POUR UNE AUTRE GESTION DE LA FORET - Fédération des Sociétés pour l'Étude, la Protection et l'Aménagement de la Nature dans le Sud-Ouest - Sepanso
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o R e v u e Tr i m e s t r i e l l e d e l a S E PA N S O N 11 7 POUR UNE AUTRE GESTION DE LA FORET Fédération des Sociétés pour l’Étude, la Protection et l’Aménagement de la Nature dans le Sud-Ouest
SUD-OUEST NATURE édité par la SEPANSO Fédération des Sociétés pour l'Etude, la Protection et l'Aménagement de la Nature dans le Sud-Ouest Association loi 1901 à but non lucratif Affiliée à France Nature Environnement - Reconnue d'utilité publique m m a i r e So EDITORIAL ................................................ 1 AU FIL DES MOIS Quoi de neuf ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2 VIE DE L'ASSOCIATION Assemblée Générale . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4 ACTUALITÉ Bassin d'Arcachon . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5 UN GESTE POUR LA NATURE Laissons vivre les arbres morts . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7 DOSSIER Forêts d'Aquitaine . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9 COUP DE GUEULE L'odeur de l'argent . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 21 NOTES DE LECTURE L'hydrogène, carburant de demain ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . 22 JURIDIQUE Sauvons le Gabas ! . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 24 PROTECTION Des zones humides . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 26 LOISIRS Lectures nature . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 28 5€ 2° trimestre 2002 Les auteurs conservent Fédération SEPANSO l'entière responsabilité 1-3 rue de Tauzia - 33800 BORDEAUX des opinions exprimées Tél. 05.56.91.33.65 - Fax. 05.56.91.85.75 dans les articles de ce Adresse électronique : sepanso.fed@wanadoo.fr numéro. La reproduc- tion, partielle ou intégra- le, des textes et illustra- tions est acceptée après Photo de couverture : François SARGOS autorisation préalable.
E D I TO R I A L epuis quelques mois, Pierre Delacroix a eu de plus en plus de difficultés pour présider no- D tre fédération. L‛évolution de son problème auditif l‛a finalement contraint à renoncer à cette responsabilité à l‛occasion de la dernière assemblée générale. Certes, nous nous y attendions, mais cette décision nous a vraiment secoués. Grâce à l‛arrivée de Pierre, en 1972, la SEPANSO, à vocation essentiellement naturaliste à sa création trois années plus tôt, a très rapidement élargi sa réflexion aux autres domaines environne- mentaux et, en particulier, à celui de l‛énergie. C‛était alors le début du grand débat nucléaire. Pier- re, aidé de Josette, son épouse, a ainsi donné à notre action associative un “coup de barre” détermi- nant. Capitaine au long cours, puis agrégé de géographie, il entamait une brillante carrière d‛ensei- gnant. Grâce en particulier à l‛apport de Pierre, le Président de l‛époque, Francis André, a pu, en 1974, présenter à Monsieur le Préfet de la Gironde 26.000 lettres d‛opposition motivée au projet de création de la centrale nucléaire de Braud-et-Saint-Louis. La “maison de la république”, comme l‛avait tonné Francis aux huissiers, avait finalement ouvert ses portes à notre délégation. Mon cher Pierre, on te doit ces moments inoubliables de démocratie citoyenne. Sa connaissance des dossiers, son grand esprit de synthèse, sa rigueur et sa présence physique l‛ont vite propulsé au conseil d‛administration de notre fédération nationale. Il en fut ensuite le ferme Président de 1986 à 1990 et anime toujours son réseau Energie-Climat. Lorsque, à force d‛insistance auprès du Conseil général de la Gironde, la Commission Locale d‛Information de la cen- trale nucléaire de Braud a été mise en place, Pierre en a été élu secrétaire. Débatteur redouta- ble, il a été ensuite choisi comme représentant associatif au Conseil Supérieur de la Sûreté et de l‛Information Nucléaire. En 1993, quittant la présidence de la SEPANSO, Francis André a souhaité que Pierre lui succè- de, souhait que le conseil d‛administration a entériné à l‛unanimité. Pendant sa présidence, Pierre a su, en bon marin, tenir le cap et avec quelle détermination ! Vous avez pu lire régulièrement et ap- précier ses éditoriaux et articles dans Sud-Ouest Nature. Son engagement dans d‛autres instan- ces officielles de concertation a donné beaucoup de crédibilité à la démarche de la SEPANSO. Je pense, entre autres, au comité de l‛environnement du Conseil général de la Gironde dont il a prési- dé les destinées pendant deux années. Il s‛est aussi beaucoup démené pour que la SEPANSO retrouve enfin son siège à part entière au Conseil Economique et Social d‛Aquitaine. N‛oublions pas non plus que l‛équipe salariée de la SEPANSO s‛est étoffée et compte aujourd‛hui 17 “militants”. Une véritable PME ! Oui, Pierre, tu peux regarder fièrement le chemin parcouru. Prendre le relais n‛est pas une tâche facile. Je connais certes la maison, j‛ai participé à sa créa- tion, je l‛ai moi aussi édifiée petit à petit. Je souhaite, Président de transition, la transmettre comme toi aussi belle à mon successeur. Mon élection coïncide curieusement avec le changement politique que vous connaissez. Quelles que soient nos opinions, on ne peut que constater que ces élections ont diminué sérieusement le poids des candidats potentiellement porteurs des valeurs de protection de la nature et de l‛envi- ronnement. Plus que jamais nos associations vont devoir se mobiliser. Et la tâche promet d‛être rude si l‛on se réfère aux premières actions du gouvernement. Parmi celles-ci, je retiendrai : - l‛intervention de notre nouvelle ministre sur le nucléaire, - la réaction du Premier Ministre entre les deux tours des élections législatives sur la chasse, - la mise en place d‛une commission pour la préparation de la charte de