W+B - Wallonie-Bruxelles International

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W+B - Wallonie-Bruxelles International
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                     ISSN 0773-4301 - BUREAU DE DÉPÔT : BRUXELLES X

                                                                      >

                             PRINTEMPS 2020
                                             147
    W+B                              WALLON I E + B RUXEL L ES
                                       R EVUE TRI MEST RI EL L E
                                    IN TER N ATION A L E ÉDI T ÉE
                                          PA R LA F ÉDÉRAT I ON
                                       WA LLON IE - B RUX EL L ES
                                              ET LA WA L LON I E

                                   INNOVATION
                           ARMACELL, LE PLASTIQUE
                          QUI SE VEUT FANTASTIQUE

                           ARCHITECTURE
                             ABDELHAKIM GUILMI,
                     LE POUVOIR DE L’IMAGINATION

DOSSIER
LA WALLONIE,
DESTINATION NATURE
W+B - Wallonie-Bruxelles International
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    La gare de Liège-Guillemins, conçue par l’architecte
    Santiago Calatrava, accueille le trafic international
    européen, notamment avec l’ICE © Wallonia.be

    LA WALLONIE AU CŒUR DE L’EUROPE
    Avec sa position géographique privilégiée au cœur de l’Europe, Wallonie-Bruxelles
    offre de nombreuses possibilités de transport, tant pour les voyageurs que pour
    les marchandises. Son réseau ferroviaire international est le nœud central des
    liaisons européennes, reliant le territoire wallon et bruxellois aux pays limitrophes,
    et assurant ainsi un voyage aisé à travers toute l’Europe.

    Le transport de voyageurs est varié : l’Eurostar assure la liaison Royaume-Uni/Belgique via le tunnel sous la
    Manche. Certains trains s’arrêtent également à Lille et Calais (nord de la France). Il offre des correspondances
    avec plus d’une centaine de destinations en Belgique, en France, aux Pays-Bas et en Allemagne. Le Thalys,
    quant à lui, assure des liaisons vers de nombreuses villes françaises, allemandes et hollandaises, au départ
    des gares de Bruxelles-Midi et Liège-Guillemins. Le TGV permet également de traverser l’Europe via
    Wallonie-Bruxelles. L’ICE, de son côté, relie Bruxelles et Liège à Aix-la -Chapelle, Cologne et Francfort.

    Le réseau ferroviaire international wallon et bruxellois est aussi destiné au transport de marchandises. Les
    trains de marchandise roulent sur trois grands axes internationaux : Anvers – Athus-Meuse - Italie – Suisse ;
    Anvers – Montzen - Allemagne ; Anvers – France.

    Grâce à son réseau ferroviaire international, Wallonie-Bruxelles est connectée au reste de l’Europe avec
    efficacité.
W+B - Wallonie-Bruxelles International
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                                                                                                                                                                                                                                                                 >

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                                                                                                                                            WA L LO N IE + BRUX E LLES
                                                                                                                                             R E V U E T R IMESTRIE LLE
                                                                                                                                           IN T E R N AT IO N ALE ÉD ITÉ E
                                                                                                                                              PA R L A F ÉD É RATIO N
                                                                                                                                            WA L LO N IE - BRUXE LLES
                                                                                                                                                 E T L A WALLO NIE

                                                                                                                                          04 ÉDITO
                                                                                                                                               NATURE, CULTURE ET
                                                                                                                                                                               06       DOSSIER
                                                                                                                                                                                        LA WALLONIE,
                                                                                                                                                                                                                        12      PORTRAIT
                                                                                                                                                                                                                                JOSEPH NDWANIYE,
                                                                                                                                               ENTREPRISE, LE MÉLANGE                   DESTINATION NATURE                      L’ÉCRIVAIN POLYMORPHE
                                                                                                                                               SECRET DE LA WALLONIE !                  par Emmanuelle Dejaiffe                 par Catherine Haxhe

                                                                                                                                                                                                                                                                 S OM M A I R E
                                                                                                                                          14   Culture                         18       architecture                    22      mode/design

                                                                                                                                                                                                                                                                 W + B 1 47
                                                                                                                                               I’M NO MORE MAD (MUSÉE)                  ABDELHAKIM GUILMI,                      BERTELLES, LE MONO-PRODUIT,
                                                                                                                                               par Isabelle Plumhans                    LE POUVOIR DE L’IMAGINATION             GAGE D’EXCELLENCE
                                                                                                                                                                                        par Nadia Salmi                         par Marie Honnay
Photo couverture : Les villas d’Abdelhakim Guilmi à Marrakech témoignent du talent de cet architecte belgo-marocain © J. Van Belle -WBI

                                                                                                                                                                                                                                                                   3

                                                                                                                                          24   Jeunesse
                                                                                                                                               APPRENDRE UNE LANGUE
                                                                                                                                                                               26       COOPÉRATION AU
                                                                                                                                                                                        DÉVELOPPEMENT
                                                                                                                                                                                                                        28      ENTREPRISE
                                                                                                                                                                                                                                LE PÔLE MECATECH, MOTEUR
                                                                                                                                               EN SE METTANT                            UN NOUVEAU PROGRAMME                    D’INNOVATION AUX AMBITIONS
                                                                                                                                               AU SERVICE DES AUTRES                    DES JEUNES AU MAROC                     EUROPÉENNES
                                                                                                                                               par Laurence Briquet                     par Charline Cauchie                    par Jacqueline Remits

                                                                                                                                          32   Innovation
                                                                                                                                               ARMACELL, LE PLASTIQUE
                                                                                                                                                                               36       gastronomie
                                                                                                                                                                                        LE VIN WALLON :
                                                                                                                                                                                                                        38      survols
                                                                                                                                               QUI SE VEUT FANTASTIQUE                  UNE FILIÈRE EN PLEIN BOOM
                                                                                                                                               par Isabelle Plumhans                    par Vinciane Pinte

                                                                                                                                                                             SECRÉTAIRE           COLLABORATION        CONCEPTION         ÉDITRICE
                                                                                                                                                                             DE RÉDACTION         Marie-Catherine      Polygraph’         RESPONSABLE
                                                                                                                                                                             Emmanuelle Stekke    Duchêne, Fanny       www.polygraph.be   Pascale
                                                                                                                                                                             e.stekke@wbi.be      Tabart, Véronique                       Delcomminette
                                                                                                                                                        Téléchargez          02 421 87 34         Balthasart et Anne   IMPRESSION         Place Sainctelette 2
                                                                                                                                                        la revue sur                              Neuville             Graphius           B-1080 Bruxelles
                                                                                                                                                        www.wbi.be/rwb/                                                www.graphius.com
W+B - Wallonie-Bruxelles International
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             Nature, culture et
             entreprise, le mélange
             secret de la Wallonie
É DI TO
W + B 1 47

 4

             Dar Challa, une des villas créée par Abdelhakim Guilmi au Maroc © AAAG
W+B - Wallonie-Bruxelles International
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                                    >

En 2020, la thématique touris-
tique est la « Wallonie, destina-
tion nature ». Quelle plus belle
occasion pour la Revue W+B
de vous faire découvrir des pe-
tits coins de Wallonie que vous
ne connaissez pas encore, de
vous donner envie de vous
échapper un peu du quotidien,
le temps d’une activité insolite
au cœur d’une Wallonie qui n’a
pas encore fini de nous révéler
tous ses secrets.

                                    É DI TO
Découvrons aussi le renou-
veau du MADmusée à Liège,

                                    W + B 1 47
sous sa nouvelle appellation :
le TrinkHall Museum.

