Start-ups : les secrets de la croissance - EPFL Magazine N 31
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N° 30 Novembre 2019 Start-ups : les secrets de la croissance POINT FORT P. 4 Les lauréats des polysphères des sections PRIX P. 25 Katie Bouman, the scientist who reveals the invisible INTERVIEW P. 16 Infinity Room 2 : 50 années de l’EPFL en huit installations CULTURE P. 40 EPFL MAGAZINE N°30 — NOVEMBRE 2019 1
ÉDITO Journal de l’EPFL Editeur responsable Mediacom Mirko Bischofberger Contact de la rédaction epflmagazine@epfl.ch magazine.epfl.ch 021 693 21 09 Suzanne Setz, secrétariat de rédaction, Emmanuel Barraud mise en page et production Mediacom Anne-Muriel Brouet, responsable éditoriale et cheffe d’édition Emmanuel Barraud, rédacteur en chef Rédacteurs Voir plus loin Aiming high Sarah Aubort Cécilia Carron Sandy Evangelista Julie Haffner « Trop beau pour être vrai. » C’était “It seemed too good to be true.” That’s Nathalie Jollien Celia Luterbacher la première réaction de Katie Bouman how Katie Bouman reacted when the first- Nik Papageorgiou lorsqu’elle a vu apparaître sur ses écrans ever image of a black hole appeared on her Sarah Perrin Sandrine Perroud la toute première image d’un trou noir – screen – an image that made headlines Laure-Anne Pessina un cliché qui a fait le tour du monde en around the world this past April. Frédéric Rauss, communication interne avril dernier. The same could be said of Bouman’s mind- Hillary Sanctuary Ses propos, dans sa discussion avec Martin set, which we discover in her conversation Correction Marco Di Biase Vetterli (lire en pp. 16-20), tiennent with Martin Vetterli (see pages 16–20). Photographies aussi du « trop beau pour être vrai ». She talks about her remarkable work Alain Herzog, Jamani Caillet, Murielle Gerber Ils incarnent en un exemple lumineux with infectious enthusiasm. A keen Infographies les valeurs les plus chères à l’EPFL. proponent of knowledge-sharing and Pascal Coderay, Laura Cipriano Son travail, qu’elle présente avec un cross-disciplinary research, she embodies Comic enthousiasme communicatif, illustre avec the very values and philosophy that EPFL Nik Papageorgiou Adresse force la puissance de l’interdisciplinarité holds dear. Perhaps more impressive still is EPFL Magazine dans la recherche scientifique. Il est Bouman’s sheer versatility. Never passing Mediacom – Station 10 CH-1015 Lausanne ancré dans la philosophie du partage up an opportunity to learn new things, Délais rédactionnels des connaissances que défend l’Ecole. she’s taken the knowledge and skills she N° 31 : 25 novembre 2019 N° 32 : 27 janvier 2020 Katie Bouman démontre aussi une agilité gained in her electrical engineering and N° 33 : 24 février 2020 professionnelle remarquable : formée en computer science degrees and applied Parutions N° 31 : 11 décembre 2019 génie électrique et sciences informatiques, them in fields as far flung as astronomy and N° 32 : 12 février 2020 elle a su appliquer ses connaissances à des seismology. N° 33 : 11 mars 2020 Contributions domaines aussi variés que l’astronomie ou Like Bouman, EPFL’s researchers are Ce journal est ouvert aux la sismologie. Elle montre au passage sa constantly pushing their own limits. membres actifs de l’EPFL. Les propositions d’articles doivent passion pour l’apprentissage de nouvelles Planting the seed of an idea and seeing it être discutées avec la rédaction disciplines, par-delà son diplôme initial. grow. Applying theoretical knowledge to une semaine au plus tard avant les délais rédactionnels. La Aller plus loin, sortir de sa zone de real-world problems. Turning a concept rédaction fixe le lignage. confort, c’est aussi semer une graine qui developed in the lab into a fully fledged Merci de nous faire parvenir ensuite les articles avec un germe, appliquer ses connaissances à startup. And capturing the attention of titre et signés (nom, prénom, la réalité, oser transformer une idée en both the general public and investors in fonction, unité, section) dans les délais rédactionnels start-up… L’EPFL voit ainsi sortir de ever greater numbers (see pages 4–10). ci-dessus. ses laboratoires de nombreuses idées que In many cases, this research – be it pure La rédaction se réserve le droit de raccourcir les articles les chercheurs-entrepreneurs portent, or applied – speaks to a burning desire to trop longs. Elle assume la avec toujours plus de succès, sur la scène make a difference. To put body and soul responsabilité des titres et de la mise en page. publique et auprès des investisseurs into something and watch it soar. To see Conception graphique (pp. 4-10). beyond the horizon. In short, to aim high Bontron & Co, Genève Marc Borboën, Mediacom Que ce soit en pure recherche ou dans and then deliver. Impression une optique plus commerciale, c’est PCL Presses Centrales SA, Renens souvent une forme d’ambition positive, un Papier engagement corps et âme dans les projets Cyclus Print, 80 g, 100% recyclé auxquels l’on croit qui permettent de dépasser les horizons – de voir et d’aller plus loin. Image de couverture d’EPFL Magazine : © Alain Herzog/EPFL 2
SOMMAIRE INTERVIEW > P. 16 KATIE BOUMAN, THE SCIENTIST WHO REVEALS THE INVISIBLE POINT FORT > P. 4 LES CLÉS DU SUCCÈS DES START-UPS DE L’EPFL ASSOCIATION > P. 23 UN BATEAU SOLAIRE POUR ALLER PLUS VITE, PLUS LOIN AVEC MOINS D’ÉNERGIE ACTUALITÉS SCIENTIFIQUES > P. 12 P. 13 – Une peau artificielle pour la réadaptation et la réalité virtuelle P. 15 – Avec Giotto l’intelligence artificielle s’exprime en trois dimensions VU ET ENTENDU SUR LE CAMPUS > P. 21 CAMPUS > P. 22 P. 29 – Les mathématiques, une question CAMPUS > P. 27 CULTURE > P. 40 de logique UN PROTOTYPE INFINITY ROOM 2 : P. 31 – Photo du mois : DE MUR VÉGÉTAL 50 ANNÉES DE L’EPFL la photographe photographiée LECTURE > P. 37 AU SKIL EN HUIT CULTURE > P. 38 INSTALLATIONS AGENDA > P. 42 EPFL MAGAZINE N°30 — NOVEMBRE 2019 3
