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INDUSTRIE Des manutentions en voie de disparition N° 796 JUILLET-AOÛT 2018 – 6 e n DOSSIER n LE GRAND ENTRETIEN n UNE JOURNÉE AVEC n EN ENTREPRISE Les métiers Jérôme Tréhorel, directeur général, Les ambulanciers Plus belle la vie de la beauté et Quentin Sibéril, référent prévention de l’Ill dans les quartiers du festival Les Vieilles Charrues
SOMMAIRE 10 Rencontre avec Jérôme Tréhorel, directeur général, et Quentin Sibéril, © Patrick Delapierre pour l’INRS chargé de projet développement durable et référent prévention du festival des Vieilles Charrues, plus grand événement du genre en France qui réclame une logistique bien huilée afin de monter une ville éphémère capable d’accueillir 280 000 personnes sur quatre jours. 13 © Grégoire Maisonneuve pour l’INRS Coiffeur, esthéticienne, manucure, tatoueur… La grande variété des métiers du secteur de la beauté est exercée le plus souvent dans des petites entreprises et l’accès à l’information 26 relative aux risques professionnels (troubles musculosquelettiques mais aussi produits chimiques) se révèle être un enjeu majeur. Dans le département du Haut-Rhin, les ambulances de l’Ill gèrent © Gaël Kerbaol/INRS des transferts inter-hospitaliers, des sorties d’hospitalisation, l’accompagnement de personnes nécessitant une aide au déplacement, les urgences… 04 ACTUALITÉS 13 DOSSIER n Exosquelettes. Pour que le mieux ne devienne pas Les métiers de la beauté ennemi du bien n Prévention des risques chimiques. La réduction 14. Il est inutile de souffrir pour être beau de l’exposition récompensée 17. Tatouer peut se réaliser sans perdre la santé n Vibrations. Un manque d’information sur les risques 18. Ventiler dans les règles du nail art n Cancer professionnel. L’amiante est majoritairement la cause de la maladie 20. Capter à la source pour attaquer n Baromètre Previsoft. Sous-traitants, intérimaires, le mal à la racine CDD : une sécurité encore négligée 23. Entre coiffure et nature 24. La prévention se fait un lifting 10 LE GRAND ENTRETIEN Jérôme Tréhorel, directeur général, et Quentin Sibéril, chargé de projet développement durable et référent prévention des Vieilles Charrues « Tous les ans, c’est une ville 26 UNE JOURNÉE AVEC éphémère qui sort de terre » Les ambulanciers de l’Ill travail & sécurité – n° 796 – juillet /août 2018
ACTUALITÉS 28 © Fabrice Dimier pour l’INRS Spécialiste des systèmes d’entraînement électriques, la société Sew-Usocome a conçu sa troisième usine française en Alsace en intégrant des principes de prévention contre les accidents du travail et les troubles musculosquelettiques par la limitation des manutentions à la portion congrue. Photo de couverture : © Fabrice Dimier pour l’INRS Revue mensuelle publiée par l’Institut national de recherche et de sécurité (INRS) pour la prévention des accidents du travail et des maladies professionnelles 65, boulevard Richard-Lenoir – 75011 Paris 38 26 Tél. : 01 40 44 30 00. Fax : 01 40 44 30 41 ISSN 0373-1944 www.travail-et-securite.fr – www.inrs.fr E-mail rédaction : ts@inrs.fr Prix au numéro : 6 e Pour préserver la santé de ses salariés, l’association Xxx. Abonnement annuel (France métropolitaine) : 58 e © Gaël Kerbaol/INRS d’aide à la personne Facilavie, dans le Cher, a défini début 2017 un plan d’action portant à la fois sur Directeur de la publication : Stéphane Pimbert la formation d’une personne ressource en interne, Rédactrice en chef : Delphine Vaudoux l’information de tout le personnel et des usagers, Assistante : Bahija Augenstein, 01 40 44 30 40 et la mise à disposition de matériel adapté. Secrétaire de rédaction : Alexis Carlier Rédacteurs : Grégory Brasseur, Katia Delaval, Damien Larroque, Céline Ravallec Ont collaboré à ce numéro : Claude Almodovar, Patrick Delapierre, Fabrice Dimier, 28 EN IMAGES Grégoire Maisonneuve, Louis Martin, Vincent Nguyen Industrie. Des manutentions en voie de disparition Maquettiste : Amélie Lemaire Reporter-photographe : Gaël Kerbaol Iconographe : Nadia Bouda Chargée de fabrication : Sandrine Voulyzé 36 EN ENTREPRISE Documents officiels : assistance juridique, 01 40 44 30 00 36. BTP Abonnements-diffusion : 01 40 94 22 22 Une organisation clairement échafaudée Photogravure : Jouve Impression : Maury 38. Troubles musculosquelettiques Mobilisation collective pour l’aide à domicile Ce journal est imprimé par une imprimerie certifiée Imprim’vert®, avec des encres à base d’huile végétale 40. Habitat social sur papier issu de forêts gérées durablement. Plus belle la vie dans les quartiers 42 SERVICES 10-31-1282 Certifié PEFC Ce produit est issu de forêts gérées durablement et de n Questions-réponses n Retour sur n À la loupe sources contrôlées. pefc-france.org n Extraits du Journal Officiel travail & sécurité – n° 796 – juillet /août 2018
