La Vie économique Plateforme de politique économique - Die Volkswirtschaft
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91e année N° 7 / 2018 Frs. 12.– La Vie économique Plateforme de politique économique ENTRETIEN PROMOTION ÉCONOMIQUE POLITIQUE MONÉTAIRE DOSSIER Johan Schneider-Ammann Les régions suisses : L’expérience du taux plancher Miser sur l’intelligence se confie sur le système autant de marques 52 collective de formation à promouvoir 55 28 46 L’ÉVÉNEMENT La formation : un atout pour la Suisse
ÉDITORIAL Avons-nous bien fait nos devoirs ? École, travail, perfectionnement professionnel – le processus d’apprentissage ne s’arrête jamais. En Suisse, le consensus règne sur le fait que l’éducation constitue la principale ressource du pays. Il est donc mal vu de réaliser des économies sur la formation et les dépenses d’éducation du budget de la Confédération augmentent d’année en année. La formation individuelle est importante, cela ne fait aucun doute. Mais qu’en est-il de la globalité du système ? Le troisième rapport national sur l’éducation passe en revue l’ensemble du processus éducatif en Suisse, de l’éducation préscolaire à la formation des adultes. L’auteur de la publication, Stefan Wolter de l’université de Berne, met notamment en évidence les faiblesses du système lors des transitions : il apparaît dans de nombreux cas que la fréquentation d’une dixième année scolaire après la neuvième année obligatoire ne fait guère de sens. La Confédération et les cantons veut que 95 % des jeunes qui quittent l’école publique suivent un apprentissage ou une école du degré secondaire. Ce chiffre n’a pas encore été atteint, comme le confirme Jacques Babel de l’Office fédéral de la statistique. Des efforts sont notamment néces- saires pour les personnes issues de l’immigration. Une attention particulière est actuellement accordée au système dual de formation professionnelle, souvent cité en exemple dans les comparaisons internationales. À cette fin, la Confédération, les cantons et les organisations du monde du travail ont adopté ce printemps la Vision 2030 de la formation professionnelle qui consti- tuera un cadre de référence pour les diverses branches économiques au cours des années à venir. L’hiver dernier, nous faisions le point sur la numérisation dans le monde du travail. Nous poursuivons la réflexion dans le présent dossier en nous demandant comment la transition numérique affecte la gestion et le développement de la stratégie des entre- prises. Une évidence s’impose : la réduction de la hiérarchie et l’intensification de la coopération sont les germes du succès de demain. Bonne lecture ! Susanne Blank et Nicole Tesar Rédactrices en chef de La Vie économique
SOMMAIRE 4 10 L’ÉVÉNEMENT La formation : un atout pour la Suisse 4 Le système éducatif suisse : 10 Quels parcours après l’école bien noté, mais peut mieux obligatoire ? faire Jacques Babel Office fédéral de la statistique Stefan C. Wolter Centre suisse de coordination pour la recherche en éducation 14 Préparer la formation 18 La gouvernance suisse de professionnelle pour l’avenir la formation professionnelle Stefanie Bosshard est exemplaire Secrétariat d’État à la formation Ursula Renold Centre de recherches conjoncturelles (KOF) de l’EPFZ 28 ENTRETIEN « La formation 22 De nouvelles technologies 25 PRISE DE POSITION professionnelle pour l’éducation en Suisse me tient à cœur » Pierre Dillenbourg La coordination par l’échange Entretien avec le conseiller fédéral École polytechnique fédérale de Lausanne Michael O. Hengartner Johann Schneider-Ammann Swissuniversities 26 PRISE DE POSITION 27 PRISE DE POSITION Le système éducatif reflète Pour un développement les inégalités objectif Laura Perret Jürg Zellweger Union syndicale suisse Union patronale suisse 67 CHIFFRES 69 DANS LE PROCHAIN NUMÉRO 69 IMPRESSUM
SOMMAIRE 43 56 RUBRIQUES Des pistes pour ne plus pénaliser le mariage 34 MARCHÉ DU TRAVAIL 38 POLITIQUE RÉGIONALE 41 EN SUBSTANCE Évaluer les mesures du marché Travailler à distance en L’îlot suisse de cherté, un sujet du travail de manière ciblée admirant les montagnes plus que jamais d’actualité David Liechti Remo Zandonella, Vanessa Angst, Eric Scheidegger B,S,S. Volkswirtschaftliche Beratung Thomas von Stokar Secrétariat d’État à l’économie Christian Müller, Simon Röthlisberger Bureau de recherche et de conseil Infras Secrétariat d’État à l’économie 43 PLACE ÉCONOMIQUE 46 PROMOTION ÉCONOMIQUE 49 IMPOSITION DES COUPLES MARIÉS Du sur-mesure pour la La Suisse : une « marque » et Comment supprimer la réglementation des entreprises ? des pôles de compétitivité « pénalisation du mariage » ? Stefan von Grünigen reconnus Brigitte Behnisch, Martin Daepp, econcept Bruno Jeitziner Renaud Vuignier Roger Küttel Administration fédérale des contributions Université de Lausanne Secrétariat d’État à l’économie 52 COURS DE L’EURO DOSSIER L’expérience du taux plancher Niklaus Blattner Miser sur l’intelligence collective Université de Bâle, Banque nationale suisse 56 Le roi, l’essaim et le cochon 58 La fin de l’approche truffier sectorielle 68 INFOGRAPHIE Wolfgang Jenewein, Oliver Böhm Bernhard Lingens, Oliver Gassmann Université de Saint-Gall Université de Saint-Gall Les fondations suisses gèrent des milliards 61 Quand la stratégie mise sur 64 Naviguer à vue l’ouverture Andreas Greve, Frank Schomburg nextpractice GmbH Violetta Splitter, David Seidl Université de Zurich
