RÉVER(CITÉS) Villes recyclables & résilientes - Bouygues Immobilier Corporate
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SOMMAIRE POURQUOI RÉVER(CITÉS) ?— P. 4 3 ANTICIPATION DU RISQUE INTERVIEW CROISÉE CLIMATIQUE — P. 40 François Bertière, PDG de Bouygues Immobilier, Christian Devillers, architecte-urbaniste, Limiter les émissions de CO2 des bâtiments — P. 42 et Alain Bourdin, sociologue urbaniste — P. 6 En zone inondable, différents choix — P. 44 Réduire les émissions de gaz à effet de serre à POINT DE VUE Hambourg — P. 46 Guy Amsellem, président de la Cité de l’architecture & du patrimoine — P. 8 DU CÔTÉ DES HABITANTS Participer à la prévention, par PeclersParis — P. 48 LES EXPERTS DE L'OBSERVATOIRE DE LA VILLE — P. 9 TRIBUNE SYNTHÈSE « La résilience urbaine est d’abord Les auditions de l’Observatoire de la Ville — P. 10 une affaire d’acteurs », par Alain Bourdin — P. 50 4 RÉSILIENCE URBAINE — P. 52 1 FLEXIBILITÉ/RÉVERSIBILITÉ — P. 12 New York City ou la force de rebondir — P. 54 Anticiper la transformation de bureaux Des initiatives face aux mouvements en logements : l’exemple français — P. 14 migratoires — P. 56 Anticiper les évolutions du logement — P. 16 Recherche investisseurs pour recycler Innover avec une partition évolutive des friches — P. 58 du bâtiment — P. 18 Medellín : « De la ville la plus violente Fabriquer la ville avec souplesse : à la ville la plus innovante » — P. 60 l’exemple de Nice — P. 20 Approches participatives — P. 62 DU CÔTÉ DES HABITANTS DU CÔTÉ DES HABITANTS Refabriquer du lien, par PeclersParis — P. 22 Mobiliser l'intelligence collective, par PeclersParis — P. 64 TRIBUNE TRIBUNE « Les processus bottom-up, jugés plus résilients », « Changer pour durer, la ville est par nature résiliente par Bénédicte Grosjean — P. 24 grâce à sa structure spatiale », par Christian Devillers — P. 66 2 RÉUTILISATION/RECYCLAGE — P. 26 DU CÔTÉ DES ÉTUDIANTS Des déchets aux matériaux, Réversibilité, mutabilité repenser la construction — P. 28 et résilience en région nantaise, Des déchets pour réfléchir et créer — P. 30 par l'Université de Nantes et l'Ecole de design Du transformable au recyclable — P. 32 Nantes Atlantique — P. 68 Réaménager les espaces publics délaissés — P. 34 Le parc olympique de Londres : DU CÔTÉ DES HABITANTS un modèle de réversibilité ? Recycler intelligemment la ville, par PeclersParis — P. 36 par l'Ecole urbaine de Sciences po — P. 70 TRIBUNE La flexibilité, source de résilience par l'Ecole des Ponts ParisTech — P. 72 « La ville flexible fait preuve d’une capacité d’anticipation », par Brigitte Fouilland — P. 38 GÉNÉRIQUE DE L'EXPOSITION — P. 74 Document Hors-série AMC réalisé en partenariat avec la Fondation d'Entreprise Bouygues Immobiler dans le cadre de l'exposition Réver(cités) - Cité de l'architecture & du patrimoine - du 12 octobre au 4 décembre 2016 Société éditrice : Groupe Moniteur SAS 10, place du Général de Gaulle, BP 20156, 92186 ANTONY CEDEX. RCS : Nanterre B 403 080 823. Président-directeur de la publication : Christophe Czajka - Directeur Général : Julien Elmaleh - Directeur Général Délégué : Sandrine Rampont - Rédacteur en chef : Gilles Davoine. Directrice commerciale et marketing : Laurence Delaval - Directrice de publicité : Stéphanie Nadreau - Rédaction : Frédéric Mialet - Conception, réalisation : ZED Agency - Impression : Imprimerie de Champagne (Langres). RÉVER(CITÉS) / AMC DOCUMENT 3
POURQUOI RÉVER(CITÉS) ? La ville s’est toujours transformée, en abandonnant Les préoccupations environnementales prennent de un site pour le réinvestir plus tard ou pour en inves- l’ampleur aujourd’hui. A l’origine de 40 % des émis- tir d’autres, en se développant au-delà de ses limites sions de gaz à effet de serre, la ville joue un rôle im- ou en transformant son espace initial. Les villes les portant dans la transition écologique à mettre en plus fortes ont su se redéfinir au cours des siècles, au œuvre. Alors qu’on attend 70 % d’urbains dans le fil des évolutions de la production, du commerce, de monde en 2050, les ambitions et les exigences du dé- la géopolitique, des sociétés et des cultures. veloppement durable nous incitent à aller beaucoup Dans les grands pays développés, les dernières décen- plus loin. Pour trois raisons : nies ont vu le passage d’une ville d’abord marquée par • La prise en compte toujours plus importante d’un la production industrielle (automobile, textile, biens de usage raisonné et raisonnable des ressources. Il ne consommation) à une ville des services et de l’économie s’agit pas seulement de lutter contre les change- de la connaissance, en même temps que l’urbanisation ments climatiques et leurs effets négatifs, mais plus s’accroissait considérablement. fondamentalement de cesser de consommer la pla- Le développement urbain des Trente Glorieuses (1946- nète – donc les ressources qu’elle nous offre – plus 1975) s’est d’abord fait sans vraie démarche urbaine et vite qu’elle ne se reproduit. D’où l’importance nou- le plus souvent dans une logique de la table rase. Puis velle accordée à l’économie circulaire ou à celle de est venue l’époque de la préservation du patrimoine ur- la fonctionnalité. bain et d’une prise de conscience de l’importance du • Le développement d’une culture du risque : les aléas passé des villes pour construire leurs futurs (1979, 80 pays (climatiques, économiques, géopolitiques, sociaux, signent la convention du patrimoine mondial). Peu à peu etc) se multiplient dans un contexte de dégradation s’est imposé le modèle d’une ville qui sait se « refaire sur très alarmant de l’environnement, et si on les craint elle-même » ou encore créer de la valeur avec des es- de plus en plus, on sait mieux les prendre en compte paces emblématiques dévalorisés (ports, friches indus- et mesurer les effets de leur survenance possible. trielles, etc). Ainsi ont vu le jour des projets urbains (Bil- • Avec la mondialisation et l’emballement des trans- bao, Birmingham, Plaine Saint-Denis, etc). formations technologiques (numérique, biotechno- logies, etc.) et économiques, les mutations urbaines s’accélèrent et rendent la flexibilité nécessaire pour s’adapter et développer ainsi la résilience. Une plus grande souplesse des projets permettrait d’éviter, par exemple, que le programme d’un hôpital soit obsolète avant que sa construction ne soit achevée. 4 AMC DOCUMENT / RÉVER(CITÉS)
