CAP SUR L'ATLANTIQUE LE TRADUCTEUR AVERTI - BANQ

 
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CAP SUR L'ATLANTIQUE LE TRADUCTEUR AVERTI - BANQ
LE MAGAZINE D’INFORMATION DES LANGAGIERS                                                                              Numéro 91 • printemps 2006

                                                                                                                                    www.ottiaq.org

                                                            C A P S U R L’AT L A N T I Q U E   L E T R A D U C T E U R AV E RT I
Envoi de publication canadienne convention numéro 1537393
CAP SUR L'ATLANTIQUE LE TRADUCTEUR AVERTI - BANQ
2021, avenue Union, bureau 1108
        Publié quatre fois l’an par l’Ordre des traducteurs,
                                                                           Montréal (Québec) H3A 2S9
         terminologues et interprètes agréés du Québec
                                                                           Tél. : (514) 845-4411, Téléc. : (514) 845-9903
                                                                           Courriel : circuit@ottiaq.org
                                                                           Site Web : http://www.ottiaq.org                                   Nous aimons
Vice-présidente, Communications — OTTIAQ                       Direction artistique, éditique, prépresse et impression
                                                                                                                                                vous lire.
Valérie Palacio-Quintin
Direction
                                                               Mardigrafe
                                                               Publicité
                                                                                                                                              Écrivez-nous
Michel Buttiens
Rédactrice en chef
                                                               Carole Poisson, OTTIAQ
                                                               Tél. : (514) 845-4411, poste 25                                                 pour nous
                                                               Téléc. : (514) 845-9903
Gloria Kearns
Rédaction
                                                               Avis aux auteurs : Veuillez envoyer votre article à l’atten-                     faire part
                                                               tion de Circuit, sous format RTF, sur disquette ou par cour-
Yolande Amzallag (Classe affaires), Brigitte Charest
(Des revues, secrétaire du comité), Pierre Cloutier
                                                               rier électronique.                                                         de vos commentaires.
(Pages d’histoire), Marie-Pierre Hétu (Des techniques),        Toute reproduction est interdite sans l’autorisation de l’éditeur et de
                                                               l’auteur. La rédaction est responsable du choix des textes publiés, mais
Didier Lafond (Curiosités), Solange Lapierre (Des livres),
                                                               les opinions exprimées n’engagent que les auteurs. L’éditeur n’assume
Éric Poirier, Eve Renaud (Sur le vif), AnneMarie Taravella     aucune responsabilité en ce qui concerne les annonces paraissant dans
(Des campus)                                                   Circuit.
Dossier                                                        © OTTIAQ
Yolande Amzallag et Solange Lapierre                           Dépôt légal - 2e trimestre 2006
                                                               Bibliothèque nationale du Québec
Ont collaboré à ce numéro
Nicolas Andreiu, Cyril Aslanov, Martine Cantin,
                                                               Bibliothèque nationale du Canada
                                                               ISSN 0821-1876
                                                                                                                                          2021, avenue Union, bureau 1108
Denise Charbonneau, Jo-Ann Elder, Françoise Enguehard,
                                                               Tarif d’abonnement
                                                                                                                                             Montréal (Québec) H3A 2S9
Sylvain Filion, Margaret Jackson, Matthieu LeBlanc,
Sonya Malaborza, Rachel Martinez, Karin Montin,                Membres de l’OTTIAQ : abonnement gratuit                                         Tél. : (514) 845-4411
Gisèle McIntyre-Thériault, Yvonne McLaughlin,                  Non-membres : 1 an, 40,26 $ ; 2 ans, 74,77 $. Étudiant ins-
Alain Otis, Jost Zetzche                                       crits à l’OTTIAQ : 28,76 $. À l’extérieur du Canada : 46 $.
                                                                                                                                               Téléc. : (514) 845-9903
                                                               Toutes les taxes sont comprises. Chèque ou mandat-poste                       Courriel : circuit@ottiaq.org
                                                               à l’ordre de « Circuit OTTIAQ » (voir adresse ci-dessus).
                                                                                                                                          Site Web : http://www.ottiaq.org
                                                                             Deux fois lauréat du Prix de la meilleure
                                                                             publication nationale en traduction de la
                                                                             Fédération internationale des traducteurs.
POUR       COMMENCER

                                                                                                 N   O
                                                                                                         91         PRINTEMPS               2006

Une pièce de plus à notre                                                                                Dossier
                                                                                                         Un regard sur le monde de la
                                                                                                                                                4

mosaïque canadienne                                                                                      traduction dans les provinces
                                                                                                         de l’Atlantique.

                Michel Buttiens, trad. a.
                                                                                                         Sur le vif                             20
                                                                                                         Les Prix du Gouverneur général
                                                                                                         vécus de l’intérieur ; un
                                                                                                         événement rare : le congrès
                                                                                                         conjoint ATTLC-ALTA ; Notes
                                                                                                         et contrenotes ; Échappées

                N     ous voici parvenus à la quatrième étape de notre tournée des ré-
                      gions du pays. Cette fois, nous faisons halte dans les provinces at-
                lantiques, où nous attendent traducteurs techniques et littéraires,
                                                                                                         sur le futur.

interprètes, professeurs d’université et présidentes d’associations professionnelles. Ce
                                                                                                         Des revues                             23
n’est pas un hasard si une bonne partie des articles que nous publions porte sur le Nou-                 Une nouvelle publication
veau-Brunswick. Des quatre provinces de la région, c’est certes celle où nos professions                 australienne ; la localisation
                                                                                                         des menus des compagnies
sont les mieux représentées et les plus actives. Mais la francophonie est bien vivante à                 aériennes ; l’écriture chinoise ;
                                                                                                         l’ASSTI fête ses 40 ans ; le travail
Terre-Neuve-et-Labrador et le secteur de la traduction, en pleine effervescence en Nou-                  autonome.
velle-Écosse, affirment nos collaborateurs.
   Côté littéraire, on peut relever que, si les grands auteurs des provinces atlantiques,
Antonine Maillet, Lucy Maud Montgomery et Ann-Marie McDonald en tête, ont surtout été                    Des livres                             25
traduits en dehors de ces provinces, d’autres, de renommée plus locale, l’ont principale-                Un ouvrage publié par un de
                                                                                                         nos collègues : Le traducteur
ment été par des résidants de la région. Fait intéressant en tout cas, la traduction en fran-
                                                                                                         averti — Pour des traductions
çais ou en anglais des œuvres des Maritimes a essentiellement été réalisée au pays.                      idiomatiques. Les Nouveautés.

