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INSTITUT GRAND-DUCAL Section des Sciences Morales et Politiques Paul KREMER ADIEU RENE ! Jean-Paul HARPES ... ET POURTANT . . . Edmond WAGNER CONNAISSANCE et EVIDENCE 1988
INSTITUT GRAND-DUCAL Section des Sciences Morales et Politiques Paul KREMER ADIEU RENE ! Jean-Paul HARPES . . . ET POURTANT . . . Edmond WAGNER CONNAISSANCE et EVIDENCE Séance du 25 mai 1987
Sommaire Avant-propos Paul KREMER, Adieu Rene: p 1 Jean-Paul HARPES, . . . et pourtant p 15 Edmond WAGNER, Connaissance et evidence p 28
AVANT - PROPOS Traditionnellement on nous presente Descartes comme le premier grand penseur moderne qui a deliberement rompu avec la philosophie scolastique et qui, taut comme scientifique que comme philosophe, a inaugure une ere nouvelle et originale de penser dont les fruits se prolongent jusqu'au 20e siecle. En effet, d'un e5te,Descartes, en quite de certitudes inaranlables, se sentait seduit par les mathematiques dont it devint un promoteur de choix et auxquelles it a emprunte sa methode. Les grandes contribu- tions cartesiennes concernent "la notation, la methode des coefficients indetermines, la facon d'abaisser le degre des equations, le probleme de Pappus, les lieux geometriques, les problemes relatifs aux tangentes et aux quadratures" (A. Rivaud). Son nom restera attaché a la gametrie analytique. De l'autre, it demeurait un partisan convaincu du mecanisme naissant auquel it tacha de donner un maximum d'envergure et d'unite, afin d'en faire un allie puissant de la vraie religion. Ensuite, Descartes s'oppose farouchement au sensualisme de la sco- lastique qui discredite selon lui la connaissance, compromet notamment la connaissance de Dieu et de lame et favorise l'atheisme. Voile pour- quoi ii s'efforce de substituer a cette philosophie vieillotte une metaphysique nouvelle capable de soutenir la vraie religion et de "fonder a la fois le spiritualisme et le mecanisme, d'accorder en pro- fondeur la ye-rite de la science et la verite de la foi" (R. Lefevre). Par son originalite, nous dit-on par consequent, Descartes est devenu un des grands maltres de la pensee moderne dont it proclame l'auto- nomie, qui nous apprend a proceder avec ordre et methode, qui nous impose la quite de l'evidence, fondement inebranlable de la verite, qui nous enseigne la rigueur des deductions, cascades d'evidences accessibles a la seule raison. De mime, ajoute-t-on, it a de nouveau appris aux philosopher a diriger d'abord leurs regards vers leur propre moi pour decouvrir,
dans les profondeurs de leur for interieur, les verites fondamentales a partir desquelles it descend du sujet spirituel vers le monde des objets concrets. Bref, it demeure un des pares de la methode reflexive si fertile en philosophie. Et ce meme Descartes, qui voit dans la mo- rale le couronnement de la sagesse, nous adresse l'avertissement si actuel de nous soucier constamment de l'accord de la connaissance et de l'action qui constituent une unite indissociable. Voila pourquoi Descartes apparait aux yeux de beaucoup comme un geant intangible, un rationnaliste presque surhumain qui a alimente des generations de penseurs, Mame ceux, ajoute-t-on parfois, qui sont devenus ses adversaires, mais qu'il depasse, voire qu'il declasse tous. D'autres,par contre,nous avertissent que l'originalite et la pro-eminence de Descartes sont moins prononcees que d'aucuns, surtout ses compatriotes francais, ne l'affirment. Mame en mathematiques it s'inspire, souligne-t-on, de trop pres de Cardan, de Stevin, de Girard, de Fermat, de Cavalieri. S'acharnant a deduire les bases de la mecanique de la metaphysique,i1 a rejete les atomes, le vide et etabli des lois du choc si manifestement erronees que l'erreur, acquise au mepris de l'experience, semble inexplicable. D'autre part, on lui reproche un doute exagere et arbitraire, une methode simpliste, un cogito "abstrait et desincarne", une separation radicale de l'esprit et de la matiere difficilement conciliable avec l'unite du vivant. On lui reproche encore l'abus de la veracite divine destinee a legitimer toute connaissance, donc aussi, en derniere analyse, les resultats scientifiques, son refus de separer metaphysique et science, bref la place angulaire qu'il accorde a Dieu qui demeure le veritable pivot de son systeme. On pourrait allonger la liste des remontrances. Mais, surtout, souligne-t-on, la pensee cartesienne est moins moderne qu'il ne paralt, car ses racines demeurent profondement ancrees dans la tradition. Deja Leibniz observe malcieusement que
Descartes utilise, sans les nommer, nombre de penseurs anterieurs: St. Anselme, St. Thomas, Francis Bacon dont les oeuvres presentent, selon A. Lalande, des analogies surprenantes avec les Regulae ad directionem ingenii. Etienne Gilson a meme avance la these que 1'essentiel de l'oeuvre philosophique de Descartes s'explique par la scolastique et les textes cites dans l'Index scolastico-cartesien souligneat bien l'etroite dependance de Descartes a l'egard de l'ecole et de sa theologie,dont les maitres lui ont enseigne (a la Fleche) les elements. Qu'en est-il donc au fond de l'originalite, du prestige, de l'in- fluence de la pensee cartesienne? Sans aucun doute, pour bien com- prendre un penseur, it faut le rattacher a son époque, it faut isoler ses racines, sans alterer ni son genie ni son message. Peut-titre avons-nous meme le droit de nous faire une autre image de Descartes et de sa pensee que le portrait traditionnel qu'on evoque depuis des generations. Mais quelle est alorsi 'importance veritable de Descartes pour la pensee occidentale? Voila le probleme important que traite notre confrere Paul Kremer, un membre particulierement actif de notre section. En effet, it a deja present-6, en l'espace de quelques annees, cinq communications dont chacune a retenu l'attention de l'assistance. Mais, comme ses idees ont suscite maintes repliques, je remercie vivement notre confrere Jean-Paul Harpes de se faire l'avocat de Descartes et de souligner vigoureusement dans sa reponse les merites et l'influence qu'il faut reconnaltre a la pensee cartesienne. Que ces pages soient aussi une medeste contribution de l'Institut Grand-Ducal aux journees Descartes de Luxembourg. E. Wagner president de la section
Paul KREMER Adieu Rene:
