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Jogging : à consommer Henri Dès : « Je suis un avec modération P. 34 Monsieur Hibou » P. 48 Vieillir en bonne santé : comment organiser les soins ? Disponible chez votre médecin N° 15 – juin 2013 www.planetesante.ch
PUBLIREPORTAGE publireportage Un stent qui se dissout de lui-même En cas d’infarctus du myo- carde, les stents sont des prothèses indispensables pour la vie des patients : en très peu de temps, ils ouvrent le vaisseau san- guin bouché et rétablissent la circulation sanguine ali- mentant le cœur. Une nou- velle génération de pro- thèses endovasculaires a maintenant été dévelop- pée. Celles-ci se dissolvent d’elles-mêmes une fois le travail accompli. Des graisses (cholestérol) et du calcaire se déposent sur les parois vasculaires et pro voquent des occlusions qui peuvent conduire à l’infarctus du myocarde. Depuis plus de 25 ans, les cardiologues uti lylactide, un matériau éprouvé 8 000 patients ont jusqu’à lisent des stents en métal utilisé depuis longtemps dans présent reçu une prothèse pour rouvrir les vaisseaux d’autres applications médica endovasculaire de nouvelle devenus trop étroits. Depuis les. Dans le monde, quelque génération. peu, des prothèses endovas culaires biorésorbables s’im posent comme une alterna Prof. Stéphane Cook tive en Suisse. Cardiologue L’intervention pour implanter Hôpital universitaire de Fribourg ces nouvelles prothèses en dovasculaires est rapide et Vous avez été le premier médecin à implanter la prothèse endovasculaire douce, si bien que les pa biorésorbable sur un patient en Suisse. Combien d’interventions similaires tients peuvent quitter l’hôpi avez-vous réalisées depuis ? tal dès le lendemain. Afin Au total, j’ai implanté la nouvelle prothèse endovasculaire chez plus de 100 patients. Dans notre hôpital universitaire de Fribourg, cette nouvelle technologie est déjà que le vaisseau ne se referme utilisée dans un quart des cas. pas après l’intervention, la prothèse endovasculaire libère Pour quels patients les nouveaux stents sont-ils tout particulièrement un médicament. En se dis recommandés ? solvant au fil du temps, elle Pour pratiquement tous les patients. Au départ, ils ont été utilisés principalement chez permet au vaisseau sanguin des sujets jeunes. Entretemps, il a cependant été démontré que même les autres de retrouver son comporte patients peuvent bénéficier des stents de nouvelle génération. ment naturel et d’adapter la circulation sanguine à la Quels sont pour vous les avantages pour les patients ? charge corporelle. À long Étant donné que la prothèse endovasculaire se dissout d’ellemême après un certain terme, le risque de formation temps, le vaisseau sanguin peut retrouver sa forme normale et sa mobilité. La de caillots sanguins et de dissolution complète de la prothèse minimise également le risque de thrombose sur proliférations tissulaires en le site d’intervention. Cette technique facilite en outre le travail des chirurgiens lors réaction au corps étranger d’éventuels contrôles ultérieurs ou en cas de nouvelle intervention, dans la mesure où disparaît. Les prothèses en aucune pièce métallique ne gêne la vue ou le traitement. C’est ce qui fait de ces dovasculaires autorésorba nouveaux stents des prothèses révolutionnaires. 1006675 bles sont composées de po
EDITO 3 Vieillesse : le devoir d’humanité C’ est une froide réalité: la popu- domicile le plus longtemps possible (lire notre lation suisse devient de plus en dossier en page 6). Et cela, sans trop compter plus âgée. Les chiffres parlent sur la population active. Car nos modes de vie d’eux-mêmes. De 10% en 2010, et nos comportements le montrent : nous sou- la proportion des personnes de plus de 65 ans haitons de moins en moins côtoyer ce qui est passera à 20% en 2020. Plus troublant encore : assimilé à une défaillance insupportable. Au l’effectif des plus de 80 ans a toutes les chances XXIe siècle, la vieillesse, comme toute autre d’augmenter de 120% d’ici à 2040 ! imperfection physique, doit être bannie de la sphère du visible. Pas question de répéter le Pourquoi ces chiffres donnent-ils le vertige ? schéma des générations passées : s’occuper des D’un point de vue strictement économique, aînés est devenu le rôle d’institutions spécia- parce qu’il va falloir diablement s’organiser lisées. Chaque jour, ce sont donc des milliers pour que les coûts liés à cette population en de professionnels de la santé qui assistent constante augmentation restent supportables les personnes âgées dans leurs tâches quoti- pour la société. Or la chose n’est pas simple. diennes. Avec pour unique récompense, des Car à la différence d’autres groupes de popu- relations humaines incroyablement fortes. Trop lation qui « consomment » de la santé sans souvent oubliés, ceux qui assurent les soins à forcément en avoir besoin, les personnes âgées domicile sont de véritables héros du quotidien, sont, elles, vraiment malades. En majorité, qui nous rappellent une leçon toute simple : elles souffrent de « polymorbidité », autrement s’occuper des aînés n’est pas qu’une banale dit sont atteintes simultanément par plu- affaire de sous. C’est en fait un véritable devoir sieurs maladies chroniques. Traiter ces patients d’humanité. s’avère non seulement complexe au plan médi- cal, mais aussi très coûteux. Comment faire, dès lors, pour prendre en charge ces personnes âgées ? Une tendance se des- Michael balavoine sine clairement : il faut réussir à les maintenir à + Impressum Rédacteur en chef Photographie Publicité Collaborations Comité de