l‛environnement qui doit être “adossée” à la Constitution. Elle est présidée par le professeur Yves Coppens, paléontologue mé- diatique, et siègent à ses côtés, certes notre Président fédéral, Bernard Rousseau, mais aussi, en- tre autres, les PDG de Lafarge et de Procter et Gamble... de vrais ou véritables protecteurs ?... - la relance du projet de canal Rhin-Rhône... que l‛on croyait aux oubliettes. Que penser, enfin, de la proposition de loi adoptée par le Sénat concernant l‛autonomie fiscale des collectivités locales avec révision constitutionnelle pour créer une “république territoriale” ? L‛environnement serait transféré aux collectivités territoriales et/ou locales. Le gouvernement a l‛intention de mettre en chantier ce dossier ! Tu vois, mon cher Pierre, la SEPANSO a bien besoin de toi. Le défi qui nous est lancé est de taille. Nous devons renforcer notre travail d‛équipe au niveau régional, mieux nous coordonner avec notre fédération nationale, ainsi qu‛avec le Bureau Européen de l‛Environnement. Mais là, nous sommes particulièrement bien représentés par Georges Cingal, Président de la SEPANSO Landes et nouveau secrétaire général de la SEPANSO. Grâce à ton élection à la présidence d‛honneur, nous pourrons toujours compter sur le poids percutant de ta présence, sur l‛incitation systématique à ne pas lâcher prise. La fidélité et la loyauté tiennent chaud au cœur. Ton amitié et tes compétences nous sont précieuses. Seguimos la mano en la mano. Seguimos la mano en la mano. Pierre DAVANT, Président S UD -O UEST N ATURE - R EVUE TRIMESTRIELLE DE LA SEPANSO - N° 117
AU FIL DES MOIS 2 15 juin 2002 Quoi de neuf ?... Notés pour vous, quelques nouvelles mar- BREVES quantes de ces derniers mois dans le do- maine de l'environnement. REFORME DE LA PECHE EUROPEENNE ? Arrêtés chasse La main dans le filet... Nouvelle polémique en Europe, 4 avril 2002 24 avril 2002 avec le projet de réforme de la Deux arrêtés importants concer- C’est une première ! Nous le sa- politique de la pêche qu'a lancé fin nant la chasse sont parus au Journal vions pour avoir trouvé des centaines mai le commissaire européen Frantz Fischler. Ce projet sort Officiel. L’un retire de la liste des ani- de dauphins portant des marques de tout droit d'un constat que maux nuisibles la martre, le putois et capture par engin de pêche échoués connaissent bien les écologistes : la belette. Ces petits mustélidés ne sur les plages de notre littoral, mais celui de la baisse, voire pour cer- pourront donc plus être détruits 365 jamais les auteurs de ces captures taines espèces, de l'effondre- jours par an comme le permettait la n’avaient été pris sur le fait. C’est ment, des prises de poissons ces loi jusqu’à présent. Le second interdit chose faite. Un patrouilleur des Affai- dernières années. l’utilisation de la grenaille de plomb res maritimes rochelaises en opéra- En effet, la flotte des "pays pê- dans les zones humides où se pratique tion de contrôle dans les eaux du pla- cheurs" (France, Espagne, Irlande, la chasse au gibier d’eau... à partir du teau de Rochebonne, à une quarantai- Portugal, etc) est restée stable 1er juillet 2005. La France rejoint en ne de milles au large du pertuis d’An- depuis de longues années, alors que cela les 70 pays dans le monde qui tioche, a surpris des pêcheurs ven- les techniques de prise n'ont ces- sé de s'affiner et les stocks de chassent déjà les canards au sans déens en train de remettre à l’eau poissons de baisser. Pour enrayer plomb, son ingestion par les oiseaux deux cadavres de dauphins qu’ils l'hémorragie, qui mène la pêche d'eau notamment provoquant une in- avaient pêchés et éviscérés pour droit dans le mur, il ne reste plus toxication mortelle appelée saturnis- qu’ils coulent et ne se retrouvent pas que deux solutions : éliminer 40 % me. à la vue de tous. Notons au passage de la flotte, ou revenir à des sys- que les deux chalutiers pêchaient en tèmes de pêche moins destruc- “bœufs”, c’est-à-dire avec un filet pé- teurs, deux options que récusent Fermeture définitive lagique tendu entre les deux navires, d'entrée les pays concernés, pour 11 avril 2002 dans une zone de frayère protégée où des raisons socio-économiques di- verses. Alors que les pays "amis Le groupe TotalFinaElf, proprié- l’usage de cet engin est prohibé. du poisson" (pays nordiques essen- taire à 98 % de Grande Pa- tiellement), de même que toute la roisse à qui appartenait l’u- communauté scientifique et les as- sociations comme la SEPANSO sine AZF de Toulouse qui a soutiennent le plan Fischler de ré- explosé le 21 septembre der- duction des prises. Encore une nier, a annoncé aux 450 sala- fois, on peut voir à l'œuvre l'ef- riés de l’usine la fermeture fet pervers de destruction de la définitive du site. La plupart ressource naturelle d'une écono- devraient être mutés sur des mie fondée sur un couple "progrès usines du groupe à Toulou- Photo : Christophe ENA / Sud-Ouest technique + recherche intensive se, Pau ou Marseille, mais il du profit" fonctionnant sans aucun processus de régulation, en parti- est prévu que 70 salariés res- culier écologique. Et qui, du fait tent sur place pour démante- de la mondialisation de ce genre ler ce qu’il reste et dépolluer d'activité, s'étend aujourd'hui le site, une opération qui de- aux grandes zones de pêche de la vrait durer entre deux et cinq planète. Un vrai gâchis ! ans. S UD -O UEST N ATURE - R EVUE TRIMESTRIELLE DE LA SEPANSO - N° 117
