Diana Damrau Jonas Kaufmann Helmut Deutsch - Mercredi 14 février 2018 - 20h30 - Philharmonie de ...
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GRANDE SALLE PIERRE BOULEZ – PHILHARMONIE Diana Damrau Jonas Kaufmann Helmut Deutsch Mercredi 14 février 2018 – 20h30
PROGRAMME Hugo Wolf Italienisches Liederbuch Paroles traduites de l’italien par Paul Heyse Diana Damrau, soprano Jonas Kaufmann, ténor Helmut Deutsch, piano Coproduction Les Grandes Voix, Philharmonie de Paris. FIN DU CONCERT (AVEC ENTR ACTE) VERS 22H10. Livret en page 16
LES ŒUVRES Hugo Wolf (1860-1903) Italienisches Liederbuch Première Partie I. Auch kleine Dinge [Même de petits riens] IV. Gesegnet sei, den durch die Welt entsund [Béni soit le Créateur] XXXIX. Gesegnet sei das Grün [Béni soit le vert] III. Ihr seid die Allerschönste [Tu es partout la plus belle] XXI. Man sagt mir, deine Mutter woll’n es nicht [On me dit ta mère ne veut pas] XLI. Heut’ Nacht erhob ich mich um Mitternacht [Cette nuit, je me levai à minuit] XL. O wär’ dein Haus durchsichtig wie ein Glas [Oh, si ta maison était de verre] XXVII. Schon streckt’ ich aus im Bett die müden Glieder [Tandis qu’au lit j’étends mes membres fatigués] XVIII. Heb’ auf dein blondes Haupt [Relève ta tête blonde] XX. Mein Liebster singt am Haus [Mon amoureux chante dehors] XXII. Ein Ständchen Euch zu bringen [Pour vous offrir une petite sérénade] Pause XLII. Nicht länger kann ich singen [Je ne puis chanter plus longtemps] XLIII. Schweig einmal still [Tais-toi donc] XLIV. O wüßtest du, wieviel ich deinetwegen [Oh ! si tu savais qu’à cause de toi] VI. Wer rief dich denn? [Qui donc t’a appelé ?] XXXI. Wie soll ich fröhlich sein [Comment serais-je heureuse] X. Du denkst mit einem Fädchen mich zu fangen [Tu crois qu’avec un fil] XIV. Geselle, woll’n wir uns in Kutten hüllen [Ami, prendrons-nous la bure] XLV. Verschling’ der Abgrund meines Liebsten Hütte [Que les abîmes engloutissent la petite maison de mon amour] VIII. Nun laß uns Frieden schließen [Faisons maintenant la paix] XXIX. Wohl kenn’ ich Euren Stand [Je connais votre rang] XXXVIII. Wenn du mich mit den Augen streifst [Quand tes yeux me caressent] XXXVI. Wenn du, mein Liebster, steigst zum Himmel auf [Quand, mon amour, tu monteras au ciel] ENTRACTE 4
Seconde Partie XXIII. Was für ein Lied soll dir gesungen werden? [Quelle chanson faut-il te chanter ?] XIX. Wir haben beide lange Zeit geschwiegen [Nous avons tous deux gardé un long silence] XXXIV. Und steht Ihr früh am Morgen auf [Quand vous vous levez tôt de votre lit] XVI. Ihr jungen Leute [Vous autres, jeunes gens] IX. Daß doch gemalt all deine Reize wären [Si seulement ta splendeur était peinte] II. Mir ward gesagt [On m’a dit] XVII. Und willst du dein Liebsten sterben stehen [Si tu veux voir mourir ton amoureux] XXXIII. Sterb’ ich, so hüllt in Blumen meine Glieder [Si je meurs, qu’on m’entoure de fleurs] Pause XV. Mein Liebster ist so klein [Mon amoureux est si petit] XXXV. Benedeit die sel’ge Mutter [Bénie soit la mère bienheureuse] XXIV. Ich esse nun mein Brot nicht trocken mehr [Je ne mange plus mon pain sec] VII. Der Mond hat eine schwere Klag’ erhoben [Grave complainte de la lune] XXV. Mein Liebster hat zu Tische mich geladen [Mon amoureux m’a invitée à table] XXVI. Ich ließ mir sagen und mir ward erzählt [Je me suis laissé dire et on m’a conté] XI. Wie lange schon war immer mein Verlangen [Depuis longtemps il me tardait] XXXVII. Wie viele Zeit verlor ich, dich zu lieben! [Comme j’ai perdu mon temps à t’aimer !] XXXII. Was soll der Zorn, mein Schatz [Pourquoi cette colère, mon amour] V. Selig ihr Blinden [Heureux aveugles] XII. Nein, junger Herr [Non, jeune homme] XIII. Hoffärtig seid Ihr, schönes Kind [Vous êtes bien altière, belle enfant] XXVIII. Du sagst mir, daß ich keine Fürstin sei [Tu me dis que je ne suis pas une princesse] XXX. Laß sie nur geh’n [Laisse-la donc aller] XLVI. Ich hab in Penna einen Liebsten wohnen [J’ai un amour à Penna] Composition : du 25 septembre au 14 novembre 1890, du 29 novembre au 23 décembre 1891, et du 25 mars au 29 avril 1896, sur des poèmes traduits et publiés par Paul Heyse (1830-1914). Durée de la première partie : environ 36 minutes. Durée de la seconde partie : environ 43 minutes. 5
L’Italienisches Liederbuch d’Hugo Wolf Un volcan dans la Vienne impériale : tel fut Hugo Wolf, coléreux et capri- cieux, tantôt exalté tantôt dépressif. Tout aussi éruptif dans sa création, il composait ses lieder par salves et se consacrait à un poète de façon exclu- sive pendant plusieurs mois. En témoignent les cinq grands recueils édités de son vivant : Poèmes de Joseph von Eichendorff (1887-1888), Poèmes d’Eduard Mörike (1888), Poèmes de Johann Wolfgang von Goethe (1888- 1889), Livre des chants espagnols (1889-1890), Livre des chants italiens (1890-1891, 1896). Trois fois, le mot « poème » apparaît dans le titre et atteste la prééminence du verbe. Si Lieder (« chants ») détrône Gedichte (« poèmes ») dans le Spanisches Liederbuch et l’Italienisches Liederbuch, c’est parce que Wolf reprend là le titre de l’œuvre littéraire. « C’est bien un cœur chaleureux qui bat dans les jeunes corps de mes tout jeunes enfants méridionaux, qui, malgré les apparences, ne peuvent renier leurs origines allemandes. Oui, leur cœur bat en allemand même si le soleil brille pour eux en italien. » Hugo Wolf, Lettre à Mélanie Köchert, décembre 1891 Une composition en trois temps Avec l’Italienisches Liederbuch, il se confronte pour la première fois à une source italienne, grâce aux poèmes populaires traduits et publiés par Paul Heyse en 1860. Le 24 septembre 1890, pendant la prépara- tion d’un voyage professionnel en Allemagne, il sent la fièvre monter : « Je reconnais en moi les signes avant-coureurs de la composition. L’explosion peut se produire à tout moment. » Le lendemain, il jette sur le papier Mir ward gesagt (no 2), bientôt suivi de six autres morceaux. Le 14 novembre, il s’interrompt, absorbé par la musique de scène de La Fête à Solhaug d’Ibsen, commandée par le Burgtheater de Vienne et créée le 21 novembre 1891 : un échec, qui le libère cependant d’un fardeau. Entre le 29 novembre et le 23 décembre, il compose quinze de ses plus beaux « lieder italiens ». 6