POINT FORT Start-ups : les secrets de la croissance Une spin-off de l’EPFL sur cinq connaît une phase de développement très rapide dans les cinq ans suivant sa création. Une sur 10 passera la barre des 350 employés. A l’occasion des Journées de la Vice-présidence pour l’innovation célébrant le 50e anniversaire de l’EPFL, les 19 et 20 novembre prochain, le dossier d’EPFL Magazine explore l’écosystème des start-ups et les soutiens à l’entrepreneuriat. Le risque entre dans les mœurs, mais les écueils restent nombreux. Par Cécilia Carron, Mediacom Sur le campus, environ 20% des jeunes pousses passent le cap de scale-up. © Alain Herzog EPFL MAGAZINE N°30 — NOVEMBRE 2019 5
POINT FORT Développer une technologie de pointe, croître ra- ont continué à nous suivre lorsque nous avons dé- pidement, générer d’importants revenus, le destin cidé, après quelques mois d’activité, de réorienter de la start-up semble inhérent à sa définition. Dans notre produit ». S’arrêter, se remettre en question l’imaginaire populaire, les gros succès de la Silicon sont des points positifs. « Les décisions du dé- Valley sont en point de mire. En Suisse romande et but, surtout lorsqu’on est ingénieur et plus particulièrement à l’EPFL, la culture entrepre- qu’on apprend les ficelles du métier d’en- neuriale a clairement pris racine et davantage d’étu- trepreneur, ne sont pas forcément les diants envisagent de démarrer leur carrière en bonnes », note Jordi Montserrat, direc- créant une entreprise. En atteste notamment le teur romand de l’organisation d’aide aux nombre de demandes pour des aides de démarrage start-ups Venturelab. Créer une entre- ou des locaux. prise n’est évidemment pas une sinécure Sur le campus, environ 20% des jeunes pousses et il faut une profonde motivation. « L’équipe passent le cap de la scale-up, synonyme de démar- doit également être prête à ne faire que ça du- rage rapide – 20% de croissance par an sur trois ans rant les cinq prochaines années », ajoute Patrick et plus de 10 employés – et 10% atteignent le stade Thévoz, cofondateur de Flyability, l’un des leaders des 350 à 400 employés. Kandou, Anokion, mondiaux des drones d’inspection pour l’intérieur. Nexthink, Frontiers, pour n’en citer que quelques- unes, ont allégrement passé ce cap ces dernières L’étape cruciale de la levée de fonds années. D’autres, parfois encouragées par des in- La recherche de fonds est toujours une étape cru- vestisseurs souhaitant assurer rapidement le retour ciale et délicate pour l’entreprise. « Il y a la pression de leur investissement, ont été rachetées par de du cash-flow, il faut essuyer des refus, remettre en grandes entreprises. Certaines technologies déve- question son modèle d’affaires », se souvient l’en- loppées par des spin-offs sont d’ailleurs entrées dans trepreneur. Un an a été nécessaire à Lunaphore, qui notre quotidien, à l’image de l’assistant vocal Siri, développe un système de détection rapide pour le repris par Apple. cancer, pour trouver ces premiers fonds. Un laps de temps qui d’après Pedro Bados, fondateur de La culture du risque Nexthink (lire interview en p. 8), ne devrait pas trop Le risque n’est clairement pas une évidence en être dépassé avant d’entamer une remise en ques- Suisse. Mais les choses évoluent. L’expérience des tion sur son produit, son business plan ou la structure grandes régions pépinières de start-ups comme la de l’équipe. Silicon Valley, Boston ou Israël le montre : plus les Le nombre d’investissements de plus de 10 millions succès sont nombreux, plus ils en engendrent. Les de francs a nettement augmenté ces dernières an- entrepreneurs qui ont réussi et qui sont restés dans nées. Alors qu’on en comptait trois ou quatre sur le la région entretiennent l’écosystème dans lequel ils campus il y a 10 ans, on en dénombre une dizaine ont grandi. « Il est d’ailleurs de plus en plus fréquent par an aujourd’hui. « L’argent disponible augmente, que les fondateurs de sociétés du campus en forte mais également le nombre de projets à financer », croissance en aident d’autres », constate Jean-Phi- remarque Jean-Philippe Lallement. lippe Lallement, directeur de l’EPFL Innovation La difficulté à trouver des fonds dépend aussi du Park. Le responsable estime qu’il faudra encore 5 à domaine d’activité et surtout du montant recherché. 6 ans pour que des fonds d’investissement unique- Pour Nicolas Durand, CEO d’Abionic, scale-up de ment alimentés par des fondateurs de start-ups à 50 employés active dans le medtech, le problème succès de la région se créent. Le premier a vu ré- de la recherche de fonds est épineux et se poursuit cemment le jour à Zurich. tout au long du développement de la start-up tant Entrepreneurs et professionnels du secteur les investissements sont importants, notamment sont unanimes : les investisseurs misent pour mener des études cliniques. « Les soutiens sont davantage sur un fondateur ou une équipe excellents au démarrage. Mais une fois l’entreprise soudée que sur la technologie. Comme passée au stade de la scale-up, cela se complique et le souligne Deborah Heintze, cofonda- les aides sont encore un peu faible en Suisse. Aux trice de la scale-up Lunaphore, « notre USA, en Chine, à Singapour ou en France, les gou- atout majeur était la solidité de l’équipe. vernements s’impliquent bien davantage », regrette- Pour preuve, nos investisseurs zurichois t-il. 6