FORMATION Le système éducatif suisse : bien noté, mais peut mieux faire Le système éducatif suisse fonctionne bien, comme le montre un récent rapport. Le pas- sage au degré post-obligatoire et le taux de réussite au niveau universitaire pourraient néanmoins être améliorés. Stefan C. Wolter Abrégé Le troisième rapport national sur l’éducation paru en juin n’évalue à partir du simple nombre d’années de forma- pas seulement le système éducatif suisse de l’école enfantine à la forma- tion – débouche partout sur des augmentations tion des adultes. Il rend également compte de la manière dont la Confédé- de revenus. ration et les cantons ont rempli leurs objectifs éducatifs, sur la base des Un système éducatif efficace ne devrait pas rapports précédents. Celui de cette année permet de procéder aux adap- seulement générer des salaires moyens élevés, tations nécessaires. Il aborde plus de cinq cents questions d’éducation sans négliger les améliorations possibles. Le passage de la scolarité obli- mais permettre également qu’ils soient répartis gatoire au degré post-obligatoire ou les taux de réussite et d’échec à l’uni- de manière relativement homogène. Cela mon- versité méritent notamment une attention particulière. trerait qu’un grand nombre de personnes ont été capables d’exploiter leur potentiel éducatif, et pas seulement une petite élite. Vu sous cet angle, L e troisième rapport national sur l’éducation est paru en juin1. Il a été rédigé par le Centre suisse de coordination pour la recherche en ce n’est pas le montant élevé du revenu par habi- tant qui vaut une bonne note au système éducatif suisse, mais surtout le fait que notre pays arrive éducation (CSRE) sur mandat de la Confédéra- au troisième rang des pays de l’OCDE en matière tion et des cantons. À travers plus de cinq cents d’égalité des revenus du travail (avant impôts questions, il décrit et évalue l’ensemble du sys- et transferts). Dans les autres pays membres de tème éducatif suisse, de l’école enfantine à la l’organisation, l’inégalité des revenus engendrée formation des adultes. Il rend, en outre, compte par une répartition inégale des compétences au de la manière dont la Confédération et les can- sein de la population doit être compensée après tons ont rempli leurs objectifs éducatifs, sur la coup par les impôts et les transferts pour arriver base des rapports précédents. À noter qu’il est à des chiffres comparables. Cette redistribution impossible d’évaluer un système éducatif de fa- des revenus est beaucoup moins nécessaire en çon absolue, puisque même les comparaisons Suisse grâce à la qualité de son système éducatif. internationales portent uniquement sur des échantillons, qu’il s’agisse de compétences, de Les fruits non financiers degrés scolaires ou de types d’éducation. de l’éducation Une possibilité indirecte d’évaluer la perfor- mance d’un système éducatif est d’observer le On pourrait à juste titre objecter que l’éduca- niveau et la répartition des revenus dans une tion n’a pas seulement pour but d’être recher- économie. En effet, l’éducation forme le capital chée sur le marché du travail et de générer un humain, et celui-ci améliore la productivité in- revenu aussi élevé que possible. Si l’on consi- dividuelle, ce qui devrait aboutir à une hausse dère certains des apports non financiers de des revenus. Naturellement, les compétences l’éducation comme la satisfaction dans la vie ne sont pas rémunérées au même niveau dans ou le sentiment subjectif de l’état de santé – cri- tous les pays et les différences qui les caracté- tères pour lesquels le lien causal entre éduca- 1 Le rapport est paru risent ne se reflètent pas avec la même intensité tion et résultat n’est pas toujours évident mal- le 21 juin 2018 et peut être consulté à l’adresse dans les salaires. Toutefois, un surcroît de com- gré des corrélations élevées – on constate des skbf-csre.ch. pétences – mesuré en tant que tel et non estimé schémas tout à fait analogues. En comparaison 4 La Vie économique 7 / 2018
La formation professionnelle est un des piliers du système éducatif suisse. Assistante médicale dans le Val Bregaglia. KEYSTONE
FORMATION avec ses voisins, la Suisse obtient également de Des solutions intermédiaires bons résultats dans ces domaines, comme le peu efficaces montre le rapport sur l’éducation. Ainsi, la pro- portion de personnes détentrices d’un diplôme Les recherches publiées à ce jour mettent en académique qui déclarent se sentir subjective- évidence quatre phénomènes importants : pre- ment en bonne santé, compte tenu des effets mièrement, les jeunes qui ne choisissent pas de l’âge, du sexe, de l’état civil et du revenu, de solution scolaire intermédiaire – reconnue est supérieure de 20 % à celle des personnes ou non – ont en moyenne moins de chances ayant seulement achevé leur scolarité au de- de terminer une formation post-obligatoire. gré secondaire II. À leur tour, ces dernières de- Deuxièmement, ceux qui choisissent une so- vancent de 20 % les personnes qui n’ont suivi lution scolaire intermédiaire ne s’en tirent en que la scolarité obligatoire. moyenne pas plus mal – mais pas mieux non En Autriche, en revanche, les différences ob- plus – que ceux qui entament directement une servées entre les niveaux scolaires dépassent formation. La seule différence est que les pre- systématiquement 40 %. En d’autres termes, miers auront prolongé leur temps de forma- si l’éducation entraîne effectivement une plus tion. Troisièmement, pour les jeunes qui ne grande satisfaction dans la vie et une meilleure choisissent pas de solution scolaire intermé- santé, le système éducatif suisse réussit appa- diaire, le report du passage se manifeste très remment mieux que l’Autriche à transmettre à tôt, soit longtemps avant la date dudit passage, chacun les compétences requises. et se traduit par un attentisme