La seconde interruption dure plus longtemps car Wolf consacre toute son énergie à Der Corregidor, opéra créé à Mannheim le 7 juin 1896 et bientôt retiré de l’affiche. Surtout, il ressent les attaques de plus en plus violentes de la syphilis, qui finira par anéantir ses facultés créatrices. En août 1896 (quelques mois après l’achèvement de l’Italienisches Liederbuch), un examen médical révèle un début de paralysie cérébrale. La situation empire jusqu’à l’internement définitif dans un asile le 4 octobre 1898, puis la mort le 22 février 1903. Dans Benedeit die sel’ge Mutter (no 35), Wolf avait mis en musique ces vers prophétiques : « Dans ma poitrine, violemment, je sens des flammes s’élever, qui détruisent en moi toute paix. Hélas, la folie s’empare de moi ! » Le piano au cœur du lied Auch kleine Dinge können uns entzücken (Même de petits riens peuvent nous ravir) : le premier morceau du volume donne le ton, car les lieder de l’Italienisches Liederbuch frappent par leur brièveté et leur matériau formidablement concentré. Le climat reste souvent le même pendant toute une pièce. Lorsqu’il évolue pour suivre le poème, la permanence d’un motif assure parallèlement l’unité. On songera par exemple à la cellule de trois notes descendantes de Wie lange schon war immer mein Verlangen (no 11), qui devient plus rapide au moment où l’amoureux entre en scène sur d’étranges claudications. Cette cellule s’entend surtout dans la partie de piano, lequel prend en charge l’essentiel du matériau thématique, et ce dans l’ensemble du recueil. C’est à l’instrument de transposer le climat général, de rendre perceptible l’évolution dramatique et les sous-entendus du texte. Il scande la marche militaire d’Ihr jungen Leute (no 16), stylise ses roule- ments de tambour et ses fanfares. Dans Selig ihr Blinden (no 5), sa formule obstinée suggère un narrateur prisonnier de ses obsessions amoureuses. Dans O wär’ dein Haus durchsichtig wie ein Glas (no 40), son tintement cristallin représente le verre et les gouttes d’eau. Mais la musique évacue la question de la couleur locale. Seules quelques sérénades regardent plus nettement vers le Sud. À la fin de l’année 1891, Wolf écrivait à Emil Kauffmann, directeur de la faculté de musicologie de Tübingen : « C’est bien un cœur chaleureux qui bat dans les jeunes corps de mes tout jeunes 7
enfants méridionaux qui, malgré les apparences, ne peuvent renier leurs origines allemandes. Oui, leur cœur bat en allemand même si le soleil brille pour eux en italien. » Lieder guerriers et amoureux La voix doit avant tout rendre les paroles intelligibles. Peu de lignes cantabile, point de mélodies aisément mémorisables : le chant s’éloigne rarement d’un style de récitatif, d’une saisissante diversité au demeurant, afin de nuancer les attitudes des personnages et leurs états d’âme. Dix- sept poèmes ont un locuteur masculin, dix-neuf un locuteur féminin, dix ne distinguent pas de genre. Les interprètes ont donc pris l’habitude de distribuer les lieder entre deux voix, masculine et féminine, même si Wolf n’a pas laissé d’indications dans ce domaine. Il n’a pas imposé d’ordre non plus, les chanteurs restant libres d’agencer les morceaux à leur guise, éventuellement pour créer une sorte de dialogue. Hommes et femmes ne se comportent pas exactement de la même manière. Aux premiers les sérénades charmeuses et fanfaronnes (Ein Ständchen Euch zu bringen, no 22), les déclarations d’amour emphatiques à la sincérité douteuse (Daß doch gemalt all deine Reize wären, no 9). Repoussé, l’homme bombe le torse et affiche une indifférence trop hargneuse pour n’être pas feinte (Laß sie nur geh’n, no 30). Rusé, il est cependant prêt à endosser le froc d’un moine pour approcher l’objet de son désir (Geselle, woll’n wir uns in Kutten hüllen, no 14). Lorsqu’il se confie du bout des lèvres, on le croit davantage, comme dans Der Mond hat eine schwere Klag’ erhoben (no 7) et Und willst du dein Liebsten sterben stehen (no 17). L’amour suscite parfois une ferveur orante (Sterb’ ich, so hüllt in Blumen meine Glieder, no 33), dans un recueil où le sentiment religieux occupe pourtant moins de place que dans les Mörike-Lieder et le Spanisches Liederbuch. Le piano d’Und steht Ihr früh am Morgen auf (no 34) rappelle l’orgue ; Benedeit die sel’ge Mutter (no 35) sonne comme un choral romantisé. Si Wolf cultive l’ambiguïté (la plainte de Mir ward gesagt peut, selon l’interprète, paraître véritable ou simulée), il fait surtout de la carte du Tendre un champ de bataille. Vénus vaincra-t-elle Mars dans Nun laß uns 8
Frieden schließen (no 8), dont le vocabulaire guerrier entre en tension avec le balancement de la barcarolle ? La femme a du tempérament, même lorsqu’elle souffre (Mein Liebster singt am Haus, no 20, où l’on entend simultanément sa lamentation et la sérénade de l’amoureux). De larges intervalles et une ligne fragmentée imitent les exclamations et les cris de la belle, qui renvoie sans ménagement l’amant infidèle (Wer rief dich denn?, no 6). Mais il lui arrive de préférer l’ironie à l’agressivité, la morsure d’un sourire à l’invective hystérique (Nein, junger Herr, no 12). Situation peu fréquente en cette fin de xixe siècle, des métaphores révèlent sa frus- tration sexuelle : amant incapable d’offrir un repas décent (Mein Liebster hat zu Tische mich geladen, no 25), si petit que les insectes le renversent (Mein Liebster ist so klein, no 15, fondé sur des demi-tons, l’intervalle le plus petit du piano, dans une nuance souvent très ténue). Plus solide que le soldat dont elle s’est amourachée (Ihr jungen Leute), la fille d’Ève s’avère particulièrement précoce dans Ich esse nun mein Brot nicht troc- ken mehr (no 24), commencé comme une marche funèbre mais culminant sur l’exaltation de la jeune effrontée bien décidée à jouer dans la cour des grandes. La partition se referme d’ailleurs sur le « catalogue » plein d’espièglerie d’un Don Juan en jupons (Ich hab in Penna einen Liebsten wohnen, no 46). Flamboyant crépuscule d’un musicien qui traversa son temps comme une comète, l’Italienisches Liederbuch dévoile comme nul autre recueil de lieder les mille et une facettes du sentiment amoureux. Hélène Cao 9
LE SAVIEZ-VOUS ? Le lied Ce mot signifie simplement « chant » en allemand. Mais dans la musique romantique, il désigne un véritable genre, auquel l’émergence d’une nouvelle sensibilité poétique, dans les dernières décennies du xviiie siècle, donna une impulsion décisive. Les écrivains prirent conscience que leur identité germanique reposait sur une langue et un fonds culturel com- muns. Ils collectèrent et publièrent des textes populaires (Volkslieder de Herder en 1778-1779, Des Knaben Wunderhorn d’Arnim et Brentano en 1805 et 1808). Le ton et les sujets de ces sources inspirèrent ensuite des générations d’écrivains et de compositeurs. À la même époque, une poésie subjective commença à se développer, fondée sur l’intuition et la liberté de l’esprit créateur, faisant fi des règles établies. Le texte devint un état d’âme, souvent projeté sur un paysage sauvage et bruissant de mille sons. Jamais auparavant on n’avait ainsi sondé les tréfonds de l’être ni dialogué si intimement avec la nature. Musicalement, le lied naquit de la synthèse du Volkslied (chant populaire), du choral luthérien, du Kunstlied (vocable qu’on traduira imparfaite- ment par chant savant) et de la ballade. À partir de la fin du xviiie siècle, on publia des recueils de chants populaires (parfois arrangés par des noms illustres comme Haydn et Beethoven) aux phrases généralement brèves, au débit syllabique, au rythme simple et bien marqué. Autant de particularités que peuvent aussi revendiquer le choral et le Kunstlied de la seconde école de Berlin (représentée notamment par Reichardt et Zelter). Bien que « savante », cette catégorie cultive un idéal de simplicité qui s’oppose aux effets « artificiels » de l’air d’opéra. Généralement, la main droite du piano double la partie vocale ; le chant reste assujetti à la structure poétique (un vers équivaut à une phrase musicale). Mais parfois, l’instrument prend davantage d’autonomie, la voix s’émancipe des carrures régulières que le vers pouvait lui imposer, la forme aban- donne la coupe strophique encore majoritaire à cette époque : le lied romantique sort ici de sa chrysalide. 10
