De l'énergie pour les loisirs - Eclairant Efficace
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Magazine de l’Office fédéral de l’énergie OFEN
Numéro 4 | Juillet 2016
De l’énergie
pour les loisirs
Eclairant Efficace Ingénieux
Un expert du tourisme L’effet rebond sous Plus de puissance
en interview l’œil des chercheurs pour les éoliennes
Table des matières
02 Interview d’un expert
en tourisme durable 04 Onze centrales hydrauliques
à visiter dans le Haut Rhin 05 Comment éviter l’effet rebond
06 Comment le zoo de Zurich
optimise l’énergie 08 Visiter l’intérieur
d’une centrale nucléaire 10 Vivre l’énergie éolienne dans
la nature ou par simulation
07 En route avec un vélo électrique
11 Un jubilé pour le laboratoire
du Mont Terri 12 Les étiquettes-énergie
sous la loupe
14 Le développement
du photovoltaïque 15 Nouvelle transmission
pour les installations éoliennes 16 En bref
Impressum
ENERGEIA, le bulletin de l’Office fédéral de l’énergie OFEN, Commentaires et suggestions: energeia@bfe.admin.ch,
paraît six fois par an en deux éditions séparées française et allemande. tél. 058 462 56 11, fax 058 463 25 00
Allemand: 10’600 exemplaires | Français: 6100 exemplaires
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Copyright Office fédéral de l’énergie OFEN. Tous droits réservés. Mühlestrasse 4, 3003 Bern ou abo@bfe.admin.ch
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Un exemplaire de la publication est ensuite exigé en contrepartie.
Responsable de rédaction: Angela Brunner (bra), suppléante Sabine
Hirsbrunner (his)
Textes rédactionnels: Angela Brunner (bra), Isabelle Frühwirt (fri),
Sabine Hirsbrunner (his), Fabien Lüthi (luf), Daniel Büchel (bud),
Paul Bossart, Dominique Kröpfli (krd) PERFOR MANCE
Mise en page: Melanie Stalder (ste) neutral
Imprimé
Impression: Stämpfli AG, Wölflistrasse 1, 3001 Bern, www.staempfli.com No. 01-16-976775 – www.myclimate.org
© myclimate – The Climate Protection Partnership
De l’énergie pour l’été
En été, les activités en plein air reprennent le dessus, que ce soit
pour se promener, pour découvrir un zoo ou pour faire un tour en
vélo. Les fous de vieilles voitures profitent de sortir leur antiquité,
les motardes flairent la trace des cols déneigés.
Qu’un programme de loisirs ait un sens ou non, il faut de l’énergie
pour le réaliser. Le trafic lié aux loisirs représente ainsi un bon
tiers de la consommation d’énergie dans le domaine des trans-
ports. C’est pourquoi la manière dont nous concevons ces activités
n’est pas anodine.
Il existe plusieurs moyens de satisfaire nos besoins de parcourir
des paysages inconnus, de se reposer dans la nature ou de pratiquer
une activité physique. Grâce aux téléphones intelligents, nous obte-
nons rapidement des informations sur des alternatives comme les
vélos en libre-service ou certains aspects de l’énergie tels que l’effet
rebond.
Les offres présentées dans cette édition non seulement nous
Source: Thomas Hodel, OFEN
attirent dans la nature mais nous permettent aussi d’approcher la
production d’énergie de plus près, en visitant par exemple une
usine hydroélectrique ou une centrale nucléaire. L’expérience
vécue permet de mieux comprendre. Au final, toutes les condi- «L’expérience vécue permet
tions sont réunies pour utiliser au mieux l’énergie, même pour de mieux comprendre.»
les loisirs. Daniel Büchel
Daniel Büchel, sous-directeur de l’OFEN
L’OFEN twitte
Découvrez sur www.twitter.com/bfeenergeia les
tweets publiés par l’OFEN sur des thématiques, des
communiqués de presse et des blogs en lien avec
l’énergie. Parlez-en autour de vous! Les réactions
et les suggestions peuvent être envoyées à l’adresse
socialmedia@bfe.admin.ch. (bra)
ENERGEIA N° 4/2016 | 1
«Explorer la Suisse à pied
Rafael Matos-Wasem, expert en tourisme, parle de la consommation d’énergie pour les loisirs
et des possibilités de voyager de manière durable.
Monsieur Matos-Wasem, les gens Quelles tendances observez-vous coresponsable du réchauffement clima-
voyagent toujours plus vite et plus dans le tourisme durable? tique, mais il en souffre également. Je
loin. Quelles sont les conséquences Il y a quelques années, j’ai examiné la pense par exemple aux domaines
pour le développement durable et question du «slow tourisme» dans le skiables qui se plaignent du manque de
la consommation d’énergie du cadre d’un projet de recherche. Il s’agit de neige.
tourisme? voyager de manière plus lente et plus
Le tourisme est une branche à très haute consciente. On voyage moins loin et dans Le développement durable est
intensité énergétique, il suffit de considérer un souci constant d’économie d’énergie, aussi dans l’intérêt de la branche.
la longueur des trajets effectués pour se on reste plus longtemps au même endroit Que peut-elle faire?
et noue contact avec la population locale – Les hôteliers peuvent notamment optimiser
à l’opposé de l’actuel tourisme de masse. l’éclairage et la consommation d’eau de
Les touristes sont de plus en plus leur établissement par des mesures
sensibilisés aux questions liées au Il existe aussi le staycation, où l’on passe simples. En cas d’assainissement ou de
développement durable.» ses vacances à la maison. C’est assez fré- nouvelle construction, il existe de nom-
Rafael Matos-Wasem quent, notamment aux Etats-Unis depuis breuses possibilités de réduire la consom-
la crise financière et économique. En rai- mation d’énergie. Nombre d’hôteliers re-
son de leur situation financière précaire, culent devant ces investissements, mais le
rendre en vacances. Chaque jour, les de nombreux citoyens ont été obligés de fait est qu’ils ne peuvent pas ignorer la
Suisses parcourent en moyenne 37 kilo- passer leurs vacances à la maison. Ils ont question du développement durable à long
mètres, dont la moitié pendant leurs loi- pu bénéficier des différentes offres esti- terme. Malheureusement, beaucoup d’hô-
sirs, par exemple en voyage. Et quand on vales de leur ville et de la possibilité de la tels font face à des difficultés financières,
pense que les transports représentent plus voir un jour avec le regard d’un touriste. ce qui peut compromettre de tels investis-
d’un tiers de la consommation d’énergie Aujourd’hui, certains préfèrent rester sements.