ACTUALITÉS LE CHIFFRE 04 05 10 idées reçues sont décryptées dans un guide de l’INRS qui propose de faire le tri entre croyances et connaissances actuelles. © Patrick Delapierre pour l’INRS www.inrs.fr EXOSQUELETTES Pour que le mieux ne devienne pas ennemi du bien DE PLUS EN PLUS d’entreprises se laissent séduire par les promesses d’amélioration des conditions de travail mises en avant par les fabricants d’exosquelettes. Ces dispositifs peuvent en effet venir compléter une démarche de prévention des risques liés aux efforts physiques, mais ne sont en aucun cas une solution miracle. Explications avec Jean-Jacques Atain-Kouadio, expert d’assistance à l’INRS. Qu’est-ce qu’un exosquelette ? viaire, nucléaire… ont été les inclure dans une démarche de fort au niveau des systèmes de n Jean-Jacques Atain-Koua- premières à s’y intéresser et à prévention globale qui prenne contention est un autre point dio, expert d’assistance à mener des tests. Mais tout va en compte les différents fac- qui doit être pris en compte. l’INRS. Il s’agit de technologies très vite. D’autres métiers se teurs à l’origine de ces mala- De plus, les exosquelettes d’assistance physique qui com- penchent d’ores et déjà sur la dies professionnelles (organi- peuvent être source de stress. pensent les efforts fournis par question, comme l’agroalimen- sation du travail, RPS…). Avant Lorsqu’un opérateur doit dédier les opérateurs ou augmentent taire ou l’aide à la personne. de se porter acquéreuses, les une part de sa concentration leurs capacités motrices pour Cette diffusion est facilitée entreprises doivent donc dans au pilotage de l’appareillage faciliter leur travail. Les exos- par des sauts technologiques un premier temps caractéri- ou lorsque les interactions avec quelettes sont arrimés aux tra- qui permettent d’améliorer le ser leurs éventuels besoins en les autres salariés sont rendues vailleurs à l’aide de systèmes matériel et de l’adapter plus assistance physique. Ensuite, il plus difficiles, par exemple. de contention, généralement spécifiquement aux besoins leur faut définir le type d’aide D’où l’importance d’apprendre positionnés autour des articu- précis des professionnels. Par qui s’adaptera à leurs exi- l’usage des exosquelettes et de lations de l’utilisateur. Ils s’at- exemple, des modèles roboti- gences ou aux usages attendus revoir l’organisation du travail tachent sur les membres supé- sés conçus pour la main com- avant de faire un choix sur le pour les intégrer au mieux au rieurs, les membres inférieurs, mencent à apparaître sur le marché et mener avec méthode fonctionnement des équipes le dos ou sur une combinaison marché. Ils trouveront peut-être son intégration. Il est possible qui pourront ainsi s’approprier de ces trois parties du corps. Du leur utilité dans d’autres types que l’entreprise ne trouve pas et accepter le matériel. Enfin, point de vue de leur fonction- d’activité. chaussure à son pied et, dans contrairement à des appareils nement, deux types de techno- ce cas, renoncer à l’achat est plus classiques, comme un logies coexistent. La première Quel est l’intérêt des exo- la meilleure option. Mieux vaut transpalette par exemple, il est utilise la technique de la res- squelettes ? pas d’exosquelette qu’un dis- important de mettre en place titution d’énergie avec des res- n J.-J. A.-K. Les entreprises positif mal adapté. un suivi pour permettre des sorts, des élastiques, voire de la attendent de ces dispositifs retours d’expériences sur ces fibre de verre pour les derniers qu’ils contribuent à la préven- Il y a donc des risques asso- nouvelles technologies sur les- modèles. La seconde, robo- tion des troubles musculosque- ciés à l’utilisation des exo- quelles nous manquons encore tique, met en jeu des moteurs lettiques (TMS), notamment. squelettes ? de recul. n pour accompagner les mouve- Des espoirs légitimes, mais il n J.-J. A.-K. Les exosquelettes L’INRS met à disposition une offre ments des opérateurs. ne faut cependant pas qu’elles sont attachés à l’opérateur, d’information pour mieux appréhender l’impact des exo- croient résoudre le problème et le matériel, en fonction de squelettes sur la santé des Dans quels secteurs d’activité simplement en acquérant des sa conception, peut pertur- travailleurs. en retrouve-t-on ? exosquelettes. Pour que ceux- ber les mouvements de celui- www.inrs.fr/publications/ n J.-J. A.-K. La logistique, ci contribuent efficacement à ci, entraînant des risques de essentiels/exosquelettes.html. l’industrie automobile, ferro- lutter contre les TMS, il faut les chutes, de collision… L’incon- Propos recueillis par D. L. travail & sécurité – n° 796 – juillet /août 2018
ACTUALITÉS PRÉVENTION DES RISQUES CHIMIQUES VENTILATION Un réseau La réduction de l’exposition d’installateurs récompensée vertueux et reconnus La Carsat Nord-Est vient de mettre en place le réseau régional « Carsat – Installateur – •catégorie « perchloroéthy- Ventilation ». L’objectif principal lène » : Teinturerie Pagès, à Gif- de ce réseau est de regrouper sur-Yvette (91) ; les installateurs et distributeurs •catégorie « fumées de sou- de matériels de ventilation pour dage » : Ygnis Industrie, à Cau- permettre aux entreprises © Patrick Delapierre pour l’INRS roir (59) ; porteuses d’un projet de • catégorie « émissions de ventilation d’accéder à une liste moteur diesel » : Contrôle tech- de professionnels formés aux nique automobile Midi-Pyré- bonnes pratiques du réseau nées, à Toulouse (31) ; Assurance maladie-risques • catégorie « styrène » : Liteboat, professionnels. Les représentants à Pontcharra (38) ; des installateurs et/ou • prix spécial du jury : AFPMA distributeurs exerçant sur le P Formation, à Péronnas (01) ; secteur de la Carsat Nord-Est our la première fois, • prix innovation du jury : Auto qui souhaitent intégrer le réseau l’Assurance maladie- Bilan France, à Trappes (78). devront s’engager à suivre risques professionnels Les critères du jury pour désigner une formation initiale (1 jour) a organisé en 2018 l’entreprise lauréate étaient : l’en- et une journée d’actualisation les « trophées risques gagement de l’entreprise, l’impli- (plénière annuelle). Dans le cadre chimiques pros ». L’objectif de ce cation des salariés, la démarche de ce réseau, la Carsat Nord-Est concours