Allons à la rencontre de Joseph
Ndwaniye, auteur belgo-rwan-
dais, et d’Abdelhakim Guilmi,         5
architecte belgo-marocain.

Entrons   enfin  dans     les
méandres du Pôle MecaTech,
le pôle de compétitivité wal-
lon en matière de génie
mécanique.

Egalement au programme :
Bertelles, une marque de bre-
telles unique, l’apprentissage
linguistique chez les jeunes
au travers de séjours à l’étran-
ger, le nouveau programme de
l’APEFE au Maroc ou une dé-
gustation de vins wallons.

Bonne lecture ! 
W+B - Wallonie-Bruxelles International
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S

>            La Wallonie,
             destination Nature…
DOS S I ER
W + B 1 47

 6

             Les Hautes Fagnes, des balades à la rencontre de la nature toute l’année © Dominik Ketz-High Fens

             Lorsque vient l’envie de s’échapper du quotidien, nos
             terres wallonnes réservent quelques surprises insolites
             pour ceux qui privilégient un tourisme de proximité,
             estampillé vert et durable. Bivouacs en forêt, paddle,
             rando en silence, dégustation de plantes sauvages, ou
             encore escalade de terrils... Pleins feux sur une Wallonie
             à visiter en mode Nature.

             PAR EMMANUELLE DEJAIFFE
W+B - Wallonie-Bruxelles International
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                                                                                         S

                                                                                         >

Ici comme ailleurs, toutes géné-                IMMERSION EN FORÊT
rations confondues, la Nature est
tendance. Pour les uns, il convient             « Cette forêt est un patrimoine ex-
de la préserver, pour d’autres de s’y           ceptionnel avec de nombreuses
plonger simplement pour se res-                 réserves naturelles, c’est un site de
sourcer. En Wallonie, dès ce mois               grand intérêt biologique où s’ob-
de mars, ce sera la thématique                  servent la nature et le gibier », sou-
phare en matière de tourisme pen-               ligne Ingrid Jusseret de la Maison

                                                                                         DOS S I ER
dant deux années consécutives.                  du Tourisme de la Forêt de Saint-
« C’est en effet un marché en plein             Hubert. « A Libin, nous propo-
développement mais il faut défi-                sons une formule de randonnée
nir ce qu’est exactement la Nature              pédestre entre Lesse et Lomme.

                                                                                         W + B 1 47
et prendre en compte des critères               Sur trois jours, on parcourt 78 ki-
justes et précis. Par exemple, les              lomètres balisés en famille ou
hébergements ‘clé verte’ sont                   entre amis dans un cadre magni-
un écolabel international », pré-               fique. Des aires de bivouacs sont
cise Sophie Burgeon de Wallonie                 aménagées. »
Belgique Tourisme (WBT).                        « A Tenneville, il existe une for-         7
Pour cette campagne, le site de                 mule de ‘bains de forêt’ qui ren-
WBT reprend toute une série de                  contre un franc succès, cela dure
destinations très séduisantes, 200              une heure trente ou trois heures.
explorations grandeur nature à                  Accompagnés d’un éco-guide ou
vivre ! Il y en a des kilomètres de             d’un sylvothérapeute, les mar-
balades, chez nous, à pied, en vélo             cheurs s’immergent dans les bois,
ou à cheval.                                    profitent du bienfait des arbres et

Grèce aux bains de forêt, les promeneurs se reconnectent à la nature © Ingrid Jusseret
W+B - Wallonie-Bruxelles International
sont en pleine présence. Les cita-
                                                                                                   dins éprouvent souvent le besoin
                                                                                                   de se reconnecter à la Nature et de
                                                                                                   décompresser. Avant la fin de l’an-
                                                                                                   née, nous devrions inaugurer un
                                                                                                   parcours équipé où le promeneur
                                                                                                   pourra profiter seul d’un bain de
                                                                                                   forêt sans accompagnateur. » De
                                                                                                   nombreuses études scientifiques
                                                                                                   en démontrent aujourd’hui les ef-
                                                                                                   fets positifs sur la santé.
                                                                                                   La grande traversée du Pays de
                                                                                                   Chimay propose également une
                                                                                                   formule de bivouacs au cœur de
                                                                                                   la forêt, en 9 étapes. Là aussi, cela
                                                                                                   augure de belles promenades avec
                                                                                                   différentes formules de logements
                                                                                                   pour les marcheurs.
             Les bains de forêt rencontrent un franc succès à Tenneville © Ingrid Jusseret

                                                                                                   BALADES SUR LES TERRILS
                                                                                                   DU PAYS NOIR
DOS S I ER

                                                                                                   Nos espaces urbains comportent
                                                                                                   aussi des zones naturelles singu-
                                                                                                   lières, comme à Charleroi. La ville
W + B 1 47

                                                                                                   invite à un autre type d’éco-pro-
                                                                                                   menades guidées à la découverte
                                                                                                   des terrils de la région. Ici, la nature
                                                                                                   a repris ses droits et les marcheurs
                                                                                                   courageux observent, au fil de l’es-
  8                                                                                                calade, une riche biodiversité vrai-
                                                                                                   ment spécifique. A Saint-Nicolas,
                                                                                                   la Maison des Terrils permet aux
                                                                                                   curieux d’en apprendre davantage
                                                                                                   sur la faune et la flore qui peuplent
                                                                                                   aujourd’hui ces vestiges du passé
                                                                                                   industriel de la région.
             À Charleroi, des éco-promenades invitent à la découverte des terrils de la région
             © WBT - Christophe Vandercam

                                                                                                   SE RESSOURCER SUR L’EAU

                                                                                                   Près de Chimay, l’Aquascope des
                                                                                                   Etangs de Virelles propose de vi-
                                                                                                   siter la réserve au fil de l’eau dès
                                                                                                   le petit matin. Stéphanie Bonnet,
                                                                                                   responsable du Service éducatif,
                                                                                                   coordonne les Aubes Sauvages.
                                                                                                   « Nous donnons rendez-vous pour
                                                                                                   ce moment contemplatif qui invite
                                                                                                   à vivre en silence le lever du soleil
                                                                                                   dans un RABASKA, un grand ca-
                                                                                                   noë indien de onze places. Parfois
                                                                                                   nous avons la chance de voir un
                                                                                                   castor ou du gibier qui se faufilent
                                                                                                   au bord de l’étang. On entend les
                                                                                                   oiseaux ou d’autres bruissements,
                                                                                                   rien n’est programmé. Après la
             À l’Aquascope de Virelles, la nature s’offre aux promeneurs © Aquascope de Virelles
W+B - Wallonie-Bruxelles International
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                                                                                                                                      S

                                                                                                                                      >

Les aubes sauvages à l’Aquascope de Virelles, à la découverte de la réserve au petit matin © Aquascope de Virelles

                                                                                                                                      DOS S I ER
                                                                                                                                      W + B 1 47
                                                                                                                                       9