en Suisse, on voit bien à quel point voyager chez eux plutôt que voyager à l’étranger
est une activité gourmande en énergie. de peur d’attaques terroristes. Toutefois, ils pourraient obtenir des certi-
ficats et des labels pour les mesures mises
Les touristes s’intéressent-ils au Comment les touristes pourraient- en œuvre, qui peuvent ensuite servir d’ar-
développement durable pendant ils voyager de manière plus efficace gument de vente et générer davantage de
leurs vacances? en termes énergétiques? recettes. Tout cela n’a aucune influence
D’après des sondages, ils sont de plus en Ils pourraient économiser beaucoup sur le plus grand consommateur d’énergie
plus sensibilisés aux questions du déve- d’énergie en voyageant en transports pu- et producteur de CO2 du secteur du tou-
loppement durable. Nombre d’entre eux blics, à pied ou à vélo. Mais près de 80% risme, le trafic aérien.
ont indiqué faire attention aux labels,
comme le Bouquetin, en réservant leur Le tourisme en Suisse dépend
hôtel. Ce label vérifie la prestation durable «Le tourisme est coresponsable et des hôtes étrangers. Il n’a pas
des hébergements en matière d’environ- victime du réchauffement climatique.» d’influence directe sur leur façon
nement, d’ancrage régional, d’esprit social, Rafael Matos-Wasem de voyager dans le pays.
de rentabilité et de gestion et attribue un à C’est vrai. Mais près de la moitié des nui-
cinq bouquetins en fonction du résultat. Il tées dans notre pays est réservée par des
existe des labels similaires dans l’UE. des personnes qui font une excursion en Suisses. N’oublions pas non plus nos
Les répondants ont même déclaré être montagne pour profiter de l’air pur s’y clients traditionnels, les touristes en pro-
prêts à payer plus pour séjourner dans un rendent en voiture. Ils contribuent ainsi à venance des pays voisins. Il serait peut-
hôtel durable. Reste à savoir s’ils le font l’effet de serre avec leurs émissions de être temps d’accorder une plus grande
vraiment. CO2. C’est paradoxal: le tourisme est attention à ces groupes cibles. Quand
2 | ENERGEIA N° 4/2016
est une aventure.»
j’apprends qu’un de mes étudiants a pris En Suisse, le tourisme volontaire est aussi Portrait
l’avion trente fois en une année, je suis intéressant: on peut ainsi séjourner une ou Né en 1961 à Caracas (Venezuela),
scandalisé. deux semaines dans une région alpine, Rafael Matos-Wasem est professeur à
camper et participer à un projet Forêt de la Haute école de gestion et tourisme
Comment imaginer des voyages montagne. Ces types de vacances sont de la HES-SO Valais-Wallis et chercheur
durables sans prendre l’avion? bien sûr des phénomènes marginaux, mais à l’institut Tourisme à Sierre.
Une amie sédunoise a par exemple exploré il vaut la peine de les essayer. Auparavant, il a étudié la géographie,
la Suisse entière à pied. Pendant six mois, l’économie et l’histoire au Costa Rica
elle a parcouru les 26 cantons et a notam- Interview: Isabelle Frühwirt et à Genève. Il a ensuite travaillé dans la
ment passé la nuit chez des paysans. recherche en tourisme et en développe-
Quelle aventure! Alors qu’il est absurde ment durable à l’université et à l’École
d’aller en avion en Nouvelle-Zélande pour hôtelière de Lausanne. Il habite Sion
y faire du vélo et du camping. et a quatre enfants.
Source: Jérôme Faivre
ENERGEIA N° 4/2016 | 3
Le Rhin, fleuve puissant
Qu’elles soient grandes, petites, anciennes ou modernes, les centrales hydroélectriques
du Rhin supérieur méritent le détour.
De Stein am Rhein à Bâle, le Rhin suit sur jourd’hui, une grande partie des eaux du en voiture, pour rejoindre la plus jeune
145 km la frontière qui sépare la Suisse de Rhin est conduite dans une galerie de centrale du tronçon.
l’Allemagne. Ce tronçon compte pas moins dérivation de 300 m de long avant d’être
de onze centrales hydrauliques internatio- redirigée vers le fleuve après avoir été La plus jeune
nales qui exploitent des hauteurs de chute turbinée. La centrale produit quelque
La centrale de Rheinfelden approvisionne
de 145 m au total pour la production 240 GWh par an. depuis 2010 environ 170’000 ménages (pro-
d’électricité. Nous en avons sélectionné duction annuelle: 600 GWh). Selon son ex-
cinq à votre intention. La plus belle ploitant, c’est l’une des centrales fluviales
La centrale Eglisau-Glattfelden aux belles les plus modernes d’Europe bien que son
La plus petite teintes orangées, propriété d’Axpo, suscite origine remonte à 1898. Un musée a été créé
Si les chutes du Rhin sont la principale l’admiration des experts: classée monument sur le site de l’ancienne centrale. Des visites
attraction touristique de ce fleuve, la plus historique, elle a été bâtie en 1920. C’est historiques y sont organisées régulièrement.