La ville de demain aura donc quatre qualités que l’ac- Chacune de ces exigences concerne toutes les tion d’aujourd’hui peut développer : flexibilité, ré- échelles : de l’immeuble, du quartier, du pôle ur- versibilité, réutilisation, résilience. Chacune d’entre bain, du grand territoire. elles représente une facette d’une même vision de Comme on doit penser global et agir local, Réver(cités) la ville : se conçoit à l’échelle de la ville mais se réalise dans des • Flexibilité des constructions, des infrastructures et actions concrètes qui peuvent ne concerner qu’un aspect des réseaux, pour suivre l’évolution des modes de précis ou un lieu particulier. vie, des modes de travail et des usages. Le grand chantier de Réver(cités) concerne tout le • Réversibilité, c’est-à-dire capacité de revenir sur ce monde : élus et managers locaux, entreprises, concep- que l’on a fait – jusqu’à rendre des espaces urbani- teurs, gestionnaires de services urbains et nous tous, sés à la nature et intégration de cette capacité à la habitants des villes et citoyens qui pensent à l’avenir de production architecturale et urbaine elle-même. leurs enfants. L’exposition que nous vous présentons • Réutilisation, c’est-à-dire gestion « précaution- montre la richesse et le dynamisme des expériences à neuse » des ressources permettant de récupérer travers lesquelles Réver(cités) trouve son chemin. les énergies fatales (énergie naturelle ou artificielle perdue pour non utilisation), de recycler tout ce qui peut l’être ou de réutiliser dans les mêmes fonctions ce qui n’est qu’artificiellement obsolète. • Résilience, c’est-à-dire capacité d’intégrer la surve- nance d’aléas prévisibles ou imprévisibles à la pro- duction et au fonctionnement de la ville – en sachant, si besoin est, la faire évoluer. Ce n’est pas seulement la faculté de se relever après une catastrophe ou un évènement extrême, à l’aide d’outils et de stratégies architecturales et urbaines, préconçues ou non ; c’est aussi notre capacité à apprendre du passé, à antici- Visitez virtuellement per et à innover. L’intelligence théorique et pratique l'exposition Réver(cités) de toutes les parties prenantes de la ville doit être en flashant ce QR code sollicitée. avec votre smartphone RÉVER(CITÉS) / AMC DOCUMENT 5
INTERVIEW CROISÉE « LA VILLE DOIT ÊTRE MIXTE ET MULTIFONCTIONNELLE » Pour François Bertière, PDG de Bouygues Immobilier, comme pour l’architecte-urbaniste Christian Devillers et le sociologue urbaniste Alain Bourdin, la ville doit être flexible, réversible et faire preuve de résilience. Une nécessité pour répondre à la croissance des populations urbaines et aux nouveaux usages. Propos recueillis par Roman Scobeltzine Pourquoi avoir choisi cette année le thème de la ville re- on voit le nombre croissant d’actifs, notamment des cadres cyclable et résiliente ? vivants à Paris, qui souhaitent partir en province. Or, si la vie François Bertière : En discutant avec les élus, on se rend n’est pas supportable pour les plus nantis, elle doit l’être en- compte qu’il faut sans cesse faire évoluer la ville et que ces core moins pour les populations les plus fragiles. adaptations nécessaires sont complexes et coûteuses. Le Christian Devillers : Dans une perspective où la majeure par- monde va de plus en plus vite, les modes de vie changent tie de la population vivra en ville, on ne parle plus de « ville et les nouvelles technologies font irruption dans la vie des monde » mais de « monde ville ». Un tel changement sou- gens. Et l’on sait que tout ira encore plus vite à l’avenir. La lève des questions politiques, économiques et bien sûr en- question est donc de construire des villes capables de s’adap- vironnementales. Les villes sont, rappelons-le, les principales ter dans des conditions techniques, économiques et sociales responsables du réchauffement climatique, à 80 %. C’est viables. donc en travaillant sur les villes, leur forme, leur fonctionne- ment, qu’on va pouvoir agir le plus efficacement au niveau Quel message souhaitez-vous faire passer au public ? écologique. Un enjeu planétaire qui suppose un développe- F.B. : Nous voulons expliquer au public que le changement ment durable des villes mais aussi des conditions de vie ac- est inéluctable. Il est souvent rapide, dérangeant, difficile à ceptables pour les habitants. Or nous vivons partout dans un accepter mais on ne peut pas le refuser. Les nouveaux pro- système qui génère plus de séparations sociales, d’exclu- jets dans les villes suscitent souvent de l’inquiétude. Notre sion… qui menacent la cohésion, voire l’équilibre de nos so- rôle en tant que promoteur, avec les élus, est de porter ces ciétés. changements en associant les populations, en coconstrui- sant