CHIMÈRE SANDRINE PIAU - SUSAN MANoff

 
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 SANDRINE PIAU
 Susan Manoff
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CHIMÈRE SANDRINE PIAU - SUSAN MANoff
CHIMÈRE SANDRINE PIAU - SUSAN MANoff
CHIMÈRE n. f. est emprunté (v. 1220) au latin          CHIMERA
    chimaera, lui-même pris, comme terme de                chimaera, itse
    mythologie, au grec khimaira, désignant à la fois      from the G
    une jeune chèvre, âgée d’un an à sa première mise      young she-g
    bas, et une créature mythologique composite, de        birth, and a
    forme variable mais avec un corps ou une tête de       variable in sh
    chèvre. Ce mot, avec le terme apparenté kimaros        goat. This wo
    « chevreau », pourrait appartenir à un groupe          ‘he-goat’, ma
    indoeuropéen : il est ancien dans le vocabulaire       group: it is fo
    de l’élevage.                                          vocabulary o

    Terme de mythologie, le mot a développé dès            The mythol
    les premiers textes le sens figuré d’ « insensé » en   developed fr
    emploi adjectif (v. 1220). Il est resté sans autres    adjectival m
    exemples avant le XVI siècle, lorsque chimère a
                             e
                                                           (c.1220). No
    commencé à désigner une création imaginaire            the sixteenth
    de l’esprit (1538), plus tard appuyé par le dérivé     began to des
    chimérique.                                            mind (1538;
                                                           chimera), with

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CHIMERA borrowed (c.1220) from Latin                SCHIMÄRE, Subst., feminin, leitet sich (um
chimaera, itself derived, as a mythological term,   1220) vom lateinischen Wort chimaera ab, das
from the Greek khimaira, meaning both a             seinerseits als ein Begriff der Mythologie vom
young she-goat, one year old when it first gave     griechischen chímaira übernommen wurde.
birth, and a composite mythological creature,       Das Wort bezeichnete sowohl eine junge, ein-
variable in shape but with the body or head of a    jährige Ziege zur Zeit ihres ersten Gebärens
goat. This word and its kindred term khimaros,      als auch ein aus verschiedenen Tieren zusam-
‘he-goat’, may belong to an Indo-European           mengesetztes      mythologisches   Wesen    von
group: it is found in very early sources for the    unterschiedlicher Form mit dem Körper oder
vocabulary of animal husbandry.                     dem Kopf einer Ziege. Möglicherweise gehört
                                                    dieses Wort mit dem damit verwandten Begriff
The mythological sense of the word also
                                                    kimaros („Zicklein“) einer indogermanischen
developed from the earliest texts the figurative
                                                    Gruppe an: Es wird dem alten Vokabular der
adjectival meaning ‘weird’ or ‘extravagant’
                                                    Tierzucht zugeordnet.
(c.1220). No other examples are found before
the sixteenth century, when chimère in French       Als Begriff der Mythologie entwickelte das
began to designate an imaginary creation of the     Wort adjektivisch gebraucht von den ersten
mind (1538; late sixteenth century for English      Texten an den übertragenen Sinn von „ver-
chimera), with the later derivation chimeric.       rückt“ (um 1220). Vor dem 16. Jh. finden sich
                                                    keine anderen Beispiele, dann jedoch begann
                                                    es, auf Französisch ein Hirngespinst zu be-
                                                    zeichnen (1538), und diese Bedeutung wurde
                                                    später durch das abgeleitete Wort chimérique
                                                    („trügerisch“ im Sinne von trügerische Fantasie)
                                                    noch gefestigt.

                                                                                                   5
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CARL LOEWE (1796-1869)
         GOETHE UND LOEWE – LIEDER UND BALLADEN
    1.   Ach neige, du Schmerzenreiche                       4’11

         ROBERT SCHUMANN (1810-1856)
         LIEDER UND GESÄNGE AUS ‚WILHELM MEISTER‘, OP.98A
    2.   Mignon ‚Kennst du das Land ?‘                       4’14
         5 LIEDER UND GESÄNGE, OP.127
    3.   Dein Angesicht                                      2’13
         MYRTHEN, OP.25
    4.   Die Lotosblume                                      1’44

         CLAUDE DEBUSSY (1862-1918)
         FÊTES GALANTES I, CD 86
    5.   En sourdine                                         2’46
    6.   Fantoches                                           1’24
    7.   Clair de lune                                       2’44

         HUGO WOLF (1860-1903)
    8.  Verschwiegene Liebe                                  2’28
    9. Nixe Binsefuss                                        2’19
    10. Das verlassene Mägdlein                             2’53
    11. Lied vom Winde                                       2’45

         IVOR GURNEY (1890-1937)
        5 ELIZABETHAN SONGS, IIG 2
    12. Sleep                                                3’08

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      ROBERT BAKSA (*1938)
13. Heart! we will forget him         3’09

      FRANCIS POULENC (1899-1963)
      BANALITÉS, FP 107
14.   Chanson d’Orkenise              1’27
15.   Hôtel                           1’38
16.   Fagnes de Wallonie              1’27
17.   Voyage à Paris                  0’57
18.   Sanglots                        4’18

      SAMUEL BARBER (1910-1981)
    DESPITE AND STILL, OP.41
19. Solitary Hotel, op.41 No.4        2’36

      FRANCIS POULENC
    MÉTAMORPHOSES, FP 121
20. C’est ainsi que tu es             2’28

      ANDRÉ PREVIN (*1929)
    THREE DICKINSON SONGS
21. As Imperceptibly as Grief         3’13
22. Will There Really Be a Morning?   1’30
23. Good Morning Midnight             2’45

      TOTAL TIME: 58’27
                                             7
CHIMÈRE SANDRINE PIAU - SUSAN MANoff
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CHIMÈRE SANDRINE PIAU - SUSAN MANoff
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FRANÇAIS
                             ENGLISH
                             DEUTSCH
SANDRINE PIAU SOPRANO
SUSAN MANOFF PIANO

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FRANÇAIS
                                                                         FRANÇAIS
Avec Chimère , nous refermons un « triptyque » explorant les terres
infinies des rêves.
Évocation était un voyage intime vers un ailleurs réinventé ou un

                                                                         ENGLISH
amour sublimé.
Après un rêve abordait le douloureux passage du rêve à la réalité.
Chimère nous plonge dans le désir fou de donner réalité à nos rêves.

                                                                         DEUTSCH
Sa séduction, leurre chatoyant, est souvent
le tombeau de nos illusions.

Chimère,
créature mythologique hybride…
La recherche génétique donne une actualité troublante à la
chimère, touchant au fondement même des espèces et de notre
devenir…
Le parfum d’étrangeté qu’elle exhale est celui de toutes les
transgressions, de toutes les libertés et la promesse trompeuse de
repousser à l’infini les limites de notre humanité.

« Le pays des chimères est en ce monde le seul digne d’être habité. »
(Jean-Jacques Rousseau)
« Nos chimères sont ce qui nous ressemble le mieux… »
(Victor Hugo)

                                                         Sandrine Piau
« Je regarde la vie des deux côtés maintenant,
     Gagner et perdre et cependant je ne sais pourquoi,
     Ce sont les illusions de la vie que je retiens
     Vraiment la vie, je ne la comprends pas du tout. »
     Both Sides, Now Joni Mitchell

     Et si la clef était là ? La chimère est peut-être un portail qui nous
     permet de dialoguer avec nos démons, les âges de nos vies, le va
     et vient, le comprendre et ne rien comprendre.