Au cœur de l’Ardenne, le magnifique Lac de Nisramont et son barrage © Colette Mottet

balade, nous prenons ensemble
un petit-déjeuner. » A Virelles, les
amoureux de nature sont égale-
ment invités à passer la nuit dans
une SPHAIR, une chambre-bulle
sur l’eau, un moment privilégié
pour profiter de ce site fermé au
coucher du soleil.
Plus au sud, au cœur de l’Ardenne,
sur le lac de Nisramont, se pra-
tiquent dès le retour des beaux
jours des séances de paddle en si-
lence, les amateurs du genre pro-
fitent d’un moment de sérénité en
pleine nature.                                 Sur le Lac de Nisramont, on pratique le paddle en silence pour un moment de sérénité
                                               © WBT - Caroline Rase
W+B - Wallonie-Bruxelles International
LA NATURE GOURMANDE                           hameau dans la région de Bertrix.      pensé par les propriétaires dans un
                                                           Ils proposent leurs produits (lait,    esprit responsable pour consom-
             Direction Jambes où Lionel Raway              fromages, yaourts, glace) dans un      mer le moins possible, et surtout
             a lancé Cuisine sauvage. « Environ            espace de dégustation. « Notre         local et durable. Sur leurs réseaux
             9 plantes sur 10 de notre jardin              troupeau est constitué de brebis       sociaux, les commentaires sou-
             se mangent. Au fil du temps, j’ai             laitières belges, une espèce en        lignent l’esprit du lieu : « ce gîte
             appris à voir le jardin comme un              voie de disparition. Notre ferme       est spacieux, bien équipé, entouré
             garde-manger. » On y découvre                 est plus qu’une ferme, nous y          d’un beau jardin qui, c’est à souli-
             un jardin des comestibles avant               avons notre magasin, nous y orga-      gner, s’inscrit dans une démarche
             de participer à un atelier cuisine            nisons des cours de filage de laine,   volontariste pour la protection de
             ou encore à une balade sauvage,               parfois des cours de fromagerie et     notre milieu naturel. »
             pour porter un autre regard sur les           autres événements... »                 Autre gîte avec une politique du-
             herbes qui nous entourent !                                                          rable et environnementale, le
             Des fermes wallonnes ouvrent éga-                                                    Moulin Castral de Hollogne-sur-
             lement leurs portes pour retrouver            CAP SUR L’AVENTURE                     Geer accueille les touristes dans un
             le plaisir du contact avec les ani-                                                  cadre magnifique. Depuis 2008, la
             maux et l’agriculture. Consommer              Pour les amateurs de sensations        roue réhabilitée de ce patrimoine
             local, choisir des produits authen-           fortes, la Wallonie propose des        classé produit de l’électricité sans
             tiques, de qualité dont l’origine est         activités sportives à pratiquer au     émission de CO2. A noter, l’en-
             connue, les habitudes changent                grand air, en toutes saisons dans      semble des auberges de jeunesse
             doucement.                                    ses parcs aventure et sur les sen-     de Wallonie sont aussi Clé Verte.
             A Emines, le domaine viticole du              tiers de trail en pleine forêt, dans
DOS S I ER

             Chenoy, créé en 2002 par Philippe             les Hautes Fagnes ou dans le
             Grafé, comprend 11 hectares de                Geopark Famenne Ardenne, pre-
             vignes, ce premier vignoble pro-              mier parc reconnu en Belgique qui
             fessionnel wallon propose visites             s’étend de Durbuy à Beauraing. Ce
W + B 1 47

             et dégustations. La commerciali-              label de l’UNESCO distingue un
             sation des vins, certifiés bio, est en        territoire d’intérêt géologique et
             circuit court, tout est pensé dans le         environnemental.
             respect de l’environnement.
             Dans la vallée de la Molignée, se
10           niche l’escargotière de Warnant,              DES HÉBERGEMENTS
             une visite hors du commun qui se              RESPONSABLES
             termine par un moment gastrono-
             mique. Elu agriculteur de l’année             Non     loin    du   domaine     de
             à la Foire agricole de Libramont,             Chevetogne, se dresse la Grange
             Eric Frolli est le premier hélicicul-         d’Ychippe, un gîte labellisé Clé
             teur en 1986 à lancer un élevage en           Verte tout juste récompensé d’un
             Belgique. Aujourd’hui, le site pro-           prix lors d’un récent appel à projet
             duit 600.000 gastéropodes par an.             lancé par Ardennes Ecotourisme.
             Plus au sud, Barbara et Peter font            Zéro déchet, économie d’énergie,
             vivre la bergerie d’Acremont, un              grand jardin et potager, tout est

             Le troupeau de la bergerie d’Acremont est composé de brebis laitières
             © WBT - Caroline Rase
<

                                                                                                                                S
                                                                                       A VOS CLICHÉS !
                                                                                                                                >
                                                                                       Enfin, dès le mois d’avril, pour lan-
                                                                                       cer plus largement cette théma-
                                                                                       tique, un concours photos sera
                                                                                       proposé sur le site. Histoire de lais-
                                                                                       ser place à l’image et de découvrir
                                                                                       combien la Wallonie est naturelle-
                                                                                       ment belle. 

                                                                                          Vous retrouverez toutes ces
                                                                                          destinations Nature sur
                                                                                          walloniebelgiquetourisme.be/
                                                                                          nature

Dans le Geopark Famenne Ardenne, les Rapides de la Lesse offrent de l’aventure © WBT

                                                                                                                                DOS S I ER
                                                                                                          Les Hautes Fagnes,
                                                                                                une nature unique à découvrir
                                                                                                    © WBT - Antoine Davister

                                                                                                                                W + B 1 47
                                                                                                                                 11
<

S

>                Joseph Ndwaniye,
                 l’écrivain
                 polymorphe
                 Oscillant entre roman, conte, récit de voyage et
                 scientifique, l’univers de Joseph Ndwaniye est riche.
                 Nourri de son enfance au pays des mille collines, où la
                 fiction et la tradition orale invitent à une vraie rêverie
                 intérieure, et de son travail dans un hôpital bruxellois bien
                 ancré dans le monde réel, Joseph Ndwaniye nous offre la
                                                                                                           Joseph Ndwaniye
                 singularité d’une œuvre empreinte d’une grande humanité.

                 PAR CATHERINE HAXHE
P OR T R A I T

                 Né au Rwanda en 1962, Joseph            Après La promesse faite à ma             nuit. Les moments où je ne travaille
                 Ndwaniye n’est pas ce que l’on ap-      sœur et Le Muzungu mangeur               pas sont consacrés à la famille et
W + B 1 47

                 pelle un produit du monde littéraire.   d’hommes, Joseph Ndwaniye pu-            le peu qu’il me reste à l’écriture. Je
                 Diplômé de l’École d’assistants mé-     blie, en 2018, Plus fort que la hyène,   viens ici dans ce café où j’ai mes
                 dicaux de Kigali, il a travaillé dans   un livre qui lui ressemble et qui dé-    habitudes et j’écris, je corrige ou je
                 différents hôpitaux de son pays         crit la maladie (ici la drépanocy-       lis. Ce n’est pas simple, je dois bien
                 avant de s’installer en Belgique        tose) à des enfants, sous forme de       m’organiser. C’est inspirant mais
12               voici une vingtaine d’années, où il a   conte poétique. Un ouvrage illustré      aussi exutoire. Le travail d’infir-
                 obtenu les diplômes d’assistant de      par Anne-Marie Carthé.                   mier au sein d’une telle unité (ndlr :
                 laboratoire, d’infirmier gradué et                                               greffe de moelle osseuse) n’est pas
                 de licencié en gestion hospitalière.    Votre formation médicale ne vous         de tout repos.
                 Il travaille désormais au sein des      prédestinait pas à l’écriture, est-
                 Cliniques Universitaires Saint-Luc      ce compliqué de concilier les            Comment est née cette envie
                 de Bruxelles, dans un service pour      deux activités ?                         d’écrire ?
                 patients traités par la greffe de       Je travaille à temps plein à St-Luc,     Mon premier cahier me fut offert
                 moelle osseuse.                         avec des horaires irréguliers et de      par ma fille lors de mon premier
                                                                                                  voyage de retour au Rwanda. Elle
                                                                                                  m’a dit : « Papa c’est pour écrire
                                                                                                  tout ce que ma grand-mère va
                                                                                                  dire et pour que tu n’oublies rien ».
                                                                                                  Quand je suis rentré du Rwanda,
                                                                                                  j’avais 6 cahiers de 100 pages cha-
                                                                                                  cun et au bout de plusieurs mois
                                                                                                  j’ai tout retranscrit sur l’ordina-
                                                                                                  teur et me suis retrouvé avec 300
                                                                                                  pages tapées à la machine. Un jour
                                                                                                  j’ai rencontré quelqu’un investi
                                                                                                  dans des cours de littérature afri-
                                                                                                  caine qui m’a lu et a trouvé cela in-
                                                                                                  téressant. Il y avait bien sûr beau-
                                                                                                  coup de travail de réécriture, cela
                                                                                                  a pris plusieurs années. Ensuite
                                                                                                  le choix était simple, soit je gar-
                                                                                                  dais tout ce travail pour la famille,
                                                                                                  soit je publiais. On m’avait préve-
                                                                                                  nu, cela allait être long et pénible.
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                                                                                 S
J’ai envoyé à différentes maisons
d’édition et deux mois plus tard,                                                >
les « Impressions Nouvelles » m’ont
rappelé.