était de récompenser de prévention, les actions mises tient à jour la liste des personnes des entreprises engagées dans en place, leur caractère inno- formées (disponible sur son site des actions de réduction de l’ex- vant... n internet) et organise, selon les position de leurs salariés à quatre D. V. demandes, une à trois sessions agents cancérogènes, mutagènes d’intégration, ainsi qu’une ou reprotoxiques (CMR) : les journée d’actualisation du réseau émissions de moteur diesel, les LE PROGRAMME CMR par an. Pour toute information fumées de soudage, le perchlo- L’Assurance maladie-risques professionnels complémentaire, consulter roéthylène et le styrène. a déployé un programme de lutte contre les CMR le site de la Carsat Nord-Est Toutes les entreprises, quelle que entre 2014 et 2017. Les résultats sont les suivants : (www.carsat-nordest.fr) ou soit leur taille, avaient la possibi- n 50 % des 600 établissements ciblés avaient joindre les animateurs de ce lité de concourir dans l’une des mis en place des équipements de protection réseau à l’adresse suivante : catégories. Charge à elles de pré- et des actions de sensibilisation à la prévention carinvent@carsat-nordest.fr senter les mesures mises en place des risques d’exposition aux fumées dans leurs établissements pour de moteur diesel ; NAPO protéger leurs salariés de l’un des n 50 % des 1 900 pressings ciblés avaient Le Napo nouveau quatre CMR. Au total, 50 entre- remplacé leur machine au perchloroéthylène prises ont posé leur candidature. est arrivé par des machines d’aquanettoyage ; En plus des quatre catégories pré- Depuis début juillet est disponible n 38 % des 2 000 établissements vues à l’origine, le jury a souhaité Napo dans… les poussières au en chaudronnerie ciblés avaient progressé récompenser deux autres entre- travail, le nouveau film de Napo, significativement dans la prévention des prises, avec un Prix spécial et un le personnage d’animation créé expositions aux fumées de soudage. Prix innovation. Les six lauréates par différentes institutions n 74 % des entreprises ciblées utilisant ont été reçu leur prix lors de la européennes spécialisées dans du styrène ont amélioré au moins un poste dernière édition de Préventica, à le domaine de la santé et la prioritaire. Lyon, à la fin du mois dernier : sécurité au travail, dont l’INRS. À travers sept courtes histoires, il aborde les différents types STATISTIQUES de poussières pouvant être Le nombre des violences au travail faites rencontrées en milieu aux femmes s’envolent professionnel – farine, ciment, céréales, bois… – ainsi que leurs Une étude statistique de l’Observatoire national de la délinquance et des réponses effets possibles sur la santé pénales établit qu’en 2016 127 000 personnes déclaraient avoir subi, sur leur lieu et la sécurité : allergies, irritations, de travail ou d’études, des violences physiques et 480 000 affirmaient y avoir été explosions... Ces saynètes visent victimes de menaces. Alors que les menaces augmentent globalement depuis 2010, à sensibiliser les spectateurs les violences physiques sont plus fluctuantes. Si l’on s’intéresse aux chiffres à l’importance de bien contrôler en fonction du sexe des répondants, on s’aperçoit que le nombre de femmes victimes les expositions des travailleurs de violences physiques sur cette période a quasiment doublé, passant de 25 000 à tout type de poussières. à 48 000, alors que côté masculin, même si elles restent importantes, ces atteintes À voir sur : https://youtu.be/i9OtWuZSOEg ont diminué, glissant de 108 000 à 79 000. travail & sécurité – n° 796 – juillet /août 2018
ACTUALITÉS VIBRATIONS 06 NORD- PICARDIE Un manque d’information 07 sur les risques NORMANDIE ILE-DE- ALSACE- FRANCE MOSELLE NORD-EST BRETAGNE PAYS- CENTRE- DE-LA-LOIRE VAL-DE-LOIRE BOURGOGNE- EN JUIN DERNIER, à l’occasion du 35e congrès national FRANCHE-COMTÉ de médecine et de santé au travail, l’ACMS a présenté CENTRE-OUEST RHÔNE-ALPES les résultats d’une démarche de prévention visant AUVERGNE AQUITAINE MIDI-PYRÉNÉES LANGUEDOC- ROUSSILLON SUD-EST à mieux protéger du risque vibratoire les conducteurs d’engins de manutention. D LES RÉGIONS e 2012 à 2016, l’Asso- roger en 2017 ces mêmes ciation interprofes- employeurs. Des actions de pré- n NORD-EST ET ALSACE-MOSELLE sionnelle des centres vention touchant au matériel médicaux et sociaux (remplacement d’équipements Dans le cadre de la formation de santé au travail de anciens, maintenance préven- continue des architectes, rendue la région Ile-de-France (ACMS) a tive…) avaient bien été mises en obligatoire depuis 2016, les Carsat mené une campagne de mesures place, en revanche, les leviers Nord-Est et Alsace-Moselle, des vibrations corps entier chez les que représentent l’organisation en collaboration avec conducteurs d’engins de manuten- du travail et la sensibilisation l’Association lorraine tion. Quinze entrepôts logistiques des salariés n’avaient pas assez de formation des architectes de Seine-et-Marne y ont participé. été utilisés. Les entreprises ont (Alfa) et l’Ordre des architectes Sur les soixante-douze chariots donc été encouragées à corriger de Lorraine, organisent plusieurs frontaux et transpalettes à conduc- le tir en intégrant ces dimen- rendez-vous à destination des teur porté testés, la moitié présen- sions dans leur politique de pré- professionnels de la profession. taient des mesures d’exposition vention. Au programme : présentation, aux vibrations qui dépassaient Pour les soutenir, l’ACMS leur pro- échange et débat sur la la valeur d’action de 