   En ce qui a trait à la traduction en général, le Nouveau-Brunswick, seule province cana-
dienne officiellement bilingue, donne le ton à la croissance de ce secteur d’activité dans la
région.                                                                                                  Pages d’histoire                       28
   Piloté par Yolande Amzallag, trad. a., et Solange Lapierre, ce dossier vient donc ajouter             Léa Goldberg : poétesse,
                                                                                                         traductrice et universitaire.
une pièce importante à notre reconstitution de la mosaïque de la traduction au Canada.
   Vous retrouverez par ailleurs dans ce numéro nos chroniques habituelles, les unes,
comme Des livres, Des revues et Des techniques, orientées sur les besoins pratiques des
                                                                                                         Des techniques                         29
langagiers, les autres destinées à entraîner les plus curieux de nos lecteurs en dehors des              Que faire lorsqu’on nous envoie
chemins battus ou à les renseigner sur ce qui se passe en marge de leurs préoccupations                  un texte en PDF pour traduction ?

quotidiennes.
   Des changements au sein du comité de rédaction : Brigitte Charest a pris la relève de
Françoise Tardy au poste de secrétaire. Et tout récemment, François Lavallée nous a an-                  Curiosités                             30
                                                                                                         Des cours de conversation
noncé qu’il ne pourrait maintenir sa collaboration à la chronique Des mots en raison de ses              en sanskrit.
très nombreux engagements professionnels et paraprofessionnels. Toute notre apprécia-
tion à Françoise et François pour leur apport respectif et merci à Brigitte d’élargir ainsi sa
participation au sein du comité.                                                                         Des campus                             31
   Enfin, bien sûr, bonne lecture à tous et à toutes.                                                    Les premiers Jeux
                                                                                                         de la traduction.
DOSSIER                 CAP   SUR    L’ AT L A N T I Q U E

                                                                      De l’Atlantique au
                                                                      Pacifique à l’Arctique
                                                                                                                A
                                                                                                                           vec notre quatrième numéro de la série « Canada », nous
                                                                                                                           avons gagné, a mari usque ad mare, le bord de
                                                                                                                           l’Atlantique. On parle souvent de cette région, presque
                                                                                                                indifféremment, comme des provinces maritimes ou atlantiques,
                                                                                                                mais l’une des auteures éclaire notre lanterne et précise le sens des
                                                                                                                deux termes grâce à quelques notions d’histoire… de France et de
                                                                                                                morues. Une histoire qui justifie notamment le choix de cette région
                                                                                                                pour la tenue du huitième Sommet de la Francophonie (Moncton,
                                                                                                                1999). Comme pour les numéros précédents, il s’agissait donc de
                                                                                                                voir comment vit la traduction en Nouvelle-Écosse, à Terre-Neuve-et-
                                                                                                                Labrador, à l’Île-du-Prince-Édouard et au Nouveau-Brunswick.
                                                                                                                   Dans cette tournée, nous avons rencontré un certain nombre de
                                                                                                                traducteurs et de professeurs surtout. L’Université de Moncton,
                                                                                                                avec ses trois campus, est en effet la seule à offrir un programme de
                                                                                                                formation en traduction et les portraits qu’en dressent deux profes-
                                                                                                                seurs reflètent tous les efforts que l’on consacre à former une
                                                                                                                relève, un besoin qui se fait ressentir à l’échelle du Canada mais
                                                                                                                qui, dans le cas des Maritimes, se complique par le peu d’attrait de
                                                                                                                la région aux yeux des nouveaux diplômés. On connaît bien l’ori-
                                                                                                                ginalité de cette université, qui accueille d’éminents professeurs
                                                                                                                de l’étranger (notamment la linguiste Henriette Walter dans les
                                                                 années 1990) et qui, en plus, héberge dans ses murs deux centres de recherche d’envergure internationale :
                               Yolande Amzallag trad. a.
                                                                 d’une part, le Centre de traduction et de terminologie juridiques, qui a conçu la banque de données Juriterm, et,
                                  et Solange Lapierre
                                                                 d’autre part, le Centre international de la common law en français.
                                                                    La région est en outre un terrain fertile pour la traduction littéraire, comme en témoignent à la fois la revue
                                                                 ellipse, qui a déménagé là ses pénates, et le festival Côte-à-Côte / Side by Side, un très riche et unique événe-
                                                                 ment de traduction littéraire qui a lieu chaque automne soit à Moncton, soit à Fredericton, et qui crée des ponts
                                                                 avec les langues autochtones. Ce survol nous rappelle aussi la vitalité de la littérature et de la langue aca-
                                                                 diennes. La région compte deux associations professionnelles, celle de la Nouvelle-Écosse et celle du Nouveau-
                                                                 Brunswick (auxquelles se joignent les traducteurs de l’Île-du-Price-Édouard et de Terre-Neuve-et-Labrador) ;
                                                                 leurs dirigeantes nous brossent un tableau de leurs activités.
                                                                    Nous tenons à remercier tous les collaborateurs à ce dossier, et plus particulièrement Jo-Anne Elder, qui a
                                                                 généreusement partagé avec nous sa vaste connaissance des milieux langagiers des provinces atlantiques.
Circuit • Printemps 2006

                                                                 Rappelons que Jo-Anne Elder, auteure et traductrice littéraire de renom, dirige la revue canadienne de traduc-
                                                                 tion littéraire ellipse. Elle a créé le Festival Côte à Côte / Side by Side, le seul festival de traduction littéraire au
                                                                 Canada, qu’elle organise tous les ans.
                                                                    Bonne lecture et bon vent atlantique !

                           4
La francophonie
              à Terre-Neuve-et-Labrador :
              une histoire atlantique

L    e saviez-vous ? La francophonie de l’est du pays
     n’est pas seulement maritime, elle est atlantique.
L’expression « les Maritimes » englobe le Nouveau-
                                                                                                                       avenir qui ne sera guère meilleur. On pourrait croire
                                                                                                                       que les Français sont définitivement chassés de Terre-
                                                                                                                       Neuve. Pas du tout. La France abandonne le territoire
Brunswick, l’Île-du-Prince-Édouard et la Nouvelle-                                                                     mais conserve ses droits saisonniers de pêche sur une
Écosse. Ajoutez-y Terre-Neuve-et-Labrador et vous                                                                      vaste partie des côtes de l’île de Terre-Neuve — un
obtenez alors les provinces atlantiques, ou encore,                                                                    atout économique de taille puisque la pêche à la
« l’Atlantique » tout court. C’est une distinction im-                                                                 morue représente à une certaine période près de la
portante, tout particulièrement dans le cadre de la                                                                    moitié du produit intérieur brut de la France. Tous les
francophonie canadienne.                                                                                               printemps, les pêcheurs français arrivent par milliers,
    Quand on pense à l’histoire française et à la fran-                                                                s’installent dans des baies, des anses et des commu-                                                                  Par Françoise Enguehard
cophonie canadienne contemporaine, on pense rare-                                                                      nautés qu’ils ont eux-mêmes baptisées : Fleur-de-Lys,
ment à Terre-Neuve-et-Labrador. Pourtant, c’est bien                                                                   La Scie, Sainte-Barbe ou Saint-Lunaire, dans les îles
là que tout a commencé, il y a plus de 500 ans, avec                                                                   de Groix ou Belle-Île. Certains pêcheurs décident de se
l’arrivée des premiers pêcheurs de morue venus de                                                                      fixer à Terre-Neuve à la recherche d’une vie meilleure.
Bretagne, de Normandie ou encore du Pays basque.                                                                       Ils se fondront dans la masse de colons anglais ou,
Le tout premier, un dénommé Bergeron, du petit port                                                                    dans certains cas, fonderont les villages francophones
normand de Honfleur, y arrive en 1504. C’est le début                                                                  de Cap Saint-Georges, La Grand’Terre ou l’Anse à
de la grande aventure de la pêche à la morue qui                                                                       Canards.
durera jusqu’à l’effondrement des stocks de poissons
dans les années 1990. Les voyages de Jacques Cartier,
la fondation de l’Acadie en 1604 et de la ville de
Québec par Champlain en 1608 suivent directement
dans le sillage de ces premiers pêcheurs français
venus faire fortune sur les Grands Bancs et le long des
côtes de la Terre-Neuve.
    En fait, l’histoire française de Terre-Neuve-et-
Labrador aurait bien pu s’arrêter là. Après tout, les na-
vires français et leurs équipages arrivaient au
printemps et rentraient en France à l’automne avec
leur cargaison de poisson salé et le climat de la région
n’invitait pas à la flânerie. C’est Louis XIV qui en décide
autrement en installant, vers 1662, une capitale fran-
çaise sur l’île de Terre-Neuve. Il choisit une petite com-
munauté de pêche de la péninsule d’Avalon, que ses
premiers occupants basques avaient nommé Placentia
(du nom d’un village au Pays basque espagnol). Il y
fait construire un fort, y installe une garnison, un gou-
verneur, invite les Frères Récollets à y établir un mo-
nastère et une école et baptise sa capitale Plaisance.                                                                      En 1763, les Acadiens déportés de Grand-Pré, de
L’entrée du golfe du Saint-Laurent et l’accès à la                                                                     Louisbourg ou de l’île Saint-Jean arrivent à leur tour sur
Nouvelle-France sont maintenant sous la haute sur-                                                                     la côte ouest de Terre-Neuve. Ils s’y trouvent en sécu-
veillance du Roi Soleil. Les impératifs géopolitiques                                                                  rité, bien loin des Anglais. Ils s’installent non loin des
                                                                                                                                                                                                                                                                           Circuit • Printemps 2006

