Charlotte Pronier DFGSM3 - Février 2018 - Eruptions virales - aaemr
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Introduction éruptions virales • Variabilité extrême : présentation, étiologies, mécanisme de survenue de l’éruption, évolution et gravité • Problème essentiel de différencier les étiologies bactériennes et virales • Atteinte spécifique ou non du virus à diagnostic virologique • La plupart des maladies virales sont bénignes • Problème de santé publique • Prévention par la vaccination pour certains virus 2
Pré-requis Identification d’une lésion élémentaire MACULE PAPULE Lésion plane à contour frisant Lésion saillante palpable au toucher (infiltration des couches superficielles modification de la couleur de la peau de la peau) (rosée, rouge, marron, blanche) sans relief, ni infiltration. ne contient pas de liquide. X%":; 3,; F":?2%1(; ; 3,; F":?2%1(; 4$):&$%", :;, 4$):&1 ?$?:&,:;, ; YYY 8%@
X%":; 3,; F":?2%1(; Pré-requis Identification 4$):&$%", d’une lésion élémentaire 4$):&1 ?$?:&,:;, VÉSICULE 8%@
Mécanismes de survenue de l’éruption Direct (lié au virus) ◦ Lyse ◦ Stimulation de la réplication virale ◦ Virus présent au niveau de la lésion Indirect (Réaction immunitaire à l’infection virale) ◦ Le plus souvent ◦ Le virus n’est pas présent au niveau de la lésion. 5
Définitions X%":; 3,; F":?2%1(; Erythème : rougeur congestive de la peau s’effaçant à la pression. (≠ purpura) 4$):&$%", 4$):&1 ?$?:&,:;, – X%":; 3, &$ K:0F1&, – C$"
Démarche diagnostique devant un exanthème Orientation diagnostique: •Anamnèse •Analyse sémiologique •Recherche de signes extra-cutanés •Manque de spécificité clinique En faveur d’une origine virale: •Contexte épidémique •Contage •Fièvre, syndrome pseudo-grippal, énanthème, polyadénopathies •Recours aux examens paracliniques • non systématique • Utile en cas d’infection grave, traitement spécifique, épidémiologie 7
Virus & éruptions maculo-papuleuses vVirus de la Rougeole vVirus de la Rubéole vParvovirus B19 vHHV6 vEBV cf cours sur les Herpesvirus lymphotropes (Pr. Thibault) vVIH (primoinfection) cf cours sur les Rétrovirus (Dr. Maillard) vArbovirus: West-Nile, Dengue, Chikungunya, Zika 8
Aspects cliniques de rougeole typique Rougeole sur pea (enfant africa - érythème non v - papules bien vi © thachers.org/ pedia Rougeole typique Rougeole sur peau noire àErythème maculo-papulaire àÉrythème non-visible ©WHO/WPRO La rougeole Measle virus (MV) Source : teachers.org /pediatrics.htm 9
Classification - Structure Ordre MONONEGAVIRALES, Famille PARAMYXOVIRIDAE, Genre Morbillivirus Virus enveloppé sphérique, 150 nm, génome à ARN de polarité négative, monocaténaire, 16kb, linéaire 3’ N P / V/ C M F H L 5’ Réservoir : l’homme 10
Distribution des génotypes circulantes entre 12/2016 et 11/17 Un seul sérotype Immunité durable 8 clades (A-H), 24 génotypes Data source MeaNS database Distribution dans le temps des 24 génotypes de la rougeole 11
Evolution de la rougeole en France 1. Quasi-disparition de la rougeole avec la vaccination • Vaccination introduite dans la calendrier vaccinal en 1983; ROR en 1986; depuis 1996, 2ème dose de ROR recommandée • 300 000 cas/an en 1986, 5200 cas en 2002, 40 en 2006, 47 en 2007 • Diminution du nombre de décès dus à la rougeole 2. Eradication de la rougeole prévue par l’OMS en 2010 • Rougeole redevenue maladie à déclaration obligatoire (DO) en 2005 3. Épidémie de rougeole en Europe (France +++) • > 20 000 cas déclarés – 2008-2017 • Pneumopathies graves >1000 • Encéphalites, myélite: >30 • Décès 20 • Insuffisance de couverture vaccinale (objectif: 95%)
Cas de rougeole répertoriés en France entre à partir des DO (Janvier 2008-Mai 2013)