passif. Quatriè- mement, pour une grande partie des jeunes is- Trop de passages différés aux for- sus de l’immigration qui visent des solutions intermédiaires, la cause ne tient pas à des dé- mations post-scolarité obligatoire ficits scolaires, mais à des préférences diffé- Si la Suisse figure désormais au nombre des rentes : les formations de culture générale pri- meilleurs, cela ne signifie pas qu’elle ait exploi- ment ainsi la formation professionnelle. té tout son potentiel. Faute de place, on ne men- Enfin, parmi les transitions retardées fi- tionnera ici que deux points spécifiques : le pre- gurent les interruptions causées par de mau- mier est la nette diminution, au cours du dernier vaises décisions, le manque d’information ou quart de siècle, des transitions directes entre les faiblesses institutionnelles tout au début la scolarité obligatoire et les formations certi- de la formation post-obligatoire, qui se tra- fiantes du degré secondaire II, comme l’appren- duisent par des redoublements, des ruptures tissage professionnel, l’école de culture générale d’apprentissage ou des changements de type ou le gymnase. de formation avec perte d’années de forma- On pouvait encore, dans les années no- tion. nante, attribuer le recul des transitions directes Eu égard aux coûts privés, fiscaux et so- vers l’apprentissage professionnel à la morosité ciaux élevés associés aux retards inutiles dans conjoncturelle. Or, la chute continue et la tran- les cursus de formation, les responsables de la sition directe vers les formations de culture gé- politique éducative doivent se demander com- nérale stagnent : il faut donc une autre explica- bien de ces retards et échecs temporaires ou tion. En 1990, plus de 80 % des jeunes quittant définitifs pourraient être évités avec des me- l’école entraient encore directement dans une sures appropriées. La question se pose surtout formation post-obligatoire. Vingt-cinq ans plus parce que le taux visé de 95 % de certificats du tard, ce taux n’est plus que de 70 %. Des 30 % degré secondaire II n’est pas encore atteint et restants, un tiers environ choisit une solution qu’il reste toujours largement hors de portée intermédiaire reconnue comme scolarisante. des jeunes issus de l’immigration (voir illustra- Les deux autres tiers suivent des voies extrê- tion 1). Les grandes différences entre les can- mement variées allant du séjour à l’étranger tons dans les cursus de formation et les taux à l’entrée directe sur le marché de l’emploi en de réussite indiquent qu’il existe un potentiel passant par des programmes au pair. d’amélioration considérable et réaliste. 6 La Vie économique 7 / 2018
L’ÉVÉNEMENT Un taux d’abandon toujours élevé tôt de comparer le système académique suisse aux universités étrangères qui pratiquent un Il y a également des possibilités d’amélioration mode d’admission extrêmement sélectif et à l’autre extrémité de l’éventail, soit dans la for- restrictif. Or, ces universités connaissent gé- mation universitaire. Le rapport sur l’éducation néralement des taux d’abandon inférieurs à 2010 constatait déjà la nécessité d’intervenir sur 10 %, et non de 25 %. ce point et l’objectif 4 de la déclaration en ma- tière de formation, exprimée en 2015, demande La maturité n’est pas un gage que soient définies des mesures « contribuant de réussite académique à réduire le taux d’abandon des études dans les hautes écoles universitaires». Cela ne s’est tou- La comparaison avec les universités étran- jours pas produit. gères n’est toutefois pas entièrement pro- Depuis lors, le nombre d’abandons défini- bante. Certaines d’entre elles pratiquent la tifs lors d’études universitaires n’a pas fran- sélection, ce qui leur permet de décider qui chement diminué. Un quart environ des étu- étudiera chez elles. De leur côté, les univer- diants de bachelor n’a toujours pas obtenu de sités suisses doivent admettre tous les candi- diplôme après huit ans d’études. Pour interpré- dats détenteurs d’un diplôme de maturité. Il ter correctement ce chiffre, il faut tenir compte se peut donc que, pour différentes raisons, un du fait que seuls 80 % des gymnasiens – les- système qui restreint l’accès aux études n’ar- quels ne représentent d’ailleurs que 20 % de rive pas aux mêmes résultats qu’un autre où leur classe d’âge – entament des études univer- ce sont les hautes écoles elles-mêmes qui pro- sitaires après leur maturité. Il conviendrait plu- cèdent à la sélection. Faute de recherches sur Ill. 1. Taux de certificats du degré secondaire II obtenus par les Suisses et les étrangers 100 % 75 50 OFS / LA VIE ÉCONOMIQUE 25 0 Tous les jeunes Suisses nés en Suisse Étrangers nés en Suisse Étrangers nés à l’étranger de 25 ans Ill. 2. Statut des étudiants de première année au troisième semestre en fonction de la moyenne des notes obtenues à la maturité (université de Berne, 2014) UNIVERSITÉ DE BERNE, OFS ET CSRE, CALCULS CSRE / LA VIE ÉCONOMIQUE Note 4 à 4,4 Note 4,5 à 4,9 Note 5 à 6 0 10 20 30 40 50 60 70 80 90 100 Même filière Changement de filière Exmatriculation de l’université de Berne La Vie économique 7 / 2018 7