prennent le pas sur la pêche.                                                                                          Mi’kmaqs dans la baie Saint-Georges et ne tardent pas
    Malheureusement pour la descendance franco-                                                                        à rencontrer certains pêcheurs français installés sur
phone, les guerres entre l’Angleterre et la France ont                                                                 l’île. Au fil des années, les Cormier et Chiasson d’Aca-
raison des considérations stratégiques du roi Soleil. En                                                               die épousent les Letaconnoux, Bozec, Lecointre et Olli-
1713, le traité d’Utrecht donne Terre-Neuve à l’Angleterre,                                                            vier de Bretagne. La francophonie terre-neuvienne
les Plaisantins s’embarquent pour Louisbourg et un                                                                     vient de trouver ses racines.

Fra n ç o i s e E n g u e h a r d e s t n a t i ve d e S a i n t - P i e r re e t M i q u e l o n . J o u r n a l i s t e e t é c r i va i n , e l l e h a b i t e d a n s l a p rov i n c e d e Te r re - N e u ve - e t - L a b ra d o r
                                                                                                                                                                                                                                                                       5
d e p u i s p l u s d e 3 0 a n s e t l u t t e , a ve c t o u t e s a f a m i l l e , p o u r l ’ é p a n o u i s s e m e n t d e l a c o m m u n a u t é f ra n c o p h o n e .
DOSSIER   CAP   SUR    L’ AT L A N T I Q U E

                                               Maintenir sa place
                                                   Bien sûr, la francophonie de Terre-Neuve-et-
                                               Labrador ne se résume pas à ces origines bretonnes,
                                               normandes et acadiennes. Une population récente et
                                               beaucoup plus cosmopolite la compose : au Labrador,
                                               ce sont les Québécois, Belges, Suisses et Français qui
                                               ont les premiers travaillé dans les mines de fer et aidé
                                               à construire Wabush et Labrador City. Dans la capitale,
                                               Saint-John’s, ce sont les fonctionnaires fédéraux, pro-
                                               fesseurs universitaires et autres venus des quatre
                                               coins de la francophonie mondiale pour répondre aux
                                               exigences d’un Canada devenu bilingue qui forment la
                                               base de la communauté francophone.
                                                   La bataille pour le respect des droits linguistiques
                                               occupe la francophonie terre-neuvienne et labrado-
                                               rienne durant les 30 dernières années du XXe siècle. De
                                               la mise sur pied de leurs organismes communautaires
                                               au droit à l’école française, les francophones luttent
                                               contre vents et marées avec une détermination digne
                                               de leurs ancêtres. Ils se dotent d’un drapeau, d’un
                                               journal, d’un organisme jeunesse, d’une fédération de
                                               parents et jouent un rôle politique important pour le
                                               maintien de leurs droits. Cinq cents ans après l’arrivée
                                               de Bergeron, ils ont maintenant leur place dans la
                                               société terre-neuvienne et labradorienne. Ils ne repré-    la Société Nationale de l’Acadie. À la lueur de ce passé
                                               sentent peut-être qu’un demi pour cent de la popula-       d’une richesse insoupçonnée, ne parlons donc plus de
                                               tion, mais leur histoire et leur patrimoine occupent       l’Acadie des Maritimes, mais de la Grande Acadie,
                                               une place capitale dans la culture de la province.         celle qui fait une place à Terre-Neuve-et-Labrador et
                                                   La francophonie terre-neuvienne et labradorienne       oublions donc « les Maritimes » puisque, aujourd’hui
                                               a aussi fièrement pris sa place dans les institutions      les quatre provinces les plus à l’est du pays réunies
                                               francophones nationales et acadiennes, entre autres        forment « l’Atlantique ».

                                                             Language Distribution in the Atlantic Provinces
                                                             Diversity, in the Atlantic Provinces, is a relative term. Within the population of New
                                                             Brunswick, nearly 65% have English as a mother tongue; almost 35% French and
                                                             only about 1.5% have a language other than English or French, including less than
                                                             1% who speak Mik’maq or Wolastoq as their first language. There are, however,
                                                             programs to enhance the use of First Nations’ languages and official recognition of
                                                             the status of these languages in the province. Most inhabitants have roots in the
                                                             U.K. or Europe, and 99%, including the First Nations population of just over 1%,
                                                             were born in Canada.
                                                             Although the majority has the dominant language of the continent as a mother
                                                             tongue, the regional disparity in Atlantic Canadians’ access to resources results in
                                                             the status of a cultural minority. The French language, while officially recognized
                                                             and supported, faces daily threats of assimilation and erosion. Protected by certain
                                                             governmental and educational structures, the languages of the First Peoples are
                                                             spoken by very small numbers of people. And, despite interesting phenomena—
Circuit • Printemps 2006

                                                             New Denmark, NB, is home to the largest Danish community in North America—
                                                             other languages are used by individuals separated from each other across New
                                                             Brunswick’s predominantly rural landscape.

                                                                                                                                            J.-A. E.