                  Plume arrachée du ciel
                  Tombée de la voûte dans mes bras,
                        nus.
                  Un corbeau,
                        choqué
                  Une chenille,
                        sauvée
                  Un papillon,
                        libéré
                  Une fourmi,
                        observée
                  Une mouette,
                        contemplée
                  Je ne suis pas seule.

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FRANÇAIS
                                                             FRANÇAIS
J’avance sur le seuil,
      de ce monde,
      de l’autre.

                                                             ENGLISH
Mes larmes coulent comme des ruisseaux
     vers le large,
     la mer,

                                                             DEUTSCH
     trouvant délivrance.
Douleur,
     tu te perds à l’horizon.
Un pilote inconnu,
     arraché du ciel
     tombé de l’horreur
     tombé du viol de la voûte
     dans le duvet de nos larmes,
              nues.
Viens, nous sommes là.

                              L’Anse Bleue, Juin 2016
                                       Susan Manoff

                                                        15
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FRANÇAIS
                                                                                                 FRANÇAIS
     L’ÉVIDENCE ET LE MYSTÈRE
     PAR STÉPHANE GOLDET

                                                                                                 ENGLISH
1.   CARL LOEWE : Szene aus « Faust », dite « Marguerite aux remparts »

                                                                                                 DEUTSCH
     (Johann Wolfgang von Goethe), 1835
     Célèbre en son temps pour la beauté de sa voix lorsqu’il interprétait seul,
     s’accompagnant lui-même au piano, ses ballades et ses romances, Loewe a
     quarante ans lorsqu’il se saisit de ce grand texte de la contrition et du remords
     d’une faute commise par une toute jeune fille sous l’impulsion du désir. Ces
     mêmes vers avaient inspiré Schubert, au printemps de ses vingt ans, un lied laissé
     inachevé, stoppé net sur « mon cœur se brise en moi ». Schumann, Wolf, Liszt (à
     deux reprises) s’y frotteront après lui. Mais personne ne réussira comme Loewe la
     mise en musique de cette prière, droite et sobre, soutenue par un choral d’église.
     Loewe fait tomber le dernier mot du lied (« détresse »), chanté sur un sol grave,
     comme une pelletée de terre sur un cercueil.

2.   ROBERT SCHUMANN : « Kennst du das Land?» dit « Chant de Mignon »
     (Johann Wolfgang von Goethe), 1849
3.   ROBERT SCHUMANN : Dein Angesicht (Heinrich Heine), 1840
4.   ROBERT SCHUMANN : Die Lotosblume (Heinrich Heine), 1840
     L’idée forte des deux musiciennes, ici, est l’invention d’un petit récit schumannien
     en trois étapes d’images blanches.

                                                                                            17
En ouverture, une sorte d’Himalaya poétique – le texte allemand sans doute le
      plus mis en musique de toute l’histoire du lied1 C’est le chant d’un être angélique
      (chimérique ?), perdu entre enfance et éternité comme entre ciel et terre ; butant
      toujours sur l’énigme de son origine : celle d’être le fruit d’un inceste qu’elle ignore
      – donc produit d’un secret qui la tue. Comme tant d’autres avant et après lui,
      Schumann tente d’en révéler le profond mystère.
      Au cœur de ce « récit », l’image blafarde (« so bleich ») du visage de l’aimée
      entrevue en rêve, avec ses lèvres rouges aujourd’hui, mais qui le seront un jour –
      blafardes – puisque vouées à la mort. Fatalement, dit ce lied imperturbable, blanc
      comme un suaire qui envelopperait le poème. Primitivement conçu pour le cycle
      des Amours du poète, ce Visage en concentre toute l’intensité.
      En finale, un bijou de poésie pudiquement érotique où « Schumann n’a plus rien à
      envier à Schubert ; il lui a presque volé son âme » (B. François-Sappey).

 5.   CLAUDE DEBUSSY : En sourdine (Paul Verlaine), 1892
 6.   CLAUDE DEBUSSY : Fantoches (Paul Verlaine), 1892
 7.   CLAUDE DEBUSSY : Clair de lune (Paul Verlaine), 1892
      Il s’agit du premier volume des Fêtes galantes, où « le prince des poètes français »
      est servi par le plus sensuel des amants de la langue française.
      Le monde est feutré et triste (le rossignol comme « voix de notre désespoir »
      dans En sourdine – mis en musique par Fauré au même moment ; longue tenue
      du premier « triste » chanté dans le Clair de lune). Dès la première phrase, les
      mots sont distillés goutte à goutte, par glissements progressifs d’un plaisir qu’on
      cherchera à assouvir d’autant plus qu’il se refuse – avec délicatesse, par les

      1 Le Guide de la mélodie et du lied (Fayard) ainsi que le site lieder.net en évoquent plus de cent…

18
FRANÇAIS
                                                                                                       FRANÇAIS
      harmonies toujours dérobées d’un piano où se devine déjà le monde des Préludes
      à naître.
      Lovée dans l’œuvre de Debussy, la Commedia dell’arte est ici drapée dans

                                                                                                       ENGLISH
      le vêtement musical d’une désinvolte (« la la la,… ») et loufoque espagnolade
      (soufflée au musicien par « le pirate espagnol » ? ). La partie de cache-cache des
      personnages s’y joue, allegretto scherzando, dans une vertigineuse effervescence.

 8.

                                                                                                       DEUTSCH
      HUGO WOLF : Verschwiegene Liebe (Joseph von Eichendorff), 1888
      Il y a, dans ce poème qui chante la paix, une qualité d’harmonie entre l’homme et
      le monde, rendue fusionnelle dans le lied. Le « silence profond » de En sourdine est
      ici un « verschwiegen » – apogée de la ligne de chant (« la nuit est silencieuse »).
      La présence prégnante de ce silence, dans la partie de piano, témoigne d’une fine
      lecture du poème, qui est une des marques de fabrique de Wolf.

 9.   HUGO WOLF : Nixe Binsefuss (Eduard Mörike), 1888
      Au bord d’un lac par une nuit d’hiver, une petite ondine fraîche et insolente vient
      se moquer d’un pauvre pêcheur. On y entend au piano sonner la glace sous les
      pieds de l’exquise – mais un rien perverse – créature, qui, bonne enfant au fond,
      finira par lui offrir un cadeau. Dans cette ballade « pour rire », tout est léger-léger ;
      ça pirouette, glisse et virevolte à telle allure que, comme dans Fantoches, on en
      perdrait facilement la tête…

10.   HUGO WOLF : Das verlassene Mägdlein (Eduard Mörike), 1888
      Le « matin d’après » la révélation de l’infidélité de celui qu’on aime encore. Dans
      la musique, dès avant qu’elle n’ait ouvert la bouche, on voit la pauvre fille de ferme

                                                                                                  19
entrer dans la pièce, comme recroquevillée, sur un rythme simple (une noire suivie
      de deux croches) – l’allure même d’un glas qui accompagnerait le lied entier
      comme des chevaux traînant un cercueil. La jeune servante, simplement, dit sa
      douleur, dans une nuance décolorée (entre le double et le triple piano tout du long,
      et un seul forte sur le mot « treuloser » : infidèle). C’est minimal, on n’aura jamais
      fait plus simple2 – et c’est l’un des grands lieder non seulement de son auteur, mais
      aussi de toute l’histoire du lied. À remarquer : la formidable idée de l’enchaînement
      de Nixe Binsefuss avec ce lied-ci, tous deux dans la même tonalité de la mineur.