FORMATION ce sujet, il est toutefois impossible de dire au- leur mise en œuvre s’étend en moyenne sur jourd’hui quelle raison pourrait expliquer cette plus de quatre ans. Il faut encore davantage de différence. temps pour obtenir les effets souhaités. Il est concevable que les gymnases notent À la première étape du suivi, les rapports l’aptitude aux études quand celle-ci fait défaut, sur l’éducation devraient être en mesure de dia- et ce au niveau individuel et non général. Le rap- gnostiquer les problèmes. À la deuxième, il fau- port sur l’éducation fait référence à une analyse drait pouvoir en distinguer les causes pour être détaillée de la cohorte des nouveaux étudiants en mesure, dans un troisième temps, d’évaluer la de l’université de Berne en 2014. Celle-ci montre pertinence des mesures adoptées. que les points ECTS obtenus par les étudiants de Même si certains progrès ont été enregis- première année forts d’une moyenne de 4 à 4,4 à trés après huit ans de suivi, la première étape la maturité sont d’un tiers inférieurs à ceux dont évoquée ci-dessus n’a, dans la plupart des cas, la moyenne se situait entre 5 et 6. En outre, ils pas été dépassée en raison de la complexité de sont deux fois plus nombreux à s’être exmatri- la tâche et du perfectionnement continu du sys- culés après leur première année ou avoir changé tème. La conclusion n’est pas que le suivi est su- de filière (voir illustration 2). Cela permet appa- perflu, mais que les investissements dans ce do- remment de conclure que les maturités délivrées maine doivent être sensiblement accrus. Sans par les gymnases n’offrent qu’une garantie de diagnostic précis, le traitement adéquat reste le succès limitée. Ce diplôme ne garantit donc pas fruit du hasard … à lui seul la réussite des études. De nombreuses recommandations sont restées sans effet L’établissement de rapports sur l’éducation est une tâche permanente dans le cadre du suivi de la formation. Le troisième rapport montre clai- Stefan C. Wolter rement que cette continuité est nécessaire, car Directeur du Centre suisse de coordination pour la une fois les recommandations et objectifs for- recherche en éducation (CSRE), Aarau ; professeur en économie de l’éducation, université de Berne mulés sur la base des informations collectées, 8 La Vie économique 7 / 2018
L’ÉVÉNEMENT Téléchargez dès maintenant l’application dans l’App Store sans frais La Vie économique 7 / 2018 9
FORMATION Quels parcours après l’école obligatoire ? Le nouveau numéro AVS offre de nombreuses possibilités de suivi. Parmi celles-ci, on trouve les parcours des jeunes après la scolarité obligatoire et leur intégration dans la vie active. Jacques Babel Abrégé Dans le cadre du programme Labb de l’OFS, les parcours éducatifs Un titre du degré secondaire II suivis dans l’ensemble des degrés post-obligatoires et les transitions vers le pour 90,9 % des jeunes marché du travail ont pu être étudiés avec un degré de précision et de fiabi- lité inimaginable. Ainsi, en 2015, le taux de première certification du degré En 2015, le taux de première certification du secondaire II jusqu’à l’âge de 25 ans était de 90,9% soit 10 points supérieur degré secondaire II1 jusqu’à l’âge de 25 ans s’éle- à la moyenne des pays de l’OCDE. Par ailleurs, l’analyse de la transition après l’école obligatoire et des parcours dans le degré secondaire II indique que vait à 90,9 %. Ce chiff re est de 10 points supé- les différences tendent à s’accumuler avec le temps. La transition est éga- rieur à la moyenne des pays de l’OCDE. Il in- lement très fréquente vers le degré tertiaire pour tous les détenteurs d’une dique cependant que 9,1 % des jeunes ayant maturité, qu’elle soit professionnelle, gymnasiale ou spécialisée. Le Labb suivi l’école obligatoire en Suisse entreront montre, en outre, un enchevêtrement des périodes d’emploi et de forma- dans la vie active sans aucun diplôme, donc tion dans les années suivant l’obtention d’un CFC. sans un bagage minimum pour s’insérer du- rablement et avec succès dans la vie sociale et économique du pays. A vant la modernisation des relevés du do- maine de la formation et l’introduction d’un identificateur individuel, notre connais- Le taux de certification des femmes (92,9 %) dépasse de quatre points celui des hommes (88,9 %). D’importantes différences apparaissent sance des parcours éducatifs en Suisse était également si l’on considère le statut migratoire. très parcellaire. Elle était souvent restreinte à Pour les Suisses nés dans leur patrie, ce taux at- quelques cantons ou basée sur des enquêtes teint 94,0 % et se rapproche ainsi de l’objectif po- comportant des échantillons limités. On ne litique de 95 %. Pour les étrangers nés en Suisse, connaissait par exemple pas précisément la pro- il est de huit points inférieur (86,2 %). portion de personnes n’obtenant pas de titre du La carte des taux par district révèle la com- post-obligatoire, bien que ce soit un indicateur plexité géographique de l’indicateur et son im- stratégique aussi bien au niveau national qu’in- portante dimension ville-campagne. Quelle que ternational. Le programme Labb de l’Office fé- soit la région considérée, les districts englobant 1 Notamment une attes- déral de la statistique (OFS) entend désormais des centres urbains (Lausanne, Genève, Bâle, tation de la formation professionnelle (AFP), suivre en continu et de manière exhaustive les Lucerne, Lugano, Zurich, Bienne) présentent un certificat fédéral de capacité (CFC), un parcours effectués dans l’ensemble des degrés des taux relativement bas dans le contexte ré- certificat de culture gé- nérale ou une maturité post-obligatoires et fournir ainsi de précieuses gional (valeurs de 80 % à 87 %, voir illustration 1 gymnasiale. informations aux décideurs (voir encadré). et carte). Le programme Labb L’introduction de l’identificateur indivi- semble des parcours effectués après l’école parcours de formation. Les données ain- duel commun aux différents registres de obligatoire. Le projet repose sur deux axes : si obtenues peuvent être complétées par l’administration fédérale relatifs aux per- d’abord, une mise à disposition de fichiers celles déjà disponibles