ADIEU RENE ! CONNAISSANCE et EVIDENCE - INSTITUT GRAND-DUCAL Section des Sciences Morales et Politiques Paul KREMER Jean-Paul HARPES Edmond WAGNER ...

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INSTITUT GRAND-DUCAL
Section des Sciences Morales et Politiques

             Paul KREMER

          ADIEU RENE !

           Jean-Paul HARPES

    ...   ET POURTANT . . .

           Edmond WAGNER

CONNAISSANCE et EVIDENCE

                  1988
INSTITUT GRAND-DUCAL
Section des Sciences Morales et Politiques

             Paul KREMER

          ADIEU RENE !

           Jean-Paul HARPES

    . . . ET POURTANT . . .

           Edmond WAGNER

CONNAISSANCE et EVIDENCE

        Séance du 25 mai 1987
Sommaire

Avant-propos

Paul KREMER,          Adieu Rene:              p 1

Jean-Paul HARPES,     . . . et pourtant        p 15

Edmond WAGNER,        Connaissance et evidence p 28
AVANT - PROPOS

  Traditionnellement on nous presente Descartes comme le premier
grand penseur moderne qui a deliberement rompu avec la philosophie
scolastique et qui, taut comme scientifique que comme philosophe, a
inaugure une ere nouvelle et originale de penser dont les fruits se
prolongent jusqu'au 20e siecle.

  En effet, d'un e5te,Descartes, en quite de certitudes inaranlables,
se sentait seduit par les mathematiques dont it devint un promoteur
de choix et auxquelles it a emprunte sa methode. Les grandes contribu-
tions cartesiennes concernent "la notation, la methode des coefficients
indetermines, la facon d'abaisser le degre des equations, le probleme
de Pappus, les lieux geometriques, les problemes relatifs aux tangentes
et aux quadratures" (A. Rivaud). Son nom restera attaché a la gametrie
analytique. De l'autre, it demeurait un partisan convaincu du mecanisme
naissant auquel it tacha de donner un maximum d'envergure et d'unite,
afin d'en faire un allie puissant de la vraie religion.

  Ensuite, Descartes s'oppose farouchement au sensualisme de la sco-
lastique qui discredite selon lui la connaissance, compromet notamment
la connaissance de Dieu et de lame et favorise l'atheisme. Voile pour-
quoi ii s'efforce de substituer a cette philosophie vieillotte une
metaphysique nouvelle capable de soutenir la vraie religion et de
"fonder a la fois le spiritualisme et le mecanisme, d'accorder en pro-
fondeur la ye-rite de la science et la verite de la foi" (R. Lefevre).

  Par son originalite, nous dit-on par consequent, Descartes est
devenu un des grands maltres de la pensee moderne dont it proclame l'auto-
nomie, qui nous apprend a proceder avec ordre et methode, qui nous
impose la quite de l'evidence, fondement inebranlable de la verite,
qui nous enseigne la rigueur des deductions, cascades d'evidences
accessibles a la seule raison.

  De mime, ajoute-t-on, it a de nouveau appris aux philosopher a
diriger d'abord leurs regards vers leur propre moi pour decouvrir,
dans les profondeurs de leur for interieur, les verites fondamentales
a partir desquelles it descend du sujet spirituel vers le monde des
objets concrets. Bref, it demeure un des pares de la methode reflexive
si fertile en philosophie. Et ce meme Descartes, qui voit dans la mo-
rale le couronnement de la sagesse, nous adresse l'avertissement si
actuel de nous soucier constamment de l'accord de la connaissance et
de l'action qui constituent une unite indissociable.

  Voila pourquoi Descartes apparait aux yeux de beaucoup comme un
geant intangible, un rationnaliste presque surhumain qui a alimente des
generations de penseurs, Mame ceux, ajoute-t-on parfois, qui sont
devenus ses adversaires, mais qu'il depasse, voire qu'il declasse
tous.

  D'autres,par contre,nous avertissent que l'originalite et la
pro-eminence de Descartes sont moins prononcees que d'aucuns, surtout
ses compatriotes francais, ne l'affirment. Mame en mathematiques it
s'inspire, souligne-t-on, de trop pres de Cardan, de Stevin, de
Girard, de Fermat, de Cavalieri. S'acharnant   a deduire les bases de
la mecanique de la metaphysique,i1 a rejete les atomes, le vide et
etabli des lois du choc si manifestement erronees que l'erreur,
acquise au mepris de l'experience, semble inexplicable.
D'autre part, on lui reproche un doute exagere et arbitraire, une
methode simpliste, un cogito "abstrait et desincarne", une separation
radicale de l'esprit et de la matiere difficilement conciliable
avec l'unite du vivant. On lui reproche encore l'abus de la veracite
divine destinee   a legitimer toute connaissance, donc aussi, en
derniere analyse, les resultats scientifiques, son refus de separer
metaphysique et science, bref la place angulaire qu'il accorde     a Dieu
qui demeure le veritable pivot de son systeme. On pourrait allonger
la liste des remontrances.

  Mais, surtout, souligne-t-on, la pensee cartesienne est moins
moderne qu'il ne paralt, car ses racines demeurent profondement
ancrees dans la tradition. Deja Leibniz observe malcieusement que
Descartes utilise, sans les nommer, nombre de penseurs anterieurs:
St. Anselme, St. Thomas, Francis Bacon dont les oeuvres presentent,
selon A. Lalande, des analogies surprenantes avec les Regulae ad
directionem ingenii. Etienne Gilson a meme avance la these que
1'essentiel de l'oeuvre philosophique de Descartes s'explique par la
scolastique et les textes cites dans l'Index scolastico-cartesien
souligneat bien l'etroite dependance de Descartes   a l'egard de
l'ecole et de sa theologie,dont les maitres lui ont enseigne (a la
Fleche) les elements.

  Qu'en est-il donc au fond de l'originalite, du prestige, de l'in-
fluence de la pensee cartesienne? Sans aucun doute, pour bien com-
prendre un penseur, it faut le rattacher   a son époque, it faut isoler
ses racines, sans alterer ni son genie ni son message. Peut-titre
avons-nous meme le droit de nous faire une autre image de Descartes
et de sa pensee que le portrait traditionnel qu'on evoque depuis des
generations. Mais quelle est alorsi 'importance veritable de
Descartes pour la pensee occidentale?

  Voila le probleme important que traite notre confrere Paul Kremer,
un membre particulierement actif de notre section. En effet, it a deja
present-6, en l'espace de quelques annees, cinq communications dont
chacune a retenu l'attention de l'assistance. Mais, comme ses idees
ont suscite maintes repliques, je remercie vivement notre confrere
Jean-Paul Harpes de se faire l'avocat de Descartes et de souligner
vigoureusement dans sa reponse les merites et l'influence qu'il
faut reconnaltre   a la pensee cartesienne.
  Que ces pages soient aussi une medeste contribution de l'Institut
Grand-Ducal aux journees Descartes de Luxembourg.

                                               E. Wagner
                                           president de la section
Paul KREMER

Adieu Rene:
Wer kennt nicht den berahmten Satz aus Hegels Vorlesungen zur
Geschichte der Philosophie, in welchem der Weltgeist, endlich bei
Descartes angekommen,so wie Kolumbus, nach langer Irrfahrt auf dem
Meer, ausruft: "Land in Sicht"! ? Er hat gewissermassen das Land der
Wahrheit - siehe Kant 287 - erreicht, und den weiten, starmischen
Ozean des Glaubens und Dafilrhaltens hinter sich gelassen, um in der
neuen Welt des Selbstbewusstseins ein fundamentum inconcussum gefunden
zu haben.

     Hegel spricht damit die Vulgata des Descartes-Verstandnisses aus,
so wie es bis auf den heutigen Tag gilt: nach der langen Nacht des
Mittelalters, wahrend der die Philosophie als ancilla theologiae vor-
nehmlich die Aufgabe hatte,vorgegebene Glaubenssatze als Gedanken
auszusprechen, sie miteinander zu verweben und dabei auf Unstimmig-
keiten zu achten bzw. sie durch subtile Distinktionen als nichtbe-
stehend auszuweisen, jedenfalls aber nie eigenstandiges Denken war,
sondern immer nur bis an das Denken heranging und - im Hegelschen
Wortspiel - sich eigentlich nur als Andacht kannte, trete ir
Denken Descartes', das in der Selbstandigkeit, besser: der Selbst-
tatigkeit des Denkenden Fuss fasse, die Philosophie wieder erst als
wahre Philosophie     d.h. als das freimaige Zwiegesprach der auf
sich selbst gestellten "Seele" mit ihr selbst auf.