petite et la plus haut perchée des onze l’un des plus beaux ouvrages de force hy-
centrales frontalières du Rhin supérieur, draulique. Elle a été récemment équipée Les onze centrales frontalières du Rhin
sise à proximité de la vieille ville de d’une technique ultramoderne et d’un supérieur sont placées sous la responsabi-
Schaffhouse, n’est guère connue. Terminée ascenseur à poissons (production annuelle lité de l’OFEN. Elles totalisent une puis-
en 1967, elle a été la première en Suisse à moyenne: 318 GWh). sance installée de 830 MW et produisent
disposer d’une salle des machines à toit environ 5 TWh par an. Seul un petit
plat. Aujourd’hui, elle produit environ La plus puissante nombre d’entre elles peuvent encore ac-
165 GWh par an (puissance maximale Située à une vingtaine de kilomètres de la croître leur efficacité, en remplaçant des
des turbines: 69 MW). ville de Bâle, la centrale de Ryburg- turbines par exemple; leur nombre ne peut
Schwörstadt (120 MW) est la plus puis- plus guère être augmenté. Autrefois sau-
La plus contestée sante des centrales rhénanes: sa production vage par endroits, le Rhin ressemble souvent
Dès sa construction, la centrale de Rhei- annuelle moyenne est de 760 GWh. De là, aujourd’hui à un enchaînement de lacs. Il
nau a fait l’objet de contestations. Au- il suffit de descendre le fleuve, à pied ou est rare de pouvoir le voir s’écouler libre-
ment. «Afin de valoriser l’habitat et de le
rendre plus attrayant, notamment aussi
pour les poissons, on a installé des bancs
de gravier et des échelles à poissons»,
explique Bernhard Hohl, spécialiste de la
force hydraulique à l’OFEN. Cela permet
de réduire l’impact de la production
d’énergie sur la nature et de renforcer l’at-
trait du Rhin comme but d’excursion. (bra)
Conseil
Qui souhaite ressentir la force des
chutes du Rhin peut prendre à Dachsen
un bateau qui lui permettra de
rejoindre le pied des chutes d’où il est
possible de sauter dans l’eau et de se
laisser porter par le courant pour faire
Source: OFEN/LW le chemin du retour (environ 20 minutes,
gilet de sauvetage recommandé).
4 | ENERGEIA N° 4/2016
Etudier l’effet rebond
Grâce aux appareils ménagers efficaces et aux nouvelles technologies, des économies d’énergie sont
réalisées. Pourtant, la consommation des ménages suisses reste stable. C’est en partie dû à l’effet rebond.
de vue de la fabrication et de l’utilisation.
Source: Shutterstock Ces évolutions ne sont pas propres à la
Suisse, estime le spécialiste. De pareilles
observations se font dans les pays voisins.
«Il y a bien sûr un lien entre la croissance
économique et la consommation d’éner-
gie», relève Vincent Moreau. Un gain de
temps implique souvent un effet rebond
indirect car le temps gagné est utilisé
dans une majeure partie des cas pour des
activités consommatrices d’énergie.
Trouver des mesures adéquates
Vincent Moreau a déjà des premières
idées concernant les mesures. «Il serait
possible de jouer sur les prix des biens et
services, par exemple en faisant payer la
valeur énergétique de fabrication des ob-
jets directement à l’achat.» Il est aussi im-
portant de sensibiliser la population à l’ef-
Les personnes qui veulent économiser de mais avec le gain financier on s’offre fet rebond et de lui permettre de cibler
l’énergie et de l’argent peuvent équiper une voiture plus puissante. correctement les comportements respon-
leur maison d’appareils ménagers efficaces sables. «Souvent les gens pensent que
ou encore d’ampoules LED. Il arrive que Cibler les raisons l’électronique est le point de consomma-
l’argent économisé par ce biais soit ensuite Vincent Moreau, collaborateur scienti- tion le plus important. Mais les voyages et
utilisé pour s’offrir des voyages ou des fique à l’EPF de Lausanne mène actuelle- les loisirs sont plus voraces en énergie. Il
appareils supplémentaires, ce qui limite ment des recherches sur l’effet rebond, en n’est pas évident de faire changer les habi-
l’efficacité des mesures prises en aval. particulier l’effet indirect. Son projet vise tudes de la population en direction d’une
Voici ce qui est appelé par les spécialistes à anticiper les effets rebond liés à la Stra- consommation d’énergie plus durable dans
l’effet rebond, une augmentation de la tégie énergétique 2050. Depuis le début le domaine des loisirs.»
consommation énergétique induite par un de son travail en 2015, il a observé que les
accroissement de l’efficacité énergétique. économies réalisées au niveau de l’énergie Les recherches de Vincent Moreau sont
étaient souvent réutilisées dans les loisirs une partie des études menées par le SC-
On parle souvent de deux types d’effets ou dans les transports supplémentaires. CER-CREST Competence Center for Re-
rebond: «Nous observons que dans le domaine search in Energy, Society and Transition.
• direct, lorsque la nouvelle consommation des loisirs, parfois l’augmentation de l’uti- Dans le cadre du centre, d’autres re-
se situe dans le même domaine d’activité: lisation d’énergie par exemple pour les cherches sont en cours avec une approche
j’ai un pommeau de douche qui permet trajets est encore plus importante que les plus sociétale. (luf)
de diminuer la consommation d’eau, économies réalisées dans son foyer», re-
mais je prends une douche chaude plus lève Vincent Moreau. Avec l’augmentation P.-S.: Visionner la vidéo sur le sujet à
longtemps; des revenus et les économies financières l’adresse www.energeiaplus.com/category/
• indirect, lorsque par exemple on achète dues aux économies d’énergie à la maison, energeia.
des appareils plus efficaces qui font la population se tourne vers le luxe qui
diminuer la consommation d’électricité, demande souvent plus d’énergie du point
ENERGEIA N° 4/2016 | 5
Un Zoo durable
Au zoo de Zurich, le visiteur attentif verra des éléphants et des roussettes, mais il pourra observer aussi
la stratégie de développement durable appliquée par l’établissement.