Votre travail est une exploration
des relations entre l’Afrique et
l’Europe ?
Oui je me nourris de ces deux uni-
vers, celui de mon enfance et celui
du jeune homme que j’étais lorsque
je suis arrivé en Belgique en 1986.
Mon premier livre évoque le re-
tour d’un rwandais dans son pays.
J’invite le lecteur à m’accompagner
dans cette redécouverte, dans mes
errements, mes questionnements
sur ce pays, sur le génocide que
j’ai vécu de loin, avec pas mal de
culpabilité puisque j’étais déjà ins-
tallé en Belgique. Mais c’est aussi

                                                                                 P OR T R A I T
un roman qui invite à se question-
ner sur l’Humanité. Le second livre
évoque la période d’avant le géno-
cide. Un jeune couple hollandais
découvre le Rwanda à sa façon,

                                                                                 W + B 1 47
selon deux approches différentes.
J’y aborde l’impact que cela pour-
ra avoir sur leur couple, comment
ils vont en revenir.
                                          et mes premières conversations se
Vous voguez aussi sur diffé-              sont faites dans une paroisse hol-     13
rentes formes littéraires, comme          landaise près de chez moi, avec
avec ce dernier livre illustré pour       des missionnaires qui parlaient
enfants ?                                 d’ailleurs très mal le français. Mon
Oui, c’est un conte tiré de textes        point de vue évolue mais j’ai tou-
écrits depuis plus de quinze ans,         jours ce problème de légitimité
un livre pour enfants, qui parle          de l’écrivain. Suis-je bien dans la
de cette maladie génétique et qui         corporation des écrivains en tant
touche surtout l’ethnie des noirs,        qu’infirmer ? Souvent, j’en doute.
la dépranocytose. Il y a une di-          Je pratique mon écriture dans
mension de transmission entre             une certaine forme de solitude, en
grands-parents et petits-enfants,         marge des milieux d’écrivains. Mais
thème récurrent chez moi. J’ai            grâce à l’invitation de WBI et des
vécu chez ma grand-mère dès               Alliances françaises en Amérique
l’âge de cinq ans. A l’époque on ra-      Latine, je m’autorise à une cer-
contait au coin du feu des histoires      taine forme de reconnaissance. Je
que chacun devait imaginer soir           suis allé en Bolivie, au Pérou, en
après soir. J‘ai appris à être créatif,   Colombie, au Panama et prochai-
j’ai emmagasiné un tas d’histoires.       nement au Mali. C’est passionnant
Quand j’ai commencé à écrire, je          d’échanger, de voyager, d’aller à
me suis rendu compte que j’avais          la rencontre des autres. Ce que
beaucoup de choses à raconter.            fait WBI est essentiel dans l’aide
                                          apportée à la circulation des ar-
Vous sentez-vous d’avantage               tistes de par le monde. Ma langue
écrivain qu’infirmier aujourd’hui ?       de partage avec le monde, c’est le
J’ai appris le français à l’école au      français. Je suis fier de pouvoir le
Rwanda. Nous n’avions pas cette           faire dans cette langue. Je n’aurais
tradition de lecture et de livres,        absolument jamais imaginé cela
nous n’avions pas de bibliothèque         lorsque je l’ai apprise à 9 ans. 
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S

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                                                                                                                                     © M.Thies - Creahm.be
              I’m no more MAD (musée)

                                                                                                                                     Trinkhall Museum
C ULT U R E
W + B 1 47

              PAR ISABELLE PLUMHANS

              L’ancien MADmusée, vitrine des œuvres du Créahm (CREAtivité et Handicap Mental)
14            situé dans le parc d’Avroy à Liège, fait peau neuve. Nouvelle architecture, nouveau
              concept et nouveau nom: appelez-le désormais Trinkhall Museum. Il sera un écrin pour
              l’art situé (ne l’appelez plus art différencié). Panorama de la transformation et retour
              sur les histoires d’une belle aventure.

              L’histoire est belle, qui mêle passé   architecture appréciée par les mi-       d’une des huit tables de billard de
              de Liège, aventure rebelle et futur    lieux bourgeois quand il est érigé fin   la salle principale. La guerre verra
              culturel liégeois en construction.     du 19ème siècle (1880). Surmonté         les choses changer; les femmes
              L’histoire avec un grand H, d’abord.   de deux dômes pointus, il est au         fréquentent désormais le lieu. Un
              Celle d’un bâtiment, le Trinkhall,     milieu du parc d’Avroy un lieu de        kiosque à musique se construit,
              dont ce musée nouvelle formule         divertissement et de spectacles. A       lui faisant face. Lieu de projection
              reprend le nom. Le Trink Hall était    l’époque, il est fréquenté par des       cinématographique, le bâtiment
              un bâtiment d’aspect mauresque,        hommes qui se retrouvent autour          souffrira d’un incendie, de la ré-
                                                                                              quisition pendant la guerre, par les
                                                                                              allemands, du métal des dômes,
                                                                                              puis des inondations des années
                                                                                              20. Un projet architectural moder-
                                                                                              niste le repense dans les années
                                                                                              60. Le nouveau lieu, blanc et bé-
                                                                                              ton sur deux étages, est voué aux
                                                                                              fêtes et célébrations en tout genre.
                                                                                              Son rez-de chaussée et la terrasse
                                                                                              sur le toit sont accessibles au pu-
                                                                                              blic du parc. « C’est ce lieu, nous
                                                                                              confie Cécile Schumacher, ac-
                                                                                              tuelle directrice du Créahm, qu’in-
                                                                                              vestit, à la punk, Luc Boulangé à la
                Aloys Beguin et Brigitte Massart                                              création de l’asbl. » C’est là qu’on
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   Vue de chantier du Trinkhall Museum © Beguin-Massart / Alain Janssens

entre alors dans la deuxième partie

                                                                                         W + B 1 47
de l’histoire du Trinkhall Museum.

