Biovision - Du savoir-faire ! - Fondation pour un développement écologique - Biovision ...

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Magazine n° 66, août 2021

Biovision
Fondation pour un développement écologique

Du savoir-faire !
L’agroécologie, tout le monde
en parle. Nous l’appliquons.
En Afrique, en Suisse et ailleurs.
Biovision - Du savoir-faire ! - Fondation pour un développement écologique - Biovision ...
Chère lectrice, cher lecteur,
« Agroécologie », « transformation du
système alimentaire » : qu’est-ce que cela
vous évoque ? Aujourd’hui, on parle
sans cesse de ces idées, dans les débats
sur un avenir durable et la coopération
au développement. Et aussi chez Biovision.
Mais que signifient ces mots ? Est-ce que
tout le monde les comprend de la même
façon ? Dans ce magazine, nous explorons
ces deux expressions qui impliquent
beaucoup d’enjeux. Bien plus que l’agri-
culture, l’écologie ou l’alimentation,
on s’intéresse à l’ensemble de la chaîne
de valeur agroalimentaire, du champ au
recyclage des déchets. Ces mots sous-
entendent des échanges de savoirs, des
relations entre production et consom-
mation. Et ils impliquent des éléments de
justice sociale et d’équité.

Frank Eyhorn, directeur de Biovision,
est un expert sur ces thèmes. Il nous en
explique le sens dans son article de fond
en tissant les liens avec les grands défis
d’aujourd’hui : malnutrition, crise de
la biodiversité, changement climatique
(page 6). Nos reportages en Afrique de l’Est
et en Suisse témoignent d’éléments de
l’agroécologie qui sont déjà mis en œuvre
(pages 2 et 8).                                L’agroécologie en
Heureusement, à côté des défis complexes
et des changements rapides, il existe
des valeurs solides et durables, comme la
                                               pratique
relation de confiance avec vous. Chères        Grâce à son programme de diffusion des connaissances, Biovision met
lectrices, chers lecteurs, merci du fond du    en œuvre plusieurs principes de l’agroécologie. Nous donnons aux
cœur pour votre intérêt pour notre travail     familles rurales les moyens d’améliorer leur alimentation et leur
et votre soutien fidèle à nos actions.         revenu tout en préservant leur environnement. Et nous encourageons
                                               les échanges entre paysan·nes, scientifiques et autorités.
                                               Par Peter Lüthi, Biovision (texte) et Christian Bobst (photos)

                                               En visitant nos projets africains, je suis               revenus. Un journal paysan, des formations
                                               toujours surpris par l’éloquence de beau-                pratiques, des services de conseil agricole,
                                               coup de gens. Même dans les villages les                 une plateforme internet renommée, et sur-
                 Peter Lüthi
                                               plus reculés, je rencontre régulièrement                 tout nos émissions radio constituent depuis
        Rédacteur et reporter, Biovision       des paysan·nes qui tiennent une conversa-                des années l’éventail de notre Programme
                                               tion raffinée et m’offrent des entretiens à la           de communication paysanne (FCP : Farmer
                                               rhétorique soignée. Sans doute parce que                 Communication Programme). Au Kenya, une
                                               leur culture de communication a jusqu’ici                radio nationale et quatre stations régio-
                                               été marquée par l’oralité.                               nales diffusent régulièrement, aux heures
                                                                                                        de grande écoute, des programmes spéciaux
                                               Biovision met à profit la puissance de la                sur les méthodes de culture écologique, le
                                               parole pour diffuser des connaissances en                stockage sûr des récoltes, les options efficaces
                                               vue d’autonomiser les populations rurales                de transport et de commercialisation des pro-
                                               en améliorant leur alimentation et leurs                 duits agricoles. Les paysan·nes ont également

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Impact des projets
                                                                                                    d’information
                                                                                                    Le Farmer Communication Programme
                                                                                                    (FCP) de Biovision est un paquet multi-
                                                                                                    média. Près de 2 millions de personnes
                                                                                                    sont touchées par les émissions de radio
                                                                                                    hebdomadaires de la deuxième station
                                                                                                    la plus populaire du Kenya, Maisha
                                                                                                    FM. Ces reportages sont également
                                                                                                    régulièrement promus sur la chaîne
                                                                                                    de TV populaire KTN Farmers. Chaque
                                                                                                    numéro mensuel des journaux paysans
                                                                                                    The Organic Farmer (Kenya) et Mkulima
                                                                                                    Mbunifu (Tanzanie) est lu par plus de
                                                                                                    200 000 personnes. En outre, on compte
                                                                                                    400 000 visiteur·euses par an sur la
                                                                                                    plateforme www.infonet-biovision.org.
                                                             Efficace : 2 millions de personnes     On peut y ajouter le lectorat d’un grand
                                                              entendent parler de l’agriculture     journal agricole kenyan (Smart Harvest)
                                                                          écologique à la radio     avec ses reportages réguliers sur l’agri-
                                                                                                    culture écologique.