L’équipe de la start-up Motion Pilot au « Garage ». POINT FORT © Alain Herzog Conseils d’entrepreneurs Apporter un produit sur le marché Ressources humaines : est déjà un succès • S’entourer d’une équipe soudée avec les mêmes perspectives. Aide à Si la phase de croissance rapide, façon start-up, se prendre les bonnes décisions et rassure les investisseurs. • Engager les bonnes personnes. Investir dans les salaires pour produit en général au démarrage, certaines entre- engager quelques personnes qui ont de l’expérience. Cela a un effet prises passent cependant sur le tard à la vitesse multiplicateur pour le développement. supérieure, surfant sur la vague de nouvelles oppor- • Apprendre de l’expérience des autres entrepreneurs. tunités. La société Bluebotics par exemple, qui pro- duit des systèmes d’exploitation pour les robots, a Fonds : • Lever des fonds et investir tôt. Rester trop longtemps dans sa zone de été fondée en 2001, mais elle a connu une phase confort empêche de se confronter réellement au monde des affaires. d’expansion sans précédent ces dernières années, • Avoir le courage de redéfinir son business plan si besoin. Et trouver suite à la multiplication des tâches confiées aux ro- des investisseurs qui comprennent cela. bots grand public. • Trouver un bon avocat rapidement afin de négocier ensuite les Plus globalement, de la vingtaine de spin-offs qui contrats des actionnaires. • Ne pas s’éterniser à vouloir lever des fonds, mais plutôt se remettre en émergent chaque année des laboratoires de l’EPFL, question si cette étape dure plusieurs années. Normalement quelques 95% poursuivent leurs activités plus de 10 ans après propositions d’investissement devraient arriver assez rapidement. leur création. La majorité poursuit donc sa route en • Au départ, multiplier les rencontres avec des investisseurs potentiels, tant que petite ou moyenne entreprise. « C’est déjà écouter les retours, corriger le tir et ensuite passer au mode plus un succès lorsque l’entreprise parvient à apporter « agressif » pour décrocher rapidement le montant souhaité. sur le marché de manière rentable ce qu’elle avait Prototype : prévu de mettre au point et crée ainsi des emplois • Développer rapidement un prototype, même si le design n’est pas dans la région», souligne Jordi Montserrat, respon- abouti, et le confronter aux avis extérieurs. Cela aide à démontrer la sable du programme de soutien aux start-ups Ven- pertinence de la technologie et à se diriger dans la bonne direction. turelab. EPFL MAGAZINE N°30 — NOVEMBRE 2019 7
POINT FORT « Une croissance rapide repose sur des personnalités » L a spin-off de l’EPFL Comment avez-vous convaincu les investisseurs Nexthink fait figure d’ex- au démarrage de l’entreprise ? ception dans l’écosystème La personnalité est un facteur clé. Les investisseurs des start-ups suisses. Le fonda- ont été clairs. Au départ le produit ou l’idée ne sont teur et CEO Pedro Bados dévoile pas le plus important. Bien sûr, il faut une techno- quelques clés du succès. logie qui tienne la route, mais les investisseurs savent parfaitement que l’on va se repositionner, modifier Nexthink, spin-off de l’EPFL notre produit. Ce qui les intéresse, c’est de savoir si fondée en 2005, propose aux les fondateurs de l’entreprise ont suffisamment d’am- entreprises un système informa- bition et de résistance face à la tâche qui les attend. tique intelligent permettant de Pour les levées de fonds suivantes, le critère de la monitorer en temps réel toute personnalité est un peu moins central, la qualité du l’activité de leurs postes de travail produit et le business plan passent en priorité. et de générer automatiquement des solutions aux problèmes Au départ, quelles étaient vos ambitions ? connus. Un gain de temps consi- D’emblée, la perspective était une entreprise à forte dérable pour ses clients, parmi lesquels on trouve croissance. Je pense d’ailleurs qu’il faut se position- de nombreuses multinationales comme Adobe, ner dès le départ: PME ou entreprise multinatio- Pedro Bados, fondateur Commerzbank ou Western Union. Le fondateur et nale ? Les étapes ne seront pas les mêmes, ni l’in- et CEO de la spin-off Nexthink. © DR CEO Pedro Bados nous livre quelques-uns des se- vestissement en temps. crets de ce succès. Quels ont été les premiers défis que vous avez dû Où en êtes-vous aujourd’hui ? relever ? Nous avons 600 employés, dont 200 à Lausanne L’un des points d’achoppement en décidant de res- et Zurich et le reste à l’étranger, notamment à Bos- ter dans la région a été le recrutement de personnes ton, Londres et en Inde. Notre système équipe plus ayant déjà vécu l’expérience d’une entreprise en de 7 millions de postes dans près de 1000 entreprises phase de croissance rapide. De plus, les investisseurs et la croissance est de 80% par an. Nous visons les permettant de mondialiser l’entreprise ne sont pas 1000 employés d’ici la fin de l’année prochaine. légion par ici. Il a donc fallu que nous allions voir à l’étranger. Quelles ont été les étapes clés de ce succès ? Il y a eu trois grandes étapes, étroitement liées aux Pourquoi n’y a-t-il pas davantage de succès levées de fonds. Nous avons eu la chance d’avoir nos comme le vôtre en Suisse ? premiers clients dès la création de la start-up. Nous Avec ses 600 employés, Nexthink est une des plus avons sorti notre logiciel très tôt, en version bêta, grosses start-ups du pays. Cependant aux Etats- et il a été apprécié. La première phase, axée sur le Unis, ou même en Angleterre, elle serait considérée développement du produit et d’un marché, a ensuite comme de taille moyenne, voire petite. Il manque duré environ six ans. Un peu trop à mon goût. Nous ici de l’ambition et un contexte économique. Pour sommes restés relativement locaux: Suisse, France, l’instant, il n’y a pas de véritable culture start-up en Allemagne avec un chiffre d’affaires annuel de cinq Suisse. Le risque n’est pas encore entré dans la millions de francs et 30 à 50 employés. Peut-être culture. Pour voir davantage de gros succès émerger, n’avons-nous pas pensé assez global durant cette il faut encore qu’un écosystème se crée. Cela en- période ? Puis, en 2011 et en 2016, nous avons fi- traîne ensuite un effet boule de neige. Ces entre- nalement obtenu des levées de fonds de 40 puis preneurs servent de modèles pour d’autres qui 85 millions de francs, principalement auprès de émergent et les succès attirent davantage de gros fonds étrangers, qui nous ont permis de passer à la capitaux. vitesse supérieure et d’investir les gros marchés étrangers. 8