Placide, un chameau se dirige vers la man- Un gros effort restituer pendant la nuit. Ainsi la consom-
geoire, indifférent aux panneaux solaires Cela représente un effort permanent, le res- mation d’énergie a crû ces dix dernières an-
qui jalonnent sa route. Ceux-ci illustrent la ponsable en sait quelque chose. Différents nées dans une moindre mesure que le zoo.
volonté du zoo, depuis plus de 25 ans, de équipements mesurent la consommation
préférer les énergies renouvelables. «Tout d’énergie, et leurs données sont analysées Davantage d’énergie solaire
le monde croit que l’alimentation des ani- pour être optimisées. Ainsi le nouveau pavil- La future aire de savane, le plus grand
maux coûte cher, mais nous dépensons lon des éléphants a été construit notamment équipement du zoo à ce jour, répondra aux
davantage pour l’eau et l’énergie», déclare en raison d’un bilan énergétique défavo- mêmes critères. On y verra dès 2020 des
le directeur, Alex Rübel. En 2015, les coûts rable. En 2003, on a ouvert au public la halle rhinocéros et des zèbres, ainsi que des gi-
de chauffage et d’électricité ont atteint 1,5 Masoala, dont la publicité indique qu’il y rafes. L’importation de tels animaux exo-
million de francs. C’est pourquoi le zoo de règne même en hiver une température de 25 tiques s’accompagne généralement, selon
Zurich investit systématiquement dans une degrés. Ce résultat est obtenu à l’aide d’une Alex Rübel, d’une compensation des rejets
optique durable, afin de gagner en efficaci- pompe à chaleur. Par beau temps, le rayon- de CO2, en l’occurrence dans un projet de
té et en exemplarité. «Seul un petit nombre nement solaire suffit à assurer la tempéra- forêt équatoriale à Madagascar. En 2014,
de zoos dans le monde rejettent aussi peu ture voulue. De jour, une citerne d’eau em- cela a représenté 24 tonnes de CO2 (3300
de CO2 que le nôtre», explique le directeur. magasine une partie de la chaleur pour la tonnes pour tout le zoo). «Mais le mieux
est de réduire la consommation d’éner-
gie.» Les progrès même modestes, s’ils se
multiplient, ne sont pas négligeables.
Reste que les plus gros besoins d’énergie
sont ceux des aquariums.
Sensibiliser les visiteurs
En différents emplacements, les visiteurs
peuvent obtenir des informations sur les
énergies renouvelables. Des panneaux
montrent par exemple l’effet des centrales
hydroélectriques sur les poissons et les
loutres, ou la manière dont les cigognes
profitent de la force du vent. D’autres as-
pects du développement durable sont il-
lustrés dans le bâtiment des grands singes.
Et une visite guidée en coulisses offre aux
visiteurs un regard sur le chauffage central
aux pellets, qui produit plus des deux tiers
de la chaleur nécessaire.
Le directeur ajoute qu’une installation à bio-
masse a été envisagée, mais que la quantité
de fumier et de déchets verts produits est
insuffisante. En lieu et place, le zoo alimente
un centre de compostage externe. Par ail-
leurs, celui-ci se tourne davantage vers
l’électricité solaire depuis 2011. Ainsi la
Source: Zoo Zurich, Corinne Invernizzi
future savane en produira à son tour. (bra)
6 | ENERGEIA N° 4/2016
Sur les routes tessinoises
Grâce à «Rent a Bike», nous testons par nous-mêmes comment découvrir le Val Maggia sans effort.
Le temps d’une journée, nous troquons cienne boulangerie de la vallée qui a été ré- Jusqu’à présent, nous avons parcouru en-
nos chaussures de randonnée contre un compensée pour son panettone pur beurre. viron 35 kilomètres, le plus souvent sur
vélo électrique pour aller de Locarno des pistes cyclables peu fréquentées. Si
jusqu’au fond du Val Maggia et retour à Giumaglio l’on voulait prolonger l’itinéraire en conti-
notre point de départ. A la gare de Locarno, Les bâtiments historiques comme le mou- nuant sur environ 8 kilomètres jusqu’à
un peu après 9 heures, un employé CFF lin restauré avec une cascade en toile de Foroglio dans le Val Bovana, on y verrait
nous remet l’e-bike réservé en ligne, fond donnent une image pittoresque. Il la plus grande cascade du Tessin. Au fond
casque Suva inclus. Après un minimum vaut la peine de ralentir pour explorer les de cette vallée, on pourrait aussi visiter
d’instructions pour savoir comment com- ruelles étroites de Guimaglio. Par exemple une galerie à l’intérieur du barrage de
muter sur «high» à la montée, il nous près de l’église se dresse un bâtiment Mi- Robiei où se trouve un sentier didactique.
abandonne à notre sort. D’après mes re- nergie qui, à première vue, ressemble à Mais nous renvoyons cette excursion au
cherches, le trajet choisi devrait être rela- une maison en pierre traditionnelle du lendemain.
tivement facile à parcourir même pour style «rustico».
des non-sportifs. Avec une batterie chargée, A présent, nous devons rapporter nos vé-
nous optons pour l’itinéraire 31 qui monte Bignasco los de location avant que le collaborateur
légèrement de Locarno à Cavergno. En En traversant le pont en pierres, on arrive des CFF cesse le travail. Malgré les vents
voici les points forts: finalement à Bignasco avec ses bâtiments contraires, les détours et les arrêts inter-
du 16e siècle. Nous nous accordons la médiaires, nous arrivons à l’heure à
Ponte Brolla pause de midi dans un restaurant au bord Locarno. En parcourant quelque 70 kilo-
Je crois avoir compris: l’e-bike accélère de la rivière. C’est seulement lorsque je mètres en une journée, à une vitesse os-
plus ou moins vite selon le mode de repars après la pause sans activer l’e-bike cillant entre 20 et 25 km/h même à la
conduite, quand j’appuie sur les pédales. que je remarque qu’il pèse 28 kilos. Mais montée, ma première excursion à vélo
Seul un léger bourdonnement me rappelle la batterie devrait encore suffire pour par- électrique a été un succès. (bra)
que je ne me déplace pas à la seule force courir quelque 70 kilomètres.
de mes muscles. A Ponte Brolla, nous nous
arrêtons brièvement sur un pont de voie Image symbole: la route 31 empruntée en
ferrée hors service. Quelques varappeurs vélo électrique passe devant la plus vieille
descendent en rappel sur les rochers qui église du Val Maggia. (Source: Gerry Nitsch)
bordent la Maggia. Le site est aussi apprécié
des amateurs de saut de falaises.