AU FIL DES MOIS 3 Antennes relais Itinéraire A380 5 mai 2002 Publié au Journal Officiel, le dé- cret n° 2002-775 qui fixe les valeurs 5 juin 2002 L’itinéraire à très grand gabarit entre Langon et Toulouse destiné à Breves limites d’exposition du public aux acheminer les pièces du futur Airbus champs électromagnétiques constitue A380 est, depuis la publication de EMPOISONNEMENT DU un véritable cadeau pour les opéra- l’arrêté au Journal Officiel, déclaré RAGONDIN, C'EST FINI teurs de téléphonie mobile, puisque d’utilité publique. Rappelons qu’une Par un arrêté ministériel publié au ce sont exactement les normes qu’ils loi d’urgence avait été votée par la JO du 4 mai, Monsieur Yves Co- souhaitaient pour justifier les implan- précédente assemblée afin de réaliser chet a fait cesser un scandale qui, tations anarchiques de leurs antennes rapidement les travaux d’aménage- depuis plus de dix ans, révoltait relais sur tout le territoire. De plus, le ment de la route (qui doit permettre le tous les protecteurs de la nature. Comité de veille sanitaire vient de re- passage de convois longs de 50 mèt- En effet, cet arrêté, pris après fuser d’entreprendre une étude épidé- res, hauts de 12 mètres et larges de 8 avis du Conseil National de la miologique sur les riverains malades. mètres !). Cependant, le Conseil d’E- Chasse et de la Faune Sauvage, a mis fin à la superposition de deux Autant dire que la grogne des parti- tat a annulé le 17 mai dernier la déci- réglementations relevant l'une du sans de l’application du principe de sion de la Commission Nationale du ministère chargé de la chasse et précaution, un peu partout en Europe, Débat Public qui, saisie par notre fé- l'autre du ministère chargé de l'a- n’est pas près de s’apaiser. En effet, dération nationale France Nature En- griculture, applicables aux mêmes on ne compte plus les procès contre vironnement, avait refusé d’organiser espèces de gibier. les opérateurs ; pour la première fois, un débat public nécessaire sur cet iti- En abrogeant le 2° de l'article 10 un juge vient d’ailleurs de donner rai- néraire (lire p. 25). On s’achemine de l'arrêté du 1er août 1986, l'ar- son à des maires des Alpes-Maritimes vers une action en justice des associa- rêté du 25 avril 2002 supprime la qui avaient pris des arrêtés imposant tions devant la juridication adminis- dérogation à l'interdiction de d’éloigner les antennes des habita- trative compétente. l'emploi de toxique se rapportant à la protection des végétaux. Dés- tions... ormais, l'utilisation des toxiques a Pour renforcer en Gironde l'opposition à Enquête AZF sera interdite contre les nuisibles, l'implantation sauvage des antennes de sauf dans le cadre de l'application 5 juin 2002 de la réglementation sur la chas- radiotéléphonie mobile, prendre contact avec Daniel OBERHAUSEN : Les juges en charge de l’instruc- se ; or, justement, celle-ci ne per- doberhausen@wanadoo.fr met pas l'usage de poisons contre tion relative à l’explosion de l’usine des mammifères... Quand leur pro- AZF ont remis aux parties civiles (as- lifération posera problème, les ra- Chasseurs courtisés sociations de sinistrés) les premières gondins seront donc piégés, tirés, 16 mai 2002 conclusions d’étape rédigées par les déterrés, mais plus empoisonnés. scientifiques mandatés pour faire la Ceci n'est qu'une première étape Jean-Pierre Raffarin, aussitôt lumière sur les causes du drame. D’a- car les campagnols terrestres nommé Premier Ministre, s’est em- près ce rapport, l’explosion du tas échappent à la réglementation sur pressé de désigner le “Monsieur d’ammonitrates stocké dans le hangar la chasse et, dans certaines ré- Chasse” de son gouvernement, Geor- aurait été provoquée par l’ajout d’un gions, les campagnes d'empoison- ges Dutruc-Rosset, qui aurait pour dérivé chloré qui n’avait pas sa place nement vont se poursuivre. A mission de négocier avec Bruxelles moins que, dans ces secteurs, tous sur ce lieu de stockage. Une erreur de les dates d’ouverture et de fermeture les prédateurs ne soient déjà manutention que conteste le groupe anéantis, on trouvera donc encore de la chasse des migrateurs ! TotalFinaElf, propriétaire de l’usine, des cadavres de sangliers, re- Quelques jours avant le premier tour qui accuse un dysfonctionnement sur nards, rapaces et autres charo- des législatives, il promettait son le réseau électrique, hypothèse gnards coupables d'avoir croqué “soutien” à la Fédération Nationale “scientifiquement déniée” dans le des campagnols gavés de poison... des Chasseurs qui ne demande rien de rapport d’expertise. Les juges ont Cette situation, indigne d'un pays moins que l’abrogation du décret Co- procédé dans les jours suivants à de évolué, risque de changer prochai- chet sur les dates de chasse et la révi- nombreuses auditions en garde à vue nement car plusieurs associations sion de la loi chasse. Ainsi, tout porte de salariés d’AZF et de sociétés sous- naturalistes ont déjà introduit des à croire que nos associations repren- recours auprès de la Commission traitantes. Une perquisition a égale- européenne et la France pourrait dront bientôt le chemin du Conseil ment eu lieu au siège national du se voir bientôt condamnée. d’Etat... groupe pétrochimique à Paris. n S UD -O UEST N ATURE - R EVUE TRIMESTRIELLE DE LA SEPANSO - N° 117
VIE DE L'ASSOCIATION 4 Extraits du rapport moral établi par Pierre Delacroix Assemblée Générale Le 25 mai dernier a été l'occasion pour NOUVEAU BUREAU Pierre Delacroix, après dix ans de pré- - Présidents d'honneur : sidence, de passer le relais à Pierre Francis ANDRE Davant à la tête de l'association. Pierre DELACROIX - Président : tes de ce Ministère constituerait une Pierre DAVANT (SEPANSO Gironde) formidable régression. Autre sujet de - Vice-présidents : préoccupation : la décentralisation de la gestion des réserves naturelles, qui Gérard CHAROLLOIS (SEPANSO Dordogne) Nicole DUPOUY (SEPANSO Lot-et-Garonne) se négocie sans que les associations Christian GARLOT (SEPANSO Pays Basque) aient pu se faire entendre. Que dire Robert GUELIN (LPO Aquitaine) enfin du point noir de la législature Dominique NICOLAS (CREAQ) que restera le dossier Natura 2000 ? Dominique PROST (Aquitaine Alternatives) Michel RODES (SEPANSO Béarn) Il y a peu à dire sur l’explosion de Christian SOCCORSI (L'AGUNA) Toulouse, car on peut sur ces ques- Pierre Delacroix et Pierre Davant