With extended abstracts from "Swiss Medical Weekly" - Swiss ...
←
→
Transcription du contenu de la page
Si votre navigateur ne rend pas la page correctement, lisez s'il vous plaît le contenu de la page ci-dessous
FMS – SMF Forum Médical Suisse – Forum Medico Svizzero – Forum Medical Svizzer – Schweizerisches Medizin-Forum jo u r n al Swiss Peer re d vie we Medical Forum 645 R. Krapf 654 M. Hitz, S. Meier, M. Huber 661 J. Hiestand, S. Mätzler, Numération plaquettaire: La tendinopathie M. Greulich, et al. qu’est-ce qui est normal achilléenne corporéale Ein unerwartetes Souvenir durant la grossesse? aus Thailand 33 15. 8. 2018 With extended abstracts from “Swiss Medical Weekly” 647 C. Rüegg, A. Tarnutzer, S. P. Kuster, et al. Streptococcus pyogenes – c olonisation versus virulence Offizielles Fortbildungsorgan der FMH Organe officiel de la FMH pour la formation continue Bollettino ufficiale per la formazione della FMH Organ da perfecziunament uffizial da la FMH www.medicalforum.ch Published under the copyright license “Attribution – Non-Commercial – NoDerivatives 4.0”. No commercial reuse without permission. See: http://emh.ch/en/services/permissions.html
SOMMAIRE 643 Rédaction Rédacteurs conseil Prof. Nicolas Rodondi, Berne (Rédacteur en chef); Dr Pierre Périat, Bâle; Prof. Rolf A. Streuli, Langenthal Prof. Stefano Bassetti, Bâle; Dr Ana M. Cettuzzi-Grozaj, Bâle Membres-adjoints à la rédaction (Managing editor); Prof. Idris Guessous, Genève; PD Dr Daniel Franzen, Zurich; Dr Jérôme Gauthey, Bienne; Prof. Reto Krapf, Lucerne; Prof. Martin Krause, Münsterlingen; Dr Francine Glassey Perrenoud, La Chaux-de-Fonds; Prof. Klaus Neftel, Berne; Prof. Gérard Waeber, Lausanne; Dr Markus Gnädinger, Steinach; Dr Matteo Monti, Lausanne; PD Dr Maria Monika Wertli, Berne Dr Daniel Portmann, Winterthour; PD Dr Sven Streit, Berne Sans détour R. Krapf 645 Numération plaquettaire: qu’est-ce qui est normal durant la grossesse? Articles de revue MIG C. Rüegg, A. Tarnutzer, S. P. Kuster, R. Weber, C. Berger, A. S. Zinkernagel a r tic le 647 Streptococcus pyogenes – colonisation versus virulence Peer re v ie we d Les infections par S. pyogenes se présentent le plus souvent sous forme d’infections superficielles non compliquées. Des cas invasives graves sont rares. Un diagnostic et traitement ciblés rapides sont déterminants. M. Hitz, S. Meier, M. Huber a r tic le 654 La tendinopathie achilléenne c orporéale Peer re v ie we d Plus de 2500 ans après l’Iliade d’Homère, le tendon d’Achille est toujours le point faible des héros modernes du quotidien. La thérapie d’entraînement reste la référence absolue en matière de traitement. Casuistique J. Hiestand, S. Mätzler, M. Greulich, P. Eisermann, A. Zbinden a r tic le 661 Ein unerwartetes Souvenir aus Thailand Peer re v ie we Der 61-jährige Patient stellte sich mit zunehmender Anstrengungsdyspnoe (NYHA III) und Husten mit zähem Schleim d auf dem Notfall vor. Avec le Bulletin des médecins suisses, vous trouvez rapidement * WA N T E D * le poste de vos rêves ou le candidat idéal pour votre offre d’emploi. Chaque semaine, la plate-forme centrale d’offres d’emploi du Bulletin des médecins suisses publie les postes vacants actuels en Suisse, MÉDECIN ( HOMME/FEMME ) POUR en version imprimée et en ligne sur le site www.bullmed.ch. Contact: EMH Editions médicales suisses PRISE DE FONCTION immédiate. Matteo Domeniconi Farnsburgerstrasse 8, CH-4123 Muttenz Published under the copyright license “Attribution – Non-Commercial – NoDerivatives 4.0”. No commercial reuse Tél. 061 467without 86 08,permission. See: http://emh.ch/en/services/permissions.html e-mail stellenmarkt@emh.ch, www.bullmed.ch
SOMMAIRE 644 Coup d’œil J. Müller-Schoop 664 Weshalb bleibt der Nagel ungeschnitten? Swiss Medical Weekly Editorial Board: Prof. Adriano Aguzzi, Zurich (ed. in chief); Prof. Manuel Battegay, Basel; Dr. Katharina Blatter, Basel (Managing editor); Prof. Jean-Michel Dayer, Geneva; Prof. Douglas Hanahan, Lausanne; Dr. Natalie Marty, Basel (Managing editor); Prof. André P. Perruchoud, Basel (senior editor); Prof. Christian Seiler, Berne; Prof. Peter Suter, Geneva (senior editor) The “Swiss Medical Weekly“ is the official scientific publication of the Swiss Society of Internal Medicine, Swiss Society of Infectiology, Swiss Society of Rheumatology and Swiss Society of Pulmonary Hypertension. The journal is supported by the Swiss Academy of Medical Sciences (SAM) and the Swiss Medical Association (FMH). Abstracts of new articles from www.smw.ch are presented at the end of this issue. Parfois maman est fatiguée Anne-Christine Loschnigg-Barman et Le livre «Parfois maman est fatiguée» s’adresse Judith Alder aux enfants de deux à huit ans, dont la maman Parfois maman est fatiguée Un livre pour les enfants sur est atteinte d’un cancer du sein. Ce livre veut le cancer du sein aider les enfants à mieux comprendre la EMH Editions médicales suisses maladie de leur maman et les parents à trouver les mots pour dire 2011. 36 pages avec 17 illustrations l’inexprimable. en couleur. Relié. sFr. 14.50 / € 14.50 Les illustrations vives et fraîches plairont aux enfants. Le texte leur transmet ISBN 978-3-03754-062-6 avec sensibilité que leurs soucis et leurs peurs sont pris au sérieux et que la maladie ne peut rien changer à l’amour qui les entoure. Vous trouverez de plus amples informations sous Vos possibilités de commande: T +41 (0)61 467 85 55, F +41 (0)61 467 85 56, auslieferung@emh.ch, www.emh.ch dans la rubrique «Livres et plus». www.emh.ch, EMH Schweizerischer Ärzteverlag AG, Farnsburgerstrasse 8, CH-4132 Muttenz Impressum Swiss Medical Forum – Marketing EMH / annonces: (abonnements de courte durée voir obtention explicite de l’autorisation de Forum Médical Suisse Dr Karin Würz, Responsable www.medicalforum.ch) EMH et sur la base d’un accord écrit. Organe officiel de formation continue communication et marketing, de la