    Dies Verstandnis Descartes' als Philosophen wird seltsamerweise
durch das bestarkt, was Descartes als Nicht-Philosoph war, namlich
durch seine Leistungen auf dem Gebiet der Mathematik und der Physik
Wohl behauptet er selbst, eine selbe Methode durchherrsche gleicher-
massen seine philosophischen,mathematischen und physikalischen Schrif-
ten, und strukturalistische Ueberlegungen haben uns Modernen wieder-
holt, die verschiedenartigen Tatigkeiten eines Menschen, einer
Sippe oder einer Welt, seien tiefgrUndig durch ein selbes Gewebe
miteinander verflochten, doch ist diese Behauptung, sowie diese
Theorie nicht einsichtiger als ihr Gegenteil, und es wird vielerorts
- 2 -

kein Gebrauch von derartigen Zusammenhangen gemacht. Platos Ideen-
lehre findet sehr wohl ausserhalb der urspriinglichen Verbindung mit
Seelenwanderungsglauben Beachtung und zum Studium der Thomistik
gehOrt nicht unbedingt, als struktureller Bestandteil, die biologi-
sche Auffassung, dass sich Ungeziefer spontan aus Unrat bilde.

     Descartes' Stellung zu Anfang der Moderne graidet in seinem, wie
es heisst, radikal neuen Denkansatz, dem allerseits bekannten: Cogito
ergo sum, dessen Zustandekommen Descartes in einer seltsamen Mischung
von intellektueller Autobiographie und Systemdenken ungefahr wie folgt,
prasentiert hat:

     Er, Descartes, der sich wohl nicht fiir kluger,jedoch such nicht
fur dimmer als andere halte, habe sich seit seiner Kindheit emsig mit
Geschriebenem befasst, da man ihm eingeredet habe, man kOnne dadurch
klare und sichere Erkenntnisse erwerben. Leider sei er enttauscht wor-
den: voller Zweifel und Irrtilmer habe er die Schule verlassen, und
an den Professoren soil es nicht gelegen haben. Er zahlt dann die
wahren und vermeintlichen Vorzilge der verschiedenen Facher auf, wobei
die Philosophie nicht gerade vornehm abschneidet: sie gebe einem die
Mittel in die Hand, iiber alles und jedes so zu reden, dass es den
Anschein der Wahrscheinlichkeit habe und das verleihe einem die
Gelegenheit, sich von weniger Gebildeten bewundern zu lassen.
Oder noch schlimmer: man kOnne sich nichts so Wunderliches und wenig
Glaubwilrdiges einfallen lassen, ohne dass es bereits von einem Philo-
sophen behauptet worden sei. Kurz, Descartes ficht die schulische
Ueberlieferung der Philosophie in globo an.

     Gibt man sich jedoch die Mae, einmal nachzulesen, was es denn
mit diesen vorgeblichen Wortschindereien auf sich habe, die den
ungeduldigen jungen Mann so in Rage brachten, merkt man, dass es wohl
die altehrwardigen Kompendien sind ,in denen die magistri fein sorg-
faltig ihre Sentenzenkommentare zu Pergament brachten,wobei, muster-
giltig, Satz flir Satz, These filr These, Argumente dafilr und dawider,
nebst Angabe von Autor, Locus und Opus aufgereiht und durchdiskutiert
wurden: eben schon mit wissenschaftlicher Akribie, oder wie's friher
hiess, mit bedachtiger Bedachtsamkeit ; verstandlich ist es, dass
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es dem Fechter Descartes an die Nerven ging.

     Doch nicht nur das. Auf der Suche nach einer unerschaterlichen
Grundlage alien Denkens, zweifelt Descartes systematisch die Glaub-
wUrdigkeit der traditionnellen Erkenntnisvermiigen an, namlich der
Sinneswahrnehmung und des Verstandes, weil sie, ebensowenig wie die
philosophischen Schulen, die Maglichkeit des Irrtums nicht total aus-
schlOssen. Wohl bemerkt er, dass sein Radikalismus im Alltagsleben
nicht aufrechtzuhalten ware, da masse man sich notgedrungen mit Unge-
fahrem zufrieden geben. In der Theorie jedoch, heisst es, gehe es
ums Ganze, und wo auch nur ein Schimmer von Unsicherheit Ubrigbleibe,
sei die fragliche Instanz - z.B. die Sinneswahrnehmung - pauschal zu
verwerfen. Dass das sogenannte pralle Leben auch keine LOsung feilhabe,
erhelle daraus, dass es wohl Leute gebe, die sich schlecht und recht
durchs Leben schlagen und ihm sogar etwas abzugewinnen imstande
seien, doch vermachten auch sie nicht zu sagen, was oder wie sie's
anstellten. D.H. theoretisch sind sie dem unsicheren Zweifler um
nichts voraus.

     Verblaffend mag nun scheinen, dass inmitten dieses libertriebenen
- hyperbolischen -Zweifels,eine erste Sicherheit gefunden wird.
Man weiss, worum es geht: ich zweifle, also denke ich. "Zweifeln"
gehart zu den Tatigkeiten, die unter den Sammelbegriff "denken"
fallen, und: ich denke, also bin ich.

     Dieser verblaffende Neubeginn ist allerdings so neu nicht.
Nicht nur hatte es bereits dem Hl. Augustinus in De trinitate X,10,14
eingeleuchtet, dass man nicht die eigene Existenz bezweifeln kann,
da man,um zu denken, also auch zu zweifeln, schon sein musse, sondern
naher zu Descartes hatte der monachus blancus, Jean de Mirecourt,
im 14.Jahrhundert, bei seiner Auflistung der Evidenz-Typen, die
Selbstgewissheit des allseitigen Zweifelns festgehalten. Nebenbei
durften wir bier auch erfahren, dass das sogleich zu erwagende Krite-
rium fur sichere Kenntnisse, namlich die Evidenz, kein cartesiani-
sches Hausmachererzeugnis ist, sondern auch schon langere Zeit
uber im philosophischen Kleinhandel gefuhrt wurde.
-4-

     Es ware also eine erste Gewissheit erreicht, namlich die, dass
das Ich, das denkt, 1st, oder, wie es schon bald ausgebaut wird, dass
das Ich, das denkt, ein bestimmtes Etwas, d.h. eine Substanz ist,
deren Wesen im Denken besteht. Damit ist zugleich festgehalten, dass
das Denken eine von der KOrperlichkeit abgesonderte Substanz ausmacht
und auch, dass der erkennende Zugang zur Seele,eben der jeweils
denkenden Substanz, wegsamer ist als der, der zur KOrperlichkeit
hinfaren soil und der gemeinhin fUr bequemer gilt.

     Weiterhin gibt lieser erste Satz ein Modell fUr alle zu findenden
Satze ab, die in Zukunft fur sicher angesehen werden dUrfen sollen.
Dass der Satz: "Ich denke, also bin ich" sicher sei, babe ich namlich
an etwas, an einem Kriterium erkannt, das soeben implizit gehandhabt
wurde. Wie lautet es? D.H. woran wurde die Sicherheit, das Sicher-
Sein, das Cogito, erkannt? Daran dass, um zu denken, ich sein masse,
und eingehender, dass eben dies klar und deutlich, eingesehen wird.

     Ehe wir weitergehen, sei kurz daran erinnert, dass das Neue, das
man im Cogito gesehen haben will, darin liegen solle, dass far und seit
Descartes der Grund des Denkens,,der Vorstellune - und was wird nicht
alles vorgestellt? - um sinngemass mit Heidegger zu reden -eben das
Subjekt, der zugrunde-liegende, seines bei allem verstehenden Vor-
lch-IEntreiben - sowiederum Heidegger fur cocritationes coaqitationes
gewisse Mensch ist, wahrend die Jahrhunderte zuvor hindurch das erste
und letzte Griindende Gott war.

