CAP SUR L'ATLANTIQUE LE TRADUCTEUR AVERTI - BANQ
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LE MAGAZINE D’INFORMATION DES LANGAGIERS Numéro 91 • printemps 2006 www.ottiaq.org C A P S U R L’AT L A N T I Q U E L E T R A D U C T E U R AV E RT I Envoi de publication canadienne convention numéro 1537393
2021, avenue Union, bureau 1108 Publié quatre fois l’an par l’Ordre des traducteurs, Montréal (Québec) H3A 2S9 terminologues et interprètes agréés du Québec Tél. : (514) 845-4411, Téléc. : (514) 845-9903 Courriel : circuit@ottiaq.org Site Web : http://www.ottiaq.org Nous aimons Vice-présidente, Communications — OTTIAQ Direction artistique, éditique, prépresse et impression vous lire. Valérie Palacio-Quintin Direction Mardigrafe Publicité Écrivez-nous Michel Buttiens Rédactrice en chef Carole Poisson, OTTIAQ Tél. : (514) 845-4411, poste 25 pour nous Téléc. : (514) 845-9903 Gloria Kearns Rédaction Avis aux auteurs : Veuillez envoyer votre article à l’atten- faire part tion de Circuit, sous format RTF, sur disquette ou par cour- Yolande Amzallag (Classe affaires), Brigitte Charest (Des revues, secrétaire du comité), Pierre Cloutier rier électronique. de vos commentaires. (Pages d’histoire), Marie-Pierre Hétu (Des techniques), Toute reproduction est interdite sans l’autorisation de l’éditeur et de l’auteur. La rédaction est responsable du choix des textes publiés, mais Didier Lafond (Curiosités), Solange Lapierre (Des livres), les opinions exprimées n’engagent que les auteurs. L’éditeur n’assume Éric Poirier, Eve Renaud (Sur le vif), AnneMarie Taravella aucune responsabilité en ce qui concerne les annonces paraissant dans (Des campus) Circuit. Dossier © OTTIAQ Yolande Amzallag et Solange Lapierre Dépôt légal - 2e trimestre 2006 Bibliothèque nationale du Québec Ont collaboré à ce numéro Nicolas Andreiu, Cyril Aslanov, Martine Cantin, Bibliothèque nationale du Canada ISSN 0821-1876 2021, avenue Union, bureau 1108 Denise Charbonneau, Jo-Ann Elder, Françoise Enguehard, Tarif d’abonnement Montréal (Québec) H3A 2S9 Sylvain Filion, Margaret Jackson, Matthieu LeBlanc, Sonya Malaborza, Rachel Martinez, Karin Montin, Membres de l’OTTIAQ : abonnement gratuit Tél. : (514) 845-4411 Gisèle McIntyre-Thériault, Yvonne McLaughlin, Non-membres : 1 an, 40,26 $ ; 2 ans, 74,77 $. Étudiant ins- Alain Otis, Jost Zetzche crits à l’OTTIAQ : 28,76 $. À l’extérieur du Canada : 46 $. Téléc. : (514) 845-9903 Toutes les taxes sont comprises. Chèque ou mandat-poste Courriel : circuit@ottiaq.org à l’ordre de « Circuit OTTIAQ » (voir adresse ci-dessus). Site Web : http://www.ottiaq.org Deux fois lauréat du Prix de la meilleure publication nationale en traduction de la Fédération internationale des traducteurs.
POUR COMMENCER N O 91 PRINTEMPS 2006 Une pièce de plus à notre Dossier Un regard sur le monde de la 4 mosaïque canadienne traduction dans les provinces de l’Atlantique. Michel Buttiens, trad. a. Sur le vif 20 Les Prix du Gouverneur général vécus de l’intérieur ; un événement rare : le congrès conjoint ATTLC-ALTA ; Notes et contrenotes ; Échappées N ous voici parvenus à la quatrième étape de notre tournée des ré- gions du pays. Cette fois, nous faisons halte dans les provinces at- lantiques, où nous attendent traducteurs techniques et littéraires, sur le futur. interprètes, professeurs d’université et présidentes d’associations professionnelles. Ce Des revues 23 n’est pas un hasard si une bonne partie des articles que nous publions porte sur le Nou- Une nouvelle publication veau-Brunswick. Des quatre provinces de la région, c’est certes celle où nos professions australienne ; la localisation des menus des compagnies sont les mieux représentées et les plus actives. Mais la francophonie est bien vivante à aériennes ; l’écriture chinoise ; l’ASSTI fête ses 40 ans ; le travail Terre-Neuve-et-Labrador et le secteur de la traduction, en pleine effervescence en Nou- autonome. velle-Écosse, affirment nos collaborateurs. Côté littéraire, on peut relever que, si les grands auteurs des provinces atlantiques, Antonine Maillet, Lucy Maud Montgomery et Ann-Marie McDonald en tête, ont surtout été Des livres 25 traduits en dehors de ces provinces, d’autres, de renommée plus locale, l’ont principale- Un ouvrage publié par un de nos collègues : Le traducteur ment été par des résidants de la région. Fait intéressant en tout cas, la traduction en fran- averti — Pour des traductions çais ou en anglais des œuvres des Maritimes a essentiellement été réalisée au pays. idiomatiques. Les Nouveautés. En ce qui a trait à la traduction en général, le Nouveau-Brunswick, seule province cana- dienne officiellement bilingue, donne le ton à la croissance de ce secteur d’activité dans la région. Pages d’histoire 28 Piloté par Yolande Amzallag, trad. a., et Solange Lapierre, ce dossier vient donc ajouter Léa Goldberg : poétesse, traductrice et universitaire. une pièce importante à notre reconstitution de la mosaïque de la traduction au Canada. Vous retrouverez par ailleurs dans ce numéro nos chroniques habituelles, les unes, comme Des livres, Des revues et Des techniques, orientées sur les besoins pratiques des Des techniques 29 langagiers, les autres destinées à entraîner les plus curieux de nos lecteurs en dehors des Que faire lorsqu’on nous envoie chemins battus ou à les renseigner sur ce qui se passe en marge de leurs préoccupations un texte en PDF pour traduction ? quotidiennes. Des changements au sein du comité de rédaction : Brigitte Charest a pris la relève de Françoise Tardy au poste de secrétaire. Et tout récemment, François Lavallée nous a an- Curiosités 30 Des cours de conversation noncé qu’il ne pourrait maintenir sa collaboration à la chronique Des mots en raison de ses en sanskrit. très nombreux engagements professionnels et paraprofessionnels. Toute notre apprécia- tion à Françoise et François pour leur apport respectif et merci à Brigitte d’élargir ainsi sa participation au sein du comité. Des campus 31 Enfin, bien sûr, bonne lecture à tous et à toutes. Les premiers Jeux de la traduction.