Fédération des médecins suisses tél. +41 (0)61 467 85 49, fax +41 ISSN: version imprimée: 1424-3784 / Note: Toutes les données publiées dans FMH et de la Société Suisse de Méde- (0)61 467 85 56, kwuerz@emh.ch version en ligne: 1424-4020 ce journal ont été vérifiées avec le plus cine Interne Paraît le mercredi grand soin. Les publications signées Abonnements membres FMH: du nom des auteurs reflètent tout Adresse de la rédaction: Eveline Maegli, FMH Fédération des médecins suisses, © EMH Editions Médicales Suisses SA l’opinion de ces derniers, pas forcé- Assistante de la rédaction FMS, Elfenstrasse 18, 3000 Berne 15, (EMH), 2018. Le Forum Médical Suisse ment celle de la rédaction du FMS. EMH Editions Médicales Suisses SA, tél. +41 (0)31 359 11 11, est une publication «open-acess» Les doses, indications et formes Farnsburgerstrasse 8, 4132 Muttenz, fax +41 (0)31 359 11 12, dlm@fmh.ch de EMH. Sur la base de la licence d’application mentionnées doivent en tél. +41 (0)61 467 85 55, Creative Commons «Attribution – Pas tous les cas être comparées aux fax +41 (0)61 467 85 56, Autres abonnements: EMH Editions d’Utilisation Commerciale – Pas de notices des médicaments utilisés, office@medicalforum.ch, Médicales Suisses SA, abonnements, Modification 4.0 International», EMH en particulier pour les médicaments www.medicalforum.ch Farnsburgerstrasse 8, 4132 Muttenz, accorde à tous les utilisateurs le droit, récemment autorisés. tél. +41 (0)61 467 85 75, illimité dans le temps, de reproduire, Production: Schwabe AG, Muttenz, Soumission en ligne des manuscrits: fax +41 (0)61 467 85 76, abo@emh.ch distribuer et communiquer cette créa- www.schwabe.ch http://www.edmgr.com/smf tion au public, selon les conditions Prix d‘abonnement: avec Bulletin des suivantes: (1) Citer le nom de l’auteur; Editions: EMH Editions Médicales médecins suisses 1 an CHF 395.– / (2) ne pas utiliser cette création à des Suisses SA, Farnsburgerstrasse 8, étudiants CHF 198.– plus frais fins commerciales; (3) ne pas modifier, 4132 Muttenz, tél. +41 (0)61 467 85 55, de port; sans Bulletin des médecins transformer ou adapter cette création. Photo de couverture: fax +41 (0)61 467 85 56, www.emh.ch suisses 1 an CHF 175.– / étudiants L’utilisation à des fins commerciales © Raquel Camacho Gómez | CHF 88.– plus frais de port peut être possible uniquement après Dreamstime.com Published under the copyright license “Attribution – Non-Commercial – NoDerivatives 4.0”. No commercial reuse without permission. See: http://emh.ch/en/services/permissions.html
SANS DÉTOUR 645 Lire le «Sans détour» de façon encore plus actuelle: «online first» sur w w w.medicalforum.ch Sans détour Prof. Dr méd. Reto Krapf ment augmenter la clairance du GABA, de- Pertinents pour la pratique Nouveautés dans le domaine vraient probablement être évaluées de façon de la biologie plus détaillée chez l’être humain. Qui plus est, Numération plaquettaire: qu’est-ce qui l’oxybate de sodium est un cétoacide (acide est normal durant la grossesse? Pourquoi devient-on dépendant gamma-hydroxybutyrique), qui est manifes- Au cours d’une grossesse, les changements à l’alcool? tement utilisé en Italie et en Autriche. suivants, qui favorisent une thrombocytopé- Environ 15% des personnes qui boivent des Science 2018, doi: 10.1126/science.aao1157. nie, se produisent: augmentation du volume boissons alcoolisées consomment des doses Rédigé le 12.7.2018. plasmatique (et donc dilution), séquestration nocives ou sont dépendantes. Il est connu («pooling») en raison d’une augmentation qu’il existe d’énormes différences (géné- physiologique du volume de la rate de 50% et tiques) individuelles à l’origine de cette évolu- de la formation d’un espace intravilleux (vei- tion. Outre l’accoutumance, la dissipation du Cela ne nous a pas réjouis neux) dans le cadre du développement du stress et la désinhibition comportementale, Le robinet a été coupé! placenta. Chez toutes les femmes enceintes, la des données récentes ont indiqué que la pro- Les «National Institutes of Health» (NIH) ont numération plaquettaire diminue significati- gression de la consommation d’alcool vers organisé une étude dont l’objectif était d’éva- vement à partir du premier trimestre de gros- l’alcoolisme était également favorisée par une luer les effets (cardiovasculaires) posi- sesse, et ce jusqu’à l’accouchement. tifs d’une consommation modérée Peu avant la naissance, la distribution d’alcool (env. 1 verre/jour). A la der- normale est comprise entre 50 000 et Zoom sur ... l’hyperthyroïdie subclinique nière minute, le financement a été ar- près de 400 000/mm . 3 rêté, car il est apparu que l’étude, de Sur la base de ces données, il est re- — Définition: hormones thyroïdiennes (T3/T4) normales et TSH par sa conception, favoriserait un ré- commandé de rechercher une autre diminuée (
SANS DÉTOUR 646 Toujours digne d’être lu Diagnostic du rhumatisme articulaire aigu Nous, médecins suisses, voyons rarement des cas de rhumatisme articulaire aigu (RAA), mais y sommes toutefois confrontés de temps à autre dans le cadre de la «médecine des mi- grants». En 1965, la révision [1] des critères de Jones parus en 1944 [2] a été publiée: Suite à une pharyngite à streptocoques (an- tistreptolysine, prélèvement pharyngé), pré- sence de: – Symptômes majeurs: polyarthrite migra- trice, cardite, nodules rhumatoïdes, érythème marginé, chorée (de Sydenham); – Symptômes mineurs: fièvre, élévation de la CRP, arthralgies, ECG (temps de PR?), épisodes préalables de RAA. Diagnostic: 2 symptômes majeurs ou 1 symp- tôme majeur et 2 symptômes mineurs. Avec la disponibilité désormais quasi-globale de l’échocardiographie, un raccourci diagnos- tique [3] est permis dans les groupes à risque: en cas de symptômes articulaires et de signes Figure 1: © Okfoto | Dreamstime.com inflammatoires (vitesse de sédimentation, CRP) avec ou sans fièvre, réaliser directement une échocardiographie (et à des fins de dia- gnostic différentiel: hémocultures!). Ainsi, il convient uniquement de recourir aux critères de Jones révisés en cas d’échocardiographie négative. Un article de revue actualisé volumineux (mais tout de même digne d’être lu) sur le RAA est disponible dans la référence [4]. 1 Circulation 1965, doi.org/10.1161/01.CIR.32.4.664. 2 JAMA 1944, doi: 10.1001/jama.1944.02850430015005. 3 Circulation 2015, doi: 10.1161/CIR.0000000000000205. 4 The Lancet 2018, doi.org/10.1016/S0140-6736(18)30999-1. Rédigé le 13.7.2018. SWISS MEDICAL FORUM – FORUM MÉDICAL SUISSE 2018;18(33):645–646 Published under the copyright license “Attribution – Non-Commercial – NoDerivatives 4.0”. No commercial reuse without permission. See: http://emh.ch/en/services/permissions.html