                                                                                                    Budget du projet 2020–2022 :
la possibilité d’échanger sur les problèmes       registrement et modère l’émission qui va          CHF 3 699 483
rencontrés et les solutions trouvées.             suivre. Cette fois, la question est de savoir
                                                  comment éviter les pertes après récolte.          www.biovision.ch/fcp-fr
Conseils utiles sur les ondes                     Un sujet important, car au Kenya, entre 20 et
Avant le confinement lié au coronavirus,          60 % des produits agricoles se détériorent        Objectifs de développement
la journaliste Julia Hofer et le reporter radio   sur le long chemin du champ à l’assiette.         durable (ODD)
kenyan Macdonald Mathew ont rendu visite          L’animateur tend le micro à une fermière.         Biovision s’engage pour la réalisation
à un groupe d’agricultrices à Machakos,           Elle veut savoir pourquoi les fruits qu’elle      de l’Agenda 2030 des Nations Unies.
à l’est de Nairobi. Celles-ci se rencontrent      amène au marché avec son âne se gâtent si         Avec le FCP, Biovision contribue aux
régulièrement pour partager leurs connais-        vite. Une autre demande : « Comment empê-         objectifs suivants :
sances, se mettre en réseau et s’entraider.       cher mes avocats de pourrir ? » Une vieille
Un point de départ idéal pour un nouvel           femme montre des haricots et des grains
épisode sur la radio paysanne.                    de maïs : « Pourquoi sont-ils si petits ? » Les
                                                  réponses sont données par un autre parti-
Les femmes sont assises autour d’une pe-          cipant, John Mutisya, qui conseille les agri-
tite table sur laquelle sont installés un or-     culteurs·trices sur mandat de Biovision.
dinateur portable et deux enregistreurs.          Il explique au micro que les fruits doivent
Quelqu’un se branche sur Mbaitu FM (la            être mieux emballés pour ne pas s’abîmer
radio locale) et recherche l’émission The         pendant le transport. « Vos avocatiers,
Organic Farmer, diffusée vendredi dernier.        ajoute-t-il, ne les laissez pas grandir ; vous
La voix de Macdonald résonne dans les haut-       pourrez ainsi récolter les fruits avant qu’ils
parleurs. Bien entendu, les femmes pour-          ne tombent et pourrissent. » « Et les fèves,
raient aussi écouter l’émission à la maison,      conseille-t-il, doivent d’abord être bien sé-
mais ce ne serait pas pareil. Lorsqu’elles se     chées puis stockées dans des sacs avec une
réunissent, d’auditrices individuelles elles      doublure intérieure épaisse ; on évite ainsi
deviennent un groupe d’étude.                     la moisissure et la vermine. » Quant au maïs,
                                                  il suppose que les grains ont été endomma-
Dès que la radio s’est tue, Macdonald branche     gés parce qu’on les a détachés de l’épi à
son microphone, appuie sur le bouton d’en-        coups de bâton.

                                                                                                                                                3
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Partage des connaissances :
                                         Les reportages de la radio
                                     et des journaux sont discutés
                                                         ensemble

    Enregistrement en direct :
    Le reporter radio Macdonald
    Mathew stimule des
    discussions animées

    Astuce contre la moisissure :
    Gardez les haricots au sec !

                                            Commerce équitable :
                                              Les médias paysans
                                         fournissent des informa-
                                          tions sur les prix actuels

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L’agroécologie, concrètement                     diffusées sont testées scientifiquement.
Les programmes radio de Biovision au Kenya       Elles ne font pas qu’augmenter les récoltes:
et en Tanzanie sont d’excellents exemples du     elles servent aussi à maintenir et à amé-
fonctionnement pratique de l’agroécologie.       liorer la qualité de notre environnement
D’une part, ce terme désigne une science de      et de la biodiversité. Dans le cadre du FCP,
l’écologie et de l’espace rural. D’autre part,   un échange mutuel entre science et milieux
il s’applique aux méthodes et pratiques agri-    agricoles doit être mis en place – de même
coles. Il désigne enfin également un mouve-      qu’entre agricultrices, agriculteurs et grou-
                                                                                                                                              David M. Amudavi
ment social et politique (voir pages 6-7). Le    pements paysans. Ce programme contri-
                                                                                                                  vit au Kenya. Directeur de BvAT et membre du
programme FCP initié par Biovision et mis        bue activement à un « mouvement bio » qui                       conseil d’administration d’IFOAM (association
en œuvre depuis des années par notre or-         prend de l’ampleur en Afrique de l’Est.                          internationale d’agriculture bio), il a étudié la
ganisation sœur au Kenya, Biovision Africa                                                                             biologie et l’éducation à l’environnement.
Trust (BvAT) permet de réaliser ces trois
aspects de l’agroécologie. Les méthodes
                                                                                                            Trois questions à David Amudavi
de culture écologique et les instructions
                                                                                                            En quoi BvAT joue-t-elle un
                                                                                                            rôle clé pour l’agroécologie
                                                                                                            en Afrique ?
                                                                                                            BvAT peut atteindre directement beaucoup

 Du monde rural à la
                                                                                                            de paysan·nes et nous nous adressons
                                                                                                            également au grand public qui s’inquiète
                                                                                                            d’une alimentation malsaine. Nous sommes