DOSSIER CAP SUR L’ AT L A N T I Q U E De l’Atlantique au Pacifique à l’Arctique A vec notre quatrième numéro de la série « Canada », nous avons gagné, a mari usque ad mare, le bord de l’Atlantique. On parle souvent de cette région, presque indifféremment, comme des provinces maritimes ou atlantiques, mais l’une des auteures éclaire notre lanterne et précise le sens des deux termes grâce à quelques notions d’histoire… de France et de morues. Une histoire qui justifie notamment le choix de cette région pour la tenue du huitième Sommet de la Francophonie (Moncton, 1999). Comme pour les numéros précédents, il s’agissait donc de voir comment vit la traduction en Nouvelle-Écosse, à Terre-Neuve-et- Labrador, à l’Île-du-Prince-Édouard et au Nouveau-Brunswick. Dans cette tournée, nous avons rencontré un certain nombre de traducteurs et de professeurs surtout. L’Université de Moncton, avec ses trois campus, est en effet la seule à offrir un programme de formation en traduction et les portraits qu’en dressent deux profes- seurs reflètent tous les efforts que l’on consacre à former une relève, un besoin qui se fait ressentir à l’échelle du Canada mais qui, dans le cas des Maritimes, se complique par le peu d’attrait de la région aux yeux des nouveaux diplômés. On connaît bien l’ori- ginalité de cette université, qui accueille d’éminents professeurs de l’étranger (notamment la linguiste Henriette Walter dans les années 1990) et qui, en plus, héberge dans ses murs deux centres de recherche d’envergure internationale : Yolande Amzallag trad. a. d’une part, le Centre de traduction et de terminologie juridiques, qui a conçu la banque de données Juriterm, et, et Solange Lapierre d’autre part, le Centre international de la common law en français. La région est en outre un terrain fertile pour la traduction littéraire, comme en témoignent à la fois la revue ellipse, qui a déménagé là ses pénates, et le festival Côte-à-Côte / Side by Side, un très riche et unique événe- ment de traduction littéraire qui a lieu chaque automne soit à Moncton, soit à Fredericton, et qui crée des ponts avec les langues autochtones. Ce survol nous rappelle aussi la vitalité de la littérature et de la langue aca- diennes. La région compte deux associations professionnelles, celle de la Nouvelle-Écosse et celle du Nouveau- Brunswick (auxquelles se joignent les traducteurs de l’Île-du-Price-Édouard et de Terre-Neuve-et-Labrador) ; leurs dirigeantes nous brossent un tableau de leurs activités. Nous tenons à remercier tous les collaborateurs à ce dossier, et plus particulièrement Jo-Anne Elder, qui a généreusement partagé avec nous sa vaste connaissance des milieux langagiers des provinces atlantiques. Circuit • Printemps 2006 Rappelons que Jo-Anne Elder, auteure et traductrice littéraire de renom, dirige la revue canadienne de traduc- tion littéraire ellipse. Elle a créé le Festival Côte à Côte / Side by Side, le seul festival de traduction littéraire au Canada, qu’elle organise tous les ans. Bonne lecture et bon vent atlantique ! 4
La francophonie à Terre-Neuve-et-Labrador : une histoire atlantique L e saviez-vous ? La francophonie de l’est du pays n’est pas seulement maritime, elle est atlantique. L’expression « les Maritimes » englobe le Nouveau- avenir qui ne sera guère meilleur. On pourrait croire que les Français sont définitivement chassés de Terre- Neuve. Pas du tout. La France abandonne le territoire Brunswick, l’Île-du-Prince-Édouard et la Nouvelle- mais conserve ses droits saisonniers de pêche sur une Écosse. Ajoutez-y Terre-Neuve-et-Labrador et vous vaste partie des côtes de l’île de Terre-Neuve — un obtenez alors les provinces atlantiques, ou encore, atout économique de taille puisque la pêche à la « l’Atlantique » tout court. C’est une distinction im- morue représente à une certaine période près de la portante, tout particulièrement dans le cadre de la moitié du produit intérieur brut de la France. Tous les francophonie canadienne. printemps, les pêcheurs français arrivent par milliers, Quand on pense à l’histoire française et à la fran- s’installent dans des baies, des anses et des commu- Par Françoise Enguehard cophonie canadienne contemporaine, on pense rare- nautés qu’ils ont eux-mêmes baptisées : Fleur-de-Lys, ment à Terre-Neuve-et-Labrador. Pourtant, c’est bien La Scie, Sainte-Barbe ou Saint-Lunaire, dans les îles là que tout a commencé, il y a plus de 500 ans, avec de Groix ou Belle-Île. Certains pêcheurs décident de se l’arrivée des premiers pêcheurs de morue venus de fixer à Terre-Neuve à la recherche d’une vie meilleure. Bretagne, de Normandie ou encore du Pays basque. Ils se fondront dans la masse de colons anglais ou, Le tout premier, un dénommé Bergeron, du petit port dans certains cas, fonderont les villages francophones normand de Honfleur, y arrive en 1504. C’est le début de Cap Saint-Georges, La Grand’Terre ou l’Anse à de la grande aventure de la pêche à la morue qui Canards. durera jusqu’à l’effondrement des stocks de poissons dans les années 1990. Les voyages de Jacques Cartier, la fondation de l’Acadie en 1604 et de la ville de Québec par Champlain en 1608 suivent directement dans le sillage de ces premiers pêcheurs français venus faire fortune sur les Grands Bancs et le long des côtes de la Terre-Neuve. En fait, l’histoire française de Terre-Neuve-et- Labrador aurait bien pu s’arrêter là. Après tout, les na- vires français et leurs équipages arrivaient au printemps et rentraient en France à l’automne avec leur cargaison de poisson salé et le climat de la région n’invitait pas à la flânerie. C’est Louis XIV qui en décide autrement en installant, vers 1662, une capitale fran- çaise sur l’île de Terre-Neuve. Il choisit une petite com- munauté de pêche de la péninsule d’Avalon, que ses premiers occupants basques avaient nommé Placentia (du nom d’un village au Pays basque espagnol). Il y fait construire un fort, y installe une garnison, un gou- verneur, invite les Frères Récollets à y établir un mo- nastère et une école et baptise sa capitale Plaisance. En 1763, les Acadiens déportés de Grand-Pré, de L’entrée du golfe du Saint-Laurent et l’accès à la Louisbourg ou de l’île Saint-Jean arrivent à leur tour sur Nouvelle-France sont maintenant sous la haute sur- la côte ouest de Terre-Neuve. Ils s’y trouvent en sécu- veillance du Roi Soleil. Les impératifs géopolitiques rité, bien loin des Anglais. Ils s’installent non loin des Circuit • Printemps 2006 prennent le pas sur la pêche. Mi’kmaqs dans la baie Saint-Georges et ne tardent pas Malheureusement pour la descendance franco- à rencontrer certains pêcheurs français installés sur phone, les guerres entre l’Angleterre et la France ont l’île. Au fil des années, les Cormier et Chiasson d’Aca- raison des considérations stratégiques du roi Soleil. En die épousent les Letaconnoux, Bozec, Lecointre et Olli- 1713, le traité d’Utrecht donne Terre-Neuve à l’Angleterre, vier de Bretagne. La francophonie terre-neuvienne les Plaisantins s’embarquent pour Louisbourg et un vient de trouver ses racines. Fra n ç o i s e E n g u e h a r d e s t n a t i ve d e S a i n t - P i e r re e t M i q u e l o n . J o u r n a l i s t e e t é c r i va i n , e l l e h a b i t e d a n s l a p rov i n c e d e Te r re - N e u ve - e t - L a b ra d o r 5 d e p u i s p l u s d e 3 0 a n s e t l u t t e , a ve c t o u t e s a f a m i l l e , p o u r l ’ é p a n o u i s s e m e n t d e l a c o m m u n a u t é f ra n c o p h o n e .