ARTICLE DE REVUE MIG 647 Une bactérie aux dif férentes facettes Streptococcus pyogenes – colonisation versus virulence Dr méd. Christian Rüegg a ; Andrea Tarnutzer, MSc b ; PD Dr méd. Stefan P. Kuster b ; Prof. Dr méd. R ainer W eber b ; Prof. Dr méd. Christoph Berger c ; Prof. Dr méd. Annelies S. Zinkernagel b a Klinik für Innere Medizin, GZO-Spital Wetzikon, Wetzikon; b Klinik für Infektionskrankheiten und Spitalhygiene, UniversitätsSpital Zürich, Universität Zürich; c Abteilung Infektiologie und Spitalhygiene, Universitäts-Kinderspital, Zürich, Universität Zürich Les infections par la bactérie commensale à Gram positif Streptococcus pyogenes se présentent le plus souvent sous forme d’infections superficielles non compliquées, a r tic le telles que la pharyngo-amygdalite ou la scarlatine. Des maladies invasives graves, Peer re telles que la fasciite nécrosante ou le syndrome de choc toxique streptococcique, v ie we d s’observent dans de rares cas. Un diagnostic et un traitement ciblés rapides sont dé- terminants pour le pronostic. Introduction davantage retrouvés dans les infections invasives [7]. Qui plus est, il existe des différences géographiques Streptococcus pyogenes est une bactérie pathogène considérables au niveau de la distribution des séro- pour l’homme majeure, qui cause annuellement types. Outre la capsule d’acide hyaluronique qui pro- 700 millions d’infections à travers le monde. Dans env. tège de la phagocytose, la protéine M est un antigène 1 cas sur 100, c.-à-d. chez env. 650 000 patients, il s’agit de surface et l’un des principaux facteurs de virulence. d’une infection invasive avec une mortalité pouvant La protéine M permet une adhésion efficace aux cel- atteindre jusqu’à 25% [1]. Contrairement aux écoliers lules épithéliales, empêche l’opsonisation par le sys- (20%), cet agent pathogène facultatif colonise rarement tème du complément et aide S. pyogenes à survivre (1–2%) le pharynx chez les adultes [2]. S. pyogenes est le dans les granulocytes neutrophiles [8, 9]. plus souvent transmis par contact direct avec de la sa- S. pyogenes exprime une multitude de facteurs de live ou des sécrétions nasales [3]. L’être humain est le virulence extracellulaires, qui sont régulés à la hausse seul réservoir de l’agent pathogène. au cours d’infections invasives [8] et permettent à la bactérie d’envahir les cellules hôtes, de se propager dans les tissus et d’échapper au système immunitaire. Les gra- Microbiologie et pathogenèse nulocytes neutrophiles sont les premières cellules im- S. pyogenes est une bactérie à Gram positif, aérobie, bê- munitaires qui contrôlent une invasion bactérienne, et ta-hémolytique du groupe A de Lancefield et il est dès leur recrutement s’effectue via le médiateur interleukine lors également connu sous le nom de streptocoque du 8. Ce médiateur est efficacement détruit par la protéase à groupe A [4]. Sur le plan microscopique, S. pyogenes se cystéine SpyCEP sécrétée par S. pyogenes, ce qui empêche présente le plus souvent sous forme de chaînes, et plus le recrutement de granulocytes neutrophiles [10, 11]. Les rarement sous forme de paires (fig. 1) [5]. Son séroty- mécanismes par lesquels un germe S. pyogenes colonisa- page s’effectue sur la base de la protéine de surface teur devient soudainement un agent pathogène invasif (protéine M). Le sérotype est déterminé au moyen d’an- ne sont pas encore totalement élucidés. Il est admis qu’il tisérums spécifiques ou par séquençage du gène emm. s’agit d’une interaction complexe entre la réponse im- A l’heure actuelle, plus de 200 types génétiques diffé- munitaire et l’expression de facteurs de virulence et de rents avec divers sous-types sont connus [6]. Le type M facteurs environnementaux. semble avoir une influence sur le type d’infection, Deux autres facteurs de virulence, la streptolysine O dans la mesure où certains types M (types M 2, 4, 6, 12, (SLO) et la streptolysine S (SLS), permettent à la bactérie 44, 61) sont plus fortement associés à des maladies su- de s’échapper des cellules hôtes. Des pores sont formés Christian Rüegg perficielles tandis que d’autres (types M 1, 3, 49) sont dans la membrane des cellules hôtes par oligomérisa- SWISS MEDICAL FORUM – FORUM MÉDICAL SUISSE 2018;18(33):647–653 Published under the copyright license “Attribution – Non-Commercial – NoDerivatives 4.0”. No commercial reuse without permission. See: http://emh.ch/en/services/permissions.html