11.   HUGO WOLF : Lied vom Winde (Eduard Mörike), 1888
      Cet ouragan pour pianiste et chanteuse est l’une des grandes pages de folie du
      répertoire. Déferle ici, en deux questions, avec deux longues esquives pour toute
      réponse, un étonnant dialogue entre une jeune fille (abandonnée par son promis)
      et… qui, au juste ? Le vent, ou une partie d’elle-même ? Le musicien en a fait une
      sorte de poème symphonique, où la matière sonore tourbillonne, monte, s’enfle,
      et ne s’éloigne que pour revenir avec plus de force, tandis que la voix bondit, et
      zigzague comme un animal en cage. Allant jusqu’à citer (involontairement ?) la
      Tétralogie3, Wolf se pose bien ici en Wagner du lied.

12.   IVOR GURNEY : Sleep (John Fletcher), 1917-1922
      Figure étrange du XXe siècle, ce créateur anglais à la santé psychique fragile, qui
      se voulait autant poète que compositeur, laisse quelque trois cents mélodies, dont

      2 La comparaison, dans ce registre de la simplicité, s’effectue avec la Petite rose des bruyères de Goethe, mise en
      musique par Schubert (Heidenröslein).
      3 « Bei den Bergen, den Meeren, / Bei des Himmels klingende Heeren » (Auprès des montagnes, des mers, auprès
      des armées sonantes du ciel ) est chanté exactement sur les notes du thème de l’épée Nothung.

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un peu moins du tiers publié à ce jour. Cultivé, aimant les poètes élisabéthains
      comme les compositeurs romantiques germaniques, il a choisi de mettre en
      musique cet appel à la nuit réparatrice d’un poète considéré en Grande-Bretagne
      comme l’un des successeurs de Shakespeare. Dans une langue musicale bien plus
      « classique » que tout ce qu’on écrivait dans les années 1920, le musicien déploie
      une de ces belles odes à la nuit, située dans la lignée de Nacht und Traüme de
      Schubert comme dans celle d’Um Mitternacht de Wolf.

13.   ROBERT BAKSA : Heart! We will forget him (Emily Dickinson), 1967,
      révision 1999
      Comme en un « couvent d’écriture », Emily Dickinson vécut sa vie entière en
      recluse volontaire, dans la demeure familiale d’une petite ville du Massachusetts.
      Dans une langue acérée, étrangement ponctuée, cette « prospectrice des mines
      de l’âme » (Claire Malroux4) fora en nous sans relâche, un quart de siècle durant.
      Sa modalité, déployée à l’infini dans les 1789 poèmes retrouvés après sa mort,
      est l’incandescence expressive. Mais il fallut attendre les éditions du XXe siècle,
      conformes aux originaux, pour qu’elle soit reconnue pour ce qu’elle est : un des
      plus grands poètes de langue anglaise de tous les temps.
      Un de ses thèmes de prédilection, ici illustré par un compositeur américain
      prolifique ayant mis en musique plusieurs dizaines de textes de Dickinson, est
      la séparation. On ne sait si celle qui avait de la vie une vision vertigineuse fut
      « amante en vrai », mais elle le fut « en poésie ». Déjà illustré par Aaron Copland en
      1949, ce poème rappelle Das verlassene Mägdlein (plage 10). Le compositeur opte
      4 Introduction aux Quatrains et autres poèmes brefs d’E. Dickinson (Gallimard, coll. Poésie, édition bilingue). Claire
      Malroux est également l’auteur d’une magnifique présentation de l’intégralité des poèmes écrits entre 1861 et
      1863 éditée dans la collection du Domaine romantique de José Corti sous le titre d’« Une âme en incandescence »
      en 1998.
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FRANÇAIS
          pour une mise en musique dominée par la tendresse qu’inspire encore à celle qui
          chante l’injonction qu’elle se fait à elle-même d’oublier un homme dont elle sait –
          la fin du poème le suggère bien – qu’elle l’aimera au-delà de la mort.

14-18.    FRANCIS POULENC : Banalités (Guillaume Apollinaire), 1940
          Francis Poulenc, octobre 1940 : « Il ne s’agit, pour Apollinaire, que de délicieux vers
          de mirlitons groupés sous le titre de Banalités (« Voyage à Paris », « Hôtel »). Quand
          on me connaît, il paraîtra tout naturel que j’aie ouvert une bouche de carpe pour
          happer les vers délicieusement stupides du « Voyage à Paris ». Lorsqu’il s’agit de
          Paris, j’y vais souvent de ma larme ou de ma note […] Il ne m’en fallut pas plus
          pour me décider à entreprendre un cycle dans lequel figureraient « Sanglots » et
          « Fagnes ». Restait à trouver une mélodie initiale rythmique, « Sanglots » devant
          clore la série avec gravité.
          C’est alors que je me souvins d’une chanson […] qu’Apollinaire avait insérée
          dans une étrange et belle prose intitulée Onirocritique. Au mois de juin (1940),
          marchant comme troufion sur la route de Cahors, je m’étais mis à fredonner, je ne
          sais pourquoi, « Dans la ville d’Orkenise » […] « Sanglots », tout comme «Tu vois
          le feu du soir » (ex. Miroirs brûlants, Paul Éluard) devrait se sauver de la monotonie
          par le raffinement de l’écriture pianistique et la simplicité de la ligne vocale5 »
          (F. Poulenc, Journal de mes mélodies, éd. Cicéro, 1993).

    19.   SAMUEL BARBER : Solitary Hotel (James Joyce), 1968-1969
          Auteur d’une quarantaine de mélodies, Samuel Barber avait déjà visité Joyce, que
          ce soit dans sa poésie pure (en 1936, son opus 10 est bâti sur trois poèmes du

          5 Belle description détaillée de cette mélodie dans le Francis Poulenc d’Henri Hell (Fayard, 1978).

                                                                                                                23
recueil Chamber Music), ou en 1947, en posant une petite valse gracieuse et mutine
         sur quelques phrases tirées de Finnegans Wake. Lui répondra, pour compléter le
         portrait musical de ce génial (ré)inventeur de la langue anglaise, vingt ans après, un
         emprunt à Ulysses. Ce fragment de scène étrange, dominée par le « non-dit », lui
         inspire, cette fois, non pas tant un tango que…le souvenir d’un tango.

  20.    FRANCIS POULENC : C’est ainsi que tu es (Louise de Vilmorin), 1943
         Dans un petit appartement de deux pièces louées à Beaulieu-sur-Dordogne durant
         l’été 1943, Poulenc mettait en chantier, en même temps que cette mélodie, Figure
         humaine, la belle cantate que, secrètement déjà, il dédiait à la Libération.
         Comme un post-scriptum aux Fiançailles pour rire et aux magnifiques Trois Poèmes
         composés juste avant la guerre, voici une dernière mise en musique de celle qu’il
         admirait tant, pour sa beauté comme pour son maniement si subtil du double sens.
         Calme, sensuelle (ô combien à l’unisson du poème), langoureuse, cette mélodie
         rappelle quel amoureux de Chopin était Poulenc.