     Nun ist aber dies Ergebnis des lautstark verkUndeten, allum-
fassenden Zweifels weder einsichtig noch eindeutig. Einsichtig ist
es nicht, mal abgesehen davon,dass es trivial ist, eigens aufzustellen,
dass "denken" "sein" impliziert, da "Sein" bekanntlich seit dem
Mittelalter als Transzendentale allentwegen irgendwie schon mit dabei
ist und sogar gewesen ist - einsichtig ist es nicht, also auch weder
selbsttragendnoch selbstbegrUndend, denn, wenn wohl einerseits
einleuchtet, dass es heissen kann: "Ich denke, also bin ich", leuchtet
daneben ebenso ein, - dem Descartes ilbrigens nicht minder als uns
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andern - dass es zunachst Gott geben muss, der mich-denkenden hilt
und mir erst erlaubt, mich im Cogito meiner selbst zu vergewissern.
Deus vult me cogitantem esse,mUsste es lauten.

     Man darf also getrost sagen, dass das selbstherrliche Cogito
und seine zunachst laut verkUndete Selbstgewissheit bei Descartes
selbst, allen nachtraglichen interpretatorischen Vernunfteleien
zum Trotz, statt im vollen Strahle des lumen naturale zu stehen,
ins Zwielicht gerat. Wohl beansprucht es, allererster Anfang, namlich
und namentlich fundamentum inconcussum zu sein, und gratis nebenbei
ein Wahrheitskriterium abzugeben, doch schon bald wird der vollkommene
Gott als Garant ebendieses Kriteriums hingestellt werden. Descartes
retten zu wollen, indem man dekretiert, in der Reihe der Erkenntnisse
gehe das Cogito dem Beweis der Existenz Gottes und der Kenntnis
voraus, die wir von ihm haben, wahrena in der Reihe der Seiendheiten
Gott, das summum ens, wir aber blosse GeschOpfe seien, heisst begriff-
los vor sich herreden. Denn wer denkt denn da diese beiden Reihen und
wie vergewissert er sich ihrer bzw. lasst er sich von anderwarts her
Gewissheit zukommen?

     Hinzu kommt, dass Descartes zu Anfang der Dritten Meditation zeigt,
dass er die Apo /.e wohl gesehen hat, jedoch nicht zu Ende denkt und
flugs darUber hinweg huscht. Das nimmt sich wie folgt aus:
     Zunachst wird der Absolutheitsanspruch des Cogito und des darin
eingewirkten Wahrheitskriteriums wiederholt. Dann wird auf die Allmacht
Gottes reflektiert und ein Argument, welches im 11. Jahrhundert
Petrus Damiani in seinem De divina omnipotentia gegen den Hl. Hierony-
mus vorbringt, und welches bei Jean de Mirecourt im 14. Jahrhundert
wieder auftauchte, aufgefart, dass namlich Gott Geschehenes ungesche-
hen machen kOnnte. Descartes bejaht das Argument, insofern, wie er sagt,
der Begriff von Gottes Allmacht "sich vor seinem Denken zeigt" 285.
Allerdings verwirft er es, insofern er an die Evidenz. - Ubrigens
sind "clare et distincte" auch bekannte mittelalterliche Formeln, die
spatestens seit dem 13.Jahrhundert in der Fachsprache der Philosophie
immer wieder auftreten - zurUckdenkt. Last er die hier sich erhebende
Dialektik von "Gottes Allmacht" und "Vertrauen in die Evidenz"?
- 6 -

Mitnichten. Er verhaspelt sich gar in einem weiteren Widerspruch,
wenn er nunmehr den Zweifel, ob es nicht doch einen Gott geben Orme,
der uns ab und zu necken, also betrUgen, m6ge, als "sehr leicht und
sozusagen metaphysisch" abtut, er, der anfangs streng davor gewarnt
hat, metaphysische Zweifel und bloss "moralische", sprich: vom gebunden
Menschenverstand eingegebene, miteinander zu verwechseln.

     Sodann fragt sich: wer ist das Ich, das im Cogito steckt?
Descartes antwortet: Auf keinen Fall ein Ich mit Geburtsdatum und -ort.
Es ist wortwOrtlich ein fleisch-, auch geruchlos- und geschmackloses
Ich, also eines, bei dem einem HOren und Sehen vergeht; es ist, wie
die Engel, eine rein denkende Substanz. Fragt sich weiter, wer hinter
diesem Denken steht, oder was mein von deinem Denken unterscheidet,
oder, da hier vorerst jedermann, eigentlich: ich alleine, der einzige
sein soll, dessen Existenz sicher heisse, wieso ich Bann doch so gut
franzOsisch und nicht etwa, wie es beilaufig verachtlich anklingt,
bretonisch, spreche. Fachgemasser ausgedrUckt, und mit diesem zweiten
Einwand begonnen: Descartes sieht das Problem der Sprache nicht,
schon gar nicht das ihrer Kategorialitat und ilberhaupt nicht das ihrer
Historizitat. Man halte dem nicht entgegen, die Eigenmachtigkeit der
gewachsenen Sprachen sei erst viel spater, etwa zur Zeit Franz Bopps,
wahrgenommen worden, denn dass Einsicht an Sprache gebunden sei, und
dass hinter den gesprochenen Umgangssprachen sich so etwas wie eine
Gemeinsprache aller Menschen verberge, gewissermassen eine gemeinsame
Tiefenstruktur, um in Chomskys   Worten zu reden, und dass sich die
Frage stellt, wie der zur Erkenntnis erwachende Mensch diese "Welt"-
Sprache, die zugleich als Welt-Erkenntnis vorgestellt wurde, sozusagen
anzapfepum ihrer teilhaftig zu werden und Erkenntnis zu erwerben, war
spatestens seit Alkindi (9.Jahrhundert) und Ibn Sina, vulgo Avicenna
(10.Jahrhundert) bekannt und hatte im Streit um den Statut des
intellectus agens - eben dieser Kodex' aus der Tiefe plus entsprechen-
dem Wissen - seit dem 13. Jahrhundert die geistigen und geistlichen
Gemilter erschatert. Descartes konnte nicht nichts davon wissen,
und wie zu vermuten, finden sich in seinemText Spuren, die belegen,
-7 -

dass er de facto um diese Kontroverse wusste, namlich dann, wenn er
versucht, eine Antwort auf die aus diesem Zusammenhang stammende
Vexierfrage zu geben, ob man auch im Schlafe denke: Selbstverstandlich
    denke man im Schlafe, da man ja eine denkende Substanz sei -
sowas hiess auch damals schon petitio principii - bloss vergesse
man es zuweilen, wie der Mensch Uberhaupt ja ein vergessliches Wesen
sei.

     Ein weiterer Einwand meint folgendes: ich, der Denkende, spezifi-
ziert als der Vorstellende, Urteilende, Bejahende, Verneinende,
Phantasierende, Wollende, Falende - die Aufzahlung entspricht
mittelalterlichem Hang zum Summieren:-weiss gar sicher, dass ich bin.
SchOn. Die andern, die da draussen in Mantel gehallt vorbeiziehen,
den Hut in die Stirne gedruckt, sind vorlaufig noch keine und ich,
der einsame, darf vorlibergehend vermuten, es seien bloss Science
fiction-Roboter, unbeseelte Apparate, ja, vielleicht nur vorgegaukelte
Zeichentrickfilmfiguren eines bOsen Genies - abrigens eines denkenden
Ueberbleibsels aus manichaischer Vorstellungswelt. Allerdings werden
diese Puppen in Balde ihre MenschenwUrde wiedererlangen: Gott, der
wahrhaftige, dessen Existenz bis dahin erwiesen sein wird, steht
dafilr ein. Und spatestens dann mSchte ich dock wissen, was mich,
als Denkenden wohlverstanden, nicht als leibhaftige Erscheinung, von
ihnen unterscheidet. Wird erst Leibniz auf diese Frage eine Antwort
wissen? Kurz ervAhnt sei sie hier aufgefart: so wie ich die Welt
spiegele, spiegelt sie sonst niemand, es widersprache der Klugheit
Gottes, der anscheinend Occ airs denkOkonomisches Prinzip kennt und
schatzt, zu unterstellen, er gebe zwei gleiche Ansichten der Dinge;
Wiederholung langweilt den kleineren Logiker Leibniz nicht minder
als den grOsseren, Gott.

