 (+4% en rythme les facilités de financement extra- annualisé), le ralentissement devrait ordinaires consenties par l’institut nous amener vers une croissance d’émission sont progressivement Quelques pistes pour 2011 inférieure à 1,4%. réduites, ce qui permettra aux taux d’intérêt servis sur le marché moné- Malgré les incertitudes persistantes Dans leur ensemble, les économies taire de dépasser le niveau de 1% auxquelles nous sommes confron- matures ne connaîtront qu’une correspondant au taux de prise en tés, osons quelques remarques de croissance molle en 2011, alors pension de la BCE. nature à guider nos investissements que la zone émergente devrait en- core bénéficier d’un différentiel de A contrario, il n’est pas encore en 2011 : croissance favorable, assorti dans question de normalisation aux USA. certains pays de tensions inflation- Conséquence de la mise en place de nous pensons que les taux d’in- nistes. « QE2 », le niveau du principal taux térêt servis sur les dépôts à court directeur de la Réserve fédérale, fixé Alors que la Chine et l’Inde devraient terme resteront très faibles à 0,25% depuis décembre 2008, ne pouvoir prolonger la forte croissance nous croyons qu’il serait erroné de devrait pas remonter avant plusieurs enregistrée au deuxième trimestre se focaliser par trop sur l’EUR/USD : trimestres. 2010, la Russie resterait installée sur le mouvement de fond devrait être un sentier plus modeste. Dans ce celui d’un affaiblissement du dollar dernier pays, la désinflation marque Dévaluation du dollar US contre devises émergentes. une pause, de par les effets induits les matières premières resteront par la sécheresse des mois passés. La focalisation des agents économi- intéressantes, à la fois de par leur lien De son côté, le Brésil cherche à s’en- ques européens sur la parité euro/ avec la croissance des émergents et gager sur la voie d’un atterrissage en dollar (EUR/USD), pour justifiée à cause de leur nature d’actifs réels. douceur. Le ralentissement voulu qu’elle soit en termes de liquidité de Au contraire des marchés d’actions par la banque centrale sera toute- marché ou de positionnement géo- matures, les émergents n’auront pas fois quelque peu contrarié par la graphique naturel, tend à masquer à souffrir de la mécanique du désen- vigueur des échanges commerciaux l’essentiel : le dollar est embarqué dettement des agents économiques, avec la Chine. On comprend mieux dans une logique de dévaluation privés et publics. la volonté des autorités monétaires compétitive. Ainsi, la plupart des lorsque l’on considère le poids de devises asiatiques se sont renforcées l’alimentation et de l’énergie dans le face au billet vert depuis début panier du consommateur, poids qui 2010. Il est vrai que face aux devises www.ca-suisse.com tire à la hausse les indices de prix. des BRIC, l’affaiblissement du dollar 8 Aspects | 4 - 2010
Les instruments bancaires du commerce international Frédéric Sutter | Avocat E n matière commerciale, il est Il peut s’agir de la facture commer- II. La garantie bancaire Juridique fréquent qu’un exportateur ciale, de la lettre de voiture ou en- (vendeur) soit amené à entrer core du connaissement maritime. en relation contractuelle avec un L’acheteur revêt ainsi la qualité de La constitution d’une garantie importateur (acheteur) dans le ca- « donneur d’ordre » à l’égard de bancaire exige également l’in- dre d’une vente de marchandises à sa banque qui assume le rôle de tervention d’une banque dans la « banque émettrice », le vendeur perspective de garantir financière- caractère international. se présentant comme « le bénéfi- ment l’inexécution des obligations L’impératif pour chacune des par- des parties. ties est d’obtenir, malgré la distance, ciaire ». Le plus souvent, elles optent pour une bonne et fidèle exécution du une garantie irrévocable dite « à contrat, soit principalement, pour Dans ce contexte, il incombera à première demande » en vertu de l’acheteur, une livraison conforme la banque d’effectuer le paiement laquelle le vendeur agit comme des marchandises et, pour le ven- requis uniquement contre remise « donneur d’ordre » à l’égard de sa deur, le paiement de