tions se reporter au SON n° 116. - Secrétaire général : Comme les attentats, elle a souligné, Georges CINGAL (SEPANSO Landes) pour ceux qui préféraient ne pas sa- Pierre Davant a pris voir, le degré élevé de vulnérabilité - Secrétaires généraux adjoints : en charge, les pro- de nos sociétés technologiques. Dans Claude BONNET (SEPANSO Gironde) grès de Sud-Ouest Guy MAIGRE (SEPANSO Gironde) ce panorama, le potentiel destructeur Nature enfin, et l’ac- des entreprises du secteur nucléaire - Trésorier : cueil intéressé fait à ses représente évidemment un point par- Jacques JANIN (SEPANSO Landes) récents numéros. ticulièrement sensible. - Trésorier adjoint : Marc SALLES (SEPANSO Béarn) Le contexte Nucléaire et L’année 2001-2002 a été para- développement durable doxalement marquée par une érosion Reste à nous préparer, dès l’été de l’action du Ministère en matière de 2002, à l’offensive qui ne manquera nature, par les attentats de septembre, pas d’être menée par les industriels et enfin par l’explosion de Toulouse. du nucléaire en faveur du lancement Questions internes des nouveaux réacteurs EPR. Le nu- Cette dernière a contribué à polari- La progression bien trop modeste ser l’action du Ministère sur les ques- cléaire, rappelons-le, n’est pas consi- des effectifs interroge. Si les docu- tions industrielles. Dans ce contexte, déré comme relevant du développe- ments de présentation de la SEPAN- une tentative pour refiler en douce la ment durable, aux termes des accords SO sont en cours de révision, il reste gestion départementale de l’environ- négociés sur le climat à La Haye, que ce sont d’abord les actions de ter- nement aux Directions Départemen- Bonn ou Marrakech, et auxquels la rain d’une association qui rallient l’o- tales de l’Agriculture et de la Forêt France a souscrit. Notre pays aura pinion et gonflent les effectifs. Enco- (DDAF), trop sensibles à notre avis ainsi du mal à faire à Johannesburg, re faut-il les faire connaître. Au posi- aux pressions des lobbies agricoles, a en août, l’apologie du développement tif, il faut porter l’embauche d’Hélè- été stoppée de justesse par l’action durable, et à favoriser dans le même ne Hache pour traiter les dossiers associative. Choix inacceptable, alors temps une nouvelle fuite en avant “Eau”, la reprise de plein droit du siè- que les effectifs des DIREN ont été dans une telle technologie. Il y a ge associatif au CESR (Conseil Eco- considérablement renforcés, et qu’un d’autres solutions, dont nous reparle- nomique et Social Régional) que tel éparpillement des forces naissan- rons bientôt. n S UD -O UEST N ATURE - R EVUE TRIMESTRIELLE DE LA SEPANSO - N° 117
Actualité 5 Bassin d'Arcachon Pierre DAVANT, Président de la Fédération SEPANSO Deux enquêtes publiques viennent de se dérouler et concernaient deux projets traités séparément, ce qui est fort re- grettable car ils ont tous les deux un Brèves impact indéniable sur le Bassin. OGM... DE FORCE ! Alors même qu‛aucun scientifique Le projet d‛ensablement le 5 juillet à une réunion d’informa- ne peut garantir l‛innocuité des tion-concertation à ce sujet. Le maire organismes génétiquement modi- des plages du Pyla nous a présenté le projet en insistant fiés (OGM), le gouvernement de Il fait suite au précédent projet sur l’urgence. Nous avons rappelé George Bush exige de l‛Union eu- notre position en insistant pour que le ropéenne qu‛elle lève le moratoire présenté par la municipalité de La de 1998 sur de nouvelles importa- Teste, qui avait alors reçu un avis dé- calendrier des travaux soit coordonné tions de ces produits. Et le même favorable du Conseil Départemental avec celui de réhabilitation de l’hy- prend des mesures protectionnis- d’Hygiène. draulique du Bassin tes sur l‛acier américain ! Loin de prévu dans le cadre résister aux pressions de Was- Présenté de nou- du contrat de plan hington, la Commission européenne veau sous une for- Etat-région. les relaie complaisamment chez me différente, il a les Quinze, et le commissaire Pas- toujours pour objet Outre des écono- cal Lamy garantit à ses interlocu- principal la défense mies importantes, teurs américains qu‛il ne se battra des perrés - revête- certains choix tech- pas pour l‛application du principe niques (tels la créa- de précaution. ments en béton des hauts de plages - sur tion d’un chenal tra- Selon les règles de l‛OMC (Organi- 3,250 kilomètres et versier) auraient pu sation Mondiale du Commerce), le accessoire de re- favoriser les deux pays ou groupe de pays qui ne veut créer une “plage” projets tout en ayant pas importer un produit sera tou- un impact écolo- jours contraint de prouver que ce sur le littoral du produit présente un danger. Les Pyla. 1.500.000 m 3 gique positif pour le exportateurs continueront à être de sable seraient Bassin. dispensés d‛apporter la preuve de prélevés sur la face son innocuité. Le maire a bien orientale du banc de compris cela mais Les Etats-Unis porteront-ils plain- Bernet, en face du n’a pas souhaité te devant l‛OMC contre le mora- Pyla. Où ira ensuite cette solution car, toire de l‛Union européenne de ce sable emporté 1998 sur l‛importation de nou- Photo : Jean-Jacques BOUBERT selon lui, ce projet par les courants de veaux OGM et les règles de traça- aurait pris cinq ou marées ? Sur les bilité et d‛étiquetage proposées au six ans de retard. Le Syndicat Inter- parcs ostréicoles dont certains com- Conseil de l‛Union et au Parlement communal du Bassin d’Arcachon européen en juillet 2001 et non mencent d’ailleurs à s’ensabler ? (SIBA), responsable du grand projet encore mises en oeuvre ? Le montant des travaux s’élève à d’hydraulique du Bassin aurait donné 18 millions de francs. La Teste parti- priorité au dragage à l’intérieur du Les résultats des élections fran- çaises et allemandes vont-ils af- cipe pour 7 millions de francs, l’asso- Bassin. Et... pendant ce temps-là, les faiblir la position de l‛Union euro- ciation syndicale des riverains pour 9 perrés, selon le maire, n’auraient pas péenne ? L‛administration améri- millions de francs et l’Etat pour 2 tenu ! caine va certainement relancer millions de francs. ses pressions... sous quelles for- Nous avons toutefois obtenu l’ac- mes ? La Coordination Bassin (1) dont cord de principe de la traçabilité du nous sommes membres a été conviée sable déposé et sur notre intégration S UD -O UEST N ATURE - R EVUE TRIMESTRIELLE DE LA SEPANSO - N° 117