     Was bleibt? - Nun, das, worum es Descartes eigentlich geht:
die Seele, d.i. die jeweilige denkende Substanz, ist etwas ganz
anderes als der Leib. Descartes weiss es mit Sicherheit, da er ohne
weiteres denken zu kOnnen vorgibt, er sei ein Entleibter. Wenn er
prioritar Seele ist, und Seele nichts mit Leib zu tun hat, dann, ja
- 8 -

dann wird sie auch nicht von seinem dereinstigen Hinscheiden betroffen
werden: sie darf sich unsterblich wahnen.

    Dieser Belang ist wesentlich bei Descartes. Ob die Beweisfahrung
iiberzeuge oder nicht, mag dahingestellt bleiben. Sehen wir uns das
Argument - ein einziges! - naher an. Es lautet: Ich kann mich ohne
KOrper denken, also bin ich ein KOrperloses, also eine Seele. Zugrunde
liegt der uralte Satz von Parmenides: Seiendes und Gedachtes sind eins,
wobei der Uebergang vom"Logischen" i.e. Gedachten, zum Seienden, in
der Philosophiegeschichte ebenso oft angechten als vertreten worden
ist. Es soil nun an Descartes nicht geragt werden, dass er dieses
Prinzip benutzt. Doch dass er kurz und bandig, und ohne weitere
Diskussion, bloss auf diesem, einem Argument fussend, einen derartigen
Begriffsrealismus verficht, trotz der riesigen Diskussionen, die seit
dem 12. Jahrhundert daraber gefahrt wurden, nimmt sich schlechthin
vermessen aus.

    Ein schlechtes Gewissen muss er dennoch dabei gehabt haben, denn
still und leise greift er in seinen "Antworten auf Einwande" die
jahrtausendalte Bestimmung der Seele auf, die Plato geleistet hat,
welche ihr unabhangige Selbsttatigkeit zuspricht.Es ist bekannt, dass
diese vorcelefte Fassung der Seele, die bereits Makrobiu.s (3:4. Jahr-
hundert) und Chalkidius vertreten und die bis ins 13. Jahrhundert
hinein und trotz Thcmismus, daraber hinweg durch das Wirken des
Hl. Bonaventura weitergelebt hat, eine beruhigendere Lasung der
Unsterblichkeitssehnsucht darstellte, als die von Aristoteles beein-
flusste, die Seele und KOrper zu Funktionen einer Wirlichkeit
macht, zu sog. Form und Materie, eine LOsung, die vom Hl. Thomas als
wissenschaftliche aufgegriffen, die Loskoppelung von Erkenntnis
und Glauben in Sachen immortalitas bedingte. Im Klartext: ist die
Seele, gemass Plato, ein selbsttatiges Gebilde, ist vorweg nicht
einzusehen, wieso dies Gebilde, welches wohl auf Zeit einen Leib als
zeitliches Instrument zur Verfagung hat, durch den Hinfall dieses
Leibes betroffen werden soil; Unsterblichkeit der Seele scheint
-9 -

     demnach begrifflich i.e. in der Sprache i.e. unserm Ureigensten
angelegt. 1st die Seele aber bloss die Form, dessen Materie der KOrper
ist, welche beide zusammen erst den Menschen ausmachen, droht der Tod
des Menschen auch sie zu treffen und es bleibt nicht mehr einzusehen,
sondern bestenfalls noch zu glauben, dass die Seele quasi wundersamer-
weise d.h. ilber-natUrlicherweise, dennoch von Gott zu ewigem Leben
hinUbergerettet werden mag.

     Wie gesagt, Descartes greift hinter den Hl.Thomas auf altere
mittelalterliche Gedankenschichten zurUck und wen mag's dabei wunder-
nehmen, wenn er dabei sogar die zu Zeiten der Patristik gelaufige
Dreiteilung des Menschen neu aufgreift - wie viel spater Th.Lipps -
und neben dem corpus ei2likx die ihn beseelende anima   ✓%   sauberlich
von dem bloss denkenden spiritus ITrEup-ixtrennt? Verwehrt soll's ihm
nicht sein, nur: modern , dUrfte es doch nicht genannt werden.

    Der Preis - wenn man so will - fur diesen Beweis der
Unsterblichkeit ist hoch, wenigstens an Einbusse von Begriffskraft.
Descartes verstarkt den Leib-Seele-Dualismus und fart ihn in eine
begriffliche SackgasseAuch wenn er's nicht einzusehen vorgibt. Denn
sind einmal Seele und Leib als zwei getrennte Substanzen festgelegt,
die iibers Kreuz durch entgegengesetzte Begriffspaare bestimmt werden
(bewusst und nicht ausgedehnt gegenilber unbewusst und ausgedehnt),
fart kein Weg mehr von der einen zur andern und zuriick. Damit wird
die er- oder gelebte - allerdings nicht allentwegen hingenommene -
Wechseleinwirkung vom Psychischen aufs Somatische unbegreiflich und
Descartes' verzweifelter Versuch, es anhand der "Lebensgeister",aller
Logik zum Trotz, durchzusetzen, scheitert, wie es schon Spinoza
ausgesprochen hat.

     Spatestens bier bleibt eine wichtige Ueberlegung anzustellen,
die zeigen soil, wie Descartes vielleicht nicht der umwalzend tiefe
Erneuerer im Denken war, wohl aber ein tiichtiger Wissenschaftler,
Mathematiker und Marketing-Spezialist in Sachen Philosophie.
Denn sein Versuch, physiologisch verstandlich zu machen, wie vom
- 10 -

Gehirn und dortigen DrUsen aus allseitig Impulse an die entferntesten
KOrperotellen weitergcicitet werden, mutet cchr fortochrittlich und
modern an. Philosophisch gesprochen taugt er, wie gesagt, gar nichts.
Die Lehre, die sich daraus ziehen liesse ware, im Sinne Pappets,die,
dass seine brUchige metaphysische Zwei-Substanzentheorie naturwissen-
schaftlich irrelevant, also nicht mal hinderlich, sondern einfach
UberflUssig ist. Descartes' vermutliche Leistung auf dem Gebiet der
Physiologie - wieweit sie damals neu war, vermag ich nicht einzu-
schatzen - besteht unabhangig von seinen, in den eigenen Augen doch
wohl massgeblichen metaphysischen GedankengerUsten. Was blieb?
Descartes als Wissenschaftler wurde, zurecht, ernst genommen. Falsch-
lich glaubte man (ihm), seine wissenschaftlichen Ansichten grUndeten
auf seiner filr neu ausgegebenen Metaphysik und so befliss man sich,
sie sich anzueignen und sah sich berechtigt,gleichzeitig die vorherige
geschmahte spatmittelalterliche Tradition zu verstossen, wobei man
Ubersah, dass erstens Descartes' Philosophie ein Patchwork ist, das
alte Flicken buntscheckig neu zusammenschneidert, wobei das Neumodi-
sche daran, namlich der absolute Ansatz ins Selbst des Cogitierenden,
nur durch eine gewollte Verdlinnung der zu sichtenden Problemzusammen-
hange zustande kommen konnte. Das Beispiel von Husserl, des letzten
 Descartesianerspoll es erlautern. Husserl, angeblich strenger noch als
der Cartesius, fordert ein radikales Aufheben des naiven Glaubens
an die Existenz der Dinge um uns und sogar in uns. Alles will der
Mann vorlaufig-definitiv zwischen Klammern setzen und sich dann
einmal dranmachen, auf 40.000 Seiten fein sauberlich zu beschreiben,
was wir vermeinen, nein : vermeinten , dass daallessei und ablaufe.
Und wie tut er dies? Nun, anhand einer Sprache. Na, und? Anhand des
feingliedrigen, feinnervigen, nuancenreichen Deutschs des Ende des
19.Jahrhunderts, das Generationen von Frilh-, Hoch- und Spatromantikern
zu einem Organon - sic! - ohnegleichen ausgefeilt hatten. Dass ohne diese
Sprache, ohne die Gedankensplitter, -stiicke und -bruchstUcke, ohne
die von ihr aufgesogenen Metaphern und aufgenommenen Metonymien diese
Beschreibung nicht hatte geleistetwerden klinnen, darauf, auf dieses
gewaltige Praerequisitum, auf diesen ebenbUrtigen Nachfolger des
intellectus agens, reflektiert Husserl in unserem Jahrhundert
  ebenso wenig wie Descartes es vor 350 Jahren tat.