la ville avec ses habitants. En contrepartie, ces derniers Comment une ville peut-elle devenir flexible et s’adapter doivent y croire et s’engager dans les démarches de trans- aux aléas du temps ? formation urbaine. C.D. : Il n’y a rien de moins figé qu’une ville. Les villes Alain Bourdin : Il y a un mot très à la mode en ce moment : changent tout le temps et sont le meilleur exemple de la ré- agilité. On l’entend beaucoup dans l’entreprise. La faculté silience – sinon Paris ne serait plus là au bout de 2 000 ans. d’agilité s’applique aussi à la ville et à ses différents acteurs. Les villes ont une extraordinaire capacité à s’adapter aux changements sociaux, sociologiques, technologiques. Mais Quels sont les grands défis de la ville durable ? la transformation ne se fait pas toute seule, il faut certaines A.B. : Le problème de la ville durable, c’est d’abord… la ville. conditions de gouvernance, de structure et de forme urbaine. C’est-à-dire le fait qu’on ne vit plus à la campagne mais ma- On voit par exemple que les grands ensembles, inventés joritairement en ville – 70 % de la population mondiale sera dans les années 50-60, ne se sont pas adaptés : ces mor- urbaine en 2050. C’est donc un gros enjeu pour l’équilibre ceaux de ville ont vécu, se sont dégradés et ont fini par être fonctionnel des villes, qui sont sans cesse confrontées à des démolis. Résultat, on a tout perdu, rien accumulé, c’est un problèmes d’aménagement, de mobilité, de fonctionnement gaspillage gigantesque. L’exemple même de la non-rési- des réseaux... Dans ces conditions, il faut fabriquer un milieu lience. Car la résilience ne veut pas dire revenir à la forme de vie acceptable et désirable pour tous. Pas évident quand initiale après un désordre, mais revenir à un état stable. 6 AMC DOCUMENT / RÉVER(CITÉS)
© Eric Baudet Alain Bourdin © Eric Baudet © Eric Baudet Christian Devillers François Bertière F.B. : Je pense que l’erreur fondamentale de ces quartiers Quelles sont les tendances socioculturelles en matière est qu’ils sont monofonctionnels. Ils sont issus de la théorie, d’habitat et d’aménagement urbain ? qui a été dévoyée, de Le Corbusier. Celui-ci voyait la ville F.B. : Le plus frappant, c’est la primauté des usages, le glis- comme une machine à habiter dans laquelle on sépare les sement de la propriété vers l’usage. De plus en plus de ci- fonctions, avec des endroits différents pour habiter, consom- tadins renoncent à la voiture individuelle au profit de modes mer, travailler… C’est là précisément l’échec des quartiers de transports publics ou partagés. Dans le bâti, on revient à où l’on répond de manière parcellaire à des fonctions. La des pièces communes, comme des espaces techniques ou ville doit au contraire être mixte et multifonctionnelle. de loisirs. Dans certaines copropriétés, on conçoit des C.D. : Dans n’importe quelle ville ordinaire, il y a une évolu- chambres d’amis partagées. On expérimente aussi des lo- tivité très grande du tissu urbain. En cela la ville est merveil- gements modulaires, avec des parois amovibles permettant leuse : elle est à la fois une création humaine qui dure très de transformer les espaces de vie pour les familles recom- longtemps et en même temps le lieu permanent de l’inven- posées. L’autre tendance, c’est la fongibilité complète entre tion, de la transformation, du renouvellement. La beauté des la vie personnelle et professionnelle, sociale et affective. La villes historiques comme Paris, Londres ou Venise, vient jus- vie des gens est moins organisée en tranches étanches et tement du fait qu’elles sont des mille-feuilles, accumulation cela a un impact sur la ville. Par exemple, le concept de bu- de valeurs, d’histoires, de mémoires incarnées. Et c’est pour reaux partagés ouverts 24h/24, que l’on peut louer au mois cela qu’elles sont résilientes. et au poste de travail sans engagement, marche très fort. Et A.B. : La résilience de la ville se vérifie dans la durée, avec on nous demande à présent d’imaginer des lieux qui feraient le temps. Mais le problème aujourd’hui c’est l’accélération à la fois hôtel et bureau ! C’est dire l’évolution des usages. du temps, qui rend la flexibilité des villes plus difficile à ap- A.B. : Aujourd’hui, on veut maîtriser l’organisation de sa vie préhender. On doit penser la ville sur des échelles courtes quotidienne. De même, on parle de pluridisciplinarité de de dix ans. Ce qui nécessite d’anticiper les changements à l’expérience, c’est-à-dire la possibilité de mélanger plusieurs venir. Il faut donc prévoir les mutations du milieu urbain en activités dans un même espace-temps : travail, consomma- amont de l’action sur la ville et les intégrer aux raisonne- tion, famille, loisirs… Cette nouvelle organisation de la vie ments. Jusqu’ici, cette approche n’existait pas dans la tête est devenue fondamentale dans les sociétés urbaines, avec des gens qui fabriquaient la ville. C’est en train de changer, à la clé une exigence sur la qualité de l’expérience. Les usa- mais il y a encore du travail. gers mettent ainsi une grosse pression sur les gens qui fa- briquent et gèrent la ville. RÉVER(CITÉS) / AMC DOCUMENT 7