DOSSIER CAP SUR L’ AT L A N T I Q U E Maintenir sa place Bien sûr, la francophonie de Terre-Neuve-et- Labrador ne se résume pas à ces origines bretonnes, normandes et acadiennes. Une population récente et beaucoup plus cosmopolite la compose : au Labrador, ce sont les Québécois, Belges, Suisses et Français qui ont les premiers travaillé dans les mines de fer et aidé à construire Wabush et Labrador City. Dans la capitale, Saint-John’s, ce sont les fonctionnaires fédéraux, pro- fesseurs universitaires et autres venus des quatre coins de la francophonie mondiale pour répondre aux exigences d’un Canada devenu bilingue qui forment la base de la communauté francophone. La bataille pour le respect des droits linguistiques occupe la francophonie terre-neuvienne et labrado- rienne durant les 30 dernières années du XXe siècle. De la mise sur pied de leurs organismes communautaires au droit à l’école française, les francophones luttent contre vents et marées avec une détermination digne de leurs ancêtres. Ils se dotent d’un drapeau, d’un journal, d’un organisme jeunesse, d’une fédération de parents et jouent un rôle politique important pour le maintien de leurs droits. Cinq cents ans après l’arrivée de Bergeron, ils ont maintenant leur place dans la société terre-neuvienne et labradorienne. Ils ne repré- la Société Nationale de l’Acadie. À la lueur de ce passé sentent peut-être qu’un demi pour cent de la popula- d’une richesse insoupçonnée, ne parlons donc plus de tion, mais leur histoire et leur patrimoine occupent l’Acadie des Maritimes, mais de la Grande Acadie, une place capitale dans la culture de la province. celle qui fait une place à Terre-Neuve-et-Labrador et La francophonie terre-neuvienne et labradorienne oublions donc « les Maritimes » puisque, aujourd’hui a aussi fièrement pris sa place dans les institutions les quatre provinces les plus à l’est du pays réunies francophones nationales et acadiennes, entre autres forment « l’Atlantique ». Language Distribution in the Atlantic Provinces Diversity, in the Atlantic Provinces, is a relative term. Within the population of New Brunswick, nearly 65% have English as a mother tongue; almost 35% French and only about 1.5% have a language other than English or French, including less than 1% who speak Mik’maq or Wolastoq as their first language. There are, however, programs to enhance the use of First Nations’ languages and official recognition of the status of these languages in the province. Most inhabitants have roots in the U.K. or Europe, and 99%, including the First Nations population of just over 1%, were born in Canada. Although the majority has the dominant language of the continent as a mother tongue, the regional disparity in Atlantic Canadians’ access to resources results in the status of a cultural minority. The French language, while officially recognized and supported, faces daily threats of assimilation and erosion. Protected by certain governmental and educational structures, the languages of the First Peoples are spoken by very small numbers of people. And, despite interesting phenomena— Circuit • Printemps 2006 New Denmark, NB, is home to the largest Danish community in North America— other languages are used by individuals separated from each other across New Brunswick’s predominantly rural landscape. J.-A. E. 6
Translation as Creation I n 2001, when we moved ellipse from Sherbrooke, where it had been produced since its creation in 1969, we wanted to give it a firm grounding in New Literary Translation in New Brunswick Brunswick. We founded an organization with the man- Literary translation is an art of difference and an The title of this date of promoting literary arts in a diversity of lan- art of understanding, an intercultural as well as an article, which was guages, and in particular “creative translation.” We interlinguistic practice. It is viewed as an art form by also gave the organization a social mission: to create other artists in the province, particularly in Acadie, the theme of the intercultural awareness. The members of the Board of Directors are well known in the province, both as and also by governmental and funding agencies. The fact that language is central to conceptions of culture third edition of artists and as cultural community workers. Members in New Brunswick helps us build a “culture of literary the Side by Side of the academic community are involved in the organi- translation.” For instance, the second paragraph of the zation, but it has no university affiliation. Instead, it vision statement in New Brunswick’s Cultural Policy Festival, hints at is run as a not-for-profit organization with a strong states that the province “is blessed with the presence of the way ellipse interest in community building. its two official languages, which gives it a privileged Of particular interest to us is reinforcing links position within Canada. Furthermore, the province is magazine, the Side among the Acadian and francophone, First Nations and Anglo-Maritime communities. Artists and audi- enriched by the achievements of the various First Nations communities, the French, the Acadians, the by Side Festival / ences get to know each other through the work of the English, the Scots, the Irish, and the many other cultural Festival Côte à creative translator, who takes his or her place Side by groups that have chosen New Brunswick as their home.” Side with the artist—the author of the source-text—on Government departments and related agencies Côte, and, facing pages in the magazine or on