Wer kennt nicht den berahmten Satz aus Hegels Vorlesungen zur Geschichte der Philosophie, in welchem der Weltgeist, endlich bei Descartes angekommen,so wie Kolumbus, nach langer Irrfahrt auf dem Meer, ausruft: "Land in Sicht"! ? Er hat gewissermassen das Land der Wahrheit - siehe Kant 287 - erreicht, und den weiten, starmischen Ozean des Glaubens und Dafilrhaltens hinter sich gelassen, um in der neuen Welt des Selbstbewusstseins ein fundamentum inconcussum gefunden zu haben. Hegel spricht damit die Vulgata des Descartes-Verstandnisses aus, so wie es bis auf den heutigen Tag gilt: nach der langen Nacht des Mittelalters, wahrend der die Philosophie als ancilla theologiae vor- nehmlich die Aufgabe hatte,vorgegebene Glaubenssatze als Gedanken auszusprechen, sie miteinander zu verweben und dabei auf Unstimmig- keiten zu achten bzw. sie durch subtile Distinktionen als nichtbe- stehend auszuweisen, jedenfalls aber nie eigenstandiges Denken war, sondern immer nur bis an das Denken heranging und - im Hegelschen Wortspiel - sich eigentlich nur als Andacht kannte, trete ir Denken Descartes', das in der Selbstandigkeit, besser: der Selbst- tatigkeit des Denkenden Fuss fasse, die Philosophie wieder erst als wahre Philosophie d.h. als das freimaige Zwiegesprach der auf sich selbst gestellten "Seele" mit ihr selbst auf. Dies Verstandnis Descartes' als Philosophen wird seltsamerweise durch das bestarkt, was Descartes als Nicht-Philosoph war, namlich durch seine Leistungen auf dem Gebiet der Mathematik und der Physik Wohl behauptet er selbst, eine selbe Methode durchherrsche gleicher- massen seine philosophischen,mathematischen und physikalischen Schrif- ten, und strukturalistische Ueberlegungen haben uns Modernen wieder- holt, die verschiedenartigen Tatigkeiten eines Menschen, einer Sippe oder einer Welt, seien tiefgrUndig durch ein selbes Gewebe miteinander verflochten, doch ist diese Behauptung, sowie diese Theorie nicht einsichtiger als ihr Gegenteil, und es wird vielerorts
- 2 - kein Gebrauch von derartigen Zusammenhangen gemacht. Platos Ideen- lehre findet sehr wohl ausserhalb der urspriinglichen Verbindung mit Seelenwanderungsglauben Beachtung und zum Studium der Thomistik gehOrt nicht unbedingt, als struktureller Bestandteil, die biologi- sche Auffassung, dass sich Ungeziefer spontan aus Unrat bilde. Descartes' Stellung zu Anfang der Moderne graidet in seinem, wie es heisst, radikal neuen Denkansatz, dem allerseits bekannten: Cogito ergo sum, dessen Zustandekommen Descartes in einer seltsamen Mischung von intellektueller Autobiographie und Systemdenken ungefahr wie folgt, prasentiert hat: Er, Descartes, der sich wohl nicht fiir kluger,jedoch such nicht fur dimmer als andere halte, habe sich seit seiner Kindheit emsig mit Geschriebenem befasst, da man ihm eingeredet habe, man kOnne dadurch klare und sichere Erkenntnisse erwerben. Leider sei er enttauscht wor- den: voller Zweifel und Irrtilmer habe er die Schule verlassen, und an den Professoren soil es nicht gelegen haben. Er zahlt dann die wahren und vermeintlichen Vorzilge der verschiedenen Facher auf, wobei die Philosophie nicht gerade vornehm abschneidet: sie gebe einem die Mittel in die Hand, iiber alles und jedes so zu reden, dass es den Anschein der Wahrscheinlichkeit habe und das verleihe einem die Gelegenheit, sich von weniger Gebildeten bewundern zu lassen. Oder noch schlimmer: man kOnne sich nichts so Wunderliches und wenig Glaubwilrdiges einfallen lassen, ohne dass es bereits von einem Philo- sophen behauptet worden sei. Kurz, Descartes ficht die schulische Ueberlieferung der Philosophie in globo an. Gibt man sich jedoch die Mae, einmal nachzulesen, was es denn mit diesen vorgeblichen Wortschindereien auf sich habe, die den ungeduldigen jungen Mann so in Rage brachten, merkt man, dass es wohl die altehrwardigen Kompendien sind ,in denen die magistri fein sorg- faltig ihre Sentenzenkommentare zu Pergament brachten,wobei, muster- giltig, Satz flir Satz, These filr These, Argumente dafilr und dawider, nebst Angabe von Autor, Locus und Opus aufgereiht und durchdiskutiert wurden: eben schon mit wissenschaftlicher Akribie, oder wie's friher hiess, mit bedachtiger Bedachtsamkeit ; verstandlich ist es, dass
- 3 - es dem Fechter Descartes an die Nerven ging. Doch nicht nur das. Auf der Suche nach einer unerschaterlichen Grundlage alien Denkens, zweifelt Descartes systematisch die Glaub- wUrdigkeit der traditionnellen Erkenntnisvermiigen an, namlich der Sinneswahrnehmung und des Verstandes, weil sie, ebensowenig wie die philosophischen Schulen, die Maglichkeit des Irrtums nicht total aus- schlOssen. Wohl bemerkt er, dass sein Radikalismus im Alltagsleben nicht aufrechtzuhalten ware, da masse man sich notgedrungen mit Unge- fahrem zufrieden geben. In der Theorie jedoch, heisst es, gehe es ums Ganze, und wo auch nur ein Schimmer von Unsicherheit Ubrigbleibe, sei die fragliche Instanz - z.B. die Sinneswahrnehmung - pauschal zu verwerfen. Dass das sogenannte pralle Leben auch keine LOsung feilhabe, erhelle daraus, dass es wohl Leute gebe, die sich schlecht und recht durchs Leben schlagen und ihm sogar etwas abzugewinnen imstande seien, doch vermachten auch sie nicht zu sagen, was oder wie sie's anstellten. D.H. theoretisch sind sie dem unsicheren Zweifler um nichts voraus. Verblaffend mag nun scheinen, dass inmitten dieses libertriebenen - hyperbolischen -Zweifels,eine erste Sicherheit gefunden wird. Man weiss, worum es geht: ich zweifle, also denke ich. "Zweifeln" gehart zu den Tatigkeiten, die unter den Sammelbegriff "denken" fallen, und: ich denke, also bin ich. Dieser verblaffende Neubeginn ist allerdings so neu nicht. Nicht nur hatte es bereits dem Hl. Augustinus in De trinitate X,10,14 eingeleuchtet, dass man nicht die eigene Existenz bezweifeln kann, da man,um zu denken, also auch zu zweifeln, schon sein musse, sondern naher zu Descartes hatte der monachus blancus, Jean de Mirecourt, im 14.Jahrhundert, bei seiner Auflistung der Evidenz-Typen, die Selbstgewissheit des allseitigen Zweifelns festgehalten. Nebenbei durften wir bier auch erfahren, dass das sogleich zu erwagende Krite- rium fur sichere Kenntnisse, namlich die Evidenz, kein cartesiani- sches Hausmachererzeugnis ist, sondern auch schon langere Zeit uber im philosophischen Kleinhandel gefuhrt wurde.