      Indessen bleibt Descartes nicht beim cogito stehen. Es geht
  ihm ja darum, eine letzte, endgUltige Sicherheit fUr ein spater
  aufzubauendes, wissenschaftliches System zu finden, dessen Interes
                                                                     se
  keineswegs rein theoretisch, snndern hOchst praktisch gesehen
  wird. Descartes mOchte das menschliche Leben zum Bessern abander
                                                                   n:
  Krankheit und Altern      den Kampf angesagt,sowie die Idee gefasst
  zu haben, durch Apparate das alltagliche Leben weniger maselig
  zu gestalten, soll ihm hoch angerechnet werden, auch wenn sich
  bezweifeln lasst, ob sein Denkweg dazu erwUnscht oder Uberhaupt
  nutzbringend war. Die Ideen selbst finden sich bereits in Bacons
  Neuer Atlantis.

      Sicherheit wird also fUr Sinneswahrnehmung verlangt. Nun wissen
  wir, dass Sinne nicht unbedingt verlasslich sind, also theoret
                                                                 isch
 gesprochen, es Uberhaupt nicht sind. Ihre wenigstens globale
 Verlasslichkeit ist jedoch vonaten, wenn Naturwissenschaft getrieb
                                                                      en
 werden soll und da, auf dem Standpunkt des Cogito angelangt, ausser
 dem denkenden Ich mitsamt seinen Vermeintheiten nicht4 sicher
                                                               ist,
 sieht sich Descartes dazu getrieben, ein Mittel zu finden, die
Sinneswahrnehmung theoretisch abzusichern. Dies Mittel ist fUr
                                                                 ihn
Gott. Ist namlich erst mal bewiesen, dass es den lieben Gott
                                                               gibt -
jawohl: den lieben d.h. einen Gott, der in seiner Vollkommenheit
                                                                   so
zufrieden mit sich und den Dingen sein kann, dass nichts ihn
                                                                 ver-
anlassen kOnnte, uns schwache Menschenkinder tauschen zu wollen
- welch seltsame Psychologie Gottes!-dann kann den
                                                   Sinnen, wie auch
dem Verstand, im grossen Ganzen vertraut werden.

   Gott ist der Garant der Dingwahrnehmung. Eine atheistische
Erkenntnislehre kann es fUr Descartes nicht geben. Wiederum fragt
sich, ob sich der Aufwand lohnt, namlich die Existenz Gottes
beweisen zu miissen, um beruhigt glauben zu dUrfen, die Sterne
                                                               am
Himmel oder die Berge am Horizont seien wirklich und nicht Wahnvor
                                                                   -
stellungen. Damit sei nichts gegen Gott und seine Existenz gesagt.
Eher hatte Er Grund, sich darUber zu beklagen, nunmehr dafUr
                                                             her-
- 12 -

halten zu milssen, dass Descartes sich fortan sicher wah en drirfe,
tatsachlich einen runden bzw. einen viereckigen Turm in der Ferne
zu sichten, und nicht mehr zu fUrchten brauche, einem ilbermachtigen
Possenreisser, einer Art Doktor No, in die Fange geraten zu sein,
der seine Freude daran - der base Wicht! - und wohl auch die beacht-
lichen Mittel dazu habe, ihn, Descartes, den misstrauischen
Franzosen, hinters lumen naturale zu faren.

   Dieser Umweg, den sich beispielsweise Locke erspart hat,der, in
der langen Tradition englischer Empirikerstehend, erklart, wir falten
nun eben einmal, wann eine sinnliche Vorstellung auf die Prasenz
eines auf uns einwirkenden Gegenstandes zurUckgehe und wann wir sie,
vermeintliche, uns bloss einbildeten, so wie sicherlich auf die
Dauer-GeistesgestOrte bei Locke wie Ubrigens auch bei Descartes
ausgenommen - niemand einen tatsachlich verspeisten Leckerbissen
mit einem in Gedanken zu sich genommenen verwechseln wird, dieser
Umweg also ist umso bedauerlicher und eigentlich auch, wenn man so
sagen darf, unsinniger, als der Gottesbeweis bei Descartes eine
Panoplie nicht hinterfragter,also unangezweifelt hingenommener
Argumentationsstrukturen Ubernimmt, die allesamt aus dem Mittel-
alter herstammen. Nochmals: nichts gegen das Mittelalter!
Doch vergessen wir nicht - Descartes wird als der Neuerer angepriesen,
der ihm, dem Mittelalter, den RUcken gekehrt und die kalte Schulter
gezeigt habe,i und dock greift er, wo es Ernst mit dem Weiterschreiten
im philosophischen Diskurs wird, massiv auf das alte Begriffs-
repertoire zurUck. Das sieht dann so aus.

   Ich, der Zweifler, bin mir meiner Unvollkommenheit bewusst,
denn heisst "zweifeln" nicht, wissen, dass man nicht weiss, oh
man weiss, und strebt man dabei nicht danach, mehr zu wissen
als man eben weiss? Nun kann ich mich aber bloss dann fur unvoll-
kommen einschatzen, wenn ich mich mit jemandem,oder mit oder an
etwas messe, das vollkommener ist als ich, ja, der ganz und gar
vollkommen ist. Frage: Woher kommt mir der Gedanke dieses Voll-
kommenen? Antwort: sicherlich nicht von mir, denn wie kOnnte etwas,
das ein Weniger ist, ein Etwas, das ein Mehr, ja das Meiste ist,
- 13 -

von sich her zustande bringen? Das ware - mein Vergleich - gleichsam
als produziere ein Spiegel Spiegelbilder von mehr Helligkeit als
ihm, dem Spiegel, von Haus aus eigne. Also kann der Gedanke Gottes
bloss vom wirklich existierenden Gott in mich gelegt worden sein.
Das ist Platonismus christlicher Pragung.

   Es soil hier nicht der Ort sein, sichzunftgerechtmit Descartes'
Gottesbeweis alteinanderzusetzen. Es genilge, darauf hinzuweisen,
wie sehr doch bei dieser wackeligen Argumentation einerseits ein
Uberliefertes, philosophisches Vokabular gebraucht wird, wenn
beispielsweise auf den Satz zurUckgegriffen wird, die objektive
Realitat, sprich: die Helligkeit der Spiegelung iiiirfe die formale
Realitat , sprich: die Helligkeit des Wiedergespiegelten, insofern
es ausserhalbdes Spiegels an sich besteht, nicht Ubertreffen, ande-
rerseits naive Wunschvorstellungen in reale Vollkommenheiten, die
Gott, definiert als Ausbund aller Voilkommenheiten, besitzen solle,
umgemUnzt werden, wenn schlicht behauptet wird, Gott sei weder
wankelmaig noch traurig, da er, Descartes, dieser Verdriesslich-
keiten doch recht gerne enthoben ware.

   Der Beweis der Existenz Gottes ist zentral im Denken Descartes'.
Er kann weder einfach      als schmakendes Beiwerk, noch auch als
Zugestandnis an misswillige, Offentliche Instanzen verstanden werden,
vor denen Descartes ja zeitlebens eine heilige Scheu an den Tag legte,
er, der sich mit Recht, sieht man auf die damaligen Umstande, wie
sie sich brennend heiss in Fallen wie Giordano Bruno ausserten,
davor in Acht nahm,den Offentlichen Vordenkern zu nahe zu treten,
so dass er sein nachmals so hochgelobtes, quasi unfehlbares Wahrheits-
kriterium notfalls flugs aufzugeben bereit war und freimiltig zugab,
wie sehr ihm etwas auch einleuchte, sei er doch unverzuglich bereit,
zu widerrufen und sogar sich diesen Widerruf eigenhandig nachtraglich
far verniinftig einzureden - dieser Zynismus macht ihn abrigens
sympathisch - Zugestandnis also, das man zur Not, ohne grasseren
Schaden fUrs Ganze, streichen kgnnte, da Descartes immer wieder
betont, es gehe ihm um endgaltige Absicherung und die sei ohne Gott
- 14 -

nicht zu bewerkstelligen, auch wenn er nicht bestreitet, dass man
im Alltagsleben eine "moralische", wir warden wohl sagen:
praktisch genagende Sicherheit babe, dass die Welt um uns fasslichen
Be stand habe.