Article de revue MIG 648 provoquent une activation de cellules T non spécifique par liaison directe aux molécules du CMH-II et aux cel- lules T. Cette activation incontrôlée non spécifique de l’antigène donne lieu à une sécrétion excessive de cytokines, aboutissant à un état inflammatoire exces- sif [14, 15]. S. pyogenes est en premier lieu une bactérie extracellu- laire. Au cours des dernières années, plusieurs élé- ments ont indiqué que les streptocoques étaient égale- ment des pathogènes cellulaires. Diverses études ont montré qu’ils survivaient dans les macrophages, les granulocytes neutrophiles et différentes cellules épithéliales à l’instar d’un cheval de Troie et pouvaient ainsi se disséminer dans l’hôte [16–18]. Une analyse transcriptionnelle des streptocoques du groupe A su- perficiels et invasifs a révélé que les facteurs de virulence pour les S. pyogenes invasifs étaient considé- rablement régulés à la hausse [19]. De plus, certains sé- Figure 1: Clichés microscopiques de Streptococcus pyogenes (laboratoire A. Zinkernagel). rotypes, tels que le clone M1T1 qui provoque la majorité A) S. pyogenes en chaînes, cliché par microscope optique avec grossissement x100. B) S. pyogenes lors de la division, cliché par microscope électronique en transmission. des fasciites nécrosantes, expriment certains facteurs de virulence pertinents sur le plan physiopatholo- tion, permettant aux S. pyogenes intracellulaires de gique, tels que la DNase codée par les phages et la SpeA. s’enfuir. En outre, ces pores entraînent la mort cellu- Ainsi, l’ampleur et la dynamique de l’infection dé- laire des granulocytes neutrophiles et des macrophages pendent finalement d’une interaction de différents fac- dans la membrane cellulaire [12] et ainsi l’élimination teurs liés à l’hôte et à l’agent pathogène (système immu- des cellules immunitaires à activité antibactérienne. nitaire, expression de facteurs de virulence et facteurs De plus, la SLO permet le transport de toxines bacté- environnementaux). riennes dans la cellule hôte et renforce l’invasivité des bactéries [8]. Manifestations cliniques et diagnostic S. pyogenes possède quatre DNases différentes, qui aident la bactérie à échapper à la reconnaissance par le Jusqu’à 20% des écoliers en bonne santé et 2% des système immunitaire et à l’élimination. En plus de la adultes font l’objet d’une colonisation pharyngée par phagocytose et de la neutralisation intracellulaire S. pyogenes [2]. consécutive des bactéries, les granulocytes neutro- La manifestation la plus fréquente de l’infection à S. py- philes détruisent les bactéries au niveau extracellu- ogenes est la pharyngite (ou pharyngo-amygdalite) (fig. 2), laire par le biais de «neutrophil extracellular traps» qui affecte avant tout les écoliers, mais peut survenir (NET). Ces derniers sont des réseaux d’ADN de granulo- dans tous les groupes d’âge. Après une courte période cytes recouverts de peptides antimicrobiens, par les- d’incubation de 2–4 jours, de la fièvre, des céphalées et quels les bactéries sont détruites. En produisant di- avant tout des maux de gorge surviennent et sont ac- verses DNases bactériennes, S. pyogenes découpe ces compagnés d’une sensation générale de maladie. Les NET et échappe ainsi aux neutrophiles [8]. Par ailleurs, jeunes enfants souffrent en outre de symptômes non le découpage de l’ADN bactérien par les DNases com- spécifiques, tels que douleurs abdominales, nausées et plique la reconnaissance médiée par le «toll like recep- vomissements. Au niveau intrabuccal, l’infection se tor»(TLR)-9 de l’ADN bactérien et empêche ainsi la re- manifeste par une tuméfaction bilatérale des amyg- connaissance par le système immunitaire [13]. dales avec exsudat, ainsi que par une muqueuse pha- Un autre groupe important de facteurs de virulence ryngée érythémateuse et des pétéchies. Des dépôts sont les superantigènes, comme par ex. les exotoxines blanchâtres sont typiquement retrouvés sur la langue pyrogènes streptococciques (Spe), qui sont à la fois as- et les papilles sont rouges, conférant ainsi un aspect de sociées à la scarlatine et au syndrome de choc toxique fraise à la langue. Au niveau cervical, des ganglions streptococcique (SCTS). Tous les superantigènes ont lymphatiques gonflés et douloureux sont palpables comme point commun d’esquiver la présentation anti- [20]. Non traitée, l’infection guérit en règle générale génique conventionnelle par les molécules du com- spontanément en l’espace de 5–7 jours; dans de rares plexe majeur d’histocompatibilité (CMH). A défaut, ils cas, des complications suppuratives dangereuses, SWISS MEDICAL FORUM – FORUM MÉDICAL SUISSE 2018;18(33):647–653 Published under the copyright license “Attribution – Non-Commercial – NoDerivatives 4.0”. No commercial reuse without permission. See: http://emh.ch/en/services/permissions.html
Article de revue MIG 649 les patients présentent un exanthème maculo-papu- leux, qui débute souvent au niveau de l’aine et des ais- selles puis se propage sur la partie supérieure du corps et sur les extrémités. Une pâleur péribuccale est ty- pique, et la paume des mains et la plante des pieds sont généralement épargnées. L’exanthème cède sa place à une desquamation parfois prononcée. Le diagnostic de pharyngite à S. pyogenes et de scarla- tine est posé sur la base du tableau clinique, combiné à la mise en évidence microbiologique de l’agent patho- gène. Les critères de Centor (1 point attribué à chacun des critères suivants: fièvre >38,2 °C, exsudats amygda- liens, lymphadénopathie cervicale antérieure doulou- reuse et absence de toux) [23] et le score de McIsaacs (en plus des critères de Centor, 1 point en cas d’âge compris entre 3 et 14 ans, 0 point en cas d’âge compris entre 15 et 44 ans et -1 point en cas d’âge >44 ans) sont souvent uti- lisés pour le diagnostic de pharyngite à S. pyogenes. L’intérêt des critères de Centor/McIsaacs est toutefois Figure 2: Pharyngo-amygdalite avec exsudat (image: avec l’aimable mise à disposition limité en raison de leur faible valeur prédictive posi- du Docteur Daniel Oertle). tive de 27–38% lorsque trois critères sont remplis et de 38–63% lorsque quatre critères sont remplis [24, 25]. En telles que des abcès para-pharyngés, rétro-pharyngés cas de score élevé, il est recommandé de confirmer la et péri-amygdaliens, peuvent survenir. suspicion par mise en évidence de l’agent pathogène au Lorsque S. pyogenes produit des toxines pyrogènes, moyen d’un test de diagnostic rapide du streptocoque telles que les SpeA, les SpeC ou les superantigènes de (en anglais «rapid antigen detection