À ces miniatures s’oppose l’ample ballade pour voix et piano (certaines pièces dépassent la demi-heure !), dont le texte comporte des dialogues au style direct, des épisodes narratifs au style indirect et des moments lyriques propices à l’expression des sentiments. Zumsteeg et Schubert se sont illustrés dans ce type de fresque où, pour transposer les différents moments de l’action, ils utilisent soit le récitatif soit une vocalité proche d’un air, ainsi que des figures pianistiques d’une grande diversité. Si le lied fait son miel de ces procédés, il se démarque de la ballade par sa brièveté, l’économie de son matériau et une vocalité à mi-chemin entre l’air et le récitatif. La plupart du temps, il est unifié au moyen de quelques brèves cellules thématiques tandis que l’harmonie et les transformations des motifs soulignent parallèlement l’évolution dramatique ou psycholo- gique. C’est souvent sur le piano, plus que sur la voix, que repose cette double sensation d’unité et de progression. H. C. 11
LE COMPOSITEUR Hugo Wolf Goethe, Lenau et Heine. En 1883, il Hugo Wolf, compositeur autrichien, commence à composer Penthesilea, naît le 13 mars 1860 à Windischgraz, un poème symphonique basé sur une en actuelle Slovénie. Au Conservatoire tragédie de Kleist. Wolf alterne entre de Vienne, où il est accepté en 1875, périodes d’intense créativité et de grave il étudie l’harmonie et la composition dépression. Son Quatuor à cordes en ré avec Robert Fuchs. Sa fascination pour mineur (1884) présente d’ailleurs cette Richard Wagner, qu’il rencontre en épigraphe éloquente empruntée au décembre de cette année-là, marque Faust de Goethe : Entbehren sollst du, sa vie et son rapport à la composi- sollst entbehren! (« Prive-toi, tu dois tion. Il est néanmoins renvoyé du te priver »). Son premier opéra, Der Conservatoire deux ans plus tard, du Corregidor (1895), ne connaît pas le fait d’un tempérament irascible et d’un succès, et il ne termine pas le second. rejet violent de certains de ses pro- Les dernières années de sa vie sont très fesseurs. Il devient néanmoins proche difficiles : après s’être attelé à une série d’Anton Bruckner, qui enseigne à Wolf de lieder sur des poèmes de Goethe, et Gustav Mahler la pratique de l’orgue. Ibsen et Michel-Ange, il est interné Profondément attiré par la relation dans un asile psychiatrique, tente de entre musique et poésie, il compose se suicider en 1896, et termine sa vie au cours de sa carrière presque exclu- dans une pension à Vienne. Touché par sivement des œuvres vocales, et est la syphilis, il meurt le 22 février 1903, à aujourd’hui considéré comme l’un des seulement 43 ans. Il laisse derrière lui plus grands auteurs de lieder. Les pre- un corpus de trois cents lieder, dont un miers se basent sur des poèmes de tiers sera publié à titre posthume. LES INTERPRÈTES Diana Damrau Donizetti (Scala, Bayerische Staatsoper, Depuis vingt ans, la soprano Diana Metropolitan Opera, Royal Opera Damrau se produit sur les plus grandes House), Manon de Massenet (Opéra scènes musicales du monde. Son de Vienne, Metropolitan Opera) et La vaste répertoire s’étend des rôles de Traviata de Verdi (Scala, Metropolitan soprano à ceux de colorature, des Opera, Royal Opera House, Opéra rôles-titres de Lucia di Lammermoor de national de Paris, Bayerische Staatsoper), 12
à celui de La Reine de la nuit (La Flûte de l’opéra, dans des rôles spécialement enchantée, Mozart, Metropolitan créés pour elle. Diana Damrau s’est Opera, Festival de Salzbourg, Opéra de imposée comme l’une des interprètes Vienne, Royal Opera House). Distinguée actuelles de mélodies les plus recher- Kammersängerin par la Bayerische chées et se produit dans les lieux les Staatsoper et titulaire de l’ordre bavarois plus renommés au monde. Elle entretient de Maximilien pour les Sciences et les de forts liens artistiques avec le pianiste Arts, Diana Damrau entretient des liens Helmut Deutsch, et se produit réguliè- étroits avec la Bayerische Staatsoper rement en récital avec le harpiste Xavier de Munich, où elle est apparue dans de Maistre (CD et DVD Nuit d’étoiles). les nouvelles productions de Lucia di Enregistrant principalement pour Lammermoor, Les Contes d’Hoffmann Warner/Erato, Diana Damrau est à la d’Offenbach, Ariane à Naxos et La tête d’une vaste discographie, abondam- Femme silencieuse de Strauss, La Flûte ment récompensée. En septembre 2017, enchantée, Rigoletto de Verdi. Diana Diana Damrau ouvre la nouvelle saison Damrau a interprété ses rôles phares au de l’Orchestre Royal du Concertgebouw Metropolitan Opera, diffusés au cinéma d’Amsterdam avec une sélection d’arias dans le monde entier. Parmi ses rôles de Mozart. Au gala de réouverture de de prédilection sur cette scène qu’elle la Staatsoper de Berlin, elle interprète, pratique depuis 2005, citons Gilda sous la direction de Daniel Barenboim, (Rigoletto), Rosina (Le Barbier de Séville, la Symphonie no 9 de Beethoven. Avec Rossini), Adèle (Le Comte Ory, Rossini) et la Staatskapelle de Dresde, sous la direc- Leïla (Les Pêcheurs de perles, Bizet). Elle tion de Christian Thielemann, elle chante est également la première chanteuse le concert de Noël diffusé par la télé- dans l’histoire du Metropolitan Opera à vision allemande. La saison 2017-2018 avoir interprété à la fois le rôle de Pamina marque pour Diana Damrau le retour et celui de La Reine de la nuit dans la à la Bayerische Staatsoper de Munich même production de La Flûte enchan- (Lucia di Lammermoor et La Traviata), sa tée. Diana Damrau a participé à deux première du rôle-titre de Maria Stuarda reprises au concert inaugural annuel de Donizetti à l’Opéra de Zurich et à la de la Scala de Milan (2004 et 2013). Elle Deutsche Oper de Berlin, ses débuts y est également apparue dans le rôle- dans Marguerite (Faust, Gounod), Les titre de Lucia di Lammermoor, dans le Huguenots de Meyerbeer à l’Opéra cadre de l’Exposition universelle de de Paris, le Dresdner Opernball, Milan en 2015. En 2005, elle est Susanna le Klassik am Odeonplatz à Munich (Les Noces de Figaro, Mozart), puis avec l’Orchestre Symphonique de la en 2016, La Comtesse dans ce même Radiodiffusion Bavaroise, la première opéra. Elle a également interprété des du Concerto pour sopranos colora- œuvres contemporaines pour la scène tures de Iain Bell, avec l’Orchestre Royal 13