   Weshalb hat er sich nicht mit dieser "praktischen" Sicherheit
abgefunden? Und: hat die theoretische tatsachlich das geleistet,
was er sich davon versprochen hatte? Folgende Zusammenfassung mag
eine Antwort darauf erahnen lassen.

   Es ging Descartes in seinem Philosophieren wohl um zwei oder
drei Dinge:

      durch Vorantreiben der Wissenschaft die "condition humaine"
zu verbessern, und die Wissenschaft sollte auf soliden Beinen
stehen.

      sich das Tor zum Himmel offenzuhalten und

      schliesslich ungeschoren weiterzuleben.

   Sein Misstrauen, wiewohl begrUndet, hat ihm dabei einen Baren-
dienst erwiesen: wohl ist es ihm gelungen, friedlich an einer
LungenentzUndung, nicht an einer Ent-zUndung schlechthin, zu
sterben. - Punkt 3 - erledigt.

   Er hat sich auch das Tor zum Himmel offengehalten. - Punkt 2 -
erledigt.

   Die Wissenschaft hat er auch vorangetrieben. Seine Leistungen
als Mathematiker und Physiker seien nicht geschmalert.

   Wohl hat er theoretisch-philosophisch danebengehauen. Er hat
zuviel beweisen wollen, namlich endgatige Sicherheit vor wissen-
schaftlichen Satzen. Das ist ihr teuer zu stehen gekommen.

  1. eine Erkenntnislehre, die ohne Gott nicht auskommti einen
Gott, dessen Existenzbeweis nicht aberzeugte, schon damals nicht.
- 15 -

      Eine Zwei-Substanzenlehre, die das leidige Seele-KBrper-
Vexierproblem im Denken weiterschleppt, alien damaligen Ansatzen
zur Ueberwindung davon zum Trotz. Nebenbei bemerkt, verwandelt
der herzlose Descartes den schnurrenden Kater und schwanzwedelnden
KOter, aller nachmaliger Phanomenologie zum Hohn, zu mechanischen,
seelenlosen Puppen. Steht da nicht schon der unheimliche Begriff
von Menschenmaterial im Wartesaal des Denkens?

      einen Ansatz, das Cogito, das fur sich genommen steril ist,
auch wenn philosophisches Marketing spater in dessen Namen den Kampf
gegen sogenannte selbstverschuldete Unmiindigkeit aufnehmen zu
kOnnen vermeinte, ein Cogito, das spatestens bei Aufkommen der
Linguistik fur haltlos ausgewiesen, doch schon bei Locke entbehr-
lich ist, bei Locke, der moderner, versprechender, auch ungequalter
als Descartes, von vornehereindarauf eingestellt war, dass alles
Wissen immer bloss vorlaufig definitiv ist und es nicht gilt, Probleme
ein fur allemal lOsen zu w011en, sondern wie es Graf Taaffe,keine
Literaturgestalt ,sondern Fleisch und Blut aus dem weisen Kakanien,
traditionsumwittert und Gott behilt: kein Neuerer, ausgesprochen hat:
weiterzuwursteln.
Jean-Paul HARPES

. . . et pourtant
- 16 -

             J'ai beaucoup aime l'expose brillcument destructeur et provocant de
Paul Kremer. Sur plus d'un point, je suis parfaitement d'accord avec lui. Ctmment
ignorer,apres Gilson (entre autres),la survivance - parfois manifeste, souvent
souterraine - de la tradition philoscphique medievale dans la pensee de Descartes?
Les preuves cartesiennes de 1' existence de Dieu, en particulier - qui d' entre
nous n'a pas tente de le faire eurprendre a ses eleves? - supposent tout un arse-
nal , non explicit-6 de principes metaphysiaues traditionnels. Au point que l'ex-
plication, en classe, de telle de ces preuves peut prendre l'allure dune recon-
struction ardheologique.
             Je suis d'accord, egalement, avec Paul Krener pour reconnoitre les
faiblesses, manifestes, de certain cotes de la metaphysique cartesienne. La
substantialite de l'ego est dcgmatiquement affirmee. Le critere de la clarte et
de la distinction - sur lequel s'appule largement l'argumentation de Descartes -
est introduit dune maniere plutat desinvolte, tent dans les Meditations que
dans le Discours. Et dans les ouvrages ulterieurs nous n'en apprenons guere plus.
Les preuves de l'existence de Dieu reposent sur des presupposes, non discutes,
qui ne resisteraient guere au doute hyperbolique. La validation de l'evidence
notionnelle est, par ailleurs, je crois, reellement circulaire. Du moins le soup-
con qu'elle l'est n'est-il guere leve par les tentatives classiques de reconstruc-
tion, souvent subtiles, mais toujours artificielles. Abstraction faite de sa
 presumee circularite, la reference a la garantie divine est en elle-meme peu
satisfaisante. La preuve de l'existence du monde materiel Pest encore moins.
La distinction reelle du corps et de l'esprit nest pas etablie de maniere con-
cluante. La reduction de la matiere a la seule etendue est intenable.
             Je reconnais volontiers, aussi, que certaines impulsions, donnees
par Descartes a la philosophie de son epcque - que j'evoquerai plus loin - furent
malencontreuses, a la longue, et conduisirent la pensee europeenne dans des im-
passes.
             Neanmoins, je ne suis pas d'accord avec le jugement global port-6 par
Paul Kre«er sur l'oriainalite et l'importance - tres reduites a son avis -de la
philosophie cartesienne. Je suis convaincu que - meme si, dans l'enseMble, le
systeme metaphysique de Descartes est decevant, mane si la physique cartesienne
a echoue - Descartes etait un novateur influent, que certaines, au moins, des
impulsions qui procedaient de lui etalent fertiles. Je suis d'avis, par ailleurs,
que certaines critiques, formuldes par notre collegue, ne sont que tees partielle-
ment justifiees.
-17-

               Je voudrais developper quelque peu ces trois points.
1. Descartes novateur
                La pensee novatrice ne se developpe que tres rarement - ou ne se
developpe jamais? - en vas,. clos. Les grandes innovations se preparent, commune-
ment du moins, d'assez longue main. Les novateurs ne disent rien, le plus sou-
vent, qui n'ait déjà - d'une maniere ou d'une autre - ete suggere ou entrevu avant
eux. Its ramassent, souvent, en une ou plusieurs unites originales des elements
qui n'ont rien d'absolument inedit.
                 D'un autre cote, cette unite originale - ou ces unites originales-
peuvent, fort bien, n'etre que des elements d'une totalite plus large, systemati-
quement agencee. Il se peut parfaitement que cette totalite - ce systeme - se re--
vele Clecevant et que, neanmoins, les elements novateurs exercent une influence
considerable.
                 Tel seMble avoir ete le cas pour Descartes. Pour autant qu'elle
presente l'aspect d'un systeme - qu'elle coincide avec un agencement systematique
de theses philosophiques, connect6Pc selon un ordre de raisons Mani - la philo-
sophie de Descartes ne s'est pas imposee. Neanmoins certain elements en furent
novateurs et ties influents. Les seuls elements d'une philosophie ne sont pas, it
est vrai, les theses et enchainements de theses. Les elements en peuvent coinci-
der avec un point de depart, l'introduction de nouveaux presupposes, un projet
philoscphique, une methode. Les cotes novateurs de la philosophie de Descartes fu-
rent de ce type. Its furent eux-metes complexes. Its cornpartaient des elements
qui n'avaient rien d'inedit. Mais par leur agencement, par la signification nou-
velle et la par-tee que Descartes leur confere, ils furent revolutionnaires. Nous
insisterons quelque peu sur ce point.
(1.1.) Descartes fournit a la philosophie un point de depart revolutionnaire.
(1.2.) Il legue a ses successeurs un faisceau de auasi-axiames - enveloppes, pour
la plupart, dans 1' interpretation immediate, suggeree plutot qu'explicitee,de ce
point de depart. Certains d'entre eux auront une influence prodigieuse.
(1.3.) Dans son point de depart et dans le choix de ses axiames, rlusieurs orien-
tations philosophiques possibles sont inscrites qui seronttoutes exploitees par
la suite. (1.4.) Par ailleurs, en faisant de la conscience autoreflexive le point
de depart de la philosophie, Descartes inaugure une nouvelle philosophie de
l'homme. (1.5.) Il elabore un projet philosophique nouveau, une methode originale
(pour autant qu'on la situe dans le contexte de ce projet). I1 legue aux scien-
ces de la nature mathematisees une ontologie nouvelle, imparfaite mais perfectible;
-18 -