à l’OFS. Cela permet sonnes, le nouveau numéro AVS à treize de données longitudinales harmonisées et ainsi de fournir des informations très pré- chiffres (Navs13), a ouvert une nouvelle ère structurées par l’OFS de manière à faciliter cieuses, sans devoir recourir à des enquêtes dans le domaine de la formation. Il a permis les analyses et aussi d’œuvrer à la diffusion spécifiques. de mettre sur pied le programme « Ana- d’informations cohérentes. Ensuite, une Pour plus d’information sur le programme lyses longitudinales dans le domaine de la systématisation de la mesure des transi- Labb, voir : www.labb.bfs.admin.ch formation » (Labba) de l’Office fédéral de la tions et une diffusion à intervalles réguliers a. Suivant son appellation en allemand : statistique (OFS), qui permet de suivre l’en- d’études sur ces mêmes transitions et les « Längsschnittanalysen im Bildungsbereich ». 10 La Vie économique 7 / 2018
L’ÉVÉNEMENT Rentrés scolaire au gymnase Kirsch garten, à Bâle. De nombreux gymna- KEYSTONE siens intègrent par la suite une haute école. Les différences se construisent tout les deux ans en Suisse romande, contre 95 % en au long du parcours Suisse alémanique). Cette différence est significa- tive même lorsque l’on tient compte de la compo- L’analyse de la transition après l’école obliga- sition des populations. L’analyse des parcours ul- toire et des parcours dans le degré secondaire II térieurs dans le degré secondaire II3 révèle deux indique que les différences tendent à s’accumu- phénomènes : premièrement, les disparités qui ler avec le temps. Dès le début, soit à la charnière étaient déjà présentes à la sortie de l’école obli- après l’école obligatoire2, on constate que les gatoire se renforcent quelle que soit la dimen- jeunes de Suisse romande sont moins nombreux à sion analysée. Deuxièmement, les différences 2 Gaillard et al. (2016). poursuivre vers le degré secondaire II (92 % dans entre populations dans la réussite au degré se- 3 Laganà et Babel (2018). Ill. 1. Taux de première certification du degré secondaire II jusqu’à l’âge de 25 ans par sexe, statut migratoire et région linguistique 100 % 90,9 92,9 94 92,7 88,9 86,2 86,4 87,9 84,6 75 72,6 50 OFS / LA VIE ÉCONOMIQUE 25 0 Total Hommes Femmes Suisses nés Etrangers nés Suisses nés Etrangers Suisses Suisse romande Suisse italienne (N=77347 en Suisse en Suisse à l’étranger nés à l’étranger alémanique certifiés) et romanche Formation professionnelle initiale Formation générale La Vie économique 7 / 2018 11
FORMATION condaire II sont beaucoup plus fortes lorsque Une intégration professionnelle l’on s’intéresse aux trajectoires rectilignes. Par réussie exemple, une fois entrés au degré secondaire II, les jeunes de nationalité suisse réussissent non Un autre domaine qui n’avait guère été analy- seulement mieux que ceux de nationalité étran- sé de manière approfondie sur le plan national 4 Strubi et al. (2018) gère, mais ils le font aussi plus rapidement. est celui de la transition après un titre du degré secondaire II. Une nouvelle étude de l’OFS4 met en évidence la transition très fréquente vers le Taux de première certification du degré secondaire II jusqu’à l’âge degré tertiaire pour tous les détenteurs d’une de 25 ans par district de domicile maturité, qu’elle soit professionnelle, gymna- ≥ 98,0siale ou spécialisée. Elle confi rme aussi le fait 94,0 – 97.9 90,0 – 93,9que les titulaires d’une formation profession- 86,0 – 89,9 82,0 – 85,9 nelle initiale s’intègrent très bien dans le mar- < 82,0 ché du travail. Ainsi, 85 % des titulaires d’un moins de 200 personnes certifiées 1 certificat fédéral de capacité (CFC) accèdent à un premier emploi dans les trois mois qui suivent l’obtention de leur titre et 46 % restent dans OFS / LA VIE ÉCONOMIQUE leur entreprise formatrice. Ce premier emploi dure moins d’une année pour près de la moitié des personnes. Elle montre aussi que 19 % se sont inscrits au chômage à un moment ou à un ≥ 98,0% 94,0 – 97,9% 90,0 – 93,9% 86,0 – 89,9% 82,0 – 85,9%
L’ÉVÉNEMENT Suisse alémanique présentant des proportions Expliquer les phénomènes observés sensiblement plus faibles (17 %). Dans la majo- rité des cas, il s’agit de périodes de chômage de Le programme Labb a permis de caractéri- courte durée (jusqu’à six mois cumulés sur les ser beaucoup plus précisément les parcours 30 mois analysés). de formation en Suisse et de montrer des fa- cettes qui étaient peu connues jusqu’à présent. Des allers et retours entre Le défi pour la recherche est maintenant d’ar- river à expliquer les différences observées, de formation et emploi manière à fournir des pistes susceptibles de Un autre aspect qui avait été peu étudié en déboucher sur des améliorations. Un tel ob- Suisse jusqu’à présent est la dynamique détail- jectif ne peut être atteint qu’à travers de nou- lée entre formation et emploi à cette charnière. velles données. Une façon de les réunir serait L’étude montre qu’après leur CFC, les jeunes par exemple de coupler systématiquement les entrent dans une période durant laquelle l’em- données du programme Labb à celles des en- ploi et la formation s’entremêlent pendant plu- quêtes nationales ou internationales. sieurs années. S’ils sont nombreux à travailler tout de suite, un quart d’entre eux reviennent en formation dans les trois ans qui suivent, que ce soit pour préparer une maturité profession- nelle, entamer des études professionnelles supé- rieures ou effectuer un deuxième apprentissage (voir illustration 2). Le graphique montre la complexité de la transition tout au long des 42 mois analysés. Il Jacques Babel indique notamment que 66 % des personnes qui