                           6
Translation as Creation
I   n 2001, when we moved ellipse from Sherbrooke,
    where it had been produced since its creation in
1969, we wanted to give it a firm grounding in New
                                                                                                                              Literary Translation
                                                                                                                              in New Brunswick
Brunswick. We founded an organization with the man-                                                                               Literary translation is an art of difference and an
                                                                                                                                                                                            The title of this
date of promoting literary arts in a diversity of lan-                                                                        art of understanding, an intercultural as well as an          article, which was
guages, and in particular “creative translation.” We                                                                          interlinguistic practice. It is viewed as an art form by
also gave the organization a social mission: to create                                                                        other artists in the province, particularly in Acadie,        the theme of the
intercultural awareness. The members of the Board of
Directors are well known in the province, both as
                                                                                                                              and also by governmental and funding agencies. The
                                                                                                                              fact that language is central to conceptions of culture
                                                                                                                                                                                            third edition of
artists and as cultural community workers. Members                                                                            in New Brunswick helps us build a “culture of literary        the Side by Side
of the academic community are involved in the organi-                                                                         translation.” For instance, the second paragraph of the
zation, but it has no university affiliation. Instead, it                                                                     vision statement in New Brunswick’s Cultural Policy
                                                                                                                                                                                            Festival, hints at
is run as a not-for-profit organization with a strong                                                                         states that the province “is blessed with the presence of     the way ellipse
interest in community building.                                                                                               its two official languages, which gives it a privileged
     Of particular interest to us is reinforcing links                                                                        position within Canada. Furthermore, the province is          magazine, the Side
among the Acadian and francophone, First Nations
and Anglo-Maritime communities. Artists and audi-
                                                                                                                              enriched by the achievements of the various First
                                                                                                                              Nations communities, the French, the Acadians, the
                                                                                                                                                                                            by Side Festival /
ences get to know each other through the work of the                                                                          English, the Scots, the Irish, and the many other cultural    Festival Côte à
creative translator, who takes his or her place Side by                                                                       groups that have chosen New Brunswick as their home.”
Side with the artist—the author of the source-text—on                                                                             Government departments and related agencies
                                                                                                                                                                                            Côte, and,
facing pages in the magazine or on the podium. The                                                                            often perform their activities in French, English and         increasingly,
Side by Side Festival / Festival Côte à Côte takes place                                                                      often in Mik’maq and Wolastoq. At arts events of all
every year, starting on St. Jerome’s Feast Day and con-                                                                       sorts, during ceremonies, at openings of heritage             other artists and
tinuing into October. We started the
festival officially in 2003, but unofficial-
                                                                                                                                               buildings, in newsletters from the
                                                                                                                                               provincial gallery, on captions in
                                                                                                                                                                                            organizations in
ly in the early ’90s, when we held bilin-                                                                                                      musea, and at many other public or           Atlantic Canada,
gual and multilingual readings at St.                                                                                                          alternative sites, the same is often
Thomas University and in libraries,                                                                                                            true. Many events include an opening
                                                                                                                                                                                            view literary
alternative galleries and community                                                                                                            by a First Nations Elder, then words in      translation.
sites. We now organize roundtables,                                                                                                            both English and French. Visitors to Old
workshops, readings and gatherings                                                                                                             Government House—where an impor-
throughout Fredericton and Moncton                                                                                                             tant multidisciplinary artist, the Hon.
for three or four days in the fall, and                                                                                                        Herménégilde Chiasson, currently
have added activities in the spring and                                                                                                        resides—will find historical descrip-
programs for young audiences (writ-                                                                                                            tions in four languages. Art crosses lin-
ers’ workshops for young teens, book                                                                                                           guistic borders, often by depicting
clubs for elementary Immersion stu-                                                                                                            them.
dents). All of these activities have the                                                                                                           Literary translation is recognized as
same purpose: giving readers and                                                                                                               one of the practices in the discipline of
audiences from one linguistic commu-                                                                                                           “Literary Arts” (the only one which has          By Jo-Anne Elder
nity the opportunity to become famil-                                                                                                          parallel French-language and English-
iar with some of the work and, more importantly, some                                                                         language programs) by the provincial arts funding
of the people, from other groups. Much of our plan-                                                                           council, artsNB. As a result, a literary translator can
ning is done in collaboration with other associations,                                                                        apply for a Creation grant. In addition, the applications
for instance, the Northrop Frye International Literary                                                                        are translated into both official languages, and trans-
Festival, which features approximately 20 French-                                                                             lation to and from First Nations languages is also
language and 20 English-language writers every year,                                                                          provided when necessary.
with the particularly attractive quality of placing writ-                                                                         Unfortunately, in an arts community that is small
ers from the two language groups in the same session.                                                                         and underfunded, literary translation still finds itself in
                                                                                                                                                                                                                       Circuit • Printemps 2006

In 2005, we also organized a roundtable on the theme                                                                          a very precarious position. Small organizations cannot
of “Collaboration” with the Corporation of Translators,                                                                       afford to translate their catalogues and newsletters, a
Terminologists and Interpreters of New Brunswick.                                                                             discouragingly low percentage of anglophones are
One of the basic principles of our planning is to find                                                                        bilingual, books are difficult to market, and all types of
ways to highlight and honour differences in a common                                                                          regional disparities get in the way of producing literary
space.                                                                                                                        translations.

J o - A n n e E l d e r i s Vi c e - Pre s i d e n t ( A t l a n t i c ) o f t h e L i t e ra r y Tra n s l a t o r s ’ A s s o c i a t i o n o f C a n a d a .
                                                                                                                                                                                                                   7
DOSSIER   CAP   SUR    L’ AT L A N T I Q U E

                                               Literary Translation and Identity                                  However, questions of identity are also the motor
                                                   The situation of literary translation in the Atlantic      of creativity, especially when individual experiences
                                               region, and in particular in New Brunswick, is an inter-       and the human condition intersect with cultural,
                                               esting one. It does not correspond in all respects to          regional and linguistic belonging. In New Brunswick,
                                               the models of other regions. Since activity in literary        there is a grass-roots quality to literary translation; it is
                                               translation is always grounded in the broader cultural         a little like people’s poetry, like the work of other
                                               and political context in which it takes place, there is, in    artists—particularly Acadians who have created a
                                               New Brunswick, a tension which stems less from the             dynamic artistic milieu out of absence, out of the lack
                                               reality of diversity experienced in larger urban centres,      of recognition of the reality of the French-speaking
                                               and more from the contact and shared history that              population of the province, out of necessity. There is a
                                               informs relations between anglophones, francopho-              sense that we all need each other, we need to share
                                               nes, First Peoples and allophones, less from not know-         the local and regional space, the sea and the land. As
                                               ing each other and more from believing we have                 artists who work between, among, within several
                                               always known each other. As well, language is one of           groups of people, literary translators are in a unique
                                               the layers of an identity that is built on experience as a     position to bring people together in a common attempt
                                               minority, or of many minorities.                               to navigate the shifting boundaries of difference.