rédaction Michael Balavoine Romain Graf Médecine & Hygiène Publicité Planète Santé est soutenu par Dr Pierre-Yves Bilat Rédactrice en chef adjointe DR Maya Aubert - la Société vaudoise Dr Henri-Kim de Heller Elodie Lavigne Chemin de la Mousse 46 de médecine Dr Marc-Henri Gauchat Rédacteurs Edition 1225 Chêne-Bourg - la Société médicale du Valais Dr Bertrand Kiefer Gaëlle Bryand Joanna Szymanski Email : maya.aubert@medhyg.ch - l’Association des médecins Dr Michel Matter Benoît Perrier Tél : +41 22 702 93 17 du canton de Genève Dr Remo Osterwalder Eric Schaerlig éditeur Fax : +41 22 702 93 55 - la Société neuchâteloise M Pierre-André Repond Ellen Weigand Editions Médecine & Hygiène de médecine Pr Bernard Rossier Chemin de la Mousse 46 Abonnements - la Société médicale M Paul-Olivier Vallotton Conseillers scientifiques 1225 Chêne-Bourg Version électronique : gratuite du canton du Jura Dr Bertrand Kiefer Email : planetesante@medhyg.ch Abonnement papier : CHF 12/an Dr Pierre-Alain Plan Tél : +41 22 702 93 11 Tél : +41 22 702 93 29 Fax : +41 22 702 93 55 Fax : +41 22 702 93 55 Graphisme, illustration Email : abonnements@medhyg.ch et infographie Fiche technique Site : www.planetesante.ch giganto.ch ISSN : 1662-8608 Tirage : 30 000 exemplaires 3 fois par an Plus d’articles sur www.planetesante.ch
SOMMAIRE Politique 6 Vieillir en bonne santé, sans quitter son domicile 12 Pierre-Yves Dietrich : « L’intensité des relations humaines m’a poussé vers l’oncologie » 16 Tribune : Trouver un médecin de campagne, 6 Vieillir en bonne santé, la croix et la bannière sans quitter son domicile En images 18 Guerre aux germes à l’hôpital 22 Le simulateur d’urgences pédiatriques 26 Comment notre organisme produit le sang Santé 28 Arsenic : danger ! 30 Etre bronzé ne protège pas contre le cancer de la peau 32 Faire l’amour souvent rend heureux et préserve la santé 34 Jogging : à consommer 34 Jogging : à consommer avec modération avec modération 36 L’infarctus du myocarde 40 Test : mieux choisir sa consommation d’alcool 44 Je vais passer une échographie de grossesse Juridique 46 Dossier électronique du patient : un projet d’avenir pour médecins et patients People 48 Henri Dès : « Je suis 48 Henri Dès : « Je suis un Monsieur Hibou » un Monsieur Hibou »
6 politique Vieillir en bonne santé, sans quitter son domicile D Aînés Le canton de Vaud ’abord il y a un constat : nous Conseiller d’État Pierre-Yves Maillard. devenons de plus en plus âgés, Un comité d’experts, présidé par le a développé un ambitieux et souvent dans des conditions Pr Christophe Büla, chef du Service de concept pour permettre à plutôt bonnes. Dans le canton gériatrie du CHUV, a élaboré un rap- de Vaud, plus d’un tiers (37,1 %) des per- port très fouillé*, qui définit cinq axes ses personnes âgées de vivre sonnes âgées de 90 ans et plus vivent d’actions et non moins de 109 mesures de manière autonome, sans même avoir à développer ou mettre en place dans le plus longtemps possible à besoin de soins à domicile. Il reste que les cinq prochaines années. Beaucoup domicile, sans dépendance, le vieillissement de la population pose existent déjà et un tiers d’entre elles une question majeure à la collectivité : auront des implications financières. et en bonne santé. Des comment organiser la prise en charge actions de prévention ciblant des aînés, aussi bien lorsqu’ils restent Favoriser le maintien à domicile, que lorsqu’ils doivent être à domicile les seniors, un renforcement hospitalisés, ou quand l’EMS devient la Au départ, il y a un choix philosophique, seule solution ? celui de tout mettre en œuvre pour favori- de la coordination et de la Le vieillissement de la population est iné- ser le maintien à domicile de la personne première ligne de soins, luctable : la proportion des plus de 65 âgée. Cette politique a fait qu’aujourd’hui ans passera de 10 % en 2010 à plus de le canton de Vaud a un des taux les plus ainsi que des changements 20 % en 2030. Quant à l’effectif des plus bas de résidence en EMS. Pourquoi ? profonds dans les pratiques de 80 ans, il aura augmenté de 120 % en D’une part, parce que l’écrasante majo- 2040 ! rité des personnes âgées tient à rester hospitalières caractérisent la Anticiper les effets de ce phénomène dans son domicile ; d’autre part, c’est politique vaudoise. démographique est donc indispensable, et en ce sens le canton de Vaud a fait une manière efficace de réduire les coûts. La conséquence de cette politique de Texte Philippe barraud œuvre de pionnier avec la mise en place maintien à domicile est que les séjours de sa politique « Vieillissement et santé », en EMS sont passés d’une durée de huit commencée en 2010 sous l’impulsion du à dix ans, à une durée d’un peu moins de planète santé – JUIN 2013