 scène mondiale
                                                                                                            aussi écoutés au plus haut niveau poli-
                                                                                                            tique – grâce au mandat reçu de l’Union
                                                                                                            africaine pour mettre en œuvre l’initiative
                                                                                                            « agriculture biologique », ainsi qu’à
 Par Andreas Schriber, Biovision Africa Trust*
                                                                                                            nos réseaux locaux et mondiaux d’orga-
                                                                                                            nisations comme la FAO, IFOAM, FiBL,
 Biovision Africa Trust (BvAT), organisa-        neuf pays. BvAT a ainsi atteint une recon-                 icipe, etc.
 tion à but non lucratif de droit kenyan, a      naissance internationale et a rallié à ses
 été créée en 2009 avec les mêmes objec-         côtés des donateurs supplémentaires.                       L’agroécologie, est-ce un
 tifs que la Fondation Biovision. On a ainsi                                                                enjeu pour les pays africains ?
 semé les graines permettant à terme une         En 2018, BvAT a remporté l’appel d’offres
 reprise de l’action de Biovision en Afrique     de projet de la Coopération allemande                      Oui ! Même si de nombreuses forces freinent
 par des acteurs nationaux. Dès sa fonda-        au développement (GIZ/BMZ) pour la                         la diffusion des approches écologiques,
 tion, BvAT a repris les rênes des premiers      mise en place de la plateforme régionale                   les nouvelles méthodes de production
 projets de communication paysanne (an-          de connaissances Knowledge Center for                      durable sont très demandées. Des millions
 cêtres de l’actuel Farmer Communication         Organic Agriculture. BvAT coordonne les                    de paysan·nes n’ont guère les moyens
 Programme – FCP). BvAT a brillamment            activités du projet en Afrique de l’Est.                   d’acheter des pesticides et des engrais
 géré l’expansion et la mise en œuvre du         Cette mission s’inscrit parfaitement dans                  chimiques. Pour eux, l’agroécologie est
 FCP en collaboration avec notre parte-          le programme de développement de BvAT                      une alternative rentable. Aux yeux de
 naire de longue date icipe (institut inter-     et accroît la diffusion de la communica-                   nombreux États, la sécurité alimentaire,
 national de recherche sur les insectes) à       tion paysanne menée par Biovision en                       la santé et la protection de l’environne-
 Nairobi. En 2016, BvAT est reconnue par         Afrique.                                                   ment prennent toujours plus d’importance.
 l’État kenyan en tant qu’organisation non
 gouvernementale exonérée d’impôt.               Grâce à ces programmes complémen-                          Quel est le plus gros défi ?
                                                 taires et à un accès aux décideurs de
 BvAT, une plaque tournante de l’agri-           l’Union Africaine (UA), des opportunités                   Les méthodes durables demandent de
 culture biologique en Afrique                   prometteuses s’offrent à BvAT pour s’im-                   nombreuses connaissances. Elles néces-
 BvAT a reçu de la Direction suisse du dé-       poser dans les années à venir comme un                     sitent une recherche et une formation
 veloppement et de la coopération (DDC)          acteur important dans la diffusion des                     spécifiques. Beaucoup plus de moyens
 le mandat de coordonner l’Initiative pan-       méthodes agroécologiques en Afrique.                       doivent y être consacrés très vite,
 africaine pour la promotion de l’agri-                                                                     pour rattraper des décennies de négli-
 culture biologique en Afrique (EOA-I).                                                                     gence impardonnable.
 De son côté, l’Union africaine l’a chargée      * Andreas Schriber est fondateur et président du conseil
 de mettre en œuvre cette initiative dans        d’administration de Biovision Africa Trust à Nairobi

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Biovision - Du savoir-faire ! - Fondation pour un développement écologique - Biovision ...
Tout le monde doit se mobiliser pour
    transformer le système alimentaire
    Malnutrition, crise de la biodiversité, changement climatique : il est urgent
    de modifier la manière dont nous produisons et consommons notre alimentation.
    Comment réussir cette transition ? Et comment y contribue Biovision ?
    Par Frank Eyhorn, directeur de Biovision