POINT FORT Un écosystème pour soutenir l’entrepreneuriat D u conseil au financement, en passant par des Hors de la VPI, le programme Enable de l’Office de lieux de coworking et des événements, les transfert de technologies (TTO) soutient les étu- soutiens à l’entrepreneuriat sont multiples. diants qui veulent commercialiser le résultat de leur recherche. L’ENAC a lancé Innoseed pour les col- A tous les niveaux, l’EPFL, principalement via la laborateurs scientifiques, postdocs et doctorants de Vice-présidence pour l’innovation (VPI), encourage la faculté afin de les aider à transformer leur re- l’entrepreneuriat que ce soit à travers la formation, cherche en produit ou service. L’EPFL fait aussi le le transfert de technologie, les bourses, des espaces relais pour les nombreux prix et bourses externes de travail partagés ou des mises en relation avec des en Suisse et à l’étranger. investisseurs. L’écosystème mis en place est relati- vement dense et parfois complexe, mais il tente de Un nid pour grandir répondre aux différents besoins des entrepreneurs Si l’EPFL Innovation Park est connu pour héberger en herbe. les jeunes pousses issues de l’Ecole, avant même de Bien qu’une liste exhaustive des initiatives soit com- signer un bail, il est possible de faire mûrir son pro- plexe à établir, on peut d’abord mentionner les jet à la Forge ou de mettre le pied à l’étrier au Ga- bourses. Dès le Bachelor, une étudiante qui a une rage. Les nombreux événements de réseautage idée géniale peut trouver de l’aide pour la réaliser. (Weekly Happy Hour, EPFL Connect), de partage Ainsi, les XGrants offrent jusqu’à 10�000 francs d’expérience (Start-up Champion, Ask the Entre- aux étudiants Bachelor et Master pour lancer leur preneur) et de sessions de pitch (Forum EPFL), en projet. Adressées au même public, les YGrants sont passant par les voyages immersifs, permettent de destinées à financer des initiatives ayant un impact cultiver l’esprit entrepreneurial. Quand il ne s’agit social ou environnemental. Pour les projets visant pas de suivre directement des cours donnés par le les mêmes domaines, les PlayGrants sont quant à Collège des humanités (cours SHS) ou le Collège elles destinées aux chercheurs. Au niveau doctoral, du management de la technologie menant à des l’Innogrant offre jusqu’à 10 fois plus, essentielle- Masters et doctorats. ment sous forme de salaire, pour lancer ou déployer sa start-up. > go.epfl.ch/entrepreneuriat L’EPFL présente ses start-ups aux investisseurs Et l’innovation dans tout ça ? C’est une première ! Le mercredi 20 novembre, la Vice-pré- L’EPFL, c’est 50 ans d’innovation et de transfert de connais- sidence pour l’innovation (VPI) a convié 170 investisseurs sances. Mais quelle est la place de l’innovation dans le monde représentant des fonds nationaux et internationaux issus de professionnel ? La Vice-présidence pour l’innovation abordera divers secteurs d’activité pour leur présenter le fleuron de cette question le mardi 19 novembre au travers de témoi- l’entrepreneuriat de l’EPFL. Vu de l’intérieur, c’est difficile à gnages de leaders de l’industrie et d’entrepreneurs à succès. imaginer, mais pour la plupart d’entre eux, c’est la première Une première séance permettra à des dirigeants d’entreprises fois que ces fonds entendent parler de l’EPFL. En face d’eux, (Swisscom, Idorsia Pharmaceuticals, APCO Technologies) 75 spin-offs de l’EPFL ou start-ups possédant un fort lien avec de partager leur vision de l’innovation et la façon dont celle-ci l’Ecole, présentant tous les niveaux de maturité, de la bénéfi- est gérée à l’échelle de leur entreprise, leur industrie ou leur ciaire d’Innogrant (voir ci-dessus) à la scale-up, tenteront de marché. Au cours d’une deuxième partie, des entrepreneurs les séduire. ayant un parcours exceptionnel (Nexthink, Kandou Bus, Si cet événement est réservé à une sélection d’invités, cette Sophia Genetics) donneront un aperçu de leur expérience, leur « Journée des investisseurs » s’ouvrira avec une conférence tout détermination d’entreprendre et comment l’EPFL a contribué public de Neil Rimer, cofondateur d’Index Ventures, une des à leur succès. L’événement se déroule au Forum Rolex et est principales entreprises de capital-risque du monde. Suivie ouvert à tous sur inscription. d’une table ronde, elle se déroule au Rolex Learning Center Info : go.epfl.ch/InnovationDay2019 dès 9h30. Gratuit, sur inscription. Info : go.epfl.ch/InvestorDay2019 EPFL MAGAZINE N°30 — NOVEMBRE 2019 9
POINT FORT ÉTUDIANTS « Réveiller le potentiel dormant de l’entrepreneuriat étudiant » Malgré une forte volonté de l’EPFL de promouvoir l’entrepreneuriat sur son campus, peu de ressources sont mises à disposition de l’étudiant de Bachelor ou Master non affilié à un laboratoire. Pour ce dernier, seul le programme XY-Grant offre un réel soutien : les autres opportunités sont généralement exclusives. C’est le cas d’InnoSeed, limité aux chercheurs de Les trois jours de l’ENAC, ou d’Innogrant et Enable, limités voyage immersif à Berlin des étudiants à des start-ups issues de laboratoires de entrepreneurs se sont l’EPFL. Il en va de même pour les locaux : déroulés dans une la Forge stipule par exemple dans son excellente ambiance. règlement qu’elle n’accepte que des start- © DR ups déjà reconnues dans les programmes ci-dessus. Ainsi, si l’EPFL soutient géné- Envie de devenir entrepreneur ? reusement les start-ups déjà existantes, on trouve moins de support dédié à la création de start-ups étudiantes per se. Or, c’est souvent ce soutien aux start-ups early stage qui permet