Chef du projet « Perspectives de la formation », section Système de formation, Office fédéral de la statistique n’étaient ni en emploi ni en formation (NEET) six OFS, Neuchâtel mois après leur titre travaillaient un an après. On constate aussi des flux conséquents entre Bibliographie l’emploi et la formation. Ainsi, 11 % des per- Gaillard L. et Babel J., Taux de première certification du degré secon- sonnes qui étaient en emploi six mois après le daire II et taux de maturités, Neuchâtel, 2018, OFS. Gaillard L., Laganà F. et Babel J., La transition à la fin de l’école obliga- titre étaient de retour en formation douze mois toire, Neuchâtel, 2016, OFS. plus tard. Entre le 30e et le 42e mois, le flux entre Laganà F. et Babel J., Parcours de formation dans le degré secondaire II, Neuchâtel, 2018, OFS. emploi et formation reste de même intensité, in- Strubi P. et Babel J., Transitions et parcours dans le degré tertiaire, diquant que la transition après le degré secon- Neuchâtel, 2015, OFS. Strubi P., Veselá J. et Babel J., Transitions après un titre du degré secon- daire II n’est pas véritablement achevée. daire II et intégration sur le marché du travail, Neuchâtel, 2018, OFS. La Vie économique 7 / 2018 13
FORMATION Préparer la formation professionnelle pour l’avenir L’apprentissage tout au long de la vie revêt une importance croissante dans le monde du travail. La « Vision 2030 de la formation professionnelle », élaborée par la Confédération, les cantons et les organisations du monde du travail, se penche sur cette évolution. Stefanie Bosshard long de la vie. L’évolution rapide de la technolo- Abstract Le marché du travail et la société évoluent. Ainsi, la numérisation, gie implique un renouvellement permanent des la mobilité professionnelle croissante et les mutations démographiques compétences professionnelles. Comme la nu- ont des répercussions sur la formation professionnelle duale en Suisse. Les mérisation modifie le contenu des formations, chances comme les défis que cela implique doivent être décelés à temps. La les professionnels expérimentés doivent aus- « Vision 2030 de la formation professionnelle », adoptée par le Secrétariat si acquérir, en cas de besoin, des qualifications d’État à la formation, à la recherche et à l’innovation (Sefri), les cantons et les organisations du monde du travail, forme un cadre de référence pour supplémentaires. De plus, les carrières linéaires l’évolution de la formation professionnelle. L’apprentissage tout au long de sont de plus en plus rares et la mobilité profes- la vie, la flexibilisation des offres de formation, les activités d’information sionnelle augmente, tout comme le nombre de et de conseil et la concertation entre les partenaires de la formation pro- reconversions. fessionnelle en sont les principales lignes d’action. La formation professionnelle ouvre des pers- pectives pour se former tout au long de la vie et s’intégrer dans la société. Il s’agit, par consé- L a formation professionnelle suisse est un modèle de réussite à l’échelon international. Dans notre pays, les deux tiers des jeunes optent quent, d’analyser les offres faites en matière de formation professionnelle sous l’angle de leur compatibilité avec le concept d’apprentissage pour une formation professionnelle qui les pré- tout au long de la vie. Pour promouvoir ce pro- pare au monde du travail. Cette voie offre des cessus d’apprentissage, il convient en outre de perspectives de carrière et diverses possibili- développer des modèles permettant de prendre tés d’acquérir une qualification supérieure (voir en compte, dans les formations profession- illustration). nelles formelles, les compétences acquises dans Pour conserver son attrait, la formation pro- un cadre formel, non formel et informel. Les fessionnelle doit tenir compte des tendances qui connaissances, les aptitudes et le savoir-faire marquent le marché du travail et la société et of- acquis dans un cours non sanctionné par un di- frir des conditions-cadres favorables. Elle doit, plôme reconnu par les pouvoirs publics doivent dès lors, s’orienter vers les besoins actuels de pouvoir être pris en compte de manière appro- l’économie et ceux des diplômés. priée dans les diplômes formels de la formation C’est dans ce contexte que les partenaires de professionnelle. la formation professionnelle – Confédération, La deuxième ligne d’action prévue pour cantons et organisations du monde du travail – la mise en œuvre de la Vision 2030 porte sur ont élaboré la « Vision 2030 de la formation pro- la flexibilisation des offres de formation, qui fessionnelle »1, qui leur donne le cadre dont ils ont s’adressent à un public en mutation. La crois- besoin pour agir ensemble dans un but commun. sance de la mobilité professionnelle, les effets de la migration et le changement démographique Quatre lignes d’action ont en effet pour conséquence que l’âge et les connaissances préalables des diplômés de la for- La Vision 2030 privilégie quatre lignes d’action. mation professionnelle varient de plus en plus. 1 www.sbfi.admin.ch/ fp2030 La première concerne l’apprentissage tout au La population suisse vieillit et le nombre d’em- 14 La Vie économique 7 / 2018