POINT DE VUE GUY AMSELLEM Président de la Cité de l’architecture & du patrimoine « DÉVELOPPER UNE PENSÉE © Pierre Gayte DU MÉNAGEMENT » L’exposition Réver(cités) emploie le terme de résilience dans de notre histoire où nous devrons transformer le monde et un sens métaphorique, en l’appliquant aux territoires : il dé- non plus le fonder. signe alors la capacité à s’adapter à un environnement qui Ce moment n’est pas moins créatif que le précédent : il nous change, à se restructurer de façon dynamique. La résilience oblige à considérer le temps long de la géographie, de l’his- à l’échelle de la ville, c’est la capacité à s’adapter et à s’orga- toire, de la mémoire, mais aussi la question de l’empreinte niser pour faire face aux nouveaux défis, économiques, dé- écologique, et plus spécialement celle de la ville dont l’am- mographiques, écologiques. À l’échelle du quartier, elle pose pleur ira croissante. Comme l’évoque l’exposition Réver(ci- la question de l’évolution des usages dans le temps. Enfin à tés), le rêve moderniste avait pu nous faire croire que la ville l’échelle de l’édifice, elle évoque la réversibilité, la problé- allait nous libérer des contraintes du temps et du climat, que matique du réemploi et recyclage. dans la ville générique, devenue pur flux et purs réseaux, il L’Observatoire de la Ville vient ainsi enrichir la vaste réflexion ne ferait plus jamais jour ni nuit, chaud ni froid. Ce rêve fou développée par la Cité de l’architecture & du patrimoine en est presque devenu une réalité, au prix d’un gâchis phéno- 2015 dans son exposition « Un bâtiment, combien de vies ? ». ménal des ressources, d’une séparation mutilante entre la De nombreuses raisons peuvent pousser à réutiliser un bâti- ville et le milieu vivant. ment existant : sa qualité architecturale, sa valeur patrimo- Il s’agit aujourd’hui – c’est le message du Global Award for niale, sa présence dans le paysage, ou encore son potentiel. Sustainable Architecture que la Cité de l’architecture & du Transformer un édifice permet ainsi de le sauvegarder et de patrimoine accueille chaque année dans ses murs – de rompre l’ancrer dans la vie contemporaine, mais aussi de réaliser des avec cette ère de la séparation, de retrouver l’unité du lieu économies en termes de terrain, de réseaux, de matériaux. urbain, de développer une pensée du « ménagement » (qui Et quand le coût économique de l’opération atteint celui signifie « prendre soin »), plutôt que de l’aménagement ou d'une démolition-reconstruction, son gain social pèse encore du management. Dans ce combat fondamental, Réver(cités) souvent en sa faveur. Nous sommes entrés dans un moment est une nouvelle page à découvrir. 8 AMC DOCUMENT / RÉVER(CITÉS)
LES EXPERTS DE L'OBSERVATOIRE DE VILLE Alain Bourdin Sociologue-urbaniste • Professeur des universités • Co-directeur du Lab’urba (laboratoire commun à l’Institut Français d’Urbanisme et à l’Institut d’Urbanisme de Paris) © Barbara Grossmann • Co-directeur de la revue Espaces et Sociétés • Responsable scientifique au Plan Urbanisme Construction Architecture (ministère de l'Écologie, du Développement Durable, de l’Énergie et de la Mer) du programme « Plateforme d’observation des projets et stratégies urbaines » Christian Devillers Architecte-urbaniste • Directeur et fondateur de Devillers et Associés Sarl d’Architecture urbanisme et Paysage • Ancien professeur à l’École Nationale des Ponts et Chaussées (chaire de composition urbaine) © Barbara Grossmann • Animateur de l’Atelier National Projet Urbain au ministère de l’Équipement jusqu’en 2000 • Prix de l’Équerre d’argent 1984 • Grand Prix de l’Urbanisme 1998 Bénédicte Grosjean Docteur en urbanisme • Ingénieur civil architecte • Maître-assistant Ville et Territoire, ENSAP Lille • Chargée de cours UCLouvain, Faculté LOCI © Barbara Grossmann • Chercheur au LACTH, associée à l’IPRAUS • Membre du Conseil Scientifique de l’ENS d’Architecture et de Paysage (ENSAP) de Bordeaux • Grand Prix de la Thèse sur la Ville 2008 • Auteur de Urbanisation sans urbanisme, éd. Mardaga (2010) Brigitte Fouilland Docteur en science politique • Directrice exécutive de l’École urbaine de Sciences Po • Professeur au Master Stratégies territoriales et urbaines © Barbara Grossmann • Chercheure associée au Centre de Sociologie des organisations de Sciences Po RÉVER(CITÉS) / AMC DOCUMENT 9
SYNTHÈSE LES AUDITIONS DE L’OBSERVATOIRE DE LA VILLE Au terme d'une vingtaine d'auditions publiques et privées réalisées par l'Observatoire de la Ville, cinq points forts se dessinent. Alain Bourdin, sociologue-urbaniste © Barbara Grossmann Un bouillonnement Requalifier d’expériences De grandes friches industrielles et portuaires sont abandon- Au fil des auditions, nous avons entendu des élus, des nées par leurs utilisateurs traditionnels. Des villes entières industriels, des concepteurs, des aménageurs, des por- connaissent la catastrophe économique et essaient de se ré- teurs de projets, des chercheurs, des animateurs du inventer un avenir. Pour transformer la ville industrielle dans monde associatif. La diversité des expériences qu’ils son activité, sa forme et son identité, on abandonne de plus nous ont fait partager était encore bien plus grande : en plus la doctrine de la table rase pour essayer de « faire politiques de développement (ou d’éco-développe- avec » ce que l’on a. L’inventivité croissante des solutions ment) de villes industrielles sinistrées, grands projets tient dans la technique, mais aussi dans la programmation : d’aménagements pour rendre plus résilientes des mé- qui eut dit, il y a seulement vingt ans, qu’un éléphant-ma- tropoles soumises aux risques du changement clima- chine, un manège, deviendrait le symbole et la principale tique, reconversion de grands espaces industriels ou attraction d’une grande opération de restructuration ur- portuaires, réalisation d’immeubles mutables – très di- baine, celle de l’Ile de Nantes ? Cette inventivité