                                                      The Translators and the Translated
                                                      The Atlantic Provinces are home to fewer than a         least three books on art, not to mention a long list
                                                      dozen members of the Literary Translators’ Associ-      of articles and lectures on art and culture.
                                                      ation of Canada. Nonetheless, several publishers        Several novels by France Daigle have been trans-
                                                      and translators are interested in translations of       lated: by Sally Ross, a Nova Scotia-based transla-
                                                      New Brunswick literature. Several collections of        tor, and by Robert Majzels.
                                                      Acadian poetry have been translated. Works of
                                                      Acadian theatre, fiction and non-fiction (both          Other titles translated from the French include:
                                                      scholarly and popular) are also well-represented        Acadian Poetry Now, a bilingual collection edited
                                                      in translation.                                         by Henri-Dominique Paratte; two novels by Jacques
                                                                                                              Savoie, translated by celebrated literary translator
                                                      Fred Cogswell was a pioneer in the publishing field.    Sheila Fischman; Tales from Dog Island, St. Pierre &
                                                      Dr. Cogswell was one of the first translators of        Miquelon by Françoise Enguehard, Gérald Leblanc’s
                                                      poetry from Québec and Acadie in New Brunswick.         Moncton Mantra by Jo-Anne Elder. In addition,
                                                      He edited anthologies of poetry in translation such     Gérald Leblanc translated Yolande Villemaire’s
                                                      as One Hundred Poems of Modern Québec. Goose            Amazon Angel into English.1
                                                      Lane Editions has published a number of transla-
                                                      tions of Acadian literature, including three collec-    On the other hand, there are very few translations
                                                      tions by Fred Cogswell and myself — an anthology,       into French of poetry by English-speaking writers
                                                      Unfinished Dreams: Contemporary Poetry of Acadie        in Atlantic Canada. Except for some of the iconic
                                                      (1990), and two collections by Herménégilde Chias-      Anne of Green Gables series, French-language
                                                      son (Climates, 1999 and Conversations, 2001).           translations of fiction were also rare until the
                                                                                                              1990s. The Anne books have been re-translated or
                                                      Broken Jaw Press has published translations of          translated since, by Paule Daveluy, Hélène Rioux
                                                      poetry by New Brunswick writers, including collec-      and Henri-Dominique Paratte.
                                                      tions by Argentine-born Nela Rio translated by
                                                      Montréal poet Hugh Hazelton and others, and Let         Since the 1990s, Lori Saint-Martin and Paul Gagné
                                                      Rest (a collection by Serge Patrice Thibodeau,          have translated several of Atlantic Canada’s well-
                                                      translated by Jonathan Kaplansky, who was born          known writers : Le pas de l’ourse (the Governor
                                                      in Saint John).                                         General award-winning author, Douglas Glover,
                                                                                                              lived in New Brunswick for a time), La fille blanche
                                                      Bouton d’Or d’Acadie, a publishing house founded        (Joan Clark) and Un parfum de cèdre (Ann-Marie
                                                      by Marguerite Maillet, has published a series of        McDonald), which was awarded a Governor Gener-
                                                      beautiful children’s books in French, English and       al’s Literary Award for translation. Of note is La
                                                      Mik’maq.                                                malédiction Henderson (tr. Ivan Steenhout); a
                                                      Few readers will be surprised to learn that most of     long-awaited translation of the work of David
                                                      the works of Antonine Maillet have been translated.     Adams Richards (Mercy Among the Children).
                                                      She has a dozen translations by at least seven          First Nations’ languages are taught in schools, uni-
                                                      translators, which include several well-known titles:   versity programs, and in the community; many of
                                                      Pélagie: The Return to a Homeland (tr. Philip Strat-    the people involved in preserving the languages of
                                                      ford, Doubleday 1984, re. Stoddart, 1994, re. Goose     the Mik’maq and Wolastoqiyik nations have also
                                                      Lane Editions, 2004), La Sagouine (tr. Luis de Ces-     written, translated or performed Aboriginal litera-
                                                      pedes, Simon & Pierre, 1979), and The Tale of Don       ture in their mother tongue, including Maggie
                                                      L’Original (tr. Barbara Godard, Stoddart, 1989, re.     Paul, Gwen Bear and Imelda Perley.
Circuit • Printemps 2006

                                                      Goose Lane Editions, 2004). Mme Maillet’s work has
                                                      also been translated into many other languages.                                                             J.-A. E.

                                                      Herménégilde Chiasson rivals Mme Maillet both in        1. For more information about the translation of Acadian
                                                                                                                 works, see my articles on the question, for example:
                                                      the number of English translations published and           E LDE R , Jo-Anne, « L’image de l’Acadie en milieu anglo-
                                                      in the variety of genres: two collections of poetry,       phone : Une impression pas toujours juste », in Fran-
                                                      two plays and a third in press, a “récit”, and at          cophonies d’Amérique, no 19, 2005, p. 205-214.

                           8
« But c’est live
              du Dance-a-Rama ! »
E     n Acadie, peu de gens ont traduit pour le théâtre
      professionnel, et encore moins pour le théâtre de
chez eux. En effet, Laval Goupil et Antonine Maillet
                                                                                                                       première, des pièces de théâtre, ouvre toutes sortes
                                                                                                                       de possibilités de par l’oralité du médium.
                                                                                                                                                                                                                                            La Batture, ou
sont les seuls dramaturges-traducteurs acadiens dont                                                                   Adapter la traduction au contexte                                                                                    comment est née
le travail a été mis en scène par l’une des trois compa-
gnies de théâtre professionnel en Acadie1. L’expé-                                                                          J’en étais à ces réflexions en 2004, me demandant                                                               une traduction en
rience de Goupil remonte à 1995 avec une mise en                                                                       s’il serait un jour possible de faire basculer la sous-
scène au Théâtre populaire d’Acadie (TPA) d’Aléola,                                                                    représentation des textes traduits en Acadie sur la                                                                  chiac pour le
traduction de la pièce du même nom de Gaëtan Char-
lebois ; deux ans plus tard, le TPA montait Valentine de
                                                                                                                       scène acadienne, quand un projet inattendu m’a été
                                                                                                                       proposé. L’occasion était trop belle : on me demandait
                                                                                                                                                                                                                                            théâtre acadien.
Willy Russell, une traduction faite par Maillet pour le                                                                de traduire vers le français une pièce d’un dramaturge
Théâtre du Rideau Vert, à Montréal, puis adaptée au                                                                    néo-brunswickois. Or, je terminais justement une ana-
contexte acadien par Daniel Castonguay, René Cormier                                                                   lyse d’une traduction faite au Québec d’une pièce du
et Diane Losier2.                                                                                                      même dramaturge, Don Hannah. La pièce en question,
     Il ne faut pas croire que l’on ne voit pas de théâtre                                                             Running Far Back (RFB), me touchait beaucoup mais je
en traduction en Acadie. Les trois compagnies profes-                                                                  la jugeais mal rendue en français notamment en
sionnelles offrent en tout une dizaine de spectacles                                                                   raison du traitement de la langue par le traducteur.
par saison, et on peut également compter sur des                                                                       Peut-être pourrais-je faire une nouvelle traduction de
théâtres estivaux et sur tout un groupe de compagnies                                                                  la pièce ? Le Playwrights Atlantic Resource Centre ac-
en voie de professionnalisation, sans compter le                                                                       ceptait avec enthousiasme. Le récit de Hannah se dé-                                                                    Par Sonya Malaborza
théâtre amateur. Il nous arrive donc assez souvent, en                                                                 roule à Shédiac, une petite ville à moins d’une heure
Acadie, de voir sur les planches des pièces en traduc-                                                                 d’où j’ai grandi, et il illustre le repli sur le passé d’une
tion. Seulement, la tendance est que ces pièces mon-                                                                   famille aux prises à divers niveaux avec les conflits
tées professionnellement en Acadie sont signées                                                                        entre francophones et anglophones dans la région, en
outre-frontières. Il s’agit souvent de productions qué-                                                                mettant en scène le meurtre d’un jeune adolescent
bécoises en tournée, généralement traduites au                                                                         francophone par l’aîné de la famille. Comme franco-
Québec ou en France. Des 19 traductions mises en                                                                       phone, j’avais connu ces mêmes conflits, et j’entre-
scène par le TPA entre 1983 et 2004, par exemple, six                                                                  voyais la possibilité de communiquer le récit de
étaient réalisées par des dramaturges québécois, neuf                                                                  Hannah à ma communauté, en renversant les rôles : la
étaient de France, et deux seulement étaient l’œuvre                                                                   famille anglophone, centrale dans la pièce de Hannah,
de dramaturges acadiens (celles de Goupil et de                                                                        allait devenir, dans ma traduction, une famille franco-
Maillet, citées plus haut). Et cette tendance n’est                                                                    phone. Shédiac étant une ville bilingue, l’inversion
pas chose du passé. Dans le cadre de sa saison                                                                         n’était pas invraisemblable.
2005-2006, l’Escaouette accueillait à Moncton trois                                                                         Le projet de traduire RFB me tenait d’autant plus à
productions québécoises, toutes créées à partir de                                                                     cœur qu’il me permettait de faire entendre sur la place
traductions réalisées au Québec3.                                                                                      publique la variété linguistique de chez nous, le chiac,
     Si la question de l’origine du traducteur peut sem-                                                               aussi stigmatisée que le joual l’avait été (ou l’est
bler banale à première vue, elle cache toute une série                                                                 encore) au Québec. Je m’inscrivais, en traduisant,
d’enjeux d’ordre linguistique. Les lecteurs qui connais-                                                               dans un mouvement parallèle à celui de France Daigle,
sent les travaux d’Annie Brisset sur la traduction du                                                                  Jean Babineau, Marc Poirier et Paul Bossé parmi tant
théâtre au Québec de 1968 à 19884 se souviendront                                                                      d’autres, ces auteurs de Moncton qui insèrent des dia-
que les dramaturges-traducteurs du corpus de Brisset                                                                   logues en chiac dans leurs plus récentes productions
cherchaient à illustrer la langue française telle qu’elle                                                              artistiques. L’auteur de la première traduction de RFB
était parlée autour d’eux. À l’instar de dramaturges                                                                   ne connaissait pas cette variété parlée couramment à
québécois comme Michel Tremblay, qui offrait au                                                                        Shédiac et ne s’en était donc pas servi. Non seulement
public montréalais la première pièce en joual en 1968                                                                  les personnages de sa traduction pestaient-ils en fran-
                                                                                                                                                                                                                                                                         Circuit • Printemps 2006