qui constitue un ferment de progres. Bien qu'il soit attaché a un ideal intenable,
excessivement speculatif, de l'explication scientifique, it decrit, d'une maniere
curieusement modern, les principes d'une methodologie scientifique qui s'impose-
ra. Par ailleurs (1.o.), l'ensemble des elements novateurs s'inscrit dans un pro-
jet philosophicue antitraditionnaliste qui correspond a un besoin reel.

            Partons de la.
1.o. Le rejet de la tradition
             Depuis la Renaissance italienne, la philosophie se demarquait, un peu
partout, de la tradition medievale. La recherche d'une autonanie nouvelle, la mise
en question des anciennes autorites, des methodes classiques, de certains princi-
pes longtemps indiscutes correspondait a un besoin qui se generalisait. Descartes
sut, au moment qu'il fallait - plus nettement et plus suggestivement que d'au-
tres - se demarquer de la tradition et inscrire, dans son programme, la recherche
d'un point de depart et d'une methode mieux assures. I1 devint ainsi le porte-
parole - ou l'un des porte-parole-d'un mouvement antitraditionnaliste qui etait en
train de se constituer.
1.1. Le point de depart revolutionnaire
             Le point de depart cartesien coincide, on le sait, avec Papprehen-
sion - dans une certitude immediate, par la conscience autoreflexive - de son
propre role fondateur. La conscience autoreflexive sera desormais - et pour bien
longtemps - en philosophie, la mesure de toutes choses. Toute certitude sera re-
tracee a la certitude originaire eprouvee par la conscience dans l'apprehension
d'elle-men (c'est-a-dire de l'unite conscientielle enveloppante et des modes de
Petre - conscient) ainsi que de ses objets immediats, immanents. Toute realite
sera examinee dans la mesure oil elle est, immediatment ou mediatement, enve-
loppee par la conscience.

             Le cogito se trouvait, sans doute, déjà rhez Saint Augustin (come
Arnauld le fit remarquer a Descartes) et chez certains auteurs medievaux. Mais
it prend, chez Descartes, une valeur nouvelle. Dans la tradition hedievale, la
theorie s'inscrit - sur un arriere-fond theolcgique -     dans une theorie gene-
rale de Fare. Dans la philosophie cartesienne et postcartesienne, la theorie
du reel est suspendue a Pautoeclaircissement de la conscience reflexive.
1.2. Les quasi-axiomes
             L' interpretation immediate - suggeree, souvent, plutot qu'explicitee
per Descartes - de son point de depart enveloppe plusieurs quasi-axiomes. Aucun
d'entre eux, peut-etre, nest absolument neuf, mais leur canbinaison constitue
- 19 -

une figure de pensee qui caracterisera, largement, la philosophie des siecles sui-
vants.
Axiome 1: Tbute certitude repose sur - et exploite - la certitude originaire de
l'autoapprehension de la conscience reflexive.
Axlcme 2: La conscience autoreflexime est - pour une premiere approche du mains -
enfermee dans la sphere de sa propre immanence.
Axiome 2.1. Certains modes de conscience (les ideas) ont un contenu representa-
tif. Certaines idees se presentent immediatemnt came presentations d'une reali-
te transcendante. Mais dans la mesure, precisement, oQ elles sont des modes
(immanents) de la sphere de 1'ego, rien n'exclut, en principe, que les lea-lit&
transcendantes n'existent pas. En raison des axicmes A 2 et A 2.1., le point de
depart cartesien presente un cote paradoxal. La transcendance est presente dans
la sphere d'immanence, mais n'y est presente que dans et par des modes immanents.
Le solipsiste n'est pas exclu. D'un autre cote, cependant, 1'hypothese solipsiste
se presente inmediatement came insatisfaisante et A depasser. D'apres certains
canmentateurs, elle est immediatement depassee , la transcendance divine etant
reellement presente dans l'irrmanence de 1'ego. Mais cela, precisement, Descartes
ne le dit pas d'une maniere explicite et tout l'appareil des preuves notionnelles
de l'existence de Dieu seMble l'exclure.
            Les trois premiers axis es sont cumpletes par deux autres (au moins)
qui gouvernaient, déjA, les Regulae.
Axiane 3.1. La conception distincte de tout objet de pensee complexe se fait A
l'aide d'un fonds de notions originaires (irreductibles et inabandonnables),
simples, et de lois de pensee, transcendantes (en principe) A la pensee indivi-
duelle, mais virtuellement presentes A chacun.

Axiome 3.2. A partir des notions originaires, simples (ataniques), toutes nos con-
naissances sont reconstructibles par des operations definies.
            Ce faisceau de (quasi)-axiomes aura sur la philosophie des siecles
suivants une influence qui ne peut guere etre surestimee.

            Tous les successeurs de Descartes n'en adoptent pas, bier entendu,
la totalite. Al, A2 et A 2.2. ainsi que A 3.2. sont,cependant, assez communement
recus mais subirent des interpretations tres variables.
1.3.        Plusieurs orientations philosophiques possibles sont inscrites dans
la philosophie de la conscience cartesienne. Elles seront toutes exploitees par
la suite.
           D'un cote, l'attention peut se porter sur l'identite (ponctuelle)
- 20 -