CRÉAHM, DE LA DIFFÉRENCE
À LA RECONNAISSANCE
                                                                                         15
Luc Boulangé, artiste peintre, est le
fondateur du Créahm. Il croit plus
que tout en la créativité des gens
« hors norme ». Il cherche un lieu
pour accueillir des ateliers enca-
drés d’artistes qui travaillent avec
des personnes dotées d’un han-
dicap mental. On est dans les an-                                          Vues du
nées 80. Il ne s’agit pas ici d’ate-                                       chantier
                                                                           © Trinkhall
liers thérapeutiques, mais bien                                            Museum
d’ateliers qui accompagnent les
candidats dans une démarche ar-
tistique, d’un centre d’éducation
permanente. Ces ateliers prennent
doucement de l’ampleur. En ’92,
faute de place, ils migrent vers le
quartier Saint-Léonard, et ce qui
a alors pris le nom de MADmusée
(actuel Trinkhall Museum) de-
vient lieu d’exposition temporaire.
Luc Boulangé a en effet, au fil du
temps, créé de nombreux liens
avec des institutions partout en
Europe qui observent la même
philosophie que la sienne, et a
acquis une collection d’œuvres
d’« art différencié ». L’activité du
Créahm se poursuit en deux pôles,
C ULT U R E

                 Vue générale du Trinkhall Museum © Atelier d’architecture Beguin-Massart
W + B 1 47

              ateliers encadrés (théâtre, danse,          1963, sans l’effacer; l’ancienne ter-     bien créatifs. En droite lignée avec
              musique, arts plastiques, cirque)           rasse du toit est notamment trans-        les ateliers d’artistes d’antan. Et qui
              au quai Saint-Léonard et musée              formée en salle d’exposition. La          produit un art qui a sa place dans le
              au parc d’Avroy. Dans leurs nou-            transmission est au centre du pro-        monde de l’art d’aujourd’hui. Un art
              veaux locaux, les ateliers se déve-         jet, avec des espaces éducatifs, une      qui dit, qui dénonce, qui est certes
16            loppent. Les Jam d’impro du mer-            bibliothèque et un centre de docu-        différent… mais ne le sommes-nous
              credi accueillent un public divers,         mentation. Les caves ont été trans-       pas tout·e·s ? L’important est donc
              les oeuvres des artistes plasticiens        formées en réserves correspon-            de montrer l’art dans le « comment il
              se vendent. Certains des artistes           dant aux critères de conservations        se construit ». D’où cette notion d’art
              se font d’ailleurs connaître au large       d’œuvres (3000 œuvres au total).          situé, qui s’inscrit dans le « faire ».
              public. Tel Pascal Duquenne, re-            Enfin le MadCafé, lieu de convivia-       L’art comme « ex-pression ».
              connu à l’international pour sa             lité bien connu des liégeois, res-
              prestation dans le Huitième Jour,           tauration saine et sympathique,           Dans la première exposition qui
              de Jaco Van Dormael, mais qui est           terrasse solaire par beau temps           sera proposée par le lieu, « Visages/
              avant tout un artiste plasticien, ou        au pied du kiosque, est conservé          frontières », il sera question de vi-
              encore Michel Petiniot, dont les            au rez-de-chaussée. S’il change de        sages. Un sujet vaste, qui accueille-
              dessins ont inspiré le styliste Jean-       nom (appelez-le Trinkhall Café), il       ra crâne surmodelé de Papouasie -
              Paul Lespagnard: les deux artistes          est confié à la même coopérative          Nouvelle-Guinée, autoportrait de
              ont travaillé main dans la main             à finalité sociale qu’auparavant.         Rembrandt, figure bricolée de
              pour une collection de costumes.            L’idée est évidemment de travailler       Louis Pons, lithographie de Bengt
                                                          main dans la main avec le musée.          Lindström ou de James Ensor…

              TRANSVERSALITÉ                              Le « main à main », c’est le deu-         Ce nouveau musée ouvre à la dif-
                                                          xième point du musée. Car il s’agit       férence, dans ce qu’elle a de plus
              Et c’est bien cette transversali-           d’un musée qui se base sur la col-        beau. « Art is a garanty of Sanity »
              té, ce caractère inclusif que veut          laboration. Car pourquoi art situé        disait Louise Bourgeois. C’est sans
              mettre en lumière le nouveau mu-            à la place de l’ancien art différen-      doute la plus belle des transmis-
              sée Trinkhall.                              cié? L’art différencié se voulait « art   sions que propose ce nouveau mu-
              D’abord au niveau architectural. La         par les ‘hors normes’ ». Au Trinkhall     sée. La présentation d’un art qui
              nouvelle structure (pensée par le           Museum, on enfonce l’idée de base         nous relie et nous fait. 
              bureau Beguin-Massart), translu-            du Créahm, qui se veut lieu d’ac-
              cide, incorpore l’ancien bâtiment           compagnement artistique. Un lieu
              moderniste. Du polycarbonate                qui propose des ateliers encadrés.        NDLR : Merci à Claude Warzée pour les
              englobe littéralement l’édifice de          Pas des lieux thérapeutiques, mais        informations historiques.
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                                                                                                                 S
                                      Trinkhall Museum © M.Thies - Creahm.be
                                                                               TrinkHall Museum
                                                                                                                 >
                                                                                  Parc d’Avroy
                                                                                    4000 Liège
                                                                                    info@trinkhallmuseum

                                                                               Week-end d’ouverture:
                                                                               21 et 22 mars 2020
                                                                               (performances, visites guidées
                                                                               gratuites, ateliers créatifs,
                                                                               ambiance musicale…). Accès
                                                                               gratuit, réservation souhaitée.

                                                                               Horaire:
                                                                               Mardi au dimanche, 10 à 18h.
                                                                               Accès gratuit chaque premier
                                                                               dimanche du mois.

                                                                               De nombreuses expositions
                                                                               sont proposées dans des
                                                                               lieux partenaires de la région
                                                                               (dont le Théâtre de Liège,

                                                                                                                 C ULT U R E
                                                                               La Boverie, L’Emulation).
                                                                               Un parcours retraçant
                                                                               l’histoire du bâtiment sera
                                                                               également visible au Grand

                                                                                                                 W + B 1 47
                                                                               Curtius cet été.

                                                                               Toutes les infos sur
                                                                               www.trinkhall.museum

                                                                                                                 17

Vue de chantier du Trinkhall Museum
© Beguin-Massart © Alain Janssens
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S

>                      Abdelhakim Guilmi,
                       le pouvoir de l’imagination
                       Il a fait de ses initiales un atelier d’architecture prospère et réputé… A.A.A.G,
                       c’est l’histoire d’un belgo-marocain qui avait un rêve et qui s’est donné les
                       moyens de le réaliser.

                       PAR NADIA SALMI

                       Tout commence à Lommel le 14
                       décembre 1978. Mais ce jour-là,
                       Abdelhakim Guilmi ne s’en sou-
A R C HI T EC T UR E

                       vient évidemment pas. Sa nais-
                       sance, celle qui va donner un sens
                       à sa vie, elle se situe plus tard, à
                       l’âge de cinq ans, quand il dé-
                       ménage à Liège. « En troisième
                       maternelle, j’ai découvert l’école à
                       pédagogie active. C’était tellement
W + B 1 47

                       stimulant que ça m’a marqué. Ça a
                       même peut-être fait qui je suis au-
                       jourd’hui. Dans le système Freinet,
                       l’autonomie laissée à l’enfant est     s’adonne à sa passion, sincère-        Un an après, la famille Guilmi
                       importante. On lui laisse faire ce     ment, avec déjà l’envie de se per-     déménage et une école plus tra-
18                     qu’il veut, dans un cadre bien dé-     fectionner. « Je me vois encore du-    ditionnelle s’impose à Abdelhakim
                       fini puisqu’il y a un contrat à res-   rant la Coupe du Monde de 1986         qui sent tout de suite la différence.
                       pecter avec l’institutrice… Moi, ce    en train de m’amuser à refaire la      L’adaptation prend du temps mais
                       qui m’intéressait, c’était le dessin   fameuse mascotte avec le grand         le jeune garçon s’accroche. Il a
                       et les mathématiques ». Et ce qui      chapeau mexicain... Une fois,          neuf ans et déjà, une certitude :
                       pourrait passer pour une lubie ne      deux fois, à l’infini. Ça a vraiment   plus tard, il sera architecte. Il se
                       l’est pas... Jusqu’à la deuxième an-   joué sur ma vocation artistique et     le répète comme un mantra et le
                       née primaire, Abdelhakim Guilmi        cartésienne ».                         martèle aussi à ses frères et sœurs.