the podium. The often perform their activities in French, English and increasingly, Side by Side Festival / Festival Côte à Côte takes place often in Mik’maq and Wolastoq. At arts events of all every year, starting on St. Jerome’s Feast Day and con- sorts, during ceremonies, at openings of heritage other artists and tinuing into October. We started the festival officially in 2003, but unofficial- buildings, in newsletters from the provincial gallery, on captions in organizations in ly in the early ’90s, when we held bilin- musea, and at many other public or Atlantic Canada, gual and multilingual readings at St. alternative sites, the same is often Thomas University and in libraries, true. Many events include an opening view literary alternative galleries and community by a First Nations Elder, then words in translation. sites. We now organize roundtables, both English and French. Visitors to Old workshops, readings and gatherings Government House—where an impor- throughout Fredericton and Moncton tant multidisciplinary artist, the Hon. for three or four days in the fall, and Herménégilde Chiasson, currently have added activities in the spring and resides—will find historical descrip- programs for young audiences (writ- tions in four languages. Art crosses lin- ers’ workshops for young teens, book guistic borders, often by depicting clubs for elementary Immersion stu- them. dents). All of these activities have the Literary translation is recognized as same purpose: giving readers and one of the practices in the discipline of audiences from one linguistic commu- “Literary Arts” (the only one which has By Jo-Anne Elder nity the opportunity to become famil- parallel French-language and English- iar with some of the work and, more importantly, some language programs) by the provincial arts funding of the people, from other groups. Much of our plan- council, artsNB. As a result, a literary translator can ning is done in collaboration with other associations, apply for a Creation grant. In addition, the applications for instance, the Northrop Frye International Literary are translated into both official languages, and trans- Festival, which features approximately 20 French- lation to and from First Nations languages is also language and 20 English-language writers every year, provided when necessary. with the particularly attractive quality of placing writ- Unfortunately, in an arts community that is small ers from the two language groups in the same session. and underfunded, literary translation still finds itself in Circuit • Printemps 2006 In 2005, we also organized a roundtable on the theme a very precarious position. Small organizations cannot of “Collaboration” with the Corporation of Translators, afford to translate their catalogues and newsletters, a Terminologists and Interpreters of New Brunswick. discouragingly low percentage of anglophones are One of the basic principles of our planning is to find bilingual, books are difficult to market, and all types of ways to highlight and honour differences in a common regional disparities get in the way of producing literary space. translations. J o - A n n e E l d e r i s Vi c e - Pre s i d e n t ( A t l a n t i c ) o f t h e L i t e ra r y Tra n s l a t o r s ’ A s s o c i a t i o n o f C a n a d a . 7
DOSSIER CAP SUR L’ AT L A N T I Q U E Literary Translation and Identity However, questions of identity are also the motor The situation of literary translation in the Atlantic of creativity, especially when individual experiences region, and in particular in New Brunswick, is an inter- and the human condition intersect with cultural, esting one. It does not correspond in all respects to regional and linguistic belonging. In New Brunswick, the models of other regions. Since activity in literary there is a grass-roots quality to literary translation; it is translation is always grounded in the broader cultural a little like people’s poetry, like the work of other and political context in which it takes place, there is, in artists—particularly Acadians who have created a New Brunswick, a tension which stems less from the dynamic artistic milieu out of absence, out of the lack reality of diversity experienced in larger urban centres, of recognition of the reality of the French-speaking and more from the contact and shared history that population of the province, out of necessity. There is a informs relations between anglophones, francopho- sense that we all need each other, we need to share nes, First Peoples and allophones, less from not know- the local and regional space, the sea and the land. As ing each other and more from believing we have artists who work between, among, within several always known each other. As well, language is one of groups of people, literary translators are in a unique the layers of an identity that is built on experience as a position to bring people together in a common attempt minority, or of many minorities. to navigate the shifting boundaries of difference. The Translators and the Translated The Atlantic Provinces are home to fewer than a least three books on art, not to mention a long list dozen members of the Literary Translators’ Associ- of articles and lectures on art and culture. ation of Canada. Nonetheless, several publishers Several novels by France Daigle have been trans- and translators are interested in translations of lated: by Sally Ross, a Nova Scotia-based transla- New Brunswick literature. Several collections of tor, and by Robert Majzels. Acadian poetry have been translated. Works of Acadian theatre, fiction and non-fiction (both Other titles translated from the French include: scholarly and popular) are also well-represented Acadian Poetry Now, a bilingual collection edited in translation. by Henri-Dominique Paratte; two novels by Jacques Savoie, translated by celebrated literary translator Fred Cogswell was a pioneer in the publishing field. Sheila Fischman; Tales from Dog Island, St. Pierre & Dr. Cogswell was one of the first translators of Miquelon by Françoise Enguehard, Gérald Leblanc’s poetry from Québec and Acadie in New Brunswick. Moncton Mantra by Jo-Anne Elder. In addition, He edited anthologies of poetry in translation such Gérald Leblanc translated Yolande Villemaire’s as One Hundred Poems of Modern Québec. Goose Amazon Angel into English.1 Lane Editions has published a number of transla- tions of Acadian literature, including three collec- On the other hand, there are very few translations