actualité 6 au comité de suivi de cette opération. Aéroport de Bordeaux La SEPANSO considère que cette opération va bénéfi- cier essentiellement aux propriétaires - résidents secondai- Le point res - du front de mer. Compte tenu des difficultés d’accès, et surtout de stationnement, il y a peu de chances que le public Suite à la loi du 12 juillet 1999, l'ACNUSA (Autorité de Contrôle des Nuisances Sonores Aéroportuaires) a été se rende sur ces plages. Est-il juste que l’argent public dé- créée et les dix principaux aéroports français - dont pensé dans cette opération ne bénéficie finalement qu’à un Bordeaux-Mérignac - doivent mettre en place une petit nombre d’habitants privilégiés du secteur ? Commission Consultative de l'Environnement (CCE) nou- vellement composée, ainsi qu'un Comité Permanent (CP) qui constituera la Commission Consultative d'Aide aux Les travaux de réhabilitation Riverains (CCAR). Cette dernière est consultée sur le contenu du Plan de Gêne Sonore (PGS) et sur l'utilisation de l‛hydraulique du Bassin de la taxe pour la mise en oeuvre des dispositions néces- saires à l'atténuation des nuisances sonores au voisinage Notre coordination s’interroge sur la concertation qui a des aérodromes. Le PGS définit les zones à l'intérieur eu lieu. On nous a présenté le projet certes, mais nous avons desquelles les riverains peuvent bénéficier d'une aide à fait un certain nombre de remarques fondamentales qui l'insonorisation de leur habitat (de 80 à 100 %). Sont con- n’ont pas été reprises à ce jour. Or, le SIBA, responsable, a cernées les communes du Haillan, d'Eysines, Martignas, déclaré que ce projet avait, après une large concertation, Saint-Jean-d'Illac et Mérignac. Le PGS de Bordeaux- Mérignac a été établi en 1999, mais n'a été approuvé par reçu l’accord de tous ! arrêté préfectoral que le 29 avril 2002. Est, pour l’instant, passé sous silence notre refus absolu C'est aussi la CCE de l'aéroport de Mérignac qui a été la de tout rejet de produits de dragage à l’intérieur du Bassin dernière des plus grands aéroports de France à être in- sans vérification préalable du comportement des sables. De stallée par le Préfet, le 28 janvier 2002. Cette commis- plus, à défaut de prise en charge et d’utilisation de ces sables sion est consultée sur toute question d'importance rela- par l’UNICEM (professionnels du granulat), notre souhait tive aux incidences de l'exploitation sur les zones affec- tées par les nuisances, le bruit ou autres questions liées préférentiel de réaliser ces dépôts au niveau de la passe Sud, à l'environnement de l'aéroport. le plus au Sud possible pour respecter la dynamique du flux Nord-Sud, n’est également pas pris en compte. Le Plan d'Exposition au Bruit (PEB) est une carte qui représente le niveau de gêne sonore dû aux avions tel Nous interviendrons là aussi à l’enquête publique en rap- qu'il est prévu à terme. Le PEB de l'aéroport de Bordeaux pelant cela et en exigeant des vérifications expérimentales date de 1986, se basant sur une estimation de l'évolution du trafic aérien pour les quinze ans à venir. L'ancienneté poussées sur le devenir des dépôts par les méthodes les plus du plan, l'obligation de la création d'une quatrième zone opportunes de traçage. Mais nous savons bien que cette de- (zone D), ainsi que la révision du POS (devenu PLU) - mande remet en cause l’étude du devenir des sédiments fins dans lequel le PEB doit figurer, imposent une révision proposée par le bureau d’étude SOGREAH au titre de pres- rapide de ce dernier. tation supplémentaire. L'aéroport de Bordeaux a l'obligation, en tant qu'un des L’avenir écologique du Bassin d’Arcachon se joue ac- principaux aéroports français, de mettre en place un sys- tème de mesure du bruit et de suivi de trajectoire des tuellement. La volonté de concertation est certes réelle, mais avions. La CCE a approuvé l'installation de cinq stations les acteurs changent. Au député François Deluga, fervent fixes pour mesurer le bruit (Saint-Jean-d'Illac, Le Haillan, partisan de cette méthode, succède Madame Marie-Hélène Eysines, Pessac et Mérignac/Martignas) qui devraient Des-Esgaux. Elle est également adjointe au maire de Gujan- être fonctionnelles au premier trimestre 2003. L'aéroport prévoit l'achat d'une station mobile permettant de faire Mestras, Président du SIBA, et n’a, jusqu’à présent, pas par- des mesures complémentaires, notamment le long des ticipé aux réunions de travail. Nous en prenons acte et nous pistes et à la demande d'associations ou de communes. restons vigilants. Un guichet unique (tél. : 05.56.34.67.00) a été instauré pour des plaintes éventuelles, des demandes d'informa- Il nous reste donc, après les enquêtes publiques, le tions ou des questions de trajectoires. conseil d’hygiène en septembre pour essayer de convaincre de coupler les deux projets, le sable des dragages pour l’hy- La SEPANSO est membre de la CCE, du CP et de la CCAR. Elle participe également aux réunions préparant draulique servant à recharger alors les perrés du Pyla. n la Charte de l'environnement de l'aéroport sur les sujets suivants : bruit, eau, air, déchets, faune et flore, et com- munication. Après l'approbation par la CCE, cette charte (1) restera en vigueur de 2002 à 2006. La Coordination Bassin regroupe, outre la SEPANSO, les os- tréiculteurs, les pêcheurs, les plaisanciers, les industriels nau- tiques, les riverains du Cap-Ferret et du Pyla, ainsi que les a Représentante SEPANSO Gironde : Dorothéa Moreau "Verts" du Bassin. 