Philharmonique de Liverpool sous la de Wagner, au Metropolitan Opera direction de Vasily Petrenko aux BBC en 2011, Ariane à Naxos de Strauss au Proms. Festival de Salzbourg en 2012), il ne l’est pas moins pour des rôles du répertoire Jonas Kaufmann français et italien (Werther de Massenet, Depuis ses débuts au Metropolitan Tosca de Puccini, Carmen de Bizet…). Opera de New York en 2006 dans La En 2017, Jonas Kaufmann retourne à Traviata de Verdi, Jonas Kaufmann fait l’Opéra de Paris avec la production de partie des grandes « stars » du monde Claus Guth de Lohengrin de Wagner, est de l’opéra lyrique. La presse internatio- de nouveau Andrea Chénier dans une nale l’a immédiatement surnommé « le nouvelle production à Munich. En juin, nouveau roi des ténors », et on le recon- il interprète pour la première fois Otello naît comme le plus grand ténor allemand de Verdi à la Royal Opera House de depuis Fritz Wunderlich. Originaire de Londres. Une semaine après la première, Munich, Jonas Kaufmann y effectue l’enregistrement sort au cinéma dans son parcours d’étudiant en chant, en des salles du monde entier. En août, il marge duquel il suit des master-classes retourne à l’Opéra de Sydney pour une avec Hans Hotter, James King et Josef série de représentations de Parsifal de Metternich. Il poursuit ses études de Wagner. Sa première production de la chant avec Michael Rhodes à Trier. Après saison 2017-2018 est la version française des engagements successifs à Stuttgart, de Don Carlo de Verdi à Paris, mise en Francfort, Hambourg et Milan – dans la scène par Krzysztof Warlikowski et diri- production de Giorgio Strehler de Così gée par Philippe Jordan. En novembre fan tutte et Fidelio sous la direction de dernier, il effectue sa première tournée Riccardo Muti –, Jonas Kaufmann part en Chine avec des récitals à Shezhen, pour l’Opéra de Zurich en 2001, où Guangzhou et Pékin, et un grand concert s’ouvre à lui une carrière internationale. à Shanghai. Ses interprétations sont Il apparaît alors au Festival de Salzbourg, disponibles dans un grand nombre à l’Opéra de Chicago, à l’Opéra de de disques et de DVD. Citons, entre Paris, au Covent Garden de Londres, à autres, les plus grandes performances la Scala de Milan, à la Deutsche Oper de son répertoire comme Lohengrin, La et à la Staatsoper de Berlin, à l’Opéra Walkyrie, Parsifal, Königskinder, Ariane de Vienne et au Metropolitan Opera de à Naxos, Don Carlo, La Force du des- New York. En 2010, il interprète pour la tin, Aida, Tosca, Adriana Lecouvreur, première fois au Festival de Bayreuth le Werther et Carmen. En 2011, il est dis- rôle de Lohengrin (Wagner) dans la mise tingué par le très convoité Opera News en scène de Hans Neuenfels. Si Jonas Award à New York. Il est également élevé Kaufmann est aussi recherché pour ses au rang de chevalier dans l’ordre des rôles du répertoire allemand (La Walkyrie Arts et des Lettres en France, désigné à 14
plusieurs reprises Chanteur de l’année récitals avec Jonas Kaufmann, Diana par les revues Opernwelt, Diapason et Damrau et Michael Volle figurent parmi Musical America ainsi que par les jurys ses plus importantes collaborations. d’ECHO Klassik et des International Helmut Deutsch a enregistré plus de Opera Awards. Jonas Kaufmann est cent disques. Ces dernières années, également connu dans le monde pour le développement de jeunes talents a ses concerts et récitals. Sa collaboration pris une place particulièrement impor- avec le pianiste Helmut Deutsch, avec tante dans sa carrière et dans ses choix qui il est lié depuis ses années d’études artistiques. Après avoir été professeur à Munich, a fait naître d’innombrables à Vienne, il continue d’enseigner prin- concerts, incluant celui du 30 octobre cipalement à Munich (à la Hochschule 2011 sur la scène du Metropolitan Opera für Musik und Theater), où il a travaillé de New York, qui fut le premier récital en comme professeur et interprète pen- solo donné dans cette salle depuis celui dant vingt-huit ans. De plus, il multiplie de Luciano Pavarotti en 1994. les master-classes en Europe et dans les pays de l’Est, dans de nombreuses Helmut Deutsch universités et conservatoires. Le jeune Helmut Deutsch figure parmi les artistes ténor suisse Mauro Peter est l’un de les plus recherchés dans le monde et ses derniers étudiants à Munich, et est les plus talentueux dans le domaine devenu en peu de temps l’un de ses de l’accompagnement. Né à Vienne, partenaires favoris en récital. il y étudie au Conservatoire, à l’Aca- démie de musique et à l’Université. Diana Damrau enregistre exclusivement Récompensé par le prix de Composition pour Erato/Warner Classics. de Vienne en 1965, il est nommé pro- www.diana-damrau.com fesseur à l’âge de 24 ans. Bien qu’il Management des concerts, tournées se soit produit avec les plus grands et médias de Diana Damrau : CCM instrumentistes en tant que chambriste, Classic Concerts Management il s’est principalement concentré dans GmbH, www.ccm-international.de Licences E.S. 1-1083294, 1-1041550, 2-1041546, 3-1041547 - Imprimeur : Impro l’accompagnement de récitals de mélo- dies. Au début de sa carrière, il travaille Jonas Kaufmann enregistre exclusive- avec la soprano Irmgard Seefried. Le ment pour Sony Music Entertainment. chanteur qui marquera le plus fortement www.jonaskaufmann.com son début de carrière sera Hermann Management artistique de Prey, qu’il accompagne de manière Jonas Kaufmann : Zemsky/ permanente pendant douze ans. Par Green Artists Management, la suite, il travaille avec les récitalistes Inc., www.zemskygreenartists.com les plus connus et se produit sur les plus grandes scènes du monde. Ses 15
LIVRET Hugo Wolf Italienisches Liederbuch I. Auch kleine Dinge können uns entzücken, Même de petits riens peuvent nous ravir, Auch kleine Dinge können teuer sein. Même de petits riens peuvent être chers. Bedenkt, wie gern wir uns mit Perlen schmücken; Songez au bel orient des perles, Sie werden schwer bezahlt und sind nur klein. Des perles si petites mais si précieuses, Bedenkt, wie klein ist die Olivenfrucht, Songez aux olives si petites, Und wird um ihre Güte doch gesucht. Si petites et pourtant si recherchées. Denkt an die Rose nur, wie klein sie ist, Songez à la rose aussi, pas bien grande non plus, Und duftet doch so lieblich, wie ihr wisst. À la rose qui embaume si adorablement. IV. Gesegnet sei, durch den die Welt entstand; Béni soit le Créateur Wie trefflich schuf er sie nach allen Seiten! Et la perfection qu’il répandit partout ! Er schuf das Meer mit endlos tiefem Grund, Il créa la mer aux profondeurs sans fin, Er schuf die Schiffe, die hinübergleiten, Il créa les navires qui la parcourent, Er schuf das Paradies mit ew’gem Licht, Il créa le paradis à l’éternelle lumière, Er schuf die Schönheit und dein Angesicht. Et créant la beauté il fit ton visage.