l’intégralité des documents précités, stricte- banque « émettrice » qui doit déli- du prix au terme convenu. ment conformes à ceux décrits vrer la sûreté bancaire à l’acheteur dans l’accréditif, cette remise prou- « bénéficiaire ». Si les moyens de paiement ordi- vant l’exécution des obligations du naires, tels les virements bancaires vendeur. Face à l’inexécution des obliga- internationaux, sont couramment tions du vendeur, l’acheteur sera utilisés, les cocontractants préfè- à même de procéder, sans plus rent souvent opter, en présence L’attention des parties doit donc amples explications, à l’appel de la d’importantes transactions, pour être attirée sur l’exigence de garantie sur simple demande écrite cohérence entre les stipulations auprès de la banque. Pour ce faire, des opérations bancaires offrant de l’accréditif et les documents les conditions contractuelles de sécurité et garantie tout en mettant représentatifs de marchandise l’appel doivent cependant être en balance leurs intérêts respec- remis, étant précisé que pour de tifs. satisfaites. simples divergences de mentions Le recours à cet instrument, s’il En pratique, les principaux instru- (p. ex. forme sociale de la société présente un intérêt certain pour ments sont le crédit documentaire, concernée), la banque peut refuser l’acheteur, peut exposer le ven- d’une part, et la constitution d’une de procéder au paiement. deur - ayant néanmoins exécuté garantie bancaire, d’autre part, L’intérêt du crédit documentaire correctement ses obligations - à un l’objectif étant dans les deux cas est double, puisqu’il assure le paie- risque d’appel en paiement abusif. de pallier l’inexécution contrac- ment du prix au vendeur qui se Toutefois, la possibilité pour le tuelle des parties, en particulier conforme à l’accréditif, tout en ga- vendeur de saisir en urgence les du vendeur. Ces deux instruments rantissant à l’acheteur que le débit juridictions compétentes (par le exigent chacun l’intervention d’un du montant convenu ne s’opérera biais des « référés » en France et établissement bancaire. qu’après la remise des documents des « mesures provisionnelles » en exigés. Pour les parties, le risque Suisse) en vue d’empêcher le paie- de cette transaction réside dans ment, permet de contrebalancer I. Le crédit documentaire le refus de la banque d’honorer ce désavantage. le paiement, en cas de défaut de Enfin, par souci de prévisibilité du Par le recours à cette institution, conformité documentaire. droit, les parties pourront soumet- l’acheteur donne une instruction, tre expressément la garantie sur en principe irrévocable, à sa Au surplus, il est conseillé aux demande aux Règles Uniformes banque de prendre l’engagement parties qui recourent à un crédit relatives aux Garanties sur de payer au vendeur le prix défini documentaire irrévocable de Demandes (« RUGD 2010 », en- moyennant la présentation, dans prévoir expressément l’application trées en vigueur le 1er juillet 2010) un délai déterminé, des documents des Règles et Usances Uniformes de la CCI. Dans la mesure où les représentatifs de la marchandise, (« RUU 600 » en vigueur depuis RUGD ne règlent pas toutes les convenus lors de l’ouverture du le 1er juillet 2007) de la Chambre questions pratiques, il conviendra crédit documentaire dans « l’ac- de commerce internationale (CCI), de se référer au droit national créditif ». lesquelles confèrent un cadre applicable. juridique clair et reconnu à leur transaction. Etude GUGGENHEIM www.glegal.ch Aspects | 4 - 2010 9
Dossier Un duopole typiquement helvète : Coop / Migros L e marché suisse de la grande nèrent, ont un poids économique luxe (Migros Sélection et Coop distribution alimentaire, soit et surtout politique dont les médias Fine Food) ; sans oublier le grand l'ensemble des magasins qui ne parlent que peu ou pas. choix de produits Bio et éthiques, vendent des produits alimentaires Ces géants suisses sont cependant prioritairement dans l'assortiment est très particulier en termes de inquiétés par la venue de deux de Migros et Coop. comparaison internationale. En acteurs allemands, Lidl et Aldi, des effet, nulle part ailleurs dans les magasins de Hard discount, qui