21-23.   ANDRÉ PREVIN : Three Dickinson Songs (Emily Dickinson), écrites pour
         Renée Fleming, créées le 18 décembre 1999
         Compositeur, adaptateur-arrangeur prolifique à l’extrême, jazzman autant que
         pianiste et chef d’orchestre dans le domaine dit classique et contemporain, Previn
         est une figure puissamment originale. Sa sélection de poèmes de Dickinson a
         retenu de cette immense figure poétique (cf. plage 13) l’aspect « mystique du
         réel » (l’été, le matin, le minuit) de cette poétesse. Comme le montrent d’entrée les
         magnifiques dissonances mélodieuses des huit premiers accords, le musicien sait
         se mettre au niveau de cette pensée poétique étrange, qui embrasse et télescope

   24
FRANÇAIS
les extrêmes (Good Morning Midnight). La beauté du dialogue entre ligne de chant         menu
et écriture jamais convenue du piano, la conduite fine de chaque mélodie qui
s’épanouit en s’achevant sur un sol aigu, offert comme une perle rare, font de ce
cycle un des beaux cahiers de la musique vocale du XXe siècle.

                                                                                    25
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FRANÇAIS
With ‘Chimère’, we complete a ‘triptych’ exploring the infinite        menu
territories of dreams.
Évocation was an intimate journey towards a reinvented

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                                                                        ENGLISH
elsewhere or a sublime love.
Après un rêve dealt with the painful transition from dream to
reality.

                                                                        DEUTSCH
Chimère plunges us into the crazy urge to make our dreams
come true.
The seductive power of that urge, its glittering lure, often
becomes the graveyard of our illusions.

The Chimera,
a hybrid mythological creature . . .
Genetic research gives the chimera a disturbing relevance,
touching on the very foundations of the species and of our
future destiny . . .
The perfume of strangeness it exhales is that of every sort of
transgression, of every freedom, and the deceptive promise of
pushing back ad infinitum the limits of our humanity.

‘The land of chimeras is the only one in this world worth living
in’ (Jean-Jacques Rousseau).
‘Our chimeras are that which most resembles us’ (Victor Hugo).

                                                       Sandrine Piau
“I’ve looked at life from both sides now
     From win and lose and still somehow
     It’s life’s illusions I recall
     I really don’t know life at all.”
     Both Sides, Now Joni Mitchell

     What if the key lies there ? The chimera is perhaps a portal opening
     onto a dialogue with our demons, the ages of our lives, the coming
     and going, the understanding and not understanding at all.

     Feather ripped from the sky,
     Fallen from the vault into my arms,
               bare.
     A raven:
               shocked
     A caterpillar:
               saved
     A butterfly:
               freed
     An ant:
               watched
     A gull:
               contemplated
     I am not alone.

30
I walk on the threshold,
         of this world,

                                                                         ENGLISH
         of the other.
My tears flow like streams
         towards the open,
         the sea,
         finding release.
Suffering,
         you disappear on the horizon.
An unknown pilot ,
       ripped from the sky,
       fallen from the horror
       fallen from the assault of the vault
       into the soft down of our tears,
                 bare.
Come, we are here.

                                          L’Anse-Bleue, June 2016
                                                    Susan Manoff

                                                                    31
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SIMPLICITY AND MYSTERY
     BY STÉPHANE GOLDET

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1.   CARL LOEWE: Scene aus ‘Faust’, also known as ‘Gretchen im Zwinger’ or
     ‘Gretchens Bitte’ (Johann Wolfgang von Goethe), 1835
     Loewe was famous in his time for the beauty of his voice when he performed his
     ballads and romances alone, accompanying himself on the piano. At the age of
     forty he set this great text evoking a young girl’s contrition and remorse for a sin to
     which she has been driven by desire. The same verse had inspired Schubert, in the
     spring of his twentieth year, to write a lied that he left unfinished, stopping dead at
     ‘Das Herz zerbricht in mir’ (My heart breaks within me). Schumann, Wolf and Liszt
     (who set it twice) also tried their hand at it after Loewe. But no one produced a
     more successful setting of this prayer, sober and straightforward, underpinned by
     a chorale. Loewe places the last word of the lied, ‘Noth’ (distress) on a low G, like
     a spadeful of earth on a coffin.

2.   ROBERT SCHUMANN: Kennst du das Land, also known as Mignon
     (Johann Wolfgang von Goethe), 1849
3.   ROBERT SCHUMANN: Dein Angesicht (Heinrich Heine), 1840
4.   ROBERT SCHUMANN: Die Lotosblume (Heinrich Heine), 1840
     The highly original idea of the two musicians here is to invent a little Schumannesque
     narrative in three stages, linked by their white images.

                                                                                               35
We begin with a sort of poetic Himalaya – probably the German text most frequently
      set to music in the entire history of the lied.1 It is the song of an angelic (chimeric?)
      being, lost between childhood and eternity, between heaven and earth, constantly
      baffled by the riddle of her identity (unbeknown to her, she is the fruit of incest, and
      thus the product of a secret that will kill her). Like so many others before and after
      him, Schumann attempts to reveal its profound mystery.
      At the heart of this ‘narrative’ is the pallor (‘so bleich’) of the beloved’s face glimpsed
      in a dream, with her lips that are red today, but one day will be pale, since they are
      doomed to die. Such is their fate, we are told by this imperturbable lied, white as
      the shroud that seems to envelop the poem. Originally intended for Dichterliebe, the
      song concentrates all that cycle’s intensity.
      The finale is provided by a gem of discreetly erotic poetry in which ‘Schumann
      need not fear comparison with Schubert; he has almost stolen his soul’ (Brigitte
      François-Sappey).

 5.   CLAUDE DEBUSSY: En sourdine (Paul Verlaine), 1892
 6.   CLAUDE DEBUSSY: Fantoches (Paul Verlaine), 1892
 7.   CLAUDE DEBUSSY: Clair de lune (Paul Verlaine), 1892
      This is Debussy’s first set of Fêtes galantes, where the ‘prince of French poets’ is
      served by the most sensual of lovers of the French language.
      The world is sensuous and sad (the nightingale as the ‘voice of our despair’ in En
      sourdine – a poem set by Fauré at the same moment; the long-held note on the
      first ‘triste’ in Clair de lune). Right from the first phrase, the words are distilled drop
      by drop, by ‘successive slidings’ of a pleasure that we constantly seek to assuage,

      1 The Guide de la mélodie et du lied (Paris: Fayard, 1994) and the site lieder.net list more than a hundred settings.

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especially as it refuses to yield – with delicacy, through the harmonies incessantly
     spirited away from us by a piano in which the world of Préludes as yet unborn may
     already be perceived.

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     The element of commedia dell’arte that nestles within Debussy’s output is here
     dressed up in the musical garb of a Spanish masquerade (suggested to the
     composer by the ‘pirate espagnol’?), at once offhand (‘la la la’) and zany. The
     characters’ game of hide and seek is played out, allegretto scherzando, amid
     dizzying effervescence.

8.   HUGO WOLF: Verschwiegene Liebe (Joseph von Eichendorff), 1888
     This poem which hymns peace contains a quality of harmony between humanity
     and the world that becomes symbiotic in the lied. The ‘silence profond’ of En
     sourdine is here verschwiegen – the highest point of the vocal line (at the words
     ‘Die Nacht ist verschwiegen’, The night is silent). The vivid presence of this silence,
     in the piano part, bears witness to subtle reading of the poem, which is one of the
     trademarks of Wolf.