(Les Belles-sœurs), ces traducteurs souhaitaient                                                                       çais contre les « maudits French » (il n’avait pas ren-
prêter une légitimité à une variété linguistique long-                                                                 versé les rôles), mais ils s’exprimaient dans un
temps stigmatisée. Illustrer des pratiques langagières                                                                 français qui, sans s’afficher ostensiblement comme
diverses, poser dans la langue des repères qui laissent                                                                étant « made in Québec », ne ressemblait pas du tout
deviner un contexte social précis, voilà autant de pos-                                                                à la langue de chez nous. Je ne reconnaissais plus
sibilités offertes à ces traducteurs dont la matière                                                                   Shédiac.

S o n y a M a l a b o r z a e s t d i p l ô m é e d u d é p a r t e m e n t d e t ra d u c t i o n d e l ’ U n i ve r s i t é d e M o n c t o n . A p r è s a vo i r o b t e n u u n e m a î t r i s e è s a r t s e n t ra d u c t i o n
                                                                                                                                                                                                                                                                     9
à l ’ U n i ve r s i t é Yo r k , e l l e e s t re t o u r n é e à M o n c t o n f a i re s o n d o c t o ra t e n s c i e n c e s d u l a n g a g e .
DOSSIER   CAP   SUR    L’ AT L A N T I Q U E

                                                       La Batture, Acte 2, scène 12, p. 78
                                                       BOBBY : Des choses de même, faut que ça reste avec toi toute ta vie. Ej vois la tête à Louis toutes
                                                               les jours. Couché là avec cte look-là su la face.
                                                       LORETTE : Quel look ?
                                                       BOBBY : C’tilà qui dit chu meilleur que toi. J’peux même pas me rappeler qu’y avait l’air apeuré ou
                                                               upset or anything. But y’aurait dû l’être. Tout c’que j’peux me rappeler, c’est la friggin de
                                                               smug look su sa face quand y m’regardait comme si j’étais d’la trash. Puis moi je conti-
                                                               nuais à le kicker parce que je savais qu’y avait raison.
                                                       LORETTE : Non.
                                                       BOBBY : Yeah, j’me suis tellement pissé off cause y’avait raison. So j’continuais de le kicker. Ça
                                                               fait rien que j’étais drunk. Je l’savais que je l’kickais. Je l’sais que c’est la worse thing que
                                                               j’ai ever fait. But si je l’oublie, là c’est encore worse parce que j’suis juste comme Ricky.
                                                               Avec un gros chunk qui manque.
                                                       LORETTE : Ah jeese Bobby.

                                                    Et comment ma traduction a-t-elle été reçue ?
                                                Hannah était ravi d’apprendre que ses personnages
                                                s’exprimaient en chiac et que j’avais trouvé un moyen
                                                de faire résonner son histoire auprès des franco-
                                                phones. Auprès du public acadien, la réception a été
                                                très chaleureuse, autant dans les médias que chez les
                                                gens qui assistaient aux lectures publiques à Moncton
                                                et Fredericton autour de la Saint-Jérôme 2005. Peut-
                                                être s’agit-il de l’effet « cheveu sur la soupe » d’un
                                                projet qui se démarque si ostensiblement par l’usage
                                                qu’il fait de la langue. Peut-être les gens ont-ils su se
                                                reconnaître dans l’univers de la pièce. Quoi qu’il en
                                                soit, plusieurs spectateurs ont senti le besoin de me
                                                confier, presque en secret, que « c’est exactement          culture qu’elles n’ont pourtant pas à juger, mais ont en
                                                comme ça qu’on parle chez nous ». D’autres, par             revanche pour mandat d’exprimer. Elles ratent égale-
                                                contre, se sont demandé pourquoi je suis passée à           ment l’occasion de montrer que le français acadien
                                                côté d’une occasion d’écrire « une belle histoire en        peut servir à la traduction tout aussi bien qu’une autre
                                                français comme il faut ». C’est dire qu’on ne peut pas      variété du français. J’ose espérer que La Batture mar-
                                                plaire à tout le monde, et surtout, qu’il est d’autant      quera un point tournant dans cette histoire.
                                                plus pressant, selon moi, de produire d’autres traduc-      1 . L a s c è n e p ro f e s s i o n n e l l e e n A c a d i e c o m p t e l e s t ro i s
                                                tions qui sachent refléter un usage de la langue qui            g ra n d e s c o m p a g n i e s s u i va n t e s : l e T h é â t re p o p u l a i re
                                                                                                                d ’ A c a d i e , l a c o o p é ra t i ve d e t h é â t re l ’ E s c a o u e t t e e t l e
                                                cause manifestement un malaise en Acadie.
                                                                                                                collectif Moncton-Sable.
                                                    On pourra lire dans La Batture5 une tentative de        2 . S i M a i l l e t s ’ e s t a v é r é e ê t re u n e s p é c i a l i s t e d e S h a k e s -
                                                produire une représentation culturelle, identitaire, lin-       p e a re a u R i d e a u Ve r t , a ve c s e s t ra d u c t i o n s d e R i c h a rd I I I
                                                                                                                e n 1 9 8 3 , d e L a N u i t d e s ro i s e n 1 9 9 3 , d e L a Te m p ê t e e n
                                                guistique, de l’Acadie contemporaine par le théâtre             1 9 9 7 e t d e H a m l e t e n 1 9 9 9 , s a t ra d u c t i o n d e Ru s s e l l e s t
                                                vivant. Mais avant tout, cette traduction en chiac est          l a s e u l e à a vo i r t ra ve r s é l a f ro n t i è re d u Q u é b e c p o u r r é -
                                                                                                                s o n n e r a u p r è s d e s o n p u b l i c f é t i c h e , e n A c a d i e . A u c yc l e
                                                une contribution que j’offre aux compagnies d’Acadie            s h a k e s p e a r i e n d e M a i l l e t s ’ a j o u t e n t l e s t i t re s s u i va n t s :
                                                qui oublient peut-être parfois qu’elles ont un mandat           U n e l u n e d ’ e a u s a l é e d e D a v i d Fre n c h ( 1 9 8 5 , p o u r l e
                                                                                                                T h é â t re d e l ’ Î l e ) , Le s Fa n t a s t i q u e s d e To m J o n e s e t H a r -
                                                bien précis, celui de communiquer avec un public aca-           ve y S c h m i d t ( 1 9 8 8 ) , L a Fo i re d e l a St - B a r t h é l é m y d e B e n
                                                dien qui risque de ne plus se reconnaître dans les re-          J o n s o n , c o n t e m p o ra i n d e S h a k e s p e a re ( 1 9 9 4 ) , e t P y g -
                                                                                                                m a l i o n d e G e o rg e B e r n a rd S h a w ( 1 9 9 4 ) .
                                                présentations qui leur sont offertes si les traductions
                                                                                                            3 . G a rg a r i n’s Wa y d u T h é â t re d e l a M a n u f a c t u re ( t ra d . Pa u l
                                                pour le théâtre continuent d’être réalisées presque ex-         Le f e b v r e ) , U n i t y, m i l n e u f c e n t d i x - h u i t ( t r a d . P a u l
                                                clusivement par des artistes de l’extérieur des fron-           Lefebvre) et La Cloche de verre de Sibyllines / Théâtre de
                                                                                                                Q u a t ’ S o u s ( t ra d . c o l l e c t i ve ) .
                                                tières de l’Acadie. Nous savons tous que le théâtre
Circuit • Printemps 2006