                          © AAAG                                 Villa Cros © AAAG                      Villa Talotte © AAAG
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                                                                                                                                           >
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                                                                                                                                           A R C HI T EC T UR E
© AAAG

                                                                                                                                  © AAAG

                                                                                                                                           W + B 1 47
         Ça tombe bien. L’une d’elles a une
         amie qui vient d’aller à la journée
         portes ouvertes de la faculté d’ar-                                                                                               19
         chitecture de Lambert Lombard.
         Elle pense donc naturellement à
         Abdelhakim et lui ramène une bro-
         chure. « Je passais tous les jours
         devant cet établissement qui me
         faisait rêver. Du coup, j’ai gar-
         dé le document qu’elle m’a of-
         fert comme un talisman. Ça m’a            Maison Crocodile © AAAG
         motivé à tel point que quand
         on m’a demandé en cinquième
         année primaire de dire comment         « faites ce que vous voulez mais fi-      considère comme la continuité de
         je me voyais plus grand, je me suis    nissez-le ». Alors Abdelhakim étu-        l’architecture. Conclusion finale de
         dessiné à une table en train de        die, s’accroche et s’inscrit à 17 ans     cet apprentissage: il obtient la plus
         faire des croquis ».                   à la faculté qu’il brûlait de décou-      grande distinction alors qu’il ne
                                                vrir. C’est la belle époque, la confir-   parlait pas espagnol à son arrivée
                                                mation de ses espoirs. Le jeune           à Grenade.
         LE GOÛT DES ÉTUDES                     homme enchaîne là les cours et les
                                                recherches graphiques avec no-
         L’évidence est là et le père d’Ab-     tamment un professeur qui fera fi-        L’ENVOL AU SOLEIL
         delhakim sait comment la stimu-        gure de mentor. « J’ai eu la grande
         ler. Lui qui travaille à la mine de-   chance d’avoir Henri Chaumont,            Avec ses diplômes en poche, le
         puis son arrivée en Belgique dans      un architecte très pédagogue qui          rêve de pouvoir vivre de sa passion
         les années 60 veut le meilleur pour    m’a fait grandir car il croyait vrai-     se rapproche. Reste à déterminer
         ses enfants… « Chaque année, au        ment en moi ». Au terme de ses            l’endroit. Abdelhakim a le goût du
         mois de juin, il me posait la même     cinq années d’études, Abdelhakim          voyage alors il postule partout, sur
         question « Que veux-tu devenir ? »     choisit ensuite de faire un Master        tous les continents. Et c’est finale-
         et je répondais invariablement         en paysages en Espagne, histoire          ment Londres et Marrakech qui lui
         « architecte ». Sa devise, c’était     de maîtriser également ce qu’il           répondent favorablement. « Je me
Dar Challa © AAAG
A R C HI T EC T UR E

                       Villa Talotte © AAAG   Ksar Zaytoune © AAAG
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20

                       Villa Cros © AAAG
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                                                                                                                        S
suis dit que ce serait pratique d’aller
                                           Trois questions express
vivre au Maroc car ma famille y            à Abdelhakim Guilmi                                                          >
avait gardé un pied-à-terre. Et puis,
j’avais envie de mieux connaître ce        Comment décririez-vous votre style architectural ?
pays que je ne visitais que pendant        Moderne, authentique et fonctionnel. J’aime les lignes pures et
les vacances d’été. J’étais donc cu-       droites. Je fais attention au moindre détail.
rieux et mon père, très surpris de
ma décision ». En 2004, le jeune           Quels sont vos modèles ?
architecte débarque à Marrakech,           Au niveau international, je dirais OMA, Frank Lloyd Wright et Le
considérée alors comme l’eldora-           Corbusier. En Belgique, j’aime beaucoup le travail d’Erpicum.
do des Français. C’est l’endroit à
la mode, idéal pour prospecter et          Quelle est votre devise ?
établir sa stratégie. Durant qua-          Le travail, ça paie mais la droiture, ça paie encore plus. L’argent
torze mois, il travaille comme colla-      n’achète pas tout. Il faut rester intègre.
borateur pour des cabinets et puis,
en octobre 2005, il décide de se
mettre à son compte. Il a à peine 26
ans. « Quand la première maison
que j’ai construite a été publiée

                                                                                                                        A R C HI T EC T UR E
dans un magazine de décoration,
les commandes ont commencé
à vite tomber et A.A.A.G a gran-
di. Aujourd’hui, je travaille avec
une équipe d’une dizaine de per-
sonnes sur des projets résidentiels
et hôteliers. A cela s’ajoute aussi du

                                                                                                                        W + B 1 47
conseil ».

La clientèle est cosmopolite : de
Dubaï à Monaco en passant par les
pays d’Afrique de l’Ouest et bien
sûr la Belgique. Depuis 2017 en ef-                                                                                     21
fet, il a une antenne dans son pays
                                          Abdelhakim Guilmi
de cœur pour pouvoir accom-
                                          © J. Van Belle – WBI
pagner au mieux ceux qui sou-
haitent investir dans l’immobilier
au Maroc. De quoi faire de belles
affaires car Marrakech est devenue
au fil des ans une plateforme inter-
nationale. « Les gens rencontrés là,
vous pouvez rêver pour les voir à
Bruxelles ou à Paris. Ils viennent
souvent en mode relax, ce qui fait
que les langues se délient… Et moi,
je suis à l’écoute, prêt à saisir les
occasions. Ce qui me plaît quand
je construis, c’est de mettre en va-
leur le savoir belge au Maroc, que
ce soit pour des châssis, de l’éclai-
rage ou encore du revêtement
comme le Mortex ».

Il est comme ça, Abdelhakim
Guilmi, fier de sa Belgique natale
qu’il a conscience aussi de repré-
senter. En guise de conclusion,
                                           Ksar Zaytoune © AAAG                Villa Cros © AAAG © J. Van Belle - WBI
il glisse ainsi dans un sourire: « A       © J. Van Belle - WBI
Marrakech, on me surnomme l’ar-
chitecte belge. C’est un beau com-
pliment ».                                www.aaag-maroc.com
<

S

>                    Bertelles,
                     le mono-produit,
                     gage d’excellence
                     L’entrepreneur belge Gilles Grosjean a un petit faible
                     pour le mono produit. Après les chemises, il s’est
                     lancé dans la création de bretelles, un marché de
                     niche dans lequel il a très vite trouvé ses marques.
                     Aujourd’hui, il vise l’international.