à un produit concret D d’émerger d’un travail préliminaire. Notre ans le cadre du Global Innovation pratique, excellente ambiance… Les commen- école verrait-elle plus de start-ups étu- Network, un voyage immersif à Ber- taires élogieux fusent. « J’ai apprécié le fait que diantes si plus de moyens étaient fournis à lin a été organisé pour les étudiants, notre groupe soit formé d’un ensemble très ce niveau ? C’est en tout cas le défi relevé alliant théorie de l’entrepreneuriat et visite de divers d’étudiants de différents programmes à l’ETHZ par l’ETH Entrepreneur Club. start-ups en croissance rapide. de Master et de nationalités, certains d’entre Cette association étudiante a pu s’associer avec sa haute école, qui lui fournit 250m2 nous travaillaient déjà sur des projets et d’autres de locaux comme espace de travail aux A l’initiative de Vice-présidence pour l’inno- pas encore. Jan Brinckmann était formidable start-ups. vation, une vingtaine d’étudiants de Bachelor et très accessible, aidant à orienter les conver- C’est le même objectif que nous visons et Master se sont rendus trois jours à Berlin en sations et à répondre aux questions à chaque avec la création de l’Entrepreneur Club à septembre. Ils étaient coachés par Jan Brinck- visite d’entreprise. Le mélange et la diversité l’EPFL. Nous souhaitons voir un campus qui génère plus de start-ups étudiantes; mann, professeur pour l’entrepreneuriat et des entreprises étaient aussi très intéressantes. pour une école de la renommée de l’EPFL, stratégie, à ESADE, Business & Law School. J’ai trouvé l’atelier très utile, car il contenait un plus de moyens pourraient être mis en Le business angel a animé ce voyage inspirant contenu rarement enseigné dans la plupart des œuvre à cet égard. Notre première cible : alliant théorie de l’entrepreneuriat et visite de cours sur l’entrepreneuriat », résume un des les salles qui restent inutilisées pendant start-ups en croissance rapide. participants. des mois, voire des années, notamment lors de la réaffectation de laboratoires. Galvanisés de se retrouver entre étudiants-en- Prochaine édition en 2020 ! Ces espaces pourraient servir de locaux trepreneurs, les participants ont pu s’impré- Tatiana Soliani Brivio, en charge des partenariats VPI pour start-ups. Souvent, quelques mois gner de l’écosystème de Berlin, posant des passés à développer un produit peuvent repères, établissant des comparaisons et fixant faire la différence et générer une entre- une direction dans laquelle ils souhaitent pour- > POUR TOUTE INFORMATION : prise à succès : il ne manque pas d’entre- michka.melo@epfl.ch, preneurs pour en attester. suivre leurs idées d’entrepreneuriat. SOUTIEN À L’ENTREPRENEURIAT Les programmes X et Y-grant sont un pas Le premier jour s’est déroulé sous forme de dans la bonne direction : nous proposons cours afin de définir le contexte et poser les de compléter cela avec une approche bases de l’entrepreneuriat. Le séjour s’est pour- sur le terrain menée par notre associa- suivi par la visite de start-ups telles que Hello tion indépendante étudiante, capable d’apporter du soutien, du matériel et des Fresh et Rocket Internet. réseaux propices à l’émergence d’une A l’heure du bilan, les étudiants sont enthou- nouvelle vague de start-ups étudiantes siastes. Possibilité de réseauter, contact avec sur le campus. Marwan El Chazli et Sven Borden, les dirigeants, visions différentes, éventail de pour l’Entrepreneur Club stades de croissance des start-ups, approche > PLUS D’INFO : contact@ec-epfl.ch 10
50 ANS DE L’EPFL « A l’EPFL, vous pouvez être vous-même : il y a tellement de diversité et de cultures » A l’EPFL depuis… 40 ans Sylviane dal Mas, adjointe des directeurs des sections IN et SC. « J’ai commencé en 1979 au secrétariat de la prési- triels pour avoir suffisamment de propositions. dence. Le président Bernard Vittoz m’avait engagée. C’était un défi intéressant. Ensuite, je suis partie, puis revenue dans les années En 40 ans les choses ont beaucoup changé. Il y a 90. En 1996, je suis arrivée à la section des systèmes plus de dialogue entre les services administratifs, de communication, qui est devenue un département. académiques et la vice-présidence. Puis, les départements d’informatique et de sys- A l’EPFL, vous pouvez être vous-même ! Il y a tel- tèmes de communication ont été réunis pour deve- lement de diversité, de cultures, on admet les diffé- nir la Faculté informatique et communications (IC) rences. En 1993 déjà, il y avait beaucoup de pays sous l’impulsion du président Patrick Aebischer. représentés. Avec les accords de Bologne, les étu- C’était une bonne chose tant du point de vue des diants sont vraiment venus du monde entier. ressources que de la cohérence des programmes Aujourd’hui, je m’occupe des quelque 1500 étu- d’études. diants d’IC, que ce soit pour leurs problèmes aca- L’informatique a pris un nouveau départ avec la no- démiques ou personnels. J’essaie de dédramatiser mination de Willy Zwaenepoel, qui a engagé énor- les échecs et de leur redonner confiance en leur mément de professeurs. Le cursus a été rénové et disant que cela ne les empêchera pas de faire une des stages pour les étudiants en informatique ont belle carrière. Pour moi, c’est important de les en été introduits. Il fallait chercher des contacts indus- persuader. » « Malgré les grandes volées, la dynamique de groupe existe » A l’EPFL depuis… 43 ans Guy Delacrétaz, adjoint de la section de microtechnique. « J’ai fait toute ma carrière à l’EPFL ! J’ai commencé mes sur toute la plaine d’Ecublens, le bâtiment de chimie. Le études en 1976, obtenu mon diplôme d’ingénieur phy- bâtiment de physique achevé, mon institut y a emmé- sicien en 1980 et enchaîné avec une thèse à l’Institut de nagé et j’ai achevé ma thèse sur le campus. physique expérimentale que j’ai défendue en 1985. Dans Après un