La clinique: 3 phases 1. Incubation : 10 jours 2. Invasion : 2 à 4 jours • Fièvre élevée (> 38°C), catarrhe oculo-nasal Koplick • Diffusion virémique Signe de Köplick • Contagiosité respiratoire Aspects cli • Signe de Köplick, pathognomonique mais inconstant de rougeole t papules grises sur la face interne des deux joues 3. Phase éruptive : 6 jours www.thachers.org/ pediatrics.htm • Débute à la tête (région rétroauriculaire) • Évolution descendante en 3 jours tête -> pieds, 1 seule poussée • Maculo-papuleuse, non prurigineuse le plus souvent • Disparition en quelques jours Eruption débutant derrière les oreilles ©WHO/WPRO 14
Infection virale extrêmement contagieuse 15
Complications liés à la rougeole • Respiratoires (pneumonies virales et bactériennes, otites) • Digestives (diarrhée, hépatite, pancréatite) • Neurologiques (encéphalites) Virus lympho-épithéliotrope Lymphopénie Complications SLAM (CD150)-Nectin 4 immunodépression 1 er exemple documenté d’un virus nécessitant 2 récepteurs De Vries, 2012, Plos Pathogens Destruction des cellules T mémoires et des B: amnésie immunologique Eruptions qq jours vs Repeuplement qq semaines 16
Complications neurologiques de la rougeole Exanthème Encéphalite Pan- post- infectieuse encéphalite 1/1000 Encéphalite subaiguë à inclusions sclérosante Contage 1/100.000 7 14 21 1 3 6 9 1 3 6 9 12 jours mois années PESS : affection dégénérative liée à une infection persistante dans le tissu nerveux d’une souche virale défective. virus absent dans le LCR, MAIS présent dans le cerveau 17
Diagnostic virologique Le diagnostic de la rougeole est clinique. Confirmation virologique parfois nécessaire - diagnostic indirect : sérologie (IgM spécifiques, séroconversion) - diagnostic direct : RT-PCR sur les urines, salive, écouvillon naso-pharyngé, LBA… Envoi des prélèvements positifs au CNR (Centre National de Référence) 18
Conduite à tenir autour d’un cas - Traitement symptomatique - Déclaration obligatoire à l’ARS - Eviction de la collectivité (isolement) jusqu’à disparition des signes cliniques - Information du personnel, des parents… La prophylaxie de l’entourage - sujet contacts non vaccinés: • vaccin dans les 72 heures suivant le contage • à risque de rougeole grave (immunodéprimés, < 1 an, femmes enceintes, ados et adultes non immunisés): discuter la vaccination ou l’injection d’immunoglobulines polyvalentes La prévention - VACCINATION (la couverture vaccinale augmente mais reste insuffisante) - vaccin : virus vivant atténué ➡ CI : immunodéprimé, femme enceinte - ROR (trivalent): 2 injections ➡ protection 95% après la 2ème injection 19
Rubéole Virus responsable : Rubella virus (RUBV) Famille : Togaviridae ; Genre : Rubivirus Virus à ARN simple brin, linéaire, de polarité positive (9,7 kb) 1 sérotype Variabilité génétique: surveillance virologique • Clade 1: 10 génotypes (1a-1J) • Clade 2: 3 génotypes (2A-2C) • Actuellement circulation des génotypes 1E, 1G, 1J, 2B Transmission directe, interhumaine, par voie aérienne Contagiosité avant l’éruption Réservoir strictement humain 20
Rubéole acquise Asymptomatique (50-70 % cas) Incubation: 13-20 jours Exanthème maculeux, discret et fugace (2 à 4 jours) Polyadénopathies cervicales postérieure ± arthralgies ± conjonctivite Âge de survenue le + fréquent: 15-25 ans Infection bénigne SAUF chez la femme enceinte non immunisée Macules plus petites, plus pâles et surtout plus fugaces que celles de la rougeole 21
Incubation 13-20 jours
Rubéole: prévention par la vaccination Vaccin vivant atténué disponible très efficace ROR (2 doses) Obligatoire chez l’enfant depuis le 1er janvier 2018 Pas d’utilité des sérologies prévaccinales et postvaccinales Elle est justifiée par la gravité de la rubéole congénitale. 23