                                                                                                                 Gilles Grosjean,
                     PAR MARIE HONNAY                                                                            fondateur de Bertelles
M O DE / DE S I GN

                     Tout a commencé avec Abbie &              A l’époque, Gilles Grosjean envi-        « terroir ». Bertelles est l’appella-
                     Rose, une marque de chemises              sage ce nouveau projet comme             tion en wallon (et en dialecte pi-
                     masculines qui a permis à Gilles          « une sorte de récréation », mais,       card) du mot bretelles. Et, d’autre
                     Grosjean, un ingénieur d’origine          très vite, le caractère authentique      part, de viser l’international. « Ce
                     liégeoise, de mettre un pied dans         du produit et son potentiel mar-         mot », précise-t-il « se prononce
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                     l’univers de la mode. Ce premier          keting le titillent. Au point, finale-   plutôt bien dans d’autres langues.
                     projet lui donne l’occasion de faire      ment, de le convaincre, dès 2015,        Un bon point de départ pour l’ex-
                     ses armes, de développer son ré-          de revendre Abbie & Rose pour se         port ». Pour conquérir les mar-
                     seau et de croiser la route des fon-      consacrer totalement à Bertelles,        chés belges et étrangers, Gilles
                     dateurs de Colonel moutarde, une          son nouveau bébé.                        Grosjean a mis toutes les chances
22                   micro-entreprise du nord de la                                                     de son côté. Installé à Bruxelles,
                     France spécialisée dans le nœud                                                    dans un bâtiment récemment ré-
                     papillon. Ce sont eux qui lui mettent     EN WALLON DANS LE TEXTE                  nové du cœur historique, le label
                     la puce à l’oreille : « Et pourquoi pas                                            joue la carte d’une belgitude dis-
                     des bretelles, un produit, certes de      Le nom Bertelles, Gilles Grosjean le     crète (l’idée n’est pas d’utiliser cet
                     niche, mais qui continue à intéres-       choisit pour deux raisons presque        ancrage comme argument mar-
                     ser le public, dans le cadre de te-       opposées : d’une part, dans une          keting), mais assumée. Toutes
                     nues de mariage, par exemple ? ».         idée de véhiculer un message             les bretelles sont fabriquées en

                                                                                                                                                 © Bertelles
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                                                                                                                                      W + B 1 47
                                                                                                                                      23

                                                                                                                        © Bertelles

Belgique dans une approche qua-         PASSÉ ET PRÉSENT                      chés », précise-t-il. Si, pour l’heure,
litative et durable. Si les pièces                                            les États-Unis et l’Asie ne sont pas
métalliques sont allemandes et le       L’engouement       croissant    des   encore les pays les plus porteurs
cuir tanné en Italie, chaque paire      consommateurs pour les produits       pour Bertelles, le label y est ce-
est assemblée dans un atelier           authentiques et porteurs de va-       pendant présent. « Au Japon, les
connu pour son savoir-faire dans        leurs éthiques a évidemment boos-     hommes portent leurs bretelles
ce secteur. Côté identité visuelle,     té le développement de la marque      sur un jeans. Notre but n’est pas de
Gilles Grosjean, aujourd’hui entou-     belge. Mais, pour durer, Gilles       réinventer le produit, au contraire,
ré d’une petite équipe de 3 colla-      Grosjean doit également dévelop-      mais plutôt de le moderniser en
boratrices, mixe codes rétros et        per d’autres arguments. « Nos pro-    fonction des besoins et des goûts
accents plus contemporains. Les         duits sont proposés dans des tons     de nos clients. Une manière de res-
photos publiées sur les réseaux so-     classiques, mais aussi dans une sé-   ter fidèles à nos valeurs, mais éga-
ciaux invitent les porteurs de bre-     lection de couleurs plus « mode »     lement de grandir sans dévaloriser
telles dans le quotidien d’une griffe   qui changent de saison en saison.     notre produit. » 
respectueuse d’un certain artisa-       En suivant les tendances, nous
nat, mais désireuse de les bouscu-      cherchons à plaire à un public
ler gentiment en leur proposant de      plus jeune, mais aussi à nous ins-      www.bertelles.com
nouvelles manières de les porter.       crire dans la logique d’autres mar-
<

S

>               Apprendre une langue
                en se mettant au service
                des autres
                Chaque année, de nombreux jeunes font le choix de voyager pour apprendre
                une langue étrangère, mais aussi pour se mettre au service d’une association.

                PAR LAURENCE BRIQUET

                L’apprentissage des langues est         encore Bel’J (pour parfaire sa
                important dans une carrière pro-        connaissance du néerlandais ou de
                fessionnelle. Chaque année, de          l’allemand en participant au projet
                nombreux jeunes font le choix           d’une association en Flandre ou en
                de voyager pour aller apprendre         Communauté germanophone). »
J E UN ES S E

                une ou plusieurs langues. « En
                effet, rien ne vaut une immer-          Nancy, bruxelloise de 25 ans et de-
                sion dans le pays où l’on parle la      mandeuse d’emploi, a, par exemple,
                langue qu’on souhaite pratiquer »,      soumis un projet au BIJ pour vivre
                explique Véronique Balthasart,          une immersion linguistique de 3
W + B 1 47

                chargée de la communication du          mois au Royaume-Uni, dans le
                Bureau International Jeunesse           cadre de Tremplin Langues. Elle a              Erasmus © BIJ

                (BIJ). « Le BIJ peut aider à finan-     choisi de mener son projet dans
                cer ces séjours à travers plusieurs     un magasin de vêtements de se-         pétences en vente et en compta-
                programmes comme Tremplin               conde main OXFAM, à Manchester.        bilité. Ces 12 semaines m’ont sur-
24              Langues (dans un pays d’Europe,         « Cette expérience a été particuliè-   tout permis de prendre confiance
                on améliore sa pratique de la           rement enrichissante et m’a permis     en moi, de mieux me connaître et
                langue en se mettant au service         d’être nettement plus à l’aise en      de voir plus clair dans mes envies
                d’une association), Volontariat         anglais en pratiquant la langue au     et mes projets de vie. Et puis,
                (en collaboration avec 5.000 pro-       quotidien, dans un contexte pro-       découvrir une nouvelle culture,
                jets des associations agréées par       fessionnel mais aussi en dehors.       c’est voir le monde autrement »,
                la Commission européenne) ou            J’ai aussi acquis certaines com-       explique-t-elle.

                   Corps européen de solidarité © BIJ
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                                                                                                                               S
                                           Etudiants à Barcelone :
                                           « C’est enrichissant de quitter son quotidien »                                     >
VOLET ESSENTIEL
                                                                           Le programme Eurodyssée permet,
Chiara, 18 ans, est restée en                                              pour sa part, de participer à un stage
Belgique pour améliorer son néer-                                          professionnel dans une région d’Eu-
landais grâce au programme Bel’J.                                          rope. Julien De Mesmaeker, 25 ans, de
Elle a fait 3 mois de volontariat                                          Céroux-Mousty (Brabant Wallon), diplô-
chez « De Ark-Gent ». « Le projet                                          mé Master en Ingénieur de Gestion à la
m’a rendue plus autonome et plus                                           Louvain School of Management, en fait
mature, j’ai appris à plus m’ouvrir,                                       actuellement l’expérience, à Barcelone.
à m’occuper et vivre avec des per-                                         « J’ai choisi Barcelone car je voulais
sonnes atteintes d’un handicap.                                            trouver un endroit où pouvoir pratiquer
                                                Julien De Mesmaeker
J’ai fait de belles rencontres que                                        et surtout améliorer mon espagnol tout
je n’oublierai jamais et j’ai évidem-                                     en restant relativement proche de la
ment amélioré mon néerlandais »,                                          Belgique. Le programme Eurodyssée of-
confie Chiara, visiblement ravie de        frait la possibilité de partir dans plusieurs régions d’Espagne. J’y suis
son expérience.                            depuis novembre. J’ai commencé par un mois de cours intensif d’es-
                                           pagnol et enchainé avec 5 mois de stage en entreprise. C’est très
Notons que l’ensemble des pro-             enrichissant de quitter son quotidien, son environnement habituel, sa
grammes du BIJ permettent                  famille, ses amis… pour se retrouver presque seul dans un pays incon-