XXXIX. Gesegnet sei das Grün und wer es trägt! Béni soit le vert et celui qui le porte ! Ein grünes Kleid will ich mir machen lassen. Je me ferai faire une robe verte ; Ein grünes Kleid trägt auch die Frühlingsaue, C’est aussi de vert que le printemps orne le pré. Grün kleidet sich der Liebling meiner Augen. De vert est habillé l’être cher à mon âme. In Grün sich kleiden ist der Jäger Brauch, Se vêtir de vert est la coutume des chasseurs. Ein grünes Kleid trägt mein Geliebter auch; Mon amoureux aussi est habillé de vert. Das Grün steht allen Dingen lieblich an, Le vert sied bien à toute chose, Aus Grün wächst jede schön Frucht heran. D’un lit vert éclot chaque beau fruit. III. Ihr seid die Allerschönste weit und breit, Tu es partout la plus belle, Viel schöner als im Mai der Blumenflor. Bien plus belle que toutes les fleurs de mai. Orvietos Dom steigt so voll Herrlichkeit, Devant toi la cathédrale d’Orvieto s’efface, 17 Viterbos größter Brunnen nicht empor. Et la belle fontaine de Viterbe. So hoher Reiz und Zauber ist dein eigen, Si grands sont tes charmes et ta magie Der Dom von Siena muss sich vor dir neigen. Que le dôme de Sienne devant toi s’incline. Ach, du bist so an Reiz und Anmut reich, Ah, si grande est ta richesse en charme et en grâce Der Dom von Siena selbst ist dir nicht gleich. Que le dôme de Sienne lui-même ne t’égale pas.
XXI. Man sagt mir, deine Mutter wollt es nicht; On me dit ta mère refuse. So bleibe weg, mein Schatz, tu ihr den Willen. Eh bien, renonce, mon amour, pour lui obéir. Ach Liebster, nein! tu ihr den Willen nicht, Oh non, mon amour, ne lui obéis pas, Besuch mich doch, tu’s ihr zum Trotz, im stillen! Viens me voir par défi, viens en cachette ! Nein, mein Geliebter, folg ihr nimmermehr, Non, mon amour, ne l’écoute jamais plus, Tu’s ihr zum Trotz, komm öfter als bisher! Par défi viens plus souvent encore ! Nein, höre nicht auf sie, was sie auch sage; Non, ne l’écoute pas, quoiqu’elle dise : Tu’s ihr zum Trotz, mein Lieb, komm alle Tage! Par défi, mon amour, viens tous les jours ! XLI. Heut nach erhob ich mich um Mitternacht, Cette nuit je me levai à minuit ; Da war mein Herz mir heimlich fortgeschlichen. Mon cœur m’avait secrètement quitté. Ich frug: Herz, wohin stürmst du so mit Macht? Je demandai : « Cœur, qui t’attire invinciblement ? » Es sprach: Nur Euch zu sehn, sei es entwichen. Il répondit : « Pour la voir je suis parti. » Nun sieh, wie muss es um mein Lieben stehn: Vois donc combien je t’aime : Mein Herz entweicht der Brust, um dich zu sehn! Mon cœur quitte ma poitrine pour te rejoindre. XL. O wär dein Haus durchsichtig wie ein Glas, Oh, si ta maison était de verre, Mein Holder, wenn ich mich vorüberstehle! Mon amour, quand furtivement je passe ! Dann säh’ ich drinnen dich ohn Unterlass, Je regarderais à l’intérieur sans me lasser Wie blickt ich dann nach dir mit ganzer Seele! Et comme alors mon âme serait près de toi ! Wie viele Blicke schickte dir mein Herz, Que de regards aimants t’enverrait mon cœur, Mehr als da Tropfen hat der Fluss im März! Plus que le fleuve n’a de gouttes en mars ! Wie viele Blicke schickt ich dir entgegen, Que de regards chercheraient les tiens, Mehr als da Tropfen niedersprühn im Regen! Plus que la pluie n’a de gouttes !
XXVII. Schon streckt ich aus im Bett die müden Glieder, Tandis qu’au lit j’étire mes membres fatigués Da tritt dein Bildnis vor mich hin, du Traute. Les traits se présentent à moi, bien-aimée ; Gleich spring ich auf, fahr in die Schuhe wieder Aussitôt je me lève et rechausse mes bottes Und wandre durch die Stadt mit meiner Laute. Pour parcourir la ville avec mon luth. Ich sing und spiele, dass die Straße schallt; Je chante et joue à faire résonner la rue ; So manche lauscht - vorüber bin ich bald. Plus d’une m’écoute – mais je suis déjà loin. So manches Mädchen hat mein Lied gerührt, Mon chant a touché plus d’une fille Indes der Wind schon Sang und Klang entführet. Tandis que déjà le vent emporte les paroles et les airs. XVIII. Heb auf dein blondes Haupt und schlafe nicht, Relève ta tête blonde et ne dors pas, Und lass dich ja von Schlummer nicht betören. Surtout que le sommeil ne te prenne. Ich sage dir vier Worte von Gewicht, J’ai à te dire quatre mots d’importance 19 Von denen darfst du keines überhören. Dont tu ne dois perdre aucun : Das erste: dass um dich mein Herze bricht, Le premier : pour toi mon cœur se brise, Das zweite: dir nur will ich angehören, Le deuxième : je ne veux appartenir qu’à toi, Das dritte: dass ich dir mein Heil befehle, Le troisième : je te confie mon salut, Das letzte: dich allein liebt meine Seele. Le dernier : mon âme ne vit que pour toi.