-4- Es ware also eine erste Gewissheit erreicht, namlich die, dass das Ich, das denkt, 1st, oder, wie es schon bald ausgebaut wird, dass das Ich, das denkt, ein bestimmtes Etwas, d.h. eine Substanz ist, deren Wesen im Denken besteht. Damit ist zugleich festgehalten, dass das Denken eine von der KOrperlichkeit abgesonderte Substanz ausmacht und auch, dass der erkennende Zugang zur Seele,eben der jeweils denkenden Substanz, wegsamer ist als der, der zur KOrperlichkeit hinfaren soil und der gemeinhin fUr bequemer gilt. Weiterhin gibt lieser erste Satz ein Modell fUr alle zu findenden Satze ab, die in Zukunft fur sicher angesehen werden dUrfen sollen. Dass der Satz: "Ich denke, also bin ich" sicher sei, babe ich namlich an etwas, an einem Kriterium erkannt, das soeben implizit gehandhabt wurde. Wie lautet es? D.H. woran wurde die Sicherheit, das Sicher- Sein, das Cogito, erkannt? Daran dass, um zu denken, ich sein masse, und eingehender, dass eben dies klar und deutlich, eingesehen wird. Ehe wir weitergehen, sei kurz daran erinnert, dass das Neue, das man im Cogito gesehen haben will, darin liegen solle, dass far und seit Descartes der Grund des Denkens,,der Vorstellune - und was wird nicht alles vorgestellt? - um sinngemass mit Heidegger zu reden -eben das Subjekt, der zugrunde-liegende, seines bei allem verstehenden Vor- lch-IEntreiben - sowiederum Heidegger fur cocritationes coaqitationes gewisse Mensch ist, wahrend die Jahrhunderte zuvor hindurch das erste und letzte Griindende Gott war. Nun ist aber dies Ergebnis des lautstark verkUndeten, allum- fassenden Zweifels weder einsichtig noch eindeutig. Einsichtig ist es nicht, mal abgesehen davon,dass es trivial ist, eigens aufzustellen, dass "denken" "sein" impliziert, da "Sein" bekanntlich seit dem Mittelalter als Transzendentale allentwegen irgendwie schon mit dabei ist und sogar gewesen ist - einsichtig ist es nicht, also auch weder selbsttragendnoch selbstbegrUndend, denn, wenn wohl einerseits einleuchtet, dass es heissen kann: "Ich denke, also bin ich", leuchtet daneben ebenso ein, - dem Descartes ilbrigens nicht minder als uns
- 5 - andern - dass es zunachst Gott geben muss, der mich-denkenden hilt und mir erst erlaubt, mich im Cogito meiner selbst zu vergewissern. Deus vult me cogitantem esse,mUsste es lauten. Man darf also getrost sagen, dass das selbstherrliche Cogito und seine zunachst laut verkUndete Selbstgewissheit bei Descartes selbst, allen nachtraglichen interpretatorischen Vernunfteleien zum Trotz, statt im vollen Strahle des lumen naturale zu stehen, ins Zwielicht gerat. Wohl beansprucht es, allererster Anfang, namlich und namentlich fundamentum inconcussum zu sein, und gratis nebenbei ein Wahrheitskriterium abzugeben, doch schon bald wird der vollkommene Gott als Garant ebendieses Kriteriums hingestellt werden. Descartes retten zu wollen, indem man dekretiert, in der Reihe der Erkenntnisse gehe das Cogito dem Beweis der Existenz Gottes und der Kenntnis voraus, die wir von ihm haben, wahrena in der Reihe der Seiendheiten Gott, das summum ens, wir aber blosse GeschOpfe seien, heisst begriff- los vor sich herreden. Denn wer denkt denn da diese beiden Reihen und wie vergewissert er sich ihrer bzw. lasst er sich von anderwarts her Gewissheit zukommen? Hinzu kommt, dass Descartes zu Anfang der Dritten Meditation zeigt, dass er die Apo /.e wohl gesehen hat, jedoch nicht zu Ende denkt und flugs darUber hinweg huscht. Das nimmt sich wie folgt aus: Zunachst wird der Absolutheitsanspruch des Cogito und des darin eingewirkten Wahrheitskriteriums wiederholt. Dann wird auf die Allmacht Gottes reflektiert und ein Argument, welches im 11. Jahrhundert Petrus Damiani in seinem De divina omnipotentia gegen den Hl. Hierony- mus vorbringt, und welches bei Jean de Mirecourt im 14. Jahrhundert wieder auftauchte, aufgefart, dass namlich Gott Geschehenes ungesche- hen machen kOnnte. Descartes bejaht das Argument, insofern, wie er sagt, der Begriff von Gottes Allmacht "sich vor seinem Denken zeigt" 285. Allerdings verwirft er es, insofern er an die Evidenz. - Ubrigens sind "clare et distincte" auch bekannte mittelalterliche Formeln, die spatestens seit dem 13.Jahrhundert in der Fachsprache der Philosophie immer wieder auftreten - zurUckdenkt. Last er die hier sich erhebende Dialektik von "Gottes Allmacht" und "Vertrauen in die Evidenz"?
- 6 - Mitnichten. Er verhaspelt sich gar in einem weiteren Widerspruch, wenn er nunmehr den Zweifel, ob es nicht doch einen Gott geben Orme, der uns ab und zu necken, also betrUgen, m6ge, als "sehr leicht und sozusagen metaphysisch" abtut, er, der anfangs streng davor gewarnt hat, metaphysische Zweifel und bloss "moralische", sprich: vom gebunden Menschenverstand eingegebene, miteinander zu verwechseln. Sodann fragt sich: wer ist das Ich, das im Cogito steckt? Descartes antwortet: Auf keinen Fall ein Ich mit Geburtsdatum und -ort. Es ist wortwOrtlich ein fleisch-, auch geruchlos- und geschmackloses Ich, also eines, bei dem einem HOren und Sehen vergeht; es ist, wie die Engel, eine rein denkende Substanz. Fragt sich weiter, wer hinter diesem Denken steht, oder was mein von deinem Denken unterscheidet, oder, da hier vorerst jedermann, eigentlich: ich alleine, der einzige sein soll, dessen Existenz sicher heisse, wieso ich Bann doch so gut franzOsisch und nicht etwa, wie es beilaufig verachtlich anklingt, bretonisch, spreche. Fachgemasser ausgedrUckt, und mit diesem zweiten Einwand begonnen: Descartes sieht das Problem der Sprache nicht, schon gar nicht das ihrer Kategorialitat und ilberhaupt nicht das ihrer Historizitat. Man halte dem nicht entgegen, die Eigenmachtigkeit der gewachsenen Sprachen sei erst viel spater, etwa zur Zeit Franz Bopps, wahrgenommen worden, denn dass Einsicht an Sprache gebunden sei, und dass hinter den gesprochenen Umgangssprachen sich so etwas wie eine Gemeinsprache aller Menschen verberge, gewissermassen eine gemeinsame Tiefenstruktur, um in Chomskys Worten zu reden, und dass sich die Frage stellt, wie der zur Erkenntnis erwachende Mensch diese "Welt"- Sprache, die zugleich als Welt-Erkenntnis vorgestellt wurde, sozusagen anzapfepum ihrer teilhaftig zu werden und Erkenntnis zu erwerben, war spatestens seit Alkindi (9.Jahrhundert) und Ibn Sina, vulgo Avicenna (10.Jahrhundert) bekannt und hatte im Streit um den Statut des intellectus agens - eben dieser Kodex' aus der Tiefe plus entsprechen- dem Wissen - seit dem 13. Jahrhundert die geistigen und geistlichen Gemilter erschatert. Descartes konnte nicht nichts davon wissen, und wie zu vermuten, finden sich in seinemText Spuren, die belegen,
-7 - dass er de facto um diese Kontroverse wusste, namlich dann, wenn er versucht, eine Antwort auf die aus diesem Zusammenhang stammende Vexierfrage zu geben, ob man auch im Schlafe denke: Selbstverstandlich denke man im Schlafe, da man ja eine denkende Substanz sei - sowas hiess auch damals schon petitio principii - bloss vergesse man es zuweilen, wie der Mensch Uberhaupt ja ein vergessliches Wesen sei. Ein weiterer Einwand meint folgendes: ich, der Denkende, spezifi- ziert als der Vorstellende, Urteilende, Bejahende, Verneinende, Phantasierende, Wollende, Falende - die Aufzahlung entspricht mittelalterlichem Hang zum Summieren:-weiss gar sicher, dass ich bin. SchOn. Die andern, die da draussen in Mantel gehallt vorbeiziehen, den Hut in die Stirne gedruckt, sind vorlaufig noch keine und ich, der einsame, darf vorlibergehend vermuten, es seien bloss Science fiction-Roboter, unbeseelte Apparate, ja, vielleicht nur vorgegaukelte Zeichentrickfilmfiguren eines bOsen Genies - abrigens eines denkenden Ueberbleibsels aus manichaischer Vorstellungswelt. Allerdings werden diese Puppen in Balde ihre MenschenwUrde wiedererlangen: Gott, der wahrhaftige, dessen Existenz bis dahin erwiesen sein wird, steht dafilr ein. Und spatestens dann mSchte ich dock wissen, was mich, als Denkenden wohlverstanden, nicht als leibhaftige Erscheinung, von ihnen unterscheidet. Wird erst Leibniz auf diese Frage eine Antwort wissen? Kurz ervAhnt sei sie hier aufgefart: so wie ich die Welt spiegele, spiegelt sie sonst niemand, es widersprache der Klugheit Gottes, der anscheinend Occ airs denkOkonomisches Prinzip kennt und schatzt, zu unterstellen, er gebe zwei gleiche Ansichten der Dinge; Wiederholung langweilt den kleineren Logiker Leibniz nicht minder als den grOsseren, Gott. Was bleibt? - Nun, das, worum es Descartes eigentlich geht: die Seele, d.i. die jeweilige denkende Substanz, ist etwas ganz anderes als der Leib. Descartes weiss es mit Sicherheit, da er ohne weiteres denken zu kOnnen vorgibt, er sei ein Entleibter. Wenn er prioritar Seele ist, und Seele nichts mit Leib zu tun hat, dann, ja