tient vers par leur taille, leur contexte, leurs objectifs et les aussi à un changement de mentalité qui s’exprime dans manières de faire –, création de nouveaux produits im- l’évolution des organisations : selon un expert, l’efficacité du mobiliers, mise en place de circuits de réutilisation de projet urbain d’Anvers tiendrait surtout à ce qu’il a entraîné matériaux, expériences participatives et éphémères, ges- une réorganisation du service d’urbanisme. tion des installations laissées par un grand événement. De même, les grands évènements qui balisent la vie des mé- Les unes complètement réalisées, les autres encore dans tropoles impliquent désormais que l’on sache réutiliser toutes les cartons, les unes modestes, « astucieuses », simples, les infrastructures qu’ils produisent et que cela soit anticipé alors que d’autres font appel à des technologies sophis- et planifié – des objectifs qui ne sont pas toujours atteints. tiquées ou à des investissements considérables et que Faire avec ce qu’on a c’est aussi savoir donner une nouvelle d’autres encore s’inscrivent plutôt dans la tradition des vocation à des constructions obsolètes dans leurs fonctions utopies architecturales et urbaines. et aller jusqu’à « relever le défi de l’intransformable », comme dans le cas d'un ouvrage militaire par exemple. 10 AMC DOCUMENT / RÉVER(CITÉS)
© Barbara Grossmann © Barbara Grossmann © Barbara Grossmann © Barbara Grossmann Entrer dans l’économie circulaire La flexibilité est aussi celle des « tiers-lieux », qui abritent des activités multiples, souvent éphémères et en évolution. Ils Réutiliser, donc, à l’échelle des immeubles, des quartiers peuvent accueillir des TPE ou des travailleurs individuels en ou d’ensembles urbains qui furent les hauts lieux de l’éco- poste fixe ou de passage, être voués au montage de projets nomie industrielle : on pense à Birmingham, Bilbao, Mi- ou à la production, innovante ou plutôt de l’ordre du brico- lan. Mais aussi à celle des matériaux et des diverses com- lage (mais toujours avec des imprimantes 3D), être des lieux posantes de la construction. Déconstruire plutôt que d’expression, ou de rencontre dans lesquels se mélangent démolir et s'inscrire dans le cycle de l’économie circu- travail, loisir, culture… Ils balisent la ville et appellent sou- laire. Pour cela la bonne volonté ne suffit pas : il y faut vent une architecture originale, flexible, légère. une expertise fine, pour choisir, évaluer, conditionner les produits qui peuvent revenir sur le marché, des réseaux de professionnels dans tous les métiers de la construc- Vers la ville résiliente tion, un modèle économique et un cadre juridique (no- Tout cela exprime une nouvelle culture : celle de la ville ré- tamment par rapport aux normes qui certifient les pro- siliente. L’exploration de ses différents versants a occupé de duits). nombreuses auditions. On en retient que la résilience ne dé- Au XXIe siècle, la réutilisation qui fut le lot commun de finit pas seulement la capacité d’une collectivité ou un terri- siècles anciens, exige que l’on organise un nouveau do- toire à retrouver un équilibre après une catastrophe. C’est maine d’activité dans tous ses aspects. aussi – ou d’abord – une capacité d’anticipation des risques qui implique que l’on s’efforce de produire des systèmes – la ville par exemple – ayant la capacité d’intégrer les aléas Anticiper et les changements. Cela suppose des approches techniques l’évolution des usages radicalement nouvelles – par exemple sur l’organisation des La ville de la fin du XXe siècle a produit des grands en- réseaux par rapport aux risques d’inondation –, mais égale- sembles d’habitation et une foule d’immeuble de bu- ment une prise en compte de l’histoire, une analyse du reaux, tous caractérisés par leur rigidité et par leur inca- contexte qui ne s’arrête pas aux seules lignes Maginot que pacité à évoluer, par rapports aux mouvements du mar- sont souvent les dispositifs de protection, une gestion rai- ché, à l’évolution des usages ou aux transformations de sonnée des ressources et la recherche de la cohésion sociale, la famille. Désormais ce n’est plus acceptable et de nom- indispensable au développement d’une culture du risque : breux projets s’attaquent à cette question. Le plus diffi- en ce sens, La Nouvelle-Orléans après Katrina n’est pas vrai- cile est de passer du bureau au logement et réciproque- ment un exemple à suivre. ment. Mais si l’on a anticipé cette possibilité de Ainsi Réver(cités) appelle-t-elle une implication des acteurs changement, il existe des solutions techniques – cer- plus forte et nouvelle, plus centrée sur le partage de la taines fort subtiles et élégantes – dont l’exposition donne connaissance, dans le contexte du numérique et des big data, quelques exemples. Rien que dans l’habitat, la flexibili- et sur la créativité. té s’impose pour répondre aux évolutions de la famille et s’adapter à de nouvelles pratiques comme la crois- sance de la colocation. RÉVER(CITÉS) / AMC DOCUMENT 11