politique 7 Soins à domicile L’irruption du secteur privé Depuis quelques mois, des sociétés privées se sont lan- cées sur le marché des soins à domicile dans le canton de Vaud. En Suisse alémanique et au Tessin, où il n’existe pas d’organisations publiques massives comme les CMS vaudois, les sociétés privées occupent 30 à 50 % du marché dans certaines villes. Il s’agit souvent, à l’origine en tout cas, d’entreprises de location de personnel. Contrairement aux CMS, elles ne reçoivent pas de subventions. Pour compen- ser, et comme les tarifs sont fixés au niveau fédéral, elles tendent à facturer davantage “La proportion des plus d’heures, jusqu’à deux fois de 65 ans passera de 10 % plus. Pour Jean-Jacques Mona- charge de maladies aiguës, sur en 2010 à plus de 20 % en une période courte, à des soins de chon, patron des CMS vaudois, longue durée pour des pathologies le privé peut être compétitif 2030” chroniques dégénératives. au début, mais si les tâches et Avec en plus une approche à les soins se complexifient, les repenser : on sait que l’hospitalisa- trois ans seulement. Avec toutefois une tion a un effet néfaste sur l’indépendance coûts vont augmenter. Il voit conséquence fâcheuse : les EMS ne sont fonctionnelle et l’autonomie des per- une évolution dans laquelle plus ces « lieux de vie » qu’on avait rêvé, sonnes âgées. On estime que, dans cette le privé s’octroiera les soins mais tendent à devenir seulement des tranche de la population, 50 % du déclin lieux de fin de vie. fonctionnel est dû à un passage en hôpi- faciles, les soins complexes La politique « Vieillissement et santé » tal ! Autrement dit, une hospitalisation revenant au secteur public. s’articule autour de cinq axes. peut entraîner un accroissement de la Non sans une concurrence en dépendance et la fin de la vie autonome matière de recrutement, même 1. Pour l’hôpital, un changement à domicile. de paradigme La raison en est attribuée à des pro- si le privé tend à ne pas vou- L’un des secteurs les plus concernés par cessus de soins et à un environnement loir se soumettre aux conven- le vieillissement est l’hôpital, car les inadaptés. En conséquence, l’hôpital tions collectives. soins aux personnes âgées vont deve- doit repenser à la fois son organisation nir son activité principale. Aujourd’hui spatiale (locaux, bâtiments…) et ses pra- « Nous verrons dans douze déjà, dans les services de médecine du tiques professionnelles, pour réserver à dix-huit mois si l’implan- CHUV et des hôpitaux régionaux, 70 % aux patients âgés des pratiques spéci- tation a réussi », commente des patients soignés ont plus de 65 ans, fiques, fondées en particulier sur des Jean-Jacques Monachon. et 40 % ont plus de 80 ans ! Les acteurs décisions cliniques mieux pesées. Il s’agit sont appelés à un véritable changement en particulier, et notamment au niveau de paradigme, puisque l’hôpital doit pas- des urgences, de bien évaluer l’état fonc- ser d’une médecine axée sur la prise en tionnel du patient, ses éventuels troubles Plus d’articles sur www.planetesante.ch
8 politique Formation continue pour Une pyramide les médecins de famille hétérogène et à haut risque de dépen- dance, car leurs réserves L’Association des médecins de famille du La population âgée n’est pas physiologiques ne leur canton de Vaud a décidé de mettre sur pied un groupe homogène, bien permettent plus de faire face une formation continue spécifique tournée au contraire. Elle forme une aux événements stressants, vers la personne âgée, à l’intention des pyramide à trois étages dont tels que les maladies aiguës médecins installés. la base, 50 à 60 % de la popu- ou les premières difficultés Ces sessions sont organisées conjointement lation âgée, est constituée par fonctionnelles. avec plusieurs services du CHUV (psychia- une tranche réputée robuste Enfin, le sommet de la trie de l’âge avancé, gériatrie et réadapta- de personnes en bonne santé, pyramide rassemble les per- tion, Centre Leenaards de la mémoire), et présentant en moyenne une sonnes âgées dépendantes, développent des thèmes tels que « Docteur, seule maladie chronique. qui représentent 15 à 20 % ma mère perd la tête… » ou « Docteur, mon Sans surprise, on y trouve les de la population âgée, et qui père tombe… » jeunes retraités, entre 65 et ont des besoins complexes. Pour les médecins de famille, le rôle 75 ans. Ce sont principalement des primordial qu’ils jouent dans la prise en Le deuxième étage (20 à 40 %) femmes âgées de 85 ans et charge de la personne âgée rend néces- est constitué de personnes plus, dont la plupart vivent saire un complément de formation dans ce vulnérables, souffrant de plus à domicile et bénéficient de domaine. de deux maladies chroniques, l’appui du CMS. cognitifs, ses performances de mobi- 3. Vieillir chez soi La politique vaudoise vise également lité, et d’organiser la prise en charge en Nous l’avons dit, la politique du can- à soutenir les proches aidants, essen- conséquence. ton de Vaud en matière de soins à tiels pour le maintien à domicile, mais Pour Eliane Deschamps, directrice du domicile lui permet d’avoir un taux qui subissent souvent une pression programme « Vieillissement et santé », d’hébergement en EMS parmi les plus considérable. cette évolution de l’hôpital passe par la bas de Suisse : environ 5000 personnes diffusion des compétence gériatriques et âgées, pour 30 000 aidées à domicile. 4. Valoriser les compétences de pratiques interdisciplinaires dans les Pilier du système, les Centres médicaux Il s’agit de former un nombre suffisant services à haute densité de personnes sociaux (CMS) emploient 4400 per- de professionnels de soins à la personne âgées, et par une sensibilisation des sonnes à temps partiel, principalement âgée, et d’offrir aux soignants en acti- médecins généralistes (voir encadré). des auxiliaires de santé avec la formation vité des formations continues adéquates. Croix-Rouge, et 600 infirmières. Le finan- Un autre objectif important est de valo- 2. Vieillir en santé cement est assuré paritairement par le riser les professions de soins aux aînés, La Suisse est un des pays qui consacre le canton et les communes, dont 85 % est qui ne bénéficient pas d’une image très moins de dépenses à la prévention – trois consacré aux charges salariales. attractive, alors même que la pénurie de fois moins que le Canada – et les généra- Pour Jean-Jacques Monachon, directeur