9.   HUGO WOLF: Nixe Binsefuss (Eduard Mörike), 1888
     On the shore of a lake on a winter’s night, a fresh and cheeky little water sprite
     comes to mock a poor fisherman. In the piano part we can hear the sound of the
     ice under the feet of the exquisite but somewhat perverse creature, who is kind
     enough at heart and ends up offering him a gift. In this jokey ballad, everything is
     feather-light; the music pirouettes, slithers and swirls at such speed that, as in
     Fantoches, it is easy to feel one’s head spinning . . .

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10.   HUGO WOLF: Das verlassene Mägdlein (Eduard Mörike), 1888
      The ‘morning after’ the revelation of the infidelity of the man one still loves. In the
      music, before she has even opened her mouth, we see a poor farm girl entering the
      room, as if shrivelled up, to a simple rhythm (a crotchet followed by two quavers)
      – like a death knell, accompanying the whole song like horses drawing a hearse.
      The young servant, simply, says her grief, in a colourless tone (between double and
      triple piano throughout, with a single forte on the word ‘treuloser’, faithless). It is
      minimalistic – nothing simpler has ever been written2 – and it is one of the great
      songs not only of its composer, but of the entire history of the lied. Worth noting in
      this programme is the splendid idea of following Nixe Binsefuss with this song; they
      share the same key of A minor.

11.   HUGO WOLF: Lied vom Winde (Eduard Mörike), 1888
      This hurricane for pianist and singer is one of the great mad scenes of the repertoire.
      Sweeping through it, in two questions with two long evasions as the only answer,
      is an astonishing dialogue between a young woman (abandoned by her betrothed)
      and . . . whom, in fact? The wind, or a part of herself? The composer has made it
      a sort of symphonic poem, in which the sound material swirls, rises, swells, and
      moves off only to return with greater force, while the voice leaps and zigzags like
      a caged beast. Here Wolf really does set himself up as the Wagner of the lied, even
      going to the extent of (unconsciously?) quoting the Ring.3

      2 The best comparison, in this register of simplicity, is with Schubert’s setting of Goethe’s Heidenröslein.
      3 The words ‘Bei den Bergen, den Meeren, / Bei des Himmels klingende Heeren’ (From the mountains, the seas, /
      the resounding hosts of Heaven) are sung to the exact notes of the leitmotif of the sword Nothung.

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12.   IVOR GURNEY: Sleep (John Fletcher), 1917-22
      This strange, psychologically fragile twentieth-century English creator, who saw
      himself as a poet as much as a composer, left more than three hundred songs,
      slightly fewer than a third of which have been published to date. A cultivated
      admirer of both the Elizabethan poets and the Austro-German Romantic composers,
      he chose to set to music this invocation to healing night by a poet and playwright
      who was one of Shakespeare’s immediate successors. Employing a musical
      language markedly more ‘classical’ than anything that was being written in the
      1920s, Gurney unfolds a fine ode to the night in the tradition of Schubert’s Nacht
      und Traüme and Wolf’s Um Mitternacht.

13.   ROBERT BAKSA: Heart! We will forget him (Emily Dickinson) 1967,
      revised 1999
      As if in a ‘convent of writing’, Emily Dickinson lived her whole life as a voluntary
      recluse in her family home in a small Massachusetts town. In jagged, oddly
      punctuated language, this ‘prospector of the mines of the soul’ (Claire Malroux4)
      ceaselessly burrowed into our inner souls for a quarter of century. Her stylistic
      mode, deployed in infinite ways in the 1,789 poems discovered after her death, is
      expressive incandescence. But it was not until the editions of the twentieth century,
      reproducing the original texts, that she was recognised for what she is: one of the
      greatest English-language poets of all time.
      One of her themes of predilection, here illustrated by a prolific American composer
      who has already set several dozen texts by Dickinson, is separation. We do not

      4 Introduction to Emily Dickinson, Quatrains et autres poèmes brefs (Paris: Gallimard, 2000).

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know if this woman with her vertiginous vision of life was a lover ‘in actual fact’, but
         she was one ‘in poetry’. This poem, already set by Aaron Copland in 1949, recalls
         Das verlassene Mägdlein (track 10). The composer opts for a musical setting

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         dominated by the tenderness that still inspires the singer as she urges herself to
         forget a man whom she knows – the end of the poem clearly suggests this – she
         will love beyond death.

14-18.   FRANCIS POULENC: Banalités (Guillaume Apollinaire), 1940
         Francis Poulenc, October 1940: ‘ . . . in the present case, for Apollinaire, it was
         merely delightful doggerel verses grouped under the title Banalités (“Voyage à
         Paris”, “Hôtel”). To anyone who knows me, it will seem quite natural that I should
         have opened my mouth like a carp to snap up the deliciously stupid verse of
         “Voyage à Paris”. When the talk is of Paris, I often come out with a tear or a few
         notes. . . . That was all it took to decide me to embark on a cycle that would include
         “Sanglots” and “Fagnes”. It only remained to find a rhythmic opening song, since
         “Sanglots” was to close the set with gravity.
         ‘It was then that I remembered a song . . . that Apollinaire had inserted in a strange
         and beautiful prose piece entitled Onirocritique. In the month of June (1940),
         marching as a squaddie on the road to Cahors, I began to hum, I don’t know why,
         “Dans la ville d’Orkenise” [sic] . . .’5
         Sanglots, as Poulenc said of Tu vois le feu du soir (from Miroirs brûlants, text by Paul
         Éluard), ‘should be saved from monotony by the refinement of the piano writing and
         the simplicity of the vocal line’.6

         5 Francis Poulenc, Journal de mes mélodies, ed. Renaud Machart (Paris: Cicéro, 1993).
         6 Ibid. There is a fine detailed analysis of Sanglots in Henri Hell, Francis Poulenc (Paris: Fayard, 1978).

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19.    SAMUEL BARBER: Solitary Hotel (James Joyce), 1968-69
         Samuel Barber, the composer of some forty songs, had already visited Joyce,
         both setting his genuine poetry (in 1936, his op.10 was based on three poems
         from the collection Chamber Music) and, in Nuvoletta (1947), adding a graceful,
         impish waltz to a few phrases taken from Finnegans Wake. Twenty years after
         this, he completed the musical portrait of this inspired reinventor of the English
         language with a passage borrowed from Ulysses. This strange fragment of a scene,
         dominated by the unsaid, stimulated him this time to write not so much a tango
         as . . . a recollection of a tango.

  20.    FRANCIS POULENC: C’est ainsi que tu es (Louise de Vilmorin), 1943
         In a small two-room flat rented at Beaulieu-sur-Dordogne during the summer of
         1943, Poulenc set to work, simultaneously with this mélodie, on Figure humaine,
         the fine cantata that, secretly, he dedicated to the Liberation.
         Like a post-scriptum to Fiançailles pour rire and the magnificent Trois Poèmes
         composed just before the war, here is a final musical setting of the woman he
         admired so much, for her beauty as for her exceptionally subtle handling of double
         meanings. Calm, sensual (and, as such, beautifully attuned to the mood of the
         poem), languorous, this song reminds us how much Poulenc loved Chopin.

21-23.   ANDRÉ PREVIN: Three Dickinson Songs (Emily Dickinson), written for Renée
         Fleming, premiered on 18 December 1999
         André Previn – composer, extremely prolific adapter-arranger, equally at ease in
         jazz and as a pianist and conductor in the so-called classical and contemporary

   42
repertory – is a powerfully original personality. His selection of poems by Dickinson        menu
focuses on the ‘mystical aspect of the real’ (summer, morning, midnight) of this
immense poetic figure (cf. track 13). As is shown at once by the magnificent

                                                                                             ENGLISH
melodic dissonances of the first eight chords, the composer is capable of placing
himself on the level of her strange poetic vision, which embraces and telescopes
extremes (Good Morning Midnight). The beauty of the dialogue between the vocal
line and the never conventional piano writing, the refined progression of each song
as it blossoms, ending on a high G offered up like a rare pearl, make this cycle like
a rare pearl, make this cycle one of the finest sets of vocal music of the twentieth
century.