- 8 - dann wird sie auch nicht von seinem dereinstigen Hinscheiden betroffen werden: sie darf sich unsterblich wahnen. Dieser Belang ist wesentlich bei Descartes. Ob die Beweisfahrung iiberzeuge oder nicht, mag dahingestellt bleiben. Sehen wir uns das Argument - ein einziges! - naher an. Es lautet: Ich kann mich ohne KOrper denken, also bin ich ein KOrperloses, also eine Seele. Zugrunde liegt der uralte Satz von Parmenides: Seiendes und Gedachtes sind eins, wobei der Uebergang vom"Logischen" i.e. Gedachten, zum Seienden, in der Philosophiegeschichte ebenso oft angechten als vertreten worden ist. Es soil nun an Descartes nicht geragt werden, dass er dieses Prinzip benutzt. Doch dass er kurz und bandig, und ohne weitere Diskussion, bloss auf diesem, einem Argument fussend, einen derartigen Begriffsrealismus verficht, trotz der riesigen Diskussionen, die seit dem 12. Jahrhundert daraber gefahrt wurden, nimmt sich schlechthin vermessen aus. Ein schlechtes Gewissen muss er dennoch dabei gehabt haben, denn still und leise greift er in seinen "Antworten auf Einwande" die jahrtausendalte Bestimmung der Seele auf, die Plato geleistet hat, welche ihr unabhangige Selbsttatigkeit zuspricht.Es ist bekannt, dass diese vorcelefte Fassung der Seele, die bereits Makrobiu.s (3:4. Jahr- hundert) und Chalkidius vertreten und die bis ins 13. Jahrhundert hinein und trotz Thcmismus, daraber hinweg durch das Wirken des Hl. Bonaventura weitergelebt hat, eine beruhigendere Lasung der Unsterblichkeitssehnsucht darstellte, als die von Aristoteles beein- flusste, die Seele und KOrper zu Funktionen einer Wirlichkeit macht, zu sog. Form und Materie, eine LOsung, die vom Hl. Thomas als wissenschaftliche aufgegriffen, die Loskoppelung von Erkenntnis und Glauben in Sachen immortalitas bedingte. Im Klartext: ist die Seele, gemass Plato, ein selbsttatiges Gebilde, ist vorweg nicht einzusehen, wieso dies Gebilde, welches wohl auf Zeit einen Leib als zeitliches Instrument zur Verfagung hat, durch den Hinfall dieses Leibes betroffen werden soil; Unsterblichkeit der Seele scheint
-9 - demnach begrifflich i.e. in der Sprache i.e. unserm Ureigensten angelegt. 1st die Seele aber bloss die Form, dessen Materie der KOrper ist, welche beide zusammen erst den Menschen ausmachen, droht der Tod des Menschen auch sie zu treffen und es bleibt nicht mehr einzusehen, sondern bestenfalls noch zu glauben, dass die Seele quasi wundersamer- weise d.h. ilber-natUrlicherweise, dennoch von Gott zu ewigem Leben hinUbergerettet werden mag. Wie gesagt, Descartes greift hinter den Hl.Thomas auf altere mittelalterliche Gedankenschichten zurUck und wen mag's dabei wunder- nehmen, wenn er dabei sogar die zu Zeiten der Patristik gelaufige Dreiteilung des Menschen neu aufgreift - wie viel spater Th.Lipps - und neben dem corpus ei2likx die ihn beseelende anima ✓% sauberlich von dem bloss denkenden spiritus ITrEup-ixtrennt? Verwehrt soll's ihm nicht sein, nur: modern , dUrfte es doch nicht genannt werden. Der Preis - wenn man so will - fur diesen Beweis der Unsterblichkeit ist hoch, wenigstens an Einbusse von Begriffskraft. Descartes verstarkt den Leib-Seele-Dualismus und fart ihn in eine begriffliche SackgasseAuch wenn er's nicht einzusehen vorgibt. Denn sind einmal Seele und Leib als zwei getrennte Substanzen festgelegt, die iibers Kreuz durch entgegengesetzte Begriffspaare bestimmt werden (bewusst und nicht ausgedehnt gegenilber unbewusst und ausgedehnt), fart kein Weg mehr von der einen zur andern und zuriick. Damit wird die er- oder gelebte - allerdings nicht allentwegen hingenommene - Wechseleinwirkung vom Psychischen aufs Somatische unbegreiflich und Descartes' verzweifelter Versuch, es anhand der "Lebensgeister",aller Logik zum Trotz, durchzusetzen, scheitert, wie es schon Spinoza ausgesprochen hat. Spatestens bier bleibt eine wichtige Ueberlegung anzustellen, die zeigen soil, wie Descartes vielleicht nicht der umwalzend tiefe Erneuerer im Denken war, wohl aber ein tiichtiger Wissenschaftler, Mathematiker und Marketing-Spezialist in Sachen Philosophie. Denn sein Versuch, physiologisch verstandlich zu machen, wie vom
- 10 - Gehirn und dortigen DrUsen aus allseitig Impulse an die entferntesten KOrperotellen weitergcicitet werden, mutet cchr fortochrittlich und modern an. Philosophisch gesprochen taugt er, wie gesagt, gar nichts. Die Lehre, die sich daraus ziehen liesse ware, im Sinne Pappets,die, dass seine brUchige metaphysische Zwei-Substanzentheorie naturwissen- schaftlich irrelevant, also nicht mal hinderlich, sondern einfach UberflUssig ist. Descartes' vermutliche Leistung auf dem Gebiet der Physiologie - wieweit sie damals neu war, vermag ich nicht einzu- schatzen - besteht unabhangig von seinen, in den eigenen Augen doch wohl massgeblichen metaphysischen GedankengerUsten. Was blieb? Descartes als Wissenschaftler wurde, zurecht, ernst genommen. Falsch- lich glaubte man (ihm), seine wissenschaftlichen Ansichten grUndeten auf seiner filr neu ausgegebenen Metaphysik und so befliss man sich, sie sich anzueignen und sah sich berechtigt,gleichzeitig die vorherige geschmahte spatmittelalterliche Tradition zu verstossen, wobei man Ubersah, dass erstens Descartes' Philosophie ein Patchwork ist, das alte Flicken buntscheckig neu zusammenschneidert, wobei das Neumodi- sche daran, namlich der absolute Ansatz ins Selbst des Cogitierenden, nur durch eine gewollte Verdlinnung der zu sichtenden Problemzusammen- hange zustande kommen konnte. Das Beispiel von Husserl, des letzten Descartesianerspoll es erlautern. Husserl, angeblich strenger noch als der Cartesius, fordert ein radikales Aufheben des naiven Glaubens an die Existenz der Dinge um uns und sogar in uns. Alles will der Mann vorlaufig-definitiv zwischen Klammern setzen und sich dann einmal dranmachen, auf 40.000 Seiten fein sauberlich zu beschreiben, was wir vermeinen, nein : vermeinten , dass daallessei und ablaufe. Und wie tut er dies? Nun, anhand einer Sprache. Na, und? Anhand des feingliedrigen, feinnervigen, nuancenreichen Deutschs des Ende des 19.Jahrhunderts, das Generationen von Frilh-, Hoch- und Spatromantikern zu einem Organon - sic! - ohnegleichen ausgefeilt hatten. Dass ohne diese Sprache, ohne die Gedankensplitter, -stiicke und -bruchstUcke, ohne die von ihr aufgesogenen Metaphern und aufgenommenen Metonymien diese Beschreibung nicht hatte geleistetwerden klinnen, darauf, auf dieses gewaltige Praerequisitum, auf diesen ebenbUrtigen Nachfolger des