soignants menace. listes n’ont pas le temps de faire ce qu’il général de l’AVASAD (Association vau- faudrait. Pour les auteurs du rapport, il doise d’aide et de soins à domicile), il 5. Evaluer et piloter la politique est pourtant souhaitable d’améliorer la s’agit de fluidifier le parcours de la per- Un grand nombre d’intervenants sont qualité de vie des personnes âgées, et de sonne qui va passer de son domicile aux concernés par la prise en charge des réduire le temps passé en dépendance. services hospitaliers, puis au centre de patients âgés. Il est donc fondamental de Les mesures proposées, et les expériences réadaptation, puis à l’EMS, et éventuel- disposer d’outils d’évaluation et de coor- pilotes en cours, visent à développer une lement revenir à son domicile. dination compatibles et efficaces, mais prévention spécifique à cette période de Les soins à domicile affichent des aussi de statistiques précises, ce qui la vie, notamment dans le sens de l’acti- chiffres impressionnants, comme les n’est pas toujours le cas : par exemple, vité physique et la mobilité. Ce sont par 10 millions de kilomètres parcourus le canton ne dispose pas d’une enquête exemple les campagnes « Ça marche ! » chaque année (!), des chiffres qui sont officielle sur la santé de ses habitants ; et « Pas de retraite pour ma santé ». On en hausse constante. Les 52 centres du les chiffres disponibles sont ceux de la vise aussi à limiter l’usage immodéré de canton fournissent, chaque jour, plus de Confédération, qui sont peu actuels et certains médicaments, et c’est à quoi 8000 prestations auprès de 4780 clients insuffisants pour conduire une politique s’emploie la campagne « Somnifères ? d’un âge moyen de 75 ans. Il s’agit par ambitieuse comme « Vieillissement et Pas forcément nécessaires ! » exemple de 3000 heures de soins, 800 santé ». + heures d’aide au ménage, et 2100 repas. *www.vd.ch/vieillissement planète santé – JUIN 2013
politique 9 Histoires de patients Mario Gloor : « J’ai eu plus de chance que d’autres » TEMOIGNAGE. Après une année d’hospi- talisation, Mario Gloor est rentré chez lui dans le quartier de la Servette à Genève. Victime d’un cancer du larynx, il a été confronté à un choix cornélien : manger ou parler. L’ancien imprimeur a fait le choix de la communication. Pour cela, les médecins lui ont implanté une trachée artificielle. S’il est pratiquement remis de ses malheurs (il a aussi été victime d’un cancer de la prostate), Mario ne pourrait vivre chez lui sans les infirmières de l’Ins- titution genevoise de maintien à domicile (imad). Un soulagement après une année d’hospitalisation. Conscient d’être un pri- vilégié parmi ses anciens camarades de chambre, il témoigne. Reportage dans les coulisses qui ont permis cette véri- table démonstration d’humanité et de solidarité. Thierry Toulze est responsable d’équipe à l’antenne d’aide à domicile du quartier des Grottes à Genève. Les centres de proximité de l’imad L’infirmière de référence A Genève, l’imad compte 2000 pro- Murielle Dufour est l’infirmière de réfé- fessionnels répartis en 24 antennes de rence de Mario Gloor. Elle le voit deux maintien à domicile qui se chargent de fois par jour, le matin et le soir. Elle a quelque 16 000 personnes de tout âge et un « portefeuille » d’une vingtaine de de tout horizon. Coordonner les soins au patients et en voit en moyenne huit par sein de chaque centre de proximité est jour. Sa relation avec Mario est toutefois une tâche essentielle. Pour la région du particulière : il a insisté pour qu’elle le haut de la Servette, c’est Thierry Toulze, suive à son retour à domicile. « Ce n’est le responsable d’équipe, qui gère l’orga- pas toujours aussi facile, avoue l’infir- nisation d’une quarantaine de personnes mière. Les situations des gens qu’on aide entièrement dédiées aux soins à domicile. sont souvent dramatiques. » Plus d’articles sur www.planetesante.ch
10 politique Nettoyer la trachée La trachée artificielle de Mario peut faci- lement s’infecter. L’infirmière doit la net- toyer matin et soir. De loin, l’opération a l’air douloureuse. « Ce n’est rien par rapport à ce que j’ai connu les premiers temps, témoigne Mario. Au début, on a l’impression de s’étouffer. Mais avec le temps, on s’y fait. » Des repas sans saveurs Mario Gloor ne peut plus manger par la bouche depuis son opération de la tra- chée. C’est par injection qu’il reçoit les nutriments essentiels au fonctionnement de son organisme. « Le goût me manque. Tout comme le plaisir d’un bon restau- rant », confie-t-il. S’hydrater pendant la nuit La nuit, Mario est sous perfusion, pour compléter l’apport de nourriture de la journée et éviter la déshydratation. « Je dors correctement quand-même », affirme-t-il. De toute façon, pour lui, l’es- sentiel est ailleurs. Il a pu rentrer chez lui. Et cela n’a pas de prix. planète santé – JUIN 2013
IFAS 2013 ROMANDIE Plateforme commerciale romande du marché de la santé Die Westschweizer Verkaufsplattform für den Gesundheitsmarkt 30 octobre –1 novembre 2013 er Expo Beaulieu Lausanne FMH SERVICES 1006673 1006673_Planete_ct.indd 1 24.05.13 11:48 Pour une meilleure qualité de vie. Les allergies et les intolérances alimentaires ne sont plus une raison de se priver! Free From et Schär proposent plus de 60 produits savoureux sans lactose, sans gluten et sans aucun autre allergène. En vente dans toutes les grandes Coop et en ligne sur www.coopathome.ch Et pour être toujours au courant des nouveautés Free From, découvrez la newsletter sur www.coop.ch/freefrom Pour savourer sans les effets secondaires.