test» [RADT]) ou streptocoque du groupe A (SSA), les sujets infectés d’une mise en culture d’un prélèvement pharyngé peuvent développer le tableau clinique de la scarlatine (fig. 3). Pour le test de diagnostic rapide du streptocoque, [21, 22]. Dans ce cas, outre les symptômes typiques d’une le prélèvement pharyngé est appliqué sur une cassette pharyngite (la scarlatine ne survient que rarement de de test, qui contient des anticorps dirigés contre S. py- façon concomitante à d’autres infections à S. pyogenes), ogenes. Si des germes S. pyogenes sont présents dans le Signes cliniques et épidémiologiques Non suspects Suspects Négatif Pas de RADT/ Culture RADT culture Négatif Positif Positif Traitement symp- Traitement anti- tomatique biotique Figure 3: Critères d’initiation du traitement en cas de pharyngo-amygdalite à Streptococcus (S.) pyogenes: diagramme déci sionnel adapté d’après «Pediatric Infectious Disease Group Switzerland» (PIGS) 2010 [57]. Signes cliniques (critères de Centor): fièvre >38,2 °C, exsudats amygdaliens, lymphadénopathie cervicale antérieure douloureuse et absence de toux. Indices épidé- miologiques: hiver/printemps, âge (5–)10–15 ans. RADT: «rapid antigen detection test». SWISS MEDICAL FORUM – FORUM MÉDICAL SUISSE 2018;18(33):647–653 Published under the copyright license “Attribution – Non-Commercial – NoDerivatives 4.0”. No commercial reuse without permission. See: http://emh.ch/en/services/permissions.html
Article de revue MIG 650 prélèvement, des précipités se forment et l’apparition die à un étage», contrairement aux amygdalites virales d’une bande peut alors être interprétée comme un ré- qui se présentent sous forme de «maladie à plusieurs sultat positif. Contrairement à la culture, qui prend étages», dont la principale est la mononucléose infec- env. 2 jours, le résultat du test de diagnostic rapide est tieuse (virus Epstein Barr). Par ailleurs, des pharyn- déjà disponible après quelques minutes. La culture gites peuvent survenir dans le cadre de différents dure certes plus longtemps, mais elle permet égale- autres syndromes infectieux (tab. 1). ment de tester les résistances et de déterminer le séro- Pour les infections de la peau et des tissus mous par type. Les deux procédés de test ne permettent pas de S. pyogenes, les manifestations cliniques et le pronostic faire la distinction entre colonisation et infection et dépendent des structures atteintes. Alors que l’érysi- par conséquent, un prélèvement pharyngé devrait uni- pèle et la cellulite affectent uniquement l’épiderme et quement être réalisé en cas de forte suspicion (au l’hypoderme, respectivement, des structures plus pro- moins 2 critères de McIsaacs [voir ci-dessus], absence fondes, telles que les fascias musculaires et les muscles de symptômes viraux et éventuellement indices épidé- squelettiques, sont atteintes en cas d’infections inva- miologiques) (fig. 3). Un RADT est le plus souvent réa- sives, telles que la fasciite nécrosante, la myosite et la lisé (résultat disponible en quelques minutes, faible myonécrose. En raison des conditions anatomiques coût) et en cas de technique de prélèvement correcte, il étroites, la pression intramusculaire s’y trouve consi- présente une sensibilité et une spécificité élevées [26]. dérablement accrue, ce qui conduit à une hypoperfu- L’examen de référence est la culture; dans des cas spé- sion et donc à une nécrose des tissus musculaires et à cifiques, il peut être judicieux d’y recourir en plus, no- de fortes douleurs. Les vives douleurs sont en l’occur- tamment en cas probabilité prétest élevée d’amygda- rence le symptôme cardinal de la fasciite nécrosante lite à streptocoques et de RADT négatif [27, 28]. et, en relation avec une infection de la peau et des tis- Les principaux diagnostics différentiels de l’amygda- sus mous, elles doivent toujours être interprétées lite/pharyngite à streptocoques sont les amygdalites/ comme un symptôme d’alarme. pharyngo-amygdalites virales, qui s’accompagnent ty- S. pyogenes est l’agent pathogène le plus fréquemment piquement de symptômes tels que toux, rhinorrhée, (20–40%) responsable de l’érysipèle, qui se présente épiphora, etc. et ne sont normalement pas limitées aux sous forme de lésion nettement délimitée, rouge, amygdales, au pharynx et aux ganglions lymphatiques chaude et douloureuse [29]. Il affecte le plus souvent les cervicaux. L’amygdalite à streptocoques est une «mala- extrémités, et plus rarement le tronc et la tête. Des œdèmes et vésicules prononcés sont possibles, et l’éry- sipèle s’accompagne généralement de fièvre et de symptômes systémiques. Contrairement à l’érysipèle, Tableau 1: Diagnostic différentiel des infections associées à la pharyngo-amygdalite en cas de cellulite, il n’y a généralement pas de démar- (adapté d’après les IDSA-Guidelines 2012 [27]): Contrairement aux pharyngites virales, l’infection par Streptococcus pyogenes est une «maladie à un étage». Afin d’éviter les cation claire, l’exanthème est plus discret et la lésion examens microbiologiques et traitements inutiles, la recherche d’autres bactéries ne doit n’est pas en relief; la distinction clinique entre ces être entreprise que dans des cas particuliers avec les signes cliniques correspondants. deux entités est difficile. Sur le plan pathogénique, une Bactéries Manifestation clinique altération de l’intégrité de la peau, par ex. après de pe- Streptococcus pyogenes Pharyngo-amygdalite/scarlatine tites blessures cutanées, des opérations ou des affec- Streptocoques de groupe C/G Tonsillopharyngitis tions cutanées chroniques comme le psoriasis ou la Flore mixte anaérobie Angine de Vincent dermatite atopique, est souvent retrouvée dans ces Fusobacterium necrophorum Syndrome de Lemierre, abcès péri-amygdalien deux affections. Une stratégie de prévention essen- Neisseria gonorrhoeae Pharyngo-amygdalite tielle pour ces deux affections réside dès lors dans un