Avegno
Nous suivons la piste cyclable inaugurée
récemment jusqu’à Avegno. Quelques pa-
naches de fumée trahissent la présence
des premiers campeurs qui ont déjà allumé
leurs grils. Le cœur du village historique
occupé par des marchands qui vendent
divers objets d’artisanat ainsi que des sau-
cisses et des fromages sur le marché nous
oblige à pousser nos vélos électriques.
Maggia
A Maggia, nous découvrons à différents en-
droits des fresques ainsi que la plus an-
ENERGEIA N° 4/2016 | 7
Au cœur de l’énergie nucléaire
De quoi les centrales nucléaires ont-elles l’air de l’intérieur? Leur exploitation est-elle sûre? Que
fait-on des déchets radioactifs? Si l’on s’intéresse à ces questions, alors une visite guidée dans
l’une des centrales nucléaires de Suisse vaut le détour.
Même équipés de protections dans les cet effet: la centrale dispose de plusieurs s’agit principalement de classes d’école,
oreilles, nous ressentons dans tout le générateurs de secours et de batteries mais aussi d’entreprises, d’associations,
corps les vibrations issues du bruit de la dans différents bâtiments. Elle peut éga- de familles, ou de personnes seules. En
salle de machines. Nous croisons des lement puiser dans trois autres réservoirs dehors de la visite des installations, l’ex-
hommes en vestes orange qui saluent d’eau indépendants, en plus de l’Aar. «A position sur l’énergie nucléaire est aussi
Alain Plüss d’un signe de la main. Voilà Fukushima, la centrale n’avait qu’un point passionnante. Des supports multimédia
20 ans que ce dernier va et vient par ici, la d’accès à l’eau», précise Alain Plüss. En présentent la production de courant et le
plupart du temps avec plusieurs personnes outre, un bâtiment abritant un dispositif fonctionnement d’une centrale nucléaire.
à sa suite: il est en effet guide pour des d’urgence antisismique possède une pe- Mise en service en 1979, la centrale de
visites à la centrale nucléaire de Gösgen. tite salle de commandes avec surveillance Gösgen produit aujourd’hui 13% de l’élec-
des eaux. En situation normale, près de la tricité suisse et approvisionne environ un
Nous poursuivons dans la salle des com- moitié de ces installations reste inutilisée. million de personnes. Un film rappelle
mandes. C’est là que les opérateurs gèrent et aux visiteurs l’importance de l’électricité
surveillent la centrale. En cas d’urgence, ils L’importance du refroidissement au quotidien: un réveil sonne, des am-
peuvent lancer une procédure d’arrêt rapide «Et voici la piscine la plus chère des envi- poules clignotent, des trams roulent, des
du réacteur qui ne durera que deux se- rons», plaisante Alain Plüss en pointant médecins opèrent, tout cela 24 heures sur
condes. A travers une vitre, nous décou- un bloc en béton gris, d’apparence très 24 grâce à l’électricité.
vrons l’intérieur de la salle des commandes ordinaire dont la construction a cepen-
où quelques hommes fixent leurs écrans. dant coûté 77 millions de francs. Il L’exposition qui montre différents moyens
Deux d’entre eux discutent debout devant contient en réalité un bassin rempli d’eau, de produire du courant se penche tout
les innombrables boutons et signaux lumi- profond de 25 mètres et destiné à refroidir particulièrement sur la fission nucléaire.
neux installés aux murs. «Ce sont bien les le combustible usé. Le bâtiment est lui Dans une chambre à brouillard, l’invisible
seuls employés dont nous préférons qu’ils ne aussi antisismique. Il resterait également devient ainsi visible. Des particules char-
semblent rien faire», dit Alain Plüss en riant. intact en cas de crash d’un avion. gées laissent des traces nuageuses, les
En effet, le calme dans la salle des com- noyaux d’atomes se désintègrent et se
mandes traduit le bon fonctionnement de la Du haut de ses 150 mètres, la tour de re- transforment.
centrale; les opérateurs du réacteur n’ayant froidissement est particulièrement im-
pas à intervenir. «Près de trois quarts de ce pressionnante. Chaque seconde, 30’000 Les déchets en question
que les opérateurs ont appris durant leur for- litres d’eau passent de 36 à 22 °C. Au bas Les déchets radioactifs et leur traitement
mation ne leur sert à rien, lorsque l’exploita- de la tour, le fracas de l’eau couvre les sont également présentés aux visiteurs.
tion de la centrale est normale», indique mots de notre guide. Les visiteurs pou- Un film montre la recherche d’un site
notre guide. Afin de ne pas perdre ces vaient par le passé entrer dans la tour de pour le stockage en couches géologiques
connaissances, les opérateurs de réacteur refroidissement. Il y a quelques années profondes pour les déchets faiblement à
doivent passer un examen tous les deux ans. des légionnelles ont été détectées dans moyennement actifs et d’un autre pour les
l’eau. Il en reste encore des traces qui ne déchets fortement actifs. Le film dévoile
Utiles mais inutilisées présentent aucun risque, mais l’accès à la aussi de quoi aurait l’air ce type de dépôt.