                                                                                                            4 . Vo i r p a r e xe m p l e l ’ e x c e l l e n t e S o c i o c r i t i q u e d e l a t ra d u c -
                                                parle des gens, fait parler les gens et parle aux gens.         tion de Brisset parue en 1990 aux Éditions Balzac.
                                                En procédant comme elles le font, en privilégiant sur       5 . L a t ra d u c t i o n d e Ru n n i n g Fa r B a c k e s t u n e i n i t i a t i ve d u
                                                                                                                P l a y w r i g h t s A t l a n t i c Re s o u rc e C e n t re , re n d u e p o s s i b l e
                                                la scène les textes en français québécois, en français          g r â c e à l ’ a p p u i d u p ro g ra m m e d e s u b ve n t i o n à l a t ra -
                                                de France, et parfois seulement en français acadien,            d u c t i o n d u C o n s e i l d e s A r t s d u C a n a d a . Le s l e c t u re s p u -
                                                                                                                b l i q u e s d e L a B a t t u re o n t e u l i e u p e n d a n t l e S i d e by S i d e
                                                des compagnies comme l’Escaouette et le TPA tra-                Fe s t i va l C ô t e à C ô t e , f e s t i va l d e t ra d u c t i o n l i t t é ra i re o r -
                                                hissent dans une certaine mesure l’expression d’une             ganisé par les éditions ellipse inc.

                           10
La traduction judiciaire
              au Nouveau-Brunswick

L    ’adoption, en 1969, de la Loi sur les langues offi-
     cielles1 du Nouveau-Brunswick a été l’événement
déclencheur de l’activité traductionnelle dans cette
                                                                                                                          de la Cour d’appel. À cela s’ajoutaient certaines déci-
                                                                                                                          sions de la Cour du Banc de la Reine et, à l’occasion,
                                                                                                                          de la Cour provinciale.
                                                                                                                                                                                                                                                   Par Gisèle McIntyre-Thériault

province. Le gouvernement assura d’abord des ser-                                                                             À cette époque, soit entre 1983 et 1987, la traduc-
vices de traduction à l’Assemblée législative et, pro-                                                                    tion des jugements était effectuée entièrement à l’in-
gressivement, à ses divers ministères et organismes                                                                       terne. Depuis, afin de pouvoir répondre de façon plus
par l’entremise du Bureau de traduction. Il amorça,                                                                       efficace à une demande sans cesse croissante, le CTTJ
entre autres, un projet d’envergure de refonte et de                                                                      a constitué un réseau de pigistes dont les services
traduction des lois de la province qui aboutit aux Lois                                                                   sont retenus pour la traduction des jugements.
révisées du Nouveau-Brunswick de 1973.                                                                                        Plusieurs étapes se succèdent dans la production
    Il faudra attendre dix ans encore et la fondation,                                                                    en langue d’arrivée des décisions judiciaires. Les
en 1979, de l’École de droit, maintenant la Faculté de                                                                    textes sont préparés, c’est-à-dire que des directives,
droit de l’Université de Moncton, avant que ne                                                                            de la documentation et des conseils généraux sont
débute la traduction des décisions judiciaires au                                                                         fournis au traducteur ou à la traductrice, d’une part,
Nouveau-Brunswick.                                                                                                        pour faciliter son travail, et d’autre part, pour favoriser
                                                                                                                          une plus grande uniformité dans un secteur langagier
                                                                                                                          en évolution constante. De leur côté, les traducteurs
Les premiers pas                                                                                                          et les traductrices doivent indiquer toutes leurs
    Le Centre de traduction et de terminologie juri-                                                                      sources afin que le réviseur puisse facilement évaluer
diques (CTTJ) a été créé afin d’aider la nouvelle École                                                                   dans chaque cas la démarche traductionnelle. Après la
de droit et son corps professoral, composé surtout de                                                                     traduction, les textes sont révisés et, enfin, soumis à
juristes qui avaient obtenu leur formation juridique en                                                                   une lecture d’épreuves. Le traducteur, qu’il soit pigiste
anglais, à remplir leur mission d’enseignement de la                                                                      ou non, bénéficie d’une rétroaction.
common law en français. Défi de taille, puisque, à                                                                            Le CTTJ est très sensible au besoin de préparer la
l’époque, aucun établissement au monde n’enseignait                                                                       relève, non seulement pour veiller à la continuité de
la common law en français.                                                                                                ses propres travaux, mais aussi pour contribuer au re-
    Le succès de la démarche de francisation de la                                                                        nouvellement des effectifs canadiens en jurilinguis-
common law passait par le développement d’un voca-                                                                        tique. C’est pourquoi le secteur de la traduction des
bulaire français correct et fiable de la common law et                                                                    jugements offre, à certaines périodes de l’année, des
par la création d’outils pédagogiques utiles et perti-                                                                    contrats d’essai à des débutants en traduction juri-
nents. C’est à cette fin que le CTTJ se lança dans son                                                                    dique dans le but de retenir, au moins comme pigistes,
ambitieux projet de recherche terminologique et, pa-                                                                      ceux et celles qui possèdent le plus de potentiel, et à
rallèlement, dans la traduction de décisions judi-                                                                        ces personnes, il fournit le suivi et la rétroaction né-
ciaires. Les premiers jugements ont été traduits pour                                                                     cessaires pour qu’elles obtiennent un encadrement
être inclus dans les polycopiés des membres du corps                                                                      solide en traduction juridique.
professoral.