0,5 m/s² pose un module d’information/ conception des lieux pour les vibrations transmises à formation dédié au risque vibra- et situations de travail, en vue, l’ensemble du corps. Les équipes toire, tout à la fois théorique et notamment, d’améliorer les du service interentreprise de santé pratique. L’association estime que conditions de travail des salariés au travail ont alors fait des recom- leur action « permet à l’employeur du secteur de la propreté. mandations aux chefs d’entreprise et aux salariés de développer une La prochaine session a lieu aussi bien sur le matériel, l’envi- culture de prévention » et pré- le 26 septembre à Metz. ronnement et l’organisation du cise qu’elle « a vocation à être Une session de formation portant travail, ainsi que sur l’attitude du déployée dans d’autres secteurs conducteur pour leur permettre d’activité et pour d’autre risque sur la prévention des risques d’agir. professionnels ». n professionnels sur les chantiers L’association est revenue inter- D. L. se tiendra le 19 septembre dans les locaux de l’Ordre des 1 actif sur 5 architectes à Nancy. Ces rencontres, prises en compte dans le décompte d’heures ne travaille pas 5 ans après obligatoires de formation, sont le diagnostic d’un cancer. Ce résultat est issu destinées aux architectes, mais de l’étude Vican5 « La vie cinq ans après un diagnostic aussi aux chefs d’entreprise de cancer », menée conjointement par l’Inserm et l’Inca. et aux salariés des métiers du BTP. CONCOURS Pour tout renseignement et inscription : croa-lorraine@architectes.org Des normes en or Il y a norme et norme. La norme sur laquelle s’appuie la réglementation et qui par n SUD-EST conséquent devient obligatoire et la norme dite volontaire, dont l’application est, comme 3 300 personnes ont assisté son nom l’indique… volontaire : toute organisation peut choisir ou non de l’utiliser et de s’y au 35e Congrès de médecine référer. Celles-ci, qui représentent 99 % de la normalisation en France, sont le fruit d’une et santé au travail qui s’est tenu production consensuelle entre les professionnels et les utilisateurs qui se sont engagés durant quatre jours à Marseille, dans son élaboration. L’Afnor, l’organisme français qui coordonne la production des au début du mois de juin. normes, lance « Or Normes », un concours pour récompenser les personnes et leurs L’occasion, tous les deux ans, entreprises, associations, fédérations ou organismes publics qui présenteront les meilleurs pour les congressistes projets de normes, les plus innovants, qu’il s’agisse d’un produit conçu, d’un service d’actualiser leurs connaissances proposé, d’une démarche engagée ou d’un process mis en place, à travers quatre sur toutes les thématiques en lien catégories : « Protéger les personnes » ; « Faciliter la vie quotidienne » ; « Favoriser les avec la prévention des risques échanges » ; « Prendre un temps d’avance ». professionnels et la santé La clôture des inscriptions est fixée au 31 juillet, pour tout renseignement et inscriptions : et la sécurité au travail. https://normalisation.afnor.org/trophees-or-normes/. travail & sécurité – n° 796 – juillet /août 2018
ACTUALITÉS L’IMAGE DU MOIS Plus de 256 000 spectateurs et 50 structures temporaires de plus de 50 m2. Les chiffres de la dernière édition des 24 Heures du Mans sont impressionnants. Pour la première fois en France, un « chapiteau tente structure » R+2 a pu être installé, nécessitant une dérogation de la part du SDIS 72, de la préfecture et du ministère du Travail. De nombreux échanges ont également eu lieu avec la Carsat Pays-de-Loire afin d’améliorer les techniques de montage/démontage en sécurité. D’autant que ce type de structure temporaire est probablement amené à se développer. © Fabrice Dimier pour l’INRS travail & sécurité – n° 796 – juillet /août 2018
ACTUALITÉS CANCER PROFESSIONNEL 08 09 L’amiante est majoritairement la cause de la maladie L’ amiante est incriminé dans 42 % des cas de cancers ayant une ori- gine professionnelle. Loin derrière, les hydro- LE MONDE carbures aromatiques polycy- cliques (HAP) sont les deuxièmes n BELGIQUE substances incriminées, dans En mai, les autorités fédérales 6,5 % des cas de cancers d’ori- se sont rendues dans plusieurs gine professionnelle. Tel est l’un écoles à bord d’un camion des principaux résultats d’une aménagé, le « Federal Truck ». étude dévoilée début juin par Leur but : apprendre aux étudiants de l’enseignement technique l’Agence nationale de sécurité et professionnel l’utilisation sanitaire, alimentation, envi- en toute sécurité des produits ronnement, travail (Anses). Les secteurs d’activité principale- © Rodolphe Escher pour l’INRS chimiques dangereux et éviter les accidents pendant leurs stages ment exposés sont les travaux de ou sur leur futur lieu de travail. construction spécialisés (16,2 %), Grâce à des outils ludiques la métallurgie (6,1 %), le com- et pédagogiques tels que des merce et la réparation d’automo- affiches, des vidéos, des biles et de motocycles (5,2 %). brochures, un quiz ou un jeu L’étude qui a abouti à ces résul- interactif, les élèves ont pu tats a été menée à partir de don- apprendre à associer les nées collectées dans le cadre nouveaux pictogrammes aux du réseau national de vigilance bronches, voies urinaires, sein, dangers chimiques, utiliser les et de prévention des patholo- rein, larynx, sinus, côlon-rectum, produits de façon plus sûre, gies professionnelles (RNV3P), peau hors mélanome, système utiliser la fiche de données de qui regroupe les 30 centres de nerveux