Par ailleurs, la centrale de Gösgen dis- tour de refroidissement n’a pas encore été «La faisabilité technique du stockage des
pose de nombreuses installations que l’on autorisé car les études concernant la qua- déchets radioactifs a déjà été démontrée»,
espère ne jamais utiliser. Il est particuliè- lité de l’eau ne sont pas encore terminées. souligne Alain Plüss. C’est une autre his-
rement important que le fonctionnement toire sur le plan social et politique. La plu-
des systèmes destinés au refroidissement Exposition multimédia part des questions critiques posées par les
des installations soit garanti. Différentes Chaque année, environ 12’000 personnes visiteurs concerne l’élimination des dé-
mesures de sécurité ont donc été prises à visitent la centrale nucléaire de Gösgen. Il chets radioactifs.
8 | ENERGEIA N° 4/2016Depuis la salle des commandes, les
opérateurs contrôlent la centrale
de Gösgen. (Source: KKG)
En dehors de la centrale de Gösgen, les Arrêt de Mühleberg
autres centrales nucléaires de Suisse, En décembre dernier, en sa qualité de désaffectation. Durant la phase d’arrêt,
comme celle de Mühleberg (cf. encadré), d’exploitant de la centrale nucléaire de BKW prévoit de continuer à proposer des
proposent aussi des visites guidées. Les Mühleberg, le groupe BKW a remis aux visites guidées, indique Sabrina Schellen-
sites internet des centrales permettent de autorités sa demande de désaffectation. berg, responsable suppléante Media
s’inscrire en ligne. (fri) Actuellement, l’autorité de surveillance, Relations de BKW.
l’Inspection fédérale de la sécurité
nucléaire (IFSN), examine les documents
déposés et rédige une expertise à
l’intention de l’Office fédéral de
l’énergie (OFEN) qui dirige la procédure
ENERGEIA N° 4/2016 | 9Découvrir la force du Vent
Le nouvel Atlas des vents de l’OFEN indique à quels endroits et à quelles altitudes le vent est le plus
puissant. Soutenu par l’OFEN, un autre projet «VisAsim» permet de simuler l’impact visuel et acoustique
de projets éoliens.
Balades sur les sentiers d’Éole
Les régions où sont situées les éoliennes
sont particulièrement intéressantes pour
les promeneurs durant les mois d’été.
Elles offrent souvent de très beaux
points de vue sur les régions de plaine.
Trois sites offrent aux visiteurs la
possibilité d’obtenir un grand nombre
d’informations passionnantes sur
l’énergie éolienne:
• Sentier didactique du Gütsch:
situé au-dessus d’Andermatt, auprès
de la centrale éolienne du Gütsch, le
parcours découverte fournit des
explications sur les différents vents
et donne un aperçu captivant
d’anciennes règles météorologiques.
Le sentier commence à la gare de
Nätschen et s’étend sur 3,8 kilo-
Source: Suisse Eole mètres. www.andermatt.ch
• Le Sentier des Monts: le plus grand
parc éolien de Suisse se situe sur le
Les grandes installations éoliennes suisses Une expérience visuelle Mont-Crosin. Un funiculaire au départ
se trouvent aujourd’hui sur les crêtes du et acoustique de Saint-Imier permet d’accéder au
Jura, dans la vallée du Rhône, à Entlebuch L’outil «VisAsim» (simulation visuelle et Mont-Soleil, où se trouve aussi une
et au-dessus d’Andermatt. Le nouvel Atlas acoustique de parcs éoliens) développé grande centrale solaire. On atteint le
des vents récemment publié par l’OFEN par l’EMPA et l’EPF de Zurich permet de Mont-Crosin par le Sentier des Monts
(www.atlasdesvents.ch) indique désormais se faire une idée de l’aspect d’une éolienne au cours d’une balade de 3 kilomètres.
que dans les régions du Plateau et du dans le paysage et du bruit émis par celle- Il est possible de visiter la centrale
nord-est de la Suisse le vent souffle suffi- ci. L’instrument combine dans une simu- solaire et le parc éolien sur réservation.
samment fort pour permettre son exploi- lation réaliste les impressions de l’impact www.espacedecouverte.ch
tation et produire de l’énergie. L’Atlas des visuel et auditif d’un parc éolien dans des • Entlebuch-Feldmoos: l’accès à
vents renseigne sur la force et la direction paysages suisses représentatifs. Grâce à l’installation éolienne du Feldmoos
du vent à cinq hauteurs différentes au- VisAsim, il est possible de visualiser se fait par une montée de 60
dessus du niveau du sol. «L’Atlas des comment une installation éolienne modi- minutes à partir du village d’Entle-
vents est un bon instrument de planification fie son environnement ainsi que de perce- buch. Des visites guidées, compre-
pour de futures installations éoliennes», voir son impact sonore. VisAsim est régu- nant l’ascension d’une éolienne,
explique Markus Geissmann, spécialiste lièrement présenté au public dans sont organisées sur demande.
de l’énergie éolienne à l’OFEN. «Il ne différentes régions de Suisse à l’aide d’un www.tourismus-entlebuch.ch
permet toutefois pas d’évaluer si un site démonstrateur mobile (davantage d’infor-
est jugé apte à accueillir une installation mation sur www.visasim.ethz.ch). (his) Découvrez le reportage sur le même
éolienne.» Il faut pour cela encore effec- sujet sur www.energeiaplus.com/
tuer des mesures sur place. category/energeia.