tions by Fred Cogswell and myself — an anthology, into French of poetry by English-speaking writers Unfinished Dreams: Contemporary Poetry of Acadie in Atlantic Canada. Except for some of the iconic (1990), and two collections by Herménégilde Chias- Anne of Green Gables series, French-language son (Climates, 1999 and Conversations, 2001). translations of fiction were also rare until the 1990s. The Anne books have been re-translated or Broken Jaw Press has published translations of translated since, by Paule Daveluy, Hélène Rioux poetry by New Brunswick writers, including collec- and Henri-Dominique Paratte. tions by Argentine-born Nela Rio translated by Montréal poet Hugh Hazelton and others, and Let Since the 1990s, Lori Saint-Martin and Paul Gagné Rest (a collection by Serge Patrice Thibodeau, have translated several of Atlantic Canada’s well- translated by Jonathan Kaplansky, who was born known writers : Le pas de l’ourse (the Governor in Saint John). General award-winning author, Douglas Glover, lived in New Brunswick for a time), La fille blanche Bouton d’Or d’Acadie, a publishing house founded (Joan Clark) and Un parfum de cèdre (Ann-Marie by Marguerite Maillet, has published a series of McDonald), which was awarded a Governor Gener- beautiful children’s books in French, English and al’s Literary Award for translation. Of note is La Mik’maq. malédiction Henderson (tr. Ivan Steenhout); a Few readers will be surprised to learn that most of long-awaited translation of the work of David the works of Antonine Maillet have been translated. Adams Richards (Mercy Among the Children). She has a dozen translations by at least seven First Nations’ languages are taught in schools, uni- translators, which include several well-known titles: versity programs, and in the community; many of Pélagie: The Return to a Homeland (tr. Philip Strat- the people involved in preserving the languages of ford, Doubleday 1984, re. Stoddart, 1994, re. Goose the Mik’maq and Wolastoqiyik nations have also Lane Editions, 2004), La Sagouine (tr. Luis de Ces- written, translated or performed Aboriginal litera- pedes, Simon & Pierre, 1979), and The Tale of Don ture in their mother tongue, including Maggie L’Original (tr. Barbara Godard, Stoddart, 1989, re. Paul, Gwen Bear and Imelda Perley. Circuit • Printemps 2006 Goose Lane Editions, 2004). Mme Maillet’s work has also been translated into many other languages. J.-A. E. Herménégilde Chiasson rivals Mme Maillet both in 1. For more information about the translation of Acadian works, see my articles on the question, for example: the number of English translations published and E LDE R , Jo-Anne, « L’image de l’Acadie en milieu anglo- in the variety of genres: two collections of poetry, phone : Une impression pas toujours juste », in Fran- two plays and a third in press, a “récit”, and at cophonies d’Amérique, no 19, 2005, p. 205-214. 8
« But c’est live du Dance-a-Rama ! » E n Acadie, peu de gens ont traduit pour le théâtre professionnel, et encore moins pour le théâtre de chez eux. En effet, Laval Goupil et Antonine Maillet première, des pièces de théâtre, ouvre toutes sortes de possibilités de par l’oralité du médium. La Batture, ou sont les seuls dramaturges-traducteurs acadiens dont Adapter la traduction au contexte comment est née le travail a été mis en scène par l’une des trois compa- gnies de théâtre professionnel en Acadie1. L’expé- J’en étais à ces réflexions en 2004, me demandant une traduction en rience de Goupil remonte à 1995 avec une mise en s’il serait un jour possible de faire basculer la sous- scène au Théâtre populaire d’Acadie (TPA) d’Aléola, représentation des textes traduits en Acadie sur la chiac pour le traduction de la pièce du même nom de Gaëtan Char- lebois ; deux ans plus tard, le TPA montait Valentine de scène acadienne, quand un projet inattendu m’a été proposé. L’occasion était trop belle : on me demandait théâtre acadien. Willy Russell, une traduction faite par Maillet pour le de traduire vers le français une pièce d’un dramaturge Théâtre du Rideau Vert, à Montréal, puis adaptée au néo-brunswickois. Or, je terminais justement une ana- contexte acadien par Daniel Castonguay, René Cormier lyse d’une traduction faite au Québec d’une pièce du et Diane Losier2. même dramaturge, Don Hannah. La pièce en question, Il ne faut pas croire que l’on ne voit pas de théâtre Running Far Back (RFB), me touchait beaucoup mais je en traduction en Acadie. Les trois compagnies profes- la jugeais mal rendue en français notamment en sionnelles offrent en tout une dizaine de spectacles raison du traitement de la langue par le traducteur. par saison, et on peut également compter sur des Peut-être pourrais-je faire une nouvelle traduction de théâtres estivaux et sur tout un groupe de compagnies la pièce ? Le Playwrights Atlantic Resource Centre ac- en voie de professionnalisation, sans compter le ceptait avec enthousiasme. Le récit de Hannah se dé- Par Sonya Malaborza théâtre amateur. Il nous arrive donc assez souvent, en roule à Shédiac, une petite ville à moins d’une heure Acadie, de voir sur les planches des pièces en traduc- d’où j’ai grandi, et il illustre le repli sur le passé d’une tion. Seulement, la tendance est que ces pièces mon- famille aux prises à divers niveaux avec les conflits tées professionnellement en Acadie sont signées entre francophones et anglophones dans la région, en outre-frontières. Il s’agit souvent de productions qué- mettant en scène le meurtre d’un jeune adolescent bécoises en tournée, généralement traduites au francophone par l’aîné de la famille. Comme franco- Québec ou en France. Des 19 traductions mises en phone, j’avais connu ces mêmes conflits, et j’entre- scène par le TPA entre 1983 et 2004, par exemple, six voyais la possibilité de communiquer le récit de étaient réalisées par des dramaturges québécois, neuf Hannah à ma communauté, en renversant les rôles : la étaient de France, et deux seulement étaient l’œuvre famille anglophone, centrale dans la pièce de Hannah, de dramaturges acadiens (celles de Goupil et de allait devenir, dans ma traduction, une famille franco- Maillet, citées plus haut). Et cette tendance n’est phone. Shédiac étant une ville bilingue, l’inversion pas chose du passé. Dans le cadre de sa saison n’était pas invraisemblable. 