central, hémopathies sécurité… consultation de pathologie pro- lymphoïdes matures, leucémies n EUROPE fessionnelle en France métropo- myéloïdes. Parmi les multiples Selon l’enquête d’opinion « The litaine et six services de santé données analysées figuraient Workforce View in Europe 2018 » 1, au travail associés au réseau, et les circonstances d’exposition 18 % des salariés européens est coordonnée par l’Anses. Les (secteur d’activité, postes de tra- disent souffrir quotidiennement analyses ont reposé sur la col- vail, nuisances), les facteurs de du stress au travail. Un chiffre en lecte de données liées à plus de risques extra-professionnels ou hausse de 5 % par rapport à 11 000 cancers diagnostiqués encore la force du lien estimée l’enquête 2017. Les plus stressés entre 2001 et 2016. Elles ont pris par le médecin expert entre les sont les travailleurs polonais en compte les situations profes- expositions et la survenue de la (27 %), suivis des Français sionnelles associées au diagnos- maladie. n et des Britanniques (20 %). tic de onze types de cancers : D. V. Les Néerlandais semblent être les moins sujets au stress (10 %). L’étude précise également que près de 14 % des salariés SÉDENTARITÉ européens interrogés estiment Les Européens restent trop souvent assis sur leur ignorance que leur entreprise ne s’intéresse Les Européens passent en moyenne 7 h 26 assis par jour. Une étude réalisée pour « pas du tout » à leur bien-être, l’association Attitude prévention dans 8 pays européens met en évidence le manque de tandis que 34% pensent qu’elle mouvement et le mode de vie majoritairement sédentaire des habitants du vieux monde. s’y intéresse « peu ». Cette Pour autant, la situation n’est pas uniforme d’un pays à l’autre. Ainsi, en Finlande enquête met en évidence d’importantes disparités : près de et aux Pays-Bas, le temps passé assis se situe sous la barre des 7 h avec respectivement 30 % des salariés polonais 5 h 50 et 6 h 13. Les Britanniques ont une sédentarité beaucoup plus marquée, avec 8 h 13 pensent que leur bien-être mental passées dans la position assise. Les Français, pour leur part, se situent dans la moyenne n’intéresse pas du tout leur européenne avec 7 h 24. En matière de risques sanitaires, seules 28 % des personnes employeur, presque cinq fois plus interrogées savent que la sédentarité a des effets négatifs sur la santé : obésité, maladies que leurs homologues des cardiovasculaires, diabète, dépression, anxiété, et cancers. 72 % des Européens ignorent Pays-Bas ou de la Suisse (7 %). un ou plusieurs des risques cités. Les Finlandais sont, de loin, les mieux informés : moins de 1. Réalisée sur un panel de 9 908 adultes 1 sur 2 d’entre eux sous-estime les risques contre 4 sur 5 en Allemagne et 3 sur 4 en Italie. actifs de 8 pays : Allemagne, Espagne, Étude réalisée en ligne par Harris Interactive du 13 au 23 avril 2018, auprès de 8 échantillons France, Italie, Pays-Bas, Pologne, de 500 personnes chacun représentatif des Allemands, Britanniques, Espagnols, Finlandais, Français, Royaume-Uni et Suisse. Hollandais, Italiens et Portugais âgés de 18 ans et plus. travail & sécurité – n° 796 – juillet /août 2018
ACTUALITÉS LES PARUTIONS L’AGENDA n Vêtements de protection contre situations de travail. Cette collection n Florence (Italie), les risques infectieux. Aide au choix destinée à sensibiliser les nouveaux du 26 au 30 août 2018 sur la base des caractéristiques arrivants et les apprentis est déclinée par secteur d’activité ou par métier. Congrès de la société normalisées internationale d’ergonomie Il existe différents types de vêtements de Ce document, à vocation pédagogique, Cette 20e édition a pour protection contre les risques infectieux. comprend des rappels méthodologiques des principales notions apprises en objectif de favoriser la De plus, les matériaux constituant formation, la présentation des principaux créativité pour l’amélioration le vêtement présentent des résistances risques du secteur d’activité ou du métier, de la qualité de vie au travail. différentes au passage des agents une bibliographie... Il comporte également Cette conférence se veut un infectieux. Il n’est donc pas aisé un support d’observation présenté sous lieu d’échange pour de déterminer le vêtement approprié forme de questionnaires. L’objectif est de transformer la recherche et pour un usage donné. Cette plaquette guider l’apprenant dans le repérage des l’expérimentation en actions de 6 pages propose des informations dangers liés aux situations de travail et concrètes et pratiques, avec synthétiques pour la compréhension dans sa proposition de mesures de l’objectif de faire évoluer les des caractéristiques essentielles prévention des risques professionnels. organisations et d’améliorer des vêtements de protection contre ED 4464 les conditions de travail. Le les agents infectieux afin d’aider recours à l’expérimentation, les personnes en charge du choix n Travail de nuit, travail posté les environnements virtuels de ces vêtements. Ce dépliant de sensibilisation présente les et la robotique ou encore ED 143 principaux risques liés au travail de nuit/ l’usage de l’intelligence posté ainsi que leurs impacts sur la qualité artificielle seront mis à n Synergie accueil. Métiers de vie des salariés concernés. l’honneur cette année. de l’énergie du bâtiment Il détaille également les principales Les échanges prendront Synergie accueil. Métiers de l’énergie mesures de prévention permettant la forme de conférences, du bâtiment fait partie de la collection de limiter les effets