    Nous mangeons tous les jours. Les aliments       mation de nos systèmes alimentaires est une      en Afrique et dans le monde – il faut utiliser
    que nous mangeons et leur mode de produc-        tâche énorme pour l’ensemble de la société,      plusieurs leviers : développer et propager
    tion impactent notre planète et nos socié-       et c’est seulement ensemble que nous pour-       des méthodes de production écologiques,
    tés comme aucune autre activité humaine.         rons la mener à bien.                            investir dans des processus économiques
    L’agriculture d’aujourd’hui est en grande                                                         durables, forger des cadres politiques fa-
    partie responsable de la perte inquiétante       Tout d’abord, nous devons comprendre ce          vorables. Biovision est impliquée dans tous
    de biodiversité et de fertilité des sols ainsi   que nous attendons du système alimentaire :      ces domaines et met en action ces leviers
    que de la pression sur les ressources en eau.    un rendement le plus élevé possible et des       grâce à des approches innovantes et de
    Près d’un tiers des émissions mondiales de       calories bon marché, sans se soucier des         larges alliances de partenaires. Ainsi, nous
    gaz à effet de serre provient du système         effets secondaires ? Ou une alimentation         aidons les gouvernements à aligner systé-
    alimentaire – du champ à l’assiette.             saine pour toutes et tous, qui soit produite     matiquement leurs stratégies et leurs lois en
                                                     dans le respect de l’environnement, du bien-     faveur de systèmes alimentaires durables.
    Au niveau mondial, les systèmes alimentaires     être animal et des droits humains, tout en       Pour cela, il est souvent nécessaire de dé-
    d’aujourd’hui n’atteignent pas leur objectif :   permettant à chacun·e de recevoir un salaire     passer les intérêts d’acteurs puissants dont
    2 milliards de personnes souffrent de la faim    équitable ?                                      les modèles économiques reposent sur des
    ou de la malnutrition, et 3 milliards mangent                                                     approches et des concepts dépassés.
    de manière nocive pour leur santé. La plu-       Connecter la production et la
    part des gens qui vivent du système alimen-      consommation                                     Il est particulièrement important de stimu-
    taire – dans l’agriculture, la transformation,   L’agroécologie (pour une définition, voir        ler une prise de conscience du public sur les
    la cuisine, la vente – appartiennent aux         www.biovision.ch/AE) se révèle être un           liens entre nourriture, environnement, santé
    groupes de population à faibles revenus.         concept prometteur et fédérateur dans ce         et bien-être. En fin de compte, chacun·e
                                                     processus de transformation. Elle propose        d’entre nous décide comment nos systèmes
    Deux à trois calories d’énergie fossile          des pratiques scientifiquement fondées qui       alimentaires doivent évoluer, en exerçant
    pour une calorie de nourriture                   permettent une production en harmonie            nos droits politiques et par nos choix quo-
    De même, nos systèmes alimentaires actuels       avec la nature. Ce concept est pratiqué avec     tidiens de consommation.
    ne sont pas vraiment efficaces : 40 % des        succès, par exemple, dans nos projets de
    terres arables dans le monde servent à pro-      protection intégrée des cultures en Afrique      Ensemble, nous pouvons influencer l’allure
    duire des aliments pour animaux ou du car-       de l’Est. Les principes agroécologiques tels     du monde de demain. Parce que nous man-
    burant. Nous dépensons deux à trois calories     que la promotion de la biodiversité, la vi-      geons toutes et tous. Tous les jours.
    fossiles pour produire une calorie alimen-       sion circulaire et fermée des grands cycles
    taire, alors que le principe même de l’agri-     (carbone, azote, phosphore, etc.) et la réduc-
    culture est de convertir de l’énergie solaire    tion des engrais et des pesticides de synthèse
    en nourriture. Qui plus est, le tiers de cette   n’aident pas seulement à développer des
    production est finalement jeté par la suite.     systèmes alternatifs intelligents. Ils amé-
                                                     liorent aussi progressivement les méthodes
    Le débat sur notre avenir alimentaire est        agricoles conventionnelles. De plus, l’agro-
    fortement polarisé. Nous en avons fait           écologie vise à connecter la production avec
    l’expérience en Suisse lors des votations        la consommation tout au long de chaînes de
    sur les initiatives anti-pesticides. Les pré-    valeur équitables. Biovision accompagne                           Frank Eyhorn
                                                                                                              Directeur de Biovision, expert en
    paratifs du Sommet des Nations Unies sur         ainsi au niveau local les paysan·nes dans la
                                                                                                              systèmes alimentaires durables
    les systèmes alimentaires, qui doit se tenir     commercialisation de leurs produits.
    à New York à l’automne, sont marqués eux
    aussi par d’énormes tensions entre des           Surmonter des modèles économiques
    camps fermement opposés. Cette guerre            obsolètes
    de tranchées ne nous fait pas avancer vers       Pour provoquer cette transformation ur-
    des solutions, bien au contraire. La transfor-   gente du système alimentaire – en Suisse,

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Biovision - Du savoir-faire ! - Fondation pour un développement écologique - Biovision ...
Systèmes alimentaires durables :
notre alimentation façonne le monde
La façon dont nous mangeons – de la recherche et de la production à la consommation et à la
gestion des déchets alimentaires – a une incidence sur notre santé, la société et l’environnement.
Nos systèmes alimentaires doivent être transformés afin que chacun·e ait accès à une
alimentation saine, que les conditions de travail soient équitables, que les droits humains,
la nature et la santé animale soient respectés.

 L’agroécologie                             Les 13 principes de l’agroécologie
 L’agroécologie est une approche holis-     1.   Recyclage et cycles de ressources fermés   10. Conditions équitables et justes
 tique visant à relier les domaines éco-    2.   Réduction des intrants                     11. Proximité et confiance entre produc-
 logique, social, économique et culturel.   3.   Santé du sol                                   teur·trices et consommateur·trices
 Elle repose sur 13 principes qui per-      4.   Santé animale                              12. Gouvernance des terres et des
 mettent la transformation des systèmes     5.   Biodiversité                                   ressources naturelles
 alimentaires vers une plus grande dura-    6.   Favoriser les synergies                    13. Participation
 bilité.                                    7.   Diversification économique
                                            8.   Co-création des connaissances              https://agroecologyprinciple.cidse.org/
                                            9.   Valeurs sociales et régimes alimentaires   les-principes-de-lagroecologie-preface

                                                                                                                                       7
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Des produits frais
                                                                                                                                        dans son quartier :
                                                                                                                                      « La Fève » rapproche
                                                                                                                                        agriculteur·trices et
                                                                                                                                      consommateur·trices

    Un supermarché participatif paysan
    pour consommer autrement
    Dans le canton de Genève, à Meyrin, La Fève réunit mangeurs et producteurs pour reprendre
    la main sur le système alimentaire.
    Par Réane Ahmad (texte) et François de Limoges (photos)