intellectus agens, reflektiert Husserl in unserem Jahrhundert ebenso wenig wie Descartes es vor 350 Jahren tat. Indessen bleibt Descartes nicht beim cogito stehen. Es geht ihm ja darum, eine letzte, endgUltige Sicherheit fUr ein spater aufzubauendes, wissenschaftliches System zu finden, dessen Interes se keineswegs rein theoretisch, snndern hOchst praktisch gesehen wird. Descartes mOchte das menschliche Leben zum Bessern abander n: Krankheit und Altern den Kampf angesagt,sowie die Idee gefasst zu haben, durch Apparate das alltagliche Leben weniger maselig zu gestalten, soll ihm hoch angerechnet werden, auch wenn sich bezweifeln lasst, ob sein Denkweg dazu erwUnscht oder Uberhaupt nutzbringend war. Die Ideen selbst finden sich bereits in Bacons Neuer Atlantis. Sicherheit wird also fUr Sinneswahrnehmung verlangt. Nun wissen wir, dass Sinne nicht unbedingt verlasslich sind, also theoret isch gesprochen, es Uberhaupt nicht sind. Ihre wenigstens globale Verlasslichkeit ist jedoch vonaten, wenn Naturwissenschaft getrieb en werden soll und da, auf dem Standpunkt des Cogito angelangt, ausser dem denkenden Ich mitsamt seinen Vermeintheiten nicht4 sicher ist, sieht sich Descartes dazu getrieben, ein Mittel zu finden, die Sinneswahrnehmung theoretisch abzusichern. Dies Mittel ist fUr ihn Gott. Ist namlich erst mal bewiesen, dass es den lieben Gott gibt - jawohl: den lieben d.h. einen Gott, der in seiner Vollkommenheit so zufrieden mit sich und den Dingen sein kann, dass nichts ihn ver- anlassen kOnnte, uns schwache Menschenkinder tauschen zu wollen - welch seltsame Psychologie Gottes!-dann kann den Sinnen, wie auch dem Verstand, im grossen Ganzen vertraut werden. Gott ist der Garant der Dingwahrnehmung. Eine atheistische Erkenntnislehre kann es fUr Descartes nicht geben. Wiederum fragt sich, ob sich der Aufwand lohnt, namlich die Existenz Gottes beweisen zu miissen, um beruhigt glauben zu dUrfen, die Sterne am Himmel oder die Berge am Horizont seien wirklich und nicht Wahnvor - stellungen. Damit sei nichts gegen Gott und seine Existenz gesagt. Eher hatte Er Grund, sich darUber zu beklagen, nunmehr dafUr her-
- 12 - halten zu milssen, dass Descartes sich fortan sicher wah en drirfe, tatsachlich einen runden bzw. einen viereckigen Turm in der Ferne zu sichten, und nicht mehr zu fUrchten brauche, einem ilbermachtigen Possenreisser, einer Art Doktor No, in die Fange geraten zu sein, der seine Freude daran - der base Wicht! - und wohl auch die beacht- lichen Mittel dazu habe, ihn, Descartes, den misstrauischen Franzosen, hinters lumen naturale zu faren. Dieser Umweg, den sich beispielsweise Locke erspart hat,der, in der langen Tradition englischer Empirikerstehend, erklart, wir falten nun eben einmal, wann eine sinnliche Vorstellung auf die Prasenz eines auf uns einwirkenden Gegenstandes zurUckgehe und wann wir sie, vermeintliche, uns bloss einbildeten, so wie sicherlich auf die Dauer-GeistesgestOrte bei Locke wie Ubrigens auch bei Descartes ausgenommen - niemand einen tatsachlich verspeisten Leckerbissen mit einem in Gedanken zu sich genommenen verwechseln wird, dieser Umweg also ist umso bedauerlicher und eigentlich auch, wenn man so sagen darf, unsinniger, als der Gottesbeweis bei Descartes eine Panoplie nicht hinterfragter,also unangezweifelt hingenommener Argumentationsstrukturen Ubernimmt, die allesamt aus dem Mittel- alter herstammen. Nochmals: nichts gegen das Mittelalter! Doch vergessen wir nicht - Descartes wird als der Neuerer angepriesen, der ihm, dem Mittelalter, den RUcken gekehrt und die kalte Schulter gezeigt habe,i und dock greift er, wo es Ernst mit dem Weiterschreiten im philosophischen Diskurs wird, massiv auf das alte Begriffs- repertoire zurUck. Das sieht dann so aus. Ich, der Zweifler, bin mir meiner Unvollkommenheit bewusst, denn heisst "zweifeln" nicht, wissen, dass man nicht weiss, oh man weiss, und strebt man dabei nicht danach, mehr zu wissen als man eben weiss? Nun kann ich mich aber bloss dann fur unvoll- kommen einschatzen, wenn ich mich mit jemandem,oder mit oder an etwas messe, das vollkommener ist als ich, ja, der ganz und gar vollkommen ist. Frage: Woher kommt mir der Gedanke dieses Voll- kommenen? Antwort: sicherlich nicht von mir, denn wie kOnnte etwas, das ein Weniger ist, ein Etwas, das ein Mehr, ja das Meiste ist,
- 13 - von sich her zustande bringen? Das ware - mein Vergleich - gleichsam als produziere ein Spiegel Spiegelbilder von mehr Helligkeit als ihm, dem Spiegel, von Haus aus eigne. Also kann der Gedanke Gottes bloss vom wirklich existierenden Gott in mich gelegt worden sein. Das ist Platonismus christlicher Pragung. Es soil hier nicht der Ort sein, sichzunftgerechtmit Descartes' Gottesbeweis alteinanderzusetzen. Es genilge, darauf hinzuweisen, wie sehr doch bei dieser wackeligen Argumentation einerseits ein Uberliefertes, philosophisches Vokabular gebraucht wird, wenn beispielsweise auf den Satz zurUckgegriffen wird, die objektive Realitat, sprich: die Helligkeit der Spiegelung iiiirfe die formale Realitat , sprich: die Helligkeit des Wiedergespiegelten, insofern es ausserhalbdes Spiegels an sich besteht, nicht Ubertreffen, ande- rerseits naive Wunschvorstellungen in reale Vollkommenheiten, die Gott, definiert als Ausbund aller Voilkommenheiten, besitzen solle, umgemUnzt werden, wenn schlicht behauptet wird, Gott sei weder wankelmaig noch traurig, da er, Descartes, dieser Verdriesslich- keiten doch recht gerne enthoben ware. Der Beweis der Existenz Gottes ist zentral im Denken Descartes'. Er kann weder einfach als schmakendes Beiwerk, noch auch als Zugestandnis an misswillige, Offentliche Instanzen verstanden werden, vor denen Descartes ja zeitlebens eine heilige Scheu an den Tag legte, er, der sich mit Recht, sieht man auf die damaligen Umstande, wie sie sich brennend heiss in Fallen wie Giordano Bruno ausserten, davor in Acht nahm,den Offentlichen Vordenkern zu nahe zu treten, so dass er sein nachmals so hochgelobtes, quasi unfehlbares Wahrheits- kriterium notfalls flugs aufzugeben bereit war und freimiltig zugab, wie sehr ihm etwas auch einleuchte, sei er doch unverzuglich bereit, zu widerrufen und sogar sich diesen Widerruf eigenhandig nachtraglich far verniinftig einzureden - dieser Zynismus macht ihn abrigens sympathisch - Zugestandnis also, das man zur Not, ohne grasseren Schaden fUrs Ganze, streichen kgnnte, da Descartes immer wieder betont, es gehe ihm um endgaltige Absicherung und die sei ohne Gott
- 14 - nicht zu bewerkstelligen, auch wenn er nicht bestreitet, dass man im Alltagsleben eine "moralische", wir warden wohl sagen: praktisch genagende Sicherheit babe, dass die Welt um uns fasslichen Be stand habe. Weshalb hat er sich nicht mit dieser "praktischen" Sicherheit abgefunden? Und: hat die theoretische tatsachlich das geleistet, was er sich davon versprochen hatte? Folgende Zusammenfassung mag eine Antwort darauf erahnen lassen. Es ging Descartes in seinem Philosophieren wohl um zwei oder drei Dinge: durch Vorantreiben der Wissenschaft die "condition humaine" zu verbessern, und die Wissenschaft sollte auf soliden Beinen stehen. sich das Tor zum Himmel offenzuhalten und schliesslich ungeschoren weiterzuleben. Sein Misstrauen, wiewohl begrUndet, hat ihm dabei einen Baren- dienst erwiesen: wohl ist es ihm gelungen, friedlich an einer LungenentzUndung, nicht an einer Ent-zUndung schlechthin, zu sterben. - Punkt 3 - erledigt. Er hat sich auch das Tor zum Himmel offengehalten. - Punkt 2 - erledigt. Die Wissenschaft hat er auch vorangetrieben. Seine Leistungen als Mathematiker und Physiker seien nicht geschmalert. Wohl hat er theoretisch-philosophisch danebengehauen. Er hat zuviel beweisen wollen, namlich endgatige Sicherheit vor wissen- schaftlichen Satzen. Das ist ihr teuer zu stehen gekommen. 1. eine Erkenntnislehre, die ohne Gott nicht auskommti einen Gott, dessen Existenzbeweis nicht aberzeugte, schon damals nicht.