2005-2006, l’Escaouette accueillait à Moncton trois Le projet de traduire RFB me tenait d’autant plus à productions québécoises, toutes créées à partir de cœur qu’il me permettait de faire entendre sur la place traductions réalisées au Québec3. publique la variété linguistique de chez nous, le chiac, Si la question de l’origine du traducteur peut sem- aussi stigmatisée que le joual l’avait été (ou l’est bler banale à première vue, elle cache toute une série encore) au Québec. Je m’inscrivais, en traduisant, d’enjeux d’ordre linguistique. Les lecteurs qui connais- dans un mouvement parallèle à celui de France Daigle, sent les travaux d’Annie Brisset sur la traduction du Jean Babineau, Marc Poirier et Paul Bossé parmi tant théâtre au Québec de 1968 à 19884 se souviendront d’autres, ces auteurs de Moncton qui insèrent des dia- que les dramaturges-traducteurs du corpus de Brisset logues en chiac dans leurs plus récentes productions cherchaient à illustrer la langue française telle qu’elle artistiques. L’auteur de la première traduction de RFB était parlée autour d’eux. À l’instar de dramaturges ne connaissait pas cette variété parlée couramment à québécois comme Michel Tremblay, qui offrait au Shédiac et ne s’en était donc pas servi. Non seulement public montréalais la première pièce en joual en 1968 les personnages de sa traduction pestaient-ils en fran- Circuit • Printemps 2006 (Les Belles-sœurs), ces traducteurs souhaitaient çais contre les « maudits French » (il n’avait pas ren- prêter une légitimité à une variété linguistique long- versé les rôles), mais ils s’exprimaient dans un temps stigmatisée. Illustrer des pratiques langagières français qui, sans s’afficher ostensiblement comme diverses, poser dans la langue des repères qui laissent étant « made in Québec », ne ressemblait pas du tout deviner un contexte social précis, voilà autant de pos- à la langue de chez nous. Je ne reconnaissais plus sibilités offertes à ces traducteurs dont la matière Shédiac. S o n y a M a l a b o r z a e s t d i p l ô m é e d u d é p a r t e m e n t d e t ra d u c t i o n d e l ’ U n i ve r s i t é d e M o n c t o n . A p r è s a vo i r o b t e n u u n e m a î t r i s e è s a r t s e n t ra d u c t i o n 9 à l ’ U n i ve r s i t é Yo r k , e l l e e s t re t o u r n é e à M o n c t o n f a i re s o n d o c t o ra t e n s c i e n c e s d u l a n g a g e .
DOSSIER CAP SUR L’ AT L A N T I Q U E La Batture, Acte 2, scène 12, p. 78 BOBBY : Des choses de même, faut que ça reste avec toi toute ta vie. Ej vois la tête à Louis toutes les jours. Couché là avec cte look-là su la face. LORETTE : Quel look ? BOBBY : C’tilà qui dit chu meilleur que toi. J’peux même pas me rappeler qu’y avait l’air apeuré ou upset or anything. But y’aurait dû l’être. Tout c’que j’peux me rappeler, c’est la friggin de smug look su sa face quand y m’regardait comme si j’étais d’la trash. Puis moi je conti- nuais à le kicker parce que je savais qu’y avait raison. LORETTE : Non. BOBBY : Yeah, j’me suis tellement pissé off cause y’avait raison. So j’continuais de le kicker. Ça fait rien que j’étais drunk. Je l’savais que je l’kickais. Je l’sais que c’est la worse thing que j’ai ever fait. But si je l’oublie, là c’est encore worse parce que j’suis juste comme Ricky. Avec un gros chunk qui manque. LORETTE : Ah jeese Bobby. Et comment ma traduction a-t-elle été reçue ? Hannah était ravi d’apprendre que ses personnages s’exprimaient en chiac et que j’avais trouvé un moyen de faire résonner son histoire auprès des franco- phones. Auprès du public acadien, la réception a été très chaleureuse, autant dans les médias que chez les gens qui assistaient aux lectures publiques à Moncton et Fredericton autour de la Saint-Jérôme 2005. Peut- être s’agit-il de l’effet « cheveu sur la soupe » d’un projet qui se démarque si ostensiblement par l’usage qu’il fait de la langue. Peut-être les gens ont-ils su se reconnaître dans l’univers de la pièce. Quoi qu’il en soit, plusieurs spectateurs ont senti le besoin de me confier, presque en secret, que « c’est exactement culture qu’elles n’ont pourtant pas à juger, mais ont en comme ça qu’on parle chez nous ». D’autres, par revanche pour mandat d’exprimer. Elles ratent égale- contre, se sont demandé pourquoi je suis passée à ment l’occasion de montrer que le français acadien côté d’une occasion d’écrire « une belle histoire en peut servir à la traduction tout aussi bien qu’une autre français comme il faut ». C’est dire qu’on ne peut pas variété du français. J’ose espérer que La Batture mar- plaire à tout le monde, et surtout, qu’il est d’autant quera un point tournant dans cette histoire. plus pressant, selon moi, de produire d’autres traduc- 1 . L a s c è n e p ro f e s s i o n n e l l e e n A c a d i e c o m p t e l e s t ro i s tions qui sachent refléter un usage de la langue qui g ra n d e s c o m p a g n i e s s u i va n t e s : l e T h é â t re p o p u l a i re d ’ A c a d i e , l a c o o p é ra t i ve d e t h é â t re l ’ E s c a o u e t t e e t l e cause manifestement un malaise en Acadie. collectif Moncton-Sable. On pourra lire dans La Batture5 une tentative de 2 . S i M a i l l e t s ’ e s t a v é r é e ê t re u n e s p é c i a l i s t e d e S h a k e s - produire une représentation culturelle, identitaire, lin- p e a re a u R i d e a u Ve r t , a ve c s e s t ra d u c t i o n s d e R i c h a rd I I I e n 1 9 8 3 , d e L a N u i t d e s ro i s e n 1 9 9 3 , d e L a Te m p ê t e e n guistique, de l’Acadie contemporaine par le théâtre 1 9 9 7 e t d e H a m l e t e n 1 9 9 9 , s a t ra d u c t i o n d e Ru s s e l l e s t vivant. Mais avant tout, cette traduction en chiac est l a s e u l e à a vo i r t ra ve r s é l a f ro n t i è re d u Q u é b e c p o u r r é - s o n n e r a u p r è s d e s o n p u b l i c f é t i c h e , e n A c a d i e . A u c yc l e une contribution que j’offre aux compagnies d’Acadie s h a k e s p e a r i e n d e M a i l l e t s ’ a j o u t e n t l e s t i t re s s u i va n t s : qui oublient peut-être parfois qu’elles ont un mandat U n e l u n e d ’ e a u s a l é e d e D a v i d Fre n c h ( 1 9 8 5 , p o u r l e T h é â t re d e l ’ Î l e ) , Le s Fa n t a s t i q u e s d e To m J o n e s e t H a r - bien précis, celui de communiquer avec un public aca- ve y S c h m i d t ( 1 9 8 8 ) , L a Fo i re d e l a St - B a r t h é l é m y d e B e n dien qui risque de ne plus se reconnaître dans les re- J o n s o n , c o n t e m p o ra i n d e S h a k e s p e a re ( 1 9 9 4 ) , e t P y g - m a l i o n d e G e o rg e B e r n a rd S h a w ( 1 9 9 4 ) . présentations qui leur sont offertes si les traductions 3 . G a rg a r i n’s Wa y d u T h é â t re d e l a M a n u f a c t u re ( t