L’ÉVÉNEMENT ployés âgés qui quittent la vie professionnelle les nouvelles connaissances propres aux diffé- est supérieur à celui des jeunes qui entrent sur rentes branches ou professions. le marché du travail. En outre, les changements Il convient donc de mettre en place des struc- de profession tardifs se multiplient et l’immigra- tures aussi modulables que possible, tant du côté tion d’adultes sans diplôme du degré secondaire de la demande que de celui de l’offre. Dans cette II augmente. Il en résulte que la formation pro- perspective, les synergies entre les professions fessionnelle gagne en signification en permet- et les branches ainsi que les possibilités offertes tant une valorisation optimale du potentiel de par la numérisation doivent être reconnues et personnel qualifié que représentent les adultes. exploitées. Les offres de formation professionnelle ne La troisième ligne d’action consiste à intensi- doivent donc plus répondre uniquement aux be- fier les activités d’information et de conseil tout soins des jeunes, mais satisfaire davantage aux au long du parcours de formation et de la vie pro- attentes des adultes. fessionnelle. L’important pour que le système Par la même occasion, de nouveaux contenus de formation soit efficace est de permettre aux doivent être intégrés rapidement et simplement jeunes et aux adultes de reconnaître les atouts dans les offres de formation professionnelle afin et les possibilités qu’il représente et qu’il soit que celles-ci demeurent en phase avec les be- compréhensible. L’accès à des informations, des soins du marché du travail. Il s’agit d’intégrer conseils et un accompagnement doit être garan- aussi bien les compétences transversales – par ti pour les diplômés et les entreprises. Les muta- exemple dans le domaine des technologies de tions de l’économie et de la société posent égale- En raison des muta- tions démographiques, l’information et de la communication, des lan- ment de nouvelles exigences quant à l’orientation les offres de formation gues étrangères et de la gestion de carrière – que professionnelle, le choix universitaire et les pos- destinées aux adultes se multiplient. KEYSTONE La Vie économique 7 / 2018 15
FORMATION sibilités de carrière. La promotion des professions nés associent leurs efforts en faveur d’une forma- atypiques pour l’un ou l’autre sexe, l’intégration tion professionnelle de qualité : la Confédération en temps utile des parents dans le processus de est responsable du pilotage et du développement choix d’une profession, l’accès aux services de stratégiques de la formation professionnelle, les consultation en ligne pour adultes et jeunes sont organisations du monde du travail définissent les autant d’aspects qui gagnent en importance. Des contenus des formations et proposent des places offres doivent être examinées sur cette base et d’apprentissage, et les cantons assurent la mise en développées si nécessaire. C’est ainsi le cas des œuvre de la loi sur la formation professionnelle. services cantonaux d’orientation profession- La collaboration s’est déjà instaurée à plu- nelle, universitaire et en matière de carrière ou sieurs niveaux dans différents organes du par- des instruments déjà numérisés comme le portail tenariat. Mentionnons par exemple le Sommet « orientation.ch ». national annuel de la formation professionnelle, Enfin, la quatrième ligne d’action entend ren- placé sous la direction du ministre de l’écono- forcer le partenariat entre la Confédération, les mie et de la formation Johann N. Schneider-Am- cantons et les organisations du monde du travail. mann, ainsi que la Commission fédérale de la for- Celui-ci a été institutionnalisé lors de l’entrée en mation professionnelle (CFFP) et les commissions vigueur en 2004 de la nouvelle loi sur la formation pour le développement professionnel et la qualité professionnelle. Ainsi, les trois partenaires concer- spécifiques aux professions. Le système suisse de formation professionnelle FORMATION PROFESSIONNELLE SUPÉRIEURE HAUTES ÉCOLES PhD / Doctorat Diplôme fédéral Diplôme ES Master Master Master DEGRÉ TERTIAIRE Brevet fédéral Bachelor Bachelor Bachelor EXAMENS PROFESSIONNELS FÉDÉRAUX FORMATION CONTINUE À DES FINS PROFESSIONNELLES FORMATION CONTINUE À DES FINS PROFESSIONNELLES EXAMENS PROFESSIONNELS HAUTES ÉCOLES HAUTES ÉCOLES FÉDÉRAUX SUPÉRIEURS ÉCOLES SUPÉRIEURES SPÉCIALISÉES PÉDAGOGIQUES UNIVERSITÉS / EPF Maturité professionnelle Maturité spécialisée Maturité gymnasiale Certificat fédéral de capacité Certificat d’école de culture générale DEGRÉ SECONDAIRE II Aestation fédérale de formation professionnelle SEFRI / LA VIE ÉCONOMIQUE ENTREPRISE, ÉCOLE PROFESSIONNELLE, ENTREPRISE, ÉCOLE PROFESSIONNELLE, ÉCOLES DE CULTURE COURS INTERENTREPRISES COURS INTERENTREPRISES GÉNÉRALE GYMNASES FORMATION PROFESSIONNELLE INITIALE ÉCOLES D’ENSEIGNEMENT GÉNÉRAL OFFRES TRANSITOIRES ÉCOLE OBLIGATOIRE Voie usuelle Voie possibleVoie Formation usuelle professionnelle Voie possible La formation professionnelle s’inscrit au degré secondaire II et au degré tertiaire. Elle englobe la formation professionnelle initiale, la maturité pro- fessionnelle, la formation professionnelle supérieure et la formation continue à des fins professionnelles. La formation professionnelle repose sur des offres de formation et des procédures de qualification nationales clairement définies et se caractérise par une perméabilité élevée. 16 La Vie économique 7 / 2018