10 | ENERGEIA N° 4/2016un laboratoire souterrain
POINT DE VUE D’EXPERT Le labo- En 2011, le Conseil fédéral a décidé que Le 19 mai, des personnalités du monde
ratoire souterrain du Mont Terri près de les argiles à Opalinus étaient les seules scientifique et politique et les représentants
Saint-Ursanne (JU) compte actuellement roches en Suisse qui accueilleront un jour des autorités ont participé à la cérémonie du
parmi les principaux laboratoires géolo- les déchets hautement radioactifs. Elles 20e anniversaire du laboratoire souterrain
giques internationaux pour l’exploration possèdent diverses caractéristiques posi- du Mont Terri. Ils ont honoré les travaux qui
des roches argileuses, en particulier les tives qui garantissent un confinement à ont contribué, en 20 ans, à positionner le la-
argiles à Opalinus. Sous la direction du long terme des substances radioactives: ses boratoire parmi les principales institutions
Service géologique national de swisstopo, qualités minéralogiques permettent de rete- internationales d’exploration des roches ar-
16 partenaires de recherche de huit pays nir dans la roche les radionucléides qui ne gileuses. Guy Parmelin, chef du Départe-
participent au projet du Mont Terri. La pourront se déplacer que très lentement. ment fédéral de la défense, de la protection
Suisse est représentée par la Nagra et Par ailleurs, le gonflement de l’argile em- de la population et des sports (DDPS), a
l’Inspection fédérale de la sécurité nu- pêche les radionucléides de pénétrer dans la souligné l’importance pour la Confédéra-
cléaire (IFSN). Depuis 1996, plus de 130 biosphère par des fissures. Mais les roches tion de ce laboratoire souterrain concernant
expériences ont été menées, la majorité argileuses présentent aussi des aspects né- la gestion sûre des déchets nucléaires en
traitant des dépôts en couches géolo- gatifs pour le stockage des déchets radioac- Suisse: le laboratoire souterrain près de
giques profondes des déchets radioactifs tifs: les déchets ne doivent pas être trop Saint-Ursanne (JU) joue un rôle crucial au
dans les roches argileuses et depuis peu chauds, car l’argile ne peut pas en évacuer plan international pour la sécurité et la
également du stockage du CO2. Les connais- toute la chaleur. Ces facteurs doivent être construction de dépôts en couches géolo-
sances acquises contribuent essentielle- pris en compte pour les futurs dépôts en giques profondes dans les roches argileuses.
ment à la faisabilité technique et au stoc- couches géologiques profondes. L’OFEN
kage sécurisé des déchets radioactifs. gère la procédure du plan sectoriel pour la Paul Bossart, directeur du laboratoire
recherche de sites d’implantation. souterrain du Mont Terri
Source: Swisstopo
ENERGEIA N° 4/2016 | 11comprendre
les étiquettes-énergie
Voici plus de 14 ans que les étiquettes-énergie sont apparues dans notre quotidien. Des études récentes
montrent que pour le client, même si de nombreuses informations sont disponibles, la compréhension
reste encore difficile.
En Suisse, les ménages représentent environ tenir à niveau sa température intérieure. sible que les clients se laissent guider par
un tiers de la consommation globale Une classe d’efficacité haute ne donne pas d’autres facteurs comme l’esthétique ou
d’électricité. Une partie de cette consom- beaucoup d’informations sur la consom- encore la marque lors d’un achat. Ceci n’a
mation provient des appareils électromé- mation d’énergie absolue. pas été pris en compte dans le cadre de
nagers. Depuis 2002 et la reprise de l’éti- cette étude.
quette-énergie de l’Union européenne par Les participants à l’étude ont dû choisir
la Suisse, vingt types d’appareils dispo- une télévision qui consommait le moins Des modifications en discussion
nibles sur le marché s’en sont vu attribuer possible. Souvent, ceux-ci choisissent Les auteurs du rapport proposent plusieurs
une. Celle-ci permet aux clients d’obtenir simplement le modèle le plus efficace, solutions pour améliorer la compréhension
des informations afin de se repérer dans même si celui-ci consomme plus d’énergie du consommateur. En ajoutant par exemple
la jungle des marques et des données qu’un autre appareil. Pourquoi? «Nous la consommation électrique annuelle sur
techniques d’appareils, ainsi que d’identi- avons pu constater avec cette étude que l’étiquette-énergie ou en n’affichant sur
fier les appareils qui consomment le les consommateurs n’assimilent pas tota- l’étiquette-énergie que les classes dispo-
moins d’énergie au quotidien. Si ces der- lement les informations d’efficacité éner- nibles pour l’appareil en question. Ces
niers étaient toujours choisis, une quantité gétique disponibles sur les étiquettes, et mesures pourraient renforcer la perception
importante d’énergie pourrait être écono- cela indépendamment de leur niveau de du caractère écologique de l’appareil. Une
misée sur le long terme. Dans le cadre du formation ou de leur revenu», souligne troisième proposition conseille d’utiliser
programme de recherche Energie-écono- Boris Krey, économiste et responsable du une échelle d’efficacité uniformisée, avec
mie-société de l’OFEN deux études ont été suivi du projet pour le programme de re- des valeurs de consommation absolues,
menées dans le domaine. cherche Energie-économie-société de qui proposerait les mêmes classes pour
l’OFEN. Pourtant les étiquettes-énergie tous les appareils. Ces points font partie
Plus d’information pour plus contiennent toutes les informations né- des réflexions menées actuellement par
de clarté cessaires pour pouvoir faire le bon choix.