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REVERSIBILITE E Les usages de la ville changent de plus en plus vite et le parc bâti doit s’y adapter. L’im- mobilier tertiaire, avec ses volumes spacieux, paraît en mesure de muter lorsqu’il perd de son attractivité. Mais c’est surtout du fait de considérations économiques et d’une absence d’anticipation technique et spatiale que ce type de projet échoue, en butte à des questions de pression foncière et de rachat du bien immobilier comme de réseaux, de circulations et de normes incendie. Il faudrait imaginer dès la conception des bureaux les logements adaptés et attractifs qu’ils pourront offrir après transformation. Cela re- joint l’idée de mieux scénariser l’évolution d’un logement – d’imaginer comment le scin- der en deux ou l’agrandir par exemple – et de prévoir branchements et portes qui en faciliteront la métamorphose. De même, on peut adopter une stratégie d’occupation différée d’un bâtiment en incluant un programme-tiroir voué à être annexé à terme. Innover dans une partition évolutive, c’est aussi fabriquer la ville avec souplesse. Au XXe siècle, le droit d’expropriation a permis de réaliser pendant des décennies de grandes opérations qui se sont révélées difficiles à transformer par la suite. Désormais, construire la ville résiliente suppose qu’elle soit moins figée et en mesure de répondre aux nouveaux usages. Les habitants apprécient les environnements suscep- tibles d’évoluer au cours du temps et sont eux-mêmes de plus en plus acteurs dans ces transformations. RÉVER(CITÉS) / AMC DOCUMENT 13
1 FLEXIBILITÉ/RÉVERSIBILITÉ Anticiper la transformation de bureaux en logements : l’exemple français ume Guilla ment © Clé VERS UN IMMOBILIER TERTIAIRE MUTABLE EN HABITAT RESTRUCTURATION DE BUREAUX Au bout d’une vingtaine d’années, une réhabilita- LAMBDA EN RÉSIDENCE tion des bâtiments d’immobilier d’entreprise est gé- ÉTUDIANTE À ARCUEIL néralement nécessaire. Dans les quartiers mixtes où Jugé sans caractère, le bâtiment de bureaux des années 1970 a l’offre de logements n’est pas suffisante, la transfor- d’abord été déshabillé de sa façade et de son système de cir- mation d’un bâtiment de bureaux en immeuble d’ha- culation verticale. Sont ainsi apparus des planchers minces et bitation pourrait s’avérer utile mais elle n’est pas viable des poteaux dans la trame desquels pouvaient se glisser 106 sur le plan économique, au regard du marché de l’im- logements étudiants, de forme allongée et équipés chacun mobilier résidentiel et de contraintes techniques et ré- en façade du même module menuisé en chêne massif. glementaires. De fait, hormis dans quelques cas récents, La structure a gagné au préalable des coursives en console la réversibilité bureaux-logements ne fonctionne que lors- de béton brut qui servent à la fois d’accès et d’espace ex- qu’elle est anticipée. D’où l’émergence d’une nouvelle ten- térieur au logement, contribuant à faire de cet immeuble dance : penser l’immeuble dès sa conception pour qu’il hors normes un lieu de convivialité dans la ZAC du Chape- puisse changer de destination. Le système constructif doit ron-Vert. être en tout cas compatible avec des normes réglementaires différentes, et pour la règlementation incendie, par exemple, Maître d’ouvrage : SADEV 94 une implantation des circulations verticales en façade permet Architecte : TVK, Trévelo & Viger-Kohler de la respecter pour les deux types de programme. architectes- urbanistes Encore faut-il savoir convaincre les propriétaires investisseurs Calendrier : 2007-2010 de se lancer dans ce type de démarche à partir d’éléments tan- gibles sur les plans socio-économiques. Une pédagogie est à trouver en faveur de la réversibilité d’usage et de l’approche de besoins internes différents. 14 AMC DOCUMENT / RÉVER(CITÉS)
LES TOURS BLACK SWANS À STRASBOURG A l’articulation de la presqu’île André-Malraux et du futur éco-quartier Danube, trois bâtiments identiques prolongés par des tours hautes de 55 mètres viennent donner une nouvelle perception du port d'Auster- litz (sur le Rhin). © Architectures Anne Démians Chacun d’entre eux abrite un programme différent – l’ensemble pro- pose logements, logements étudiants, résidence senior, hôtel et com- merces –, et ce, avec une totale flexibilité permise par le choix de pla- teaux libres et d’une hauteur de 3,40 m entre dalles. Structurels, les trois noyaux de circulation centraux sont dimensionnés pour les logements et les bureaux, tout comme les façades porteuses suivent une trame de 0,74 m qui, multipliée par 4 (2,96 m), est une lar- geur standard à la fois pour un bureau et pour une chambre (et avec 6 trames, celle d’un séjour). Derrière les coursives d’étage rectilignes, les noyaux de circulation donnent le rythme des décrochés de façade qui transforment l’espace du balcon extérieur en loggia. © Architectures Anne Démians Dans les parties les plus larges des plateaux intérieurs (18,86 m), les bureaux peuvent s’organiser de façon courante à partir d’une double circulation et d’une bande de services. Maître d’ouvrage : Icade Architecte : AAD (Architectures Anne Démians) Livraison : 2018 © Architectures Anne Démians RÉVER(CITÉS) / AMC DOCUMENT 15
1 FLEXIBILITÉ/RÉVERSIBILITÉ Anticiper les évolutions du logement Le T3 « jour/nuit » Le T4 « sous-peuplé» nt adulte revenuLOGEMENTS Le T3 « jour/nuitÉVOLUTIFS habiter chez ses parents : cohabitation » conflictuelle La personne âgée dans son T4 après décohabitation des enfants : appartement sous-peuplé Le T4 « sous-peuplé» EnfantÀ IVRY-SUR-SEINE adulte revenu habiter chez ses parents : cohabitation conflictuelle La personne âgée dans son T4 après décohabitation des enfants : appartement sous-peuplé À la confluence de la Seine et de la Marne, ce programme ré- sidentiel cherche à créer une nouvelle skyline et à offrir des plans d’appartements innovants. Leur conception intègre notamment Séjour des scénariosChambre précis enfant Chambre parentale de transformation dans lesquels les ques- Séjour Chambre enfant 1 Chambre enfant 2 Chambre parentale Séjour JOURtions techniques