                                                                                        43
44
45

     DEUTSCH   ENGLISH   FRANÇAIS
Mit „ Chimère“ [Schimäre] beschließen wir ein „ Triptychon“, das          menu
die unendlichen Gebiete der Träume erforscht.
Évocation war eine intime Reise in ein erfundenes Anderswo oder zu
einer sublimierten Liebe.
Après un rêve [Nach einem Traum] befasste sich mit dem
schmerzlichen Übergang zwischen Traum und Wirklichkeit,
Chimère handelt vom verrückten Verlangen, unsere Träume

                                                                          DEUTSCH
Wirklichkeit werden zu lassen.
Die Verführungskunst der Schimäre, also einer schillernden
Täuschung, ist oft das Grab unserer Illusionen.

Schimäre,
ein mythologisches Mischwesen ...
Die genetische Forschung verleiht der Schimäre eine verwirrende
Aktualität, da sie an die Grundelemente selbst der Gattungen und
unserer Entwicklung rührt ...
Das Aroma der Fremdheit, das sie aushaucht, ist das aller
Übertretungen, aller Freiheiten und das trügerische Versprechen,
die Grenzen unserer Menschheit ins Unendliche hinauszuschieben.

„Das Land der Chimären ist in dieser Welt das einzige, das es verdient,
bewohnt zu werden.“(Jean-Jacques Rousseau)
„Unsere Schimären sind das, was uns am ähnlichsten ist... “
(Victor Hugo)
                                                          Sandrine Piau
„Ich habe nun das Leben von beiden Seiten betrachtet,
     von oben und von unten, und irgendwie
     sind es noch immer nur die Täuschungen des Lebens, an die ich mich
     erinnere -
     Eigentlich kenne ich das Leben überhaupt nicht “
     Both Sides, Now Joni Mitchell

     Vielleicht liegt da der Schlüssel? Die Chimäre ist vielleicht eine
     Tür, durch die wir mit unseren Dämonen, mit den Zeiten unseres
     Lebens, dem Kommen und Gehen, dem Wissen und dem Nichts-
     Wissen in Kontakt treten können.

     Feder dem Himmel entrissen,
     Gefallen vom Gewölbe in meine Arme,
              bloß.
     Rabe:
              schwer getroffen
     Raupe:
              gerettet
     Schmetterling:
              befreit
     Ameise:
              beobachtet

48
Möwe:
         betrachtet
Ich bin nicht allein.
Ich schreite über die Schwelle
         dieser Welt,
         der anderen.

                                                                        DEUTSCH
Meine Träne fließen
        ins Weite,
        ins Meer,
        Erlösung findend.
Leid,
        du verlierst dich am Horizont.

Ein unbekannter Pilot,
        dem Himmel entrissen,
        gefallen aus dem Grauen,
        gefallen aus Verletzung des Gewölbes
        in unsere Daunentränen,
                  bloß.
Komm, wir sind hier.

                                         L‘Anse-Bleue, Juni 2016
                                                  Susan Manoff

                                                                   49
50
DIE OFFENKUNDIGKEIT UND DAS GEHEIMNIS
     VON STÉPHANE GOLDET

1.   CARL LOEWE: Szene aus „Faust“, „Ach neige, du Schmerzensreiche“

                                                                                             DEUTSCH
     (Johann Wolfgang von Goethe), 1835
     Loewe, der seine Balladen und Romanzen selbst interpretierte und sich dabei
     am Klavier begleitete, war zu seinen Lebzeiten für die Schönheit seiner Stimme
     berühmt. Als er vierzig Jahre alt war, vertonte er diesen großen Text der Reue
     und Schuldgefühle eines sehr jungen Mädchens, das seinem Verlangen erlegen
     ist. Dieselben Verse hatten bereits den zwanzigjährigen Schubert zu einem
     unvollendeten Lied inspiriert, das abrupt mit „Das Herz zerbricht in mir“ endet.
     Schumann, Wolf und (zweimal) Liszt setzten sich mit diesem Text auseinander.
     Doch niemandem gelang die Vertonung dieses Gebets so gut wie Loewe, bei dem
     es direkt und einfach ist und vom Kirchenchor begleitet wird. Loewe lässt das
     letzte Wort des Liedes („Not“) auf ein tiefes G wie ein Häufchen Erde auf einen
     Sarg fallen.

2.   ROBERT SCHUMANN: Kennst du das Land? genannt „Lied der Mignon“
     (Johann Wolfgang von Goethe), 1849
3.    ROBERT SCHUMANN: Dein Angesicht (Heinrich Heine), 1840
4.    ROBERT SCHUMANN: Die Lotosblume (Heinrich Heine), 1840
     Die hervorragende Idee der beiden Musikerinnen dieser Aufnahme besteht in einer
     kleinen schumann’sche Erzählung in drei aufeinanderfolgenden weißen Bildern.
                                                                                        51
Als Ouvertüre ist eine Art von poetischem Himalaya zu hören – der deutsche Text ist
      zweifellos der am häufigsten vertonte in der gesamten Geschichte des Kunstlieds1.
      Es handelt sich um den Gesang eines engelsgleichen (schimärischen?) Wesens, das
      zwischen Kindheit und Ewigkeit wie zwischen Himmel und Erde verloren ist und
      immer wieder über das Rätsel seiner Identität stolpert (nämlich das Ergebnis eines
      Inzests zu sein, von dem es nichts weiß – ein Geheimnis, an dem es stirbt.) Wie
      so viele vor und nach ihm versucht Schumann das tiefe Geheimnis aufzudecken.
      Im Zentrum der zweiten „Erzählung“ steht das „so bleiche“ Bild des Gesichts der
      im Traum erblickten Geliebten mit ihren heute roten Lippen, die aber eines Tages
      bleich sein werden, da sie todgeweiht sind. Schicksalhaft, sagt das unbeirrbare
      Lied, weiß wie ein Leichentuch, das das Gedicht einhüllt. Ursprünglich für den
      Zyklus „Dichterliebe“ geschrieben, konzentriert dieses Gesicht in sich die gesamte
      Intensität dieses Liederzyklus.
      Zum Abschluss ein Kleinod an keusch-erotischer Poesie. Hier braucht „Schumann
      Schubert keineswegs mehr zu beneiden; er hat ihm fast seine Seele gestohlen.“
      (B. François-Sappey)

 5.   CLAUDE DEBUSSY: En sourdine (Paul Verlaine), 1892
 6.   CLAUDE DEBUSSY: Fantoches (Paul Verlaine), 1892
 7.   CLAUDE DEBUSSY: Clair de lune (Paul Verlaine), 1892
      Es handelt sich um den ersten Teil der Fêtes galantes, in dem sich der sinnlichste
      Liebhaber der französischen Sprache in den Dienst des „französische Dichterfürsten“
      stellt.
      Die Welt ist sinnlich und traurig (die Nachtigall als „Stimme der Verzweiflung“ in
      1 Der französische Liedführer Guide de la mélodie et du lied (Editions Fayard) sowie die Website lieder.net
      erwähnen mehr als hundert Vertonungen …