négatifs du travail d’ateliers et de cours. « Synergie » basée sur une approche de nuit et du travail posté. Pour tout renseignement et des risques professionnels par les ED 6305 inscription : http://iea2018. org/ Les brochures sont à consulter et à télécharger sur www.inrs.fr ou à demander, n Bordeaux, lorsqu’elles existent en format papier, aux caisses régionales (Carsat, Cramif et CGSS). du 1er au 5 octobre 2018 Semaine internationale francophone pour la santé et la qualité BAROMÈTRE PREVISOFT de vie au travail Sous-traitants, intérimaires, CDD : Le groupe Levia et l’Afnor organisent une semaine pour une sécurité encore négligée la santé et la qualité de vie au travail. Elle s’adresse aux employeurs désireux de passer à l’action et une politique de santé et de sécurité au demandeurs de solutions. travail. Cependant, malgré une progres- À cette occasion, sion globale sur les différentes obligations les participants pourront étudiées, l’enquête révèle que la sécurité visiter des entreprises des intérimaires, CDD et sous-traitants industrielles et de services est négligée. Seules 72 % des entreprises ayant déployé des démarches forment systématiquement ces personnels aux règles de sécurité internes et 16 % ne de santé et qualité de vie au font jamais d’analyse de risques dans le travail et approfondir leurs © Gaël Kerbaol/INRS cadre de l’intervention d’une entreprise connaissances des enjeux et sous-traitante. La prise en compte des thématiques reliés à la santé risques psychosociaux (RPS), quant à elle, et la qualité de vie au travail, progresse : 63 % des entreprises ont réalisé par l’entremise d’ateliers un diagnostic des RPS, contre 48 % l’an de travail et de co-création. L passé. Enfin, seules 43 % des entreprises Ils pourront également suivre e cabinet de conseil en prévention pensent que les règles de fonctionnement des formations, échanger Previsoft a publié les résultats de du Comité social et économique auront avec des experts reconnus la deuxième édition de son baro- un effet positif sur la politique globale de et prendre part à diverses mètre de la santé et de la sécurité prévention des risques professionnels. Les activités de réseautage. au travail, réalisé à partir d’entre- craintes exprimées vis-à-vis de cette nou- Pour tout renseignement tiens téléphoniques auprès des directions velle instance sont plus marquées chez les et inscription : https:// des ressources humaines ou sécurité de responsables sécurité que chez ceux des semaineinternationale.com/ 300 entreprises de 50 salariés et plus. ressources humaines. n inscription/ 86 % des entreprises interrogées ont rédigé G. B. travail & sécurité – n° 796 – juillet /août 2018
LE GRAND ENTRETIEN 10 11 Carhaix, commune bretonne de 8 000 habitants, accueille le festival des Vieilles Charrues tous les ans depuis le début des années 1990. L’événement, le plus grand du genre en France, demande une logistique bien huilée. Il s’agit en effet de monter une ville éphémère capable d’accueillir 280 000 personnes sur quatre jours. Rencontre avec JÉRÔME TRÉHOREL, directeur général, et QUENTIN SIBÉRIL, chargé de projet développement durable et référent prévention. « Tous les ans, c’est une ville éphémère qui sort de terre » Comment est né le festival des Vieilles Char- Justement, comment êtes-vous structurés ? rues, qui se tient chaque année sur quatre J. T. Nous sommes une association loi de 1901, à jours en plein cœur de la Bretagne ? but non lucratif donc, sans boîte de production ni Jérôme Tréhorel. J’aime à présenter cela comme grand groupe derrière nous. Une singularité dans une histoire de potes qui a mal tourné… En 1992, le monde des festivals. Nous ne recevons pas de une bande de copains étudiants à Brest se dit subvention non plus. 80 % de notre budget pro- qu’ils en ont marre que tous les événements fes- viennent de la vente des billets et des recettes tifs et culturels de Bretagne se tiennent soit dans annexes (bar et restauration), les 20 % restants de les grandes villes, soit sur la côte. Ils décident partenaires ou de mécènes. Notre volonté est de donc d’organiser une fête à Landeleau, commune conserver l’esprit qui a présidé à la création de cet située à 15 km de Carhaix. Chacun a pour mis- événement, qu’il reste un lieu accessible au plus sion de vendre des tickets autour de lui. Au final, grand nombre avec un prix d’entrée peu élevé. 500 personnes participeront à ces réjouissances qui constituent la première édition des Vieilles Combien avez-vous de salariés, de bénévoles ? Charrues. Ils recommencent l’année d’après, en y J. T. Nous employons quinze salariés à l’année. À ajoutant des jeux… et attirent 3 000 participants partir de janvier, ce chiffre progresse chaque mois à un événement qui est alors assez proche d’une pour atteindre 70 personnes en juin. Pour ce qui kermesse. Les éditions suivantes accueillent les est des bénévoles, nous en avons jusqu’à 6 500, premiers concerts assurés par des musiciens LES VIEILLES au plus fort du festival. À ces effectifs, il faut bien régionaux et drainent un public de plus en plus CHARRUES entendu ajouter des intermittents, les intervenants nombreux. En 1997, deux ans après le déménage- EN CHIFFRES extérieurs… soit environ 1 500 personnes. ment de l’événement à Carhaix, les organisateurs • 4 jours annoncent un show de James Brown. Les gens • 280 000 Quand commencez-vous les installations ? pensaient que c’était une blague, et pourtant, ils festivaliers J. T. Environ un mois avant le début du festival. ont réussi à faire venir celui que