ra d . Pa u l pour le théâtre continuent d’être réalisées presque ex- Le f e b v r e ) , U n i t y, m i l n e u f c e n t d i x - h u i t ( t r a d . P a u l clusivement par des artistes de l’extérieur des fron- Lefebvre) et La Cloche de verre de Sibyllines / Théâtre de Q u a t ’ S o u s ( t ra d . c o l l e c t i ve ) . tières de l’Acadie. Nous savons tous que le théâtre Circuit • Printemps 2006 4 . Vo i r p a r e xe m p l e l ’ e x c e l l e n t e S o c i o c r i t i q u e d e l a t ra d u c - parle des gens, fait parler les gens et parle aux gens. tion de Brisset parue en 1990 aux Éditions Balzac. En procédant comme elles le font, en privilégiant sur 5 . L a t ra d u c t i o n d e Ru n n i n g Fa r B a c k e s t u n e i n i t i a t i ve d u P l a y w r i g h t s A t l a n t i c Re s o u rc e C e n t re , re n d u e p o s s i b l e la scène les textes en français québécois, en français g r â c e à l ’ a p p u i d u p ro g ra m m e d e s u b ve n t i o n à l a t ra - de France, et parfois seulement en français acadien, d u c t i o n d u C o n s e i l d e s A r t s d u C a n a d a . Le s l e c t u re s p u - b l i q u e s d e L a B a t t u re o n t e u l i e u p e n d a n t l e S i d e by S i d e des compagnies comme l’Escaouette et le TPA tra- Fe s t i va l C ô t e à C ô t e , f e s t i va l d e t ra d u c t i o n l i t t é ra i re o r - hissent dans une certaine mesure l’expression d’une ganisé par les éditions ellipse inc. 10
La traduction judiciaire au Nouveau-Brunswick L ’adoption, en 1969, de la Loi sur les langues offi- cielles1 du Nouveau-Brunswick a été l’événement déclencheur de l’activité traductionnelle dans cette de la Cour d’appel. À cela s’ajoutaient certaines déci- sions de la Cour du Banc de la Reine et, à l’occasion, de la Cour provinciale. Par Gisèle McIntyre-Thériault province. Le gouvernement assura d’abord des ser- À cette époque, soit entre 1983 et 1987, la traduc- vices de traduction à l’Assemblée législative et, pro- tion des jugements était effectuée entièrement à l’in- gressivement, à ses divers ministères et organismes terne. Depuis, afin de pouvoir répondre de façon plus par l’entremise du Bureau de traduction. Il amorça, efficace à une demande sans cesse croissante, le CTTJ entre autres, un projet d’envergure de refonte et de a constitué un réseau de pigistes dont les services traduction des lois de la province qui aboutit aux Lois sont retenus pour la traduction des jugements. révisées du Nouveau-Brunswick de 1973. Plusieurs étapes se succèdent dans la production Il faudra attendre dix ans encore et la fondation, en langue d’arrivée des décisions judiciaires. Les en 1979, de l’École de droit, maintenant la Faculté de textes sont préparés, c’est-à-dire que des directives, droit de l’Université de Moncton, avant que ne de la documentation et des conseils généraux sont débute la traduction des décisions judiciaires au fournis au traducteur ou à la traductrice, d’une part, Nouveau-Brunswick. pour faciliter son travail, et d’autre part, pour favoriser une plus grande uniformité dans un secteur langagier en évolution constante. De leur côté, les traducteurs Les premiers pas et les traductrices doivent indiquer toutes leurs Le Centre de traduction et de terminologie juri- sources afin que le réviseur puisse facilement évaluer diques (CTTJ) a été créé afin d’aider la nouvelle École dans chaque cas la démarche traductionnelle. Après la de droit et son corps professoral, composé surtout de traduction, les textes sont révisés et, enfin, soumis à juristes qui avaient obtenu leur formation juridique en une lecture d’épreuves. Le traducteur, qu’il soit pigiste anglais, à remplir leur mission d’enseignement de la ou non, bénéficie d’une rétroaction. common law en français. Défi de taille, puisque, à Le CTTJ est très sensible au besoin de préparer la l’époque, aucun établissement au monde n’enseignait relève, non seulement pour veiller à la continuité de la common law en français. ses propres travaux, mais aussi pour contribuer au re- Le succès de la démarche de francisation de la nouvellement des effectifs canadiens en jurilinguis- common law passait par le développement d’un voca- tique. C’est pourquoi le secteur de la traduction des bulaire français correct et fiable de la common law et jugements offre, à certaines périodes de l’année, des par la création d’outils pédagogiques utiles et perti- contrats d’essai à des débutants en traduction juri- nents. C’est à cette fin que le CTTJ se lança dans son dique dans le but de retenir, au moins comme pigistes, ambitieux projet de recherche terminologique et, pa- ceux et celles qui possèdent le plus de potentiel, et à rallèlement, dans la traduction de décisions judi- ces personnes, il fournit le suivi et la rétroaction né- ciaires. Les premiers jugements ont été traduits pour cessaires pour qu’elles obtiennent un encadrement être inclus dans les polycopiés des membres du corps solide en traduction juridique. professoral. Une traduction interactive Le vent dans les voiles En 2002, année de l’adoption de la nouvelle Loi Le CTTJ ne tarda pas à publier des ouvrages termi- sur les langues officielles2 du Nouveau-Brunswick, la nologiques et il réussit ainsi à se tailler une place en- Cour d’appel a commencé à rendre ses décisions dans viable dans le monde juridique. Il fut appelé à les deux langues officielles. En conséquence, des rap- participer à de nombreux projets de traduction et de ports professionnels plus étroits se sont établis entre recherche, non seulement au Nouveau-Brunswick, le CTTJ et la Cour d’appel. Cette nouvelle dynamique mais dans d’autres provinces, voire d’autres pays. Les de travail axée sur les échanges interactifs entre juges Circuit • Printemps 2006 demandes de services se multipliaient ; le gouverne- et traducteurs complique, il est vrai, le processus de ment du Nouveau-Brunswick, notamment, fit appel au traduction des décisions judiciaires, mais elle s’insère CTTJ pour la traduction d’une sélection d’arrêts de la peut-être davantage dans les objectifs d’égalité Cour d’appel. C’était en 1980. linguistique. Au bout de quelques années, le CTTJ traduisait non 1. L.N.-B. 1969, ch. 14. seulement une sélection, mais l’ensemble des arrêts 2. L.N.-B. 2002, ch. O-0.5. G i s è l e M c I n t y re - T h é r i a u l t e s t d i re c t r i c e a d j o i n t e d u C e n t re d e t ra d u c t i o n e t d e t e r m i n o l o g i e j u r i d i q u e s à l a Fa c u l t é d e d ro i t d e l ’ U n i ve r s i t é d e 11 Moncton.