Mycoplasma pneumoniae Pneumonie, bronchite traitement et des soins optimaux afin de conserver Chlamydophila pneumoniae Bronchite, pneumonie une barrière cutanée intacte. La perturbation de l’écou- Chlamydophila psittaci Psittacose lement lymphatique, par ex. après des opérations Virus Virus d’Epstein-Barr Mononucléose comme une dissection axillaire ou après une radiothé- Virus Coxsackie Herpangine rapie, constitue un facteur de risque majeur [30, 31]. Adénovirus Pharyngite, conjonctivite Pour l’érysipèle et la cellulite, la mise en évidence de Virus Herpes simplex 1/2 Gingivostomatite l’agent pathogène dans les hémocultures est rarement Virus de l’immunodéficience humaine (VIH) Syndrome rétroviral aigu possible. Dans certains cas, en particulier en cas de sus- Influenzavirus A et B Grippe picion de fasciite nécrosante, la mise en évidence micro- Rhino- et coronavirus «Refroidissement» biologique peut être possible en ayant recours à l’aspira- Virus parainfluenza «Refroidissement», croup tion après injection d’une petite quantité de solution Cytomégalovirus (CMV) Primo-infection CMV saline (2–3 ml) ou à la biopsie, mais les deux méthodes SWISS MEDICAL FORUM – FORUM MÉDICAL SUISSE 2018;18(33):647–653 Published under the copyright license “Attribution – Non-Commercial – NoDerivatives 4.0”. No commercial reuse without permission. See: http://emh.ch/en/services/permissions.html
Article de revue MIG 651 ne sont pas recommandées de façon routinière [32] et la adéquat, la mortalité de la fasciite nécrosante reste tou- chirurgie rapide est l’option à privilégier. jours très élevée, pouvant atteindre 36% [36, 37]. La fasciite nécrosante est une infection des tissus mous Le syndrome de choc toxique streptococcique (SCTS) est se propageant rapidement le long des fascias muscu- une affection rare et grave, qui est associée à une morta- laires et survenant typiquement après des trauma- lité élevée. Le diagnostic de SCTS est confirmé lorsque tismes mineurs. On suppose que le tissu musculaire d’une part S. pyogenes a été isolé et d’autre part les lésé exprime la vimentine, qui est utilisée par les signes cliniques d’une hypotension (pression artérielle germes S. pyogenes circulants (par ex. durant une bac- systolique
Article de revue MIG 652 dans 2% des cas [39, 40]. Le pathomécanisme exact diagnostic est posé sur la base du tableau clinique de né- n’est pas totalement élucidé, mais on part du principe phrite avec les anomalies rénales typiques et d’une in- qu’en plus de l’action directe des toxines, différents fection streptococcique préalable documentée (culture, mécanismes auto-immuns, la formation de complexes test de diagnostic rapide du streptocoque ou titre des antigènes-anticorps et des facteurs génétiques sont anticorps antistreptolysines) et il est confirmé par biop- impliqués. La cause de l’incidence géographique va- sie rénale. Contrairement au RAA, une antibiothérapie riable du RAA reste pour l’heure indéterminée. A la fois précoce ne protège pas contre le développement d’une des facteurs liés à l’hôte et des facteurs de virulence GNAPS, il n’existe pas de thérapie spécifique et le traite- sont évoqués. Le diagnostic du RAA est posé sur la base ment se limite à des mesures de soutien, telles que des critères de Jones révisés et comprend un examen prise en charge hydro-électrolytique y compris dialyse échocardiographique et la mise en évidence obliga- et médicaments antihypertenseurs. Le pronostic de la toire d’une infection à S. pyogenes préalable [41]. Pour le GNAPS est bon chez les enfants, contrairement aux pa- traitement du RAA, il convient dans la mesure du pos- tients âgés, pour lesquels une mortalité allant jusqu’à sible d’opter pour une éradication par pénicilline en 25% a été décrite [44]. plus de l’acide acétylsalicylique (attention: peut déclen- cher un syndrome de Reye chez les enfants), des an- Traitement ti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) et, dans les cas sévères, des corticoïdes. Ensuite, il est recommandé S. pyogenes est toujours sensible à la pénicilline et à la d’initier une prophylaxie secondaire par pénicilline plupart des céphalosporines. La pénicilline est l’antibio- (macrolides en deuxième choix, test des résistances tique de choix. Contrairement à la pénicilline, un nécessaire, sélection de souches résistantes possible nombre croissant de résistances aux macrolides et à la sous traitement à long terme). La durée de la prophy- clindamycine se sont développées. En Suisse, le taux de laxie dépend du tableau clinique du RAA et de l’âge au résistance à la clindamycine est de 7%; ce taux est de 8% moment de sa survenue [28]. pour les macrolides clarithromycine et azithromycine, Tout comme le RAA, la GNAPS survient aujourd’hui et de 12% pour l’érythromycine [45]. La résistance naît de avant tout dans les pays en développement, chez des la méthylation de l’ARN ribosomique 23S, codé par diffé- enfants de moins de 15 ans. Dans nos régions, elle est rents gènes erm («erythromycin ribosome methylase»). en revanche très rare et affecte avant tout les sujets Il en résulte une capacité de liaison réduite des macro- âgés [42]. Une à 4 semaines après une infection à S. py- lides (érythromycine, clarithromycine, azithromycine), ogenes, des symptômes néphritiques, tels qu’hyperten- de la clindamycine et de la streptogramine à la sous- sion artérielle légère, hématurie, protéinurie, forma- unité 23S, ce qui est décrit comme «phénomène MLS» tion d’œdème et insuffisance rénale, peuvent survenir. (résistance macrolide-lincosamide-streptogramine) [46]. La cause en est un dépôt de complexes immuns de cer- La pharyngite/pharyngo-amygdalite causée par S. pyo taines souches de S. pyogenes dites «nephritogènes» genes est le plus souvent une affection auto-limitante, (types M 1, 4, 12, 49, 55, 57, 60) [7], qui se déposent dans et les abcès ainsi que le rhumatisme articulaire sont les