XX. Mein Liebster singt am Haus im Mondenscheine, Mon amoureux chante dehors au clair de lune Und ich muss lauschend hier im Bette liegen. Et moi j’écoute clouée au lit. Weg von der Mutter wend ich mich und weine, Je me détourne de ma mère et pleure Blut sind die Tränen, die mir nicht versiegen. Des larmes de sang qui coulent sans tarir. Den breiten Strom am Bett hab ich geweint, Mes larmes forment une rivière devant mon lit Weiß nicht vor Tränen, ob der Morgen scheint. Et tombent si pressées qu’elles me cachent le matin. Den breiten Strom am Bett weint ich vor Sehnen; C’est de nostalgie que j’ai pleuré ainsi Blind haben mich gemacht die blut’gen Tränen. Et mes larmes de sang m’ont rendue aveugle. XXII. Ein Ständchen Euch zu bringen kam ich her, Pour vous offrir une petite sérénade je viens, Wenn es dem Herrn vom Haus nicht ungelegen. Si le maître de maison n’y trouve à redire. Ihr habt ein schönes Töchterlein. Es wär Vous avez une fille bien jolie. Il serait bon Wohl gut, sie nicht zu streng im Haus zu hegen. De ne pas l’enfermer à la maison. Und liegt sie schon im Bett, so bitt ich sehr, Si elle est déjà au lit, je vous en prie, Tut es zu wissen ihr vom meinetwegen, Dites-le-lui bien de ma part : Dass ihr Getreuer hier vorbeigekommen, Son amoureux était ici de passage Der Tag und Nacht sie in den Sinn genommen, Qui nuit et jour ne pense qu’à elle, Und dass am Tag, der vierundzwanzig zählt, Dites-lui que sur un jour de vingt-quatre heures Sie fünfundzwanzig Stunden lang mir fehlt. Elle me manque pendant vingt-cinq. XLII. Nicht länger kann ich singen, denn der Wind Je ne puis chanter plus longtemps car le vent Weht stark und macht dem Atem was zu schaffen. Souffle si fort qu’il manque d’étouffer Auf fürcht ich, dass die Zeit umsonst verrinnt. Si j’étais sûr de ne perdre mon temps, Ja wär ich sicher, ging ich jetzt nicht schlafen. Si j’étais sûr, je n’irais pas dormir.
Ja wüsst ich was, würd ich nicht heimspazieren Si je savais, je ne rentrerais point maintenant Und einsam diese schöne Zeit verlieren. Pour passer une nuit solitaire. XLIII. Schweig einmal still, du garst’ger Schwätzer dort! Tais-toi donc, bavard incorrigible ! Zum Ekel ist mir dein verwünschtes Singen. Ton maudit chant me rend malade, Und triebst du es bis morgen früh so fort, Même si tu continuais jusqu’à demain, Doch würde dir kein schmuckes Lied gelingen. Tu ne trouverais pas d’agréable mélodie. Schweig einmal still und lege dich aufs Ohr! Tais-toi donc et va te coucher ! Das Ständchen eines Esels zög ich vor. Je préférerais la sérénade d’un âne. XLIV. O wüsstest du, wie viel ich deinetwegen, Oh ! si tu savais qu’à cause de toi, Du falsche Renegatin, litt zur Nacht, Renégate, j’ai souffert la nuit 21 Indes du im verschlossnen Haus gelegen Tandis que tu reposais à l’abri de ta maison Und ich die Zeit im Freien zugebracht. Et que je passais mon temps dehors. Als Rosenwasser diente mir der Regen, La pluie était mon eau de rose, Der Blitz hat Liebesbotschaft mir gebracht; L’éclair m’a apporté un message d’amour ; Ich habe Würfel mit dem Sturm gespielt, Avec la tempête je jouais aux dés Als unter deinem Dach ich Wache hielt. Alors que je montais la garde sous ton auvent ; Mein Bett war unter deinem Dach bereitet, Là, mon lit était préparé Der Himmel lag als Decke drauf gebreitet, Et le ciel lui servait de couverture ; Die Schwelle deiner Tür, das war mein Kissen - Le seuil de ta porte était mon oreiller – Ich Ärmster, ach, was hab ich ausstehn müssen! Malheureux que je suis, que n’ai-je dû supporter !
VI. Wer rief dich denn? Wer hat dich herbestellt? Qui donc t’a appelé, qui t’a fait venir ? Wer hieß dich kommen, wenn es dir zur Last? Qui te l’a dit, puisque tu viens à contrecœur ? Geh zu dem Liebchen, das dir mehr gefällt, Va voir l’amoureuse qui te plaît mieux, Geh dahin, wo du die Gedanken hast. Va là où tes pensées vagabondent, Geh nur, wohin dein Sinnen steht und Denken! Va donc là où t’entraînent tes désirs ! Dass du zu mir kommst, will ich gern dir schenken. Tes visites chez moi, je t’en fais cadeau, Geh zu dem Liebchen, das dir mehr gefällt! Va voir l’amoureuse qui te plaît mieux ! Wer rief dich denn? Wer hat dich herbestellt? Qui donc t’a appelé, qui t’a fait venir ? XXXI. Wie soll ich fröhlich sein und lachen gar, Comment serais-je heureuse, jusqu’à rire, Da du mir immer zürnest unverhohlen? Quand ta colère m’environne ouvertement ? Du kommst nur einmal alle hundert Jahr, Tu ne viens qu’une fois tous les cent ans Und dann, als hätte man dir’s anbefohlen. Et encore sur ordre ce me semble. Was kommst du, wenn’s die Deinen ungern sehn? Pourquoi venir si cela déplaît aux tiens ? Gib frei mein Herz, dann magst du weitergehn. Libère mon cœur et poursuis ton chemin ; Daheim mit deinen Leuten leb in Frieden, Vis en paix chez toi avec les tiens. Denn was der Himmel will, geschieht hinieden. Car ce que veut le ciel arrive ici-bas. Halt Frieden mit den Deinigen zu Haus, Vis en paix chez toi avec les tiens, Denn was der Himmel will, das bleibt nicht aus. Car ce que veut le ciel arrive toujours.