L’ÉVÉNEMENT Le système suisse de formation profes- sionnelle suscite un vif intérêt à l’étran- ger. Le président du Sénégal Macky Sall (à gauche) visite une KEYSTONE école professionnelle à Lausanne. Il importe maintenant de réexaminer la ré- aux conditions-cadres actuelles. Les échanges partition des tâches, des compétences et des res- constructifs instaurés à tous les niveaux entre ponsabilités entre les différents partenaires et, les partenaires de la formation professionnelle le cas échéant, de l’optimiser. Ainsi, les organes permettent de faire émerger de telles idées. À actuels du partenariat doivent être passés en re- l’instar du processus d’élaboration, la phase de vue afin de trouver des formes novatrices de col- mise en œuvre de la Vision 2030 doit se dérou- laboration et de simplifier les procédures faisant ler de manière aussi participative que possible. appel aux nouvelles technologies. Alors qu’il incombe aux acteurs chargés du pi- lotage de créer des conditions-cadres opti- La mise en œuvre commence males, la réalisation et le soutien des nouvelles idées émanant de la pratique sont indispen- Les quatre lignes d’action forment un cadre de ré- sables au développement ciblé de la formation férence pour le développement du système de for- professionnelle suisse. mation professionnelle suisse dans les années à venir. Les premiers champs d’action sont déjà identifiés et le processus « Formation profession- nelle 2030 » entre désormais dans sa phase d’appli- cation. Dans ce contexte, il est essentiel de trouver un bon équilibre entre innovation et tradition. La dualité entre la pratique et la théorie, l’orientation des offres de formation vers le marché du travail, le concept de profession et la forte perméabilité du Stefanie Bosshard système sont des principes à conserver. Responsable de projet, unité Politique de la formation Il convient également de suivre de nou- professionnelle, Secrétariat d’État à la formation, à la recherche et à l’innovation (Sefri), Berne velles voies et d’élaborer des solutions adaptées La Vie économique 7 / 2018 17
FORMATION La gouvernance suisse de la formation professionnelle est exemplaire Le système suisse de formation professionnelle repose sur un excellent mécanisme de pi- lotage. Une étude de l’EPF Zurich s’est appliquée à déterminer comment de bons critères de gouvernance peuvent être transposés dans un pays en développement comme le Népal. Ursula Renold Abrégé Compte tenu du très grand nombre d’acteurs concernés, les mé- Nous nous concentrerons ci-dessous sur canismes de gouvernance jouent un rôle décisif dans la formation pro- les systèmes éducatifs suisse, allemand, autri- fessionnelle. En Suisse, ceux-ci sont bien huilés : la collaboration entre chien et danois, ainsi que sur celui du Népal, les différents acteurs sociaux fonctionne bien et les mécanismes four- pays en développement où les conditions sont nissent les bonnes incitations. Techniquement, la Suisse pratique une aujourd’hui optimales pour tenter d’améliorer le gouvernance coordonnée axée sur les résultats, à l’instar du Danemark et de l’Autriche. En Allemagne, au contraire, le pilotage est fragmenté et système de formation. orienté sur les moyens mis en œuvre (ou intrants). Une étude du KOF, le La Suisse dispose depuis 2004 d’un régime de centre de recherches conjoncturelles de l’EPFZ, a appliqué ses observa- formation professionnelle intégré qui rend pos- tions sur la gouvernance à la situation du Népal où le système éducatif sibles de multiples raccordements à des filières fait aujourd’hui l’objet d’une refonte. Il parvient à la conclusion que dans subséquentes du système formel de formation. un pays émergent, il est souhaitable de viser une « gouvernance coordon- « Intégré » signifie ici qu’un seul office fédéral – le née axée sur les résultats ». Secrétariat d’État pour la formation, la recherche et l’innovation (Sefri) – est chargé d’encadrer l’en- semble des professions et d’assurer la coordina- L e système suisse de formation professionnelle suscite un réel intérêt dans le monde. En té- moigne la participation très soutenue de nom- tion entre tous les acteurs. Les mécanismes de gouvernance fixés dans la loi de 2004 sur la for- mation professionnelle (LFPr) comportent des in- breux politiciens et entreprises de l’étranger au citations qui favorisent la plus grande efficacité troisième congrès international de la formation possible. La LFPr, par exemple, régit la collabora- professionnelle qui s’est tenu début juin à Winter- tion entre la Confédération, les cantons et les or- thur. Les experts étrangers souhaitent réduire le ganisations du monde du travail. taux de chômage des jeunes en améliorant la for- En Suisse, la concertation est très étroite mation professionnelle et en faisant mieux coïn- entre les acteurs du système de formation et de cider l’offre et la demande de travail. Reste qu’il placement1. Étant donné que dans de nombreux n’est pas toujours aisé de transposer des éléments pays, les compétences décisionnelles sont ex- d’un pays à un autre, compte tenu des différences clusivement du ressort des autorités éducatives, d’ordre juridique, historique, économique et cultu- cette collaboration n’y est pas aussi développée. rel parfois sensibles qui peuvent les séparer. Il est dès lors d’autant plus difficile d’obtenir un Le système suisse se distingue par son ef- engagement substantiel de la part des entre- ficacité, en l’occurrence un faible taux de chô- prises de ces pays. Si les projets pilotes consti- mage et des conditions de travail relativement tuent sans aucun doute un acte expérimental avantageuses. Cela s’explique en grande partie important, ils sont insuffisants pour assurer la par son mode de gestion (ou gouvernance). En mise en place d’un système de formation profes- d’autres termes : la collaboration interinstitu- sionnelle durable. Un tel projet nécessite une in- tionnelle entre les protagonistes de la branche teraction des parties prenantes à la gouvernance fonctionne et les mécanismes de pilotage four- et des mécanismes d’incitation judicieux définis 1 Renold et Bolli (2016). nissent les incitations adéquates. conjointement. 18 La Vie économique 7 / 2018
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