12 politique Pierre-Yves Dietrich « L’intensité des relations humaines m’a poussé vers l’oncologie » Interview Soigner les tumeurs cérébrales au moyen de l’immunothérapie, c’est le défi de vingt ans de recherches menées en laboratoire par l’équipe du professeur Pierre-Yves Dietrich, chef Vous avez été élu « Cancer resear- du Service d’oncologie des Hôpitaux universitaires cher of the year » aux Etats-Unis. Que vous apporte cette prestigieuse de Genève (HUG). Couronné « Cancer researcher récompense ? of the year » par la fondation américaine « The Il s’agit d’un prix de 30 000 dollars qui n’est pas un prix personnel, mais une Gateway for Cancer Research », l’oncologue récompense destinée à la recherche. genevois atteste du niveau d’excellence de la La fondation Gateway nous offre éga- lement une somme d’un demi-million Suisse en matière de recherche sur le cancer. de dollars visant à soutenir les débuts Texte malka gouzer d’une étude clinique dans laquelle nous allons effectuer les premiers tests de vac- cins anti-tumoraux sur l’être humain. Ils débuteront dans quelques semaines et se repartiront sur une durée de 18 à 24 mois. Les tests porteront sur une ving- taine de patients souffrant de tumeur cérébrale (gliomes). planète santé – JUIN 2013
politique 13 “En oncologie, la question n’est pas de savoir qui fait quoi, mais comment faire face ensemble” fait plaisir. Il permet d’apporter un peu de visibilité à un projet de recherche de longue haleine. Vingt ans de travail en souterrain, il faut de la patience ! Puis il met aussi en lumière d’un côté un tra- vail accompli dans l’ombre par une équipe de chercheurs, et de l’autre, une structure hospitalo-universitaire dans laquelle, il faut le rappeler, des choses remarquables se déroulent. Avez-vous choisi d’être oncologue pour faire de la recherche ? Non. Initialement, je voulais être pédiatre. Puis, comme c’est souvent le cas dans cette profession, mes choix se sont faits en fonction des hasards et des rencontres. Ce qui m’a plu dans l’onco- logie, c’est la qualité et l’intensité des relations humaines. Elles sont en effet extrêmement vraies et intenses, avec un échange très fort. Je pense qu’en exer- çant ce métier le mieux possible, on donne beaucoup, mais on reçoit aussi énormément. Et c’est probablement cette intensité-là qui m’a le plus plu et qui, après six ans de médecine générale, m’a En 1994, vous avez fondé le premier existent entre les tumeurs et le système fait « basculer » dans l’oncologie. laboratoire d’immunologie des tumeurs immunitaire. Nous avons appris comment aux HUG. Qu’est ce qui vous a amené à notre système de défense peut effective- Qu’est-ce qui a changé dans votre penser que l’immunologie deviendrait, ment reconnaître et détruire des cellules métier depuis que vous avez com- vingt ans plus tard, un allié important tumorales dans le cerveau. L’objectif est mencé à l’exercer ? dans la lutte contre le cancer ? désormais d’exploiter cette propriété Au début, les patients cancéreux ne L’idée, pour simplifier les choses, c’est naturelle pour développer des nouveaux vivaient souvent que quelques mois. que notre système immunitaire est là traitements :l’immunothérapie. Il s’agit Maintenant, ils vivent souvent plusieurs pour nous défendre du monde exté- toutefois d’une approche expérimentale. années, mais dans des conditions diffi- rieur, c’est-à-dire des agressions externes Il nous faudra encore probablement une ciles. Ils n’ont plus les mêmes capacités au corps. Mais depuis un peu plus d’un dizaine d’années pour pouvoir évaluer ce physiques ni la même résistance. Un des siècle, des chercheurs se demandent si que l’on pourra obtenir de ces nouveaux défis majeurs de notre société par rap- notre système de défense ne pourrait concepts thérapeutiques. port au cancer va être de maintenir ces pas aussi nous protéger contre des dan- personnes dans une situation familiale gers internes et ainsi être utilisé pour Ce prix international vient en fait cou- stable, dans un environnement sociétal soigner les cancers. Lorsque je suis arrivé ronner l’ensemble de ces recherches correct et dans une activité profession- aux HUG, j’ai créé un laboratoire dans commencées il y a vingt ans ? nelle où ils ne sont pas dénigrés ou mis lequel nous avons étudié les relations qui Oui. Et indéniablement, c’est un prix qui de côté. Plus d’articles sur www.planetesante.ch
14 politique On parle aussi beaucoup de traite- techniques chirurgicales et en radiothé- indéniablement le plus grand centre ments personnalisés. De quoi s’agit-il ? rapie, ainsi que le développement sans d’excellence dédié au cancer jamais L’idée c’est de mettre au point des précédent des médicaments (on estime construit en Suisse. Quel regard portez- traitements spécifiques adaptés aux que l’on aura à disposition près de 500 vous sur un tel projet ? caractéristiques de chaque cellule tumo- molécules en 2020) rendent chaque C’est simplement formidable. On ne peut rale. Le cancer du poumon de Madame X choix thérapeutique difficile. Comment qu’applaudir des deux mains. Le projet et celui de Madame Y, bien qu’ils portent utiliser au mieux toutes les ressources est ambitieux, mais il répond de manière le même nom, sont différents. Une ana- à disposition et déterminer quelle est la intelligente à la problématique des can- lyse approfondie de chaque tumeur meilleure séquence des différents traite- cers dans nos sociétés. Compte tenu de devrait permettre d’établir une sorte ments ? Ce sont-là, indiscutablement, les la vitesse à laquelle