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UN GESTE POUR LA NATURE 7 Laissons vivre les arbres morts Article paru dans la revue "SEPRONAS Infos" n° 66 En milieu forestier ou en haies, il pourra Ph ot alors bénéficier d'une seconde vie en de- o :S EP venant abri et source de nourriture RO NA S pour une multitude d'hôtes. ilieux forestiers ou haies ne piéter sur la route et le che- M constituent pas de simples populations d’individus juxtaposés mais ce sont bien des éco- min. Il lui est défendu de toucher aux lignes élec- triques ou téléphoniques. systèmes complexes soumis à des Il n’a pas le droit d’étend- équilibres fonctionnels instables au re son ombre sur le sein desquels l’homme intervient la champ de maïs ou de plupart du temps en permanence. tournesol. Dans tous les cas, le traitement qui lui Selon sa sensibilité ou son activi- est alors réservé est dras- té, chacun d’entre nous aura tendance tique et le broyeur que le à voir dans l’arbre, qui des stères de cantonnier fait passer lui bois de chauffage ou de bois d’œuvre, laisse souvent des cicatri- qui un terrain de jeu assurant l’ombre ces longues à se réparer et propice pour le pique-nique ou le re- qui constituent autant de pos, qui encore un empêcheur de la- portes ouvertes aux parasi- bourer et de cultiver son terrain sans tes. contrainte. Planté en forêt, anonyme L’arbre, c’est bien entendu un être au milieu de ses congénères, on vivant. Comme tel, il est amené à naî- peut penser que son sort est tre et parfois sa naissance fait l’objet quand même plus enviable. C’est de la part de l’homme d’une assistan- en tous les cas le sort “naturel” de ce plus ou moins contrôlée : clonage, l’arbre soumis à des concurrences semis de repiquage... Sa vie, et no- acharnées pour la recherche de nour- tamment son espérance de vie, va dé- riture et de la lumière. Il est en com- pendre de multiples facteurs. Planté pétition avec les individus de son tres vivants : laissons vivre les arbres en alignement en ville, il ne peut espèce mais également avec ceux des morts ! espérer vivre au-delà de quelques di- autres espèces. Malheur à lui s’il est zaines d’années tant les stress aux- mal adapté au sol ou aux conditions quels il est soumis sont nombreux : climatiques. Incapable de lutter, il L‛arbre mort, c’est le sol que l’on imperméabilise et disparaîtra. une multitude d‛hôtes qui empêche l’eau du ciel de parvenir jusqu’à ses racines, c’est le chien qui De toutes les manières, être vi- Fréquenté par des oiseaux, des in- le choisit pour lever la patte et pour vant, un jour l’arbre mourra s’il ne sectes, durant sa vie, l’arbre mort res- tenter de marquer son territoire, ce subit pas le sort de la plupart des arb- te un formidable réceptacle d’êtres sont les poussières et fumées émises res qui sont abattus par l’homme. vivants. Fendu, crevassé, taraudé, at- par les véhicules, les industries et les Certains, malheureusement de moins taqué par une foule de commensaux chauffages individuels... en moins nombreux, pourront alors et de parasites, l’arbre même à terre bénéficier d’une seconde vie : à terre recèle une quantité d’habitats origi- Planté dans une haie, il doit se ou toujours dressé, dans la haie ou naux. Beaucoup y trouveront refuge conformer à des alignements de plus dans la forêt, l’arbre mort est le point le temps d’une vie, d’un hiver ou seu- en plus stricts. Il lui est interdit d’em- de départ d’un formidable réseau d’ê- lement d’une nuit. S UD -O UEST N ATURE - R EVUE TRIMESTRIELLE DE LA SEPANSO - N° 117
Un geste pour la nature 8 Parmi les mammifères, citons le L‛arbre mort, Phénomène hérisson hivernant à la base de l’arbre une source de nourriture de séduction creux de la haie. En forêt, il laissera sa place au renard, à la genette, ainsi L’arbre, c’est d’abord, même L’arbre mort abattu par la tempête qu’à de nombreux rongeurs, campa- mort, un formidable stock de matiè- attire les mâles de divers petits co- gnols, loirs et lérots. res organiques. Tout au long de sa léoptères de type scolytes. Ces insec- vie, la plante en réalisant la photosyn- tes forent un puits dans l’écorce afin Plus haut, dans le tronc, les oi- thèse a élaboré de la matière carbonée d’y trouver refuge. Les déblais cons- seaux prennent la relève. Les pics : lignine et cellulose notamment. titués d’une sciure mélangée à des ex- (pic-vert, pic épeiche...) n’ont pas at- L’organisme vivant s’est défendu créments renferment des molécules tendu la mort de l’arbre pour s’y in- avec plus ou moins de succès et du- odorantes (ou phéromones) qui atti- staller. Peut-être vont-ils laisser la rant de nombreuses années contre les rent les femelles. Immédiatement place aux rapaces nocturnes : la agressions multiples. Maintenant, après l’accouplement, les femelles chouette hulotte dans les parcs et jar- une foule de microorganismes, bacté- pondent leurs oeufs dans des galeries dins, dans les haies comme en forêt. ries et champignons s’attaquent à ce de ponte sous l’écorce. Les larves qui La chouette effraie et la désormais matériau élaboré, synthétisé durant en sortent vont vivre souvent plu- rare chouette chevêche occupent vo- des décennies, voire des siècles. sieurs années, creusant des galeries lontiers ces fentes béantes et trous dont la forme est typique de l’espèce. profonds que l’on observe au sommet Les champignons supérieurs sont des arbres morts ou moribonds. représentés par l’armillaire couleur Ces larves, gros vers blancs, sont de miel qui s’accroche, ainsi que l’- la proie de nombreux prédateurs qui Les grimpereaux ne sont pas en hypholome en touffes, au bois en dé- en raffolent : sangliers ouvrant les reste. Des orifices plus petits s’ouv- composition. C’est que nos champ- vieilles souches à coups de boutoir ou rent pour laisser le passage à la sittel- ignons, privés de