52
En sourdine [Im Stillen] – das Gedicht wurde zur gleichen Zeit von Fauré vertont;
     ein lang angehaltenes, erstes „triste“ [„traurig“] wird in Clair de lune [Mondschein]
     gesungen). Gleich im ersten Satz sickern die Worte tropfenweise durch die
     allmählich aufkommende Lust hervor, die man umso mehr befriedigen möchte,
     als sie sich einem verweigert – mit Feingefühl und durch immer verborgene
     Harmonien des Klaviers, wobei man bereits die Welt der künftigen Préludes ahnt.
     Die Commedia dell’arte, die man in Debussys Werk immer wieder finden kann,

                                                                                                  DEUTSCH
     ist hier in das musikalische Gewand einer lockeren („la la la, ...“), verrückten
     „spanischen“ Szene gehüllt (für die sich der Musiker vielleicht vom „spanischen
     Piraten“ inspirieren ließ?). Das Versteckspiel der Figuren läuft hier in einem
     Allegretto scherzando schwindelerregend und übersprudelnd ab.

8.   HUGO WOLF: Verschwiegene Liebe (Joseph von Eichendorff), 1888
     In diesem Lied, das den Frieden besingt, herrscht eine symbiotische Harmonie
     zwischen Mensch und Welt. Die „tiefe Stille“ von En sourdine wird hier zum Wort
     „verschwiegen“ und ist gleichzeitig der Höhepunkt der Melodielinie („Die Nacht
     ist verschwiegen“). Die prägnante Gegenwart dieser Stille in der Klavierstimme
     zeugt von einem feinfühligen Verständnis des Gedichts, was ein Markenzeichen
     von Wolf ist.

9.   HUGO WOLF: Nixe Binsefuss (Eduard Mörike), 1888
     In einer Winternacht macht sich eine junge, freche Nixe am Ufer eines Sees über
     einen armen Fischer lustig. Im Klavier hört man das Eis unter den Füßen der
     reizenden – doch etwas perversen – Kreatur klingen, die im Grunde doch gut ist
     und dem Fischer schließlich ein Geschenk macht. In dieser Ballade „zum Lachen“

                                                                                             53
ist alles ganz leicht, macht Pirouetten, gleitet und wirbelt in einem solchen Tempo
      herum, dass man wie in Fantoches leicht den Kopf verlieren könnte ...

10.   HUGO WOLF: Das verlassene Mägdlein (Eduard Mörike), 1888
      Am „Morgen danach“ wird die Untreue dessen beklagt, den man immer noch liebt.
      Noch bevor die arme Bauernmagd den Mund öffnet, sieht man in der Musik, wie
      sie den Raum betritt, wobei ein einfacher Rhythmus (eine Viertelnote, auf die zwei
      Achtel folgen) den Eindruck einer Totenglocke vermittelt, die das gesamte Lied
      begleitet, wie Pferde einen Sarg ziehen. Die junge Dienerin drückt ihren Schmerz
      einfach in einer farblosen Nuance aus (während des ganzen Lieds zwischen den
      zwei- und dreifachen Piani mit einem einzigen Forte auf das Wort „treuloser“). Das
      ist minimal, nie hat man einfacher geschrieben2 – und es handelt sich nicht nur
      für den Komponisten, sondern für die gesamte Geschichte des Lieds um eines der
      bedeutenden Lieder. Zu bemerken ist die großartige Idee, dieses Lied direkt auf die
      Nixe Binsefuss folgen zu lassen, die beide in der Tonart a-Moll geschrieben sind.

11.   HUGO WOLF: Lied vom Winde (Eduard Mörike), 1888
      Dieser Wirbelsturm für den Pianisten und die Sängerin ist einer der großen
      Wahnsinnsmomente des Repertoires. Hier braust in zwei Fragen und zwei langen
      ausweichenden Antworten ein erstaunlicher Dialog zwischen einem (von ihrem
      Liebsten verlassenen) Mädchen und ... wem eigentlich? Dem Wind oder einem
      Teil ihrer selbst? Der Komponist macht daraus eine Art symphonische Dichtung, in
      der die Klangmaterie herumwirbelt, sich hebt, anschwillt und sich nur entfernt, um
      noch stärker wiederzukommen, während die Stimme wie ein Tier in einem Käfig

      2 Diese Einfachheit der Komposition ist mit Goethes Heidenröslein in der Vertonung von Schubert vergleichbar.

54
hochspringt und im Zickzack verläuft. Das geht bis zu einem (unbeabsichtigten?)
      Zitat aus der Tetralogie3. Wolf tritt hier als „Wagner des Lieds“ auf.

12.   IVOR GURNEY: Sleep (John Fletcher), 1917-1922
      Dieser englische Künstler mit seiner anfälligen Psyche ist eine merkwürdige
      Figur des 20. Jh. Er wollte ebenso Dichter wie Komponist sein und hinterließ uns
      an die dreihundert Lieder, von denen etwas weniger als ein Drittel gegenwärtig

                                                                                                                                DEUTSCH
      veröffentlicht ist. Er war gebildet, liebte die elisabethanischen Dichter ebenso
      wie die deutschen romantischen Komponisten und vertonte diesen „Ruf an die
      erquickende Nacht“, dessen Autor in Großbritannien als einer der Nachfolger
      Shakespeares betrachtet wird. In einer weit „klassischeren“ Musiksprache als
      alles, was man in den 1920er Jahren schrieb, entfaltete der Komponist eine der
      schönsten Oden an die Nacht, die den Geist von Schuberts Nacht und Träume
      sowie von Wolfs Um Mitternacht fortsetzt.

13.   ROBERT BAKSA: Heart! We will forget him
      (Emily Dickinson), 1967, 1999 überarbeitet
      Wie in einem „Schreibkloster“ lebte Emily Dickinson ihr ganzes Leben absichtlich
      zurückgezogen im Familienwohnsitz in einer kleinen Stadt in Massachusetts. Mit
      scharfer Sprache und einer eigenartigen Interpunktion bohrte diese „Erzsucherin
      in den Minen der Seele“ (Claire Malroux4) ein Vierteljahrhundert hindurch ohne
      3 „ Bei den Bergen, den Meeren, / Bei des Himmels klingenden Heeren “ übernimmt in der Singstimme das Thema
      des Schwertes Nothung genau.
      4 Einleitung zu Quatrains et autres poèmes brefs [Vierzeiler und andere kurze Gedichte] von E. Dickinson
      (Gallimard, Coll. Poésie, zweisprachige Ausgabe). Claire Malroux ist auch die Autorin einer wunderbaren Einführung
      in eine Gesamtausgabe der zwischen 1861 und 1863 geschriebenen Gedichte, die in der Reihe „Domaine
      romantique“ von José Corti unter dem Titel „Une âme en incandescence“ 1998 erschienen.