avancent les connais- de code-barres, avec un traitement per- défis actuels de la lutte contre le cancer. sances et les possibilités de traitement, sonnalisé. Nous pourrions donc choisir c’est vraiment un bon moment pour le ou les traitements en fonction de En 2016, l’Institut suisse de recherche investir dans un centre de recherche. plusieurs centaines de millions d’infor- expérimentale contre le cancer Dans les prochaines décennies, ce sont mations émanant des cellules malades. (ISREC) inaugurera à Lausanne un ces centres de compétences qui nous Cela dit, la complexité du traitement est nouveau centre pouvant accueillir permettront de faire de nouvelles décou- diabolique. Les progrès en imagerie, en 400 chercheurs et cliniciens. Ce sera vertes. C’est aussi grâce à eux que l’on assurera à la Suisse l’accès à des médica- ments de pointe dont le développement est compliqué. C’est en devenant acteur du développement de ces nouvelles thé- rapies qu’on pourra y avoir accès. Dans ce contexte de centralisation des compétences, comment percevez-vous le statut de l’oncologue indépendant ? Un centre d’excellence ne peut pas tout faire. D’autant plus que le volume de patients est en explosion. D’abord parce que la population vieillit et que le facteur de risque principal du cancer c’est l’âge. Et ensuite parce que si l’on guérit encore relativement peu du cancer, les gens vivent de plus en plus longtemps avec. Si l’on cumule ces deux phénomènes, les cancers sont indiscutablement le pro- blème de santé publique numéro un de nos sociétés. La question n’est donc pas de savoir qui fait quoi, mais comment faire face ensemble ! + “C’est grâce aux centres de compétences que la Suisse aura accès aux médicaments du futur” planète santé – JUIN 2013
communication santé 15 Le cancer du côlon, un obscur envahisseur Prévention S’il est l’un des plus répandus, ce cancer demeure pourtant méconnu. Comment éviter son développement ? Texte Marie Bertholet, ligue vaudoise contre le cancer – www.lvc.ch E n Suisse, le cancer du côlon est détecté tôt, plus le cancer du côlon a occupe le troisième rang sur le des chances de guérison. Dès l’apparition podium des cancers les plus fré- de l’un de ces signaux, il vaut donc mieux quents, juste après ceux de la consulter son médecin, qui proposera, si prostate et du sein. Chaque jour dans nécessaire, une analyse complémentaire. notre pays, dix nouvelles personnes sont en effet touchées par cette maladie, Dès 50 ans : une attention qui demeure l’un des cancers les plus particulière mortels. L’examen de dépistage, d’ailleurs L’immense majorité des cas de cancer du conseillé à toute personne âgée de 50 côlon – parfois aussi nommé « colorectal » ans et plus, peut sauver des vies ! Pour ou « de l’intestin » – se développe à partir détecter la présence d’un tel cancer, de polypes muqueux. Chez plus de la deux méthodes principales existent à ce moitié des personnes, la maladie en est jour : la recherche de sang occulte dans déjà à un stade avancé lorsqu’elle est les selles et la coloscopie. La première diagnostiquée. Comment reconnaître les consiste à analyser trois échantillons de signaux annonciateurs d’un tel cancer, selles. Si la seconde semble a priori plus qui peut se révéler dévastateur si on les « contraignante », elle comporte certains ignore ? avantages : la coloscopie permet de détecter avec une fiabilité très élevée des polypes “L’examen de dépistage est ou des tumeurs − même de petite taille −, et de les conseillé à toute personne ôter au passage. Après un bon nettoyage de l’intestin âgée de 50 ans et plus” grâce à un laxatif pris la équilibrée et… bougez ! Les aliments veille, un tube, muni d’une riches en fibres ont un effet protecteur minicaméra, est introduit par rapport à ce type de tumeur. Ainsi, Un occupant masqué par l’anus en vue d’analyser l’intérieur du consommer sans modération des fruits et Du sang dans les selles, une perte de côlon. Durée de l’« exploration » ? Environ légumes – au minimum cinq « poignées » poids inexpliquée, de faux besoins vingt minutes. Un calmant est proposé par jour –, en variant les plaisirs, est un d’aller à la selle, des maux de ventre au patient avant cet examen, perçu réflexe salutaire. La pratique régulière persistants ou encore des troubles du généralement comme peu agréable, mais d’une activité physique constitue un autre transit intestinal : autant de signaux indolore. moyen de s’armer contre la maladie : d’alarme à ne pas sous-estimer. Il peut 30 minutes de mouvement par jour (par s’écouler plus de dix ans avant que les A vos armes ! exemple 3x10 minutes ou 2x15 minutes premiers symptômes de cette maladie Pour éviter l’apparition d’un cancer de marche, de vélo…) sont d’ailleurs insidieuse soient perceptibles. Or, plus il du côlon, privilégiez une alimentation bénéfiques pour l’état de santé général ! + Plus d’articles sur www.planetesante.ch