glomérules [43] et endommagent ainsi les reins. Le des complications rares. En Suisse, un traitement anti- biotique de la pharyngite à S. pyogenes et de la scarla- tine est actuellement recommandé (tab. 3) pour préve- Tableau 3: Traitement de la pharyngo-amygdalite à S. pyogenes et de la scarlatine nir cette complication en cas de pose univoque du (adapté d’après les IDSA-Guidelines 2012 [27] et le «Pediatric Infectious Disease Group Switzerland» 2010 (PIGS) [57]). Différentes sociétés de discipline médicale considèrent diagnostic (fig. 3); un effet protecteur contre le dévelop- un traitement de 6 ou 7 jours comme suffisant [58]. pement d’un rhumatisme articulaire a été montré en Antibiotique Durée cas d’initiation de l’antibiothérapie jusqu’à 9 jours 1er choix après la percée de la maladie [28]. Dans certains pays Pénicilline Adultes: 3×1 million d’UI par voie orale 10 jours tels que la Grande-Bretagne, le traitement n’est plus re- Enfants
Article de revue MIG 653 tement, le risque de contagion persiste pendant 14 jours. clindamycine inhibe la synthèse protéique bactérienne Correspondance: Prof. Dr méd. Une augmentation de la fréquence de la scarlatine est et réduit ainsi la production de facteurs de virulence et Annelies S. Zinkernagel décrite en Grande-Bretagne et en Chine [49, 50], associée de toxines par les bactéries. Contrairement aux antibio- Klinik für Infektionskrank heiten und Spitalhygiene notamment à l’acquisition de certaines toxines. tiques bêta-lactames, elle possède également un effet UniversitätsSpital Zürich Lorsque l’érysipèle, avant tout causé par des strepto- inhibiteur sur les bactéries en phase de croissance sta- Rämistrasse 100 coques, se démarque clairement d’une cellulite, une tionnaire et en cas de charge bactérienne élevée («effet CH-8091 Zürich annelies.zinkernagel[at] antibiothérapie empirique par pénicilline ou amoxicil- Eagle») [51–53]. En outre, l’administration intraveineuse usz.ch line peut être mise en place. Dans la mesure où la cellu- d’immunoglobulines (IGIV) pendant 3 jours fait l’objet lite peut également être causée par Staphylococcus au- de discussions. Il a récemment été montré que les pa- reus, le traitement de premier choix est l’amoxicilline/ tients atteints d’infections invasives à S. pyogenes ont acide clavulanique. En raison de la progression cli- un faible titre anti-SLO. Après traitement par IGIV, le nique parfois très rapide et de la biodisponibilité orale nombre de patients ayant des anticorps anti-SLO a aug- réduite, il est fréquent que l’amoxicilline/acide clavu- menté de manière significative [59]. Etant donné que lanique soit initialement administré par voie intravei- l’efficacité n’a jusqu’à présent pas pu être démontrée de neuse; le recours à la clindamycine se présente comme façon concluante dans les études cliniques, l’indication un traitement alternatif (le plus souvent par voie orale est soumise à des discussions controversées et les IGIV en raison de l’excellente biodisponibilité orale). Toute- ne sont pas administrées dans tous les pays [54]. fois, il convient ici de noter que des résistances à la Le traitement antimicrobien du SCTS est le même qu’en clindamycine de S. pyogenes s’observent aussi de plus cas de fasciite nécrosante (antibiotiques bêta-lactames, en plus en Europe. clindamycine et IGIV) et il est essentiel de détecter le Dans le cas de la fasciite nécrosante et de la myosite/ plus tôt possible une potentielle infection sous-jacente, myonécrose, un débridement chirurgical étendu, le telle qu’une fasciite nécrosante ou une myosite, et de plus souvent multiple, avec décharge des structures vi- procéder à un débridement chirurgical sans délai. Par tales afin de réduire la charge bactérienne et de faire ailleurs, les mesures de médecine intensive se trouvent baisser la pression compartimentale doit impérative- au premier plan dans le traitement du choc toxique ment être réalisé sans délai, en plus d’initier rapide- causé par la tempête cytokinique [55]. ment un traitement antibiotique. Outre la ceftriaxone En raison de leur contagiosité élevée, la pharyn- à haute dose ou l’amoxicilline/acide clavulanique, il go-amygdalite et la scarlatine chez l’enfant ainsi que convient d’administrer en plus de la clindamycine. La les pneumonies et les infections cutanées et des tissus mous étendues doivent faire l’objet d’un isolement à l’hôpital jusqu’à 24 heures après le début du traitement L’essentiel pour la pratique [56]. • La pharyngo-amygdalite à Streptococcus pyogenes se limite au tractus Remerciement Nous souhaitons remercier le Docteur Daniel Oertle pour l’image respiratoire supérieur («maladie à un étage»), contrairement aux infections de la pharyngo-amygdalite. virales qui touchent d’autres «étages» («maladie à plusieurs étages»). • Le diagnostic de la pharyngo-amygdalite est avant tout clinique et doit être Disclosure statement Les auteurs n’ont pas déclaré des obligations financières ou personnelles confirmé par la mise en évidence microbiologique de l’agent pathogène, en rapport avec l’article soumis. car un traitement antimicrobien est indiqué en cas de pharyngo-amygda- Littérature recommandée lite à S. pyogenes. Les tests microbiologiques, tels que la mise en culture – Cole JN, Barnett TC, Nizet V, Walker MJ. Molecular insight into ou le test de diagnostic rapide du streptocoque, ne permettent pas de faire invasive group A streptococcal disease. Nat Rev Microbio. la distinction entre colonisation et infection. 