X. Du denkst mit einem Fädchen mich zu fangen, Tu crois qu’avec un fil tu me prendras, Mit einem Blick schon mich verliebt zu machen? M’ensorcelant d’un seul regard ? Ich fing schon andre, die sich höher schwangen; J’en ai pris d’autres qui volaient plus haut ; Du darfst mir ja nicht traun, siehst du mich lachen. Tu ferais bien de te méfier quand tu me vois rire. Schon andre fing ich, glaub es sicherlich. D’autres j’ai pris, crois-le bien. Ich bin verliebt, doch eben nicht in dich. Je suis amoureux, mais pas de toi. XIV. Geselle, woll’n wir uns in Kutten hüllen, Ami, prendrons-nous la bure, Die Welt dem lassen, den sie mag ergötzen? Laissant le monde à ceux qu’il réjouit ? Dann pochen wir an Tür um Tür im Stillen: Nous frapperons furtivement de porte en porte : „Gebt einem armen Mönch um Jesu willen.“ « Donnez à un pauvre moine pour l’amour de Jésus. „O lieber Pater, du musst später kommen, – Ô mon père, revenez plus tard, 23 Wenn aus dem Ofen wir das Brot genommen. Quand le pain sera tiré du four. O lieber Pater, komm nur später wieder, Ô cher Père, revenez surtout plus tard, Ein Töchterlein von mir liegt krank danieder.“ Une mienne fillette est malade et au lit. „Und ist sie krank, so lass mich nach ihr schauen, – Est-elle malade, laisse-moi venir à elle Dass sie mir ihre Beichte mag vertrauen. Pour qu’elle ne meure abandonnée ; Schließt Tür und Fenster, dass uns keiner störe, Est-elle malade, laisse-moi l’assister Wenn ich des armen Kindes Beichte höre!“ Et qu’elle ne me fasse sa confession. Fermez portes et fenêtres que personne ne nous dérange, Alors que j’entendrai la confession de la pauvre enfant ! »
XLV. Verschling der Abgrund meines Liebsten Hütte, Que les abîmes engloutissent la petite maison de mon amour, An ihrer Stelle schäum ein See zur Stunde. Qu’à sa place s’ébatte la mer furieuse, Bleikugeln soll der Himmel drüber schütten, Que le ciel y verse des billes de plomb Und ein Schlange hause dort im Grunde. Et qu’un serpent hante le fond. Drin hause eine Schlange gift’ger Art, Qu’un serpent venimeux y demeure Die ihn vergifte, der mir untreu ward. Et empoisonne celui qui m’a trompée. Drin hause ein Schlange, giftgeschwollen, Qu’un serpent venimeux y demeure, gonflé de venin, Und bring ihm Tod, der mich verraten wollen! Et tue celui qui m’a voulu trahir ! VIII. Nun lass uns Frieden schließen, liebstes Leben, Faisons maintenant la paix, mon cher amour, Zu lang ist’s schon, dass wir in Fehde liegen. Trop longtemps déjà nous nous disputons. Wenn du nicht willst, will ich mich dir ergeben; Si tu refuses, à toi je me rendrai ; Wie könnten wir uns auf den Tod bekriegen? Comment pourrions-nous lutter jusqu’à la mort ? Es schließen Frieden Könige und Fürsten, Rois et princes rétablissent la paix, Und sollen Liebende nicht darnach dürsten? Ne serait-ce refusé qu’aux amoureux ? Es schließen Frieden Fürsten und Soldaten, Princes et soldats concluent la paix, Und sollt’ es zwei Verliebten wohl missraten? Pourquoi les amoureux échoueraient-ils ? Meins du, dass, was so großen Herrn gelingt, Crois-tu qu’auprès d’aussi grands seigneurs, Ein Paar zufriedner Herzen nicht vollbringt? Deux cœurs paisibles ne le pourraient pas ? XXIX. Wohl kenn ich Euern Stand, der nicht gering. Je connais votre rang, qui n’est pas des moindres ; Ihr brauchtet nicht so tief herabzusteigen, Vous n’aviez pas à descendre aussi bas Zu lieben solch ein arm und niedrig Ding, Pour aimer une créature si pauvre et si humble Da sich vor Euch die Allerschönsten neigen. Puisque devant vous les plus belles se pâment.
Die schönsten Männer leicht besiegtet Ihr, Des hommes les plus beaux aisément vous triomphez, Drum weiß ich wohl, Ihr treibt nur Spiel mit mir. Je sais donc bien qu’avec moi ce n’est qu’un jeu, Ihr spottet mein, man hat mich warnen wollen, Vous vous moquez, on m’a mise en garde ; Doch ach, Ihr seid so schön! Wer kann Euch grollen? Mais bah ! vous êtes si beau ! qui peut vous en vouloir ? XXXVIII. Wenn du mich mit den Augen streifst und lachst, Quand tes yeux me caressent et que tu ris, Sie senkst, und neigst das Kinn zum Busen dann, Quand tu les baisses, penchant le menton vers ton sein Bitt ich, dass du mir erst ein Zeichen machst, Fais-moi, je t’en prie, un signe Damit ich doch mein Herz auch bänd’gen kann, Que j’aie le temps de calmer mon cœur, Dass ich mein Herz mag bänd’gen, zahm und still, Calmer mon cœur si plein d’amour Wenn es vor großer Liebe springen will, Qu’il manque de se rompre Dass ich mein Herz mag halten in der Brust, Et qu’au moins je puisse le maîtriser au fond de moi, 25 Wenn es ausbrechen will vor großer Lust. Quand il veut se rompre par excès de joie. XXXVI. Wenn du, mein Liebster, steigst zum Himmel auf, Quand, mon amour, tu monteras au ciel Trag ich mein Herz dir in der Hand entgegen. J’irai à ta rencontre, portant mon cœur au creux des mains. So liebevoll umarmst du mich darauf, Tu m’enlaceras avec transport Dann woll’n wir uns dem Herrn zu Füssen legen. Et nous nous étendrons aux pieds du Seigneur. Und sieht der Herrgott unsre Liebesschmerzen, Et quand le Seigneur verra nos tourments d’amour Macht er ein Herz aus zwei verliebten Herzen, Il fera un seul cœur de nos deux cœurs énamourés Zu einem Herzen fügt er zwei zusammen, De deux cœurs il ne fera qu’un Im Paradies, umglänzt von Himmelsflammen. Au sein du paradis dans les célestes lumières.