16 TRIBUNE Pierre-Yves Bilat* Trouver un médecin de campagne, la croix et la bannière « En m’installant devant mon nou- manger trop et faire de la gymnastique veau docteur, j’ai poussé un ouf pour maigrir. de soulagement et l’ai remer- Bon, je serais bien allée chez un nouveau cié de m’avoir acceptée ! Ainsi docteur pour qu’il me suive longtemps. se termine une sorte de safari dans le Celui-ci a l’air sympa, mais il n’est plus monde de la santé : alléluia, j’ai trouvé tout jeune, un peu bedonnant, déjà gri- un généraliste, la perle rare, l’espèce en sonnant et je crois qu’il m’a déjà jugée voie de disparition. Comme je suis jeune du haut de ses 25 années d’expérience, et en bonne santé, j’aurais peut-être pu au travers de ses lunettes de myope. me contenter des visites chez mon gyné- Dans mon marathon téléphonique je me cologue, mais elles s’espacent car il n’a suis heurtée à des refus partout. Les plus plus le temps pour les contrôles de rou- récemment installés ne prennent plus de tine, il est toujours débordé et stressé. nouveaux patients. J’ai bien essayé le frin- De plus, j’ai adhéré à un modèle d’assu- gant cabinet médical de la ville d’à côté, rance que je n’ai pas trop bien compris, visionnaire, aidé par les services publics, si ce n’est qu’il m’offre un substantiel mais il se cantonne aux patients de son rabais de prime mais que je dois d’abord numéro postal. Le médecin de mon mari m’adresser à un médecin de famille, ne m’a pas acceptée car il ne pratique dont la liste m’a été fournie ; mais celle-ci pas le “ regroupement familial ”. Je ne comportait des médecins rayés des listes, veux pas aller chez celui de mon premier * Médecin généraliste et président de la des spécialistes et même le toubib de ma conjoint qui connaît trop toutes nos his- Société neuchâteloise de médecine voisine, décédé il y a quelques années. toires. Il y a bien un cabinet à côté de Mon ancien docteur, qui me connais- chez moi qui annonce : “ médecin prati- sait depuis toujours puisqu’il s’occupait cien ”, mais on y pratique essentiellement même des enfants, qui m’avait plâtré la les médecines parallèles et ce n’est pas jambe quand j’étais tombée à ski et qui mon truc. Me voici prise en charge, mais connaissait trois générations, est parti à que vais-je faire de mes deux enfants qui la retraite. Je suis allée le trouver pour ont besoin de vaccins ? Même ma voi- lui souhaiter bon vent, il m’a remis mon sine, fraîchement arrivée du Portugal, n’a dossier, une enveloppe A3 avec mon nom pas trouvé de place chez les pédiatres dessus. Le nouveau verra que j’ai guigné locaux qui n’acceptent que les nouveau- (pas pu m’empêcher) car je n’ai pas pu nés. Elle devra rouler 25 kilomètres pour bien recoller le rabat. Je n’ai pas compris les faire soigner, alors qu’on habite dans grand-chose à ces rapports avec leurs une ville importante. Bon, en cas d’ur- termes savants : essentiel, cryptogéné- gence, je les emmènerai à l’hôpital, mais tique, fonctionnel, on ne m’a pas dit que il paraît que la Hotline pédiatrique c’est j’avais tout ça, je croyais que j’allais bien, un sacré Bronx. Comment voulez-vous faudra que je clarifie avec le nouveau ; je qu’on s’y retrouve : les médecins prati- vais repartir à zéro, arrêter de fumer, de ciens ne pratiquent pas, les médecins de planète santé – JUIN 2013
TRIBUNE 17 famille ne regroupent pas… les familles, la pléthore dans les cantons concernés, avec les services hospitaliers, principa- donc on se demande pourquoi ils ont les autorités locales, conscientes enfin lement en périphérie ; ceci est essentiel ce titre. Les généralistes ne veulent plus du problème, tentent de mettre en place pour le maintien de confrères dans ces faire de petite chirurgie, et les pédiatres une régulation qui serait hautement sou- régions, sinon ils seront vite épuisés, ne veulent pas voir mes enfants… espé- haitable. Les autorités fédérales, elles, et le sont d’ailleurs déjà. Il faut insister rons que ça ira avec mon nouveau veulent réintroduire la clause du besoin sur les collaborations entre la méde- médecin… » pour les spécialistes, ce qui nous jettera cine libérale et les hôpitaux ; de nouveau dans cette infernale spi- - s’interroger sur les vraies raisons de Ainsi va le monde de la santé dans les rale et ne résoudra pas le problème des l’augmentation, inéluctable, des coûts régions périphériques où le manque de manques en périphérie, essentiellement de la santé. médecins se fait cruellement sentir et va de généralistes. Actuellement la balle est dans le camp s’aggraver dans les prochaines années, En fait le glas de la libéralisation à tout des politiciens. Des décisions doivent car nombre de thérapeutes ont la soixan- crin a sonné et les autorités devraient absolument être prises rapidement et taine et vont prochainement prendre prendre les choses en main. Je vois l’introduction d’une nouvelle clause du leur retraite. Alors que certaines villes quelques pistes : besoin, même limitée aux spécialistes, croulent sous les demandes d’installa- - augmenter les facilités d’accès aux est certainement une mauvaise idée. tion de médecins étrangers, la plupart études de médecine sans décourager Que dire des assureurs, qui devraient des régions vont manquer de bras. Le les étudiants motivés. On a besoin de être des acteurs constructifs du système système actuel, très libéral, ne permet jeunes médecins (et du terroir, osons le de santé ? Désorganisés, éclatés dans jusqu’à maintenant pas la gestion des dire !) ; une multitude de caisses et de modèles installations. Les politiciens, aveuglés - promouvoir la médecine de pre- d’assurance, divisés au point que leur par l’augmentation des coûts de la santé, mier recours (internistes généraux, organisation faîtière n’est plus représen- comprenant que l’offre crée la demande pédiatres) pendant les études et après tative dans la majorité des cantons, ils et s’imaginant que la démographie médi- celles-ci par des incitatifs financiers et ne sont plus des interlocuteurs valables, cale en est la seule responsable, ont de meilleures possibilités d’installation et sont ressentis plus comme une force réagit il y a quelques années par la clause