Aldi et Lidl, pourtant pays industrialisés, deux groupes suivent une politique agressive de nettement plus gros que détiennent à eux seuls près de 90% prix bas. du marché. Ces deux groupes sont Coop et Migros, devraient La seule annonce de la venue d'Aldi devenus tellement présents dans la et Lidl a suffi à réveiller ou accen- au final se contenter de se vie des consommateurs suisses que la société les a affublé de divers sur- tuer la concurrence entre les deux partager 5% du gâteau suisse. géants suisses. noms : la Migros, connue également Alors même que dans leur sous le nom de « géant orange » et Stratégies de croissance Allemagne natale, les gens Coop sous celui de « la Coop » ou la « Coopé ». Tandis que la Coop favorise, dans font près de 40% de leurs de nombreux cas, la croissance pa- trimoniale sous forme d'absorption achats chez eux et chez les Ces deux entreprises de forme coo- complète de l'entreprise reprise, à autres hard discounters. pérative rythment presque chaque l'image du rachat de l'EPA où les jour la vie des citoyens suisses. Elles filiales ont été complètement trans- Cette diversification dans l'offre a ont une forte influence politique et formées en magasins Coop City, la pour but, en théorie, de répondre possèdent en plus de leurs magasins Migros semble préférer une stratégie aux différents besoins de la part de homonymes une multitude d'autres de croissance externe financière. En la clientèle. Il faut être présent sur acteurs du commerce de détail effet, chez Migros, les entreprises le segment des bas prix du type suisse. acquises restent souvent des entités M-Budget pour les personnes qui Régulièrement ces deux coopérati- distinctes, se gérant elles-mêmes, au n'ont pas des grands revenus ainsi ves investissent de nouveaux mar- sein du groupe Migros, à l'image de que sur le segment des produits de chés, se livrant officiellement une Globus et de Denner. luxe pour attirer les hauts revenus. rude bataille concurrentielle dans En pratique cependant, le compor- des domaines de plus en plus lar- Ensemble, Migros et Coop tement du consommateur est plus ges, en l'occurrence : Électronique, tiennent environ un tiers complexe que cela. Le panier moyen Hi-Fi vidéo, Électroménager, de la ménagère suisse se compose Grande distribution alimentaire, de tout le commerce de aussi bien de produits à bas prix que Téléphonie, Assurances, Banques, détail en Suisse. Et si l’on de produits de luxe, le client moyen ne va donc pas se cantonner à un Bricolage, Ameublement, Jardinage, s’en tient aux seuls secteur seul segment de prix. Celui-ci va, Luminaires, Parcs de loisirs, Stations d'essence, Grands Magasins cita- alimentation et boissons, par exemple, acheter des produits dins, Cartes de crédit, Culture et leur part grimpe à 70%. de base à bas prix pour économiser Spectacles, Dépannage routier, de l'argent, des produits diététiques Librairies, etc... pour la santé, des produits issus du Stratégies d'assortiment commerce équitable par un besoin de justice ainsi que des produits de En tant que coopératives, Migros et Les deux leaders Migros et Coop luxe pour se faire plaisir. Les grands Coop possèdent également des en- ont réussi l'exercice de la diversifi- distributeurs suisses ont bien com- treprises de production ou de trans- cation de leurs gammes. En effet, le pris ce comportement en adaptant formation de denrées alimentaires choix possible pour chaque produit leur assortiment en conséquence. très diverses qui couvrent pratique- élémentaire est très large, à com- Ils répondent exactement aux désirs ment toute la gamme possible de mencer avec les produits à bas prix des clients en leur offrant cette mul- l'alimentaire transformé. Ces deux (M-Budget, Coop Prix Garantie) en tiplicité de produits. entreprises, de par leur implantation passant par les produits à calories dans la vie économique suisse et les réduites (Léger, Weight Watchers) Source : Enjeux de la Grande Distribution Helvetique par Nicolas Mueller & Dominique très nombreux emplois qu'elles gé- pour aboutir dans les produits de Tinguely 10 Aspects | 4 - 2010