postdoc d’une année à Ciba Geigy à Bâle, en ma volée de physiciens, nous n’étions que 25. L’équipe 1987, un poste au nouveau Centre d’applications laser, était soudée. Aujourd’hui, ils sont plus d’une centaine en joint-venture entre l’EPFL et Swatch Group, a bouscu- première année et 300 en microtechnique. Malgré ces lé mes plans et m’a ramené à Ecublens. Vingt ans dans grandes volées, j’observe les mêmes dynamiques entre les applications médicales des lasers, puis une reconver- les groupes d’étudiants. L’humain ne change pas si vite, sion administrative au service de la section de micro- heureusement. technique en 2006 m’ont ouvert de nouveaux horizons. Le plus marquant pour moi reste d’avoir vu construire Le poste d’adjoint de section m’a permis de m’engager tous les bâtiments du campus. Ça vous donne une idée en politique, où je pense apporter ma cohérence de > ÉCOUTEZ LES du temps qui passe. Durant mes études, le cœur de scientifique et mon pragmatisme d’ingénieur au sein de TÉMOIGNAGES SUR : l’EPFL se trouvait à l’avenue de Cour et nous ne suivions ma commune. » celebration.epfl.ch que quelques cours au Collège propédeutique de l’Uni- versité. A cette époque, il n’y avait qu’un seul bâtiment Propos recueillis par Sandy Evangelista EPFL MAGAZINE N°30 — NOVEMBRE 2019 11
ACTUALITÉS SCIENTIFIQUES Vue de la structure construite au Smart Living Lab. © Raffael Baur © EPFL BRÈVE ARCHITECTURE MATÉRIAUX BIOLOGIE Les étudiants de l’EPFL Ils organisent des zones Les bactéries doivent être « stressées » repoussent les limites supraconductrices dans pour se diviser — La division cellulaire du béton une feuille de métal des bactéries est régie Au Smart Living Lab, Un microdispositif métallique à la fois par l’activité enzymatique et par des une structure en béton innove dans lequel on peut dessiner forces mécaniques, qui par sa légèreté et et contrôler des motifs de travaillent ensemble pour en contrôler le sa résistance statique. supraconductivité a été créé. moment et l’endroit. Un projet du Laboratoire des matériaux quantiques C’est ce que montre (QMAT), développé par Philip Moll une nouvelle étude A A de l’EPFL. Les scientifiques ont l’occasion d’un séminaire organi- des températures très basses, cer- découvert que la sé en septembre au Smart Living tains matériaux ont la capacité de division d’une cellule Lab à Fribourg, 26 étudiants en devenir « supraconducteurs ». Ils de mycobactérie architecture et génie civil de l’EPFL et de peuvent transporter des électrons sans au- nécessite des forces mécaniques en plus l’Université fédérale de Bahia, au Brésil, cune résistance. La supraconductivité est des molécules de ont construit en 14 jours un prototype de déjà utilisée dans de nombreuses applica- division (enzymes) structure modulaire en béton textile. Ce tions, notamment dans les hôpitaux, pour précédemment dernier utilise de la fibre de carbone à la faire de l’imagerie par résonance magné- identifiées. Avant place des traditionnelles armatures d’acier. tique (IRM). Mais à l’avenir, elle pourrait qu’une cellule se divise, on observe Grâce à cette technique et au développe- faire naître de nouvelles technologies. L’un une accumulation ment d’un coffrage de métal adapté, le pa- des défis consiste à trouver de nouveaux progressive de stress villon présente une structure d’une finesse matériaux dans lesquels l’état de supracon- mécanique dans la et d’une légèreté impossibles à construire ductivité pourra être facilement manipulé. paroi cellulaire, à en béton armé classique, avec une épais- Nos chercheurs s’intéressent à des supra- l’endroit même où elle va se séparer. seur de 9 millimètres pour la coque de sa conducteurs non conventionnels particuliers Cette accumulation toiture, tout en offrant une excellente résis- appelés les matériaux à fermions lourds. aboutit finalement tance statique. Dans le cadre d’une recherche internatio- à une division en Pour les responsables du workshop, ce nale, ils ont fait une étonnante découverte deux nouvelles type de construction présente un avenir concernant l’un d’entre eux, appelé CeIrIn5. cellules en l’espace de millisecondes. prometteur, avec une réduction sensible des Le CeIrIn5 se transforme en supra- Etonnamment, lorsque matériaux et une utilisation de ciments du- conducteur à une température de 0,4°C les chercheurs ont rables, permettant d’importantes économies au-dessus du zéro absolu (environ -273°C). appuyé physiquement de CO2. Chaque élément porteur est de plus Les chercheurs ont démontré que l’on pou- sur les bactéries avec démontable, réutilisable et transportable vait fabriquer ce matériau de manière à ce une aiguille AFM extrêmement pointue, par une ou deux personnes. L’objectif est que coexistent des zones supraconductrices ils ont provoqué une de rendre possible l’autoconstruction sans et d’autres qui demeurent dans un état mé- division cellulaire recourir aux engins lourds de chantier et tallique normal. Mieux, ils ont établi un instantanée et d’ériger des logements qui allient simplicité modèle qui permet de « dessiner » des mo- prématurée. et haute résistance aux éléments extérieurs. tifs conducteurs complexes et de contrôler Le projet est né il y a quatre ans dans leur diffusion dans le matériau de façon très le cadre du programme d’enseignement in- précise, en faisant varier la température. > RETROUVEZ LES ACTUALITÉS COMPLÈTES terdisciplinaire « Projeter ensemble » de la Laure-Anne Pessina SUR actu.epfl.ch Faculté ENAC. Sandrine Perroud 12