DOSSIER CAP SUR L’ AT L A N T I Q U E Au Nouveau-Brunswick, le violon se joue sans partitions ! Le défi que relèvent L a prestation d’une violoniste au sein d’un or- chestre est le résultat d’innombrables heures de pratique. Lorsque le chef d’orchestre fait son entrée conférence de presse du ministre des Relations in- tergouvernementales et internationales au sujet d’une délégation néo-brunswickoise en mission com- sur scène, les musiciens savent exactement ce qu’ex- merciale en Nouvelle-Angleterre et, pour couronner quotidiennement primera leur dirigeant avant même qu’il fasse le tout, une séance à l’Assemblée législative du les interprètes quelques tapements sur le pupitre afin d’attirer l’at- Nouveau-Brunswick. tention. Chaque note et chaque passage ont été étu- au Nouveau- diés à fond. Toutefois, il faut tout de même prêter Brunswick attention aux directives du chef, car malgré les limites qu’impose chaque note d’une partition, le produit fini est palpitant. est empreint du caractère du chef d’orchestre. Toute une tâche ! Pourtant, il Le travail d’un interprète se compare à celui d’une semble difficile violoniste : transmission d’un message dans une autre forme de communication, expression la plus fidèle d’attirer de possible de la teneur émotive du message véhiculé, l’heure actuelle, parmi nouvelles recrues. sollicitation de toutes les facultés intellectuelles et uti- lisation de toute l’énergie en banque ! Une tâche les interprètes qu’on trouve au Nouveau-Brunswick, un seul énorme également ! Par Nicolas Andreiu, Les comparaisons s’arrêtent là. On pourrait conti- a moins de 40 ans et la plupart int. a., trad. a., CTINB nuer à dresser des parallèles entre ces deux formes ont plus de 55 ans. d’art si la violoniste se pointait sur scène sans parti- tions et sans savoir précisément ce qu’exprimera de sa baguette le chef d’orchestre. La seule chose dont elle est certaine est qu’elle jouera de la musique clas- sique à l’intention d’un auditoire bien précis. Munie de son instrument à cordes et de son expérience, comme l’est l’interprète, elle attend patiemment de trans- mettre dans le langage musical une panoplie de notes Le défi est de taille, mais des plus palpitants, d’au- inventées de toutes pièces, sur-le-champ, à la lumière tant plus que chaque prestation de 30 minutes au des idées qu’exprime la personne debout devant le micro est ininterrompue. Durant son tour, l’interprète pupitre. traduit tout, que ce soit dans l’une ou l’autre des langues officielles. En effet, interpréter dans les deux sens (anglais-français, français-anglais) rend la tâche Femmes et hommes-orchestres doublement intéressante et procure un sentiment de Quel lien peut-on établir entre cette mise en scène satisfaction bien particulier. et l’interprétation au Nouveau-Brunswick, direz-vous ? Dans ce paradis du homard et des plages chaudes, l’orchestre linguistique est composé d’une quinzaine Contrer la pénurie d’interprètes d’interprètes et le résultat de leur travail relève de la Il y a un autre grand défi à relever au Nouveau- symphonie. Brunswick, soit la pénurie d’interprètes dans les Les interprètes du Nouveau-Brunswick sont des secteurs public et privé. Ce problème d’ordre national femmes et des hommes-orchestres et il n’est pas diffi- est particulièrement marquant dans les Maritimes. cile d’en faire la preuve. Ces artistes de la langue par- À l’heure actuelle, parmi les interprètes qu’on trouve Circuit • Printemps 2006 courent la province et leur contexte de travail n’est au Nouveau-Brunswick, un seul a moins de 40 ans et jamais le même. Voici une période de travail de cinq la plupart ont plus de 55 ans. Par-dessus le marché, jours typique : atelier de formation à l’intention de tra- étant donné que nous sommes si peu nombreux dans vailleurs sociaux, rencontre entre des fonctionnaires la province, il va sans dire qu’au moment où l’un du ministère de l’Agriculture, des Pêches et de d’entre nous quitte la profession, le réseau d’inter- l’Aquaculture et des conchyliculteurs de la province, prètes en ressent les soubresauts. 12 N i c o l a s A n d re i u e s t i n t e r p r è t e d e c o n f é re n c e e t i n t e r p r è t e j u d i c i a i re a u B u re a u d e t ra d u c t i o n d u g o u ve r n e m e n t d u N o u ve a u - B r u n s w i c k .
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