XXIII. Was für ein Lied soll dir gesungen werden, Quelle chanson faut-il te chanter Das deiner würdig sei? Wo find ich’s nur? Qui soit digne de toi ? Où puis-je la trouver ? Am liebsten grüb’ ich es tief aus der Erden, J’aimerais la tirer du plus profond de la terre, Gesungen noch von keiner Kreatur. Telle qu’aucun être au monde ne l’ait encore chantée. Ein Lied, das weder Mann noch Weib bis heute Une chanson que ni homme ni femme jusqu’à ce jour Hört oder sang, selbst nicht die ält’sten Leute. N’entendit ni ne chanta, même des plus vieux. XIX. Wir haben beide lange Zeit geschwiegen, Nous avons tous deux gardé un long silence Auf einmal kam uns nun die Sprache wieder. Et soudain la parole nous est revenue. Die Engel Gottes sind herabgeflogen, Les anges descendus du ciel Sie brachten nach dem Krieg den Frieden wieder. Après la guerre ont rétabli la paix. Die Engel Gottes sind herabgeflogen, Les anges de Dieu sont descendus, Mit ihnen ist der Frieden eingezogen. Avec eux la paix est revenue. Die Liebesengel kamen über Nacht Les anges de l’amour sont venus cette nuit Und haben Frieden meiner Brust gebracht. Apportant la paix à mon cœur. XXXIV. Und steht Ihr früh am Morgen auf vom Bette, Quand vous vous levez tôt de votre lit Scheucht Ihr vom Himmel alle Wolken fort, Vous chassez du ciel tous les nuages, Die Sonne lockt Ihr auf die Berge dort, Vous attirez le soleil sur les collines Und Engelein erscheinen um die Wette Et les angelots paraissent comme sur commande Und bringen Schuh und Kleider Euch sofort. Vous apportant chaussures et vêtements. Dann, wenn Ihr ausgeht in die heil’ge Mette, Et lorsque vous sortez pour matines So zieht Ihr alle Menschen mit Euch fort, Vous attirez le monde avec vous, Und wenn Ihr naht der benedeiten Stätte, Et lorsque vous approchez des lieux bénis
So zündet Euer Blick die Lampen an. Vos regards allument les lampes. Weihwasser nehmt Ihr, macht des Kreuzes Zeichen Vous prenez l’eau bénite, faites le signe de croix Und netzet Eure weiße Stirn sodann Et aspergez votre front blanc, Und neiget Euch und beugt die Knie ingleichen - Tout en ployant le genou – O wie holdselig steht Euch alles an! Oh ! Comme la grâce vous appartient ! Wie hold und selig hat Euch Gott begabt, Comme Dieu vous a comblée en douceur et en joie, Die Ihr der Schönheit Kron empfangen habt! Vous a couronnée de beauté ! Wie hold und selig wandelt Ihr im Leben; Votre chemin est fait de douceur et de joie Der Schönheit Palme ward an Euch gegeben. Et la palme de la beauté vous a été donnée. XVI. Ihr jungen Leute, die ihr zieh ins Feld, Vous autres, jeunes gens qui partez à la guerre, Auf meinen Liebsten sollt ihr Achtung geben. Veillez bien à mon amoureux ; 27 Sorgt, dass er tapfer sich im Feuer hält; Veillez à sa bonne conduite au feu, Er war noch nie im Kriege all sein Leben. Il n’a été à la guerre de sa vie. Lasst nie ihn unter freiem Himmel schlafen; Ne le laissez jamais dormir à la belle étoile, Er ist so zart, es möchte sich bestrafen. Il est si fragile qu’il risquerait gros. Lasst mir ihn ja nicht schlafen unterm Mond; Ne le laissez jamais dormir au clair de lune, Er ginge drauf, er ist’s ja nicht gewohnt. Il n’y résisterait pas, il ne l’a jamais fait.
IX. Dass doch gemalt all deine Reize wären, Si seulement ta splendeur était peinte Und dann der Heidenfürst das Bildnis fände. Et qu’un prince païen trouvât ton portrait ! Er würde dir ein groß Geschenk verehren, Il t’honorerait d’un somptueux cadeau Und legte seine Kron in deine Hände. Et poserait sa couronne entre tes mains. Zum rechten Glauben musst’ sich bekehren À la vraie foi son royaume entier Sein ganzes Reich, bis an sein fernstes Ende. Devrait se convertir jusqu’aux lointaines frontières. Im ganzen Lane würd es ausgeschrieben, Il serait décrété dans le pays Christ soll ein jeder werden und dich lieben. Que tous fussent chrétiens et tenus de l’aimer. Ein jeder Heide flugs bekehrtet sich Tout païen bien vite se convertirait Und wurd ein guter Christ und liebte dich. En bon chrétien et t’aimerait. II. Mir ward gesagt, du reisest in die Ferne. On m’a dit que tu partais au loin. Ach, wohin gehst du, mein geliebtes Leben? Ah ! Où vas-tu, ma vie aimée ? Den Tag, an dem du scheidest, wüsst ich gerne; J’aimerais connaître le jour de ton départ, Mit Tränen will ich das Geleit dir geben. Mes larmes alors te conduiront. Mit Tränen will ich deinen Weg befeuchten - Mes larmes inonderont tes pas – Gedenk an mich, und Hoffnung wird mir leuchten! Pense à moi pour que l’espoir m’éclaire ! Mit Tränen bin ich bei dir allerwärts - Près de toi je serais en pleurs, Gedenk an mich, vergiss es nicht, mein Herz! Pense à moi, ne l’oublie pas, mon cœur ! XVII. Und willst du deinen Liebsten sterben sehen, Si tu veux voir mourir ton amoureux So trage nicht dein Haar gelockt, du Holde. Ne noue pas tes cheveux, ô belle, Lass von den Schultern frei sie niederwehen; Laisse-les flotter sur tes épaules : Wie Fäden sehn sie aus von purem Golde. Ils seront tels que des fils d’or pur,
Wie goldne Fäden, die der Wind bewegt - Des fils d’or qu’agite le vent – Schön sind die Haare, schön ist, die sie trägt! Beaux sont les cheveux, belle celle qui les porte ! Goldfäden, Seidenfäden ungezählt - Fils d’or, fils de soie sans nombre, Schön sind die Haare, schön ist, die sie strählt! Beaux sont les cheveux, belle celle qui les peigne ! XXXIII. Sterb’ ich, so hüllt in Blumen meine Glieder; Si je meurs, qu’on m’entoure de fleurs, Ich wünsche nicht, dass ihr ein Grab mir grabt. Je ne souhaite aucun tombeau. Genüber jenen Mauern legt mich nieder, Qu’on me dépose en face de ces murs Wo ihr so manchmal mich gesehen habt. Où l’on m’a vue souvent. Dort legt mich hin, in Regen oder Wind; Qu’on m’expose à la pluie ou au vent ; Gern sterb ich, ist’s um dich, geliebtes Kind. Je mourrai avec joie si c’est pour toi, mon enfant. Dort legt mich hin in Sonnenschein und Regen; Qu’on me dépose sous le soleil et sous la pluie ; Ich sterbe lieblich, sterb’ ich deinetwegen. Je rendrai grâces à la mort si elle m’emporte pour toi. 29 XV. Mein Liebster ist so klein, dass ohne Bücken Mon amoureux est si petit que sans se baisser Er mir das Zimmer fegt mit seinen Locken. Il balaye la chambre de ses boucles. Als er ins Gärtlein ging, Jasmin zu pflücken, Quand il alla au jardinet cueillir le jasmin, Ist er vor einer Schnecke sehr erschrocken. Il eut très peur d’une limace ! Dann setzt’ er sich ins Haus um zu verschnaufen, Il revint alors à la maison pour souffler, Da warf ihn eine Fliege übern Haufen; Mais là une mouche le fit culbuter Und als er hintrat an mein Fensterlein, Et quand il s’approcha de ma petite fenêtre Stieß eine Bremse ihm den Schädel ein. Un taon lui entailla le crâne ! Verwünscht sei’n alle Fliegen, Schnaken, Bremsen Maudits soient mouches, limaces et taons, Und wer ein Schätzchen hat aus den Maremmen! Et l’amoureux d’un enfant de Maremme ! Verwünscht sei’n alle Fliegen, Schnaken, Mücken Maudits soient mouches, limaces et taons, Und wer sich, wenn er küsst, so tief muss bücken! Et celui qui, pour m’embrasser, doit tant se pencher !
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