sont anticipées. Chambre NUIT enfant Chambre parentale JOUR Séjour Chambre enfant 1 Chambre enfant NUIT2 Chambre parentale Dès lors, JOUR tous les appartements NUIT à partir du 3-pièces évitent la JOUR NUIT e T3 « Super Adaptable » traditionnelle séparation « jour-nuit » : la chambre parentale et Le T4 « évolutif » LelesT3chambres « Super Adaptable d’enfants sont dotées » de salles d’eau séparées et Le T4 « évolutif » chez ses parents : bonne cohabitation T4 Evolutif après décohabitation des enfants : appartement prêt à être divisé une chambre revenu habiter chez ses parents : bonne cohabitation– a minima – est placée près de l’entrée du loge- T4 Evolutif après décohabitation des enfants : appartement prêt à être divisé ment de façon à lui donner plus d’autonomie. Une organisation qui permet de répondre aux besoins des multiples cohabita- tions et décohabitations possibles qui pourront se succéder dans le temps et à ceux des personnes travaillant à domicile. rée e + salle d’eChambre En outre, d’eau enfant partant au enfant+ salleStockage du constat Stockage Séjour Séjour que près Salle de bains de Salle de 45 % ChambreChambre bains des parentale apparte- parentale Chambre Chambre parentale parentale Séjour Séjour Cuisine Cuisine Chambre enfant enfant Chambre 1 Chambre enfant 2 enfant 2 1 Chambre ments sont aujourd’hui sous-peuplés parentaleenparentale petite couronne de Pa- ris (souvent habités par des personnes âgées dont les enfants T4 Evolutif après division = T2+ + T1 T2 T1 Une typologie adaptée T4 Evolutif après division = T2+ + T1 T2 T1 sont partis), tous les T4 et T5Une sont typologie conçus adaptée aux évolutions possibles afin de pouvoir être des ménages aux évolutions possibles des ménages divisés xemple de T3 « Super Adaptable » demain. Cette possibilité est Famille « classique » la concep- anticipée dès Super Adaptable » du projet : porte palière supplémentaire, tion Famille « classique » configuration des TERRASSE = 6,04 m² réseaux en conséquence, prévision de compteurs additionnels, Chambre parentale Séjour Cuisine Studio généré adaptations juridiques dans le règlement de copropriété, etc. Chambre parentale Séjour Cuisine Studio généré En peu de Chambre temps, un studio indépendant CHAMBRE 1 = 11,90 m² Famille “classique” pourra être Famille généré à “classique” (enfant de moins de 18 ans) (enfant entre 18 et 25 ans) parentale CHAMBRE 1 = 11,90 m² partir Chambre des deux chambres Famille d’enfants “classique” du T4 ou T5. Famille Ce mécanisme “classique” (enfant de moins de 18 ans) Cohabitation (enfant entre 18 et 25 ans) familiale parentale permet éventuellement une « décohabitation douce » d’un en- 1154 T4+ 82,49 m² 1165 T2+ 54,69 m² 28,08 m² SEJOUR Surf. Surf. Surf. = 21,61 m² SDB Cohabitation familiale fant devenu grand, d’accueillir un parent, de tirer un complé- SdB = 4,76 m² Type Type Type Exemple de T4 « Evolutif » T1 (après division) 1164 T1 parentale 1154 T4+ 82,49 m² 1165 T2+ 54,69 m² 28,08 m² Nº Apt. Nº Apt. Nº Apt. Surf. Surf. Surf. SdB = 4,76 m² ment SDB de revenu de la location du studio, voire d’envisager sa SdB = 5,54 m² SdB = 5,54 m² (accès futur) Surface habitable = 28,08m² Type Type Type Exemple de T4 « Evolutif » T1 (après division) 1164 T1 parentale SDE vente ultérieure. L’architecte a estimé l’investissement initial Nº Apt. Nº Apt. Nº Apt. enfant DEG 40x50 40x50 Surface habitable = 28,08m² VH VH R SdE WC SdE LL = 3,28 m² SdB = 1,62 m² (accès futur) = 3,41 m² = 1,28 m² Parents + enfant adulte Parents + grand parent GTL SdB GTL supplémentaire entre 2 000 et(de4plus500 de 25 € ans)pour un 4 ou un 5-pièces. = 5,54 m² DEG = 5,54 m² SdE SDE = 4,71 m² VESTIAIRE = 2,36 m² SdB LL = 6,20 m² CUISINE ENTREE CUISINE R = 4,70 m² enfant DEG = 6,06 m² La mise en Chambre œuvre de l’ensemble de cesParents typologies + grand parentadaptées 40x50 = 4,86 m² 40x50 VH = 3,62 m² VH R SdE WC SdE LL R = 3,28 m² R CHAMBRE 1 + enfant adulte Cohabitation non-familiale CHAMBRE 2 CHAMBRE 1 SEJOUR = 3,41 m² = 1,28 m² = 1,62 m² enfant Parents = 9,83 m² = 11,78 m² SEJOUR = 11,78 m² GTL = 22,49 m² LV = 19,98 m² LV (de plus de 25 ans) GTL DEG CUISINE SdE aux modes (proche de vie de est à « surface constante », c’est-à-dire qu’elle VESTIAIRE LL = 4,71CUISINE m² = 5,63 m² = 2,36 m² SdB LL = 6,20 m² CUISINE = 5,63 m² = 4,70 m² l’entrée) = 6,06 m² Chambre SEJOUR / n’implique pas des surfaces supérieures à la réalité actuelle du R R CHAMBRE 1 Cohabitation non-familiale CHAMBRE ESPACE 2 EXT CHAMBRE 1 SEJOUR CHAMBRE = 5,10 m² = 11,78 m² SEJOUR = 11,78 m² = 22,49 m² = 17,32 m² enfant = 9,83 m² LV = 19,98 m² LV 0 1 2 4 CHAMBRE 2 CHAMBRE 3 GTL = 9,37 m² = 9,48 m² CUISINE (proche de marché ou un agrandissement de la surface des appartements. ALCOVE ALCOVE = 5,63 m² TERRASSE CUISINE = 6,90 m² = 6,90TERRASSE m² = 5,38 m² = 5,63 m² l’entrée) Nº Apt. Type Surf. = 5,38 m² SEJOUR / Le programme comprend également des logements en « Co-Ré- 1043 T3 63,27 m² Parent âgé + locataire Parent âgé + aidant à domicile CHAMBRE = 17,32 m² 0 1 2 4 CHAMBRE 2 CHAMBRE 3 = 9,37 m² = 9,48 m² sidencesTM ». TERRASSE = 5,38 m² « L’appartement des parents » ALCOVE = 6,90TERRASSE m² = 5,38 m² « Maison des enfants » ALCOVE = 6,90 m² Studio T1 (après division) Chaque « Co-Résidence Parent âgé » TM compte entre 3 et 5 chambres do- Nº Apt. Type Surf. 1043 T3 63,27 m² + locataire Parent âgé + aidant à domicile © STAR tées d'une salle d’eau particulière et d’espaces communs (sé- « L’appartement des parents » « Maison des enfants » Studio T1 (après division) jour, cuisine, salle à manger) ; le défi étant de permettre un réaménagement possible de chacune de ces typologies en deux appartements classiques, dans le cas d’un futur changement de la demande. La finesse des bâtiments – 14 mètres d’épaisseur Maître d’ouvrage : Sogeprom Habitat et SADEV 94 pour des bâtiments de 56 mètres de haut – offre un apport de Aménageur : SADEV 94 lumière naturelle et permet plus de variantes et de recomposi- Architecte : Beatriz Ramo / STAR strategies + architecture tions ultérieures. Livraison : 2019 16 AMC DOCUMENT / RÉVER(CITÉS)