    De plus en plus d’épiceries solidaires voient        de transformation (boucherie, boulangerie,       pour le magasin au profit de Migros VOI en
    le jour en Suisse, inspirées d’initiatives           fromagerie), une ferme urbaine et une au-        2018 a été un coup dur. Le supermarché a
    étrangères telles que La Louve à Paris, la           berge. Mariage entre distributeur général et     dû s’installer provisoirement dans un local
    BEES coop à Bruxelles ou encore le Park Slope        magasin paysan, le supermarché travaille         de 60 m2, puis de 100 m2. « Cet espace est
    Food Coop à New York. Implantée à Meyrin             sur la base de contrats avec cinq maraîchers,    trop petit pour faire le lien avec les pay-
    (GE), La Fève invente un nouveau modèle              qui prévoient un plan de cultures commun.        sans et les ateliers de transformation. Il fait
    pour renouer avec les circuits courts. Raeto         Prix, quantité et qualité sont réglés d’avance   office de magasin bio « bobo » du quartier, ce
    Cadotsch, pionnier charismatique de l’agri-          et le distributeur s’engage à acheter leur       qui n’est pas notre objectif de base », décrit
    culture contractuelle de proximité, en est           production, un peu à l’image de paniers          Raeto Cadotsch. Soutenue par le canton et la
    l’un des fondateurs dans l’écoquartier Les           contractuels à l’échelle d’un quartier. Par      commune pour la construction d’un nouveau
    Vergers : « La Fève est née de la rencontre          ailleurs, La Fève dialogue régulièrement         bâtiment, La Fève fait face à un recours et
    des coopératives d’habitation et des coo-            avec ses 250 membres, qui s’activent au          espère quand même donner le premier coup
    pératives agricoles. À côté de thématiques           moins deux heures par mois pour la coopé-        de pioche cet hiver. « C’est difficile pour
    comme l’isolation, les transports ou l’éner-         rative. Un minimum de 500 consommateurs          notre petite structure, basée essentielle-
    gie, auxquelles les futurs habitants étaient         permettrait d’atteindre la rentabilité pour      ment sur le bénévolat, de perdre de l’argent
    sensibles, nous avons amené le sujet de l’agri-      le magasin. « Globalement, nous essayons         en attendant. Des nouveaux projets dans
    culture dès 2014. Rapidement, l’alimenta-            de devenir un vrai partenaire de la com-         d’autres quartiers devront intégrer le thème
    tion est devenue le leitmotiv du quartier            mune de Meyrin, qui se fixe comme objectif       de l’alimentation dès leur planification. »
    avec plusieurs projets, dont la création d’un        d’approvisionner 100 % des crèches et éta-
    centre d’achat permettant aux gens de se             blissements scolaires en bio. »                  Autre défi: La Fève peine à trouver des
    rencontrer ».                                                                                         gammes de produits suisses très bon mar-
                                                         Un défi de taille                                ché, sans compter le manque de place pour
    Aujourd’hui, quatre coopératives existent            Parmi les difficultés rencontrées, la perte      proposer un large assortiment. Ainsi, diffi-
    autour de La Fève : un magasin, des ateliers         de l’espace de 500 m2 initialement prévu         cile d’élargir le public au-delà du cercle de

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convaincus. « Pour les légumes et produits       et le commerce décident de ce que vous           Commentaire
frais, nous sommes jusqu’à 20 ou 30 %            mangez demain. En tant que paysan, je
moins cher que le bio de la Migros », re-        n’ai jamais voulu produire sans savoir qui       Local, saisonnier, durable
lève néanmoins Raeto. Reste encore à faire       mangeait ». Quant à l’image élitiste qui colle   Le credo de la FRC ? L’information. Plus on
passer le message à la population. Le co-        à la peau de ce type d’épiceries, il répond :    en sait, plus on est enclin à privilégier un
fondateur de La Fève assume volontiers le        « Notre but est de causer avec les gens, de      mode durable de consommation. La durabi-
caractère utopiste et futuriste du projet :      leur expliquer ce qu’est une ferme. Ce n’est     lité de l’agriculture suisse dépend autant
« La réalité d’aujourd’hui fait un peu peur !    pas de l’exclusivité, c’est de l’ordinaire. »    de la pérennité d’un tissu paysan local
On va dans un mur où plus personne ne dé-                                                         fort que d’une production qui diminue son
cide de son alimentation, seuls l’industrie      www.la-feve.ch                                   impact écologique. Notre association
                                                                                                  partage trois de ses combats actuels avec
                                                                                                  le monde agricole : la valorisation de
                                                                                                  la saisonnalité indigène, la déclaration
                                                                                                  obligatoire des modes de production

 Sortir de la niche !                                                                             pour les importations et la promotion des
                                                                                                  circuits courts.