2011;9(10):724–36. – Fine AM, Nizet V, Mandl KD. Large-scale validation of the Centor • La pharyngo-amygdalite comme la scarlatine sont hautement infectieuses, and McIsaac scores to predict group A streptococcal pharyngitis. raison pour laquelle un délai de 24 heures après le début du traitement Arch Intern Med. 2012;172(11):847–52. – Low DE. Toxic shock syndrome: major advances in pathogenesis, antibiotique doit être respecté avant que les écoliers puissent à nouveau but not treatment. Crit Care Clin. 2013;29(3):651–75. fréquenter les institutions publiques, telles que jardins d’enfants, écoles – Andreoni F, Zürcher C, Tarnutzer A, Schilcher K, Neff A, Keller N, et al. Clindamycin Affects Group A Streptococcus Virulence Factors ou crèches. and Improves Clinical Outcome. J Infect Dis. 2017;215(2):269–77. • La fasciite nécrosante est une infection potentiellement fatale. Elle s’ac- – Shulman ST, Bisno AL, Clegg HW, Gerber MA, Kaplan EL, Lee G, et al. Clinical practice guideline for the diagnosis and management compagne souvent d’une douleur extrêmement intense («pain out of of group A streptococcal pharyngitis: 2012 update by the Infectious proportion»). Une pose rapide du diagnostic suivie immédiatement d’un Diseases Society of America. Clin Infect Dis. 2012;55(10):1279–82. traitement combiné à la fois chirurgical et antibiotique avec un antibio- Références tique bêta-lactame et la clindamycine est essentielle pour le succès du La liste complète des références est disponible dans la version en ligne traitement. de l’article sur www.medicalforum.ch. SWISS MEDICAL FORUM – FORUM MÉDICAL SUISSE 2018;18(33):647–653 Published under the copyright license “Attribution – Non-Commercial – NoDerivatives 4.0”. No commercial reuse without permission. See: http://emh.ch/en/services/permissions.html
ARTICLE DE REVUE MIG 654 Pourquoi il n’y a pas de «quick fix» et ce que l’on peut faire La tendinopathie achilléenne corporéale Dr méd. Myrielle Hitz a*, Dr méd. Sandra Meier b*, Dr méd. Martin Huber a a Praxis für Fusschirurgie Bern; b Klinik für Orthopädie und Traumatologie des Bewegungsapparates, Kantonsspital Olten * Les deux auteures ont contribué à part égale à l’article. Plus de 2500 ans après l’Iliade d’Homère, le tendon d’Achille est toujours le point a r tic le faible des héros modernes du quotidien. La thérapie d’entraînement reste la réfé- Peer rence absolue en matière de traitement, aucune mesure complémentaire ne pou- re v ie we vant suffire sans elle. Dans cet article, nous présentons les options thérapeutiques d qui, selon nous, devraient et peuvent être intégrées dans le traitement multimodal, ainsi que les interventions chirurgicales mini-invasives pouvant être employées en cas de symptômes réfractaires au traitement. Introduction Principes fondamentaux Dans le passé, de nombreux synonymes parfois trom- La tendinopathie achilléenne corporéale décrit la peurs ont compliqué la compréhension et l’échange triade associant des douleurs, un œdème 2–7 cm scientifique autour de ce thème. Pour cette raison, le au-dessus de l’insertion et une résistance réduite. Sur terme neutre «tendinopathie» a été introduit dans la le plan anatomique, on distingue en outre la tendino- littérature et devrait être utilisé. Les termes tels que pathie du péritendon, qui peut survenir de façon «maladie de Haglund», «tendinose», «tendinite», «en- concomitante ou isolée, aiguë ou chronique. thésopathie» ou encore «synovite» sont quant à eux L’incidence au sein de la population est estimée à 0,2% imprécis et ne devraient plus être utilisés. Cet article se et elle est en augmentation. Les causes de la maladie ne concentre sur les douleurs de la partie purement tendi- sont pas élucidées. Parmi les causes potentielles fi- neuse du tendon d’Achille, c’est-à-dire sur la tendino- gurent l’augmentation de l’indice de masse corporelle pathie achilléenne corporéale (anglais: «midportion (IMC) et la pratique d’une activité physique soutenue tendinopathy»). Certaines informations contenues après l’âge de 40 ans. Les déclencheurs que nous avons dans cet article s’appliquent également aux douleurs observés sont: antécédents de blessures du même touchant l’insertion du tendon d’Achille (tendinopa- membre, chaussures inadaptées (contrefort dur ou thie d’insertion), qui ne font toutefois pas l’objet de cet élevé, talon dur, poids important, semelle intérieure/ article (à ce sujet, voir la figure 1). Les praticiens sont extérieure instable), marche ou entraînement sur un fréquemment confrontés à la tendinopathie achil- sol dur, modifications du schéma de sollicitation phy- léenne corporéale, dont l’évolution est souvent fasti- sique et d’entraînement, telles que changement d’em- dieuse et chronophage pour toutes les personnes im- ploi ou de type de sport. Les facteurs intrinsèques sui- Myrielle Hitz pliquées. La palette des options physiothérapeutiques vants sont également évoqués: obésité, âge croissant, et moyens auxiliaires orthopédiques est vaste, et une désaxation de l’arrière-pied, instabilité dans la région durée de traitement de 3–12 mois est nécessaire. Un de l’arrière-pied. praticien convaincu par le traitement employé peut L’anamnèse et l’examen clinique sont pathogno- bien mieux motiver le patient, raison pour laquelle miques, notamment car le tendon d’Achille peut être une bonne évidence de l’efficacité est souhaitable. Les palpé facilement et est bien visible. Le patient rapporte protocoles d’exercices sont essentiels, car ils restent la des douleurs à l’effort partiellement fluctuantes et ra- référence absolue et la base de tout traitement des pro- rement invalidantes au niveau de la région du tendon blèmes tendineux. Nous souhaitons par ailleurs égale- d’Achille mentionnée plus haut, et ce sans trauma- ment mettre l’accent sur les possibilités thérapeu- tisme préalable. Un œdème sous-cutané, éventuelle- tiques chirurgicales mini-invasives, que nous ment une rougeur et une crépitation, et des douleurs Sandra Meier privilégions. souvent très intenses qui persistent pendant la phase SWISS MEDICAL FORUM – FORUM MÉDICAL SUISSE 2018;18(33):654–660 Published under the copyright license “Attribution – Non-Commercial – NoDerivatives 4.0”. No commercial reuse without permission. See: http://emh.ch/en/services/permissions.html
Vous pouvez aussi lire