Parvovirus B19 Petit virus nu à ADN simple brin Famille: Parvoviridae; Genre Erythrovirus Virus qui se transmet principalement par voie respiratoire (mère-enfant et transfusion) ➡ contagiosité importante = phase pré-éruptive ➡ épidémies printanières Le virus a un tropisme marqué pour les précurseurs érythroïdes à anémie Infection fréquente (enfant 5-10 ans) Incubation 14 jours
Mégalérythème épidémique ou 5ème maladie Aspect souffleté ou dit en paire de claques Clinique Primoinfection à Parvovirus B19: • Atteinte érythémateuse et œdémateuse isolée des joues puis touchant les membres, parfois le tronc, • Arthralgies possibles (adulte, parfois au premier plan). • Fièvre modérée voire absente • Érythème dit « en gants et chaussettes »: purpurique et prurigineux, extrémités (mains, doigts, pieds) 25
Evolution des événements virologiques, hématologiques et cliniques au cours de la primo-infection par le B19 Complications Erythroblastopénie aiguë (anémie aiguë), chronique, parfois sans éruption chez les immunodéprimés. Anémie foetale , anasarque foeto- placentaire, MFIU 26
Mégalérythème épidémique Diagnostic Clinique Sérologique justifié en cas de doute si la personne a été en contact avec une femme enceinte ou sujet avec anomalie des GR ou ID - IgG et IgM spécifiques - IgM présentes jusqu’à 3 mois 27
Exanthème subit du nourrisson Roséole infantile ou pityriasis rosé ou 6ème maladie Primoinfection par le virus HHV6 Nourrisson (entre 6 mois et 3 ans) Infection bénigne et fréquente Pas de caractère saisonnier ou épidémique Agent responsable : HHV6 28
HHV6 Ordre: Herpesvirales Famille: Herpesviridae Sous famille: Betaherpesvirinae Genre: Roseolovirus 2 espèces: HHV-6A et HHV-6B Infections systémiques 1. HHV-6B (très prévalent: > 90% âge adulte) 2. HHV-6A un peu plus tard, plus agressif? L’homme est le seul réservoir naturel. Tropisme: Lymphocytes, monocyte, Cellules épithéliales, endothéliales et nerveuses Intégration chromosomique (
Transmission HHV6 • Horizontale par contacts rapprochés (salive) • Transplacentaire ou par les gamètes (1% des naissances) en association à l’intégration parentale • Périnatale • Transplantation d’organe • Non démontrée par l’allaitement et les transfusions Primoinfection • Asymptomatique • Exanthème subit • Fièvre sans éruption Infection persistante Soit latence « vraie » soit réplication à bas niveau Dans les monocytes principalement, lympho, cellules médullaires, épithéliales, endothéliales et nerveuses Réactivation Détection du virus dans le sang 30
Exanthème subit du nourrisson Présentation clinique caricaturale Incubation : 5 à 15 jours Période d’état : 2 phases • Fièvre brusque, isolée, élevée (39-40°C) mais bien supportée pendant 2-3 jours • Défervescence thermique et apparition concomitante d’un exanthème maculeux (1 seule poussée) prédominant sur le tronc puis disparition en qq jours Evolution habituellement favorable Complications rares • Convulsions fébriles • Méningo-encéphalite, hépatite aiguë, pneumopathie, syndrome mononucléosique • Réactivation chez l’ID 31
Rôle d’HHV6 dans le DRESS syndrome? Drug Reaction with Eosinophilia and Systemic Symptoms Réaction d'hypersensibilité médicamenteuse se manifestant par : - une éruption cutanée généralisée - une fièvre élevée - des troubles hématologiques (éosinophilie, lymphocytose) - pouvant présenter une atteinte viscérale (hépatite, néphrite, pneumonie, péricardite et myocardite) - chez certains patients, une réactivation HHV6. La prévalence est inconnue. Le début de la maladie a lieu habituellement 2 à 6 semaines suivant l'administration de l'agent causal : anticonvulsivants, sulfonamides, allopurinol, cyclosporine, azathioprine, sels d'or, agents antiviraux… Les manifestations peuvent persister pendant plusieurs semaines suivant la suppression de l'agent causal.