ROBOTIQUE ACTUALITÉS SCIENTIFIQUES Une peau artificielle La peau artificielle s’adapte à pour la réadaptation n’importe quelle morphologie. © EPFL et la réalité virtuelle Cette peau artificielle souple fournit des sensations tactiles BRÈVE à l’utilisateur et peut, grâce à BIOTECHNOLOGIE GTX medical, des capteurs souples, s’adapter spin-off de l’EPFL, en temps réel. à la conquête du marché américain Un projet du Laboratoire de robotique reconfigurable (RRL) et du Laboratoire d’interfaces — La paralysie bioélectroniques souples (LSBI) pourrait ne plus veut dire que nous pouvons moduler la sti- Développé par Jamie Paik et Stéphanie Lacour être une fatalité. mulation vibratoire de façon très précise. » F Plusieurs études aite de silicone et d’électrodes, la La peau électronique est constituée issues du laboratoire peau artificielle s’adapte à toutes les d’une chambre en silicone, que l’on peut de Grégoire Courtine morphologies et fournit des sensa- gonfler en injectant de l’air, à des fréquences ont montré qu’une stimulation électrique tions tactiles (vibrations ou pressions) à ce- pouvant aller jusqu’à 100Hz. L’inflation et la ciblée de la moelle lui qui la porte. La déformation de la peau déflation rapides de cette « bulle » de silicone épinière, couplée synthétique est mesurée en continu par un provoquent la vibration. Au-dessus de l’ac- à une rééducation capteur souple, ce qui permet d’adapter la tuateur se trouvent des électrodes souples. spécifique, permet à force des stimulations en temps réel, pour Elles mesurent en temps réel la déformation des patients paralysés de retrouver l’usage se rapprocher du sens du toucher réel. de la peau artificielle. Ce retour, transmis volontaire de « C’est la première fois que nous pré- à un microcontrôleur, permet d’adapter la leurs jambes. sentons une peau électronique entièrement stimulation selon les changements d’envi- La spin-off GTX souple qui intègre à la fois des capteurs et ronnement local et la morphologie de l’uti- Medical travaille des actuateurs, indique Harshal Sonar. Nous lisateur. depuis plusieurs années au contrôlons le système en circuit fermé, ce qui Laure-Anne Pessina développement du dispositif de stimulation neurologique lié à ces travaux. Elle a ENVIRONNEMENT annoncé sa fusion avec NeuroRecovery Des ruisseaux de Les chercheurs se sont basés sur une Technologies, une montagne émettent découverte que l’EPFL a publiée en février : entreprise américaine active dans le même une quantité de CO2 la vitesse des échanges gazeux dans les ruis- domaine, mais seaux de montagne est 100 fois plus élevée inattendue que nous le pensions. Grâce à des campagnes spécialisée dans la réhabilitation du Les ruisseaux de montagne de mesures dans les ruisseaux alpins du Va- haut du corps. La nouvelle entité, dont doivent être inclus dans le cycle lais, ils ont pu corriger un système de calcul le nom restera GTX qui faisait jusqu’ici référence. global du carbone. Les chercheurs se sont basés sur de Medical, aura ainsi un accès direct au Un projet du Laboratoire de recherche en biofilms nouvelles données issues de ruisseaux des marché américain. et écosystèmes fluviaux (SBER) Elle entend Développé par Åsa Horgby principales montagnes du monde, extrapo- lées à l’échelle mondiale sur plus de 1,8 notamment renforcer E sa collaboration n moyenne, et par mètre carré, les million de ruisseaux. Les caractéristiques avec les laboratoires ruisseaux de montagne affichent un hydrologiques et géomorphologiques de ces académiques, dont taux d’émission de CO2 plus éle- ruisseaux, mais aussi la quantité de carbone celui de Grégoire vé que d’autres ruisseaux et rivières du organique dans les sols sont des exemples de Courtine, afin de monde situés en plaine. La turbulence de paramètres inclus dans le modèle. Ce der- faciliter le transfert des avancées vers de leurs eaux, liée à la pente des montagnes, nier a permis de prédire la concentration et nouvelles thérapies en est l’une des causes. Alors qu’ils ne la quantité d’émissions de CO2 ainsi que la de réhabilitation. représentent que 5% de la surface de tous vitesse des échanges gazeux. les cours d’eau de la planète, ces ruisseaux Sandrine Perroud pourraient être responsables de 10 à 30% > RETROUVEZ LES des émissions de CO2 globales annuelles ACTUALITÉS COMPLÈTES de tous les réseaux fluviaux. SUR actu.epfl.ch EPFL MAGAZINE N°30 — NOVEMBRE 2019 13
ACTUALITÉS Concept design of fly-robots. SCIENTIFIQUES © P. Ramdya, EPFL La plaque focale de DESI et ses 5000 «yeux» robotiques. © National Optical Astronomy Observatory BRÈVE ASTRONOMIE ROBOTIQUE OPTIMISATION Un vélo conçu grâce à l’IA bat des records Cinq mille « yeux » DeepFly3D : l’IA de vitesse vont scruter l’expansion pour concevoir — Lors du World Human Powered de l’Univers des robots mouches Speed Challenge Le projet Dark Energy En modélisant en 3D les 2019, la pilote Ilona Peltier a atteint la Spectroscopic Instrument mouvements de l’insecte grâce vitesse de 126,5 km/h (DESI), qui vise à découvrir à leur logiciel basé sur le deep à vélo sur une piste de 200 m. Un la nature de l’énergie noire, learning, des chercheurs nouveau record du monde féminin entre dans sa dernière phase. veulent concevoir des robots toutes catégories Un projet du groupe interdisciplinaire Astrobots inspirés des mouches. confondues. Avec 136,7 km/h, son Un projet de l’unité du professeur Pavan Ramdya coéquipier Fabian E Canal a lui décroché n étant capable de s’accrocher aux le record du monde murs et aux plafonds, la mouche pré- M masculin universitaire. Tous deux ont utilisé ené par les Etats-Unis, le projet sente des aptitudes à même d’inspirer un vélo conçu à l’aide DESI entre dans sa phase finale de nouveaux concepts en systèmes robo- d’une application de test. L’instrument sera prêt à tiques. Exploiter les principes de son com- logicielle mise au point commencer ses observations scientifiques portement pour concevoir des robots : c’est par Neural Concept, une spin-off de début 2020 et la première publication l’idée à l’origine de DeepFly3D. Ce système l’EPFL. importante de données est attendue pour de capture d’images se distingue par sa fa- Celui-ci a intégré une 2021. Des astrophysiciens de l’EPFL ont