MAISONS MODULAIRES À MARNE-LA-VALLÉE « Les Lodges » désigne un programme immobilier de mai- noyau technique en brique alvéolaire (pour les pièces hu- sons individuelles de 3, 4, 5 et 6-pièces qui crée une tran- mides), au nord, à des pièces à vivre conçues comme des sition douce entre le centre d’un village et l’espace boisé boîtes en ossature bois, au sud. voisin. Son unité architecturale devrait pouvoir se mainte- Le développement durable est un enjeu important du pro- nir dans le temps grâce au choix d’un habitat évolutif bien jet. D’une part, les logements sont « passifs », ce qui veut étudié prenant en compte le souhait des acquéreurs dire que les besoins de chauffage sont essentiellement d’agrandir leur logement au fil des années selon leurs be- couverts par la chaleur dégagée à l’intérieur de la construc- soins et leurs moyens. La maison-type proposée est conçue tion (occupants, appareils électriques) et celle apportée pour intégrer des modules préfabriqués en bois suivant par l’extérieur (ensoleillement). D’autre part, ils sont com- une trame rigoureuse. Un 3-pièces a ainsi la capacité de posés de matériaux biosourcés : laine de chanvre pour muter en 4, 5 ou 6-pièces. Les constructions associent un l’isolation et bois pour l’ossature, les menuiseries et les bardages. Aménageur : Epamarne Maître d’ouvrage : Bouygues Immobilier Architecte : AW2 Stéphanie Ledoux & Reda Amalou, architecte Paysagiste : Jean-Michel Rameau, paysagiste Livraison : 2016 © Camille Gharbi photographe © AW² © AW² RÉVER(CITÉS) / AMC DOCUMENT 17
1 FLEXIBILITÉ/RÉVERSIBILITÉ Innover avec une partition évolutive du bâtiment © Julien Lanoo UN PARKING COMME RÉSERVE DE BUREAUX Les locaux d’activités bénéficient de l’espace des alvéoles comme balcon extérieur, ici sur l’angle. À TOURCOING Un bâtiment peut réunir deux ou trois programmes avec un procédé facilitant une évolution de la répartition des surfaces en fonction des besoins et du marché, rendant ainsi nécessaire l’innovation pour les circulations, les réseaux et les cloisonnements. La plus grande ruche d’entreprises du département du Nord en est une bonne illustration au cœur du site de l’Union, premier écoquartier de Lille métropole. Bâti sur un terrain de l’ancien peignage de La Tossée, cet îlot combine plusieurs programmes autour d’une cour : des bureaux et des ateliers bénéficient du corps de bâtiment le plus en vue, face à un parc sportif, et un parking-silo ouvert de 450 places occupe le reste. Celui-ci est étudié pour pouvoir muter en programme tertiaire facilement et progressivement, en 3 phases successives. Les deux programmes ont la même hauteur libre de 2,90 mètres sous plafond, suffisante pour réaliser ultérieurement un couloir central équipé d’un plafond technique. Un exosquelette de béton libère les plateaux de tout point porteur sur une profondeur de 16 mètres, idéale pour un parking à allée centrale. La façade du par- king-silo se réduit à un garde-corps léger au nu exté- rieur de la structure porteuse. Une façade de bureau peut se rajouter au nu intérieur, créant du même coup un balcon individuel. En gagnant ainsi un mètre sur chaque versant, on passe de 16 à 14 mètres de profon- deur, plus adaptée à l’organisation des bureaux. Des cages d’ascenseur non équipées sont prévues dans le parking, conçu par ailleurs avec des planchers plus résis- tants (350 kg/m2 pour le bureau au lieu de 250 kg/m2). © Tank Le choix d’une rampe de parking métallique, en fond de cour, facilitera aussi l’opération de dépose en cas de transformation. Cette recherche de flexibilité et de ré- versibilité intègre la lente mise en œuvre d’un écoquar- tier sans voiture, qui pourra advenir quand une alterna- tive réelle à ce mode de déplacement sera en place. 18 AMC DOCUMENT / RÉVER(CITÉS)
Maître d’ouvrage : © Photo Stéphane Bauche - L’Atelier SENZU Conseil général du Nord & Sem Ville renouvelée Tourcoing Architecte : Tank Architectes (Olivier Camus et Lydéric Veauvy) Livraison : 2015 OWWI, UN CONCEPT INNOVANT DE CLOISONS AMOVIBLES Bouygues Immobilier propose à la vente des logements délimités par leurs seuls murs porteurs et sans cloisons. Il revient aux acquéreurs d’en configu- rer les intérieurs en recourant à des cloisons amovibles grâce à un concept innovant baptisé OWWI, testé à Car- rières-sous-Poissy (dans les Yvelines). Pour leur faciliter la tâche, il leur est pro- posé l’aide d’un configurateur dévelop- pé par la start-up REALIZ3D (maquette 3D). Un profilé électrique, intégré en haut des murs porteurs du logement, permet une distribution de l’électricité sans recourir à un plancher ou un pla- fond technique. L’installation des cloi- sons amovibles se faisant après la pose du revêtement de sol, il devient très fa- cile de déplacer les cloisons, sans tra- vaux électriques, ni reprises de sols. OWWI proposera également un service de réaménagement des logements à partir de 3 000 € par appartement. © Julien Lanoo RÉVER(CITÉS) / AMC DOCUMENT 19
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