                                                                                                                           55
Unterlass. Ihre Verfahrensweise, die sie in den erst nach ihrem Tod gefundenen
         1789 Gedichten bis ins Unendliche entfaltet, ist von expressiver Glut. Doch
         musste man auf die Ausgaben des 20. Jahrhunderts warten, die den Originalen
         entsprechen, damit sie als das anerkannt wurde, was sie ist: nämlich eine der
         größten englischsprachigen Dichterinnen aller Zeiten.
         Eines ihrer Lieblingsthemen ist die Trennung. Sie wird hier von einem sehr
         produktiven amerikanischen Komponisten geschildert, der mehrere Dutzend
         Texte von Dickinson vertonte. Es ist nicht bekannt, ob die Dichterin, die eine
         schwindelerregende Ansicht über das Leben hatte, eine „wirkliche Liebhaberin“
         war, doch war sie es zweifellos „in der Dichtung“. Das bereits 1949 von Aaron
         Copland in Musik gesetzte Gedicht erinnert an Das verlassene Mägdlein (Track 10).
         Der Komponist entscheidet sich hier für eine Vertonung der Zärtlichkeit, die die Frau
         weiterhin für einen Mann fühlt, obwohl sie sich selbst auffordert, ihn zu vergessen,
         wobei sie jedoch weiß, dass sie ihn (wie das Ende des Gedichts nahelegt) über den
         Tod hinaus lieben wird.

14-18.   FRANCIS POULENC: Banalités (Guillaume Apollinaire), 1940
         Francis Poulenc, Oktober 1940: „Es handelt sich für Apollinaire nur um köstliche
         Knittelverse, die unter dem Titel Banalités zusammengestellt sind („Voyage à
         Paris“, „Hôtel“). Wenn man mich kennt, wird es ganz natürlich erscheinen, dass ich
         ein Karpfenmaul aufmachte, um die köstlich dummen Verse von „Voyage à Paris“
         zu schnappen. Wenn es sich um Paris handelt, weine ich oft eine Träne oder eine
         Note (...) Mehr brauchte ich nicht, um zu beschließen, einen Zyklus zu beginnen, zu
         dem „Sanglots“ und „Fagnes“ zählen. Allerdings musste ich noch ein rhythmisches
         Anfangslied finden, da „Sanglots“ die Serie mit Ernst beschließen sollte.

   56
Da erinnerte ich mich an ein Lied (...), das Apollinaire in eine merkwürdige, schöne
      Prosa mit dem Titel Onirocritique eingefügt hatte. Im Monat Juni (1940), als ich als
      einfacher Soldat auf der Straße von Cahors marschierte, begann ich, warum weiß
      ich nicht, „Dans la ville d’Orkenise“ zu summen (...) „Sanglots“, ebenso wie „Tu
      vois le feu du soir“ (aus Miroirs brûlants von Paul Éluard) müssten der Monotonie
      durch die Erlesenheit der pianistischen Komposition und die Einfachheit der
      Gesangslinie entgehen5.“ (F. Poulenc: Journal de mes mélodies [Tagebuch meiner
      Lieder], éditions Cicéro, 1993).

19.   SAMUEL BARBER: Solitary Hotel (James Joyce), 1968-69
      Samuel Barber, der an die vierzig Lieder schrieb, hatte bereits auf Joyce
      zurückgegriffen, sei es auf seine eigentliche Lyrik (1936 baut sein op.10 auf
      drei Gedichten aus dem Band Chamber Music auf) oder 1947, als er einen
      kleinen, anmutigen und schelmischen Walzer über einige Sätze aus Finnegans
      Wake komponierte. Als Pendant dazu nahm Barber zur Vervollständigung
      des musikalischen Porträts dieses genialen (Neu-) Erfinders der englischen
      Sprache zwanzig Jahre später eine Anleihe bei Ulysses. Dieses Fragment einer
      merkwürdigen Szene, die von Unausgesprochenem beherrscht wird, inspirierte ihn
      diesmal nicht so sehr zu einem Tango als ... zu einer Erinnerung an einen Tango.

20.   FRANCIS POULENC: C’est ainsi que tu es (Louise de Vilmorin), 1943
      In einer kleinen Zwei-Zimmer-Wohnung, die Poulenc in Beaulieu-sur-Dordogne
      im Sommer 1943 mietete, arbeitete er gleichzeitig an diesem Lied und an Figure

      5 Eine schöne, ausführliche Beschreibung dieses Liedes findet sich in Francis Poulenc von Henri Hell
      (Fayard, 1978).

58
humaine, seiner schönen Kantate, die er heimlich bereits der Befreiung Frankreichs        menu
         von der deutschen Besatzung widmete.
         Diese letzte Vertonung eines Werkes von de Vilmorin, die er so sehr wegen ihrer
         Schönheit, aber auch wegen ihres subtilen Einsatzes des Doppelsinns bewunderte,
         wirkt wie ein Postskriptum zu den Fiançailles pour rire und zu den wunderbaren
         Trois Poèmes. Ruhig, sinnlich (in vollkommener Übereinstimmung mit dem Gedicht)
         und schmachtend, erinnert diese Melodie daran, wie sehr Poulenc Chopin liebte.

                                                                                                   DEUTSCH
21-23.   ANDRÉ PREVIN: Three Dickinson Songs (für Renée Fleming geschrieben und
         am 18. Dezember 1999 uraufgeführt)
         Als äußerst produktiver Komponist, Bearbeiter und Arrangeur, als Jazzmusiker
         ebenso wie als Pianist und Dirigent im Bereich der sogenannten klassischen und
         zeitgenössischen Musik ist Previn eine besonders originelle Persönlichkeit. Seine
         Auswahl aus Gedichten von Dickinson konzentriert sich auf den „mystischen
         Aspekt der Wirklichkeit“ (Sommer, Morgen, Mitternacht) dieser gigantischen Figur
         der Lyrik. Wie die herrlichen melodiösen Dissonanzen der ersten acht Akkorde
         sofort zeigen, versteht es der Komponist, sich dem Niveau dieses merkwürdigen
         poetischen Denkens anzupassen, das die Extreme vereinigt und aufeinanderprallen
         lässt (Good Morning Midnight). Die Schönheit des Dialogs zwischen der Gesangslinie
         und der nie konventionellen Komposition der Klavierstimme, die feine Führung
         jeder Melodie, die sich entfaltet und mit einem hohen g endet, das uns wie eine
         seltene Perle dargeboten wird, machen aus diesem Zyklus eines der schönsten
         Werke der Vokalmusik des 20. Jh.

                                                                                              59
60
CARL LOEWE (1796-1869)                                               menu
                  GOETHE UND LOEWE
               LIEDER UND BALLADEN
      1.  ACH NEIGE, DU SCHMERZENREICHE     Ach neige,
          FAUST. DER TRAGÖDIE ERSTER TEIL   Du Schmerzenreiche,
 JOHANN WOLFGANG VON GOETHE (1749-1832)     Dein gnädig Antlitz meiner Noth!

                                            Das Schwert im Herzen,
                                            Mit tausend Schmerzen
                                            Blickst auf zu deines Sohnes Tod.

                                            Zum Vater blickst du,
                                            Und Seufzer schickst du
                                            Hinauf um sein‘ und deine Noth.

                                            Wer fühlet,
                                            Wie wühlet
                                            Der Schmerz mir im Gebein?
                                            Was mein armes Herz hier banget,
                                            Was es zittert, was verlanget,
                                            Weißt nur du, nur du allein!

                                            Wohin ich immer gehe,
                                            Wie weh, wie weh, wie wehe
                                            Wird mir im Busen hier!
                                            Ich bin ach kaum alleine,
                                            Ich wein‘, ich wein‘, ich weine,
                                            Das Herz zerbricht in mir.

                                            Die Scherben vor meinem Fenster
                                            Bethaut‘ ich mit Thränen, ach!
                                            Als ich am frühen Morgen
                                            Dir diese Blumen brach.

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