                                                                                                                               J E UN ES S E
d’améliorer     ses    compétences         nu, avec une langue différente », note-t-il.
linguistiques de manière indi-
recte, informelle : à travers les re-      Laurentine Fosséprez, 25 ans, de
lations avec des jeunes d’autres           Bruxelles, qui a fait des études d’ingé-
pays, les jeunes de Wallonie et            nieur de gestion à Louvain-La-Neuve

                                                                                                                               W + B 1 47
de Bruxelles arrivent à s’exprimer         est, elle aussi, en ce moment à Barcelone
dans une autre langue et à com-            dans le cadre du même programme.
muniquer. Les jeunes qui partent           « Avec ma formation d’ingénieur de ges-
en volontariat dans une associa-           tion, les langues sont primordiales sur
tion en Europe grâce au Corps eu-          le marché du travail. Cela combiné avec
ropéen de solidarité améliorent            l’expérience de travail que j’acquiers                                              25
aussi leurs pratiques linguistiques        lors de mon stage, cela va certainement
                                                                                             Laurentine Fosséprez
grâce à des cours en ligne et, en          être un plus sur mon cv », note la jeune
fonction de l’association qui les ac-      femme, qui semble profiter pleinement
cueillent, de cours de langue sur          de son expérience espagnole.
place. De même, les travailleurs de
jeunesse, dans le cadre du volet
jeunesse d’Erasmus+, ont la pos-
sibilité de suivre des formations et    une base de la langue, un module       Ce module ayant fait ses preuves,
séminaires thématiques en anglais       pour mieux communiquer en an-          il a été repris par d’autres Agences
qu’ils pratiquent avec leurs collè-     glais à chaque étape de leurs pro-     nationales du volet jeunesse du
gues européens.                         jets : présenter son association,      programme Erasmus+. 
Le Bureau International Jeunesse        prendre contact avec ses parte-
a également mis en place, pour les      naires, élaborer un programme
travailleurs de jeunesse ayant déjà     commun, évaluer les retombées…            www.lebij.be
                                                                                                                       © BIJ
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CO OP ÉR AT I O N AU DÉVE LO PPE M E NT

                                                 Un nouveau programme
                                                 d’entrepreneuriat
                                                 et d’employabilité
                                                 des jeunes au Maroc
W + B 1 47

                                           Abdelmounaãm Madani,
                                           Directeur Général de l’ANAPEC,
                                           partenaire de l’APEFE © Apefe
                                                                            Le projet lancé en ce début fé-          a un nouveau contrat de gestion
                                                                            vrier au Maroc est symbolique à          qui élargit considérablement son
                                                                            plus d’un titre. D’abord, il s’agit du   mandat », commentait récemment
26                                                                          premier programme de l’APEFE             Jean Van Wetter, le directeur
                                          Dans le cadre d’une               (Association pour la Promotion           d’Enabel nommé fin 2018, « À côté
                                          convention de subside,            de l’Education et de la Formation        de notre rôle d’implémentateur de
                                          l’APEFE met en œuvre              à l’Etranger) qui sera financé par       la coopération gouvernementale,
                                          un programme de                   l’Agence fédérale en charge de la        qui est notre métier de base, nous
                                          soutien à l’amélioration          coopération au développement,            assumons aujourd’hui un nouveau
                                          de l’entrepreneuriat              Enabel. Selon la volonté du fédé-        rôle de ‘broker’, de facilitateur
                                          et l’employabilité des            ral, Enabel se positionne de plus        entre acteurs de la coopération.
                                          jeunes marocains.                 en plus comme bailleur de fonds          L’idée est de servir d’intermédiaire
                                                                            et plus forcément comme exécu-           pour la mise en place de nouveaux
                                                                            tant des projets de développe-           partenariats autour de projets de
                                          PAR CHARLINE CAUCHIE              ment : « Depuis deux ans, Enabel         développement. Ce n’est d’ailleurs

                                                                                                                            Remise des attestations de formation
                                                                                                                                       en présence de l’ANAPEC
                                                                                                                     et de la Présidente de l’association © Apefe
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                                                                                                                               S

                                                                                                                              >

                                                                                                                              CO OP ÉR AT I O N AU DÉVE LO PPE M E NT
                                                                                                                              W + B 1 47
                                                                                   Atelier de formation des jeunes
                                                                                   femmes non diplômées en présence de
                                                                                   l’administrateur du programme de l’APEFE
pas un hasard si nous avons aussi        nous a amené à récolter énormé-           au Maroc, Mr Stiévenart © Apefe
changé de nom, puisqu’Enabel est         ment d’informations et à mettre
un jeu de mots sur l’anglais to en-      tout le monde autour de la table
able, rendre possible, faciliter. Cela   avant de démarrer quoi que ce                                                        27
illustre bien cette nouvelle facette     soit. »
de nos activités. Parallèlement,
nous accentuons aussi notre col-         Le public-cible de ce nouveau pro-
laboration avec d’autres acteurs         jet sont les 18-35 ans, « essentiel-     ration, c’est donc un vrai challenge.
belges et internationaux. »              lement les non-diplômés comme            Il y a un réel besoin, comme l’ont
                                         pour Min Ajliki ». Même si l’accent      montré les récents événements
Parmi lesquels l’APEFE donc, qui         sera aussi mis sur les femmes et         politiques. Les jeunes sont très
mettra en œuvre au Maroc ce pro-         les jeunes filles, « un des buts prin-   réceptifs. »
gramme, financé à hauteur de trois       cipaux est d’amener les jeunes à
millions d’euros sur quatre ans, qui     travailler ensemble de façon mixte       Il y a tout un secteur à structurer :
va soutenir l’amélioration de l’en-      pour éviter le cloisonnement. »          « Les moyens sont là pour l’em-
trepreneuriat et l’employabilité des     Le programme veut participer à           ploi, mais ce qui manque, ce sont
jeunes Marocains avec, comme             « stimuler l’esprit d’entreprendre       des plateformes régionales qui
partenaires, le Ministère du Travail     des jeunes en développant leurs          puissent assurer un suivi et un ac-
et de l’Insertion Professionnelle        capacités entrepreneuriales et ma-       compagnement des jeunes dans
marocain et l’Agence nationale           nagériales ». Avec l’aide des as-        le lancement d’entreprises, la for-
de promotion de l’emploi et des          sociations locales déjà présentes        mation. Un challenge pour l’APEFE
compétences (ANAPEC). Benoît             sur le terrain, des incubateurs se-      qui veut également continuer à
Stiévenart, administrateur de pro-       ront développés dans quatre ré-          intégrer le numérique : « On peut
gramme APEFE au Maroc, ex-               gions parmi les plus pauvres et          difficilement organiser des forma-
plique que l’objectif de ce projet       enclavées du pays : Fès-Meknès,          tions qui impliquent uniquement
est formulé en miroir de celui de        Draa-Tafilalet (le sud du pays avec      du présentiel. Le numérique aura
« Min Ajliki 2.0 » (programme fi-        des villes comme Ouarzazate,             son importance. » 
nancé par la Direction Générale          Errachidia, Zagora, etc.), l’Orien-
Coopération au Développement et          tal (Oujda, Nador, Driouch, etc.) et
Aide Humanitaire), qui concerne          Beni-Mellal-Khénifra (au centre).          www.apefe.org
l’entrepreneuriat féminin : « Notre      « Ce sont des zones moins inves-           www.enabel.be
expérience acquise via Min Ajliki        ties par les programmes de coopé-
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