Eruptions vésiculeuses 33
Virus & éruptions vésiculeuses 1. Enterovirus 2. Virus de la varicelle et du zona (VZV) 3. Herpes Simplex Virus 34
Enterovirus & Syndrome pieds-main-bouche Ordre Picornavirales Famille Picornaviridae Genre Enterovirus Petit virus nu ARN simple brin de polarité positive 35
Syndrome pieds-main-bouche/ Herpangine Classe d’âge la plus touchée: 1- 4 ans Grande contagiosité Clinique: - Incubation ≈ 1 semaine - Manifestations systémiques : respiratoires, digestives - Douleurs buccales et fièvre modérée au début puis apparition des vésicules touchant préférentiellement mains, pieds et muqueuse buccale (+ autres localisations) - Association CV-A6 et rash péri-oral - Régression en 5 jours -Herpangine - Fièvre et odynophagie - Petites vésicules sur le voile du palais, la langue, l’oropharynx Hubiche 36 et al.
Syndrome pieds-main-bouche Nourrisson 13 mois Éruption généralisée CV-A16 Nourrisson 18 mois Vésicules groupées CV-A6 D’après Hubiche et al. 2014 37
Syndrome pieds-main-bouche Diagnostic : clinique++ Recherche de l’ARN du virus à partir des vésicules, des ulcérations buccales par RT-PCR Traitement : symptomatique à Anesthésiques locaux: limiter l’inconfort dû aux ulcérations buccales Evolution favorable Réseau de surveillance des Enterovirus (CNR) 38
Virus de la varicelle et du zona (VZV) Virus ubiquitaire humain responsable de la varicelle (primoinfection) et du zona (réactivation) Famille des Herpesviridae Sous-famille des alphaherpesvirinae Genre: Varicellovirus Virus à ADN double brin (125 kb) dermo-neurotrope 39
Varicelle • Maladie éruptive bénigne de la petite enfance • Tous âges mais en France habituellement avant 10 ans • Séroprévalence > 90% après 15 ans dans la population générale (pays tempérés) Transmission interhumaine par voie aérienne (gouttelettes salivaires, inhalation de squames cutanées contenant des particules) ou contact direct avec les vésicules à Maladie hautement contagieuse Épidémies annuelles (fin hiver, printemps) dans les pays tempérés 40
Physiopathologie 41
Clinique de la Varicelle Invasion : courte, fièvre modérée, asthénie , céphalées Eruption vésiculaire généralisée très prurigineuse débutant souvent au niveau du tronc puis évolution caractéristique : • Lésions maculo-papuleuses à vésiculeuses à croûteuses • Dans un même territoire, présence d'éléments d'âge et d'aspect différents • Éruption photosensible -Durée totale éruption: 7 à 10 jours -Latence dans les ganglions sensitifs -Immunité durable 42
Varicelle Evolution Complications Evolution bénigne dans la plupart des cas Complications: - Chez l’adulte, 25x plus de risque de faire une varicelle grave - Gravité fonction du terrain: ID, femme enceinte, nouveau-né < 4ans 5-14ans > 14 ans Surinfections cutanées Neurologiques Pulmonaires bactériennes Pneumopathies interstitielles Diagnostic de la varicelle: Clinique Dans des cas particuliers -> diagnostic virologique : - prélever les lésions: détection de l’ADN du virus par PCR - sérologie : IgG et IgM spécifiques 43
Varicelle Traitement/Prévention Traitement : contre-indication des AINS, pas d’application cutanée de talc • Forme classique : symptomatique • Contacts à risque : immunoglobulines • Formes graves (ID, nouveau-né,…) : ACYCLOVIR 15 mg/kg X3/jr pdt 7 à 15 jrs •Prévention : Vaccin vivant atténué, 2 doses, VARIVAX ou VARILRIX • Seul vaccin protecteur contre un herpesvirus humain • Pas de vaccination généralisée en France • Recommandée pour les femmes en âge de procréer séronégatives, l’entourage de personnes ID, les professionnels de santé et en contact avec la petite enfance Immunoglobulines spécifiques (femmes enceintes et immunodéprimés) Exclusion scolaire pendant le stade vésiculeux 44
Zona Réactivation • Chez l’adulte âgé (>50 ans) ou immunodéprimé • 30% des individus font 1 zona au cours de leur vie chez l’immunocompétent (vs HSV) • Atteinte cutanée localisée dans le territoire d’un dermatome • Diagnostic clinique +++ • Gravité: immunodéprimé • Si le diagnostic virologique s’impose à idem varicelle 45
X%":; 3,; F":?2%1(; 6/I#Ij7\YYY Primoinfection herpétique ,- , 7 e%(5%
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