Nombre de points de vente Entre Migros et Coop, lequel Carrefour et la Suisse Migros; 590 choisissez-vous ? Le 2 octobre 2000, Carrefour Coop alors numéro 2 mondial derrière Wal-Mart et numéro 1 européen, signe une participation conjointe Voici les principales raisons souvent avec le groupe Maus Frères Coop; 1900 avancées par ceux qui effectuent («Jumbo», «Manor», «Athleticum», leurs achats chez Coop : la diversité «Lacoste») dans Distributis, proprié- des produits, le choix, les nouveautés taire des hypermarchés «Jumbo». Chiffre d'Affaires en milliards de francs et une qualité offerte par les marques supérieures aux produits de Migros. Le cadre et la présentation des Coop; 18 produits ainsi qu'un grand choix de produits biologiques ou de label de Migros; 25 qualité ou d'environnement. Le fait d'avoir la Supercard est également mentionné dans les avantages. Les critiques à l'égard de Coop mentionnent des prix légèrement plus élevés et moins de leadership Nombre de collaborateurs par rapport à Migros qui investit ré- gulièrement de nouveaux marchés. Coop est vue comme suiveuse et Coop; non comme leader. Coop est vue 53'000 comme une entreprise prédatrice, absorbante. Migros; 84'000 Migros Carrefour prend 40 %, puis plus tard L'habitude des produits Migros et la 50% de Distributis. Le 1er janvier connaissance de leur emballage sont Pourcentage du bénéfice en regard du CA 2001, les 11 hypermarchés «Jumbo» souvent avancées pour le choix de passent sous l'enseigne «Carrefour». cette enseigne. Considérée comme Carrefour a amené sa stratégie de une sorte de tradition familiale, marketing, certains produits à bas Coop; 2.4 « Ma mère allait à la Migros, je vais prix et mène une politique de pro- à la Migros, je connais les produits, Migros; 3.4 motion à la semaine avec un journal je sais où ils se trouvent ». Une cer- distribué en tout ménage, sur le taine éthique dans l'esprit Migros, modèle de ce que fait pratiquement le fait de ne vendre ni cigare ttes ni chaque enseigne, en Suisse. alcool et l'aide apportée à la culture parlent en faveur de Migros. Migros Le 21 août 2007, Carrefour et son Surface totale en million de m2 est vue comme une entreprise associé Maus Frères ont annoncé bienfaisante en Suisse. L'argument la cession des 12 hypermarchés prix est régulièrement avancé : Carrefour de Suisse au groupe Coop « La Migros est moins chère que la Migros; 1.2 pour 470 millions de francs suisses. Coop », aussi à travers les produits 2200 collaborateurs sont concernés. M-Budget. Le fait de « vivre » Migros Coop; 1.7 En 2006, Carrefour Suisse représen- également dans plusieurs domaines tait 1,1 % du marché en volume : « je suis à la Banque Migros, je vais pour un chiffre d'affaires de 950 à l'école Club Migros », en somme millions de francs. Migros comme philosophie de vie. Carrefour international à décidé de Le fait d'avoir la carte Cumulus est quitter le pays car il n'est pas numéro Bénéfice en millions de francs également un argument avancé. 1 ni numéro 2, ceci en accord avec Les raisons qui sont en défaveur de sa nouvelle politique stratégique. Coop; 430 Migros, sont l'absence de cigarettes, La difficulté de construire et les spé- d'alcool et de vin, le manque de cificités suisses en termes de normes marques et de choix des produits, techniques ont fortement empêché ainsi que le manque d'originalité de le développement de Carrefour en Migros; 850 ceux-ci et enfin, la suprématie de Suisse. Migros sur le commerce de détail. Aspects | 4 - 2010 11
Dossier Le e-commerce sur la voie du succès en Suisse Ludovic Peter | Chargé de développement - UBIFRANCE Suisse A ujourd’hui, plus de 2/3 des Suisses effectuent régulière- ment des achats sur Internet. D’après une étude parue récem- ment, le secteur de la distribution en ligne se renforce continuellement et pourrait connaître une croissance allant jusqu’à 100 % sur les 5 pro- chaines années. Il y a bien 10 ans que les premiers magasins virtuels sont apparus. Devenus des enseignes renommées, ils ont depuis bouleversé les codes de la distribution et continuent à gagner des parts de marché au dé- triment du commerce traditionnel. Dans ce contexte, l’Ecole Supérieure des Sciences Economiques de Bâle qui identifient l’internaute lors de Aussi, depuis