- 15 - Eine Zwei-Substanzenlehre, die das leidige Seele-KBrper- Vexierproblem im Denken weiterschleppt, alien damaligen Ansatzen zur Ueberwindung davon zum Trotz. Nebenbei bemerkt, verwandelt der herzlose Descartes den schnurrenden Kater und schwanzwedelnden KOter, aller nachmaliger Phanomenologie zum Hohn, zu mechanischen, seelenlosen Puppen. Steht da nicht schon der unheimliche Begriff von Menschenmaterial im Wartesaal des Denkens? einen Ansatz, das Cogito, das fur sich genommen steril ist, auch wenn philosophisches Marketing spater in dessen Namen den Kampf gegen sogenannte selbstverschuldete Unmiindigkeit aufnehmen zu kOnnen vermeinte, ein Cogito, das spatestens bei Aufkommen der Linguistik fur haltlos ausgewiesen, doch schon bei Locke entbehr- lich ist, bei Locke, der moderner, versprechender, auch ungequalter als Descartes, von vornehereindarauf eingestellt war, dass alles Wissen immer bloss vorlaufig definitiv ist und es nicht gilt, Probleme ein fur allemal lOsen zu w011en, sondern wie es Graf Taaffe,keine Literaturgestalt ,sondern Fleisch und Blut aus dem weisen Kakanien, traditionsumwittert und Gott behilt: kein Neuerer, ausgesprochen hat: weiterzuwursteln.
Jean-Paul HARPES . . . et pourtant
- 16 - J'ai beaucoup aime l'expose brillcument destructeur et provocant de Paul Kremer. Sur plus d'un point, je suis parfaitement d'accord avec lui. Ctmment ignorer,apres Gilson (entre autres),la survivance - parfois manifeste, souvent souterraine - de la tradition philoscphique medievale dans la pensee de Descartes? Les preuves cartesiennes de 1' existence de Dieu, en particulier - qui d' entre nous n'a pas tente de le faire eurprendre a ses eleves? - supposent tout un arse- nal , non explicit-6 de principes metaphysiaues traditionnels. Au point que l'ex- plication, en classe, de telle de ces preuves peut prendre l'allure dune recon- struction ardheologique. Je suis d'accord, egalement, avec Paul Krener pour reconnoitre les faiblesses, manifestes, de certain cotes de la metaphysique cartesienne. La substantialite de l'ego est dcgmatiquement affirmee. Le critere de la clarte et de la distinction - sur lequel s'appule largement l'argumentation de Descartes - est introduit dune maniere plutat desinvolte, tent dans les Meditations que dans le Discours. Et dans les ouvrages ulterieurs nous n'en apprenons guere plus. Les preuves de l'existence de Dieu reposent sur des presupposes, non discutes, qui ne resisteraient guere au doute hyperbolique. La validation de l'evidence notionnelle est, par ailleurs, je crois, reellement circulaire. Du moins le soup- con qu'elle l'est n'est-il guere leve par les tentatives classiques de reconstruc- tion, souvent subtiles, mais toujours artificielles. Abstraction faite de sa presumee circularite, la reference a la garantie divine est en elle-meme peu satisfaisante. La preuve de l'existence du monde materiel Pest encore moins. La distinction reelle du corps et de l'esprit nest pas etablie de maniere con- cluante. La reduction de la matiere a la seule etendue est intenable. Je reconnais volontiers, aussi, que certaines impulsions, donnees par Descartes a la philosophie de son epcque - que j'evoquerai plus loin - furent malencontreuses, a la longue, et conduisirent la pensee europeenne dans des im- passes. Neanmoins, je ne suis pas d'accord avec le jugement global port-6 par Paul Kre«er sur l'oriainalite et l'importance - tres reduites a son avis -de la philosophie cartesienne. Je suis convaincu que - meme si, dans l'enseMble, le systeme metaphysique de Descartes est decevant, mane si la physique cartesienne a echoue - Descartes etait un novateur influent, que certaines, au moins, des impulsions qui procedaient de lui etalent fertiles. Je suis d'avis, par ailleurs, que certaines critiques, formuldes par notre collegue, ne sont que tees partielle- ment justifiees.