Le premier rapport réalisé montre que les «Le défi consiste à reconnaître et interpréter
gens se concentrent presque exclusivement de manière correcte les données, afin de
sur les données de l’efficacité énergétique définir pourquoi un appareil à une meil-
pour faire leur choix lors d’achats en leure classe d’efficacité.» Il est aussi pos-
ligne. Souvent, les clients assimilent par
erreur efficacité énergétique et consom-
mation d’électricité. Les personnes ayant
participé à l’étude pensent que plus l’effi-
cacité est importante, moins la facture
d’électricité sera haute. Ce raccourci n’est
pas toujours correct car la classe énergé-
tique est définie non seulement à partir de
la consommation d’énergie mais aussi de
la surface et du volume disponible. Un ré-
frigérateur de grande taille peut ainsi être
aussi efficace qu’un petit modèle, mais
consommer plus d’électricité pour main-
12 | ENERGEIA N° 4/201693% des déclarations sont correctes l’Union européenne. «Des premières pro- plus attention aux économies à court
En juin, l’OFEN a publié les chiffres du positions pour rendre plus lisibles et sim- terme avant celle pour le futur. Dans une
contrôle du marché 2015. L’année plifier les étiquettes-énergie sont en dis- expérience, des acheteurs potentiels d’ap-
dernière, 430 rapports ont été rendus cussion au Parlement européen», explique pareils ménagers ou de télévisions ont été
dans le cadre d’échantillonnage de Markus Bleuer, responsable étiquettes- confrontés à deux types différents d’éti-
contrôle, 93% des appareils électro énergie à l’OFEN. quettes-énergie: la version établie par
ménagers étaient correctement l’Union européenne et une nouvelle éti-
déclarés avec une étiquette-énergie. Lorsque l’on parle d’argent quette à laquelle ont été ajoutés les coûts
Ceci représente une augmentation de La deuxième étude a montré que sur in- annuels en électricité et les économies
4% par rapport à l’année 2014 et une ternet lors d’un choix entre deux produits, possible sur toute la durée de vie. Les au-
valeur identique à 2013. C’est dans le c’est souvent le moins cher qui sera ache- teurs de l’étude voient ici un potentiel im-
domaine des réfrigérateurs que le bilan té, même si les deux produits ne diffèrent portant, pour sensibiliser les clients aux
est le plus mauvais, où en moyenne un que de par la consommation d’énergie. appareils efficaces en énergie.
appareil sur cinq n’est pas déclaré Paradoxalement les consommateurs choi-
correctement. Des chiffres qui sont sissent un appareil inefficace, qui sera un Avec la révision en cours de l’OEne, le
principalement dus aux caves à vin qui peu moins couteux, même si sur le long marquage sur internet des appareils avec
étaient contrôlées pour la première terme un appareil un peu plus efficace étiquettes-énergie sera encore plus visible.
fois. Pour 54 appareils ciblés, des tests permet des économies plus grandes. Dans Les acheteurs pourront toujours décider
ont été fait concernant les données l’étude il est alors question d’écart énergé- eux-mêmes de prendre en compte les in-
constructeurs. Dans 13 cas, le résultat tique. Le modèle efficace est considéré formations disponibles sur l’étiquette-éner-
des mesures s’est révélé différent. En comme étant plus cher, lorsque l’on ne re- gie ou pas. (luf)
2016, il est prévu d’augmenter les garde pas l’aspect financier sur la durée
contrôles du marché sur les publicités de vie complète. Les clients font aussi
et la vente sur internet.
Source: Shutterstock
ENERGEIA N° 4/2016 | 13Le succès du photovoltaïque
Ceux qui croyait au photovoltaïque dans les années 80 étaient considérés comme des visionnaires ou des
utopistes. Aujourd’hui, l’énergie solaire est une réalité dans l’alimentation énergétique suisse.
Stefan Nowak, directeur du programme
de recherche sur le photovoltaïque sur
mandat de l’OFEN.
Des échecs sont possibles
Recherche et développement (R&D) ont
établi la base pour l’utilisation commer-
ciale de la technologie photovoltaïque à
l’échelle industrielle. Les cellules solaires
à colorant du laboratoire du chercheur
Michael Grätzel à l’EPF de Lausanne
(EPFL) qui fait actuellement fureur avec
le développement de la cellule solaire à
base de pérovskites, ont fait sensation.
Tous les efforts R&D ne mènent pas à une
application et toutes les applications ne
sont pas des succès commerciaux. Cette
règle s’applique également au photovol-
taïque. Ainsi, l’entreprise vaudoise Flex-
Source: Fotolia
cell a réalisé tôt et avec succès des projets
pilotes avec des cellules solaires flexibles,
Actuellement, environ 50’000 installations couragement ainsi qu’une forte croissance mais malgré une technologie parfaitement
photovoltaïques décentralisées produisent de la branche ont réduit le coût du courant opérationnelle, l’entreprise a fait faillite
plus d’un milliard de kilowattheures solaire à environ un dixième de sa valeur en raison de difficultés financières. Au-
(kWh) de courant solaire par an en Suisse. depuis le début des années 80. jourd’hui, les entreprises suisses ont une
Cela correspond aux besoins annuels de importance considérable, situation similaire
250’000 foyers de quatre personnes. Pour Promouvoir et rechercher à celle connue dans le secteur automobile.
l’année en cours, l’énergie solaire satisfait Le photovoltaïque moderne est une inven- Malgré la concurrence internationale dif-
environ 2% de la consommation de courant tion des États-Unis étudiée dans le monde ficile, les entreprises suisses sont bien si-
sur le plan national. Selon l’estimation des entier. La Suisse a elle-aussi apporté une tuées sur la chaine de distribution du sec-
experts en efficacité énergétique, le cou- contribution essentielle. Depuis les années teur photovoltaïque. Grâce à un réseau
rant solaire pourrait bientôt couvrir 20% 70, une conception globale de l’énergie R&D dense et fort d’instituts de recherche
des besoins énergétiques suisses. misant entre autres sur le photovoltaïque, de pointe, elles sont compétitives sur les
a été élaborée dans notre pays. Sur cette marchés d’exportation.
Encore hors de prix il y trois décennies, le base, l’Office fédéral de l’énergie encourage
courant des installations solaires est au- la recherche sur la technologie et les es- Avec 5800 emplois estimés, le secteur
jourd’hui produit dans de nouvelles ins- sais depuis 1985 dans des expérimentations. photovoltaïque en Suisse réalise chaque
tallations pour 19 cts/kWh. Le courant «La recherche suisse a déjà attiré l’atten- année un chiffre d’affaires d’environ 800
solaire de fabrication propre coûte ainsi tion très tôt dans le monde entier et le fait millions de francs. (bv)
environ autant que le courant du secteur de concevoir le photovoltaïque comme un
lorsqu’on le consomme dans le bâtiment système global avait particulièrement Lisez l’article complet sur www.bfe.
lui-même. Trente ans de recherche, d’en- beaucoup de poids», affirme le docteur admin.ch/CT/divers.
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