quelques semaines a publié, en juin dernier, « l’E- sa connexion et lui proposent des on remarque un changement de ton Commerce Report 2010 », résultats offres personnalisées en fonction de à la Comco, la Commission de la d’une enquête réalisée auprès de son historique de navigation. concurrence, dirigée depuis le mois 22 acteurs majeurs du commerce de juillet par Vincent Matenet, qui en ligne en Suisse, tels que Ticket Le commerce en ligne est actuelle- veut stimuler la concurrence par Corner, LeShop, Hotelplan ou en- ment le seul canal de distribution la vente directe sur Internet, afin de core les CFF. connaissant une augmentation suivre les orientations données der- substantielle sur le marché des nièrement par l’Union Européenne. La dynamique du commerce sur biens de consommation. Avec une Avocat spécialisé dans le droit de la Internet, qui a connu une forte croissance de près de 14 % en 2009, concurrence, le nouveau Président croissance depuis les années 2000, les ventes par Internet ont pour est un fervent partisan de la vente se renforce continuellement. la première fois dépassé la moitié par Internet et il veut faciliter son (51,5%) des 3,5 milliards de CHF de développement. Lors d’une confé- Aujourd’hui, près de 80% des chiffre d’affaires (2009) réalisé par la rence de presse le 8 novembre consommateurs suisses affirment vente par correspondance en Suisse, dernier, il a clairement affirmé que réaliser des achats sur Internet, alors ce qui marque ainsi un bouleverse- «la vente en ligne est un élément qu’ils étaient encore à peine 30 % il ment majeur dans cette branche essentiel en faveur de la concur- y a 10 ans. de la distribution. Cette croissance rence. Elle permet de discipliner les Les auteurs de l’étude ont identifié nettement supérieure à celle de la acteurs en position de force et ouvre plusieurs facteurs qui ont facilité ce distribution physique de biens de les marchés ». développement. Le plus significatif consommation qui, elle, stagne à est l’augmentation sensible du 1%, incite toujours plus d’enseignes Soutenu par les pouvoirs publics nombre de ménages disposant d’un à créer leur canal de vente en ligne. et avec une croissance à 2 chiffres accès à Internet. En 2010, ce chiffre en sortie de crise, ce secteur en atteint près des ¾ des foyers suisses. Bien que le secteur du e-commerce très bonne santé réserve donc de De plus l’accès à Internet sur télé- connaisse un net ralentissement de bonnes perspectives et doit être pris phone mobile tend à se développer sa croissance, qui atteignait encore en considération par toute entre- à son tour. On note également une 34 % en 2006 et 29 % en 2007, il prise qui souhaite développer des hausse du niveau de compétence a bien résisté à la crise économique ventes aux particuliers sur le marché des internautes depuis quelques et poursuit son déploiement de suisse. années. Il n’est aujourd’hui plus manière soutenue. Dans les 5 an- L’agence UBIFRANCE, présente dans rare de voir des personnes âgées nées à venir, les acteurs interrogés 44 pays à travers le monde, facilite utiliser Internet au quotidien. Enfin, prévoient un développement avec l’approche des marchés étrangers l’étude démontre l’efficacité des une croissance moyenne annuelle, aux entreprises françaises. fonctions de recherche intelligentes équivalente à celle de 2009. www.ubifrance.fr 12 Aspects | 4 - 2010
Faits & chiffres du commerce de détail en Suisse Chances et risques à moyen terme Potentiel de croissance Caractéristiques de la branche Principaux facteurs d'influence Potentiel de croissance : Dépendance de l'emplacement Evolution démographique géographique inférieur à la moyenne Moral des consommateurs Alimentation : très forte Evolution du pouvoir d'achat concentration Marché du travail Alimentation : dominance des fournisseurs suisses Non alimentaires: barrières à l'entrée faibles Evaluation chances-risques : -0.5 L’évaluation systématique des chances et des risques se base sur notre propre modèle. L’évaluation chances-risques des branches est représentée sur une échelle de -10 à +10. Une branche avec une valeur élevée va avoir une évolution économique plus durable à moyen terme qu’une branche avec une faible valeur. L’évaluation des chances est calculée entre autres à l’aide de la croissance de la valeur ajoutée, de la croissance de la productivité et de la croissance de l’emploi. L’évaluation des risques se base sur des indicateurs qui mesurent les variations de croissance des branches, les changements structurels ou l’ampleur des régulations et du protectionnisme dans la branche. Source : Crédit Suisse Economic Research, analyse des branches Aspects | 4 - 2010 13