chlorophylle, inca- pics capables d’aller les chercher fort le torchepot et au grimpereau des jar- pables de photosynthèse, doivent uti- loin à l’intérieur du tronc. dins. Ils doivent parfois disputer leur liser la matière organique en décom- antre à la mésange charbonnière ou D’autres insectes, notamment des position pour se nourrir. On les dit sa- au rouge-queue. hyménoptères (famille des abeilles et prophytes. Les polypores tels l’ama- des guêpes) du groupe des ichneu- douvier, les trametes ou les xylaires Plus discrets, reptiles et batraciens mons, les parasitent. La femelle utili- du bois, occupent le tronc ; d’autres sont représentés par quelques cra- se un très long dard qui lui permet plus discrets, voire invisibles, pous- pauds communs ou des tritons mar- d’inoculer ses œufs à l’intérieur du sent leurs filaments mycéliens à l’in- brés venus s’installer sous l’écorce corps de la larve. Elle est d’ailleurs térieur des fibres du bois. décollée de l’arbre, à moins que ce ne capable de trouver le ver dans le bois soit une vipère ou une couleuvre à Avec les microorganismes invisi- sous l’écorce et parfois profondément collier qui aient choisi de se loger au bles, ce sont les invertébrés qui cons- sans même le voir... Celui-ci sera ain- creux d’un orifice où elles viennent tituent la masse des organismes hô- si petit à petit dévoré de l’intérieur chercher obscurité et humidité. tes. par les larves parasites qu’il abrite. Plus discrets encore peut-être, ne Là encore, les insectes se taillent Il est donc parfaitement exact que se manifestant qu’avec la tombée de la part du lion. Les coléoptères xylo- les tempêtes et les chablis entraînent la nuit, les chauves-souris forestières phages (mangeurs de bois) sont au un à deux ans après une attaque en rè- et arboricoles utilisent le moindre stade adulte des insectes qu’il est pré- gle des insectes xylophages mais il creux de l’écorce : noctules, barbas- férable de désigner par phytophages est tout aussi vrai que, très rapide- telle au museau semblable à celui (mangeurs de plantes) : cérambyx, ment, prédateurs et parasites régulent d’un bouledogue et qui trouve refuge chrysomcles, bruchidés, charançons, à nouveau la population normale de au milieu même des agglomérations, scolytes... car ils se nourrissent de ces “ravageurs” de la forêt. ou vespertilion de Bechstein dissimu- feuilles, de tiges de fleurs ou de sève. La forêt est un écosystème en lé dans le lierre. Leurs larves sont par contre sou- équilibre instable. La tempête crée un Debout, le tronc de l’arbre mort vent de redoutables mangeurs de bois déséquilibre temporaire. L’écosystè- permet en effet au lierre de se hisser et leur multiplication normale après me forestier rétablit rapidement un vers la lumière et il arrive que, du tempête, chablis et autres dégâts fo- nouvel équilibre à l’intérieur duquel tronc à moitié pourri ou de l’amas de restiers entraîne souvent des réac- l’arbre mort joue un rôle qui est loin lierre, il soit difficile de savoir qui tions intempestives et brutales de la d’être négligeable. Il faut laisser viv- soutient l’autre. part des forestiers. re les arbres morts. n S UD -O UEST N ATURE - R EVUE TRIMESTRIELLE DE LA SEPANSO - N° 117
DOSSIER 9 FORETS D'AQUITAINE Un sujet d'actualité Photo : Guy KIESER l Les différentes politiques forestières l Qu'est-ce que la certification ? l Le bois, éco-matériau l La démarche de certification en Aquitaine Georges CINGAL, Secrétaire Général SEPANSO S UD -O UEST N ATURE - R EVUE TRIMESTRIELLE DE LA SEPANSO - N° 117
DOSSIER 10 es forêts sont sous nos yeux...Nous n’avons guère formulé L de revendications nouvelles depuis 1983, année du congrès de la Fédération Française des Sociétés de Protec- tion de la Nature (aujourd’hui France Nature Environnement) inti- tulé “Pour une politique forestière écologique”. Nous avons rap- pelé celles-ci, en tous temps et en tous lieux, aussi bien avec les plus hauts responsables (directeur ONF, président CRPF...) qu’a- vec des acteurs de terrain, même si ce sujet n’a pas été abordé ré- cemment dans notre revue. Nous n’avons pas délaissé cette ques- tion sur laquelle il convient donc de faire le point aujourd’hui. Nous avons fait appel à des bénévoles de la Fédération SEPANSO pour dialoguer avec de nombreux acteurs expérimentés ou en for- mation (étudiants). Si vous êtes intéressé(e) par ce travail en ré- seau au niveau de l’Aquitaine, faites-vous connaître, ou rappelez- vous à notre bon souvenir si vous estimez que nous aurions pu profiter davantage de votre intérêt pour ce sujet. Photo : Guy KIESER N OTRE RÔLE EN AMONT DES POLITIQUES FORESTIÈRES L’élaboration des Orientations Régionales Forestières nous a donné enfin la chance de faire valoir notre point MODERNISATION de vue de protecteurs au sein de la Commission Ré- DU CODE FORESTIER gionale de la Forêt et des Produits Forestiers. La loi d'orientation sur la forêt a été votée à l'u- Le document complet, en attente de validation, est nanimité de tous les groupes des deux assemblées disponible auprès de la Direction Régionale de l’A- parlementaires. Le dernier vote a été acquis le 26 juin griculture et de la Forêt (Service de la forêt et du 2001. La nouvelle loi comprend 37 articles et chacun peut bois - 51 rue Kieser - 33077 Bordeaux Cedex). espérer que tous les propriétaires et tous les professionnels Il comprend 90 pages mais il y a beaucoup de du bois s'engageront dans une démarche en faveur de "la ges- tion durable et multi-fonctionnelle des forêts domaniales et pri- cartes et de tableaux ; c’est pourquoi il est re- vées". Lorsque les ventes de bois ne seront pas suffisamment ren- lativement lourd en version électronique. tables pour entretenir convenablement le patrimoine, des "chartes C’est un document intéressant car il examine de territoires" pourront être signées entre les propriétaires et les collectivités locales, et le cas échéant les pouvoirs