-17- Je voudrais developper quelque peu ces trois points. 1. Descartes novateur La pensee novatrice ne se developpe que tres rarement - ou ne se developpe jamais? - en vas,. clos. Les grandes innovations se preparent, commune- ment du moins, d'assez longue main. Les novateurs ne disent rien, le plus sou- vent, qui n'ait déjà - d'une maniere ou d'une autre - ete suggere ou entrevu avant eux. Its ramassent, souvent, en une ou plusieurs unites originales des elements qui n'ont rien d'absolument inedit. D'un autre cote, cette unite originale - ou ces unites originales- peuvent, fort bien, n'etre que des elements d'une totalite plus large, systemati- quement agencee. Il se peut parfaitement que cette totalite - ce systeme - se re-- vele Clecevant et que, neanmoins, les elements novateurs exercent une influence considerable. Tel seMble avoir ete le cas pour Descartes. Pour autant qu'elle presente l'aspect d'un systeme - qu'elle coincide avec un agencement systematique de theses philosophiques, connect6Pc selon un ordre de raisons Mani - la philo- sophie de Descartes ne s'est pas imposee. Neanmoins certain elements en furent novateurs et ties influents. Les seuls elements d'une philosophie ne sont pas, it est vrai, les theses et enchainements de theses. Les elements en peuvent coinci- der avec un point de depart, l'introduction de nouveaux presupposes, un projet philoscphique, une methode. Les cotes novateurs de la philosophie de Descartes fu- rent de ce type. Its furent eux-metes complexes. Its cornpartaient des elements qui n'avaient rien d'inedit. Mais par leur agencement, par la signification nou- velle et la par-tee que Descartes leur confere, ils furent revolutionnaires. Nous insisterons quelque peu sur ce point. (1.1.) Descartes fournit a la philosophie un point de depart revolutionnaire. (1.2.) Il legue a ses successeurs un faisceau de auasi-axiames - enveloppes, pour la plupart, dans 1' interpretation immediate, suggeree plutot qu'explicitee,de ce point de depart. Certains d'entre eux auront une influence prodigieuse. (1.3.) Dans son point de depart et dans le choix de ses axiames, rlusieurs orien- tations philosophiques possibles sont inscrites qui seronttoutes exploitees par la suite. (1.4.) Par ailleurs, en faisant de la conscience autoreflexive le point de depart de la philosophie, Descartes inaugure une nouvelle philosophie de l'homme. (1.5.) Il elabore un projet philosophique nouveau, une methode originale (pour autant qu'on la situe dans le contexte de ce projet). I1 legue aux scien- ces de la nature mathematisees une ontologie nouvelle, imparfaite mais perfectible;
-18 - qui constitue un ferment de progres. Bien qu'il soit attaché a un ideal intenable, excessivement speculatif, de l'explication scientifique, it decrit, d'une maniere curieusement modern, les principes d'une methodologie scientifique qui s'impose- ra. Par ailleurs (1.o.), l'ensemble des elements novateurs s'inscrit dans un pro- jet philosophicue antitraditionnaliste qui correspond a un besoin reel. Partons de la. 1.o. Le rejet de la tradition Depuis la Renaissance italienne, la philosophie se demarquait, un peu partout, de la tradition medievale. La recherche d'une autonanie nouvelle, la mise en question des anciennes autorites, des methodes classiques, de certains princi- pes longtemps indiscutes correspondait a un besoin qui se generalisait. Descartes sut, au moment qu'il fallait - plus nettement et plus suggestivement que d'au- tres - se demarquer de la tradition et inscrire, dans son programme, la recherche d'un point de depart et d'une methode mieux assures. I1 devint ainsi le porte- parole - ou l'un des porte-parole-d'un mouvement antitraditionnaliste qui etait en train de se constituer. 1.1. Le point de depart revolutionnaire Le point de depart cartesien coincide, on le sait, avec Papprehen- sion - dans une certitude immediate, par la conscience autoreflexive - de son propre role fondateur. La conscience autoreflexive sera desormais - et pour bien longtemps - en philosophie, la mesure de toutes choses. Toute certitude sera re- tracee a la certitude originaire eprouvee par la conscience dans l'apprehension d'elle-men (c'est-a-dire de l'unite conscientielle enveloppante et des modes de Petre - conscient) ainsi que de ses objets immediats, immanents. Toute realite sera examinee dans la mesure oil elle est, immediatment ou mediatement, enve- loppee par la conscience. Le cogito se trouvait, sans doute, déjà rhez Saint Augustin (come Arnauld le fit remarquer a Descartes) et chez certains auteurs medievaux. Mais it prend, chez Descartes, une valeur nouvelle. Dans la tradition hedievale, la theorie s'inscrit - sur un arriere-fond theolcgique - dans une theorie gene- rale de Fare. Dans la philosophie cartesienne et postcartesienne, la theorie du reel est suspendue a Pautoeclaircissement de la conscience reflexive. 1.2. Les quasi-axiomes L' interpretation immediate - suggeree, souvent, plutot qu'explicitee per Descartes - de son point de depart enveloppe plusieurs quasi-axiomes. Aucun d'entre eux, peut-etre, nest absolument neuf, mais leur canbinaison constitue
- 19 - une figure de pensee qui caracterisera, largement, la philosophie des siecles sui- vants. Axiome 1: Tbute certitude repose sur - et exploite - la certitude originaire de l'autoapprehension de la conscience reflexive. Axlcme 2: La conscience autoreflexime est - pour une premiere approche du mains - enfermee dans la sphere de sa propre immanence. Axiome 2.1. Certains modes de conscience (les ideas) ont un contenu representa- tif. Certaines idees se presentent immediatemnt came presentations d'une reali- te transcendante. Mais dans la mesure, precisement, oQ elles sont des modes (immanents) de la sphere de 1'ego, rien n'exclut, en principe, que les lea-lit& transcendantes n'existent pas. En raison des axicmes A 2 et A 2.1., le point de depart cartesien presente un cote paradoxal. La transcendance est presente dans la sphere d'immanence, mais n'y est presente que dans et par des modes immanents. Le solipsiste n'est pas exclu. D'un autre cote, cependant, 1'hypothese solipsiste se presente inmediatement came insatisfaisante et A depasser. D'apres certains canmentateurs, elle est immediatement depassee , la transcendance divine etant reellement presente dans l'irrmanence de 1'ego. Mais cela, precisement, Descartes ne le dit pas d'une maniere explicite et tout l'appareil des preuves notionnelles de l'existence de Dieu seMble l'exclure. Les trois premiers axis es sont cumpletes par deux autres (au moins) qui gouvernaient, déjA, les Regulae. Axiane 3.1. La conception distincte de tout objet de pensee complexe se fait A l'aide d'un fonds de notions originaires (irreductibles et inabandonnables), simples, et de lois de pensee, transcendantes (en principe) A la pensee indivi- duelle, mais virtuellement presentes A chacun. Axiome 3.2. A partir des notions originaires, simples (ataniques), toutes nos con- naissances sont reconstructibles par des operations definies. Ce faisceau de (quasi)-axiomes aura sur la philosophie des siecles suivants une influence qui ne peut guere etre surestimee. Tous les successeurs de Descartes n'en adoptent pas, bier entendu, la totalite. Al, A2 et A 2.2. ainsi que A 3.2. sont,cependant, assez communement recus mais subirent des interpretations tres variables. 1.3. Plusieurs orientations philosophiques possibles sont inscrites dans la philosophie de la conscience cartesienne. Elles seront toutes exploitees par la suite. D'un cote, l'attention peut se porter sur l'identite (ponctuelle)
- 20 - de la conscience avec elle-meme, en tant qu'elle est le presuppose de toute con- science de quelque chose. Si on admet,en plus, que toute unite de l'objet de con- science est tributaire de l'unite originaire de la conscience et des modes selon lesquels se fait la synthese conscientielle - it y a chez Descartes, nous le verrons, des suggestions allant dans ce sens - nous satires sur la voie qui Irene A Kant et aux idealistes post-kantiens. D'un autre cote, l'attention peut se porter sur les contenus de conscience immanents. Si ces contenus sont consider& came donnes psychiques - decomposables en dorm& atamiques - et si, par ailleurs, les operations qui s'y exercent sont interpretees came &tent des operations enpiriquement assignables, nous suivrons la voie empiriste, adopt& par Locke et Hume. On sait l'influence que, directement ou indirectement, Descartes exerca sur Locke. 1.3.2. Confronts a l'immanence des presentations du monde, Descartes envisage - dans un passage bien connu des Meditations - trois hypotheses. Ou bien ces pre- sentations ont leur source dans la conscience. Dans cette hypothese, rejetee par Descartes, la conscience enveloppe la totalite du reel (du reel fini pour le mins). Ou bien les presentations d'objets piaeient immediatement de Dieu. Ou bien elles ont des causes absolues externes. Descartes ecarte, on le sait, par des arguments assez faibles, les deux premieres hypotheses. Il est frappant, toutefois, de voir que les trois hypotheses sont developpees par certain de ses successeurs dont plus d'un se refere, d'ailleurs, au passage des Meditations. Descartes entrevit, pour le moins,selon quelles orientations pourrait se deve- lopper la philosophie nouvelle dont il avait fixe le point de depart. 1.4. L'anthropologie cartesienne En faisant de la conscience autoreflexive - et de ses paradoxes - le point de depart de la philosophie, Descartes inaugure une nouvelle philosophie de l'hamme. Dans la philosophiel - ievale, tout etait centre sur Dieu. Dans la philosophie cartesienne, tout sera, du moires au depart, centre sur l'ego autore- flexif. La philosophie aura, en tout premier lieu, desormais, pour objet l'éclair- cissement de la paradoxale condition de l'ego. Celui-ci enveloppe le monde qui l'enveloppe. Sphere d'immanence, it renvoie a une transcendance qui le soutient dans l'etre. Eprouvant son unite avec le corps, il concoit celui-ci came &tent tout autre. 11 eprouve sa radicale liberte de choix et la fait coincider, a son degre supreme, avec la necessitation du bien.