Votre société FIDECO distribue des produits frais, quels produits et vers quels clients ? Henri Jung - Co-directeur de FIDECO : Notre gamme de produits comprend 4 familles de produits : viande, volaille , poissons et crustacés, avec un focus sur la qualité et la fraîcheur. Ainsi, nous travaillons beaucoup avec la France, les poissons nobles nous arrivent des ports de Bretagne, la volaille de la Bresse ou le Foie Gras du Lot. Nos clients sont exclusivement des restaurateurs, notre cible étant le chef de cuisine exigeant qui travaille son produit, aussi nous avons le plaisir d’approvisionner les meilleurs établissements de Suisse. Quelles sont les attentes du marché suisse ? En Suisse, la qualité est essentielle bien sûr, mais le service compte aussi. Ainsi, nous livrons notre clientèle 6 jours sur 7, du lundi au samedi inclus.Le chef de cuisine peut ainsi passer sa commande jusqu’à 23 h 30 pour livraison le lendemain. Nous travaillons en flux tendu pour garantir la meilleure qualité avec un maximum de flexibilité. Concrètement comment se déroule la distribution de ces produits, notamment concernant les produits de la mer ? Le poisson que nous achetons via notre mareyeur au marché de Roscoff, provient essentiellement de petits ba- teaux. Plusieurs raisons à cela, pour une gestion durable des ressources aquatiques, Fideco a retenu deux critères, un management sain des campagnes de pêches et un minimum de dégâts collatéraux sur les autres espèces. Notre société propose donc des produits issus de pêches côtières contrôlées. Ces pêcheurs travaillent principalement à la ligne ou au filet mais avec des méthodes pour réduire au maximum les prises indésirables. Les petits bateaux contrairement aux chalutiers ne restent que quelques heures en mer, contre plusieurs jours pour un chalutier. Donc notre poisson acheté à Roscoff à la criée du matin, va traverser la France jusqu'à notre plateforme logistique de Dijon. Le lendemain à l'aube il repart direction la frontière à Valorbe et arrive chez nous à Morat. Nous le chargeons ensuite sur l'un de nos 20 camions et il arrive à 8h00 à Zermatt où Winterthur. Nos produits ont une fraîcheur qui permet au chef de cuisine de gérer au mieux ses stocks. Nous programmons quatre arrivages par semaine. Faits et des chiffres Fideco sis à Morat a été fondé en 1987. 14 Aspects | 4 - 2010
Témoignages de distributeurs en Suisse Qui sont les clients d'AGRIFRANCE ? Yves-Marie Trono - Directeur de AGRIFRANCE : Les grandes chaînes de distribution, les grossistes, Migros, Coop, Globus, Aldi, et ce sur l'ensemble du territoire Suisse. Votre perception du marché de la distribution en Suisse ? Il est très concentré, l'arrivée des "hard discounts", n'a pas donné lieu à la révolution prévue car la présence historique des grandes chaînes traditionnelles qui occupe le terrain, au sens littéral, le foncier, rend très difficile l'émergence de nouveaux arrivants. Néanmoins, je pense que ces "hard discounts" vont réussir à prendre une part de ce marché très fermé. Quels sont les produits français qui sont bien positionnés en Suisse ? Chez Agrifrance, les oeufs, la volaille, les produits traiteur par exemple. L'appellation "France" a malheureusement perdu de son aura, et est de plus en plus difficile à faire valoir. Les raisons principales sont liées aux coûts de production à mettre en relation avec les coûts de production de l'Europe de l'Est par exemple. Le positionnement économique des produits d'appellation française est de plus en plus diffi- cile, la seule notoriété du produit n'est plus suffisante. Yves-Marie Trono - Directeur de AGRIFRANCE Depuis 1951, Agrifrance produit, importe et distribue les produits alimentaires, principalement des volailles, charcuteries, poissons, produits traiteur, frais et surgelés, en provenance de France et d'Europe, conformément aux exigences des grands distributeurs et grands consomma- teurs du marché Suisse. Aspects | 4 - 2010 15