l’on surnommait • 600 salariés Cette année, il se déroule du 19 au 22 juillet. À par- « The godfather of soul » et ont attiré par la même • 1 500 intervenants tir du 20 juin, le site de 13 hectares est clôturé : la occasion 40 000 festivaliers. extérieurs et mairie de Carhaix met des terrains à notre dispo- intermittents sition et nous en louons aussi à des agriculteurs. C’est à ce moment-là qu’a lieu un premier vi- • 6 500 bénévoles Dans la foulée, nous commençons à aménager le rage dans ce festival ? site. Si l’on excepte les scènes et leur montage qui • 50 personnes J. T. En effet. Le site n’était plus assez vaste sont sous-traités, nous devons tout gérer et mettre pour le pôle médical pour accueillir autant de personnes. Le festival en place, depuis les buvettes jusqu’aux salons VIP, se déplace donc l’année suivante, en 1998, sur en passant par la signalétique, les loges, le cam- l’emplacement actuel de l’événement. Les éditions ping, les toilettes… ultérieures voient la fréquentation grimper jusqu’à 100 000 festivaliers, nécessitant la professionna- Cela implique-t-il une importante probléma- lisation de l’organisation et donc l’embauche de tique de co-activité ? salariés. 2001 est une autre année charnière. Quentin Sibéril. Oui, c’est une réalité. Mais nous 150 000 personnes sont venues applaudir Manu sommes particulièrement vigilants quant à la pré- Chao et Noir Désir. Et depuis, tous les ans, nous vention des risques professionnels. Nous avons vendons plus de billets. Une dynamique qui a défini des règles, que nous déclinons dans tous nos donc demandé d’augmenter régulièrement la discours, livrets, documents. Les chefs de service taille du site ainsi que celle de notre équipe de et les prestataires les connaissent. Dans la mise en permanents. place de nos démarches de sécurité, nous pouvons travail & sécurité – n° 796 – juillet / août 2018
LE GRAND ENTRETIEN © Patrick Delapierre pour l’INRS Jérôme Tréhorel et Quentin Sibéril, respectivement directeur général et chargé de projet développement durable référent prévention du festival de musique Les Vieilles Charrues. compter sur le soutien de la Carsat Bretagne et nous même l’équivalent de quatre stades de France dans travaillons avec un prestataire extérieur qui réalise « notre jardin ». pour nous la veille réglementaire et les formations indispensables. Ce prestataire est également très Concrètement, à quels types de risques êtes- présent sur le terrain. vous confrontés ? J. T. Le premier est bien évidemment lié aux flux. Vous fait-il remonter des dysfonctionne- Il y a des risques de collisions entre engins, pié- ments ? tons, voitures, vélos… On a donc mis en place une Q. S. Oui, cela fait partie de ses missions. Il y a signalétique et des règles de circulation pour les une graduation dans ses réactions face à de mau- rationaliser. Je pense par exemple au hangar de vaises pratiques. Lorsqu’une situation à risque est matériel auquel nous avons ajouté une deuxième observée, par exemple le non-port de chaussures ouverture afin de créer un sens unique de circu- de sécurité ou de harnais, il fait immédiatement lation. Le port du casque est obligatoire pour les une remarque à la personne. Si cette dernière reste deux-roues, de même que la ceinture de sécurité sourde à plusieurs de ces rappels à la règle, cela en voiture. La vitesse est limitée sur le site… Pour remonte au chef de service ou au responsable du la petite histoire, nous avions installé un radar qui prestataire. En cas de non-résolution du problème, indiquait aux chauffeurs leur vitesse instantanée je suis informé et, enfin, Jérôme Tréhorel peut être dans le but de les aider à la réduire. Le disposi- sollicité. Dans ce cas, il peut arrêter le chantier ou tif n’a malheureusement pas eu l’effet escompté remettre en cause la collaboration. auprès de certains qui s’amusaient à battre des J. T. L’une des caractéristiques, et certainement records… Nous l’avons donc retiré au profit de dos l’une des difficultés de notre secteur, réside dans d’âne pour ralentir les véhicules. le fait que nous devons gérer des populations aux profils différents : nos salariés, nos prestataires, les On pense aussi au travail en hauteur… bénévoles et, pendant les quatre jours du festival, Q. S. C’est une problématique importante puisque le public. Nous nous devons donc d’être fermes l’on monte environ trente tours d’éclairage pour le en matière de sécurité. Nous remplissons quand festival. Le port du harnais est obligatoire, ainsi ➜ travail & sécurité – n° 796 – juillet / août 2018
LE GRAND ENTRETIEN 12 que le casque, les gants et les outils accrochés. l’année écoulée en septembre. Puis nous recueil- Pour certaines structures particulières, nous met- REPÈRES lons les projets, les propositions d’évolution afin de tons en place des protections collectives de type Quentin Sibéril les évaluer et de décider celles qui seront mises garde-corps le temps du montage. Enfin, nous n Festivalier des en œuvre. Ainsi, à partir de mi-décembre, début avons multiplié par deux le parc de nacelles ces Vieilles Charrues janvier, nous pouvons travailler plus sereinement dernières années. depuis l’âge de sur l’événement à venir, puisque nous avons plu- J. T. Depuis quatre ou cinq ans, une vraie prise 5 ans. sieurs mois pour tout préparer. L’objectif est qu’à de conscience a lieu et une sorte d’autorégulation n 2009-2010 : la veille de l’ouverture tout soit prêt, de façon que s’est créée. Si une personne se met en danger, ce Licence les tensions soient minimes au cours des quatre