de la conscience avec elle-meme, en tant qu'elle est le presuppose de toute con-
science de quelque chose. Si on admet,en plus, que toute unite de l'objet de con-
science est tributaire de l'unite originaire de la conscience et des modes selon
lesquels se fait la synthese conscientielle - it y a chez Descartes, nous le
verrons, des suggestions allant dans ce sens - nous satires sur la voie qui Irene
A Kant et aux idealistes post-kantiens.
               D'un autre cote, l'attention peut se porter sur les contenus de
conscience immanents. Si ces contenus sont consider& came donnes psychiques -
decomposables en dorm& atamiques - et si, par ailleurs, les operations qui s'y
exercent sont interpretees came &tent des operations enpiriquement assignables,
nous suivrons la voie empiriste, adopt& par Locke et Hume. On sait l'influence
que, directement ou indirectement, Descartes exerca sur Locke.
1.3.2. Confronts a l'immanence des presentations du monde, Descartes envisage -
dans un passage bien connu des Meditations - trois hypotheses. Ou bien ces pre-
sentations ont leur source dans la conscience. Dans cette hypothese, rejetee
par Descartes, la conscience enveloppe la totalite du reel (du reel fini pour
le mins). Ou bien les presentations d'objets piaeient immediatement de Dieu.
Ou bien elles ont des causes absolues externes. Descartes ecarte, on le sait,
par des arguments assez faibles, les deux premieres hypotheses. Il est frappant,
toutefois, de voir que les trois hypotheses sont developpees par certain de ses
successeurs dont plus d'un se refere, d'ailleurs, au passage des Meditations.
Descartes entrevit, pour le moins,selon quelles orientations pourrait se deve-
lopper la philosophie nouvelle dont il avait fixe le point de depart.
1.4.      L'anthropologie cartesienne
               En faisant de la conscience autoreflexive - et de ses paradoxes -
le point de depart de la philosophie, Descartes inaugure une nouvelle philosophie
de l'hamme.
              Dans la philosophiel - ievale, tout etait centre sur Dieu. Dans la
philosophie cartesienne, tout sera, du moires au depart, centre sur l'ego autore-
flexif. La philosophie aura, en tout premier lieu, desormais, pour objet l'éclair-
cissement de la paradoxale condition de l'ego.
              Celui-ci enveloppe le monde qui l'enveloppe. Sphere d'immanence,
it renvoie a une  transcendance qui le soutient dans l'etre. Eprouvant son unite
avec le corps, il concoit celui-ci came &tent tout autre. 11 eprouve sa radicale
liberte de choix et la fait coincider, a son degre supreme, avec la necessitation
du bien.
Hume, dont le point de depart est enveloppe, a certains egards,
dans le point de depart cartesien juge que toute philosophie doit, desormais,
porter sur la nature humaine.
1.5. La methode
                 Les regles, proprement dites, de la methode cartesienne n'ont
rien de tres original. Elles s'inscrivent, cependant, dans une reflexion globale
sur les conditions d'une recherche systematique de la verite. Or cette reflexion,
dans son articulation fort ccmplexe, est originale et fut influente.
1.5.1.           Elle part de la tres vigoureuse tentative de mettre en question
toute certiturIP rationnelle autant que prerationnelle, susceptible, d'une maniere
ou d'une autre, d'etre revoquee en doute. Et cela, en vue de decouvrir, si possi-
ble, un fondement ahsolument indiscutable, sur lequel la connaissance puisse
etre reconstruite. Cette tentative - si vous me permettez une formulation quel-
que peu recherchee - reussit, echoua et reussit encore. Elle reussit dans la me-
sure oil Descartes aboutit a une assise solide: la conscience autoreflexive, fon-
datrice. Elle echoua, pour autant qu'il ne parvint pas, reellement, a faire repo-
ser la connaissance sur ce fondement. I1 s'eloigna de celui-ci et tents de valider
la connaissance objective - dans un detour theologique douteux - par reference
a une instance externe. Elle reussit, tout de ii&tee, virtuellement, dans la mesure
ou, en tentant de legitimer la connaissance, il mit en lumiere, plus ou moins in-
diIeotement, ce a quoi it aurait pu, a certains egards, s'arreter: un ensemble
de conditions innanentes, non justifiables definitivement, come il le croyait,
mais inabandonnables dans certaines limites, de la connaissance objective.
                 Insistons quelque peu sur deux points: la courage19P Else en
question de toute autorite, de tout critere d'evidence, de tout bagage notionnel
traditionnel - la ferme volonte de sourrettre a une critique rigoureuse la nature
et la portee des facultes cognitives humaines, de n'adopts.r de point de depart
qu'absolument solide, de ne suivre de methode que rigoureusement certain -
fit ecole. Le point de depart adopte fut toujours - ou presque toujours - lie
desormais (on l'a vu), dune maniere ou d'une autrela l'exploration de la con-
science autoreflexive fondatrice. L'approche critique, cartesienne, a l'egard
des facultes de connaissance humaines, fut commune des lors.
                La volonte, peu consciente d'elle meme, peut-titre, mais
de prendre appui sur les conditions et presupposes de tout discours cognitif
objectif, fit ecole a son tour. La philosophie de Spinoza et celle de Leibniz,
- 22 -

en particulier, n'eussent guere ete possibles sans Descartes. La tentative leib-
nizienne, en particulier, de mettre en lumiere les premisses oublides de la con-
naissance se concoit difficilement sans reference a Descartes.

1.5.2. Le projet rationaliste cartesien exploite ce point de depart.
                 Le rationaliste cartesien est, souvent, mal compris. On s'ima-
gine, assez couramment, que Descartes pretend reconstruire le reel, sans aucun
recours a l'experience, a partir d'idees et de principes innes. Cette presenta-
tion, excessivement simplifies, est, largement, caricaturale. Sans doute, cer-
taines idees, virtuellement innees, ne doivent-elles rien a l'experience externe.
Elles sont obtenues - telles l'idee de pensee et l'idee de Dieu - par une explici-
tation des seuls modes d'être et contenus inme:diats de la conscience autore -
flexive. Sans doute , l'experience externe est-elle devalorisee a certain egards.
Les presentations innexhates du monde, dans leur concretude sensible, sont, juge
Descartes, confuses et ne fournissent pas de connaissance. En raison de leur con-
crettrie sensible, precisement - celle-ci est, en effet, relative a la structure
de nos organes recepteurs - elles occultent plutot les caracteristiques des reali-
 es intraimmdaines qu'elles ne les devoilent. Neanmoins, l'elaboration des idees
distinctes d'objets intramondains suppose l'experience externe. Une inspection
critique de l'esprit - qui ne retient, des presentations d'cbjets, que les carac-
 eristiques sans lesquelles ceux-ci ne seraient pas identifiables come objets
intrdnondains - permet d'elaborer une notion distincte de l'objet materiel (en
particulier). Elle n'en retient que les caracteristiques structurales inabandonn-
ables. Cette notion, bien qu'elaboiee a l'occasion de l'experience, est virtuelle-
rent innee dans la mesure ou elle est constituee par le pouvoir (inns) de la rai-
son.
                 On voit, sans peine, que l'inneisme cartesien est au point de ren-
contre de deux traditions. Il prolonge l'une et prepare l'autre. D'un cote,
l'occasion de l'experience, l'entendement reconstitue - et decouvre, en la recon-
stituant par son pouvoir inns, - une structure preexistante, une essence eternelle,
apparentee a l'idee platonicienne et coincidant, en principe, avec un modele de la
creation divine. D'un autre cote, les idees distinctes - simples - les natures
simples des Regulae - sont aussi les notions originaires inabandonnables,(degagees
a l'occasion d'une experience deja pleinement constituee) presupposees par tout
discours cognitif objectif. Dan ce sens - bien qu'elles aient encore un contenu
materiel defini - l'enquete cartesienne anticipe, d'assez loin it est vrai, sur
l'analytique kantienne.
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                 Le rationaliste cartesien a deux faces. D'un cote - Wolfgang Rod ,
en particulier, 1'a souligne avec nettete - it jette, en fait, les fondements
d'une theorie analytique de l'experience.         Idee einer Prinzipienlehre als
analytischer Erfahrungstheorie, juge Rod , ist . . . durchaus originell, and es
ist vor allen dieser Gedanke, durch den Descartes zum Begrunder der neuzeitlichen
Philosophie geworden ist' (Wolfgang Rod: Descartes' Erste Philosophie.Bonn: Bou-
vier, 1971). D'un autre cote, cependant,- Vides- distincte cartesienne ayant,
dans la lignee platonicienne, un contenu defini - la theorie cartesienne des
idees distinctes est aussi a 1'origine d'un grand ptojet rationaliste metaphy-
sique, speculatif. On peut, en le simplifiant a l'extreme, caracteriser ainsi
ce projet.
                One notion est distincte si et seulement si elle reconstruit,
dans leurs interconnexions, les caracteristiques essentielles (inabandonnables)
de son objet et si ces elements forment un ensemble consistant. One notion dis-
tincte peut etre congue de la realite materielle et, semblablement,des caracte-
ristiques essentielles corrmunes a tout contenu pensable. Or, dans la mesure oil
l'idee distincte est douee de consistance interne, son objet - mem s'il n'est
pas reel - est pour le mins possible. La totalite des idees distinctes - qu'un
esprit plus puissant que le T.:etre pourrait concevoir - represente, dans leurs
connexions euipletEs,la totalite des essences possibles. Or come le reel n'est
jamais qu'une instantiation du possible, une / nstruction a priori de la struc-
ture du reel est, en principe, envisageable.
               Des speculations de ce type n'etalent, bien entendu, paq inconnues
au mcyen-age. Mais la portee que leur confere Descartes est novatrice. La grande
epopee spinoziste nest guere ete possible - malgre ses antecedents medievaux -
sans Descartes. La radicalisation du projet rationaliste chez Wolff et certains
Wblffiens a (du moins aussi) des racines cartesiennes.
1.5.3. - 1.5.5.
                La nouvelle ontologie, soustendue par Descartes, aux sciences
de la nature mathematisees suppose la theorie des idees distinctes et le projet
rationaliste. La methocie cartesienne proprement dite exploite (e.a.) cette on-
tologie.
1.5.3.
              La physique aristotelicienne etait qualitative. La nouvelle phy-
sique, galileenne en particulier, ne retient, par contre, des objets que les
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