 Par Daniel Langmeier, Biovision                                                                  Covid ou non, la FRC est convaincue que
                                                                                                  la part de marché due aux circuits courts
 Le supermarché solidaire « La Fève » montre     13 juin 2021 ont été rejetées mais le mou-       et à la vente directe doit augmenter. Car
 qu’il faut penser et agir bien au-delà de       vement continue. En effet, si les fermes         ainsi l’acheteur comprend mieux le métier
 la production alimentaire pour respecter        biologiques se passent déjà de pesticides        de paysan et le producteur assume sa
 les principes agroécologiques qui couvrent      de synthèse, l’organisation IP-Suisse vient      responsabilité envers le client. Ce faisant,
 aussi l’interaction entre le monde pay-         de prendre une décision importante : les         les marges partant aux intermédiaires
 san et nos habitudes de consommation.           fermes en production intégrée se conver-         diminuent, les capitaux se concentrent sur
 Ce magasin de quartier genevois permet          tiront à la culture de céréales sans pesti-      la production et les denrées fraîches sont
 d’établir une relation de confiance entre       cides de synthèse ces prochaines années.         accessibles à toutes les bourses.
 producteur·trices et consommateur·trices,       Très bien !
 en ancrant le système alimentaire dans                                                           Mais gagner en volume vendu ne sera pas
 l’économie locale. Grâce à une garantie         Cet exemple positif doit être suivi par          possible sans créativité logistique et coup
 d’achat, le risque est partagé entre les        d’autres, par exemple dans la culture des        de main des organisations agricoles
 paysan·nes et les consommateur·trices.          fruits. Et la balle change de camp. En effet,    (mise en réseau des paysans, modes de
 Cette sécurité permet aux exploitations         les pesticides de synthèse sont utilisés         paiement) comme des villes (mutuali-
 d’expérimenter des approches nouvelles          pour produire de « beaux fruits », entre         sation d’espaces de vente et de stockage,
 et durables.                                    autres pour des raisons cosmétiques, par         marchés ouverts et couverts). Le produc-
                                                 exemple contre la tavelure. Pour changer         teur doit pouvoir consacrer son temps à
 Des projets similaires à « La Fève » voient     cela, nous avons besoin de la coopération        cultiver ses terres et le consommateur
 le jour un peu partout en Suisse : épice-       des producteur·trices et des acheteur·ses.       faire ses courses sans parcourir toute la
 ries participatives, projets d’agriculture      Pour passer à une culture sans pesticides,       campagne. Les initiatives qui se déve-
 contractuelle de proximité. Ces initiatives     les producteur·trices dépendent d’une            loppent dans notre pays pour rapprocher
 doivent petit à petit sortir de leur niche et   clientèle avertie qui achète les fruits peut-    davantage encore leurs impératifs au
 faire école. Pour parvenir à une transfor-      être « moins beaux ». Cette solidarité et        quotidien sont bienvenues.
 mation nationale du système alimentaire,        cette compréhension mutuelle doivent
 il faut une alimentation saine et durable       maintenant se développer dans les com-
 qui soit facilement accessible à toutes et      merces conventionnels et les centres com-
 tous à des prix équitables.                     merciaux, pas seulement dans les maga-
                                                 sins alternatifs. Les grands distributeurs
 La balle est dans le camp des grands            ont un rôle à jouer, mais des organisations
 distributeurs – et le nôtre                     comme Biovision aussi. En effet, depuis
 Le concept d’agroécologie réunit tous ces       une décennie, nous nous engageons avec
 principes de base pour la mise en œuvre         notre projet « CLEVER » à diffuser des in-
                                                                                                               Sophie Michaud Gigon
 d’un système alimentaire durable (voir          formations sur les achats écologiquement                Secrétaire générale de la Fédération
 p. 7) : il faut agir au niveau de la produc-    et socialement responsables, notamment                      romande des consommateurs
 tion, de la distribution et de la consomma-     dans les écoles et auprès du grand public.               et Conseillère nationale du canton
 tion. Exemple : comment réduire l’usage                                                                                de Vaud
 des pesticides de synthèse en Suisse ?
 Les deux initiatives anti-pesticides du         www.clever-consommerdurable.ch

                                                                                                                                                9
Biovision - Du savoir-faire ! - Fondation pour un développement écologique - Biovision ...
Actualités Biovision                                                                                Nouveaux partenariats
                                                                                                         de recherche en Afrique
     Dernières nouvelles de nos projets de sensibilisation,                                              de l’Est
     de développement et de plaidoyer, en Suisse et à l’international.
                                                                                                         Cette année, nous avons lancé de nou-
                                                                                                         veaux projets avec trois institutions in-
                                                                                                         ternationales de recherche au Kenya et
                                                                                                         en Tanzanie. Le Centre mondial d’agro-
                                                                                                         foresterie ICRAF, le Centre mondial de
                                                                                                         recherche sur les légumes WorldVeg et
                                                                                                         l’Institut de recherche agricole ICRISAT
                                                                                                         examinent dans le cadre de notre parte-
                                                                                                         nariat l’application des approches agro-
                                                                                                         écologiques dans leur travail et au sein
                                                                                                         de leurs organisations. Nous sommes
                                                                                                         enthousiasmés par ces processus com-
                                                                                                         muns d’apprentissage pour la transfor-
                                                                                                         mation de nos systèmes alimentaires.
                                                                Conseil de fondation de Biovision
                                                                     en 2021 : Barbara Frei Haller,
                                                                                                         Et nous nous réjouissons de pouvoir
                                                                      Paula Daeppen-Dion, Mathis         bientôt rendre compte des fruits de cette
                                                                Zimmermann, Shruti Patel, Hans R.        coopération. (fko)
                                                                     Herren (à l’écran), Maya Graf,
                                                                    Ruedi Baumgartner (de g. à d.)