                                                                                                                          Une traduction interactive
Le vent dans les voiles                                                                                                       En 2002, année de l’adoption de la nouvelle Loi
   Le CTTJ ne tarda pas à publier des ouvrages termi-                                                                     sur les langues officielles2 du Nouveau-Brunswick, la
nologiques et il réussit ainsi à se tailler une place en-                                                                 Cour d’appel a commencé à rendre ses décisions dans
viable dans le monde juridique. Il fut appelé à                                                                           les deux langues officielles. En conséquence, des rap-
participer à de nombreux projets de traduction et de                                                                      ports professionnels plus étroits se sont établis entre
recherche, non seulement au Nouveau-Brunswick,                                                                            le CTTJ et la Cour d’appel. Cette nouvelle dynamique
mais dans d’autres provinces, voire d’autres pays. Les                                                                    de travail axée sur les échanges interactifs entre juges
                                                                                                                                                                                                                                                                                        Circuit • Printemps 2006

demandes de services se multipliaient ; le gouverne-                                                                      et traducteurs complique, il est vrai, le processus de
ment du Nouveau-Brunswick, notamment, fit appel au                                                                        traduction des décisions judiciaires, mais elle s’insère
CTTJ pour la traduction d’une sélection d’arrêts de la                                                                    peut-être davantage dans les objectifs d’égalité
Cour d’appel. C’était en 1980.                                                                                            linguistique.
   Au bout de quelques années, le CTTJ traduisait non                                                                     1. L.N.-B. 1969, ch. 14.
seulement une sélection, mais l’ensemble des arrêts                                                                       2. L.N.-B. 2002, ch. O-0.5.

G i s è l e M c I n t y re - T h é r i a u l t e s t d i re c t r i c e a d j o i n t e d u C e n t re d e t ra d u c t i o n e t d e t e r m i n o l o g i e j u r i d i q u e s à l a Fa c u l t é d e d ro i t d e l ’ U n i ve r s i t é d e
                                                                                                                                                                                                                                                                                   11
Moncton.
DOSSIER                     CAP   SUR           L’ AT L A N T I Q U E

                                                                                  Au Nouveau-Brunswick,
                                                                                  le violon se joue
                                                                                  sans partitions !

                                Le défi que relèvent
                                                                    L    a prestation d’une violoniste au sein d’un or-
                                                                         chestre est le résultat d’innombrables heures de
                                                                    pratique. Lorsque le chef d’orchestre fait son entrée
                                                                                                                                                                                            conférence de presse du ministre des Relations in-
                                                                                                                                                                                            tergouvernementales et internationales au sujet
                                                                                                                                                                                            d’une délégation néo-brunswickoise en mission com-
                                                                    sur scène, les musiciens savent exactement ce qu’ex-                                                                    merciale en Nouvelle-Angleterre et, pour couronner
                                quotidiennement                     primera leur dirigeant avant même qu’il fasse                                                                           le tout, une séance à l’Assemblée législative du
                                les interprètes                     quelques tapements sur le pupitre afin d’attirer l’at-                                                                  Nouveau-Brunswick.
                                                                    tention. Chaque note et chaque passage ont été étu-
                                au Nouveau-                         diés à fond. Toutefois, il faut tout de même prêter
                                Brunswick                           attention aux directives du chef, car malgré les limites
                                                                    qu’impose chaque note d’une partition, le produit fini
                                est palpitant.                      est empreint du caractère du chef d’orchestre. Toute
                                                                    une tâche !
                                Pourtant, il                            Le travail d’un interprète se compare à celui d’une
                                semble difficile                    violoniste : transmission d’un message dans une autre
                                                                    forme de communication, expression la plus fidèle
                                d’attirer de                        possible de la teneur émotive du message véhiculé,                                                                                                     l’heure actuelle, parmi
                                nouvelles recrues.                  sollicitation de toutes les facultés intellectuelles et uti-
                                                                    lisation de toute l’énergie en banque ! Une tâche
                                                                                                                                                                                                                           les interprètes qu’on trouve
                                                                                                                                                                                                                           au Nouveau-Brunswick, un seul
                                                                    énorme également !
                                    Par Nicolas Andreiu,                Les comparaisons s’arrêtent là. On pourrait conti-                                                                                                 a moins de 40 ans et la plupart
                                   int. a., trad. a., CTINB
                                                                    nuer à dresser des parallèles entre ces deux formes                                                                                                    ont plus de 55 ans.
                                                                    d’art si la violoniste se pointait sur scène sans parti-
                                                                    tions et sans savoir précisément ce qu’exprimera de
                                                                    sa baguette le chef d’orchestre. La seule chose dont
                                                                    elle est certaine est qu’elle jouera de la musique clas-
                                                                    sique à l’intention d’un auditoire bien précis. Munie de
                                                                    son instrument à cordes et de son expérience, comme
                                                                    l’est l’interprète, elle attend patiemment de trans-
                                                                    mettre dans le langage musical une panoplie de notes                                                                        Le défi est de taille, mais des plus palpitants, d’au-
                                                                    inventées de toutes pièces, sur-le-champ, à la lumière                                                                  tant plus que chaque prestation de 30 minutes au
                                                                    des idées qu’exprime la personne debout devant le                                                                       micro est ininterrompue. Durant son tour, l’interprète
                                                                    pupitre.                                                                                                                traduit tout, que ce soit dans l’une ou l’autre des
                                                                                                                                                                                            langues officielles. En effet, interpréter dans les deux
                                                                                                                                                                                            sens (anglais-français, français-anglais) rend la tâche
                                                                    Femmes et hommes-orchestres                                                                                             doublement intéressante et procure un sentiment de
                                                                         Quel lien peut-on établir entre cette mise en scène                                                                satisfaction bien particulier.
                                                                    et l’interprétation au Nouveau-Brunswick, direz-vous ?
                                                                    Dans ce paradis du homard et des plages chaudes,
                                                                    l’orchestre linguistique est composé d’une quinzaine
                                                                                                                                                                                            Contrer la pénurie d’interprètes
                                                                    d’interprètes et le résultat de leur travail relève de la                                                                   Il y a un autre grand défi à relever au Nouveau-
                                                                    symphonie.                                                                                                              Brunswick, soit la pénurie d’interprètes dans les
                                                                         Les interprètes du Nouveau-Brunswick sont des                                                                      secteurs public et privé. Ce problème d’ordre national
                                                                    femmes et des hommes-orchestres et il n’est pas diffi-                                                                  est particulièrement marquant dans les Maritimes.
                                                                    cile d’en faire la preuve. Ces artistes de la langue par-                                                               À l’heure actuelle, parmi les interprètes qu’on trouve
Circuit • Printemps 2006

                                                                    courent la province et leur contexte de travail n’est                                                                   au Nouveau-Brunswick, un seul a moins de 40 ans et
                                                                    jamais le même. Voici une période de travail de cinq                                                                    la plupart ont plus de 55 ans. Par-dessus le marché,
                                                                    jours typique : atelier de formation à l’intention de tra-                                                              étant donné que nous sommes si peu nombreux dans
                                                                    vailleurs sociaux, rencontre entre des fonctionnaires                                                                   la province, il va sans dire qu’au moment où l’un
                                                                    du ministère de l’Agriculture, des Pêches et de                                                                         d’entre nous quitte la profession, le réseau d’inter-
                                                                    l’Aquaculture et des conchyliculteurs de la province,                                                                   prètes en ressent les soubresauts.

                           12                                       N i c o l a s A n d re i u e s t i n t e r p r è t e d e c o n f é re n c e e t i n t e r p r è t e j u d i c i a i re a u B u re a u d e t ra d u c t i o n d u g o u ve r n e m e n t d u N o u ve a u - B r u n s w i c k .
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