culté de déduire la position de la mouche – série de contraintes, considérablement contribué au projet. ou d’autres animaux – en trois dimensions. telles que la taille, Installé sur le télescope Mayall à l’ob- Il peut automatiquement effectuer des pré- la largeur et le poids du pilote, et servatoire de Kitt Peak, DESI passera les dictions et des mesures comportementales utilisé ces données quatre prochaines années à recueillir des à une résolution inédite, pour une foule pour effectuer spectres optiques de dizaines de millions de d’applications en biologie. Le programme des simulations galaxies et de quasars pour créer une carte exploite les images de caméras pour repérer aérodynamiques et 3D couvrant l’Univers proche jusqu’à 11 et corriger automatiquement ses propres proposer le meilleur modèle de vélo. milliards d’années-lumière. DESI utilisera erreurs lorsqu’il calcule la posture de la Ainsi, le vélo caréné, 5000 « yeux » de fibre optique pour captu- mouche. Il améliore aussi ses propres per- semblable à une rer la lumière de 5000 objets différents, des formances grâce à l’intelligence artificielle. capsule munie de deux galaxies et des quasars. L’instrument est DeepFly3D permet donc de modéliser roues et entraînée conçu pour pointer automatiquement une en trois dimensions, de manière efficace par un pilote en position inclinée, peut série prédéterminée de galaxies, recueillir et précise, les mouvements, les postures et atteindre des vitesses leur lumière, puis, grâce à 10 spectrographes, l’angle des articulations de la mouche du vi- supérieures à celle de séparer cette lumière en bandes de couleur naigre. Il pourrait inspirer de nouveaux stan- nombreux véhicules étroites pour représenter, sur une carte, leur dards pour modéliser en trois dimensions la à moteur grâce à sa distance par rapport à la Terre. En analysant posture d’autres organismes. « La mouche forme aérodynamique optimisée . la distribution 3D des galaxies et quasars, les présente un bon compromis entre docilité scientifiques pourront calculer l’expansion et complexité, explique Pavan Ramdya. Si de l’Univers en fonction de la lumière des nous comprenons comment elle accomplit galaxies qui a atteint la Terre. ses actions, nous pourrons apporter une im- Nik Papageorgiou portante contribution à la robotique et à la > RETROUVEZ LES ACTUALITÉS COMPLÈTES médecine. » SUR actu.epfl.ch Nik Papageorgiou 14
ACTUALITÉS SCIENTIFIQUES Matteo Caorsi, la professeure Kathryn Hess Bellwald et Aldo Podestà (de g. à d.). © Alain Herzog MATHÉMATIQUES Des formes cachées Avec Giotto l’intelligence Jusqu’ici, les algorithmes dans les données utilisés en machine learning artificielle s’exprime Pour répondre à ce pro- cherchent la performance au blème, la start-up a opté pour détriment d’une compréhension en trois dimensions une approche intuitive basée sur plus profonde de la nature des ré- la science des formes. C’est ainsi sultats. « Giotto aide à trouver le qu’est né le projet Giotto, une bi- squelette qui sous-tend toutes les Grâce à la science des formes, Giotto adapte bliothèque logicielle open source relations entre les données et per- l’IA aux problématiques modernes en la rendant et gratuite qui ambitionne de ré- met de mieux les comprendre et volutionner l’utilisation du ma- d’en extraire le sens avec plus de plus fiable et intuitive dans des domaines chine learning. « L’être humain précision», indique-t-il. Le projet comme la science des matériaux, comprend mieux les formes et tire son nom de Giotto di Bon- les neurosciences ou la biologie. les couleurs que les nombres done, peintre du XIIIe siècle qui et les équations, c’est pourquoi a pour la première fois introduit Un projet de la start-up Learn To Forecast (L2F) nous pensons que la science des la perspective dans ses tableaux. formes, la topologie, permettra de construire un nouveau lan- Ouvrir de nouvelles L es chercheurs utilisent gage entre l’IA et l’utilisateur », perspectives l’intelligence artificielle souligne Aldo Podestà, CEO de Pour développer Giotto, ses pour résoudre des ques- L2F. créateurs ont collaboré avec des tions complexes, mais ce n’est Giotto propose des outils qui chercheurs de l’EPFL qui uti- pas une science limpide : ce implémentent des algorithmes lisent la topologie au quotidien, que l’IA peut calculer dépasse inspirés de la topologie pour comme la professeure Kathryn souvent notre compréhension, répondre aux lacunes actuelles Hess Bellwald, responsable du et soulève des questions de du machine learning. Nul besoin Laboratoire pour la topologie fiabilité et de confiance pour de maîtriser la théorie mathéma- et les neurosciences. « L’un des l’utilisateur. « Les algorithmes tique, l’utilisateur a un outil clé grands avantages de Giotto est deviennent de plus en plus en main pour faire apparaître qu’en raison de sa simplicité complexes et il est très diffi- des structures jusqu’ici cachées d’utilisation il sera possible pour cile de comprendre comment dans un ensemble de données. les scientifiques de tous les do- ils travaillent, et donc de faire « Les bases de ce nouveau type maines de l’utiliser comme partie confiance aux solutions ap- d’IA sont les graphes et leur intégrante de leur boîte à outils portées ou de prévoir quand version multidimensionnelle, pour le machine learning, ce > RETROUVEZ LES ACTUALITÉS COMPLÈTES ces algorithmes pourraient se c’est-à-dire des objets géomé- qui devrait mener à de nouvelles SUR actu.epfl.ch tromper », explique Matteo triques permettant de trouver perspectives dans de nombreux Caorsi, responsable scientifique les structures essentielles dans domaines », se réjouit-elle. au sein de la start-up Learn To les données », explique Thomas Sarah Aubort Forecast (L2F). Boys, cofondateur de L2F. EPFL MAGAZINE N°30 — NOVEMBRE 2019 15
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