      Bienvenue au Conseil                             Là, elle se concentre sur la sécurité alimen-
      de fondation !                                   taire et nutritionnelle et sur la création de
                                                       partenariats pour le développement.
      Shruti Patel, ancienne responsable pour                                                          Impressum
      Biovision du Programme de communica-             Née au Kenya, elle a étudié l’agriculture à     Magazine Biovision nº 66, août 2021, 22 e année
      tion paysanne (voir p. 2), a été élue au         l’Université de Nottingham en Angleterre
                                                                                                       Le magazine est publié 5 fois par an. Dès 5 CHF
      Conseil de fondation fin juin. Elle va donc      et a obtenu sa maîtrise en études du déve-
                                                                                                       de don, il est inclus sous forme d’abonnement.
      nous accompagner dans l’application sur          loppement à l’Université de Cambridge.
                                                                                                       Tirage 31 500 exemplaires (français et allemand)
      le terrain d’une recherche scientifique de       Elle a ensuite travaillé dans la coopération
      premier ordre. Elle s’en réjouit : « Je conti-   au Lesotho et au Bangladesh, entre autres,      © Fondation Biovision, Ch. de Balexert 7,
                                                                                                       1219 Châtelaine (GE)
      nuerai de faire partie de Biovision. C’est       et a soutenu les gouvernements de Rou-
      merveilleux de travailler avec des gens          manie et de Tanzanie dans la conception         Rédaction/Édition photo/Production
      que j’apprécie et admire, qui me lancent         de programmes éducatifs pour les per-           Peter Lüthi, Martin Grossenbacher
      parfois des défis et avec qui je peux            sonnes à faibles revenus.                       Relecture Antenne romande de Biovision ;
      partager mes propres visions. » Shruti                                                           Text Control SA
      Patel a quitté Biovision en mars 2021            Nous sommes ravi·es de continuer à béné-        Crédit photos Couverture : Version 1 / Productrice
      pour rejoindre l’EPFZ à Zurich en tant que       ficier de l’expertise et de l’engagement de     de mangues au centre du Kenya prête pour le trans-
      professeure associée au Centre de déve-          Shruti Patel. (pl)                              port vers le marché, photo Peter Lüthi / Biovision ;
      loppement et de coopération (NADEL).                                                             Version 2 / Producteur de légumes bio au marché
                                                                                                       paysan d’Ilanz, photo Peter Lüthi / Biovision. Peter
                                                                                                       Lüthi / Biovision : pages 1 et 4 à droite ; Christian
                                                                                                       Bobst : pages 2/3 et 4 en haut et à gauche ; François
                                                                                                       de Limoges : page 8 ; mise à disposition : page 9
      Rencontres à Fribourg,                                                                           à droite ; Béatrice Devènes / Biovision : page 10
      Genève et Lausanne                                                                               en haut ; Viktor Talashuk / Pexels : page 11 à gauche ;
                                                                                                       Laura Angelstorf / Biovision : page 11 à droite ;
      L’équipe de sensibilisation à la consom-                                                         Florian Blumer / Biovision : page 12
      mation responsable de Suisse romande                                                             Mise en page Binkert Partnerinnen, Zurich
      participe avec des stands d’information à                                                        Impression Koprint AG, Alpnach
      Fribourg au Port (jardins participatifs et
                                                                                                       Papier Nautilus Classic (100 % recyclé)
      bistrot écoresponsable) le samedi 28 août
      de 11h à 17h, puis au Festival Alternatiba
                                                                                                       Biovision est un partenaire officiel de la Direction
      Léman le samedi 4 septembre au Parc des          Sauvabelin à Lausanne pour le Marché
                                                                                                       du développement et de la coopération (DDC),
      Bastions à Genève, et enfin le dimanche          d’automne de ProSpecieRara. Au plaisir de       Département fédéral des affaires étrangères (DFAE).
      12 septembre de 9h à 17h au Parc de              vous rencontrer et d’échanger avec vous !       Les projets internationaux de Biovision sont
                                                                                                       soutenus financièrement par la DDC.

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Anna Schöpfer
                                                                                                                     Responsable du programme
                                                                                                                     Consommation responsable,
                                                                                                                                      Biovision

                                                                                                   « Plantez vos propres
                                                                                                   framboisiers ! »

Framboises : petits fruits                                                                         Les baies sont populaires et très saines.
                                                                                                   Mon conseil : si possible, cultivez vos
                                                                                                   propres framboisiers dans votre jardin ou

mais grand impact ?                                                                                sur votre balcon ! Hors saison, je recom-
                                                                                                   mande les framboises bio surgelées.

Leurs ventes ont progressé de plus d’un cinquième l’an dernier. Lesquelles
peut-on déguster sans trop d’impact environnemental et social ? Et quand ?
Par Maggie Haab et Anna Schöpfer, Biovision                                                             Faits et chiffres
                                                                                                       Plus de 2000 t de framboises
Les petits fruits sont parmi les cultures                                                                 produites en Suisse par an.
demandant le plus de main-d’œuvre. La                               Climat
framboise est exigeante en matière de                                                                 Les framboises suisses ne couvrent
                                                  Conditions
soins et nécessite des investissements           de vie satis-                                           même pas 1/3 de la
élevés. Il s’agit d’une activité risquée
                                                   faisantes                       Pollution
                                                                                                         demande nationale.
en Suisse, où les salaires sont élevés – et                                                            Les baies surgelées sont
c’est pourquoi les baies suisses conven-                                                                meilleures que les fruits
tionnelles ont un prix similaire à celui                                                             frais sur le plan des vitamines et des
des framboises biologiques espagnoles.                                                                     spores fongiques néfastes.
Les framboises bio helvétiques coûtent
environ 50 % plus cher.                                                                                 Les framboises contiennent de
                                                Impact social                     Consommation
                                                 et bien-être                     des ressources      précieux minéraux, acides
Sur le plan botanique, le framboisier est           animal
                                                                                                       de fruits et substances
une rosacée qui produit en Suisse de mi-                         Biodiversité                           végétales bénéfiques.
juin à fin septembre. Cependant, beau-                                                                Elles sont riches en vitamines,
coup veulent profiter de ce petit fruit toute       Framboises suisses                                calcium et acide folique.
l’année, ou au moins l’intégrer à leur menu         Framboises bio espagnoles
dès que les journées chaudes arrivent.          Plus la surface couverte par la forme est            L’Espagne, avec 17 808 t par an,
Dans le cadre de notre programme de             grande, plus le produit est durable.               est le plus gros producteur de
sensibilisation « CLEVER », nous avons                                                                   framboises d’Europe.
analysé à quel point les framboises suisses
conventionnelles sont durables pendant
la saison de mi-juin à fin septembre par        Les framboises bio espagnoles sont plus durables
rapport à l’alternative bio d’Espagne, au
                                                Le label Bourgeon bio garantit le respect          mineur sur l’environnement et le climat. Ce
prix similaire et disponible quatre mois
                                                de directives en matière de consommation           n’est qu’en matière de consommation de res-
plus tôt dès mars (voir diagramme en
                                                d’énergie, de conditions de travail et d’envi-     sources que la framboise espagnole a obte-
araignée).
                                                ronnement. Les baies espagnoles sont donc          nu des notes plus mauvaises en raison d’un
                                                mieux notées en matière de biodiversité et         climat plus sec (qui demande plus d’eau).
Info et calendrier saisonnier à télécharger :
                                                de pollution que les baies conventionnelles        Globalement, les framboises bio espagnoles
www.clever-consommerdurable.ch
                                                suisses. Les transports n’ont qu’un impact         ont moins d’impact environnemental.