publics afin de les atouts et les handicaps de l’économie fo- rémunérer par contrat les services collectifs rendus par les proprié- restière. Il permet de revoir certains dossiers taires. Diverses dispositions ont été adoptées afin d'assurer la pro- qui avaient été trop hâtivement classés, par tection des forêts contre les incendies, contre les dégradations, exemple le débardage avec l’aide d’animaux contre le morcellement... Différentes exonérations fiscales sont de trait (voir encart page suivante). prévues : dans le cas d'une dation pour incorporation au domaine de l'Etat ; diminution des coûts notariaux grâce à la validation par un D’un point de vue purement économique, la seul acte administratif des opérations sur un même massif. Avec soi-disant rationalisation de la valorisation est le "dispositif d'encouragement fiscal à l'investissement en fo- sans doute en fait à l’origine d’un manque à ga- rêt", pour la constitution de tout ensemble forestier de plus de gner pour les propriétaires de forêts. On a trop dix hectares, 25 % des investissements seront déductibles de souvent choisi la solution de facilité, alors que la l'impôt sur le revenu, à concurrence de 37.500 francs par diversité biologique est naturellement la source de personne et 75.000 francs par couple. Le seuil de dix hec- profits divers. Les principaux atouts de nos forêts ré- tares prévu par la loi pourra être atteint par le re- sident aussi dans les productions dites secondaires. groupement volontaire de propriétaires ou par la souscription à des parts de société Nous aurons sans aucun doute l’occasion de revenir sur d'épargne forestière... ce sujet. Le bois de châtaigner permet par exemple de fon- der de grands espoirs sur cette essence dont les qualités sont hélas trop méconnues (lire p. 12 et 13). S UD -O UEST N ATURE - R EVUE TRIMESTRIELLE DE LA SEPANSO - N° 117
DOSSIER 11 L’élaboration de la nouvel- LE DÉBARDAGE À CHEVAL le Loi d’Orientation sur la Forêt (n° 2001-602 du 9 Débarder : action de sortir des troncs d'arbre de la forêt pour les stoc- juillet 2001) a donné lieu à ker en bordure de route où ils pourront être regroupés sur un camion. diverses interventions couronnées ou non de Autrefois, les bêtes utilisées en agriculture étaient employées pour les travaux fo- succès. restiers l’hiver. L’apparition de la mécanisation au 20ème siècle va peu à peu signer la fin de l’emploi des animaux de trait. Pourquoi parler de débardage à cheval en La Fédération a participé ac- ce début de 21ème siècle alors que le tracteur permet d’emporter des charges beau- tivement aux débats qui ont coup plus importantes ? Parce que, dans certains cas, le cheval a un meilleur im- suivi la publication du rapport pact. Bianco (1998), l’élaboration de la Stratégie forestière na- La forêt, milieu hétérogène, tionale (1999) et bien enten- pose des problèmes lors de l’ex- du le projet de loi (2000). La ploitation. En effet, les parties taxe sur les défrichements a en pentes, les zones humides ou hélas été supprimée. Par inaccessibles, l’absence de che- contre un certain nombre de mins suffisamment porteurs, la changements positifs per- densité des sous-bois, l’évolu- mettent à tous les citoyens tion de la forêt en zone périur- de s’impliquer puisque la loi baine, lieu d’accueil du public, introduit la notion de gestion et enfin les forêts de petite taille sont autant de situations qui ont durable des forêts et le prin- démontré l’intérêt du débardage cipe de multi-fonctionnalité à cheval. des forêts. L’élargissement des compétences de l’ONF Dans les bois d’éclaircie, l’écar- Photo : M. TROLY et du CRPF, dans une certai- tement étroit des lignes ne per- ne mesure, à l’environne- met pas le passage de gros tracteurs. Ainsi, on est amené à supprimer un certain ment suppose un dialogue nombre d’arbres qui auraient pu être des arbres d’avenir, pour ouvrir des layons. régulier avec les associa- Le cheval permet de circuler à l’intérieur du peuplement sans ouvrir de layon, de tions. La loi incite même faire une éclaircie uniquement sélective et donc de conserver ces arbres d’avenir les citoyens à investir potentiels. De plus, les tracteurs peuvent causer des blessures aux arbres encore sur leurs économies dans pied et diminuer leur valeur. Le cheval, lui, en occasionne beaucoup moins car il la forêt ! s’arrête plus rapidement. Notre Fédération SE- Au niveau du sol, le cheval occasionne beaucoup moins de dégâts lors de son pas- PANSO a été sollici- sage que le tracteur. Il est adapté aux terrains humides et évite la formation d’or- tée pour participer nières et de zones de compactage. au processus per- Pour les parcelles de petite taille ou les forêts jardinées, le débardage à cheval est mettant d’obtenir la plus rentable que le déplacement de tracteurs. Il permet de faire des coupes sélec- certification des fo- tives afin que les sujets restants puissent se développer. Dans les forêts appartenant rêts et des bois issus à la collectivité ou péri-urbaines, l’impératif écologique prime, le cheval a une ima- de celles-ci. ge porteuse auprès du public et permet d’entretenir le site de façon écologique, sans Notre participation est lo- altérer le sol des sous-bois et des chemins. gique puisqu’elle s’inscrit Enfin, le débardage à cheval s’intègre dans le développement rural et permet la sau- dans une stratégie de dialo- vegarde de notre cheptel de chevaux de trait menacé de disparition. gue avec les acteurs de la fi- lière bois, marquée par notre u Deux adresses dans la région signature de la Charte de dé- veloppement durable de la - Jean-Pierre DENIS - 2 Mussotte - 33113 Saint-Symphorien - Tél. : 05.56.25.77.05 forêt des Landes de Gasco- - Monsieur TROLY - Ferme de Charmonteil - 24350 Lisle - Tél. : 05.53.03.58.35 gne en mai 1999. S UD -O UEST N ATURE - R EVUE TRIMESTRIELLE DE LA SEPANSO - N° 117
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