Dossier TGV Lyria entre dans une nouvelle ère de services... Alain Barbey | Directeur de TGV Lyria Q uelle est l’actua- La clientèle pourra y optimiser son Nous avons déjà des taux d'oc- lité de Lyria, y a t il des temps de voyage pour y travailler cupation tout à fait satisfaisants, nouveautés ? librement ou se ressourcer en y avoisinant les 76% et espérons avec admirant les magnifiques paysages notre nouvelle offre convaincre une Lyria s'apprête à inaugurer la ligne de la ligne du Haut Bugey. nouvelle clientèle affaires. du Haut Bugey dont la modernisa- tion vient de s'achever. L'objectif Bientôt, tous les TGV Pouvez-vous nous présenter le TGV était d'améliorer les liaisons TGV des Neiges ? entre Paris et Genève. seront équipés Wifi La France et la Confédération suisse avec la TGV Box Entre le 19 décembre et le 2 avril ont fait le choix de moderniser et 2011, nous offrons aux skieurs, avec d'électrifier l’infrastructure existante TGV Lyria des Neiges, 3 allers-re- du Haut-Bugey plutôt que de créer Bientôt, tous les TGV seront équi- pés Wifi avec la TGV Box, ce qui tours par semaine, le vendredi, le un nouvel itinéraire au départ de samedi et le dimanche. Ces TGV des Mâcon. Le résultat est probant avec permettra aux hommes d'affaires de travailler ou tout simplement de Neiges permettent depuis la Gare de pour conséquence, un tracé plus Lyon, de rejoindre Montreux, Aigle, court de 47 km, un gain de temps communiquer avec leurs proches (disponible dès ce changement Martigny, Sion, Sierre, Loèche, de 22 minutes avec une² vitesse Viège et Brigue, entre le vendredi et des TGV comprise entre 80 et 120 d’horaire sur la ligne Paris-Bâle / Zurich). le dimanche via Lausanne. km/h. A partir du 12 décembre, le meilleur temps de parcours entre Tout ceci participe à l'élaboration d'une nouvelle culture de service TGV Lyria a des taux Paris et Genève sera de 3H05. Ces deux métropoles deviennent vrai- à la clientèle que nous allons dé- d'occupation tout ment voisines! velopper pour mieux répondre aux à fait satisfaisants, besoins de nos clients. A la même date nous allons inaugu- avoisinant les 76% rer un nouveau service pour la clien- Ainsi, à partir de juillet 2011, il y aura tèle 1ère classe, « Lyriapremière ». sur tous les TGV Lyria, le double ac- Ces liaisons permettent également Nous allons innover en offrant à compagnement par un chef de bord des correspondances très courtes en nos clients une restauration à la appartenant à la SNCF et aux CFF. bus ou en train, pour rejoindre les place, incluse dans le prix du billet Ils seront formés en conséquence et stations de ski des Diablerets, Leysin également disponible sur les TGV bien évidemment parleront anglais, et Villars pour les Alpes vaudoises pour Lausanne, Vallorbe, Berne et allemand et français. ou Gstaad dans les alpes bernoises. Neuchâtel. TGV Lyria rentre dans une nouvelle Le passager se verra proposer un ère de services... De même, il est facile de se rendre choix de quotidiens et magazines dans les principales stations valai- de la presse internationale et selon Comment analysez vous l’évolution sannes, telles que Crans-Montana, les heures de la journée, un repas, de votre activité en terme de fré- Loèche les Bains, Saas-Fee, Verbier dîner ou déjeuner, petit déjeuner, quentation et de fréquence ? et Zermatt. brunch ou collation. Nous répondons aux aspirations de A partir du 12 décembre, nous notre clientèle qui souhaite retrou- allons mettre en service 2 liaisons Nous rencontrons un franc succès ver l'ambiance "aérienne" dans nos supplémentaires entre Paris et avec les TGV des Neiges ! trains, mais dans un environnement Genève et initier le cadencement plus spacieux et aussi plus propre des fréquences. Dorénavant, 9 TGV pour l’environnement. quotidiens seront proposés entre les deux villes dans chaque sens. 16 Aspects | 4 - 2010
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