                                                                                                                                                  11
Notamment parce que les plantes offrent un
                                                                                                   énorme potentiel inexploité pour nourrir le
                                                                                                   monde sans pesticide de synthèse ni OGM.

                                                                                                   Il y a une vingtaine d’années, Florianne
                                                                                                   Koechlin a découvert la méthode Push-Pull
                                                                                                   (répulsion-attraction des insectes) dans la
                                                                                                   revue « Nature ». Cette méthode de culture
                                                                                                   écologique, développée par le partenaire
                                                                                                   Biovision au Kenya, icipe, combat effica-
                                                                                                   cement les ravageurs du maïs en utilisant
                                                                                                   des parfums végétaux. Cette information l’a
                                                                                                   « électrisée », dit-elle.

                                                                                                   Avec Hans Herren à Nairobi
                                                                                                   Quelques années plus tard, elle a visité
                                                                                                   l’institut de recherche sur les insectes icipe,
                                                                                                   dirigé à l’époque par l’actuel président de
                                                                                                   Biovision Hans Rudolf Herren. Un lien qui
                                                                                                   s’est maintenu jusqu’à aujourd’hui. Florianne
                                                                                                   Koechlin lui consacre un chapitre entier dans

« La vie est un mystère »
                                                                                                   son tout dernier livre « Des sols qui sonnent
                                                                                                   et des plantes qui dansent » (en allemand,
                                                                                                   disponible sur le shop en ligne Biovision).
                                                                                                   Dans ces pages, Hans Herren rappelle à
Florianne Koechlin est biologiste, auteure et militante écologiste.                                quel point l’agroécologie s’est développée
Elle consacre deux chapitres de son dernier livre aux expos et aux                                 ces 20 dernières années et pourrait nourrir
projets de Biovision.                                                                              le monde aujourd’hui comme l’ont confirmé
                                                                                                   nombre d’expert·es.
Par Florian Blumer, rédacteur (texte et photo)
                                                                                                   La biologiste engagée est convaincue qu’une
                                                                                                   approche holistique est nécessaire pour
« Merveilleux, n’est-ce pas ? » Rayonnante,         activement entre eux, échangent des nutri-     transformer le système alimentaire – une
Florianne Koechlin nous montre un grand             ments et se défendent de façon ciblée contre   autre convergence avec Biovision. Pour son
figuier dans l’arrière-cour de sa petite mai-       les attaques de parasites.                     dernier livre, par exemple, elle s’est entre-
son ouvrière à Münchenstein (BL), où elle vit                                                      tenue avec l’artiste sonore et expert de
depuis 1986. « J’aime son allure archaïque,         Capturer l’essence des plantes                 l’environnement Marcus Maeder au sujet
la façon dont il porte ses fruits. C’est mon        en les peignant                                du projet « Sounding Soil » de Biovision. Ce
arbre préféré. »                                    Florianne Koechlin en est convaincue : « La    projet sensibilise à la protection des sols en
                                                    science ne pourra jamais les expliquer com-    les rendant présents grâce aux sons qu’ils
Depuis de nombreuses années, cette biolo-           plètement. » Elle reste souvent assise pour    émettent.
giste de 73 ans rencontre des chercheur·eu-         peindre dans la forêt pendant des heures :
ses, des philosophes, des paysan·nes et ra-         « Avec ma palette de couleurs et mon pin-      Même si nous ne comprendrons jamais
conte leurs expériences. Sept livres en sont        ceau à la main, je me sens plus proche des     vraiment qui sont au juste les plantes, les
sortis. « Que savons-nous sur la vie ? », se        plantes qu’avec les sciences naturelles. »     livres et les images de Florianne Koechlin
demande-t-elle. En tout cas, que les plantes                                                       nous rapprochent beaucoup de leur essence.
ne sont pas juste des « bio-machines » qui          Depuis les années 80, elle s’est engagée en
prélèvent l’eau du sol et le CO2 de l’air.          première ligne contre le génie génétique       En savoir plus sur Florianne Koechlin :
En lisant ses livres il semble évident que les      dans l’agriculture. Elle est persuadée qu’un   www.blauen-institut.ch
plantes sont des êtres qui communiquent             virage vers l’agroécologie est nécessaire.

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www.biovision.ch, www.facebook.com/biovision.francais                                Stiftung für ökologische Entwicklung
Pour vos dons : compte postal 87-193093-4                                          Foundation for ecological development
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