sont souvent ses collègues qui l’interpellent dans Coordinateur jours de festival pour travailler dans les meilleures un premier temps. QHSE à Lorient. conditions possibles. Q. S. Nous sommes aussi confrontés aux risques n Juin 2010 : Stage De la même façon, pour le démontage, je ne veux lors des ports de charge, des opérations de levage de fin d’études pas que les équipes travaillent dans l’urgence, et chargement-déchargement. Pour y faire face, « développement avec le risque de se blesser. Si nous observons des nous identifions et balisons les zones dédiées à durable » aux problèmes de sécurité liés à de la précipitation, ces opérations, nous vérifions régulièrement la Vieilles Charrues. je n’hésite pas à payer plusieurs journées sup- qualité des élingues et les protocoles. plémentaires pour allonger certaines phases de n Septembre 2010 : J. T. Les gestes et postures sont un autre point démontage. Ça enlève du stress à tout le monde. Recrutement, de vigilance. Nous avons notamment créé des notamment escaliers pliables qui s’installent à l’arrière des Mais vous souhaitez aussi surprendre le pu- dans le but camions pour ces opérations, ou pour l’accès aux blic chaque année, et donc modifier les orga- de développer bennes de verre. nisations… la politique Q. S. C’est vrai, et en modifiant l’organisation, on de prévention Dans le dépôt, vous avez 4 000 m² de stoc- modifie les repères. Nous devons sans cesse nous des risques. kage… renouveler, veiller à établir des règles adéquates et Q. S. Oui, nous avons récupéré ce lieu en 2011. Jérôme Tréhorel à les faire respecter. Nous avons fait faire des racks sur mesure pour le n 1998 : Études stockage des tables et des chaises et ainsi faciliter supérieures en Du côté de l’accidentologie, quels sont vos leur mise en place et leur rangement. De même, communication chiffres ? pour récupérer et laver les 700 000 gobelets uti- à Rennes. Q. S. L’accidentologie a diminué ces dix dernières lisés pendant les quatre jours de festival, nous n 2004-2008 : années grâce aux politiques de prévention des avons mis au point un système pour empiler les Responsable risques menées auprès de nos équipes salariées. caisses de gobelets sur des diables et ainsi pouvoir service de presse Nous avions davantage d’accidents par le passé du les transporter facilement. pour Les Vieilles fait de négligences. Au regard du chantier et de J. T. Le risque bruit doit également être pris en Charrues et nos 600 salariés, il est difficile d’éviter tout acci- compte. Des bouchons d’oreilles sont dispo- partenariat pour dent, mais nous en avons moins de 5 par an, en nibles pour tout le monde : festivaliers, salariés, le festival moyenne, concentrés sur la dernière semaine de bénévoles… Il y a également une zone destinée Tombées de la montage et de démontage. Les métiers qui solli- aux équipes, pour leur permettre de prendre des nuit à Rennes. citent beaucoup le corps humain avec des tâches pauses dans un environnement calme. Enfin, n 2009 : répétitives, comme celui de manutentionnaire, nous fournissons aux personnes en charge de Responsable sont particulièrement exposés. C’est également le la programmation, qui assistent à de nombreux service cas de ceux liés aux scènes. Le personnel étant concerts, des bouchons d’oreilles moulés. partenariat/ amené à travailler dans des ambiances de travail mécénat des sombres (à la lampe frontale), cela peut entraîner Existe-t-il des risques psychosociaux dans Vieilles Charrues des chutes de plain-pied ou des doigts ou bras votre activité ? à temps plein. cassés. Le travail en hauteur est aussi un facteur J. T. Oui, c’est un métier où nous n’avons pas le de risques mais qui est très bien encadré. Nous n 2011 : Ajoute la droit à l’erreur : on monte une usine à gaz qui doit n’avons pas eu à déplorer d’accident dans ce fonction de être parfaitement opérationnelle le jour J, avec zéro domaine depuis de nombreuses années. responsable du minute de retard. Il y a une tension importante ; service presse à nous avons dû en tenir compte dans nos proces- Vos bonnes pratiques en matière de prévention ces attributions. sus de recrutement car, il y a quelques années, il vous ont valu cette année une récompense… pouvait arriver que de nouveaux embauchés ne n 2013 : Directeur J. T. La Carsat nous a en effet décerné une médaille général des de l’INRS. J’ai été surpris et beaucoup touché. Cette tiennent pas le coup et partent au bout de quinze Vieilles Charrues. distinction souligne l’engagement de toute l’équipe jours. Q. S. L’une des solutions est d’anticiper au maxi- des Vieilles Charrues en matière de prévention et mum. Nous rencontrons les équipes plusieurs fois met son travail à l’honneur. Je tiens tout de même avant leur venue sur le chantier. Nous leur don- à préciser que les évolutions menées dans nos pra- nons des plans de prévention, des plans d’accès, tiques n’auraient pas pu se faire sans l’accompa- de nombreuses informations. Le but, c’est que les gnement et le soutien de Gilles Mauguen et Yannick travailleurs ne découvrent pas le site le jour de leur Quelen de la Carsat Bretagne. Maintenant, il nous arrivée. appartient de garder le cap, de continuer nos efforts Propos recueillis J. T. Pour ce qui est des salariés permanents de par Damien Larroque et de maintenir notre vigilance pour que chaque l’association, nous faisons d’abord un bilan de et Delphine Vaudoux année la fête soit belle aux Vieilles Charrues. n travail & sécurité – n° 796 – juillet / août 2018
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