Hume, dont le point de depart est enveloppe, a certains egards, dans le point de depart cartesien juge que toute philosophie doit, desormais, porter sur la nature humaine. 1.5. La methode Les regles, proprement dites, de la methode cartesienne n'ont rien de tres original. Elles s'inscrivent, cependant, dans une reflexion globale sur les conditions d'une recherche systematique de la verite. Or cette reflexion, dans son articulation fort ccmplexe, est originale et fut influente. 1.5.1. Elle part de la tres vigoureuse tentative de mettre en question toute certiturIP rationnelle autant que prerationnelle, susceptible, d'une maniere ou d'une autre, d'etre revoquee en doute. Et cela, en vue de decouvrir, si possi- ble, un fondement ahsolument indiscutable, sur lequel la connaissance puisse etre reconstruite. Cette tentative - si vous me permettez une formulation quel- que peu recherchee - reussit, echoua et reussit encore. Elle reussit dans la me- sure oil Descartes aboutit a une assise solide: la conscience autoreflexive, fon- datrice. Elle echoua, pour autant qu'il ne parvint pas, reellement, a faire repo- ser la connaissance sur ce fondement. I1 s'eloigna de celui-ci et tents de valider la connaissance objective - dans un detour theologique douteux - par reference a une instance externe. Elle reussit, tout de ii&tee, virtuellement, dans la mesure ou, en tentant de legitimer la connaissance, il mit en lumiere, plus ou moins in- diIeotement, ce a quoi it aurait pu, a certains egards, s'arreter: un ensemble de conditions innanentes, non justifiables definitivement, come il le croyait, mais inabandonnables dans certaines limites, de la connaissance objective. Insistons quelque peu sur deux points: la courage19P Else en question de toute autorite, de tout critere d'evidence, de tout bagage notionnel traditionnel - la ferme volonte de sourrettre a une critique rigoureuse la nature et la portee des facultes cognitives humaines, de n'adopts.r de point de depart qu'absolument solide, de ne suivre de methode que rigoureusement certain - fit ecole. Le point de depart adopte fut toujours - ou presque toujours - lie desormais (on l'a vu), dune maniere ou d'une autrela l'exploration de la con- science autoreflexive fondatrice. L'approche critique, cartesienne, a l'egard des facultes de connaissance humaines, fut commune des lors. La volonte, peu consciente d'elle meme, peut-titre, mais de prendre appui sur les conditions et presupposes de tout discours cognitif objectif, fit ecole a son tour. La philosophie de Spinoza et celle de Leibniz,
- 22 - en particulier, n'eussent guere ete possibles sans Descartes. La tentative leib- nizienne, en particulier, de mettre en lumiere les premisses oublides de la con- naissance se concoit difficilement sans reference a Descartes. 1.5.2. Le projet rationaliste cartesien exploite ce point de depart. Le rationaliste cartesien est, souvent, mal compris. On s'ima- gine, assez couramment, que Descartes pretend reconstruire le reel, sans aucun recours a l'experience, a partir d'idees et de principes innes. Cette presenta- tion, excessivement simplifies, est, largement, caricaturale. Sans doute, cer- taines idees, virtuellement innees, ne doivent-elles rien a l'experience externe. Elles sont obtenues - telles l'idee de pensee et l'idee de Dieu - par une explici- tation des seuls modes d'être et contenus inme:diats de la conscience autore - flexive. Sans doute , l'experience externe est-elle devalorisee a certain egards. Les presentations innexhates du monde, dans leur concretude sensible, sont, juge Descartes, confuses et ne fournissent pas de connaissance. En raison de leur con- crettrie sensible, precisement - celle-ci est, en effet, relative a la structure de nos organes recepteurs - elles occultent plutot les caracteristiques des reali- es intraimmdaines qu'elles ne les devoilent. Neanmoins, l'elaboration des idees distinctes d'objets intramondains suppose l'experience externe. Une inspection critique de l'esprit - qui ne retient, des presentations d'cbjets, que les carac- eristiques sans lesquelles ceux-ci ne seraient pas identifiables come objets intrdnondains - permet d'elaborer une notion distincte de l'objet materiel (en particulier). Elle n'en retient que les caracteristiques structurales inabandonn- ables. Cette notion, bien qu'elaboiee a l'occasion de l'experience, est virtuelle- rent innee dans la mesure ou elle est constituee par le pouvoir (inns) de la rai- son. On voit, sans peine, que l'inneisme cartesien est au point de ren- contre de deux traditions. Il prolonge l'une et prepare l'autre. D'un cote, l'occasion de l'experience, l'entendement reconstitue - et decouvre, en la recon- stituant par son pouvoir inns, - une structure preexistante, une essence eternelle, apparentee a l'idee platonicienne et coincidant, en principe, avec un modele de la creation divine. D'un autre cote, les idees distinctes - simples - les natures simples des Regulae - sont aussi les notions originaires inabandonnables,(degagees a l'occasion d'une experience deja pleinement constituee) presupposees par tout discours cognitif objectif. Dan ce sens - bien qu'elles aient encore un contenu materiel defini - l'enquete cartesienne anticipe, d'assez loin it est vrai, sur l'analytique kantienne.
- 23 - Le rationaliste cartesien a deux faces. D'un cote - Wolfgang Rod , en particulier, 1'a souligne avec nettete - it jette, en fait, les fondements d'une theorie analytique de l'experience. Idee einer Prinzipienlehre als analytischer Erfahrungstheorie, juge Rod , ist . . . durchaus originell, and es ist vor allen dieser Gedanke, durch den Descartes zum Begrunder der neuzeitlichen Philosophie geworden ist' (Wolfgang Rod: Descartes' Erste Philosophie.Bonn: Bou- vier, 1971). D'un autre cote, cependant,- Vides- distincte cartesienne ayant, dans la lignee platonicienne, un contenu defini - la theorie cartesienne des idees distinctes est aussi a 1'origine d'un grand ptojet rationaliste metaphy- sique, speculatif. On peut, en le simplifiant a l'extreme, caracteriser ainsi ce projet. One notion est distincte si et seulement si elle reconstruit, dans leurs interconnexions, les caracteristiques essentielles (inabandonnables) de son objet et si ces elements forment un ensemble consistant. One notion dis- tincte peut etre congue de la realite materielle et, semblablement,des caracte- ristiques essentielles corrmunes a tout contenu pensable. Or, dans la mesure oil l'idee distincte est douee de consistance interne, son objet - mem s'il n'est pas reel - est pour le mins possible. La totalite des idees distinctes - qu'un esprit plus puissant que le T.:etre pourrait concevoir - represente, dans leurs connexions euipletEs,la totalite des essences possibles. Or come le reel n'est jamais qu'une instantiation du possible, une / nstruction a priori de la struc- ture du reel est, en principe, envisageable. Des speculations de ce type n'etalent, bien entendu, paq inconnues au mcyen-age. Mais la portee que leur confere Descartes est novatrice. La grande epopee spinoziste nest guere ete possible - malgre ses antecedents medievaux - sans Descartes. La radicalisation du projet rationaliste chez Wolff et certains Wblffiens a (du moins aussi) des racines cartesiennes. 1.5.3. - 1.5.5. La nouvelle ontologie, soustendue par Descartes, aux sciences de la nature mathematisees suppose la theorie des idees distinctes et le projet rationaliste. La methocie cartesienne proprement dite exploite (e.a.) cette on- tologie. 1.5.3. La physique aristotelicienne etait qualitative. La nouvelle phy- sique, galileenne en particulier, ne retient, par contre, des objets que les
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