dans les régions périphériques ; oppositionnelle que constructive. du besoin ; ils ont bloqué les ouvertures - gérer l’afflux de médecins étrangers Il y a toujours dans l’air l’idée d’une de cabinets médicaux, toutes spécialités dans les grandes villes en n’agréant pas caisse unique ou d’une séparation de confondues. Cette décision fort discu- à tour de bras ; imposer par exemple l’assurance de base et des complémen- table a, entre autres, maintenu les jeunes un temps de travail préalable dans la taires. Les négociations tarifaires sont médecins dans les hôpitaux, et ainsi région concernée et exiger la connais- difficiles et butent sur des calculs d’épi- aggravé le manque actuel, spécialement sance de la langue nationale parlée cier. On préférerait des réflexions plus chez les généralistes puisque les internes à cet endroit, ce qui n’est pas le cas approfondies. La « perte de l’obligation en ont profité pour se « sur-former ». aujourd’hui. Offrir la possibilité d’une de contracter », un fantasme des assu- Actuellement, la libre circulation des gestion cantonale des installations ; reurs (c’est-à-dire, la possibilité qui leur personnes permet aux médecins étran- - obtenir des statistiques fiables sur serait donnée de choisir les médecins gers, de l’Union européenne ou ayant les besoins et les ressources. Elles avec qui ils veulent travailler), n’est cer- des diplômes reconnus par celle-ci, de n’existent toujours pas et il faudra y tainement pas la bonne réponse aux s’installer ; du coup on voit une masse de inclure l’ambulatoire hospitalier qui problèmes de démographie médicale. collègues fondre sur « L’Eldorado helvé- prend, par la force des choses, tou- Les patients sont d’ailleurs très attachés tique », essentiellement dans les régions jours plus d’importance. C’est normal au libre choix de leur thérapeute. réputées « attractives » de Genève, Bâle que les populations se rendent davan- Plaidons plutôt pour une régulation et du Tessin. tage dans les services d’urgence, par les autorités, et acceptons-la si elle Afin d’éviter bien de déceptions pour séduites par leurs plateaux techniques est à même de régler les graves soucis ces confrères, une mauvaise couver- importants et leur disponibilité ; de couverture sanitaire qui vont être la ture sanitaire et une augmentation des - redéfinir les systèmes de garde et de principale préoccupation de ces toutes coûts de la santé forcément induite par médecine d’office en collaboration prochaines années ! + Snortec-mars-2013.pdf 1 07.03.2013 09:14:02 publicité Plus d’articles sur www.planetesante.ch
18 en images Préparation avant d’entrer dans la chambre d’un malade en isole- ment. Guerre aux germes à l’hôpital Infection Quotidiennement, ils luttent pour que vous ne tombiez pas malade Se désinfecter les mains, enfiler des s’il est porteur d’un germe multirésistant, gants, passer une blouse jetable, mettre c’est-à-dire insensible à de nombreux à l’hôpital. Des soignants un masque. Un rituel d’un peu moins antibiotiques et donc très difficile à soi- aux nettoyeurs, tous sont d’une minute que Jean-François Bovier, gner. Le but de la manœuvre qu’opère infirmier en chirurgie septique au Centre l’infirmier est double : se prémunir lui- concernés par la lutte contre hospitalier universitaire vaudois (CHUV), même d’une infection en n’entrant pas les germes. Reportage au doit accomplir chaque fois qu’il rentre dans la chambre d’un patient en isole- en contact avec les germes du malade, et protéger les autres patients de l’hôpital CHUV. ment. La pancarte rouge « Stop, n’entrez en s’assurant de ne pas les transporter Texte Benoît Perrier photos Romain Graf pas sans protection » fait figure de rap- plus loin. Les mêmes précautions seront pel appuyé, de même que la présence prises par les visiteurs. Quant au patient, du « statif » devant la porte, le haut pré- il ne sortira pas de sa chambre durant sentoir où est disponible tout le matériel son hospitalisation, sauf pour les exa- requis pour s’équiper. mens. Le cas échéant il le fera dans des Pourquoi l’isolement ? Parce que le vêtements propres, sur un lit ou un fau- patient est contagieux. A plus forte raison teuil roulant fraîchement désinfecté. planète santé – JUIN 2013
en images 19 Les lits, justement, font tout un cir- cuit dans l’hôpital. A chaque fois qu’un patient quitte l’hôpital, son lit descend au sous-sol du CHUV pour y être désin- fecté et toute sa literie est changée. Une fois propre, il remonte dans les étages. Un incessant ballet, qu’entrecoupe par- fois une réparation sur un élévateur qu’on croirait sorti tout droit d’un garage. Autre élément essentiel pour l’hygiène de l’hôpital, le nettoyage. Une science minu- tieuse, nous explique Maria Carmen Gil, la cheffe des gouvernantes, responsable de l’entretien de tous les locaux. Chaque nettoyeur a un chariot, et trois bidons sur celui-ci : bleu pour les surfaces et la pous- sière, jaune pour les lavabos, rouge pour les toilettes. Le savon désinfectant qu’ils contiennent est changé régulièrement ; s’y ajoutent deux balais préimprégnés. Chaque chambre est nettoyée quotidien- nement. Celles de malades en isolement font l’objet d’un soin particulier, tous les outils n’y seront employés qu’une fois ou seront désinfectés avant toute autre utilisation. La cheffe des gouvernantes, Maria Carmen Gil, avec un des chariots qu’utilisent les nettoyeurs. Après avoir été nettoyé, le lit est refait entièrement. Plus d’articles sur www.planetesante.ch
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